2. La CGT se mobilise au Carlton
Des employés du Palace cannois ont réclamé le retrait de la réforme des
retraites.
3. A Cannes, le bruit des casseroles
n’est jamais loin
«Dans le climat qui est le nôtre, l’exaspération, la misère, le
nombre d’étudiants qui n’arrivent pas à boucler leur fin de
mois, […] l’état de nos services publics […], le Festival de
Cannes, un festival de la paillette, un festival du privilège, ça
n’est vraiment pas ma priorité.» Dixit le député LFI Aymeric
Caron il y a un mois, en réponse à des journalistes de BFM
TV qui l’interrogeaient sur d’éventuelles perturbations du
Festival par la CGT dans le cadre de la mobilisation contre
la réforme des retraites. On l’a entendu, on l’entend, le
contraste s’annonçait spectaculaire entre la crise sociale et
le plus grand festival de cinéma du monde, au moins autant
connu, si ce n’est plus pour ce qu’il attire de corps, visages
et capitaux du luxe, que son excellence cinéphilique. Il l’est
également sur place, sur la Croisette, dans les queues,
même sous la pluie, à des années-lumière du pavé des
villes et villages où l’on continue à défiler dès que possible
contre les représentants du gouvernement. Les réalités
sociales qui s’y conjuguent sont pourtant toutes présentes,
bel et bien. Notamment pour celles et ceux qui sont le
Festival et le cinéma, et dont l’existence passe trop souvent
à l’as dans l’esprit de ceux qui n’envisagent Cannes et son
industrie qu’à distance – le terme «paillette» étant l’un de
leurs termes de ralliement.»
8. Le règne animal de Thomas Cailley
Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à
peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa
femme, touchée par ce mal mystérieux.
Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il
embarque Emile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à
jamais leur existence.
9. Sélection Oficielle.
Chroniques intimistes de la famille
nippone, prédilection pour les
personnages d’enfants et d’adolescents
esseulés, critique latente de la rigidité de
la société japonaise constituent dès lors
des figures qui indiquent le nord de son
œuvre, déroulée sous le sceau d’une
délicatesse et d’une distanciation qui
confinent parfois à une mièvrerie
parfaitement concertée.
Après deux voyages à l’étranger pour
ventiler un peu les turbines – La Vérité
(2019) en France, Les Bonnes Etoiles
(2022) en Corée –, le retour de Kore-eda
au pays natal s’effectue sous de
semblables auspices.
Son jeune héros, Minato, est un
adolescent un peu étrange, pardon pour le
pléonasme, orphelin de père, traversé de
sombres pensées, sujet à d’inquiétantes
vicissitudes scolaires, qui donne du souci
à sa mère, laquelle n’arrange rien au
tableau en sacrifiant sa vie à son bien-
être.
10. Le Retour de Catherine Corsini
Khédidja travaille pour une famille
parisienne aisée qui lui propose de
s'occuper des enfants le temps d’un
été en Corse. L'opportunité pour
elle de retourner avec ses filles,
Jessica et Farah, sur cette île
qu'elles ont quittée quinze ans plus
tôt dans des circonstances
tragiques.
Alors que Khédidja se débat avec
ses souvenirs, les deux
adolescentes se laissent aller à
toutes les tentations estivales :
rencontres inattendues, 400 coups,
premières expériences
amoureuses. Ce voyage sera
l'occasion pour elles de découvrir
une partie cachée de leur histoire.
11. JEUNESSE (LE PRINTEMPS)Bing Wang
Le grand documentariste chinois
dépeint en trois heures trente la vie
des travailleurs du textile dans les
environs de Shanghaï.
Zhili, à cent cinquante kilomètres de
Shanghai. Dans cette cité dédiée à la
confection textile, les jeunes affluent
de toutes les régions rurales
traversées par le fleuve Yangtze.
Ils ont vingt ans, partagent les dortoirs,
mangent dans les coursives. Ils
travaillent sans relâche pour pouvoir
un jour élever un enfant, s’acheter une
maison ou monter leur propre atelier.
Entre eux, les amitiés et les liaisons
amoureuses se nouent et se dénouent
au gré des saisons, des faillites et des
pressions familiales.
12. BLACK FLIES Jean-Stéphane Sauvaire
Adapté d’un roman de
Shannon Burke, ce thriller
avec Sean Penn suit deux
médecins confrontés à la
violence à New York.
Ollie Cross, jeune
ambulancier New-Yorkais,
fait équipe avec
Rutkovsky, un urgentiste
expérimenté.
Confronté à une extrême
violence, il découvre les
risques d'un métier qui
chaque jour ébranle ses
certitudes sur la vie... et la
mort.
13. Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan.
Le drame raconte l'histoire d'un jeune
enseignant travaillant dans l'Anatolie
orientale rurale et espérant s'installer à
Istanbul lorsqu'il est accusé d'avoir abusé
d'un élève.
Le film devrait être présenté pour la
première fois au Festival de Cannes en
mai 2023.
Synopsis
Samet, un jeune professeur d'art
d'Istanbul, effectue son service civil dans
un village reculé d'Anatolie. Après avoir
enseigné pendant quatre ans dans une
école locale, son collègue Kenan et lui
sont confrontés à des accusations de
harcèlement sexuel de la part de deux
élèves.
Samet a du mal à comprendre ces
accusations. Il perd tout espoir d'échapper
à la vie morne de la province. Au bout du
compte, on se demande si le jeune
homme est vraiment progressiste. Samet
rencontre également Nuray, une
enseignante, avec laquelle il pourra
éventuellement surmonter sa peur.
14. « Les filles d’Olfa », de Kaouther Ben Hania
Pour la première fois depuis plus d’un
demi-siècle, un film tunisien est en
compétition officielle au Festival de
Cannes.
Sa réalisatrice, Kaouther Ben Hania, est
originaire de Sidi Bouzid, le berceau de la
révolution de 2010-2011.
Les Filles d’Olfa, son cinquième long-
métrage est un documentaire de création à
la lisière de la fiction retraçant dix ans de la
vie d’Olfa Hamrouni, une mère de famille
de milieu modeste, dont deux filles ont
rejoint l’état islamique, en Libye, en 2014,
avant d’y être emprisonnées.
Olfa a dénoncé publiquement l’indifférence
et l’inaction des autorités tunisiennes face à
la radicalisation de ses filles. Pour les
représenter à l’écran, la réalisatrice a fait
appel à des actrices professionnelles.
15. The Zone of Interest de Jonathan Glazer
Jonathan Glazer adapte le
roman de Martin Amis sur le
nazi Rudolf Höss qui avait
installé sa famille à côté
d'Auschwitz. Un film glaçant à
l'impact vertigineux.
C'est la nature humaine dans
sa condition la plus laide. The
zone of interest est une
œuvre radicale, explosive
dans tout ce qu'elle montre,
minimaliste dans sa parole.
Elle est de celle dont on ne
peut se défaire, c'est une
émotion totale de cinéma,
c'est le cinéma
16. May December de Todd Haynes
Todd Haynes, 62 ans, présente un profil
qui contraste avec l’Amérique qui
monte. Homosexuel, demi-juif, cinéaste
farouchement indépendant, ami.
