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Mémoire MASTER STAPS Deuxième Année
« Science et Techniques des Activités Physiques et Sportives »
Parcours Evaluation et Optimisation de Performance
Spécialité : Activité Physique Adaptée
Année 2016-2017
	
Impact des orthèses plantaires sur les coureurs à
pied atteints du syndrome de la
bandelette ilio-tibiale.	
____________________________________________________________	
	
Présenté par :
Damien Dodelin
Tuteur en structure :
M. Held
Sous la direction de :
Pr C. Tourny (PU)
&
Dr M. L’Hermette (MCF)
REMERCIEMENTS
Je tiens dans un premier temps à remercier mon tuteur de stage Éric Held qui m’a permis
de réaliser ce projet de recherche en m’accordant sa confiance. Ce dernier m’a donné la chance
de travailler sur un système VICONTM
, mais aussi de découvrir le monde de la podologie et de
la semelle orthopédique, mais plus précisément d’approfondir mes connaissances sur la
mécanique de la locomotion et de la course. Ce stage dans sa structure Orthodynamica m’a
permis de découvrir des domaines encore très peu aborder en STAPS. Enfin, ce stage, m’a
permis de me conforter dans l’idée de poursuivre dans cette voie et ce domaine dans les années
futures. Je tiens également à remercier l’ensemble de l’équipe Orthodynamica, qui ont su
répondre présent à chaque questionnement lors de ce stage.
De plus je tiens à remercier Claire Tourny et Maxime L’Hermette, qui m’ont permis de
concevoir ce mémoire, et de me faire comprendre la méthodologie et le raisonnement à adopter
pour la réalisation de ce dernier.
Je remercie également Charlotte Menez sans qui je ne saurais utiliser le système VICON
aujourd’hui. Elle a su m’apporter un grand nombre de connaissances sur le logiciel ainsi que
sur les manipulations.
J’exprime enfin toute ma reconnaissance aux personnes qui m’ont apporté leur aide ou
leur présence dans la réalisation de ce mémoire.
SOMMAIRE
Remerciements	..................................................................................................................	2	
1	 Introduction	.................................................................................................................	1	
2	 Revue	de	Littérature	....................................................................................................	4	
2.1	 Généralités	de	la	bandelette	ilio-tibiale	et	anatomie	.........................................................	4	
2.1.1	 La	bandelette	ilio-tibiale	:	..................................................................................................	4	
2.1.2	 Articulations	des	membres	inférieurs	:	.............................................................................	6	
2.1.3	 Le	syndrome	de	la	bandelette	ilio-tibiale.	.........................................................................	8	
2.1.4	 Etiologie	:	...........................................................................................................................	9	
2.1.5	 Conséquences	et	examen	clinique	:	................................................................................	11	
2.1.6	 Facteurs	et	causes	:	.........................................................................................................	12	
2.1.7	 Traitements	.....................................................................................................................	13	
2.2	 Course	et	cinématique	.....................................................................................................	14	
2.2.1	 La	course	..........................................................................................................................	14	
2.2.2	 la	cinématique	.................................................................................................................	16	
2.2.3	 Influence	de	la	cinématique	podale	:	..............................................................................	19	
2.2.4	 Podologie	:	.......................................................................................................................	21	
2.2.5	 Cinématique	chez	des	sujets	atteints	du	syndrome	de	la	bandelette	ilio-tibiale	:	..........	23	
3	 Problématique,	objectifs	et	hypothèses	:	...................................................................	26	
4	 Matériels	et	méthode	................................................................................................	27	
4.1	 Population	.......................................................................................................................	27	
4.2	 Méthode	..........................................................................................................................	29	
4.3	 Matériels	.........................................................................................................................	33	
4.4	 Statistiques	......................................................................................................................	36	
5	 Résultats	....................................................................................................................	37	
6	 DISCUSSION	:	.............................................................................................................	42	
7	 Conclusion	.................................................................................................................	51	
8	 Bibliographie	:	............................................................................................................	51	
9	 Tables	des	illustrations	et	tableaux	............................................................................	59
1	
1 INTRODUCTION
Dans le cadre de ma deuxième année de master EOP, un stage de 12 semaines doit être
réalisé, celui-ci permettant de nous professionnaliser et de nous apporter une approche plus
pratique des connaissances développées en cours. De ce fait, j’ai pu trouver un stage auprès
d’Éric Held, podologue au sein du pôle locomoteur de la clinique Mathilde, au sein de la
structure Orthodynamica.
Le pôle locomoteur, étant installé dernièrement au sein du nouveau bâtiment Mathilde 2,
dispose d’un étage entier. Ainsi, Éric Held et ses collaborateurs, y ont installé la société
Orthodynamica, société paramédicale orthopédique, d’appareillage et de réhabilitation. De
plus, un laboratoire d’analyse du mouvement a également été installé, avec notamment un
système d’analyse 3D VICONTM
(Biometrics, Oxford UK) et des plateformes de pression
ZEBRISTM
(Isny im Allgäu, Germany). Souhaitant développer des projets de recherche sur
l’impact des semelles orthopédiques en phase dynamique (marche et course), M. Held a décidé
de faire appel à des étudiants de Master de l’Université STAPS de Rouen. Ainsi, j’ai eu la
chance de pouvoir intégrer ce projet,
Aujourd’hui, l’activité physique a pris une part importante dans la vie des individus. Bon
nombre de français pratique une activité physique régulière, et même si le pourcentage de
pratiquant est en baisse, il reste, selon une enquête Eurobaromètre de 2009, près de 43% des
plus de 15 ans qui pratiquent une activité physique au moins une fois par semaine. Cette
augmentation est très certainement liée à l’apparition, au fil des années, d’un avis médical très
favorable à l’activité physique (ACSM’s Primary Care Sports Medicine, 2007).
La course à pied est une activité physique à la portée de tous et facile d’accès. Il existe
aujourd’hui différentes formes de course à pied en fonction de la distance mais aussi de la
surface sur laquelle la course s’effectue (jogging, course sur route, cross-country, trail, course
d’orientation).
Ces différentes formes de course sont ouvertes à tous. Le nombre de pratiquants ne cesse
d’augmenter. Néanmoins, du fait de la liberté de la pratique et de l’accès souvent non encadré
2	
(par un professionnel) de l’activité, le nombre de blessures augmente en parallèle au nombre de
pratiquants. Evidemment, les membres inférieurs sont les plus touchés par ces blessures. Dans
une étude réalisée en 2008 (O’Connor & Dyke, 2008), 22,4% de marathoniens ont ressenti des
douleurs lors de la phase de préparation d’un marathon. Lors de la course, 48,3% des inscrits
ont ressenti une douleur localisée aux membres inférieurs et 11,9% ont évalué une douleur
maximale de 10 sur une échelle EVA (allant de 0 à 10) à l’issue de la course.
La zone anatomique la plus touchée par ces blessures est le genou (Gent et al., 2007; Taunton
et al., 2002a). Elle est suivie par la jambe (tibia), le pied, puis la cuisse. La blessure la plus
fréquente chez les coureurs est le syndrome rotulien, qui est une inflammation du cartilage de
la rotule lors de son contact sur le fémur. La seconde blessure la plus courante est le syndrome
de l’essuie-glace, ou syndrome de la bandelette ilio-tibiale (SBIT) (Van der Worp, 2012;
Taunton et al., 2002a). C’est une tendinopathie localisée sur le compartiment supéro-externe
du genou, au niveau de l’épicondyle latéral.
