Pour la 5e année consécutive, la Fondation Louis-Bonduelle a organisé ses Rencontres à Paris. Cette édition 2012 s’est tenue à la Maison de la RATP, le 5 juin sur le thème "Alimentation et bien vieillir".
RENCONTRES
DE LA FONDATION
LOUIS-BONDUELLE
Dossier
de presse
Juin 2012
Mention Obligatoire :
Fondation Louis-Bonduelle – Rencontres annuelles
Contacts Presse
Magali Delmas assistée de Brigitte Barron
Vivactis Public Relations
Tél : 01 46 67 63 44
Mail : m.delmas@vivactis-publicrelations.fr {PAGE }
Rencontres de la Fondation Louis-Bonduelle
Se nourrir et bien vieillir :
approche transversale
et déterminants des évolutions de la vie
Pour la 5e année consécutive, la Fondation Louis-Bonduelle a organisé ses Rencontres à
Paris. Cette édition 2012 s’est tenue à la Maison de la RATP, le 5 juin. Dans le cadre de
l’année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle, les
personnes âgées ont été à l’honneur. L’occasion de rappeler que, face à une population
âgée grandissante, vieillir en bonne santé est un défi que notre société doit relever. Or,
pour y parvenir, l’alimentation ne doit pas être négligée. Au contraire : bien se nourrir peut
s’avérer essentiel au maintien d’un bon état de santé, garant d’un vieillissement réussi.
Pour nous en convaincre, une experte en sensorialité, un sociologue et un acteur de
terrain, se sont succédés au pupitre.
Même lorsqu’il se déroule normalement, le vieillissement est associé à de nombreuses
modifications d’ordre physiologiques (ralentissement du transit intestinal, du métabolisme
basal, perte de dents, altérations des capacités chimiosensorielles), psychologiques
(solitude, dépression, démence) et sociologiques (retraite, veuvage, déménagement,
etc.). Or, toutes ces modifications sont susceptibles d’avoir un impact sur la prise
alimentaire et donc sur le statut nutritionnel de la personne âgée. De même, l’apparition
d’une dépendance pour l’alimentation, qui fait généralement suite à une perte
d’autonomie de la personne (apparition d’une incapacité physique ou psychique,
veuvage, etc.), modifie en profondeur son rapport à l'alimentation. Dès lors qu’une
personne âgée doit déléguer tout ou partie de son alimentation, elle n’est plus maître de
ce qu’elle mange : elle tombe dans la dépendance culinaire.
Face à cet état de fait, comment agir au mieux pour que ces changements n’impactent
pas négativement l’alimentation de la personne âgée ? Les trois interventions proposées
par la Fondation Louis-Bonduelle ont donné une vision transversale de la question en
créant des ponts entre perceptions sensorielles et statut nutritionnel, entre évolutions de
vie et habitudes alimentaires, et pour finir entre la théorie et la pratique.
Des perceptions sensorielles au statut nutritionnel
Evolution de la perception sensorielle et des préférences alimentaires chez
les personnes âgées : quel lien avec le statut nutritionnel ?
Intervention de Claire Sulmont-Rossé, du Centre des sciences du goût et de
l’alimentation à Dijon (UMR 1324).
Une diminution de l’appétit s'observe fréquemment chez la personne vieillissante. Elle peut
découler de la perte de ses perceptions sensorielles, d’une dégradation de son état
bucco-dentaire et/ou de bouleversements psychologiques et sociologiques, et conduire
à une dégradation de son statut nutritionnel. C’est pourquoi la lutte contre la dénutrition
doit se trouver au centre des préoccupations lorsque l’on s’intéresse à l’alimentation des
personnes âgées. Une lutte qui, pour l’instant, s’appuie essentiellement sur une prise en
charge nutritionnelle : mise en place de régimes alimentaires adaptés, formulation
d’aliments enrichis, prescription de compléments alimentaires. Or, il est important de ne
pas oublier la notion de plaisir lié à l’acte alimentaire.