Autant de caractéristiques qui l’éloignent
de l’arrière-pays trumpien, ceci pour ne
rien dire de son cinéma, cruel et
mélancolique, ourlé de portraits de
femmes, traversé par un amour
structurant du mélodrame, et accordant
une part cruciale à la musique dans son
inspiration.
Mais pourquoi « May December » ?
« C’est une expression anglaise
intraduisible qui souligne la différence
d’âge dans un couple », explique en
conférence de presse le réalisateur. «
En France, on dit “Les Macron” » ajoute-
t-il.
17. May December, son nouveau film au titre tellement allénien, semble ainsi scandé
par la partition retravaillée et itérative du Messager, de Joseph Losey, signée en son
temps par Michel Legrand. Splendide musique, aux accords poignants et
inoubliables, mise au service d’un film non moins magnifique (Palme d’or à Cannes
en 1971) dans lequel un garçon pauvre de la ville est invité par un camarade de
classe dans le château familial, où, instrumentalisé par les adultes, il va servir de
messager clandestin entre la fille de la maisonnée, fiancée à un homme de sa
condition, et le viril métayer du domaine.
A Savannah (Géorgie), dans une superbe maison dominant le fleuve, vivent Gracie
(Julianne Moore), bourgeoise fragile entourée de setters irlandais, et Joe (Charles
Melton), un Américano-Coréen taiseux et collectionneur de papillons qui lui rend la
moitié de son âge.
18. Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy
Dans un petit village du Sénégal, ils
s’aiment d’un amour fou. Mais la passion
peut-elle résister au poids des traditions ?
Entre le conte et la tragédie, un premier
film surprenant, tourné en langue peul.
Seul premier long métrage en compétition
officielle cette année, Banel & Adama, de
Ramata-Toulaye Sy, mêle le conte et la
tragédie, pari risqué qui court mille fois le
péril de la joliesse et du dialogue appliqué
mais le déjoue, parfois in extremis, grâce à
un personnage féminin dont la grâce
cache à la fois un secret dévorant et une
force insoupçonnable.
Il en faut, quand on prétend s’opposer à la
famille, aux traditions, à la répartition
genrée des tâches. Avec Adama, qui a
décliné le rôle de chef lui revenant de droit,
ils projettent de s’installer à l’orée du
village, dans une maison ancienne
ensevelie sous le sable. Mais à mesure
qu’ils l’exhument, la sécheresse frappe, les
bêtes meurent, et bientôt les gens…
19. Anatomie d’une Chute de Justine Triet
Avec son “Anatomie
d’une chute”, en
compétition officielle à
Cannes, la réalisatrice
questionne à nouveau
le couple dans son
intimité.
Elle continue d’explorer
les ambitions féministes
d’héroïnes
indépendantes.
20. Anatomie d’une chute, et la compétition cannoise retrouve son ressort ! Il
faut croire que le quatrième long-métrage de Justine Triet appuie sur les
bons boutons, si tant est que ceux-ci existent : une écriture remarquable,
des acteurs parfaits, un secret bien gardé et une atmosphère à double
fond, vénéneuse, sensible. Oui, tout est là, mais il y a quelque chose en
plus, dans ce film de procès qui examine les affres d’un couple d’écrivains,
dont l’un des deux trouve la mort. Suicide, meurtre ? On ne saura jamais,
mais le chemin qui nous mène à ce mystère est un passionnant précis de
cinéma.
21. « Le jeu de la reine », Karim Aïnouz
Karim Aïnouz, réalisateur brésilien qui
nous avait habitués à des chroniques
de mœurs contemporaines saisies
dans son pays,fait ici un grand saut
vers le film d’époque anglophone, en
adaptant Queen’s Gambit (2012) de la
romancière anglaise Elizabeth
Fremantle.
Edité voici déjà dix ans, le livre s’élève
sur la vague du néo-féminisme et de
la célébration des femmes fortes, dont
la reine Catherine Parr, héroïne de ce
premier opus, est un bel exemple.
Sixième femme du roi Henri VIII a des
sympathies pour les forces
progressistes du royaume et professe
une inclination pour la Réforme.
22. Les feuilles mortes de Aki Kaurismaki
Le génial cinéaste finlandais revient avec un
nouveau chef-d’œuvre mi-cocasse mi-
mélancolique, qui érige l’amour naissant
comme unique antidote à la guerre.
Le jour où Aki Kaurismäki fera un mauvais
film, on saura qu’il n’y a plus d’espoir pour
rien ni personne, mais ce jour n’est pas
arrivé.
On peut même s’estimer heureux qu’il ait
refait un film tout court (et il l’est), après avoir
dit «adios» au cinéma, déclarant en 2017 :
«Je suis fatigué. Je veux commencer à vivre
ma propre vie, enfin.» Phrase très grave et
très drôle, ce mélange kaurismäkien de
solennité et d’humour dans l’économie de
mots, qui sonnait vraiment comme une
réplique d’un de ses 18 longs métrages de
fiction – en comptant celui-ci, présenté en
compétition à Cannes.
Arrêter le cinéma pour commencer à vivre.
Rechuter, sans perdre de vue l’objectif. Le
cinéma est peut-être un art, mais c’est aussi
une addiction. Est-ce un hasard si Kuolleet
Lehdet, en français les Feuilles mortes,
raconte en partie l’histoire d’un homme qui
décide d’arrêter de boire pour commencer
enfin à vivre.
23. Club zero de Jessica Hausner
Dans une institution d’élite, une
professeure prend possession des esprits
de ses riches élèves avec un discours
sectaire délirant.
Un film à l’humour ciselé et d’une cruauté
sans nom de la réalisatrice autrichienne.
Compatriote de Michael Haneke et d’Ulrich
Seidl, Jessica Hausner, 50 ans, n’en
cultive pas moins sa touche personnelle.
Autrice notamment de Lovely Rita (2001)
et de Lourdes (2009), la cinéaste est
familière du Festival de Cannes, où elle
finit par entrer dans le saint des saints de
la compétition en 2019 avec Little Joe, une
œuvre de science-fiction qui évoque
l’insidieuse prise du pouvoir sur l’espèce
humaine, grâce à son parfum entêtant,
d’une plante génétiquement modifiée.
Monde exténué, humains zombifiés
victimes de leur hubris, marche au bonheur
qui menace de nous faire crever.
24. Asteroid city de Wes Anderson
La dernière création du
réalisateur américain,
touche à l’univers de la
science-fiction.
Mais comme souvent avec
les films de Wes
Anderson, ce n’est pas
tant l’histoire qui compte
mais la façon dont il la
raconte.
Ou plutôt l’histoire dans
l’histoire, puisque le récit
principal (en couleurs)
dans la ville d’Asteroid City
est en réalité l’illustration
d’une pièce de théâtre (en
noir et blanc), dont les
coulisses parsèment le
film en trois actes.
25. L’Enlèvement, de Marco Bellocchio,
Le réalisateur italien s’est saisi d’une
histoire vraie : un enfant d’une famille
juive de Bologne, faisant alors partie
des États pontificaux, a été soustrait à
sa famille au XIXe siècle. Une œuvre
forte et profonde avec une mise en
scène au cordeau.