Différents traitements peuvent être proposés afin de traiter ce syndrome. La semelle
orthopédique est l’une des solutions face à ce problème.
La podologie est une science s’intéressant à la région du pied. Le podologue a pour but de
diagnostiquer et de proposer un traitement face à une anomalie podale ou de locomotion. En
effet, la podologie, via l’utilisation de chaussures, de semelles orthopédiques ou par une
intervention de pédicure va proposer un traitement ou une aide permettant à un patient ayant
une locomotion ou une posture pathologique d’être soignée ou de réduire les anormalités et les
douleurs liées à la pathologie. Le podologue est en capacité d’effectuer un bilan de la posture
et de la marche (ainsi que de la course) de par son expertise en observant l’individu réaliser ces
différentes actions. Toutefois, le podologue peut s’appuyer sur différents outils afin de valider
son expertise comme des tapis de pression. Néanmoins, l’analyse reste principalement
qualitative et le bilan dynamique ne se réduit qu’à une analyse visuelle du patient. Afin
d’apporter une analyse quantitative, le centre Orthodynamica s’est équipé d’un système
optoélectronique VICONTM
, permettant d’apporter des données précises au podologue. Le
système produit une modélisation biomécanique du corps et des segments corporels, et ainsi
grâce à des calculs biomécaniques transmet des courbes angulaires des différents cycles de
marche ou de course, au niveau des segments équipés de mires réfléchissantes. C’est donc un
3	
outil précieux dans les domaines de la recherche et de la médecine, par ces données, la
conception de la semelle sera à la fois plus précise et plus efficiente.
Néanmoins un tel système a un coût très élevé et n’est présent que dans certains hôpitaux ou
laboratoires universitaires de recherche. De plus, le domaine de l’analyse VICONTM
associé à
la podologie n’est pas encore réellement développé. L’utilisation du VICONTM
est plus
communément destinée au domaine de la recherche médicale, sportive ou dans la robotique.
Le centre locomoteur de podologie sportive de la clinique Mathilde bénéficie d’un système
VICONTM
. À la demande d’Éric Held, podologue et fondateur des deux sociétés paramédicales
sportives constituant ce centre, des études ont été mises en place sur l’impact cinématique des
orthèses plantaires sur les différentes articulations des membres inférieurs.
Notre étude s’intéresse à la région du genou chez les coureurs à pied, et plus particulièrement
au syndrome de la bandelette ilio-tibiale. L’objet de ce travail est d’analyser l’impact
cinématique de la semelle orthopédique chez des sujets atteints du syndrome de l’essuie-glace
au niveau des rotations du complexe articulaire du genou.
4	
2 REVUE DE LITTERATURE
2.1 GENERALITES DE LA BANDELETTE ILIO-TIBIALE ET ANATOMIE
	
2.1.1 LA BANDELETTE ILIO-TIBIALE :
	
La bandelette ilio-tibiale (BIT) est une lame tendineuse qui nait du muscle du fascia
lata, du petit et moyen fessier. Celle-ci est connectée grâce au septum à la ligne âpre du fémur.
La bandelette est la continuité du tendon du tenseur fascia lata. Elle vient s’insérer sur le
tubercule de Gerdy, sur la partie proximal du tibia (Fredericson & Weir, 2006). Cette bandelette
se situe donc sur le compartiment latéral de la cuisse, et passe par l’épicondyle latéral du genou,
avant de s’insérer sur la partie supéro-latéral du tibia (figure 1).
Toutefois, la BIT s’insère également sur un ensemble d’autres sites, tel le biceps fémoral, le
vaste latéral, le retinaculum patellaire latéral, la patella (par le ligament épicondy-patellaire et
le retinaculum patellaire), et le tendon patellaire (Fairclough et al., 2006, 2007; Kaplan, 1958).
Ainsi, la BIT représente un réel support latéral du genou (Terry, Hughston, & Norwood, 1986;
Vieira et al., 2007).
La BIT a d’abord été décrite comme une structure ligamentaire par Kaplan (Kaplan, 1958).
Mais les études plus récentes ont montré un rôle mécano-sensoriel de la bandelette, limitant
ainsi les explications de Kaplan et rapprochant la BIT de la structure tendineuse (Stecco et al.,
2013). Néanmoins, nombre d’auteurs continuent d’associer la BIT à un rôle ligamentaire au
niveau de l’articulation fémoro-tibiale, en raison de son utilité dans le contrôle rotatoire du
genou (Baker, Souza, & Fredericson, 2011; Lutz et al., 2015; Parsons, Gee, Spiekerman, &
Cavanagh, 2015; Terry et al., 1986; Vieira et al., 2007). Cette bandelette est libre entre la
partie supérieure de l’épicondyle latéral du genou et le tubercule de Gerdy. Elle peut donc se
déplacer librement dans cette zone, n’ayant aucune attache osseuse (Fredericson & Wolf,
2005). Le tenseur du fascia lata est un muscle court et fin qui appartient aux muscles latéraux
de la ceinture pelvienne, dans la région glutéale.
5	
ITB : Bandelette ilio-tibiale ; TFL : Tenseur du fascia lata ; GT : Tubercule de Gerdy ;
GT : Grand glutéal ; BF : Biceps fémoral ; VL : Vaste latéral ; GT : Grand trochanter
Ce muscle a pour origine le cinquième ventral de la lèvre latérale de la crête iliaque, l’épine
iliaque antéro-supérieure de l’ilium et le fascia gluteal. Il a pour terminaison le tubercule de
Gerdy par la bandelette ilio-tibiale. Le tenseur du fascia lata permet accessoirement l’abduction
et la rotation de la cuisse, ainsi que la flexion de la hanche. Le moyen et petit fessier représentent
les muscles latéraux de la région glutéale. Ils sont originaires de l’aile iliaque sur la partie
postérieure et latérale de l’ilium entre les lignes glutéales antérieures et postérieures. Ils
s’insèrent sur le grand trochanter. Ils permettent de stabiliser le bassin latéralement lors de
l’appui unipodal, l’abduction de la cuisse sur le bassin, et la rotation médiale et latérale de la
hanche.
La BIT a pour rôle de limiter le varus de genou. La bandelette joue un rôle de stabilisateur
latéral du genou. Elle est souvent comparée à un ligament (Baker et al., 2011).
Figure 1: Bandelette ilio-tibiale (Baker & Fredericson, 2016)
6	
2.1.2 ARTICULATIONS DES MEMBRES INFERIEURS :
	
Les membres inférieurs sont constitués de différentes articulations ; l’articulation de la
hanche, du genou, de la cheville et les articulations du pied. L’articulation de la hanche, ou
coxo-fémorale lie le bassin au fémur. Le bassin se divise en 3 éléments ; avec un élément central
qui est le sacrum et le coccyx, et les 2 os coxaux (ou iliaques. Les mouvements de hanche
peuvent se réaliser dans les 3 plans de l’espace (figure 2). Pour cette articulation, des
mouvements de flexion (allant jusqu'à 145° en passif), d’extension (jusqu’à 30° en passif),
d’abduction/adduction, de rotation interne (jusqu’à 40°) et de rotation externe (jusqu’à 60°)
sont possibles. La hanche doit permettre d’orienter les membres inférieurs dans toutes les
directions de l’espace (Kapandji, 1996).
