Des guerres de l’Ancien Régime aux conflits contemporains, les
sources sont variées et réparties sur l’ensemble du territoire,
voire au-delà !
Les invalides des
guerres de Louis XIV
(SHD)
Les guerres
révolutionnaires et
napoléoniennes
(AP-HP)
La guerre de 1870-
1871 (Archives
municipales)
Première Guerre
mondiale (SAMHA)
Deuxième Guerre
mondiale et conflits
contemporains
(SHD-Caen)
Institution nationale des Invalides (INI)
Depuis plus de 350 ans, l’institution
des Invalides héberge et soigne les
soldats blessés au combat ou trop
âgés pour servir ;
Il existe des registres matricules pour
les invalides depuis le règne de Louis
XIV. De 1670 à 1796, 111 394 entrées
ont été enregistrées ;
Les bénévoles de l’association des
Ancêtres italiens enrichissent la base
de données du site
http://www.hoteldesinvalides.fr/
Jean Valentin Béest est reçu à l’hôtel le 31 janvier
1710.
Il est très incommodé d’un coup de fusil qu’il reçut
à la bataille de Ste Croix qui lui brise la mâchoire et
lui perce la langue…
Il est décédé à l’hôpital le 18 février 1726
(SHD, GR 2 XY 16)
Au XIXe siècle, les blessés
des guerres… empirent !
Proportionnellement, il y a peu de
morts au combat dans les
batailles de la Révolution et de
l’Empire.
Malgré les efforts des praticiens,
le manque d’organisation entraîne
de nombreux décès des suites de
maladies ou de blessures mal
soignées.
Mémoires de
Jean-Baptiste
Joseph Tyrbas
de Chamberet,
médecin
militaire en
Espagne avec la
Grande Armée
Expliquez-nous la Croix-Rouge…
Une chronique de Gérald Roux mise en images par Valentin Colcomb
france info Expliquez-nous... la Croix-Rouge - Vidéo Dailymotion
En 1859, le suisse Henry
Dunant découvre avec
effroi les blessés de la
bataille de Solférino,
victimes d’infections
multiples, abandonnés à
leur triste sort par des
secours dépassés par les
événements.
Découvrir les
archives de la
Croix-Rouge
internationale
(CICR) sur les
prisonniers de
guerre et les
victimes civiles
Henry Dunant décide de créer un comité de
secours aux militaires blessés qui prend le
nom de Comité International de la Croix-
Rouge en 1876.
Pour savoir quelles
sources consulter ?
Il faut se demander…
Qui a pu produire une
trace de cet
événement et où peut-
elle être conservée
aujourd’hui ?
Les sources sur les blessés de guerre :
du front à la maison… en passant par l’hôpital !
Des documents militaires…
aux archives médicales
Au Service historique de la
Défense, les matricules, les
dossiers individuels, les contrôles
précisent les motifs de reforme
avec parfois beaucoup de détails.
Contrôle et rôles peuvent
mentionner les passages à
l’hôpital.
Pour les guerres napoléoniennes
on retrouve par exemple des listes
collectives aux Archives de l’AP-HP
Un blessé de guerre
est un mort en sursis
(AD50, 251 AV 21/1-1)
De l’importance des
archives privées
et des témoignages oraux
Yvonne LAIGLE (1913-2015)
LA GUERRE DE
1870-1871
Sur les traces du
cuirassier Wettmann
https://www.slideshare.net/
SandrineHeiser/sur-les-
traces-du-cuirassier-
wettmann-251441508
La guerre de
1870-1871
se joue en
quelques
batailles !
19 juil. 1870
La France déclare la
guerre à la Prusse
4 août
Les Français sont
battus dès le 4 août à
Wissembourg
6 août
Le 6 août à
Frœschwiller-Wœrth
et à Forbach-
Spicheren
28 sept.
Les troupes
allemandes mettent
le siège devant
Strasbourg qui
tombe le 28
septembre
27 oct.
En Lorraine, l’armée
française se retrouve
encerclée dans Metz
où le général Bazaine
capitule le 27
octobre
Les blessés de Wissembourg
Les Français ne sont pas en mesure de
s’occuper de tous leurs blessés et doivent
laisser sur place les blessés incapables de se
déplacer.