D’enlèvement en enlèvement, Marco
Bellocchio interroge l’histoire de son
pays et les comportements individuels.
L’an dernier, sa mini-série, Esterno
Notte, avait défrayé la chronique en
s’intéressant au kidnapping, en 1978,
du patron de la Démocratie
chrétienne (DC), Aldo Moro, par les
Brigades rouges. Pour son retour sur
la Croisette, le réalisateur italien a
apporté avec lui un film au titre encore
plus direct : Rapito (l’Enlèvement).
26. Vers un avenir radieux de Nanni Moretti
Giovanni, cinéaste italien renommé,
s’apprête à tourner son nouveau film.
Mais entre son couple en crise, son
producteur français au bord de la faillite
et sa fille qui le délaisse, tout semble
jouer contre lui !
Toujours sur la corde raide, Giovanni
va devoir repenser sa manière de faire
s’il veut mener tout son petit monde
vers un avenir radieux.
Grand cinéaste de l’intime, Giovanni
« Nanni » Moretti se raconte et se met
en scène au fil de ses films. Il y joue
toujours, souvent personnage principal
un brin autocentré, surtout dans les
premiers…
Mais revoir les films de Moretti, c’est
observer un artiste mûrir et petit à petit
tourner son cinéma vers les autres. Et,
l’air de rien, documenter l’état politique
et social de son pays, à plusieurs
moments charnières pour la république
italienne.
27. La Passion de Dodin Bouffant de Trần Anh Hùng.
Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans
au service du célèbre gastronome Dodin.
A force de passer du temps ensemble en
cuisine, une passion amoureuse s’est construite
entre eux où l’amour est étroitement lié à la
pratique de la gastronomie. De cette union
naissent des plats tous plus savoureux et
délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à
émerveiller les plus grands de ce monde.
Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais
voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide
alors de faire quelque chose qu’il n’a encore
jamais fait : cuisiner pour elle.
En tête d’affiche figurent Juliette Binoche (qui
a rajouté une nouvelle nomination au César de
la meilleur actrice à son historique cette année
et Benoît Magimel Au casting se distingue
aussi le célèbre chef cuisinier Pierre Gagnaire.
Adapté par le réalisateur du roman La vie et la
passion de Dodin-Bouffant, gourmet de Marcel
Rouf (paru en 1924), le scénario plonge au
XIXe siècle. Eugénie est depuis 20 ans
cuisinière au service du célèbre gastronome
Dodin.
A force de passer du temps ensemble dans la
cuisine, une passion amoureuse s’est construite
entre eux deux. Mais Eugénie n’a jamais voulu
se marier avec Dodin, pour garder sa liberté…
28. La chimère d'Alice Rohrwacher
La Chimère, le nouveau film d'Alice
Rohrwacher, rejoint la compétition du Festival
de Cannes 2023. Cette comédie dramatique
met en vedette Josh O'Connor, Carol Duarte et
Isabella Rossellini et raconte l'histoire d'Arthur,
un homme au don singulier de ressentir le
vide, qu'il utilise pour aider ses amis pilleurs de
tombes étrusques.
Arthur, de retour dans sa petite ville natale du
bord de la mer Tyrrhénienne, retrouve sa
bande de Tombaroli, des pilleurs de trésors
archéologiques. Grâce à son don, il les aide à
localiser les vestiges d'un monde passé
enfouis sous la terre. Cependant, Arthur porte
également en lui le vide laissé par le souvenir
de son amour perdu, Beniamina.
La Chimère promet d'être un film captivant et
émouvant qui explore des thèmes tels que
l'amour, la perte et l'archéologie.
La réalisatrice et scénariste Alice Rohrwacher,
connue pour son travail sur des films tels que
Les Merveilles et Heureux comme Lazzaro,
apporte sa vision unique et son talent de
conteuse à cette production.
29. Perfect days de Wim Wenders
Le célèbre réalisateur Wim Wenders revient sur le
devant de la scène avec son dernier film, Perfect
Days, qui est en compétition lors du Festival de
Cannes 2023. Ce drame-comédie met en vedette
Koji Yakusho, Min Tanaka et Arisa Nakano.
Perfect Days suit l'histoire d'Hirayama, un homme
qui nettoie les toilettes de Tokyo. Sa vie se dévoile
au spectateur à travers la musique qu'il écoute, les
livres qu'il lit et les photos qu'il prend des arbres.
Le film explore des thèmes tels que la solitude,
l'évasion et la quête de sens dans la vie moderne.
Wim Wenders est un habitué du Festival de
Cannes. Il a été plusieurs fois récompensé,
notamment avec la Palme d'Or pour "Paris, Texas"
en 1984, le Prix de la mise en scène pour "Les
Ailes du désir" en 1987, le Grand Prix pour "Si
loin, si proche" en 1993 et le Prix spécial de la
sélection Un Certain Regard pour "Le Sel de la
terre" en 2014.
30. The old oak de Ken Loach
Présent sur la Croisette, Ken Loach nous affole
en annonçant que The Old Oak est son dernier
film.
Ken Loach, connu pour ses films engagés et
socialement critiques, tels que Land and
Freedom (1995), Le vent se lève (2006), Moi,
Daniel Blake (2016), Sorry We Missed You
(2019), aborde avec The Old Oak des
problématiques actuelles, et désormais
universelles, autour de l’accueil des réfugiés et
des relations interculturelles inhérentes aux flux
des migrants.
Le scénario, signé Paul Laverty, propose un
regard profond et nuancé sur ces enjeux, avec la
touche humaniste et profondément emphatique
propres au cinéma de Ken Loach.
TJ Ballantyne (Dave Turner) est le propriétaire du
« Old Oak », un pub situé dans une petite
bourgade du nord de l’Angleterre et menacé de
fermeture suite à l’arrivée de réfugiés syriens
dans le village. Il y sert quotidiennement les
mêmes habitués désœuvrés pour qui l’endroit est
devenu le dernier lieu où se retrouver. L’arrivée
de réfugiés syriens va créer des tensions dans le
village. Cependant, TJ va se lier d’amitié avec
Yara (Ebla Mari), une jeune migrante passionnée
par la photographie
31. Une amitié inattendue va naître entre ces deux personnages, malgré les tensions et les préjugés
qui pèsent sur le village. Ensemble, ils vont tenter de redonner vie à la communauté locale en
développant une cantine pour les plus démunis, quelles que soient leurs origines.
Avec The Old Oak, Ken Loach souhaitait souligner que l’un des points de départ était la réalité
d’une région abandonnée où l’activité industrielle comme la construction navale, la sidérurgie,
l’industrie minière, avait disparu et rien ou presque rien ne l’avait jamais remplacé. La plupart
des villages liés aux sociétés minières, qui étaient autrefois prospères et fiers de leur tradition de
solidarité, de leurs activités sportives et du patrimoine culturel régional, ont désormais été
abandonnées par les politiciens, les conservateurs et les travaillistes.
32. L’engagement de Ken Loach est notoirement
connu et sa filmographie regorge d’exemples
qui l’ont inspiré pour dénoncer la déception de
ses compatriotes face aux comportements
des conservateurs mais aussi l’échec du Parti
travailliste qui a été fustigé par tant les
Britanniques qui ont fait le triste constat que
ce parti n’a rien fait pour eux.
