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GEORGES DESCRIÈRES –
ARSÈNE LUPIN – 1971-1973
Un peu de nostalgie et on peut voir, et on voit, et on se demande mais pourquoi cette nostalgie des
images d’antan ? C’était le temps de l’ORTF, quand toute la télévision française était d’état, on dirait
aujourd’hui de service public, mais cela ne changerait rien. Les dramatiques étaient toutes sous la botte et
les commandements de Stellio Lorenzi et Marcel Bluwal qui défendaient une position résolument opposée à
Marshall McLuhan. Négligeons le fait qu’ils étaient communistes. Cela n’a aucune valeur aujourd’hui, même
si cela avait du poids institutionnel en 71-73.
Ils professaient l’idée que les dramatiques télévisées devaient être tournées avec le même niveau
de moyens que le cinéma. On tournait donc en couleur, alors qu’à l’époque les postes couleur étaient
rarissimes en France, et avec le pointillisme du détail de décoration ou de tout ce qui était visuel comme au
cinéma alors que la définition de l’image télévisuelle ne deviendra peut-être proche de celle du cinéma que
dans les années 2020, peut-être 2010, et encore. À l’époque c’était de la confiture pour les cochons puisque
ces détails, cette finesse visuelle ne pouvait en aucune façon passer sur un écran (et souvenez-vous de la
taille de ces écrans cathodiques) de télévision; Mais cela faisait une télévision extrêmement chère, un
produit de luxe produit dans les studios de la Butte Chaumont. Cela empêchait totalement l’idée d’avoir une
télé qui marche 24 heures sur 24, et même 12 heures était une sorte de prodige exceptionnel, et cela
empêchait totalement d'avoir plus d’une chaine, peut-être deux, et encore.
Il faudra privatiser une chaine puis vendre des licences pour d’autres, mais cela n’arrivera que dans
les années 1980, sous Mitterrand d’ailleurs, et encore avec Chirac comme premier ministre. La position
défendue à l’époque par les communistes étaient que la télévision étant un service public elle devait
satisfaire les besoins des travailleurs, donc s’articuler sur les heures de travail de ces travailleurs, et en
même temps refléter les opinions des travailleurs. Ils menèrent une campagne pour avoir des journalistes
communistes au Journal télévisé. C’est ainsi que Michel Cardoze passa à la télé et il finit sa carrière là
comme Monsieur Météo connu pour ses nœuds papillons géants, reflétant directement l’idéologie
communiste sans aucun doute. La revendication était absurde. La bataille aurait dû être pour une télévision
et des informations télévisées ouvertes à tous les points de vue, non pas au niveau des journalistes qui n’ont
pas à avoir un point de vue, mais des personnes à qui ces journalistes donnent la parole. On en est encore
loin.
L'idée de McLuhan que ces hiérarques de la production ou réalisation télévisuelle rejetaient très
fortement, c’est que la télévision était un art à part, entièrement à part qui n’a rien à voir avec le cinéma car
la télévision demande du spectateur une adhésion multi-sensuelle synesthétique (sentiment positif de
confort au niveau de tous les sens simultanément) immédiate, dès la première seconde qui entraine
l’adhésion par plaisir, la relaxation si ce plaisir est satisfait, et l’absence totale de sens critique, sinon le
spectateur passe à une autre chaine. Un débat télévisé est typique: il ne permet pas la réflexion mais
simplement la confirmation de l’adhésion ou du rejet de ce qui est dit, d’où l’intérêt d’avoir des débateurs de
bords différents. L’approche des Lorenzi et Bluwal est morte, était déjà morte dans les années 1980 et le
clou qui enfonça le marteau ou le marteau qui enfonça le clou fut Jean-Marie Le Pen autorisé sur la
deuxième chaine par Mitterrand en 1982 si j’ai bonne mémoire, avec L’Heure de Vérité en 1984. On sait la
suite. L’extrême droite est passé de Soustelle et moins de 2% à Marine le Pen et un quart de l’électorat pour
elle-même et un potentiel qui la hisse dans les petits 40%.