Ils sont répartis partout où on peut les
abriter : églises, salles communales, écoles
ou encore chez des particuliers.
Les services sanitaires allemands se chargent
de soigner les blessés des deux camps.
L’ambulance de Soultz-sous-Forêts
Archives
municipales
de Wissembourg
Soldats décédés dans les hôpitaux militaires de
Wissembourg et qui ne sont pas inscrits dans
les registres d'état civil de la commune (2H6) et
des officiers et soldats malades logés chez des
particuliers (4H2)
Théâtre des opérations dans l’Outre-forêt au Nord de Haguenau
L’ambulance de Soultz-sous-Forêts se trouve à une
heure de marche de Schwabwiller (4,5 kilomètres)
Service historique
de la Défense
(GR XZ 256)
Blessés à la bataille de Woerth-Froeschwiller (6 août)
soignés d’abord dans le village d’Uhrwiller, canton de
Niederbronn, et amenés à Ingwiller huit jours après par un
médecin allemand
Un lourd bilan et
des chiffres
contrastés
Pour la seule bataille du 6
août 1870, les chiffres officiels
font état de :
• 760 officiers et 10000
hommes tués ou blessés ;
• 4188 hommes réfugiés à
Strasbourg ;
• 200 officiers et 6000
prisonniers.
SHD, GR LB 6
Service
historique de la
Défense, GR 34
YC 4635
Soldat au 1er bataillon de
chasseurs, André
WEITMANN est décédé à
l’hôpital militaire de
Strasbourg le 3 octobre
1870 des suites
d’amputation
Veitman est décédé 5 jours
après la fin du siège, il a dû
être inhumé dans le jardin
botanique, les cimetières
de la ville étant
inaccessibles.
Le Jardin botanique devient
un lieu de sépulture, où
sont enterrées les victimes.
Les corps sont exhumés
après le siège, à l’exception
des dépouilles non
identifiées placées dans un
ossuaire datant de 1874,
seul monument aux morts
de Strasbourg pour la
guerre de 1870.
Les
autres
sources
Selon les aléas du conflits, l'ensemble
des régiments ne disposaient plus
forcément de leur registres
matriculaires ou de contrôle.
Les registres ont ainsi pu être
remplacés par une grande variété
d’archives allant des états nominatifs
aux registres de déserteurs ou encore
des historiques de régiments...
Il est important de ne négliger aucune source :
bibliothèques, musées, publications locales,
etc
Tout ne se trouve pas
dans les archives !
Et de tels blessés, atteints à la tête ou aux
membres, étaient bandés avec des mouchoirs
et des textiles de cette espèce. Il semble
qu’alors il n’y avait pas chez les Français de
services de santé.
Récit d’Albert Ungerer (17 ans en 1870), écrit
en 1917.
Ces malheureux ont l’air abattu et consterné ; s’ils pouvaient
crier victoire ils oublieraient momentanément leurs
souffrances. Mais, loin de là, ils cherchent à éluder les
questions qu’on leur adresse et leurs réponses trahissent
parfois une désolante vérité (…)
Récit d’après le journal d’Ernest Frantz, mis en forme en 1872
Premier conflit où s’illustre la Croix-Rouge, et où le
nombre de morts sur le champ de bataille est
supérieur à celui des infirmeries, malgré les
conditions sanitaires difficiles.
La guerre de 1870 met en
application les principes
de la convention de
Genève signée en 1864
Convoi de blessés pendant la guerre de 1870,
Albert LEBARQUE (Musée de la Guerre de 1870
et de l’Annexion, Gravelotte)
Le musée aborde la
question des soins
apportés aux blessés,
notamment à travers la
peinture comme le
Panorama de Rezonville
réalisé par les peintres
Édouard Detaille et
Alphonse de Neuville
Le frère du peintre,
Julien DETAILLE,
meurt lors de sa
détention dans un
camp de prisonniers
situé à Dresde
Registre d’inhumation
Julien Detaille
Fait prisonnier, probablement lors de la
capitulation de Metz (28 octobre 1870), il fut alors
envoyé en captivité en Allemagne, dans ce camp
de Dresde où il décède le 7 décembre 1870
Les listes des
pertes
Les blessés représentent
une catégorie des pertes
militaires, à côté des
disparus, des prisonniers
et des morts.