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Jouer sur le plaisir associé au repas pour lutter contre la dénutrition
Afin de mieux comprendre le lien entre plaisir sensoriel et état nutritionnel chez les
personnes âgées, l’équipe de Claire Sulmont-Rossé a mené une enquête multidisciplinaire
auprès de 559 seniors de plus de 65 ans, vivant en EHPAD ou à domicile, avec ou sans
aide extérieure, dans quatre villes françaises (Angers, Brest, Nantes et Dijon). « Cette
enquête comprenait près de 400 questions portant, entre autres, sur les habitudes et les
préférences alimentaires des seniors, leur perception des odeurs et des saveurs des
aliments, ainsi que sur leur état de santé et leur état nutritionnel », détaille la chercheuse.
Les résultats ont mis en évidence une grande variabilité au sein de la population âgée,
tant au niveau de la perception sensorielle que des préférences alimentaires. « Alors que
la communauté scientifique admet que les capacités chimiosensorielles diminuent avec
l’âge, l’enquête a montré qu’environ 45 % de la population âgée présentait des
capacités sensorielles préservées », explique-t-elle. En parallèle, les résultats ont mis en
évidence trois styles de mangeurs (les amateurs de « mitonné », de « bonne chère » et de
« naturalité »), mais peu de liens ont été observés entre perceptions sensorielles et
préférences alimentaires.
Il apparaît que les sujets amateurs de « mitonné » et de « naturalité » ont globalement un
meilleur statut nutritionnel que les autres, tandis que ceux présentant une forte altération
olfactive tendent à avoir un statut nutritionnel plus fragile. D’où l’intérêt de jouer sur le
plaisir associé au repas dans cette population âgée pour lutter contre la dénutrition. Un
objectif poursuivi par cette équipe du Centre des sciences du goût et de l'alimentation à
Dijon. Pour y parvenir, les scientifiques cherchent à développer des aliments répondant
aux attentes des personnes âgées en matière d’habitudes et de préférences alimentaires,
tout en tenant compte de leurs capacités chimiosensorielles et de leurs besoins
nutritionnels.
Des évolutions de vie aux habitudes alimentaires
Les habitudes alimentaires des personnes âgées à l’épreuve des
différenciations sociales
Intervention de Philippe Cardon, maître de conférences à l’université Lille 3 –
laboratoire Ceries (Centre de recherche individus-épreuves-sociétés), et
chercheur associé au laboratoire Aliss (Alimentation et sciences sociales), à
l’Inra d’Ivry.
Les habitudes alimentaires des retraités sont loin d’être homogènes. « L’étude de la
structure sociale des consommations alimentaires permet de mettre à jour différents
déterminants sociaux des habitudes alimentaires des retraités, au regard des types de
produits achetés, mais également de la fréquence et de la régularité des repas », introduit
Philippe Cardon. La génération, la région, la catégorie socio-professionnelle, la structure
du ménage et le sexe sont les principaux facteurs différenciant les habitudes alimentaires,
d’une manière générale, et particulièrement chez les retraités.
Une typologie basée sur le style d’alimentation
Le sociologue juxtapose à cette première lecture une approche qui intègre les résultats
d’une enquête qualitative, qui a permis de dégager des typologies parmi les ménages de
retraités (couples avec ou sans enfant, personnes seules). Cette enquête est entrée au
cœur de 80 ménages - de différentes régions, catégories socio-professionnelles et classes
d’âge - pour analyser leurs pratiques quotidiennes concernant l’alimentation
(approvisionnement, préparation des repas, déroulement des repas) et comprendre
comment ils se construisent des habitudes alimentaires communes (types de produits
achetés, façons de cuisiner, plats préparés, organisation des activités, etc.).
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Il en ressort une première typologie reposant sur quatre éléments : le rapport à
l’alimentation, le rapport à la santé, la commensalité et le profil sociologique. « Cette
typologie catégorise les ménages selon leur style d’alimentation. On distingue les
‘désintéressés’, les ‘solitaires’, les ‘gourmands’, les ‘cuisiniers’ et les ‘nutritionnistes’ »,
détaille Philippe Cardon.
Analyser le phénomène de dépendance culinaire
Une analyse plus poussée permet ensuite de mettre à jour une seconde typologie portant
sur la manière dont ces styles d’alimentation intègrent ou non les goûts et préférences
individuels des membres du ménage. « On interroge ici les mécanismes d’individualisation
au sein des ménages », explique-t-il. Par exemple, le couple a-t-il tendance à
homogénéiser ses pratiques ou intègre-t-il les goûts et préférences de chacun ?