Ken Loach tenait à mettre la lumière sur ces
oubliés des conflits qui n’ont plus comme
seule richesse que de pleurer leurs morts et
de s’inquiéter pour tous celles et ceux qui sont
restés sur place.
Il a cherché à montrer que la cohabitation est
possible et salutaire entre les Anglais
délaissés par leur gouvernement et les
réfugiés, entre des délaissés de part et
d’autre, en montrant que l’espoir est encore
possible malgré cette époque particulièrement
déshumanisée que nous vivons. Pour ce faire,
le réalisateur et son équipe ont rencontré des
familles syriennes dans le nord-est de
l’Angleterre et en Écosse qui leur ont raconté
leur histoire.
33. L'été dernier de Catherine Breillat
Le film L'Été dernier, réalisé par la célèbre
réalisatrice française Catherine Breillat, est en
compétition au prestigieux Festival de Cannes
2023. Cette œuvre intense, remake du film
danois Dronningen (Queen of Hearts) réalisé
par May el-Toukhy en 2019, explore les
tensions et les passions d'une famille
recomposée.
L'Été dernier suit l'histoire d'Anne, une avocate
renommée spécialisée dans la défense des
mineurs victimes d'abus et des adolescents en
difficulté. Interprétée par Léa Drucker, Anne voit
sa vie bouleversée lorsqu'elle entame une
liaison avec son beau-fils de 17 ans, Théo, joué
par Samuel Kircher. Cette relation risque de
mettre en péril sa carrière et de briser sa
famille.
Le film met également en scène Olivier
Rabourdin et Clotilde Courau dans des rôles
clés. La distribution talentueuse de L'Été dernier
apporte une profondeur et une complexité aux
personnages et à l'histoire.
34. Le Jury d’un certain regard
John C.
Reilly
Émilie Dequenne Davy Chou
Paula
Beer
Alice
Winocour
35. Un certain
regard
Simple comme Sylvain est un
film réalisé par Monia Chokri
avec Magalie Lépine Blondeau,
Pierre-Yves Cardinal.
36. Simple comme Sylvain, vrai coup de cœur dans la section Un
certain regard. Revigorant, le nouveau film de la Québécoise
Monia Chokri raconte la passion entre Sophia, prof de philo
citadine, et Sylvain, le menuisier censé retaper son chalet.
L’amour à l’épreuve du reste du monde et de la pression
sociale, quelque part entre Tout ce que le ciel permet, de
Douglas Sirk, et Jungle Fever, de Spike Lee – mais en drôle,
très drôle. Brillant comme Monia Chokri.
37. Rosalie de Stéphanie Di Giusto
«Ce n’est jamais simple d’être une
femme» dit Nadia Tereszkiewicz de sa
voix perchée, sourire virginal d’ange
botticellien, et ce n’est pas beaucoup
plus simple de faire des films qui
arrivent à le dire sans trop de
simagrées.
Portrait d’une jeune femme souffrant
d’hirsutisme dans la France provinciale
de 1870, inspiré de la vie de la
véritable «femme à barbe» Clémentine
Delait, Rosalie laisse craindre le
schéma du chemin de croix, spirale
punitive pour monstre de foire.
Mais Stéphanie Di Giusto (la
Danseuse) se montre plus fascinée par
l’émancipation, body positive avant la
lettre, de cette héroïne jetée en pâture
d’un mariage arrangé avec un cafetier
d’âge mûr (Benoît Magimel) : avant le
phénomène, une banale épreuve du
féminin.
38. Goodbye Julia de Mohamed Kordofani
À la veille de la division
du Soudan, Mona, ex-
chanteuse nord-
soudanaise, cherche à
se racheter d’avoir
accidentellement
causé la mort d'un
homme sud-
soudanais, en
engageant sa femme
comme domestique.
39. Los delincuentes de Rodrigo Moreno
Un employé de banque s’empare du
magot pour finir ses jours à l’abri du
besoin. Un grand film teinté de
burlesque du réalisateur argentin.
Sous la forme d’un clin d’œil,
ramassée en une séquence montrant
un homme, la quarantaine gironde, en
train de se préparer dans son
appartement à peine éclairé par les
premières lueurs du jour.
Le type ne se presse pas. Ses gestes
relèvent d’un rituel depuis longtemps
installé, ils garantissent la ponctualité
dont, on s’en doute, notre personnage
fait preuve depuis des années à son
travail.
Cette ouverture nous annonce la
signature demeurée intacte de Rodrigo
Moreno qui n’aime rien tant que
d’observer, avec minutie, la lente
progression du quotidien, les
répétitions qui le rythment, l’inertie qui
l’accompagne.
40. Augure de Baloji
Augure est la première sélection
officielle d’un film de république
démocratique du Congo au festival de
Cannes.
Son auteur, le rappeur Baloji, dont le
nom signifie «sorcier» en kiswahili, est
venu dans un magnifique ensemble
costume-jupe sombre présenter son
premier long métrage à la sélection Un
certain regard.
Né à Lubumbashi, il fut emmené par
son père vivre à Liège à l’âge de 3 ans
et devint la personnalité musicale que
l’on sait.
A la mort de son père, en 2018, il a
assisté médusé à la veillée funèbre,
entouré par des pleureuses, et la vive
impression que l’oraison produit sur lui
l’incite à commencer l’écriture
d’Augure.
On retrouve dans le film un décalque
de ce souvenir, assez drôle : une
bande de femmes arrivant hilares, en
tenue flashy, devant le domicile du
défunt, qui enfilent illico des habits
noirs et se mettent à gémir sur
commande.
41. «Les Meutes» de Kamal Lazraq
Avec son premier film, Les Meutes,
présenté à Un certain regard, Kamal
Lazraq a créé la sensation en nous
transportant à Casablanca, dans le
milieu des combats de chiens
clandestins. Un père et son fils s’y
trouvent mêlés pour rendre un petit
service qui va devenir une sale
besogne. Les voilà avec un cadavre sur
les bras : le faire disparaître sera leur
odyssée.
Natif de Casablanca, il en révèle dans
Les Meutes une vérité inédite, terrible et
émouvante à la fois. Quel est ce monde
où la pauvreté et la solidarité entre
marginaux flirtent avec la criminalité ?
« C’est ce que les Marocains appellent
la bricole, explique le réalisateur.
Au fil d’un travail d’abord presque
documentaire, nourri par des rencontres
et la recherche d’acteurs non
professionnels, Kamal Lazraq a ouvert
son horizon au-delà du cinéma social.
42. Si seulement je pouvais hiberner de Zoljargal Purevdash
En Mongolie, un trio d’enfants fait feu de
tout bois
Un certain regard Un adolescent doit
s’occuper de ses jeunes frère et sœur
dans le rigoureux hiver d’Oulan-Bator.
Une fable sociale pour un premier film
très réussi.
Ulzii, un adolescent d’un quartier
défavorisé d’Oulan-Bator, est déterminé
à gagner un concours de sciences pour
obtenir une bourse d’étude.
Sa mère, illettrée, trouve un emploi à la
campagne les abandonnant lui, son frère
et sa sœur, en dépit de la dureté de
l’hiver.