Cette série représente ce temps-là. La caméra et la définition télévisuelle ne permettent pas les
grands mouvements de caméras, donc les courses poursuites qui vont plus vite que le tube cathodique, d’où
le flou qu’on évite en n’ayant que des mouvements modérés. De plus les vastes plan généraux estompent
tout et donne à l’époque des purées de pixels qui ne représentent plus rien. Et en plus le tout en noir et
blanc au niveau de la réception. Heureusement pour cette série qu’elle fut produite en couleur et avec
caméra cinéma. La version restaurée a repris les pellicules anciennes de Pathé cinéma et on a donc un
produit qu’on ne pouvait absolument pas avoir en 71-73. Il y a aussi un abus des gros plans, surtout des
visages, pour avoir les émotions exprimées par les acteurs et actrices, mais aussi pour avoir le détail de
certains objet ou éléments décoratifs. Mais on ne peut quand même pas faire des chiens avec des chats. Le
produit à ce niveau technique reste très moyen.
Le pire selon moi, c’est l’idéologie transbahutée par la série. La première saison est franco-
française. Alors on fait totalement dans la nostalgie aujourd’hui avec les vieilles voitures des années 1920,
comme les tractions avant comme on les appelait encore dans les années 1950, avec les portes arrières
s’ouvrant vers l’arrière, et surtout la couleur noire par excellence. A l’époque c’était aussi la nostalgie d’avant
la guerre (j’entends 1939-1940), les années 20 et un monde social congelé dans ce concept absurde que le
voleur, s’il ne tue pas, et s’il redistribue une parti de son butin et surtout s’il est aimable avec les femmes
(hétérosexualité oblige et de rigueur, LGBTQX s’abstenir), alors il est un gentleman, et donc il est l’ami du
peuple, alors qu’en fait il n’est qu’un, exploiteur de la société, pauvres et riches de même. Le temps des
Robins des Bois est bien fini,; s’il a jamais existé.
Heureusement la deuxième saison s’ouvre à des collaborateurs, coproducteurs et coréalisateurs
allemands qui impulsent une logique plus carré et moderne, pour les années 1970 bien sûr, dans le
traitement des situations et des personnages. Au lieu de mettre l’accent sur les filouteries bienséantes de
l’artiste cambrioleur, ils mettent l’accent sur une certaine logique des cas mis en image et sans cacher les
trous logiques, comme des cadavres de personnes assassinées abandonnées purement et simplement dans
une sorte de ruine abandonnée et personne n’a jamais simplement fait une vraie battue pour découvrir ces
cadavres et tout le monde se satisfait de la conclusion hâtive que l’épouse, et mère, et son amant sont partis
pour toujours dans un pays lointain. Si le cambrioleur est un artiste, les flics sont certainement pas des as de
la pensée logique. Ce discours anti-flic est irritant et dans ce domaine les Maigret, Les Cinq Dernières
Minutes, ou Le Juge est une Femme, et quelques autres sont autrement plus intéressants. Vous
m’expliquerez aussi comment un tireur d’élite tire avec un fusil de haute précision (en 1925 ?) sur les
jumelles qu’Arsène Lupin a devant les yeux, sans le blesser le moins du monde. Ça c’est fort, mais ça c’est
aussi Naf-Naf.
On nous dit que la boutique de l’INA va disparaître. Bien. Les produits seront alors dans les chaines
normales de vente de produits de ce genre, donc la FNAC, Amazon (mon fournisseur en l’occurrence) et
quelques autres, un jour Alibaba. La concurrence risque d’être dure. Je ne vois pas comment de telles séries
franco-françaises pourraient concurrence en rien la série britannique Shetland ou la moindre mini-série de
Stephen King aux USA. Je dois dire même que Criminal Minds est cent fois meilleure. Alors enterrons les
vieux produits qui ont si peu de valeur aujourd’hui et essayons d’en produire des meilleurs, maintenant
surtout que la production télé en France n’est plus de service public, donc trop chère et que la série Un
village français a fait appel à des acteurs belges pour tenir les rôles principaux car en Belgique les acteurs
travaillent tout autant sur scène, pour le cinéma et pour la télé, alors qu’en France on ne mélange pas, sauf
rares exceptions, les genres, ce qui appauvrit la flexibilité et donc la créativité de ces acteurs.
