S O N I A L E V E R , I N F I R M I È R E C L I N I C I E N N E
C H R I S T È L E M I L L A R D , T R A V A I L L E U S E S O C I A L E
K A R I N E P É P I N , P É D I A T R E
L’évaluation de la maltraitance suspectée
des enfants au CHUSJ – de la salle
d’urgence à la clinique de pédiatrie
sociojuridique
Quand suspecter l’abus physique ?
Absence d’explication ou explication vague pour une blessure significative
Déni explicite de mécanisme traumatique face à un enfant qui a une blessure
évidente
Détail important de l’explication change de façon substantielle
L’explication fournie n’est pas compatible avec le patron/type/sévérité de la
blessure ou l’âge de de l’enfant
L’explication fournie n’est pas compatible avec les capacités physiques ou
développementales de l’enfant
Délai inexpliqué/inattendu/significatif de consultation
Témoins différents rapportent des explications significativement différentes
Quand s’inquiéter/référer - fractures
Stade de développement de l’enfant
Fracture chez enfant non mobile, en l’absence d’un mécanisme clairement
identifié
Ex: réaction périostée humérus chez bébé de 2 mois
Certains types de fractures sont plus spécifiques d’abus
CML, fractures de côtes postérieures, sternum/omoplate
Fractures multiples ou d’âges différents
Délais de consultation en présence de symptômes reconnaissables
Quand s’inquiéter/référer - fractures
Certaines fractures sont peu spécifiques pour abus physique
Règle générale, peu d’inquiétudes si ce type de fracture est trouvé chez
enfants ambulants:
Torus de l’avant-bras, linéaire simple du crâne, clavicule, certaines fractures du fémur
Fractures qui peuvent survenir avec traumatisme domestique, d’allure banale
Événement traumatique peut ne pas avoir été visualisé
Importance de bien comprendre la chronologie des symptômes
Ex: enfant qui marche sur fracture du fémur
Garder en tête la biomécanique de la fracture
Spécificité élevée
Fractures métaphysaires classiques (CML)
Fractures de côtes, en particulier postérieures
Fractures des omoplates
Fractures du sternum
Spécificité modéré
Fractures multiples, en particulier bilatérales
Fractures d’âges différents
Séparations épiphysaires
Fractures des corps vertébraux
Fractures des doigts
Fractures du crâne complexes
Spécificité faible, fractures communes
Réactions périostées (SPNBF)
Fractures de la clavicule
Fractures des os longs
Fractures linéaires du crâne
Spécificité des fractures abusives vs accidentelles
Adapté de Kleinman PKK (ed): Diagnostic imaging of child abuse, ed. 2, Mosby, Chicago, 1998, p.9
Quand s’inquiéter/référer - ecchymoses
Règle du TEN 4 – Torso, Ears, Neck, or any bruise < 4 months of age
Ecchymoses organes génitaux, fesses
Corrélation avec le stade développemental de l’enfant
Ecchymoses avec patron
Boucle, linéaire, objet reconnaissable
Toute ecchymose chez enfant non ambulant
Lésions sentinelles (ecchymose inexpliquée chez enfant non mobile, blessures
buccales, hémorragies sous-conjonctivales)
Quand s’inquiéter/référer - ecchymoses
Pas de datation possible des ecchymoses
Règle générale, peu d’inquiétudes si ecchymoses retrouvées à ces
endroits chez enfants ambulants :
Faces antérieures tibia, front, menton, crêtes iliaques, proéminences des vertèbres (en
petit nombre)
S’inquiéter si plusieurs plans atteints, atteinte bilatérale, large taille ou très grand
nombre
Lésions sentinelles
Ecchymoses ou lésions intra-orales
chez enfant non-ambulant
Hémorragie sous-conjonctivale au
delà de la période néonatale ou
sans explication claire
Lésion peut être documentée lors
de l’examen physique ou
rapportée à l’histoire médicale
Importance de réagir face à des
lésions sentinelles
Ex: patient SIP, patient avec
ecchymose pénis
Quand s’inquiéter/référer
Brûlures
Atteinte des organes génitaux/fesses
Patron nettement délimité (ex: gant et chaussette), patron d’immersion
Brûlure avec patron d’objet
Corrélation avec le stade développemental de l’enfant
Datation des brûlures n’est pas possible
Saignement intra-crânien
Diagnostic différentiel – trauma accidentel, trauma obstétrical, coagulopathie,
maladies génétiques, augmentation bénigne des espaces extra-axiaux
Situations qui nécessitent une évaluation minutieuse avec bonne coordination des
équipes médicales, DPJ et policières
Indications d’hospitalisation
Besoin de compléter l’évaluation médicale
SS généralement pas disponibles la fin de semaine
Sociojuridique pas disponible la fin de semaine
À la demande de la DPJ, pour assurer la sécurité de l’enfant
Pas l’idéal…
Certains patients peuvent être vus en centre de jour
Patients stables du point de vue médical
Protection assurée (DPJ)
Verbalisations récentes de gestes « anciens »