Déchiré entre la nécessité de s’occuper
de sa fratrie et sa volonté d’étudier pour
le concours, Ulzii n’a pas le choix : il doit
accepter de se mettre en danger pour
subvenir aux besoins de sa famille.
43. « Un hiver à Yanji » d’Anthony Chen
Dans un triangle amoureux volontiers impressionniste,
celui qui a remporté la Caméra d’or en 2013 avec « Ilo
Ilo » sonde la mélancolie d’une jeunesse chinois,e
comme gelée par les conventions. Et signe un film au
charme électrique, présenté à Un Certain Regard.
On entre dans le film par un paysage de neige, hostile
et fascinant, et des briques de glace, empilées comme
un jeu de construction. On les retrouvera au milieu du
film, transformées en un labyrinthe, métaphore de la
situation sans issue dont tentent de s’extraire les trois
protagonistes.
À Yanij, ville frontalière de la Corée du Nord où la
moitié de la population parle coréen, Nana (Zhou
Dongyu), jeune guide pour touristes, rencontre
Haofeng (Liu Haoran), venu assister au mariage d’un
ami.
Touchée et séduite par ce jeune homme lunaire qui,
on le comprend vite, est au bord du gouffre, elle l’invite
à dîner et lui présente Xiao (Qu Chuxiao), cuisinier
dans un restaurant.
Entre le citadin égaré et les deux jeunes gens en
quête d’identité, coincés dans une ville presque
étrangère, se noue une relation d’amitié amoureuse
qui, passé l’ivresse festive, les conduira sur les pentes
enneigées du mont Changbai.
44. Comment faire l’amour de Molly Manning Walker
Comment faire l’amour suit trois jeunes amies
qui se rendent en Crète pour les vacances,
dans une station balnéaire. L’une cherche à
perdre sa virginité mais les choses vont mal
tourner. Le film utilise les clichés sur les
vacances de ce genre à l’étranger – alcool à
volonté, soirées au bord de la piscine et frites
au fromage – pour aborder les questions
graves du consentement et du viol.
Ces scènes, la réalisatrice ne les filme pas, se
concentrant sur les émotions. « Je pense
qu’en tant que femmes nous connaissons trop
cette expérience. Nous n’avons pas besoin
d’être à nouveau traumatisées », a déclaré, à
Cannes, la Londonienne de 29 ans, pendant le
Festival.
Molly Manning Walker s’est notamment
inspirée d’une agression sexuelle dont elle a
été victime à l’âge de 16 ans. « Nous devrions
être libres de boire et de porter ce que nous
voulons sans être agressées », a-t-elle ajouté
45. Caméra d’or Le jury
Anaïs Demoustier Nicolas Marcadé Sophie Frilley
Mikael Buch Nathalie Durand
Raphaël
Personnaz
46. Semaine de
la critique
Jordanie, de nos jours. Après la mort
soudaine de son mari, Nawal, 30
ans, doit se battre pour sa part
d’héritage, afin de sauver sa fille et
sa maison, dans une société où
avoir un fils changerait la donne.
47. Ama Gloria de Marie Amachoukeli
Dans Ama Gloria, premier long
métrage que la cinéaste réalise
seule, il est question de bain
aussi, bien que dans un
environnement autrement plus
âpre que le bassin chloré d’un
hôtel-spa.
Cléo, petite chose binoclarde de 6
ans, se retrouve le cœur brisé le
jour où Gloria, la nourrice qui l’a
élevée, doit retourner au Cap-Vert
pour s’occuper de ses propres
enfants.
Devant l’accablement de Cléo,
son père (le géant Arnaud
Rebotini) accepte de l’envoyer en
vacances chez Gloria ; pour la
frêle enfant parisienne, c’est le
grand saut dans un pays inconnu
48. Tiger Stripes d’Amana Nelle Eu
Tiger Stripes, un conte
féministe qui sort les
crocs.
Une jeune fille harcelée
car elle a ses premières
règles réveille le monstre
qui est en elle, dans cette
étonnante fable féministe
venue de Malaisie.
Tiger Stripes, met en
scène des mutations de
l’humain vers l’animal. Un
effet post-Covid ? On
découvre, avec joie, que le
dérèglement de nos vies
et de nos sociétés a
inspiré les cinéastes.
49. Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck,
Le Ravissement. Pas celui de Lol V Stein, mais
celui d’Iris Kaltenbäck, ce qui reste en fin de
compte assez romanesque. C’est un beau
premier film français («PFF»), à la normalité
parisienne de façade, en fait parcouru de frissons
bien plus profonds et inquiétants : Lydia (Hafsia
Herzi), sage-femme, n’a pas grand monde sur qui
s’appuyer dans la vie, sauf son amie Salomé
(Nina Meurisse), sur le point de devenir mère.
Un concours de circonstances impliquant Milos
(Alexis Manenti) la poussera à usurper ce titre en
franchissant certaines limites.
Etude de caractère réussie – ni sociologique ni
fantastique, les Charybde et Sylla du PFF, un
exploit – le Ravissement joue avec les styles pour
mieux nous faire partager, nous instiller, les doses
d’empathie (son absence radicale ou son trop-
plein, l’un ou l’autre, alternative qui pourrait la
rapprocher d’un Todd Haynes) dont est capable-
incapable son personnage captivant, sobrement
joué par une actrice qu’on aime.
50. «La Fille de son père» de Erwan Le Duc
Inventer un ton. Le trouver, le tenir, le moduler, parfois le
rompre, ce n’est pas donné à tous les cinéastes, c’est ce
que fait Erwan Le Duc, comme si c’était tout naturel.
Un ton, dans tous les sens du terme, à commencer par
le musical, et au sens de l’inflexion, du style… Au sens
de l’humour, surtout. Après Perdrix, voici, cadette, la
Fille de son père, titre bateau pour film hors bord, en
tous cas assez hors normes (celles du cinéma français,
de base, de comédie ou de bonne bourgeoisie, toutes
enfreintes).
Il est montré en clôture de la Semaine de la critique,
kindergarten du cinéma mondial dont la quasi-totalité de
la sélection, cette année, eut donc pour sujet la filiation :
on n’y parla que de bébés.
Ici, Rosa (Céleste Brunnquell) est la fille d’Etienne
(Nahuel Pérez Biscayart), élevée par lui sans la mère
(Mercedes Dassy), qui les a abandonnés sans se
retourner.
Il y a aussi Maud Wyler ou Mohammed Louridi, et tous
les acteurs actrices se surpassent, ce qui aide : puisque
que d’un côté, c’est un film de personnages (caractères,
à bien tremper), de l’autre un film de figures (burlesques,
à trébucher), il danse sans cesse sur les deux pieds de
la justesse tranchante et de la haute maladresse, en
sachant très bien sur lequel s’appuyer pour virevolter.
Tout ça produit une hilarité et une émotion
grandissantes, qui ne veulent rien avoir à voir avec
l’ironie ni avec le mélo, encore moins le naturalisme.
51. “Levante” de Lillah Halla
La star d’une équipe queer de
volleyball cherche désespérément
à avorter. Un film salutaire sur le
Brésil de Bolsonaro.