Dr. Jacques COULARDEAU
ENGLISH VERSION
A little nostalgia and we can see, and we see, and we wonder but why such nostalgia for plain
images of yesteryear? It was the time of the ORTF, when all the French television was state-owned, one
would say today a public service, but that would not change anything. The fictional productions were all
under the boot and the command of Stellio Lorenzi and Marcel Bluwal who defended a position resolutely
opposed to Marshall McLuhan. Let us neglect the fact that they were communists. This is of no value today,
even if it had institutional weight in 71-73.
They professed the idea that television fiction should be shot with the same level of resources as
films. So, they shot in color, whereas at the time color sets were rare in France, and with the pointillism of
decorative detail or anything visual the same as in the cinema, whereas the definition of the television image
will perhaps only become close to that of the cinema in the 2020s, perhaps 2010s, and even then. At the
time it was pearls cast before swine since these details, this visual finesse could in no way pass on a screen
(and remember the size of these cathode ray screens) of television; But it made an extremely expensive
television, a luxury product produced in the studios of the Butte Chaumont. It totally prevented the idea of
having a TV that works 24 hours a day, and even 12 hours was a kind of exceptional prodigy, and it totally
prevented having more than one channel, maybe two, and still.
It will be necessary to privatize a channel then to sell licenses for others, but that will happen only in
the 1980s, under Mitterrand as a matter of fact, and still with Chirac as prime minister. The position defended
at the time by the communists was that television being a public service it had to satisfy the needs of the
workers, therefore to be articulated on the working hours of these workers, and at the same time to reflect
the opinions of the workers. They led a campaign to have communist journalists on the TV news. That's how
Michel Cardoze got on TV and ended his career there as the weatherman known for his giant bow ties,
directly reflecting the communist ideology without a doubt. The claim was absurd. The battle should have
been for television and television news open to all points of view, not at the level of the journalists who don't
have to have a point of view, but at the level of the people to whom those journalists give the floor of the
studio. We are still far from that.
The idea of McLuhan that these hierarchs of television production or realization rejected very
strongly, is that television was a separate art, entirely separate that has nothing to do with the cinema
because television asks of the spectator a synesthetic multi-sensual immediate adhesion (positive feeling of
comfort at the level of all the senses simultaneously), from the first second that entails the adhesion with and
for pleasure, relaxation if this pleasure is satisfied, and the total absence of any critical sense, if not the
spectator passes to another channel. A televised debate is typical: it does not allow for reflection but simply
confirms agreement with or rejection of what is said, hence the interest of having debaters from different
sides. The approach of Lorenzi and Bluwal is dead, was already dead in the 1980s and the nail that drove
the hammer or the hammer that drove the nail was Jean-Marie Le Pen authorized on the second channel by
Mitterrand in 1982 if I remember correctly, with L'Heure de Vérité in 1984. We know what happened next.
The extreme right went from Soustelle and less than 2% to Marine le Pen and a quarter of the electorate for
herself and a potential that raises her up to the small 40%.
This series represents that time. The camera and the television definition do not allow big camera
movements, so the chases that go faster than the cathode ray tube, cannot be shot, hence the blur thus
produced is avoided by having only moderate movements. Moreover, vast general panoramas blur
everything and gave at the time some pixel mash that no longer represents anything. And on top of that,
everything is in black and white at reception. Fortunately for this series it was produced in color and with a
cinema camera. The restored version has taken the old films of Pathé cinéma and we have a product that we
could not have had in 71-73. There is also the overuse of close-ups, especially of faces, to have the
emotions expressed by the actors and actresses, but also to have the detail of certain objects or decorative
elements. But you can't make dogs out of cats. The product at this technical level remains very average.