En Bavière, les officiers
sont nommés et la
troupe mentionnée sous
forme de statistiques.
En hommage à Henri LAUNEY, 3 fois blessé
Alors qu'Albert Daulier disparaissait
au Bois-le-Prêtre, un autre AAGP
de Suzane, à peine âgé de 19 ans,
passait au 24e régiment d’infanterie.
Henri Launey a fait la campagne
contre l’Allemagne du 18 décembre
1914 au 12 septembre 1919 et a
survécu à l’hécatombe… quelques
années !
Les archives
Le registre matricule reste le
document de base qu’il convient
toujours de consulter en premier lieu
(ex. Henri Launey) ;
À divers titres, les archives nationales,
départementales et municipales sont
susceptibles de conserver des
documents sur Le soldat blessé et soigné ;
Il ne faut pas négliger pour autant les
fonds privés et les témoignages
d'époque.
Détail de la fiche matricule d'Henri
Launey,
(Archives départementales de la Manche,
1 R 1 / 177 n° 1122)
Les Archives départementales de la Haute-
Savoie ont publié début 2022 un
remarquable ouvrage permettant de
plonger dans l'intimité d'un couple à
travers les correspondances adressées par
Rita de Maugny à son mari Clément de
1914 à 1919.
Pendant la Grande Guerre, au contact
quotidien des blessés, elle réalise de
nombreuses caricatures sur les
hôpitaux ainsi que de petites figurines.
Préfacé par Marcel Proust, son recueil Au
royaume du bistouri est publié à Genève
en 1921.
Les bibliothèques
Avant de dépouiller les archives, il
est utile de démarrer ses
recherches en bibliothèques, qui
offrent des ressources souvent
originales sur les blessés de la
Grande Guerre.
À l’occasion des commémorations
du Centenaire, nombreuses sont
les institutions qui ont réalisé des
expositions virtuelles ou encore
des carnets de recherche
Hôpital militaire de Maison-Blanche. Étiquette
attachée à un objet fabriqué par un soldat mutilé
(BHVP - 100028-5)
Album de photographies
de Gueules cassées
Le nom du blessé est caché
mais on connait sa commune
d’origine et son département ;
On y apprend également la
date de la blessure et en
principe d’entrée dans
l’établissement, ici non
renseignée ;
Le diagnostic et le traitement
sont également mentionnés.
http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/result
ats/index.php?do=page&cote=pont_gc_album_01&p=52
Les musées
Grâce à des scénographies
souvent innovantes, les musées
apportent un éclairage particulier
sur les soldats blessés et soignés
durant la Grande Guerre.
La riche documentation et les
éventuels fonds privés qui y sont
conservés permettent en outre de
mieux appréhender le quotidien
des Poilus et de contextualiser
ainsi la recherche.
Historial de la Grande Guerre (Péronne).
Visionnable sur une borne, un film illustre l’hôpital, la
rééducation des corps mutilés ainsi que les
traumatismes irréversibles des blessés psychiques
Le musée du
Service de santé des Armées
du Val-de-Grâce
Il conserve les journaux des marches
et opérations des formations sanitaires,
comme par exemple ceux des
ambulances chirurgicales automobiles.
Les notices qui y sont conservées
éclairent l’histoire des différents
hôpitaux militaires qui ont fonctionné
par la Grande Guerre ou encore la
question des trains sanitaires et des
navires-hôpitaux.
Rechercher un hôpital
Les « hôpitaux » qui ont fonctionné
pendant la Première Guerre mondiale
sont d’une grande hétérogénéité ce qui
contribue à complexifier la recherche.
Aux hôpitaux militaires dont les sources
sont principalement conservées à Limoges
par le SAMHA, se sont ajoutées de
nombreuses autres structures sanitaires,
créées à l’occasion du conflit.
Le blog Histoire des hôpitaux militaires et du service de santé durant la
Grande Guerre est une source de premier plan.
Fonds 1914-1918
Après classement, les archives du
Service de santé des armées
produites durant la Grande
Guerre représentent environ 3,6
kilomètres linéaires.
La constitution et la structure de
ce fonds ont déjà fait l’objet d’un
article de référence rédigé par
Baptiste Bessière et Jean Merlet.