Sofia est joueuse de volleyball
amatrice de 17 ans dans une
équipe très queer, composée de
personnes transgenres et de
lesbiennes. Sa mère est décédée
et elle vit seule avec son père qui
est apiculteur.
Elle a une amoureuse mais est
bisexuelle. Alors qu’elle est
approchée par un centre de
formation professionnelle
chilienne, elle s’aperçoit qu’elle
est enceinte.
52. La quinzaine
des
cinéastes
Conann de Bertrand Mandico
« Avec Conann, j’ai voulu renouer
avec un cinéma politique que
j’admire, comme celui de Pasolini,
pour sa façon de regarder le
spectateur dans le blanc des yeux. »
53. À sa manière, Pierre Goldman était une
légende.
Car ce juif laïc, intellectuel, militant
d’extrême gauche, écrivain et braqueur, se
rattache surtout à une époque, celle des
années 1960 et 1970, où l’idéal d’une
révolution était à portée de main et faisait
vibrer une masse de personnes. En
novembre 1975, s’ouvre à Paris son
deuxième procès. Condamné en première
instance à la réclusion criminelle à
perpétuité pour quatre braquages à main
armée,
Cédric Kahn a préféré s’en tenir au compte
rendu du procès, restituant ce qui s’y est
dit, tout en s’autorisant parfois quelques
libertés.
Cédric Kahn met en lumière toute la
complexité de cet insurgé lucide, qui
devance en quelque sorte les jugements
qu’on peut porter sur lui, en se livrant à une
autoanalyse.
Le Procès Goldman est captivant,
passionnant, à plus d’un titre.
Pour mieux appréhender le fiasco d’un
révolté assoiffé de pureté, produit d’une
Histoire le dépassant, pieds et poings liés à
elle.
54. Le livre des solutions de Michel Gondry
Le titre de son dernier long-
métrage, Le Livre des
solutions, présenté à la
Quinzaine des cinéastes,
onze ans après The We and
the I (2012), laisse imaginer
un bréviaire ou un manuel de
survie, qui pourrait fixer la
définition de son cinéma
bricoleur.
Michel Gondry évoque à son
sujet un « tournage difficile ».
« Je suis parti dans plein de
directions en même temps »
explique-t-il, quelques jours
avant le Festival de Cannes.
55. «A Song Sung Blue» de Zihan Geng
On nous l’avait bien dit, le bleu est une
couleur chaude – comme s’intitulait la
BD de Jul’Maroh adaptée par Kechiche
avec la Vie d’Adèle.
Un séduisant premier long métrage
chinois s’en est souvenu aussi, Song
Sung Blue.
Et semble même inviter le souvenir de
la palme d’or 2014 à sa table dans sa
première scène, gros plan de
dévoration d’un pot de crème à la
cacahuète, vorace comme l’était
mémorablement Adèle avec son plat
de spaghettis.
Notre héroïne qui s’en repaît, Xian, 15
ans, est frappée d’une réaction
allergique l’instant d’après, criblée de
honte et de boutons.
Sanction annonciatrice de l’angoisse
du corps, de la pulsion qui déborde.
56. "Un prince" de Pierre Creton
Un prince de Pierre Creton décrit la vie de
Pierre-Joseph dans un centre de formation pour
devenir jardinier, ainsi que les multiples
rencontres qu'il va y faire. 40 ans se passent,
jusqu'à ce que l'enfant adoptif de l'ancienne
directrice du centre ne rentre en contact avec
Pierre-Joseph avec une idée derrière la tête.
« Il y avait fort à parier que le délicat jardinage
normand de Pierre Creton (peut-être le seul
cinéaste à proprement parler naturaliste) souffre
de surexposition sous le soleil cannois.
Heureusement, le temps couvert et une
Quinzaine 2023 réceptive à l’expérimentation lui
réussissent.
On jurerait que la sobriété du cinéma de l’auteur
de Va, Toto ! s’est aussi mâtinée en descendant
sur la Côte, puisqu’on croise dans un mouchoir
de poche un vrai ou faux prince indien, une
allusion à Game of Thrones, de la vidéo BDSM
amateure et une expédition dans l’Himalaya… »
57. «L’Arbre aux papillons d’or»,de Thien An Pham
Manifeste panteiste
Ainsi la lumière au bout de la Croisette, à
l’avant-dernier jour du festival, aura-t-elle pris
les envoûtants contours d’un nuage de
papillons de nuit, voletant de branche en
branche dans l’obscurité, fragiles, lumineux,
vaporeux, tel l’hypnotique premier long-
métrage qui les a accueillis, l’Arbre aux
papillons d’or de Thien An Pham.
Trois heures de flottement traversées de
visions nocturnes – un troupeau de buffles
surgissant au cœur d’une forêt, d’aveuglants
phares de voiture éblouissant l’écran –
composées par un cinéaste vietnamien de
33 ans dont on apprendra par la suite qu’il
s’est formé sur le tas, grâce à un petit boulot
de vidéaste de mariage, et qu’il fut aidé pour
ce film d’une époustouflante maîtrise
formelle par une bande d’amis pour la
plupart formés lors du tournage (le chef op
Dinh Duy Hung est un copain d’enfance, la
directrice artistique est sa femme, Huynh
Phuong Hien).
58. Creatura d’ Elena Martín
C’est un couple parfait qui ne parvient
plus à faire l’amour. Mila, alors qu’elle
tente de l’expliquer à son conjoint,
repense à son histoire sexuelle, dans
l’adolescence et la petite enfance.
Aucun trauma définitif, aucune clé
unique, mais une accumulation
d’humiliations, de non-dits, de tabous,
que la cinéaste-interprète filme avec une
franchise sans tapage. Plutôt qu’une
psychanalyse, l’archéologie d’une
sexualité, que chacun peut partager.
Elena Martín est une actrice, scénariste
et réalisatrice de Barcelone. Sa première
réalisation, Júlia ist, dans lequel elle tient
également le rôle principal, a été salué
dans de nombreux festivals.
59. ACID
« Laissez-moi » de Maxime Rappaz,
réalisateur suisse issu du milieu de la mode,
fait le récit délicat et sensuel d’un cinq à sept
hebdomadaire dans un hôtel de montagne.
Chaque mardi, Claudine (Jeanne Balibar)
quitte la vallée, prend un train, s’engouffre
dans la cabine d’un téléphérique et s’arrête à
2 500 mètres d’altitude.
Chevelure soigneusement peignée, lunettes
noires, rouge à lèvres, carré de soie noué
autour du cou, trench cintré à la taille, talons
hauts… Son allure tranche avec un décor a
priori plus adapté aux randonneurs en tee-
shirt thermique et chaussures imperméables.
60. « Etat limite » de Nicolas Peduzzi
Nicolas Peduzzi montre le lien
sensible tissé par un psychiatre
avec de jeunes malades atteints de
troubles mentaux, tout en
dénonçant l’état préoccupant de la
médecine psychiatrique.
Hôpital Beaujon, à Clichy (Hauts-
de-Seine). En prenant naissance
dans une nuque tatouée du
symbole marche-arrêt, le film pose
d’emblée la question de la
déshumanisation de l’hôpital public,
étiolé par les coupes budgétaires.