The worst thing, in my opinion, is the ideology embodied by the series. The first season is Franco-
French. So we are totally into nostalgia today with the old cars of the 1920s, like the front-wheel drive cars as
they were still called in the 1950s, with the back doors opening towards the rear, and especially the color
black par excellence. At that time it was also the nostalgia of the pre-war period (I mean WW2 1939-1940),
the 1920s and a social world frozen in this absurd concept that the thief, if he does not kill, and if he
redistributes part of his loot and especially if he is kind to women (heterosexuality is compulsory and de
rigueur, LGBTQX refrain, and no please at all), then he is a gentleman, and therefore he is the friend of the
people, when in fact he is only one, exploiter of society, poor and rich alike. The time of Robinhood is well
over, if it ever existed.
Fortunately, the second season opens up to German collaborators, co-producers and co-directors
who bring a stricter and more modern logic, for the 1970s of course, in the treatment of situations and
characters. Instead of emphasizing the well-behaved skullduggery of the artist burglar, they emphasize a
certain logic of the cases portrayed and without hiding the logical holes, such as murdered bodies left purely
and simply in some kind of abandoned ruin and no one has ever done a real search for these bodies and
everyone is satisfied with the hasty conclusion that the wife, and mother, and her lover are gone forever in a
far away land. If the burglar is an artist, the cops are certainly not aces in logical thinking. This anti-cop
discourse is irritating and in this field Maigret, The Last Five Minutes, or The Judge is a Woman, and a few
others are otherwise more interesting. You will also explain to me how a sniper shoots with a high-precision
rifle (in 1925?) at the binoculars that Arsène Lupin has in front of his eyes, without hurting him in the least.
This is strong, but this is also childish and naive.
We are told that the INA store will disappear soon. Good. The products will then be in the normal
chains of sale of this kind of products, so FNAC, Amazon (my supplier in this case) and some others, one
day Alibaba. The competition might be tough. I don't see how such French series could compete in any way
with the British series Shetland or any Stephen King mini-series in the USA. I must even say that Criminal
Minds is a hundred times better. So let's bury the old products that have so little value today and try to
produce better ones, especially now that TV production in France is no longer a public service, so over-
expensive, and that the series Un village français called upon Belgian actors to play the main roles because
in Belgium actors work just as much on stage, for the cinema and for TV, whereas in France we don't mix the
genres, except for rare exceptions, which – not the exceptions – impoverishes the flexibility and therefore the
creativity of these actors.
Dr. Jacques COULARDEAU

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Même Lupin Vieillit, L’Arsène

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  • 2. GEORGES DESCRIÈRES – ARSÈNE LUPIN – 1971-1973 Un peu de nostalgie et on peut voir, et on voit, et on se demande mais pourquoi cette nostalgie des images d’antan ? C’était le temps de l’ORTF, quand toute la télévision française était d’état, on dirait aujourd’hui de service public, mais cela ne changerait rien. Les dramatiques étaient toutes sous la botte et les commandements de Stellio Lorenzi et Marcel Bluwal qui défendaient une position résolument opposée à Marshall McLuhan. Négligeons le fait qu’ils étaient communistes. Cela n’a aucune valeur aujourd’hui, même si cela avait du poids institutionnel en 71-73. Ils professaient l’idée que les dramatiques télévisées devaient être tournées avec le même niveau de moyens que le cinéma. On tournait donc en couleur, alors qu’à l’époque les postes couleur étaient rarissimes en France, et avec le pointillisme du détail de décoration ou de tout ce qui était visuel comme au cinéma alors que la définition de l’image télévisuelle ne deviendra peut-être proche de celle du cinéma que dans les années 2020, peut-être 2010, et encore. À l’époque c’était de la confiture pour les cochons puisque ces détails, cette finesse visuelle ne pouvait en aucune façon passer sur un écran (et souvenez-vous de la taille de ces écrans cathodiques) de télévision; Mais cela faisait une télévision extrêmement chère, un produit de luxe produit dans les studios de la Butte Chaumont. Cela empêchait totalement l’idée d’avoir une télé qui marche 24 heures sur 24, et même 12 heures était une sorte de prodige exceptionnel, et cela empêchait totalement d'avoir