L’articulation du genou, ou fémoro-tibiale est l’articulation dite intermédiaire des membres
inférieurs. Elle permet des mouvements dans le plan sagittal, de flexion (jusqu’à 160° en passif
et avec hanche fléchie) et d’extension (jusqu’à 5/10° en passif), la position de référence étant
l’alignement ente la cuisse et la jambe. La rotation n’est permise que lorsque le genou est fléchi.
En effet, la rotation du tibia sous le fémur n’est permise que lorsque les ligaments coapteurs
sont détendus. Toutefois, il existe une rotation dite « automatique » du genou en extension.
C’est une rotation externe tibiale de 10° ± 5° (Incavo, Coughlin, Pappas, & Beynnon, 2003;
Karrholm, Brandsson, & Freeman, 2000). Le genou peut proposer des alignements anormaux
Figure 2 : Mouvements de hanche (calais-germain, 1986)
7	
en position statique tel le genu varum ou valgum, et des mouvements de varus/valgus en phase
dynamique (figure 3).
De plus, l’articulation fémoro-patellaire, articulation du genou, relie le fémur à la patella et
permet les mouvements de flexion et d’extension.
L’articulation de la cheville est une articulation trochléenne reliant l’extrémité inférieure du
tibia, la fibula et le talus. Elle est limitée aux mouvements de flexion plantaire, pouvant atteindre
40°, et de flexion dorsale, pouvant atteindre 25°.
L’articulation sous-astragalienne présente des mouvements dans les 3 plans de l’espace. De
plus, cette articulation ajoute le mouvement d’inversion, association entre supination, adduction
et flexion plantaire ; et d’éversion, association entre pronation, abduction et flexion dorsale
(figure 4). Cette articulation est stabilisatrice. L’articulation médio-tarsienne de Chopard (ou
transverse du tarse) se situe entre les tarses postérieur et antérieur. Cette articulation permet des
mouvements complexes dans les 3 plans de l’espace (éversion/inversion), permettant
l’orientation et l’adaptation du pied (effet stabilisateur) ainsi que la propulsion de ce dernier.
L’articulation de Lisfranc ou tarso-métatarsienne, est une articulation liant le tarse et le
métatarse, permettant des mouvements de flexion/extension et d’éversion/inversion, favorisant
la propulsion, mais plus particulièrement la stabilisation.
Figure 3 : Représentation d’un membre inferieur droit ; genu valgum
(valgus) (a), physiologique (b), genu varum (varus) (c) (Laurent, 2003)
8	
Le complexe articulation du pied permet donc les mouvements d’éversion, d’inversion, de
pronation et de supination.
2.1.3 LE SYNDROME DE LA BANDELETTE ILIO-TIBIALE.
	
Aujourd'hui, le sport et l'activité physique sont reconnus pour leurs effets bénéfiques sur
le corps et la santé. La pratique physique s'est continuellement modifiée et métamorphosée et
le nombre d’activités physiques s’est multiplié. Le sport libre et individuel représente la
majorité de la pratique. La course à pied, de par son accessibilité et surtout sa simplicité est
bien évidemment l'une des activités les plus pratiquées. Toutefois, cette dernière, comme bien
d'autres activités physiques, est source de blessure. Une étude de 2012, rapporte que 75% des
coureurs se blessent au cours d’une année de pratique (Daoud et al., 2012). Différentes études
ont été portées sur les blessures de la course à pied. Plus de 1 000 articles traitant ce sujet
existent sur PubMed en 2007 (Gent et al., 2007). Après une analyse de différents articles, Gent
Figure 4 : Les mouvements du complexe du pied (Lepoutre,
2007)
9	
et al., ont conclu que la zone la plus touchée par les blessures lors de la course à pied est la zone
du genou, suivi par le tibia, le tendon d’Achille, le mollet, puis le talon. Les régions qui semblent
le moins touchées sont la hanche et la cheville. Différents facteurs de risque participent à
l’étiologie des blessures, comme le style de vie, l’âge, le sexe, le poids ou les antécédents
médicaux.
Globalement, le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (SBIT) intervient dans les sports
ou l’on retrouve un mouvement de flexion/extension à répétition ainsi que dans les sports
unidirectionnels, comme la course ou le cyclisme. C’est la seconde blessure la plus recensée au
niveau du genou (Maarten P van der Worp, 2012; Taunton et al., 2002b). De plus, c’est la
principale blessure du compartiment externe du genou.
2.1.4 ETIOLOGIE :
	
L’étiologie de cette blessure est encore très controversée (Baker & Fredericson, 2016;
Noehren, Davis, & Hamill, 2007; van der Worp, van der Horst, de Wijer, Backx, & Nijhuis-
van der Sanden, 2012). En grande majorité, les étude portant sur le SBIT s’accordent à dire que
le syndrome est dû au mouvement répétitif de la bandelette dans sa zone de liberté, qui
engendrerait un frottement de cette dernière sur l’épicondyle externe du genou (Foch & Milner,
2014; Fredericson & Weir, 2006; Grau, Maiwald, Krauss, Axmann, & Horstmann, 2008;
Miller, Lowry, Meardon, & Gillette, 2007; Noehren, Schmitz, Hempel, Westlake, & Black,
2014; Orchard, Fricker, Abud, & Mason, 1996; Phinyomark, Osis, Hettinga, Leigh, & Ferber,
2015). Ce frottement excessif provoquerait l’inflammation de la bandelette. Néanmoins, cette
description reste générale. En effet, certains auteurs débattent toujours sur la réelle étiologie du
SBIT. Ainsi, deux théories se font face : la friction et la compression (Baker & Fredericson,
2016).
Le déplacement de la BIT (figure 2) dans sa zone de liberté (de la partie supérieure de
l’épicondyle latéral du fémur au tubercule de Gerdy) provoquerait une friction et serait la cause
du syndrome de la bandelette ilio-tibiale. Ainsi, une inflammation de la BIT se réaliserait dans
le compartiment externe du genou, dû au frottement de la bande tendineuse avec l’épicondyle
latéral du genou (Lavine, 2010). Ce frottement s’effectuerait aux alentours de 30° de flexion,
allant de l’avant (en extension) vers l’arrière de l’épicondyle, en mouvement de flexion (figure
5) et inversement sur le mouvement contraire (Orchard et al., 1996).
10	
D’autres auteurs défendent la théorie de la compression. Ainsi la cause de la douleur ne
proviendrait pas d’un mouvement antéro-postérieur de la bandelette sur l’épicondyle en raison
de la flexion et de l’extension, mais plutôt d’un mouvement médio-latéral provoquant la
compression d’une couche hautement vascularisée et innervée, occasionnant la perte de tissu
connectif entre la bandelette et l’épicondyle (Fairclough et al., 2007). Ces mouvements médio-
latéraux proviendraient des phénomènes rotatoires du tibia et du fémur lors de la course à pied.