Ce long -métrages témoigne de
l’état préoccupant de la médecine
psychiatrique en France et défende
une médecine fondée sur la
convivialité, l’empathie et la
participation collective aux activités.
61. Séances spéciales
Pedro Pascal nouvelle coqueluche de
Hollywood, héros des séries The
Mandalorian ou The Last of Us, a foulé
le tapis rouge avec le réalisateur
Pedro Almodóvar et l’acteur Ethan
Hawke pour la présentation du court
métrage Une étrange façon de vie, un
western tourné dans le sud de
l’Espagne.
Le cinéaste espagnol, grand habitué
du Festival de Cannes, parle ainsi lui-
même du film, sa deuxième expérience
en langue anglaise, après La Voix
humaine (2020) : « L’étrange façon de
vivre à laquelle fait référence le titre fait
allusion au célèbre fado d’Amália
Rodrigues, dont les paroles suggèrent
qu’il n’y a pas d’existence plus étrange
que celle que l’on vit en tournant le dos
à ses propres désirs. »
Appétissant.
62. C'est un petit retour à Cannes que nous propose Pedro Almodovar, mais son Strange Way of Life n'a beau durer
qu'une petite demi-heure, il n'en est pas moins savoureux. Ce court-métrage raconte la relation d'amour et de haine
de deux hommes, Silva et Jake, respectivement incarnés par Pedro Pascal et Ethan Hawke. Lorsque le fils du
premier tue la belle-sœur du second, le shérif doit mettre ses sentiments de côté pour rendre justice. Quitte à s'en
prendre à celui qu'il aime.
Est-ce que deux hommes peuvent vivre ensemble dans un ranch ? Voilà la question qui taraude Almodovar, comme
elle a taraudé les deux personnages du film pendant des décennies. Almodovar rend hommage à ses propres
thématiques, tout comme au genre du western, dont il prend un grand plaisir à détourner les codes. C'est à la fois une
comédie, un drame, et un pur western, tout en assumant complètement l'aspect queer du film, plus que ne l'a jamais
fait aucun autre western.
63. Robot Dreams de Pablo Berger
Après avoir revendiqué le cinéma muet avec Blancanieves, Pablo Berger
s'essaie à l'animation sans dialogues avec une fable sur l'amitié, sans
atteindre le même niveau d'excellence
.
Dans un univers peuplé d'animaux où il est possible de
fabriquer des robots pour palier à la solitude, Dog, un
chien new-yorkais, se fait un nouvel ami : Robot. Ils
jouent à la console, se baladent à Central Park, et
deviennent vite inséparables. Mais lorsqu'un voyage à
la plage laisse son ami Robot rouillé et immobilisé dans
le sable, Dog doit malheureusement retourner seul à
sa vie d'avant. Au fil des saisons, il tente de combler le
vide émotionnel laissé par cette perte à travers une
série d'amitiés passagères, sans jamais véritablement
y parvenir. Pour Robot, seuls ses rêves et ses
souvenirs heureux de Dog lui apportent un peu de
réconfort. Chacun à leur façon, les deux amis
s'accrochent à l'espoir de se retrouver un jour... Mais y
arriveront-ils ?
64. Little girl blue de Mona Achache
À la mort de sa mère,
Mona Achache découvre
des milliers de photos, de
lettres et
d’enregistrements, mais
ces secrets enfouis
résistent à l’énigme de sa
disparition.
Alors par la puissance du
cinéma et la grâce de
l’incarnation, elle décide
de la ressusciter pour
rejouer sa vie et la
comprendre.
Avec Marion Cotillard,
Mariel Bunel, Mona
Achache…
65. Le théorème de Marguerite d’ Anna Novion
L'avenir de Marguerite,
brillante élève en
Mathématiques à l'ENS,
semble tout tracé. Seule fille
de sa promo, elle termine une
thèse qu’elle doit exposer
devant un parterre de
chercheurs.
Le jour J, une erreur bouscule
toutes ses certitudes et
l’édifice s’effondre. Marguerite
décide de tout quitter pour
tout recommencer.
67. « Eurêka », Lisandro Alonso en chamane de
la condition indigène
D’une originalité extravagante, le
nouveau long-métrage du cinéaste
argentin, avec Viggo Mortensen et
Chiara Mastroiani, navigue entre le
monde des vivants et celui des morts.
La grande respiration, cette année,
c’est à Eurêka, film-fleuve de l’Argentin
Lisandro Alonso, présenté en
sélection officielle section Cannes
Première, qu’il sera revenu de
l’insuffler.
Neuf ans après le western
pampero Jauja (2014), ce nouveau
film, d’une originalité extravagante,
partage avec la matière du songe la
capacité de se transformer à vue, de
franchir le temps et l’espace comme à
saute-mouton.
68. LE TEMPS D’AIMER de Katell QUILLEVERE
1947. Sur une plage,
Madeleine, serveuse dans un
hôtel restaurant, mère d'un
petit garçon, fait la
connaissance de François,
étudiant riche et cultivé.
La force d’attraction qui les
pousse l’un vers l’autre est à
la mesure du secret dont
chacun est porteur.
Si l'on sait ce que Madeleine
veut laisser derrière elle en
suivant ce jeune homme, on
découvre avec le temps, ce
que François tente
désespérément de fuir en
mêlant le destin de Madeleine
au sien…
69. L’Amour et les forêts, de Valérie Donzelli,
dapté du roman d’Éric Reinhardt,
l’Amour et les forêts, de Valérie Donzelli,
évoque l’emprise d’un homme sur sa
compagne.
Blanche Renard (Virginie Efira) fait le
désespoir de Rose, sa jumelle. Elle
n’arrive pas à oublier son ex. Lorsque
Grégoire Lamoureux (Melvil Poupaud),
un ancien camarade de classe, la séduit,
elle s’étonne, tique un peu, avant de se
réjouir. Mais le prince charmant l’éloigne
de sa famille et l’enferme dans une
relation toxique dont elle n’arrive pas à
s’échapper.
D’un univers maritime et rohmérien,
l’Amour et les forêts dérive vers une
tonalité plus froide, suffocante,
hitchcockienne. Un film sororal qui
explore un chemin d’émancipation.
70. Fermer les yeux de Victor Erice
Cerrar los ojos (Fermer les yeux, Cannes Première) est son
quatrième long métrage en tant que réalisateur, trois
décennies après Le Songe de la lumière, Prix du Jury 1992 qui
louait la grâce du peintre espagnol Antonio Lopez. Victor Erice,
cinéaste espagnol reconnu de L’Esprit de la Ruche (1973) et
d’El Sur (Compétition, 1983) signe, avec cette œuvre, un film
répondant à une réelle « nécessité » personnelle.
Enquête sur la disparition d’un acteur pendant le tournage d’un
film : telle est la trame de ce drame sur le fil, mêlant fiction et
réalité. Avec Ferme les yeux, l’espagnol Victor Erice évoque
deux thèmes intimement connectés : l’identité et la mémoire,
celle de deux amis, l’un acteur, l’autre réalisateur. L’un a perdu
la mémoire, le second s’efforce d’oublier puis de se souvenir.