plus d’une chaine, peut-être deux, et encore. Il faudra privatiser une chaine puis vendre des licences pour d’autres, mais cela n’arrivera que dans les années 1980, sous Mitterrand d’ailleurs, et encore avec Chirac comme premier ministre. La position défendue à l’époque par les communistes étaient que la télévision étant un service public elle devait satisfaire les besoins des travailleurs, donc s’articuler sur les heures de travail de ces travailleurs, et en même temps refléter les opinions des travailleurs. Ils menèrent une campagne pour avoir des journalistes communistes au Journal télévisé. C’est ainsi que Michel Cardoze passa à la télé et il finit sa carrière là comme Monsieur Météo connu pour ses nœuds papillons géants, reflétant directement l’idéologie communiste sans aucun doute. La revendication était absurde. La bataille aurait dû être pour une télévision et des informations télévisées ouvertes à tous les points de vue, non pas au niveau des journalistes qui n’ont pas à avoir un point de vue, mais des personnes à qui ces journalistes donnent la parole. On en est encore loin. L'idée de McLuhan que ces hiérarques de la production ou réalisation télévisuelle rejetaient très fortement, c’est que la télévision était un art à part, entièrement à part qui n’a rien à voir avec le cinéma car
  • 3. la télévision demande du spectateur une adhésion multi-sensuelle synesthétique (sentiment positif de confort au niveau de tous les sens simultanément) immédiate, dès la première seconde qui entraine l’adhésion par plaisir, la relaxation si ce plaisir est satisfait, et l’absence totale de sens critique, sinon le spectateur passe à une autre chaine. Un débat télévisé est typique: il ne permet pas la réflexion mais simplement la confirmation de l’adhésion ou du rejet de ce qui est dit, d’où l’intérêt d’avoir des débateurs de bords différents. L’approche des Lorenzi et Bluwal est morte, était déjà morte dans les années 1980 et le clou qui enfonça le marteau ou le marteau qui enfonça le clou fut Jean-Marie Le Pen autorisé sur la deuxième chaine par Mitterrand en 1982 si j’ai bonne mémoire, avec L’Heure de Vérité en 1984. On sait la suite. L’extrême droite est passé de Soustelle et moins de 2% à Marine le Pen et un quart de l’électorat pour elle-même et un potentiel qui la hisse dans les petits 40%. Cette série représente ce temps-là. La caméra et la définition télévisuelle ne permettent pas les grands mouvements de caméras, donc les courses poursuites qui vont plus vite que le tube cathodique, d’où le flou qu’on évite en n’ayant que des mouvements modérés. De plus les vastes plan généraux estompent tout et donne à l’époque des purées de pixels qui ne représentent plus rien. Et en plus le tout en noir et blanc au niveau de la réception. Heureusement pour cette série qu’elle fut produite en couleur et avec caméra cinéma. La version restaurée a repris les pellicules anciennes de Pathé cinéma et on a donc un produit qu’on ne pouvait absolument pas avoir en 71-73. Il y a aussi un abus des gros plans, surtout des visages, pour avoir les émotions exprimées par les acteurs et actrices, mais aussi pour avoir le détail de certains objet ou éléments décoratifs. Mais on ne peut quand même pas faire des chiens avec des chats. Le produit à ce niveau technique reste très moyen. Le pire selon moi, c’est l’idéologie transbahutée par la série. La première saison est franco- française. Alors on fait totalement dans la nostalgie aujourd’hui avec les vieilles voitures des années 1920, comme les tractions avant comme on les appelait encore dans les années 1950, avec les portes arrières s’ouvrant vers l’arrière, et surtout la couleur noire par excellence. A l’époque c’était aussi la nostalgie d’avant la guerre (j’entends 1939-1940), les années 20 et un monde social congelé dans ce concept absurde que le voleur, s’il ne tue pas, et s’il redistribue une parti de son butin et surtout s’il est aimable avec les femmes (hétérosexualité oblige et de rigueur, LGBTQX s’abstenir), alors il est un gentleman, et donc il est l’ami du peuple, alors qu’en fait il n’est qu’un, exploiteur de la société, pauvres et riches de même. Le temps des Robins des Bois est bien fini,; s’il a jamais existé. Heureusement la deuxième saison s’ouvre à des collaborateurs, coproducteurs et coréalisateurs allemands qui impulsent une logique plus carré et moderne, pour les années 1970 bien sûr, dans le