Ainsi, les rotations internes et externes successives de ces os provoqueraient la compression de
la zone sous tendineuse sur l’épicondyle.
Enfin, certains auteurs citent la présence d’une bursite ou d’un kyste, souvent en lien avec la
capsule synoviale du genou, qui provoquerait la douleur en raison de la friction entre cette
structure et la bandelette (Costa, Marshall, Donell, & Phillips, 2004; Ekman, Pope, Martin, &
Curl, 1994). Toutefois, cette origine est très controversée et est source de débat (Fredericson &
Weir, 2006). En effet, d’autres études réalisaient par l’intermédiaire d’imagerie par résonnance
magnétique sur des sujets atteints du SBIT ne confirment pas ces résultats (Muhle et al., 1999;
Nemeth & Sanders, 1996).
La tension de la bandelette en phase dynamique pourrait avoir un lien dans le processus
étiologique du SBIT. En effet, lors de la flexion du genou, une rotation tibiale interne est
exercée. Cette rotation viendrait progressivement tendre la bandelette et mettre en tension celle-
ci sur l’épicondyle (Fairclough et al., 2006; Orchard et al., 1996). Ainsi, plusieurs auteurs
insistent sur cet aspect lors de la rotation tibiale interne (Baker et al., 2011; Fairclough et al.,
2006; Hamill, Miller, Noehren, & Davis, 2008; Lutz et al., 2015).
11	
2.1.5 CONSEQUENCES ET EXAMEN CLINIQUE :
La douleur du SBIT est ressentie après un certain temps de course, qui diffère selon les
personnes et l’intensité de la course. Néanmoins, la zone de douleur est sensiblement la même
et se situe sur le compartiment externe du genou, 2 à 3 cm au-dessus de l’interligne articulaire.
Cette douleur disparaît en dehors de la course. Elle est même absente lors d’activité physique
présentant des courses irrégulières et multidirectionnelles comme le tennis ou le basket. En
revanche elle peut persister à la marche ou en position assise lors de SBIT sévère (Fredericson
& Weir, 2006). Afin de desseller le SBIT différents tests existent, comme le test de Noble, qui
consiste à exercer une pression sur le compartiment externe du genou, lorsque que le patient
effectue des flexions-extensions aux alentours de 30°. Si le patient ressent une douleur lors de
la flexion-extension due à la pression alors le test est positif et le médecin peut conclure sur un
SBIT. Un autre test, régulièrement utilisé est le test d’Ober, qui exprime la raideur de la
bandelette (Gose & Schweizer, 1989).
Figure 5 : Mouvement d’essuie-glace de la bandelette ilio-tibiale
(Delacroix et al., 2009)
12	
2.1.6 FACTEURS ET CAUSES :
Différents facteurs peuvent être cause du SBIT. Comme toute blessure, deux catégories
de causes peuvent provoquer ce syndrome : les facteurs intrinsèques et les facteurs extrinsèques
(Noehren et al., 2014). Les facteurs externes représentent les charges d’entraînement (plus de
64 km par semaine), le nombre d’entraînement par semaine (Fredericson & Weir, 2006; Gent
et al., 2007), l’augmentation abrupte de la charge ou de l’intensité d’entrainement, mais
également la course excessive dans la même direction (Fredericson & Weir, 2006). Les facteurs
intrinsèques représentent des facteurs anatomiques. Nous retrouvons les genu varum (Gent et
al., 2007; Noehren et al., 2014), l’éversion excessive du pied (Ferber, Noehren, Hamill, &
Davis, 2010a; Phinyomark et al., 2015), l’inversion excessive du pied (Maurer, Federolf, von
Tscharner, Stirling, & Nigg, 2012; Phinyomark et al., 2015) les inégalités de longueur des
membres inférieurs (Fredericson & Weir, 2006; Gent et al., 2007; Golightly, Allen, Helmick,
Renner, & Jordan, 2009). D’autre part, des facteurs musculaires peuvent être responsables du
syndrome. En effet, une hypo-extensibilité du tenseur du fascia lata (Delacroix, Hasdenteufel,
Legrand, Chèze, & Lavigne, 2009) ou encore une faiblesse des adducteurs de hanche
(Fredericson et al., 2000) et des muscles fessiers (Baker et al., 2011; Fredericson et al., 2000)
peuvent provoquer le SBIT.
Il est a noté que la pronation du complexe cheville-pied provoque une rotation tibiale interne
(Coplan, 1989). La rotation tibiale interne vient tendre la BIT. Ainsi, un lien pourrait exister
entre l’excès de pronation et l’excès de rotation tibiale interne et le SBIT. De plus, rappelons
que la pronation maximale intervient à 50% de la phase d’appui (voir : 1.2.1 la course). C’est
également à ce même instant que la tension de la bandelette serait le plus important (Hamill et
al., 2008). Néanmoins, Nester ne trouve aucune corrélation entre le mouvement de l’arrière pied
dans le plan transverse et le mouvement du genou dans ce même plan (Nester, 2000). En effet,
dans son étude, les résultats n’ont pas montré de signification dans la corrélation entre les
mouvements du plan transverse du pied, du genou et de la hanche. Néanmoins, son étude a été
réalisée à la marche, pieds nus, sur des sujets sains.
13	
2.1.7 TRAITEMENTS
La littérature propose différentes techniques afin de soigner le syndrome. Différentes
prescriptions peuvent être réalisées : une phase de repos, la prescription d’antalgiques et d’anti-
inflammatoires non stéroïdiens, des infiltrations de cortico-stéroïde (Lavine, 2010). La phase
de repos peut être suivie d’une reprise adaptée et progressive, en réduisant les temps et les
formes d’entrainement, en remplaçant pour une certaine période la course par une autre activité
moins sollicitant pour la BIT, comme par exemple (et principalement) la natation (en utilisant
que les bras). De plus, la zone douloureuse peut être glacée régulièrement sur des périodes de
10 minutes. C’est ce que l’on appelle la phase aiguë (Fredericson & Weir, 2006). La phase
subaiguë consiste à réaliser des exercices d’étirement et plus particulièrement des exercices de
contraction-relaxation, avec 7 secondes de contraction suivie de 15 secondes d’étirement, afin
d’étirer les muscles qui ont été raccourcis par la période de repos. Ces muscles sont les muscles
de la région glutéale, et principalement le complexe TFL-BIT. Une 3ème
phase propose des
étirements plus approfondis et dans une région plus large, englobant par exemple les abducteurs
de hanche (Fredericson & Wolf, 2005). Des massages transverses profonds de la BIT peuvent
également être effectués (Delacroix et al., 2009). Enfin, un retour à la course progressive peut
être envisagé, en commençant par des courses sur petite distance puis en allongeant les
distances au fil des semaines, toujours de manière progressive (cela pendant 3 à 4 semaines).