Née de son imagination mais aussi d’une expérience vécue,
d’interrogations intimes liées à l’art et la poésie, cette histoire
conceptuelle touchant à la mémoire du réalisateur révèle, en
réalité, deux types d’histoires : l’une relève de la légende, d’un
portrait de vie « pas si fidèle à la réalité » mais comme « cela
aurait pu être », et l’autre, « à la dérive » et contemporaine,
évoque l’incertitude du souvenir et du futur.
Pour illustrer cette œuvre aussi classique que moderne et «
imprégnée de réalité », pour ce qui touche à l’atmosphère et à
ses personnages, le réalisateur s’est entouré des acteurs
espagnols Manolo Solo (El Buen Patrόn, 2021), José
Coronado et Anna Torrent (It Snows in Benidorm, 2020).
71. Le superbe Fermer les Yeux a surpassé à peu
près tout ce que nous avons vu ici, ce qui rend
son absence de la compétition – il a été
présenté dans la section honorifique Cannes
Première – d’autant plus mystérieuse.
Réalisateur mythique de L’Esprit de la ruche
(1973), l’Espagnol Victor Erice.
D’un calme majestueux et d’une simplicité
radicale, Fermer les yeux s’ancre à la fois dans
la tradition d’un art testamentaire et dans celle
des hommages au cinéma. On y rejoue la
chanson mythique de Rio Bravo, on y entend
des blagues sur Dreyer, on y retrouve Ana
Torrent, héroïne du premier film d’Erice alors
qu’elle était enfant. Le temps et l’émotion
deviennent des sujets naturels.
Dans la dernière scène, l’une des plus
belles vues depuis longtemps, la mémoire
des images fait son œuvre sans aucune
nostalgie.
On comprend qu’Erice a façonné son film
comme une preuve : la preuve que si le cinéma
existe, envers et contre tout, c’est d’abord
comme un secret dont il faudra sans cesse
révéler l’existence.
72. Anna Torrent, je, d’enfant
Cinquante ans exactement se sont écoulés depuis que Victor Erice a fait jouer Ana Torrent pour la première fois au cinéma,
dans l’Esprit de la ruche. Elle avait 6 ans, une enfant aux grands yeux tristes pour qui se brouillait la limite entre fiction et
réalité, profondément marquée par une projection de Frankenstein dans le cinéma de son village, menée en bateau de façon
perfide par sa grande sœur qui lui faisait croire que la créature avait élu domicile dans une bergerie abandonnée non loin de
là. Son personnage s’appelait Ana. Un demi-siècle plus tard, elle est toujours Ana dans le nouveau film du cinéaste
espagnol, Fermer les yeux. «C’est intéressant que ce soit un film sur l’identité, la perte d’identité, sur la célébrité aussi, sur le
choix de qui on veut être», songe la comédienne, qui incarne à l’écran la fille d’un acteur mystérieusement volatilisé dans la
nature en plein tournage et retrouvé amnésique plusieurs décennies plus tard. «Quand j’ai fait l’Esprit de la ruche, je n’étais
pas une actrice, je confondais moi-même la réalité et l’imagination. A l’origine, dans le scénario, mon personnage ne
s’appelait pas Ana. Mais ça m’avait mise en colère, j’avais demandé à Victor : “Pourquoi est-ce que je dois porter un autre
nom puisque je m’appelle Ana ? Je suis Ana ! Je veux qu’on m’appelle Anna! »
73. Cannes Classic
A road less travelled avec Liv
Ullmann de Dheeraj Akolkar
Divisé en trois chapitres, ce film explore les
multiples facettes de la vie de l’actrice, scénariste,
réalisatrice, auteure et activiste Liv Ullmann, ainsi
que son extraordinaire carrière internationale qui
s’étend sur plus de 66 ans. C’est l’histoire d’un
être humain en constante évolution, plein
d’ouverture et de curiosité, qui embrasse les
possibilités et les incertitudes, démontre ce que
signifie être une femme dans un monde dominé
par les hommes et montre comment trouver et
utiliser sa voix sans perdre son intégrité, son sens
de l’humour ou ses amis
74. Drôles de guerres de Jean-Luc Godard
Un Godard posthume. C’était la séance la
plus attendue de Cannes Classics, la
section « patrimoine » du Festival : la
projection, ce dimanche, d’un court métrage
inédit de Jean-Luc Godard, huit mois après
la mort volontaire du cinéaste.
Les vingt minutes de Film annonce du film
qui n’existera jamais: «Drôles de guerres »
sont du pur JLG dernière période : un essai
poétique parfois crypté, sinon abscons qui,
sur un fond de papier photo blanc
estampillé Canon, mêle phrases
manuscrites, extraits de livre, collages de
reproductions d’œuvres d’art et de portraits
photos (on a reconnu notamment l’acteur
Thierry Frémont).
Mais l’émotion était là, quand, sur des
images d’un film non identifié, la voix de
Godard résonna dans la salle Debussy pour
expliquer l’origine littéraire de ce projet (un
recueil de nouvelles du militant trotskiste
Charles Plisnier, Prix Goncourt 1937).
C’était la voix d’un homme très fatigué mais
d’un artiste qui avait encore foi dans le
cinéma.
75. Palme Queer Cannes 2023 Le jury
John Cameron
Mitchell
Louise Chevillote Zeno Graton
Isabel
Sandoval
Cédric
Succivalli
78. Le prix Un certain
regard
« Comment faire l’amour »
de la réalisatrice britannique
Molly Manning Walker
79. Prix de la
quinzaine des
cinéastes
1) Creatura, d'Elena Martín, a
été nommé meilleur film
européen.
2) Un prince de Pierre Creton a
reçu le prix SACD 2023
Creatura d'Elena Martín
81. La Palme Queer
La Queer Palm du meilleur long
métrage a été décernée à Monster
du Japonais Hirokazu Kore-Eda.
Ce film, présenté en compétition,
raconte l’histoire du jeune Minato
dont le comportement est de plus en
plus préoccupant.
83. Grand Prix
The Zone of Interest
de Jonathan Glazer a
été récompensé du
Grand prix. Ce long
métrage glaçant
adapte le roman de
Martin Amis consacré
à Rudolf Höss, le
commandant
d'Auschwitz.
84. Prix de la Mise en scène :
La Passion de Dodin Bouffant de Hung Tran
Anh
85. Prix du jury - Les Feuilles mortes
Le génial cinéaste finlandais, Aki Kaurismäki, revient avec un
nouveau chef-d’œuvre mi-cocasse mi-mélancolique, qui érige
l’amour naissant comme unique antidote à la guerre.
89. Discours de Justine Triet, Palme d’Or
« Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime de la
réforme des retraites ».
« Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante », et pour Justine Triet « ce schéma de
pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé éclate dans plusieurs domaines. » D’abord socialement - «
c’est là où c’est le plus choquant », dit-elle, mais aussi « toutes les autres sphères de la société, et le cinéma
n’y échappe pas.
La cinéaste française a accusé le « gouvernement néo libéral » d’Emmanuel Macron de défendre
« la marchandisation de la culture » aux dépens « de l’exception culturelle française. Cette même exception
culturelle sans laquelle je ne serai pas là aujourd’hui devant vous. »
«La néo-libéralisation est en train de casser l'exception culturelle française ».