Pour en savoir plus sur « Les
archives médicales de la Grande
Guerre : le fonds 1914-1918 au
SAMHA », consulter le texte de
mis en ligne par le CRID14-18.
Contrôles nominatifs établis par les régiments
• La recherche dans les formations de
l’avant débute le plus souvent par la
consultation des listes de blessés
transmises par les formations
sanitaires.
• À titre d’exemple, le sous-lieutenant
Jean Renoir a été blessé le 27 avril
1915.
• Au moment de sa blessure, il était
affecté au 6e bataillon alpin de
chasseurs à pied (6e BACP).
S’il a bien été possible de retrouver Jean Renoir pour les
trois jours passés à l’hôpital d’évacuation de Gérardmer du 28
avril au 30 avril 1915, il n’en a pas été de même pour sa
convalescence à l’hôpital de Besançon.
Certains fonds d’archives des formations de l’avant sont
très lacunaires… voire inexistants !
Sous-lieutenant Jean Renoir
Fiches modèle 29
Couvrant les années
1914-1918, Le fichier
des décédés (billets
d’hôpital classés par
ordre alphabétique)
concerne les soldats
morts dans les
formations sanitaires
de campagne de la
zone de l’avant ; de fait,
il est très incomplet
pour le début de la
guerre.
Outre l’identité du soldat, le billet d’hôpital permet de connaître la
date de la blessure et, le cas échéant, le diagnostic du décès.
Bulletins 46C
À partir d'octobre 1916, un fichier des
hospitalisés dans les formations de l’Avant
permet de faciliter les recherches.
Il renvoie aux bulletins 46C qui sont
des documents médico-administratifs
qui permettent de connaître :
● l’identité du soldat,
● les dates du séjour,
● le mode d’entrée dans la formation sanitaire,
● le diagnostic d’entrée et son origine,
● le diagnostic et le mode de sortie,
● mais également le cas échéant l’adresse de parents.
À la mémoire d’une Gueule cassée
Eugène FOURNIER était le grand-père
maternel de l’écrivain Marc DUGAIN.
C’est de son histoire que s’est inspiré
l’auteur pour écrire son premier
roman « La Chambre des
officiers ».
Le dossier de carrière du Lieutenant
FOURNIER est conservé par le Service
historique de la Défense à Vincennes
(GR 5Ye 142 227).
Grièvement blessé
le 15 décembre
1914 dans les
opérations autour
de Nieuport, à eu
le bas de la figure
emporté par une
grenade.
A mérité d’être
proposé pour la
croix de la Légion
d’honneur
Service historique de la Défense
Après la guerre...
Henri Launey est revenu de la
guerre, s'est marié le 24 avril
1920 et a eu 3 enfants...
Mais il est finalement mort en
1938, à 42 ans, à la veille de la
Seconde Guerre mondiale.
Il est difficile aujourd'hui de
faire un lien entre sa mort
prématurée et les traumatismes
de guerre... comme pour
beaucoup d'autres soldats
blessés en 1914-1918 !
Les archives des
victimes de conflits
contemporains
(SHD-Caen)
C’est pour la Seconde
Guerre mondiale et les
conflits postérieurs que
les fonds conservés par
l’antenne du Service
historique de la Défense
à Caen sont les plus
riches.
Mieux comprendre les destins individuels
On y retrouve notamment les
dossiers individuels des militaires
« réformés », c’est-à-dire ayant
combattu pendant la guerre mais
décédés ultérieurement des
suites de blessures contractées
durant le service ou de maladie.
Le dossier d’un militaire mort de
maladie comprend des certificats
médicaux.
Les archives médicales
et hospitalières des
armées (Limoges)
Le SAMHA est au cœur de l’actualité puisque
le dernier versement d’archives rend compte
de l’action militaire au Mali.
Codes du Patrimoine… et de la santé publique
Secret médical et vie privée Informations relatives à la santé
Les documents dont la communication porte
atteinte au secret médical sont communicables
25 ans à compter de la date de décès de
l’intéressé. Si celle-ci n’est pas connue, le délai
est de 120 ans à compter de la date de naissance
Les archives dont la communication
est susceptible de porter atteinte à la
vie privée des personnes sont
communicables à l’expiration d’un
délai de 50 ans.