« Pour autant, ces styles de consommation alimentaire évoluent au fil du vieillissement »,
complète Philippe Cardon. Une troisième partie repose donc sur l’analyse d’évènements
de la vie (veuvage, maladie, séjour en institution hospitalière, etc.) qui peuvent conduire
les personnes âgées à modifier leurs habitudes alimentaires, par exemple parce que
l’événement va induire un besoin de praticité.
« Un des enjeux essentiels autour du « bien vieillir » est lié à l’émergence de ce que nous
appelons la dépendance culinaire, développe le sociologue. Celle-ci conduit, dès les
premières années de retraite pour certains couples, à déléguer tout ou partie des
activités, telles que l’approvisionnement ou la préparation des repas, à un tiers. » L’étude
fine des déterminants de cette dépendance culinaire et des formes de prise en charge
mises en place (conjoint, membres de la famille, professionnels sanitaires et sociaux)
permet de rendre compte de ses effets sur l’alimentation des retraités. Un premier pas
indispensable à la définition de stratégies d’amélioration de leur alimentation.
De la théorie à la pratique
Vieillissement et alimentation
Intervention d’Etienne Goulley, administrateur d’AGE Plateforme Europe.
Après ces exposés théoriques sur les déterminants de l’alimentation des personnes âgées,
la parole a été donnée à Etienne Goulley, administrateur d’AGE Plateforme Europe,
structure qui rassemble aujourd’hui 165 associations de personnes âgées ou œuvrant au
bénéfice des personnes âgées au sein de l’Union européenne. « Je voudrais vous exposer
comment nous, associations de personnes âgées, souhaitons voir aborder les questions
d’alimentation et de nutrition », introduit-il, avant de distinguer deux populations
distinctes : d’une part, les seniors, souvent en relative bonne santé et dont les risques liés à
l’alimentation concernent surtout le diabète de type 2, le cholestérol et, d’une façon
générale, une alimentation déséquilibrée ; et d’autre part, les plus de 75-80 ans, pour
lesquels le principal enjeu va être la lutte contre la dénutrition. Or, pour ces derniers, il faut
à nouveau séparer deux cas de figure : la vie à domicile et la vie en institution.
Optimiser l’alimentation lors du maintien à domicile
« S’il est clair que la majorité des personnes âgées préfèrent demeurer chez elles, ce choix
n’est pas dénué de périls avec l’avancée en âge, alerte Etienne Goulley. La personne
seule à table perd le goût du bon repas et du bien manger. Il faut donc compenser. » Il
énumère alors une liste de compensation possible pour lutter contre l’isolement et la
solitude : participation à un club, « certaines municipalités ont ouvert des maisons assurant
des repas groupés à des prix modérés » ; recours aux réseaux d’écoute ; cultiver les
relations de voisinage ; etc.
« Les fournisseurs doivent aussi s’intéresser davantage à ce secteur de consommation »,
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pointe l’administrateur. Outre la qualité nutritionnelle des produits, il existe des points sur
lesquels les industriels ont encore à progresser pour proposer des produits parfaitement
adaptés à cette population : portions individuelles pour les plats préparés mais à des prix
raisonnables, emballages avec des ouvertures faciles, indications visant à prévenir les
intoxications alimentaires. « Ces indications simplifieraient beaucoup la vie des personnes
âgées qui ne parviennent pas à manger les portions trop généreuses prévues par
l’industrie, mais aussi ceux qui se retrouvent seuls et n’ont jamais su gérer une cuisine.
Quant à l’intoxication alimentaire, c’est l’un des problèmes les plus courants chez les
personnes âgées car, avec l’âge, il devient de plus en plus difficile de se souvenir depuis
combien de temps cette boîte de lait traîne dans le frigo. Or, c’est le plus facile à régler
avec quelques précautions simples, comme de préciser sur l’emballage les conditions et
la durée de conservation de la denrée une fois l’emballage ouvert », souligne le
spécialiste.