La littérature propose donc principalement un programme d’étirement. À titre de prévention,
ces étirements pourront être prolongés après le traitement, lorsque la pratique aura repris
(Lucas, 1992). Néanmoins, cette dernière approche, traitant des étirements fut discuté par
Ferber et al., au profit du renforcement musculaire (Ferber et al., 2010a). En effet, un traitement
par renforcement musculaire des abducteurs de hanche et des fessiers est proposé par Ferber et
al., (2010). Dans leur étude, des sujets présentant le SBIT, ont démontré moins de force des
abducteurs de hanche et des fessiers face à un groupe contrôle. Après 6 semaines de
renforcement musculaire, les sujets ont augmenté leur force musculaire et ne ressentaient plus
de douleur de la BIT. Baker, Souza, & Fredericson, (2011) ainsi que Beers, Ryan, Kasubuchi,
Fraser, & Taunton, (2008), ont proposé également un programme de renforcement de 6
semaines, apportant les mêmes résultats. Ainsi, le renforcement musculaire trouve lui aussi sa
place dans le traitement du SBIT (Baker et al., 2011; Beers et al., 2008; Ferber et al., 2010a;
Fredericson et al., 2000; Michael Fredericson & Weir, 2006; Fredericson & Wolf, 2005; Grau
et al., 2008; Lavine, 2010).
14	
La chirurgie peut être réalisée, mais reste peu utilisée car incertaine. Différentes techniques
existent, comme le retrait d’une bursite présente sous la bandelette, ou encore, le retrait d’une
partie triangulaire de la BIT dans la région de l’épicondyle Fredericson & Wolf, 2005; Lavine,
2010).
Enfin, un traitement par semelle orthopédique, comme l’ont proposé Miller et al., en 2007 ou
Lucas en 1992, peut être réalisé afin de modifier la cinématique angulaire de la locomotion en
course. En effet, la cinématique de course chez les coureurs atteints du SBIT diffère des
coureurs sains.
2.2 COURSE ET CINEMATIQUE
2.2.1 LA COURSE
La course constitue pour l’homme le moyen le plus rapide pour se déplacer par une
succession de foulées bondissantes à partir d’appuis pédestres effectués alternativement sur
chaque pied (Lacouture, Colloud, Decatoire & Monnet, 2013). La course, comme la marche,
possède une phase d’appui et d’oscillation (Dugan & Bhat, 2005). Elle se caractérise toutefois
de la marche par une phase d’appui essentiellement unipodale et par une phase de suspension
totale. Toutefois, à l’inverse de la marche, la course ne possède pas de phase de double appui
(figure 6).
15	
Un cycle de course commence lors du contact initial du pied avec le sol (talon, médio-pied ou
avant du pied selon les personnes). Il se termine lorsque ce même pied retouche le sol. Ce cycle
se décompose en pourcentage de temps allant de 0% lors du contact initial du pied jusqu’à
100% lors du nouveau contact de ce pied avec le sol. La phase d’appui représente à peu près
60% d’un cycle de marche. Dans la course, ce temps d’appui est nettement inférieur et se situe
entre 35 et 39% du cycle. Le temps d’appui correspond au contact initial du pied jusqu’à ce que
celui-ci quitte le sol. Il s’en suit la phase de suspension qui a une durée de 40% à la marche et
de 61 à 65% à la course. La phase de suspension débute lors de la fin de la phase d’appui jusqu’à
ce que le pied retouche le sol. Il est à noter que plus la vitesse de course augmente, plus le
pourcentage d’appui va se réduire. Ainsi, pour les sprinters internationaux, la phase d’appui se
termine à 22% du cycle (Novacheck, 1998). La figure 6 récapitule la phase d’appui et de
suspension à la marche et la course. Il est à noter que la phase d’oscillation qui est équivalente
à environ 60% à la course peut être divisée en 3 parties. Une première de 15% qui correspond
à une phase de vol (ou les 2 appuis ne sont pas en contact avec le sol), une seconde de 30%
Figure 6 : Phase de course et de marche (Dugan & Bhat, 2005)
16	
correspondant à une phase unipodale et enfin une dernière phase de vol de 15% (les
pourcentages sont des approximations en fonction de la vitesse du coureur) (Adelaar, 1986).
Il existe une phase d’absorption et de propulsion. La phase d’absorption se situe entre le contact
initial et la moitié de la phase d’appui. La phase de propulsion commence entre le milieu de la
phase d’appui et le décollement des orteils (Dugan & Bhat, 2005)
2.2.2 LA CINEMATIQUE
	
La cinématique se propose de quantifier le mouvement d’une articulation, en le définissant
comme le mouvement d’un segment distal par rapport à un segment proximal adjacent (Begon
& Lacouture, 2005). Ainsi, la cinématique angulaire la plus communément utilisée propose un
suivi angulaire de chaque articulation dans les 3 plans de l’espace : sagittal, frontal et transverse
(figure7).
Par les systèmes optoélectroniques, il est possible d’extraire des coordonnées, des vitesses
linéaires, des accélérations, des déplacements dans les 3 plans, des angles, des vitesses et
accélérations angulaires. La qualité des données repose sur le système utilisé mais également
sur la création de référentiel 3D XYZ positionné sur chaque articulation. Parmi les systèmes
capables de produire ces données nous retrouvons dans la littérature : l’OptitrackTM
(Corvalis,
Figure 7 : Les 3 plans de l’espace (Wittle, 2002)
17	
US), ArialTM
(Colorado, US), Motion AnalysisTM
(Santa Rosa, US) ou encore le VICONTM
(Oxford, UK) reconnu comme le plus précis et le plus fiable (Richards, 1999). De plus, les
référentiels, présents sur chaque articulation sont construits en fonction des différentes mires et
de différents calculs, dépendant de modèles biomécaniques. Les mouvements de ces référentiels
les uns par rapport aux autres permettent de déterminer le mouvement de chaque articulation et
donc d’en déduire des angles articulaires exprimés en degrés. Les angles sont calculés selon
des matrices rotatoires en fonction des angles d’Euler ou de Cardan, qui représentent une
succession de 3 rotations dans 3 plans différents.
Par exemple et afin d’éclaircir le propos, l’illustration des mouvements cinématiques du genou
dans les 3 plans avec un modèle simple basé sur 3 vecteurs (figure 8) donnerait : le vecteur U
(bleu) relie le centre de la tête fémorale et le point équidistant des deux épicondyles fémoraux ;
le vecteur V (bleu) relie le centre du plateau tibial et le milieu des malléoles ; le vecteur F
(rouge) relie les deux épicondyles. Le vecteur S (rouge) relie les deux malléoles.
Fémur	avec	le	vecteur	U	(bleu),	le	vecteur	F	(rouge)	 Tibia	 avec	 le	 vecteur	 V	 (bleu),	 le	
vecteur	F	(rouge)	
Figure 8 : Représentation de la cinématique du fémur et du tibia (Geais, 2011)
18	
Ainsi, dans le plan sagittal, la flexion de genou représente la position du tibia par rapport au
fémur. L’angle de flexion est donc l’angle entre les projections des vecteurs V (tibia) et U
(fémur) dans le plan sagittal du tibia. L’angle de flexion nul correspond à la position
d’extension. Le genou a une flexion maximale de 120° lorsque la hanche est en extension.
Lorsque la hanche est fléchie, l’amplitude de la flexion peut atteindre 140°. Le genou peut se
fléchir à 160° en flexion passive.