CDJ à organiser via l’équipe de socio, pas de patients envoyés directement
S’assurer que toute lésion a été documentée/photographiée
Critères d’admission traumato vs pédiatrie dans les cas de
maltraitance suspectée – avril 2015
Trauma, avec consultation en
pédiatrie sociojuridique
• Trauma crânien admis pour
crainte de détérioration
neurologique
• Fracture du crâne enfoncée ou
ouverte
• Fracture d’une extrémité
nécessitant prise en charge par
l’orthopédie
• Brûlures
• Évidence de traumatisme intra-
abdominal
Pédiatrie
Tout enfant dont le motif principal d’admission est
l’élaboration d’un diagnostic différentiel, incluant la
maltraitance, et non le traumatisme:
• Fracture du crâne non-enfoncée/ouverte, possiblement
avec un diastasis, sans crainte de détérioration neurologique
• Suspicion de trauma crânien non accidentel,
incluant les hémorragies intracrâniennes, sans
crainte de détérioration neurologique immédiate
• Fractures anciennes
• Fractures atypiques et plus suggestives de maltraitance (ex:
fractures côtes postérieures, sternum, omoplate)
• Fractures des extrémités chez enfant non ambulant, ne
requérant pas de traction ou chirurgie
• Ecchymoses
Aide-mémoire – évaluation médicale
Examen minutieux de la peau et bien le noter au dossier
Surtout si patient va avoir plâtre/spica
Schémas corporels disponibles en socio
Photographie médicale
Jours ouvrables – équipe de photographie médicale – verser directement dans dossier du
patient
Soir/nuit/fin de semaine – appareil-photo disponible à la salle d’urgence avec
procédure mise à jour – infirmière de la clinique SJ vérifie la carte mémoire de l’appareil-
photo régulièrement; vous pouvez aussi nous laisser un message si vous avez pris des photos
Obtention de photographies nous permet de bien compléter notre expertise si nous ne
sommes pas en mesure de voir le patient immédiatement
Éviter d’utiliser appareils personnels pour prise de photographie « sensible »
Aide-mémoire bilans – évaluation de cas suspectés de
trauma non-accidentel
Dans tous les cas Biochimie de base + bilan hépatique (ALT)
Ecchymoses FSC, PT/PTT, INR, fibrinogène
Facteur VIII, Facteur IX, Facteur von Willebrand, co-
facteur ristocétine
Groupe sanguin
Fractures Ca io, PO4, Mg, Palc
Vitamine D, PTHi
+/- cuivre et céruloplasmine
Trauma crânien non-accidentel Bilan ecchymoses + Facteur XIII
CAA/CAO
Cuivre, céruloplasmine
Aide-mémoire bilans – évaluation de cas suspectés de
trauma non-accidentel
Série squelettique Enfant de < 2 ans avec blessure non accidentelle suspectée
ou confirmée (incluant brûlures)
Fratrie de < 2 ans d’un cas index
Imagerie cérébrale Enfant de < 1 an avec blessure non accidentelle suspectée
ou confirmée (incluant brûlures)
Tout enfant avec symptômes neurologiques inexpliqués
Examen ophtalmo Enfant avec saignement intracrânien à l’imagerie
cérébrale
Imagerie abdominale Si ALT > 80 U/L ou ecchymoses abdominales ou
symptômes digestifs (douleur abdo, vomissements, etc)
Important d’obtenir le
consentement des
parents pour les
examens – même en cas
de signalement, les
parents ne perdent pas
automatiquement le
droit d’accepter/refuser
des examens
Suspicion herpès ou condylomes anogénitaux
Condylomes
Diagnostic clinique le plus souvent
Référer en gynécoped ou en dermato pour le traitement des lésions
Envisager référence en sociojuridique si > 5 ans et/ou si mode de transmission n’est
pas clair et/ou si autres inquiétudes d’abus sexuel
Herpès
Exactitude du diagnostic est importante donc tenter d’obtenir identification – culture
virale
Patients qui peuvent être référés en sociojuridique
Évaluation de la fratrie – abus physique
Fratrie ou enfant vivant dans l’environnement d’un cas index devrait
être évalué par professionnel de la santé
< 2 ans – examen physique et série squelettique
> 2 ans – examen physique et investigations ciblées
Dans étude ExSTRA :
12% des enfants pour qui une SS était indiquée avaient au moins une fracture
Chez les < 6 mois, 40% des contacts avaient une SS +
Pour les 0-12 mois (vs 12-24 mois), OR 10 d’avoir fracture sur la SS
Chez les contacts qui étaient jumeaux, OR 20 d’avoir fracture sur la SS
Signalement à la DPJ - Rappel
Un signalement à la DPJ doit être fait dès qu’il y a une suspicion
sérieuse de maltraitance – ne pas nécessairement attendre l’implication
de la clinique sociojuridique ou d’un travailleur social avant de signaler
LPJQ article 39
La personne qui a constaté les faits inquiétants est la mieux placée pour
faire le signalement
Signalement « rapide » permet de protéger la fratrie, le cas échéant
Ne pas oublier que c’est la DPJ et non l’équipe de pédiatrie
sociojuridique qui déterminera les modalités de congé de l’enfant