En institution
Concernant la vie en institution, les problèmes sont différents. « Toute personne âgée
considérera toujours son placement en institution comme une punition ou un abandon et
cela demande un effort particulier pour entretenir chez elle le plaisir de manger »,
explique Etienne Goulley. Le repas doit donc rester « un temps attendu avec plaisir et qui
se déroule avec plaisir ». Pour cela, il faut agir au niveau de la présentation des plats, de
leur goût et de l’espace du repas, sans oublier certains facteurs spécifiques à la personne,
qui peuvent nécessiter une recherche de solutions (problèmes de déglutition,
tremblement, sensibilité aux bruits, etc.)
Et lors d’une hospitalisation
Etienne Goulley termine son exposé sur les conditions d’alimentation exceptionnelles,
telles que lors d’une hospitalisation de longue durée ou en cas de maladie grave. « Il est
essentiel de prendre le temps d’inciter chacun à consommer son repas à son rythme,
insiste-t-il. Trop souvent le manque de personnel est l’excuse pour retirer l’assiette ou
enlever le plateau. AGE Plateforme déplore ces pratiques et appelle à la formation des
auxiliaires à la bientraitance et au respect de la personne soignée. » L’occasion de
rappeler que le décret du 30 Janvier dernier, relatif à la qualité nutritionnelle des repas
servis dans le cadre des services de restauration des établissements sociaux et médico-
sociaux, entrera en vigueur le 1er juillet 2013.
Et de conclure : « N’oublions jamais que le plaisir de manger est le premier plaisir que
découvre le nouveau-né s’il est nourri dans une ambiance affectueuse et respectueuse
de son rythme. Il peut rester un plaisir jusqu’à la fin de la vie si l’on continue à attribuer la
même attention à la qualité du repas et à l’ambiance dans laquelle il est consommé. »
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La Fondation Louis-Bonduelle,
une Fondation qui agit auprès des personnes âgées
et soutient l’étude des comportements alimentaires
chez les plus jeunes
La Fondation Louis-Bonduelle est un organisme à but non lucratif, créé en octobre 2004.
La mission qu’elle s’est assignée est de faire évoluer durablement les comportements
alimentaires en mettant les bienfaits des légumes au service de l’intérêt collectif.
Pour cela, la Fondation Louis-Bonduelle agit à deux niveaux : sur le terrain et en soutenant
la recherche scientifique.
Une action au niveau des Maisons d’accueil rurales pour personnes âgées (Marpa)
Côté terrain, la Fondation met en place des actions de sensibilisation et d’information
auprès de différents publics (enfants, personnes âgées, professionnels de santé…). Par
exemple, elle a initié en 2011 une opération innovante auprès des résidents de quelques
Maisons d'accueil rurales pour personnes âgées (Marpa) pilotes. Nommée ‘Art et saveurs
nature’ et menée en partenariat avec la Fédération nationale des Marpa, cette
opération propose des ateliers « Art nature » et « Cuisine » afin de développer l'expression,
la socialisation et le plaisir autour des légumes. Elle devrait bientôt s’étendre à l’ensemble
des Marpa du réseau.
Un soutien à la recherche sur les comportements alimentaires
Côté recherche, la Fondation Louis-Bonduelle agit en particulier sur les fondements des
comportements alimentaires, en soutenant des projets de recherche permettant
d’élucider, entre autres, les mécanismes de leur développement et les leviers d’actions
pour les faire évoluer dans le bon sens.
Dans le cadre de ce soutien, elle remet tous les ans deux prix de recherche : le Prix de
recherche Louis-Bonduelle et le Prix ECOG* et Louis-Bonduelle.
Le Prix de recherche Louis-Bonduelle s’adresse aux étudiants chercheurs pour les aider à
poursuivre leurs travaux de thèse. En 2012, comme en 2011, deux de ces Prix, d’un
montant de 10 000 euros chacun, ont été décernés à deux doctorants. Les lauréates 2012
sont Nathalie Michels, du département de santé publique de l’université de Gand en
Belgique, et Eloïse Rémy, du Centre des sciences du goût et de l’alimentation à l’Inra de
Dijon.
Le Prix ECOG* et Louis Bonduelle récompense quant à lui les travaux d’une équipe ou d’un
chercheur dans le domaine de la lutte contre l'obésité infantile. Cette année, il a été attribué
à l’équipe du service de nutrition de l'université John Moores de Liverpool (Angleterre),
pour sa contribution au projet SportsLinx, un programme de recherche et d’étude sur les
habitudes alimentaires des enfants de Liverpool.