Dans le plan transverse, l’angle de rotation du genou décrit la position du tibia par rapport au
fémur selon les vecteurs S (fémur) et F (tibia). Ainsi, une rotation tibiale interne (ou rotation
interne de genou) est représentée par un vecteur F en avant du vecteur S. La rotation interne
maximale est de 30° si le genou est fléchi à 90°. La rotation latérale maximale est de 40° lorsque
le genou est fléchi (90°).
Dans le plan frontal, le varus/valgus du genou représente la position du tibia par rapport au
fémur. L’angle de varus est l’angle de projection des vecteurs V et U dans le plan frontal du
tibia. Le mouvement de varus éloigne le genou du plan sagittal. Le mouvement de valgus
rapproche le genou du plan sagittal. Ces mouvements du plan frontal sont les moins importants
lors de la marche et de la course. Ici l’exemple choisi en fonction des vecteurs ne donnerait pas
des résultats représentatifs de la réalité. Afin d’apporter plus de vérité aux résultats, des modèles
de placement de mires ont été développés afin de pouvoir créer des référentiels précis sur
chaque articulation (Wu et al., 2002). Par conséquent, les résultats angulaires ne sont plus des
déplacements de vecteurs les uns par rapport aux autres, mais des déplacements de référentiels
les uns par rapport aux autres (Begon & Lacouture, 2005). Pour le genou et le SBIT, ceux sont
les référentiels de la cheville, du genou, et de la hanche et du bassin qui seront étudiés, afin de
quantifier les mouvements articulaires.
La cinématique transverse et frontale du genou et de la hanche : (Carse, Meadows, Bowers, &
Rowe, 2013) :
Plan transverse :
Une personne saine propose à la course une multitude de rotations dans le plan transverse.
Ainsi, les 2 types de rotations se succèdent : rotation interne et externe. En effet, pour la rotation
du genou, lors du contact initial et jusqu’à la moitié de la phase d’appui, le tibia va effectuer
une rotation interne, ou plutôt un mouvement de rotation interne, appelé volant rotatoire interne
19	
tibial (d’une quinzaine de degré). À la suite de cette rotation le tibia, va effectuer un mouvement
de rotation externe, appelé volant rotatoire externe (environ 15°). Ainsi, il est important de ne
pas confondre, le volant rotatoire (qui traduit un mouvement) et la rotation interne ou externe
qui traduit une position du tibia à un instant t en fonction de l’axe horizontal du fémur. Pour
exemple, un genou peut être exclusivement en rotation latérale lors de la phase d’appui. Ainsi,
et de manière schématisée, le tibia est tourné vers l’extérieur, et ne va jamais passer au-delà de
l’axe vertical (qui traduirait un passage en rotation interne) mais peut tout de même induire un
mouvement interne appelé volant rotatoire interne.
Les rotations transverses de la hanche représentant la rotation du fémur sous l’os coxal. Au
cours de la phase d’appui, ces rotations sont assez variables mais proposent une rotation interne
lors des premiers instants de la phase d’appui, puis une rotation externe. Les volants rotatoires
existent également pour cette articulation. Toutefois, les mouvements rotatoires de la hanche
sont dépendants de chaque coureur.
Plan frontal :
Concernant les rotations du plan frontal (Carse et al., 2013), La hanche propose d’abord un
mouvement d’adduction (phase d’amortie) d’environ 5°. Il est à noter que lors du contact initial,
la hanche se situe en adduction, et va donc proposer un volant rotatoire en adduction de 5°. À
la suite, un volant rotatoire en abduction va s’effectuer (environ de 10°) lors de la phase de
propulsion. Il est possible que lors de ce mouvement, la hanche passe en abduction.
2.2.3 INFLUENCE DE LA CINEMATIQUE PODALE :
	
Plusieurs études ont mis en évidence que l’action de l’articulation du pied influençait la
cinématique des articulations sus-jacentes (Dugan & Bhat, 2005; Lack et al., 2014; Resende,
Deluzio, Kirkwood, Hassan, & Fonseca, 2015). En effet, par l’intermédiaire d’un jeu articulaire,
les mouvements des segments distaux influencent les mouvements des segments proximaux.
Le complexe articulaire pied/cheville provoque des mouvements dans les 3 plans de l’espace
comme vu dans les chapitres précédents. Ainsi, le plan sagittal propose la flexion plantaire et
la dorsiflexion ; le plan frontal présente l’abduction et l’adduction du pied ; le plan transverse
propose l’inversion et l’éversion. Les termes de pronation et de supination sont également
utilisés pour caractériser la cinématique podale. Ainsi, une pronation représente un mouvement
20	
du pied vers l’axe médian du corps. C’est donc une bascule interne du pied selon son axe
longitudinal. Une supination est à l’inverse un mouvement vers l’extérieur du pied, provoquant
l’élévation du bord interne du pied. Par conséquent, ces pronations et supinations engendre des
mouvements osseux. Par exemple, une pronation du pied est accompagnée d’une rotation
interne du tibia (ou volant rotatoire interne) et d’une rotation interne du fémur (Coplan, 1989;
DeLeo, Dierks, Ferber, & Davis, 2004; Dugan & Bhat, 2005; Eng & Pierrynowski, 1993;
Hintermann & Nigg, 1998). A l’inverse une supination du pied, provoque une rotation externe
du tibia et une rotation externe du fémur. De plus, une flexion de genou, provoque naturellement
une rotation interne de tibiale. A l’inverse une extension, entraine une rotation externe du
tibiale. Ainsi, l’excès de certains mouvements lors de la course peut provoquer des tensions
anormales sur certaines articulations et provoquer des blessures. Un excès de pronation ou de
supination peut être un facteur de blessure comme notamment l’hyper-pronation, engendrant
des tendinopathies, des fasciites plantaires, ou encore des gonalgies (Eng & Pierrynowski,
1994; Lysens et al., 2012). Une pronation excessive engendre une rotation interne excessive du
tibia et se répercute sur l’articulation du genou notamment dans les plans sagittal et transverse.
Elle provoque des torsions excessive sur la région du genou, provoquant des tensions sur ce
dernier (McClay & Manal, 1998).
Chaque individu possède sa propre technique de course, mais il existe de grandes similitudes
dans le pattern de course chez les coureurs. Une mécanique de course commune en ressort.
Néanmoins, quelques différences peuvent aboutir à des blessures. Lors de la première partie de
la phase d’appui, une pronation du pied caractérisée par une éversion et une rotation interne de
l’arrière pied se produit (Inman, V. T., 1976 ; Grimshaw & Burden, 2006). Cela provoque une
rotation interne du tibia. Cette pronation, lors de la première phase d’appui, est accompagnée
par une flexion et une rotation interne du genou. C’est la phase d’amortie. La seconde phase,
représente la phase de propulsion, celle-ci se caractérise par une supination du pied,
accompagnée par une extension et une rotation externe du genou. Rappelons que la bandelette
ilio-tibiale est attachée sur le tubercule de Gerdy et donc sur le tibia. Par conséquent, lors de la
rotation interne du tibia, et du genou, la bandelette se retrouve projetée et plaquée sur le genou.
