24/02/2023 13:56 Gestion locale des déchets : nouvelle année, nouveaux enjeux !
https://www.courrierdesmaires.fr/article/gestion-locale-des-dechets-nouvelle-annee-nouveaux-enjeux.53646 2/7
l’extension est bien « de massifier les flux afin de structurer les filières de recyclage ». Même si
certaines matières mettront plus de temps que d’autres à trouver des débouchés.
L’extension a modifié le paysage des centres de tri, désormais plus grands et plus automatisés.
On en dénombrait 260 il y a dix ans, contre 140 aujourd’hui. Bientôt 115. Les tensions ont été
vives sur certains territoires pour définir lesquels conserveraient leurs sites... et les emplois
allant avec.
Certaines collectivités regrettent par ailleurs que, pour opérer cette massification, Citeo ait pris
en main la valorisation du « flux développement » qui intègre les emballages moins nobles :
pots en polystyrène, barquettes en plastique PET, bouteilles de lait en PET opaque… Les
centres qui les triaient déjà ont jusqu’à fin 2025 pour évoluer et produire ce flux standard que
l’éco-organisme se charge ensuite de surtrier. Sauf la poignée de centres qui ont investi
jusqu’au tri à la résine et qui « ne seront pas obligés d’évoluer », promet Anne-Sophie Louvel.
Selon l’éco-organisme, l’extension a fait ses preuves. Les collectivités qui ont un peu de recul
recycleraient en moyenne 6,4 kg/an/habitant d’emballages plastiques (7 à 8 kg au bout de trois
ans), contre 4,3 kg chez les autres. En outre, toute communication génère un effet
d’entraînement permettant aussi de récupérer davantage de métaux, de cartons ou de papier.
Pas de miracle toutefois. Malgré ces efforts, on reste loin d’un modèle circulaire qui permettrait
aux producteurs d’emballages de se passer de matière première et de pétrole !
Retard à l’allumage. La deuxième grande évolution de 2023 concerne les déchetteries, avec
l’entrée en vigueur au 1er janvier du dispositif de responsabilité élargie des producteurs (REP)
sur les produits et matériaux de construction du bâtiment (PMCB). Du moins en théorie car si
quatre éco-organismes ont été agréés, il faudra attendre le 1er mai pour que les metteurs sur le
marché paient leurs premières écocontributions. Rageant, alors que la loi prévoyait une
troisième date : le 1er janvier… 2022 ! 50 millions de tonnes de gravats, de métaux, de bois ou
de plâtre sont concernées par le nouveau dispositif. Dont une partie importante déjà gérée par
les professionnels. « Pour les collectivités, l’enjeu se concentre sur 8 à 10 millions de tonnes par
an », précise Bertrand Bohain, délégué général du Cercle national du recyclage (CNR). Une
bonne moitié de ces déchets est jetée par les ménages, l’autre par des artisans que les
collectivités accueillent toujours en déchetteries (même si rien ne les y oblige).
La nouvelle REP apportera des financements selon des barèmes qui feront l’objet de
discussions dans les prochaines semaines. Disposant déjà de bennes installées en déchetterie,
les gravats et les ferrailles devraient être soutenus par les producteurs (REP financière). Avec le
conditionnel de rigueur, d’autres flux comme le plâtre pourraient faire l’objet d’un traitement
hybride. Des financements pour les collectivités qui ont leurs propres débouchés sont prévus.
L. BARBAN
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Et des enlèvements assurés par les opérateurs des éco-organismes quand les déchetteries
partent de zéro (une REP dès lors plus opérationnelle).
La situation est plus floue pour les mélanges de bois et de plastique puisque, là encore, il
faudra composer avec l’historique des uns et des autres. « Il y a des débats entre les éco-
organismes, rapporte Bertrand Bohain. Les collectivités, elles, auront besoin de souplesse. »
Inutile en particulier de réinventer la roue quand des filières locales permettent déjà de
valoriser correctement les matériaux. Il faudra en outre composer avec l’espace disponible en
déchetterie. Les plus exiguës continueront à accueillir des déchets en mélange. Les plus
grandes seront à même de se réorganiser et de prendre en charge d’autres gisements (au-delà
d’ailleurs des PMCB puisque les jouets ou les articles de sport sont désormais aussi couverts
par une REP).
Attention au passage effectif d’une autre règle entrée en vigueur le 1er janvier : l’obligation
pour les enseignes de distribution de récupérer gratuitement les déchets de la construction.
L’association Amorce compte bien inciter les élus à davantage communiquer sur ce possible
retour en magasin qui aura un impact sur les volumes accueillis en déchetteries… et poussera
la filière à accélérer la mise en place de la REP !
Biodéchets, l’obligation floue. Difficile enfin de passer l’année 2023 sans se soucier d’un
troisième gisement, celui des biodéchets. Il devra faire l’objet d’un tri à la source, au plus tard
d’ici le 31 décembre. Objectif : valoriser au mieux les matières organiques qui ont un intérêt
énergétique quand on les méthanise, et un intérêt agronomique puisque les digestats et les
composts ont un pouvoir amendant et fertilisant (même s’ils sont moins riches en nutriments,
comme l’azote ou le phosphore, que les matières issues de la méthanisation agricole). Les
enfouir ou les incinérer est une ineptie !