Pour en savoir plus sur les actions de la Fondation : { HYPERLINK "http://www.fondation-
louisbonduelle.org/"}
* European Childhood Obesity Group
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L’action de la Fondation Louis-Bonduelle au niveau des Maisons d’accueil
rurales pour personnes âgées ( Marpa)
► Une opération innovante et d'envergure nationale destinée aux résidents des Marpa
L’alimentation tient une place essentielle dans le maintien d’un bon état de santé à tous
les âges de la vie. Mais ceci se révèle d’autant plus vrai que les années passent : avoir
une alimentation variée et équilibrée participe à un vieillissement réussi. Si l’on s’intéresse
au fond (de l’assiette), il ne faut pas pour autant négliger la forme (du repas) : manger
demeure un acte social et les conditions dans lesquelles se déroulent les repas sont
capitales.
La Fondation Louis-Bonduelle connaît bien cette problématique, vécue au quotidien par
les professionnels des Maisons d'accueil rurales pour personnes âgées (Marpa). C’est
pourquoi elle a décidé de s’associer à la Fédération nationale des Marpa pour mener
une opération innovante d'envergure nationale auprès des résidents de ces structures.
Objectif : travailler à la fois sur la notion de plaisir et la création de liens entre les
personnes. Initié en 2011, le projet a été testé dans quelques Marpa pilotes et s’étendra
au niveau national.
► Les ateliers Art et saveurs nature, pour stimuler la créativité et les sens
L’opération propose deux types d’ateliers. Les ateliers « Art nature » sont animés par un
artiste de jardin. Les participants y mettent en scène les légumes afin d'en faire des
créations artistiques. Tableaux végétaux, chapeaux… les résidents laissent place à leur
imaginaire et à leur créativité pour un moment de partage et de convivialité, comme l’on
montré les ateliers pilotes.
Les ateliers « Cuisine » se divisent quant à eux en deux temps. L’odorat et le goût sont
d’abord sollicités par une séance de reconnaissance, les yeux bandés, de différents
aliments provenant, soit d'une mallette créée par la Fondation Louis-Bonduelle, soit des
cuisines de la Marpa. Ce premier temps permet de stimuler les perceptions sensorielles des
résidents qui se détériorent naturellement avec l’âge. Une fois les sens en éveil, place à la
pratique : un chef cuisinier improvise avec eux des assortiments originaux. L'idée clef de
cet atelier est de cuisiner de bons petits plats avec des ustensiles faciles à manier, même
pour les novices. Lors des animations tests, les résidents ont concocté des chaussons et
des mini-feuilletés, salés ou sucrés, à partir d’un large choix d’ingrédients (légumes râpés,
dés de jambon, œuf dur en rondelles, saumon fumé, roquefort, tomates séchées…).
La Fondation Louis-Bonduelle soutient la recherche
Outre son soutien à des actions de terrain, la Fondation Louis-Bonduelle apporte une
contribution dynamique à la recherche scientifique dans les domaines de la nutrition et
des comportements alimentaires. Elle souhaite ainsi participer activement à l'évolution des
connaissances et contribuer à leur diffusion. Elle le fait notamment au travers de
l'attribution du Prix ECOG et Louis-Bonduelle et du Prix de recherche Louis-Bonduelle.
► Le Prix ECOG et Louis-Bonduelle
ECOG (European Childhood Obesity Group) et la Fondation Louis-Bonduelle se sont
associés pour créer un prix de 10 000 euros, récompensant un travail de recherche ou une
action de santé publique en faveur de la lutte contre l'obésité infantile.
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Le Prix ECOG et Louis-Bonduelle 2011 a été remis à l’équipe du service de nutrition de
l'université John Moores de Liverpool (Angleterre), le 9 septembre dernier, à Pécs en
Hongrie, au cours de la 21e conférence européenne d'ECOG. L'équipe, représentée par
le Dr Lynne Boddy, le Dr Allan Hackett, Liz Lamb et le Pr Gareth Stratton, a été primée pour
sa contribution au projet SportsLinx, un programme de recherche et d’étude sur les
habitudes alimentaires des enfants de Liverpool.