Les rotations de genou, sont donc influencées par les pronations et supinations du pied. Ces
mouvements vont avoir une influence sur l’inflammation de la BIT. La modification de l’action
du pied pourrait donc limiter /atténuer le mouvement pathologique.
21	
De même, plusieurs études, ont montré que les mouvements d’adduction de hanche trop
prononcés pourraient avoir un lien avec le SBIT en venant plaquer la BIT contre l’épicondyle
lors de la phase d’appui (Aderem & Louw, 2015; Baker et al., 2011; Ferber et al., 2010a;
Noehren et al., 2007). Ainsi, la technique de course et/ou la pose de pied pourrait avoir un lien
avec ce phénomène d’adduction trop prononcée. Néanmoins, plusieurs études n’ont pas
démontré la présence d’une adduction de hanche prononcée chez les sujets présentant le SBIT
(Foch & Milner, 2014; Grau et al., 2008; Louw & Deary, 2014; Phinyomark et al., 2015).
Dans notre étude, les sujets atteints du SBIT ont été traités par semelle orthopédique suite à
l’analyse clinique et biomécanique. Il existe chez les sujets atteints du SBIT des mouvements
cinématiques anormaux lors de la course. Les mouvements excessifs de l’arrière du pied dans
le plan frontal influence la cinématique du genou (J. Hamill, van Emmerik, Heiderscheit, & Li,
1999). Chez des coureurs atteints de SBIT, les mouvements anormaux sont généralement des
pronations naturelles, ou de fatigue, trop importante du pied. Ainsi, le podologue après un
examen complet propose des semelles avec bord supinateur, accompagnées d’éléments tel que
les hémi coupoles, et/ou des sacs sous antéro-capital. Ces éléments sont anti-pronateurs, afin
de replacer et limiter les mouvements anormaux du pied, et donc, indirectement les
mouvements anormaux des articulations sus-jacents.
	
2.2.4 PODOLOGIE :
	
La course à pied jouit de plus en plus de popularité. L’augmentation du nombre de
pratiquants s’accompagne de l’augmentation du nombre de blessures. Chaque année, 30 à 70%
des coureurs sont victimes de blessure (Taunton et al., 2002a). L’une des possibilités de
traitement pour ces personnes blessées est le recourt à la podologie. En effet, 70 à 80% des
patients traités par semelles orthopédiques ont un traitement qui s’avère efficace (Eng &
Pierrynowski, 1993). Ce traitement par semelles orthopédiques réduit considérablement les
douleurs liées aux pathologies (Eng & Pierrynowski, 1993; Gross, Davlin, & Evanski, 1991; C.
L. MacLean, Davis, & Hamill, 2008; Mejjad et al., 2004; Vicenzino et al., 2008). Toutefois, le
mécanisme permettant la réduction de douleur n’est pas encore élucidé. La podologie est une
science paramédicale, qui a pour but le traitement des anomalies podales. De nos jours, le
diagnostic podologique ne se base plus simplement sur l’analyse du pied, mais s’intéresse
également à l’ensemble de l’appareil locomoteur, ainsi qu’à la colonne vertébrale (Dufour,
2012). L’examen podologique est divisé en différentes étapes. La première est appelée
22	
l’anamnèse complète, liée au mouvement ou à la posture. Cette étape est caractérisée par une
série de questions afin de mieux identifier les causes de la pathologie. L’étape suivante est le
bilan en décharge. Ici le patient est allongé sur une table de manipulation et le podologue va
pouvoir observer et identifier les défauts de mobilité articulaire ainsi que les anormalités des
membres inférieurs, comme les inégalités de longueur de membre inférieur. Le bilan statique
peut ensuite être effectué. Le patient doit se positionner en position de référence bipodale
(patella en position frontale). Le podologue peut donc examiner l’alignement des différents
segments du membre inférieur dans le plan frontal, et ainsi déterminer s’il existe un genu
valgum, varum ou physiologique. L’examen statique se termine par une observation de l’arrière
pied, afin de repérer si le calcanéum se situe dans l’axe du tibia, et de déterminer si le pied est
en valgus statique (pied plat), varus statique (pied creux) ou physiologique. Le dernier examen
est l’examen dynamique. C’est ici, que le podologue va s’intéresser à l’observation de la marche
ou de la course et aux différents mouvements qui y sont associés. Dans un premier temps
l’appui unipodal est analysé ainsi que les mouvements qui en découlent. Puis, le podologue
recherche la présence de désalignements articulaires comme des varus et valgus dynamiques
de pied ou de genou, des hyperpronations ou hypersupinations de pied, ainsi que d’autres
anomalies rotationnelles lors de la marche ou de la course en analysant chaque phase de la
locomotion, et plus particulièrement la phase d’appui. Enfin, l’étude de la chaussure est une
étape importante afin de déterminer si cette dernière a un impact dans les symptômes du patient.
Ici, l’ensemble des examens est qualitatif. Aucune valeur quantitative n’est apportée au
podologue. De plus en plus de cabinets s’équipent d’outils permettant l’apport de données
quantitatives. Ces outils sont principalement des tapis de pression et de force pour l’analyse des
phases dynamiques mais également des podoscopes pour l’observation des empreintes
plantaires lors de position statique. En revanche, peu voire aucun cabinet n’est équipé de
système optoélectronique afin de considérer le corps humain dans son ensemble et de produire
des données quantitatives sur la biomécanique de la locomotion. Le podologue après la
réalisation de l’ensemble de ces bilans, peut commencer la création de l’orthèse plantaire. Celle-
ci doit répondre à un cahier des charges datant du 6 décembre 1991 (Legagneux, 2014) : «
L’orthèse plantaire orthopédique doit être amovible, fabriquée sur mesure et doit pouvoir être
placée dans une chaussure de série. Elle est destinée à corriger la statique défectueuse du pied
ou une anomalie du relief plantaire, à envelopper et compenser les anomalies du pied, à corriger
tout déséquilibre statique et dynamique du sujet, en dessous de 20 mm et à soulager les appuis
plantaires douloureux ».
23	
Différentes techniques de confection d’orthèse plantaire existent. En accord avec le centre
Orthodynamica, seul les semelles thermoformées seront abordées (voir annexe 3) Celles-ci
représentent le parfait négatif du pied du patient, par l’utilisation d’un coussin emprunteur (voir
annexe 3). Dans un premier temps, la semelle thermoformable est chauffée puis positionnée
entre le pied et le coussin. La semelle va donc prendre la forme du pied, et lors de son
refroidissement conserver cette forme spécifique. Enfin, il faut ajuster la semelle en la ponçant
ou en y ajoutant des pièces en fonction de l’examen et des observations réalisées préalablement.
Généralement, les sujets pathologiques montrent une pronation ou une supination excessive du
pied (Eng & Pierrynowski, 1994; Mündermann, Nigg, Humble, & Stefanyshyn, 2003a;
Nawoczenski, Cook, & Saltzman, 1995), Ces excès produisent des tensions ou désalignement
articulaires sus-jacentes, par un phénomène en chaine (Eng & Pierrynowski, 1994; C. J. Nester,
van der Linden, & Bowker, 2003). Le podologue propose donc une paire de semelle
orthopédique adaptée à la pathologie du patient. Le but de cette dernière étant de réaligner les
centres articulaires et ainsi, réduire toute forme de tension pouvant être provoquée par le
désalignement articulaire. Eng & Pierrynowski ont démontré en 1994 que la semelle influence
la cinématique du genou. Une partie de notre travail est donc concentrée sur ce complexe
articulaire qui représente également la zone douloureuse en cas de SBIT.
