BAC GÉNÉRAL 2022
Épreuve de spécialité SES
Mercredi 11 mai
DISSERTATION
Questionnement Objectifs
L’accumulation des facteurs de production
est-elle la seule source de croissance
économique ?
Définir le concept de croissance économique et
les notions de facteur capital et de facteur
travail.
Ne pas oublier que la croissance économique a
aussi des causes extra économiques.
Sources de la croissance économique
Notions : Croissance économique,
investissement, progrès technique, croissance
endogène, productivité globale des facteurs,
facteur travail, facteur capital.
Mécanismes :
- Sources de croissance : L’accumulation du
capital, l’augmentation de la quantité de facteur
travail.
- La fonction de production permet une
explication de la croissance à la fois par
l’augmentation des quantités des facteurs de
production, par une amélioration de leur qualité
et par une augmentation de la productivité
globale des facteurs.
- Le progrès technique contribue à la
croissance par la productivité globale des
facteurs.
- Les institutions et les droits de propriété
fournissent un cadre favorable à la croissance.
DOCUMENT 1
Personnes en emploi en
France entre 2000 et 2019,
en milliers
Ce diagramme indique le nombre de personnes actives en France entre
2000 et 2019, en milliers.
On observe que la population active française n'a cessé d'augmenter au fil
des années pour atteindre environ 29 000 millions d'actifs en 2019.
DOCUMENT 2
Taux de croissance du PIB
(en %) et contributions
à la croissance du PIB (en
Ce tableau présente les taux de croissance du PIB de la France, de la Corée
du Sud et des États Unis ainsi que la contribution du facteur capital, du
facteur travail et de la contribution de la productivité globale des facteurs
(PGF) des différents pays.
points de %) dans quelques
pays (2010-2019)
DOCUMENT 3
Taux d’investissement
des entreprises non
financières en %
Tableau des taux d’investissements (part des investissements dans la
valeur ajoutée en %) de la zone Euro, de l’Allemagne, l’Espagne, la France,
l’Italie et le Royaume Uni.
Baisse du taux d’investissement pour l’ensemble des pays.
DOCUMENT 4
Évolution du montant de
la dépense intérieure
d’éducation (DIE) en
milliards d’euros
constants et de sa part
dans le PIB (en %)
La DIE réunit toutes les dépenses de l'État, des ménages, des entreprises
et des collectivités territoriales pour l'éducation.
En 2019, la DIE s’élève à 160,5 milliards d’euros (courbe avec échelle de
droite), ce qui représente 6,6 % du PIB (bâtons avec échelle de gauche).
Elle a doublé́ depuis 1980, ce qui correspond à un taux de croissance
annuel moyen de 1,8%, taux proche à celui du produit intérieur brut (PIB).
Problématique possible :
Les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance ?
L’augmentation des facteurs travail et capital est une source importante de croissance du PIB sur
le long terme. Cependant, la mise en place d’un cadre institutionnel propice et le progrès
technique apportent une contribution non négligeable à la croissance,
Le plan du développement
I. L'accumulation du facteur travail et du facteur capital est source de croissance
économique
La croissance économique s’explique en partie par l’augmentation de la quantité des facteurs de
production
A) La contribution de l’augmentation du facteur travail.
Dans la fonction de production, le facteur travail est une variable importante.
- poids important du facteur travail dans la croissance économique (document 1),
- corrélation entre la croissance de la population active (qui est une approche de la quantité de
facteur travail dans l’économie) et la croissance du PIB.
1. L'accumulation du facteur travail permet de produire davantage et est donc source de
croissance économique. (document 1)
2. L'accumulation du facteur capital permet de produire davantage et est donc source de
croissance économique. (document 2)
B) La contribution de l’augmentation du facteur capital.
- le facteur capital est une variable de la fonction de production
- la contribution du facteur capital varie selon les pays et les périodes, (document 3).
Par ailleurs, l’augmentation du facteur capital conduit également à des gains de productivité car
c’est souvent un capital plus productif qui est mis en place que ce soit pour renouveler le capital
en place ou pour augmenter les capacités de production.