  • 4. traitement des situations et des personnages. Au lieu de mettre l’accent sur les filouteries bienséantes de l’artiste cambrioleur, ils mettent l’accent sur une certaine logique des cas mis en image et sans cacher les trous logiques, comme des cadavres de personnes assassinées abandonnées purement et simplement dans une sorte de ruine abandonnée et personne n’a jamais simplement fait une vraie battue pour découvrir ces cadavres et tout le monde se satisfait de la conclusion hâtive que l’épouse, et mère, et son amant sont partis pour toujours dans un pays lointain. Si le cambrioleur est un artiste, les flics sont certainement pas des as de la pensée logique. Ce discours anti-flic est irritant et dans ce domaine les Maigret, Les Cinq Dernières Minutes, ou Le Juge est une Femme, et quelques autres sont autrement plus intéressants. Vous m’expliquerez aussi comment un tireur d’élite tire avec un fusil de haute précision (en 1925 ?) sur les jumelles qu’Arsène Lupin a devant les yeux, sans le blesser le moins du monde. Ça c’est fort, mais ça c’est aussi Naf-Naf. On nous dit que la boutique de l’INA va disparaître. Bien. Les produits seront alors dans les chaines normales de vente de produits de ce genre, donc la FNAC, Amazon (mon fournisseur en l’occurrence) et quelques autres, un jour Alibaba. La concurrence risque d’être dure. Je ne vois pas comment de telles séries franco-françaises pourraient concurrence en rien la série britannique Shetland ou la moindre mini-série de Stephen King aux USA. Je dois dire même que Criminal Minds est cent fois meilleure. Alors enterrons les vieux produits qui ont si peu de valeur aujourd’hui et essayons d’en produire des meilleurs, maintenant surtout que la production télé en France n’est plus de service public, donc trop chère et que la série Un village français a fait appel à des acteurs belges pour tenir les rôles principaux car en Belgique les acteurs travaillent tout autant sur scène, pour le cinéma et pour la télé, alors qu’en France on ne mélange pas, sauf rares exceptions, les genres, ce qui appauvrit la flexibilité et donc la créativité de ces acteurs. Dr. Jacques COULARDEAU ENGLISH VERSION A little nostalgia and we can see, and we see, and we wonder but why such nostalgia for plain images of yesteryear? It was the time of the ORTF, when all the French television was state-owned, one would say today a public service, but that would not change anything. The fictional productions were all under the boot and the command of Stellio Lorenzi and Marcel Bluwal who defended a position resolutely opposed to Marshall McLuhan. Let us neglect the fact that they were communists. This is of no value today, even if it had institutional weight in 71-73.
  • 5. They professed the idea that television fiction should be shot with the same level of resources as films. So, they shot in color, whereas at the time color sets were rare in France, and with the pointillism of decorative detail or anything visual the same as in the cinema, whereas the definition of the television image will perhaps only become close to that of the cinema in the 2020s, perhaps 2010s, and even then. At the time it was pearls cast before swine since these details, this visual finesse could in no way pass on a screen (and remember the size of these cathode ray screens) of television; But it made an extremely expensive television, a luxury product produced in the studios of the Butte Chaumont. It totally prevented the idea of having a TV that works 24 hours a day, and even 12 hours was a kind of exceptional prodigy, and it totally prevented having more than one channel, maybe two, and still. It will be necessary to privatize a channel then to sell licenses for others, but that will happen only in the 1980s, under Mitterrand as a matter of fact, and still with Chirac as prime minister. The position defended at the time by the communists was that television being a public service it had to satisfy the needs of the workers, therefore to be articulated on the working hours of these workers, and at the same time to reflect the opinions of the workers. They led a campaign to have communist journalists on the TV news. That's how Michel Cardoze got on TV and ended his career there as the weatherman known for his giant bow ties, directly reflecting the communist ideology without a doubt. The claim was absurd. The battle should have been for television and television news open to all points of view, not at the level of the journalists who don't have to have a point of view, but at the level of the people to whom those journalists give the floor of the studio. We are still far from that. The idea of McLuhan that these hierarchs of television production or realization rejected very strongly, is that television was a separate art, entirely separate that has nothing to do with the cinema because television asks of the spectator a synesthetic multi-sensual immediate adhesion (positive feeling of comfort at the level of all the senses simultaneously), from the first second that entails the adhesion with and for