Un programme de nutrition infantile à l’échelle de toute une ville
Intervention du Pr Gareth Stratton, du service de nutrition de l'université John Moores de
Liverpool (Angleterre).
« SportsLinx est l’un des premiers projets à avoir montré et mis en garde contre l’épidémie
d’obésité infantile et notamment contre les mauvaises habitudes alimentaires et la
détérioration des aptitudes physiques qui lui sont associées. Il a aussi montré l’intérêt d’agir
sur le contrôle du poids au niveau familial et via des parcours de soins adaptés à l’enfant
obèse, ce qui tend maintenant à se développer dans différents pays », explique le Pr Gareth
Stratton.
Grâce à ce projet, entre 1996 et 2012, près de 70 000 enfants de 9 à 12 ans fréquentant les
écoles de Liverpool - ville qui compte parmi les plus défavorisées d’Europe - ont été
sensibilisés à la nécessité de pratiquer une activité physique et d’avoir une alimentation
équilibrée. Ces deux composants de la balance énergétique ont été intégrés à un
programme reposant sur la non stigmatisation des enfants obèses ou en surpoids et à la
promotion d’images et de messages positifs, tels que « c’est amusant de courir » ou « ces
fraises n’ont-elles pas l’air délicieuses ? ». Des séances de ‘dégustation’ de fruits et légumes
sont également organisées dans les écoles. « Les enfants peuvent y découvrir différentes
espèces, des plus familières aux moins communes, et apprendre à les préparer selon de
nouvelles méthodes, faciles à reproduire à la maison », développe le chercheur.
Des clubs Nutrition après l’école (After School Nutrition Clubs – ASNC) ont également été mis
en place dans les écoles des quartiers les plus défavorisés. Plus de 1 000 enfants peuvent
ainsi bénéficier de cours, associés à des jeux et à des activités, pour adopter une
alimentation saine.
Résultats : alors qu’entre 1996 et 2004 les prévalences de surpoids et d’obésité continuaient
à progresser, les courbes sont stables depuis 2004. En outre, les enquêtes alimentaires
montrent qu’entre 2000 et 2004, la consommation de légumes a augmenté de 50 % et celle
de fruits de 20 %, tandis que les consommations d’aliments sucrés ou gras, tels que les chips,
ont diminué.
Des résultats convaincants mais l’équipe souhaite aller encore lus loin, en étendant le
programme à la population préscolaire. Cette extension du projet s’axe pour l’instant sur la
formation des infirmières à la nutrition dès les premières années de la vie, mais l’objectif
serait de toucher également les professionnels de la petite enfance à domicile (nounous et
assistantes maternelles). Dans le futur, l’équipe souhaite également concentrer les activités
de SportsLinx au cours d’une journée intensive dans les écoles primaires de Liverpool. Les
enfants – ainsi que leurs parents - seront autorisés à participer au programme de cette
journée pour une transmission d’enfant à enfant ({ HYPERLINK "http://www.child-to-
child.org/"}).
► Le Prix de Recherche Louis-Bonduelle
La Fondation Louis-Bonduelle aide les jeunes étudiants chercheurs. Depuis 2006, elle
décerne le Prix de Recherche Louis-Bonduelle. Ce prix aide l’étudiant récompensé à
poursuivre un travail de recherche expérimentale, clinique, sociologique ou
épidémiologique dans le domaine de la nutrition et/ou du comportement alimentaire. Ce
Prix est remis chaque année à l’occasion des Rencontres annuelles de la Fondation.
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En 2010, la lauréate, Megan JARMAN (université de Southampton), poursuivait une thèse
portant sur les moyens d'améliorer le régime alimentaire des enfants issus de familles
défavorisées. Cette édition 2012 des Rencontres de la Fondation Louis-Bonduelle a été
l’occasion pour la jeune chercheuse de présenter ses travaux, partiellement financés par
ce Prix de recherche.
Améliorer le régime alimentaire des enfants défavorisés
Intervention de Megan Jarman, doctorante de l’université de Southampton (Angleterre).