« Ce qui n’est pas précisé, c’est la manière dont on doit faire ce tri à la source », expliquait
Muriel Bruschet, ingénieure à l’Agence de la transition écologique (Ademe), à l’occasion du
Salon des maires organisé à Paris fin novembre. Seule certitude sur laquelle revient le texte :
impossible de se satisfaire du tri mécanobiologique (TMB), qui consiste à ne rien changer côté
ménages, puis à enlever la fraction fermentescible des déchets collectés a posteriori. Cette
technique a, un temps, eu la cote. On la considère désormais inefficace.
Les déchets verts négligés ? D’après une étude de l’Ademe, 34 % des Français déclarent
composter une partie de leurs biodéchets (dont un tiers ont été équipés par leur collectivité).
Ce chiffre est en augmentation : en 2008, une enquête similaire évoquait le chiffre de 25 %. A
l’instar de Pau (voir ci-contre), la plupart des collectivités devraient continuer à promouvoir la
pratique du compostage individuel et miser en complément seulement sur une collecte
séparée. Celle-ci coûte bien plus cher, même avec des bennes bicompartimentées ou en
remplacement de tournées existantes (voir aussi « Nos conseils », p. 54). Toujours selon
l’enquête de l’Ademe, 6,3 % de la population est aujourd’hui couverte, un taux qui devrait
augmenter d’ici la fin de l’année.
Si ces solutions concernent les déchets alimentaires, « attention à ne pas oublier la gestion des
déchets verts », insiste Muriel Bruschet. D’abord parce que leur brûlage est « toujours perçu
comme une pratique positive », alors qu’elle est interdite et polluante. Ensuite parce que ces
déchets pourraient finir dans les bacs de collecte de biodéchets si l’on n’y prend garde. Ce qui
augmentera les coûts et ajoutera de la matière ligneuse inadaptée au compostage et à la
méthanisation. Enfin parce que d’autres voies de valorisation ont elles aussi un intérêt, en
particulier le broyage à des fins de paillage, ces copeaux que l'on peut utiliser pour couvrir le
sol et protéger les plantes. Rien ne doit se perdre !
De nouveaux financements pour gérer les mégots
Les communes qui ont conventionné attendent. L’industrie du tabac a fait preuve de son légendaire
sens de l’intérêt public pour retarder la mise en place d’Alcome. L’éco-organisme en charge de la
L. BARBAN
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gestion des mégots sera pour autant bientôt en mesure d’apporter des financements aux collectivités en
charge du nettoiement. Elles pourront ainsi proposer de nouvelles solutions aux fumeurs. « Les moyens
à mettre en place ne sont pas très compliqués », souligne Peggy Moreau-Héraud, adjointe à
l'environnement de Lalinde (Dordogne), commune pilote du dispositif. Ses conseils : identifier les
points drainant le plus de passage, communiquer sans culpabiliser, définir des équipements adaptés et
qui se voient. Enfin, ne pas oublier que pour un fumeur, « quelques mètres à parcourir, c’est déjà trop
loin ! ».
Du compostage individuel à la collecte en porte-à-porte, les biodéchets gérés à la carte
Zoom sur la politique menée par la communauté d'agglomération Pau Béarn Pyrénées
A un an de l’entrée en vigueur de l’obligation de tri à la source de biodéchets, les Palois sont
presque prêts. Avec une fusée à plusieurs étages dont le dernier est attendu dans les mois qui
viennent. Fin 2023, les dix communes les plus denses disposeront d’une offre de collecte en
points d’apport volontaire ou en porte-à-porte. Pour simplifier le geste de tri, « un marché a été
passé avec La Poste qui distribuera des seaux de dix litres et des sacs kraft dans les boîtes aux
lettres des habitants », détaille Giovanna Jotz, cheffe du service en charge du déploiement. Des
permanences complémentaires seront proposées à ceux dont les boîtes ne sont pas aux
normes.
En porte-à-porte, la collecte de biodéchets se substituera à l’une des tournées réservée
jusqu’alors aux ordures ménagères, un camion étant chargé de suivre la benne pour laver les
bacs des usagers tous les quinze jours. Cette offre complète une stratégie de compostage
individuel qui, elle, est bien rodée. 700 composteurs et seaux de cuisine ont été distribués en
2022, en contrepartie de formations à suivre afin d’acquérir les bons réflexes, en présentiel ou à
distance grâce à des vidéos que la collectivité a produites ou récupérées auprès d’associations.
Troisième lame. Mettre ses déchets organiques en tas ne suffit pas à faire du (bon) compost. Si
l’on veut éviter de générer du méthane, puissant gaz à effet de serre, il est important en
particulier d’aérer la matière. Des ateliers « jardins » sont parallèlement proposés afin
d’apprendre aux ménages à gérer leurs déchets verts.
En centre-ville enfin, les Palois n’auront pas de bornes de collecte, faute d’espace, mais des
solutions de compostage collectif en pied d’immeuble. Douze sites sont équipés. Une
quinzaine d’autres suivront. Restera quelques zones très bitumées à traiter dans un dernier
temps. Les premières expériences sont encourageantes, sans dégradations et avec peu
d’erreurs de tri. « Chaque site n’ouvre que lorsqu’on a des référents pour vérifier que tout se
passe bien », témoigne Charlotte Poursuibes, maître composteuse, qui, comme eux, se rend
sur place à intervalles réguliers.
L. BARBAN
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