II. Mais l'accumulation du facteur travail et du facteur capital n'est pas la seule source de
la croissance économique : les institutions et le progrès technique jouent également un
rôle très important dans ce processus
A) Un cadre institutionnel propice à la croissance.
Les institutions sont d'autres sources de la croissance économique. (document 4)
- l’impact des dépenses de R&D n’est pas toujours aussi important d’un pays à l’autre cela tient au
contenu de ces dépenses et au cadre institutionnel dans lequel elles se déroulent (politiques de
brevets par exemple).
- de manière générale, les institutions jouent sur la croissance de long terme en créant un cadre
propice à la croissance.
La DIE réunit toutes les dépenses de l'État, des ménages, des entreprises et des collectivités
territoriales pour l'éducation
B) La contribution de la productivité globale des facteurs, mesure du progrès technique.
L'accroissement de la productivité globale des facteurs (expliquée par le progrès technique et la
« recherche-développement ») est une autre source de la croissance économique.
- une part non négligeable de la croissance ne s’explique ni par l’augmentation du facteur capital
ni par celle du facteur travail : c’est la contribution de la productivité globale des facteurs
(document 2).
Elle est une mesure du progrès technique
- ce progrès technique, tout comme les infrastructures et les investissements en capital humain
entraînent un processus de croissance endogène, autoalimentée.
- les dépenses de R&D visent à augmenter le progrès technique pour créer de la croissance
ÉPREUVE COMPOSÉE - SUJET A
Première partie : Mobilisation des connaissances
Vous montrerez comment les dotations factorielles peuvent expliquer la spécialisation
internationale.
La dotation factorielle est l’importance relative des différents facteurs de production dans des pays
participant au commerce international. Ces facteurs de production sont le travail et le capital.
La spécialisation internationale peut aussi s’expliquer par l’existence de dotations technologiques. Il
s’agit de concentrer l’analyse moins sur les facteurs de production (capital, travail) et davantage sur la
fonction de production (facteurs technologiques). L’étude des dotations technologiques permet
d’identifier des pays innovateurs (ou leader) et des pays copieurs (ou suiveurs),
Une autre question est celle de la nature de la spécialisation : cette spécialisation selon la dotation en
facteurs de production peut être source d’avantages à court terme mais entraîner à plus long terme
l’économie d’un pays dans un type de production qui risque de ne plus être source de croissance dans
l’avenir (épuisement d’uneressourcenaturelle,changement depréférencedes consommateurs, etc.).
Deuxième partie : Étude d’un document
1. À l’aide des données du document, montrez que la redistribution améliore la situation
économique des plus pauvres.
Avant de payer ses impôts et de recevoir des prestations sociales, c’est-à-dire avant redistribution,
Ces revenus sont composés de revenus d’activité (salaires et revenus des indépendants) et, pour un
très faible montant, de revenus du patrimoine. Ils comprennent également les pensions alimentaires,
les pensions de retraite, les allocations chômage et les indemnités journalières de l’assurance maladie.
Le niveau de vie des ménages est affecté par les transferts publics, positivement à travers les
prestations qu’ils reçoivent et négativement par les prélèvements dont ils s’acquittent.
En 2019, 20 % du niveau de vie moyen des 20 % de personnes les plus modestes contribuent pour
26 % à la réduction globale des inégalités. Les prestations familiales contribuent pour 21 % à la
réduction des inégalités.
2. À l’aide des données du document et de vos connaissances, montrez comment la
fiscalité et la protection sociale réduisent les inégalités de niveau de vie.
Les prélèvements et prestations ne contribuent pas tous avec la même intensité à la réduction des
inégalités de niveau de vie. L’efficacité redistributive d’un transfert, c’est-à-dire sa capacité à réduire
les inégalités de revenus, est fonction de deux critères : sa progressivité et son poids dans le revenu
disponible global des ménages.
Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que certaines
évolutions de l’emploi ont pu affaiblir le rôle intégrateur du travail.
Le travail connaît des transformations considérables, à l'heure de la mondialisation, de la robotisation
et de l'ubérisation de l'économie. L'école aussi, commence sa mutation et nul ne sait aujourd'hui à
quel point la révolution numérique va bouleverser son rôle dans la société.
Le travail, une instance d'intégration dont le rôle est remis en cause par certaines évolutions de
l'emploi.
A. Le rôle intégrateur du travail.
Le travail occupe une place centrale dans le processus d'intégration. Au-delà du revenu qu'il procure
et des possibilités qu'il offre de participer à la société de consommation, le travail confère un statut
social (lié à la profession exercée) et ouvre des droits collectifs (remboursement des soins médicaux,
allocations chômage, retraite...) facteurs de cohésion sociale. (Document 1)
Le lieu de travail est l'un des principaux lieux de sociabilité, où se tissent bon nombre de relations
sociales. On y rencontre ses amis (collègues de travail, relations professionnelles) et parfois même
son conjoint.
Il est également le lieu où se créent des solidarités collectives qui participent à l'intégration des
individus. Les travailleurs immigrés ont ainsi d'abord été intégrés par le travail qui leur procurait un
revenu mais aussi une identité sociale, ouvrière et syndicale.
B. Certaines évolutions de l'emploi menacent la cohésion sociale.
Depuis trente ans, la crise économique a entraîné de nombreuses mutations du travail (flexibilité,
précarisation et individualisation du travail, chômage de masse...), ce qui a affaibli sa capacité
d'intégration et donc la cohésion sociale. (Documents 1 et 3)
Mais cela ne change rien au fait que sans travail, l'individu se trouve souvent privé des moyens de se
sentir intégré : il risque de rester en marge de la société et de connaître ce que Serge Paugam appelle
une « disqualification sociale ».
Les instances d'intégration contribuent de manière évidente à la cohésion sociale, leur évolution
récente remet partiellement en cause les schémas traditionnels et oblige à repenser leur rôle et leur
place dans la société.
ÉPREUVE COMPOSÉE - SUJET B
Première partie : Mobilisation des connaissances
Question 1 : Vous montrerez comment les incitations sélectives peuvent expliquer
l'engagement politique, malgré́ le paradoxe de l'action collective.
La présence d’incitations sélectives permet de comprendre pourquoi les individus s’engagent. Les
incitations sélectives augmentent les gains de la participation (ou les coûts de la non-participation).
Les incitations sélectives sont toutes les formes de récompenses (financières ou matérielles) qui ont
pour but d’inciter un individu à participer à une action collective.
La présence d’incitations sélectives élève considérablement les gains individuels de la participation à
une action collective. En effet, si les individus ne s’engagent pas et préfèrent adopter un
comportement de passager clandestin, alors ils doivent renoncer à ces récompenses. Pour que les
membres d’un groupe s’engagent dans une action, il faut prévoir des manières de récompenser (ou
de sanctionner) ceux qui participent (ou ceux qui ne participent pas).
Les rétributions symboliques permettent de comprendre la force de certains engagements. Quand ils
décident de s’engager ou non, les individus ne pratiquent pas nécessairement le calcul coût-avantage.
Ainsi, ils ne cherchent pas toujours à maximiser leur propre utilité individuelle, mais ils souhaitent
s’engager aussi pour des raisons qui renvoient à des dimensions plus symboliques (prestige, nouvelles
rencontres, sentiment de donner un sens à sa vie) qui proviennent de l’action collective.
Pour certaines personnes, ne pas s’engager, c’est renoncer à ce qui fait l’intérêt même de leur vie
personnelle (désir de voir triompher ses propres valeurs, de créer du collectif...).
Question 2 : Présentez une limite de la politique européenne de la concurrence.
La politique de la concurrence peut être définie comme l’ensemble des dispositifs permettant de
contrôler et réguler le degré de concurrence sur un marché. La politique de la concurrence
européenne se décline à travers l’application de règles anti-trust et la surveillance des aides d’Etat.