Comme en France, les inégalités nutritionnelles sont nombreuses en Angleterre. « A
Southampton, nous avons montré que les femmes de plus faible niveau éducatif avait aussi
les régimes alimentaires les plus déséquilibrés », explique Megan Jarman. Or, l’alimentation
de l’enfant dépend fortement de la qualité du régime de sa mère, d’où l’intérêt d’améliorer
les habitudes alimentaires et les modes de vie des femmes, notamment celles
désavantagées par un faible niveau d’éducation.
Cet objectif a été recherché en 2009 en Angleterre au travers de l’étude d’intervention
intitulée Southampton Initiative for Health (SIH). Au cours de son travail de thèse, Megan
Jarman a évalué l’impact de cette initiative sur le régime alimentaire des enfants de 2 à 5
ans de la ville. « J’ai confirmé que la qualité du régime alimentaire de l’enfant était
fortement liée à la qualité de celui de sa mère, mais j’ai aussi montré l’influence importante
de la façon dont la mère contrôle l’alimentation de son enfant », relate la jeune
chercheuse. Ainsi, un contrôle discret, comme le fait de ne pas avoir d’aliments indésirables
à la maison ou de ne pas fréquenter les fast-foods, se révèle plus bénéfique sur
l’alimentation de l’enfant qu’une attitude ferme sur ce qu’il doit ou non manger.
Megan Jarman espère que ces résultats seront utiles à la définition de futurs projets visant à
améliorer l’alimentation des jeunes enfants.
En 2012, the winner is…
Cette année, comme en 2011, le jury n’a pas remis un mais deux Prix de recherche tant
les dossiers étaient une nouvelle fois de grande qualité. Nathalie Michels, du département
de santé publique de l’université de Gand en Belgique, et Eloïse Rémy, du Centre des
sciences du goût et de l’alimentation à l’Inra de Dijon, bénéficieront donc toutes deux
d’un bonus de 10 000 euros pour poursuivre leurs travaux de thèse.
La doctorante belge, Nathalie Michels, encadrée par Stefaan De Henauw, mène une
étude longitudinale visant à évaluer l’influence du stress sur les habitudes alimentaires et
la composition corporelle des enfants en école primaire. Des travaux indiquent en effet
qu’un stress psychosocial chronique associé à un déséquilibre de la balance énergétique
peut constituer un facteur déterminant d’obésité, bien que les mécanismes sous-jacents,
et notamment le lien avec les comportements alimentaires induits par le stress, restent
obscurs. Environ 500 enfants, recrutés au sein de la cohorte du projet européen Idefics ({
HYPERLINK "http://www.idefics.eu/"}), participent à l’étude menée depuis 2010 par la
doctorante sur une durée de deux ans. Le suivi inclut des mesures anthropométriques, des
évaluations des habitudes alimentaires, ainsi que des dosages d’indicateurs relatifs à
l’appétit et au métabolisme énergétique (neuropeptides Y, adiponectine, ghréline,
leptine et insuline). La lauréate souhaite que ce travail conduise à la définition de
nouvelles stratégies de prévention de l’obésité infantile permettant d’anticiper les
comportements alimentaires induits par le stress.
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Eloïse Rémy, co-encadrée par Sylvie Issanchou et Sophie Nicklaus, s’intéresse elle aussi
aux comportements alimentaires de l’enfant, et notamment à la façon dont ces
comportements, ainsi que les préférences alimentaires de l’enfant, se construisent au
cours de la petite enfance, une période déterminante des habitudes alimentaires futures
de l’adulte. Pour cela, elle étudie le rôle de différents facteurs : individuels (âge de
l’enfant, sexe, corpulence), alimentaires (caractéristiques sensorielles, densité
énergétique) et environnementaux (style éducatif, niveau d’étude des parents, habitudes
alimentaires du foyer). Le Prix de recherche Louis-Bonduelle va lui permettre d’explorer
une hypothèse formulée à partir de ses premiers résultats, à savoir que l’enfant
détournerait son attention de ses signaux internes de faim et de rassasiement au fur et à
mesure qu’il évolue en société. Une hypothèse qui pourrait en partie expliquer, dans un
environnement peu contrôlé, une surconsommation alimentaire conduisant au surpoids.
« Mieux comprendre comment se forment les habitudes alimentaires faciliterait la prise en
charge des enfants ayant des pratiques pouvant compromettre le maintien d’un bon
état de santé », estime la lauréate.
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