pleasure, relaxation if this pleasure is satisfied, and the total absence of any critical sense, if not the spectator passes to another channel. A televised debate is typical: it does not allow for reflection but simply confirms agreement with or rejection of what is said, hence the interest of having debaters from different sides. The approach of Lorenzi and Bluwal is dead, was already dead in the 1980s and the nail that drove the hammer or the hammer that drove the nail was Jean-Marie Le Pen authorized on the second channel by Mitterrand in 1982 if I remember correctly, with L'Heure de Vérité in 1984. We know what happened next. The extreme right went from Soustelle and less than 2% to Marine le Pen and a quarter of the electorate for herself and a potential that raises her up to the small 40%. This series represents that time. The camera and the television definition do not allow big camera movements, so the chases that go faster than the cathode ray tube, cannot be shot, hence the blur thus produced is avoided by having only moderate movements. Moreover, vast general panoramas blur
  • 6. everything and gave at the time some pixel mash that no longer represents anything. And on top of that, everything is in black and white at reception. Fortunately for this series it was produced in color and with a cinema camera. The restored version has taken the old films of Pathé cinéma and we have a product that we could not have had in 71-73. There is also the overuse of close-ups, especially of faces, to have the emotions expressed by the actors and actresses, but also to have the detail of certain objects or decorative elements. But you can't make dogs out of cats. The product at this technical level remains very average. The worst thing, in my opinion, is the ideology embodied by the series. The first season is Franco- French. So we are totally into nostalgia today with the old cars of the 1920s, like the front-wheel drive cars as they were still called in the 1950s, with the back doors opening towards the rear, and especially the color black par excellence. At that time it was also the nostalgia of the pre-war period (I mean WW2 1939-1940), the 1920s and a social world frozen in this absurd concept that the thief, if he does not kill, and if he redistributes part of his loot and especially if he is kind to women (heterosexuality is compulsory and de rigueur, LGBTQX refrain, and no please at all), then he is a gentleman, and therefore he is the friend of the people, when in fact he is only one, exploiter of society, poor and rich alike. The time of Robinhood is well over, if it ever existed. Fortunately, the second season opens up to German collaborators, co-producers and co-directors who bring a stricter and more modern logic, for the 1970s of course, in the treatment of situations and characters. Instead of emphasizing the well-behaved skullduggery of the artist burglar, they emphasize a certain logic of the cases portrayed and without hiding the logical holes, such as murdered bodies left purely and simply in some kind of abandoned ruin and no one has ever done a real search for these bodies and everyone is satisfied with the hasty conclusion that the wife, and mother, and her lover are gone forever in a far away land. If the burglar is an artist, the cops are certainly not aces in logical thinking. This anti-cop discourse is irritating and in this field Maigret, The Last Five Minutes, or The Judge is a Woman, and a few others are otherwise more interesting. You will also explain to me how a sniper shoots with a high-precision rifle (in 1925?) at the binoculars that Arsène Lupin has in front of his eyes, without hurting him in the least. This is strong, but this is also childish and naive. We are told that the INA store will disappear soon. Good. The products will then be in the normal chains of sale of this kind of products, so FNAC, Amazon (my supplier in this case) and some others, one day Alibaba. The competition might be tough. I don't see how such French series could compete in any way with the British series Shetland or any Stephen King mini-series in the USA. I must even say that Criminal Minds is a hundred times better. So let's bury the old products that have so little value today and try to produce better ones, especially now that TV production in France is no longer a public service, so over- expensive, and that the series Un village français called upon Belgian actors to play the main roles because in Belgium actors work just as much on stage, for the cinema and for TV, whereas in France we don't mix the genres, except for rare exceptions, which – not the exceptions – impoverishes the flexibility and therefore the creativity of these actors. Dr. Jacques COULARDEAU