L’application des règles antitrust est une limite de la politique européenne de la concurrence,
notamment quant à leur capacité à augmenter le surplus du consommateur, à l’exception du contrôle
des concentrations qui peut parfois être accusé de limiter la croissance de certains groupes
européens et donc leur compétitivité sur les marchés mondiaux.
Question 3 : Présentez deux facteurs de structuration de l’espace social.
1) Les facteurs socio-économiques : la profession, le statut d’activité et le niveau de revenus
2) Les facteurs socio-démographiques : du genre, de la position dans le cycle de vie, du lieu de
résidence, du type de ménage ou de l’origine ethnique.
Deuxième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
Sujet : À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que
certaines évolutions de l’emploi ont pu affaiblir le rôle intégrateur du travail.
Le travail constitue une forme du lien social (organique) parce qu’il protège (au travers de la norme
d’emploi, à laquelle sont attachés des droits sociaux) et parce qu’il procure une reconnaissance de son
utilité sociale. L’activité de travail est vectrice de liens sociaux, source de sociabilité et permet de
prendre part à des formes de participation à la vie politique (syndicalisme). Le travail est source
d’intégration économique : il procure des revenus d’activité qui permettent de se conformer aux
normes de la consommation de masse et protègent contre le risque de pauvreté.
Le rôle intégrateur du travail est cependant remis en cause par :
- la précarisation de l’emploi. La multiplication des formes particulières d’emploi (FPE), des
embauches en CDD et la montrée de l’auto-entrepreneuriat ont entraîné une hausse de la
précarité, fragilisant les différentes dimensions de l’intégration par le travail. Les travailleurs
précaires ont souvent des revenus intermittents (alternance entre phases d’inactivité et
d’emploi), ce qui les expose davantage à la pauvreté. Ils sont moins bien intégrés au sein des
collectifs de travail (dimension relationnelle). Les difficultés financières, la précarité de
l’emploi peut détériorer la vie conjugale et donc le lien conjugal. Enfin, les précaires ne
jouissent pas toujours d’une forte reconnaissance sociale, car ils servent « d’ajustement » sur
le marché secondaire de l’emploi (sous-traitance, remplacements) et ils sont plus nombreux
dans les secteurs où les tâches sont moins valorisées (entretien, logistique...).
- les évolutions de l’organisation du travail (flexibilité, intensification, individualisation) qui
fragilisent son rôle intégrateur. L’individualisation des carrières et des rémunérations favorise
la mise en concurrence des travailleurs et affaiblit la solidarité sur les lieux de travail.
- éclatement des lieux de production avec l’essor de la sous-traitance, de l’économie des
plateformes et de l’auto-entrepreneuriat. Les travailleurs ne sont plus regroupés au sein
d’unités de production bien définies où ils se côtoient de façon régulière. Au contraire, les lieux
de travail, la composition des équipes et les tâches à effectuer (polyvalence) changent.
- le recours croissant au numérique (télétravail, informatisation des tâches...) réduit les
contacts humains entre travailleurs et leurs liens sociaux. Ces évolutions de l’organisation du
travail rendent plus difficiles ou rares les échanges informels entre travailleurs (absence de
repères fixes, éclatement des lieux de travail, équipes mouvantes), ce qui réduit la dimension
relationnelle du travail.
Le travail occupe une place centrale dans l’intégration sociale des individus : il leur procure un revenu
et une identité sociale, liée à la place qu’ils occupent dans le processus de production. Il contribue à
assurer la cohésion sociale. Néanmoins, les évolutions de l’emploi (chômage, précarité) tendent à
affaiblir son rôle intégrateur et déstabilisent certains travailleurs qui peinent à trouver leur place dans
la société. Ce phénomène est aggravé par la polarisation de la qualité des emplois.
Le rôle du travail dans la cohésion sociale doit néanmoins aussi être considéré au regard d’autres
instances qui assurent la cohésion sociale, comme l’école ou la famille.