2.2.5 CINEMATIQUE CHEZ DES SUJETS ATTEINTS DU SYNDROME DE LA
BANDELETTE ILIO-TIBIALE :
Plusieurs études ont été menées sur la cinématique de course chez des sujets présentant
le SBIT. Elles ont mis en évidence les différences entre les sujets sains et les sujets
pathologiques (Grau et al., 2008). Ces études n’intègrent qu’un genre au sein de leur protocole.
En effet, la cinématique de course entre hommes et femmes est différente. Les coureuses
présentent des pics supérieurs d’adduction et de rotation interne de hanche, et d’abduction de
genou. Des études ont montré que les coureuses porteuses du SBIT ou ayant des antécédents
du SBIT présentaient des valeurs supérieures du pic d’adduction de hanche et de rotation interne
de genou comparé à des coureuses saines (Ferber, Noehren, Hamill, & Davis, 2010b; Noehren
et al., 2007). Ces études n’ont pas montré de différences significatives dans la flexion du genou
entre les groupes sains et pathologiques. L’étude de Noerhen, Davis & Hamill en 2007, a été
réalisée sur un échantillon de 400 coureuses pendant deux ans. Le SBIT a été développé chez
24	
18 sujets. Ces 18 sujets ont été comparés à un public apparié sain. Les résultats sont en accord
avec ceux de Ferber, Noerhen, Hamill & Davis (2010). De plus ils ont montré que le groupe
SBIT réalisait moins d’éversion de l’arrière du pied en comparaison au groupe contrôle. Foch
& Milner, ( 2014) se sont intéressés à la cinématique chez des sujets du même genre. Leurs
résultats sont en contradiction avec les précédents : ils ont révélé que les femmes atteintes du
SBIT avaient une amplitude d’adduction de hanche plus faible lors de la phase d’appui que des
coureuses saines. D’autres auteurs ont confirmé ce constat (Foch & Milner, 2014; Grau et al.,
2008; Louw & Deary, 2014; Phinyomark et al., 2015). Foch & Milner ont remarqué également
une différence de positionnement du bassin qui pourrait influencer l’adduction de la hanche.
Cependant, il est à noter que les auteurs reconnaissent que lors de l’étude, plusieurs sujets du
groupe SBIT ne ressentaient plus de douleur depuis 4 semaines.
Miller, Lowry, Meardon, & Gillette, (2007) ont révélé que les coureurs hommes souffrants du
SBIT avaient une augmentation de la flexion du genou significative en comparaison au groupe
sain lors du contact initial du talon. En revanche, ils ont avancé que l’adduction de hanche était
similaire entre les groupes. Cette étude mettait en situation de fatigue les coureurs avant de
commencer les analyses. Grau et al., (2008) ont proposé une étude avec un groupe SBIT et
d’autres groupes appareillés au groupe SBIT mais sans pathologies (sexe, âge, taille). Il est
apparu que plus le groupe est appareillé plus les différences sont visibles. Ainsi, les auteurs ont
conclu que les sujets souffrants du SBIT avaient une cinématique différente des groupes sains.
Le groupe SBIT proposait un plus faible degré d’adduction de la hanche et une plus faible
éversion du pied lors du contact initiale. Toutefois, dans cette étude, les sujets se devaient de
courir pieds nus, et de réaliser un contact initial avec le talon. Or la course pieds nus selon la
revue de littérature de Jenkins & Cauthon, (2011), réduit la longueur de foulée, augmente le
nombre de foulées, réduit l’amplitude de mouvement de la hanche et du de genou. Les résultats
et la biomécanique de course dans cette étude ont donc pu être modifiés par ces facteurs.
Noehren et al., (2014) ont réalisé une seconde étude, cette fois sur un public masculin, toujours
en comparant un groupe SBIT et un groupe sain. Leurs résultats ont montré que le groupe SBIT
effectuait une rotation interne de hanche et une adduction de genou supérieure.
Phinyomark et al., (2015) ont effectué une étude sur la comparaison des 2 genres présentant le
SBIT à la course. Ils ont commencé leur revue par une critique de certaines études et notamment
celle de Foch & Milner (2014), qui concluait sur des résultats cinématiques en désaccord avec
d’autres études. Pour Phyniomark & al., il existait un biais dans le recrutement et surtout sur la
25	
pathologie des sujets, celui-ci pouvant largement influencer la cinématique de ces derniers. Ils
ont repris également la revue de Louw & Deary, (2014) et l’argument qui consiste à dire que
les résultats diffèrent selon les variables cinématiques et les différentes analyses. Selon eux, il
ne faut pas présélectionner des angles à certains instants de la foulée, mais analyser l’ensemble
du contenu, incluant la phase d’appui et la phase d’oscillation, et d’en interpréter ensuite les
résultats. Dans cette étude, nous retrouvons 48 coureurs présentant le SBIT (29 femmes et 19
hommes), et 48 coureurs sains (les groupes étant appariés en âge, taille, poids et vitesse de
course). Les résultats ont montré que les femmes et les hommes avaient une différence
significative de la cinématique de hanche, et notamment dans la rotation externe. D’autres
résultats ont été trouvé pour le complexe du pied dans le plan frontal et transverse, ainsi que
pour le genou dans le plan transverse et de la hanche dans le plan frontal (mais non significatif).
Chez les femmes (groupes SBIT et sain), des différences significatives ont été trouvées dans le
plan transverse pour la hanche et dans la rotation externe de hanche (pour le groupe SBIT). De
plus, les femmes avec le SBIT montraient une flexion de genou, une adduction et une rotation
interne du genou plus important en comparaison au groupe contrôle. Chez l’homme (groupe
SBIT et sain), les différences significatives reposaient sur le plan transverse pour l'angle du
pied lors des phases d’appui et d’oscillation, ainsi que dans le plan frontal pour l'angle de la
hanche lors de la phase d'oscillation (pour le groupe SBIT en comparaison au groupe sain). La
différence significative la plus importante a été trouvée pour la rotation interne du pied à 70-
72% du cycle de course. De plus, les hommes du groupe SBIT ont dévoilé une abduction du
genou plus importante lors de la phase d'oscillation, et ont manifesté une rotation interne de
hanche plus faible lors de la phase d'oscillation face au groupe d’homme sain. Enfin les hommes
du groupe SBIT ont présenté une adduction de la hanche inférieure lors de la phase d'oscillation
et avaient tendance à avoir une flexion de genou moins importante lors de la phase d'appui.
Ainsi, nous pouvons voir que la littérature sur la cinématique des sujets atteints du SBIT n’est
pas totalement en accord selon les variables considérées. En effet, les résultats et les
constatations effectuées sont controversés selon les auteurs. Les résultats de cinématique se
concentrent quasi essentiellement sur les articulations du genou et de la hanche dans les plans
transverse et frontal. Aucune étude ne s’est intéressée à la pathologie du SBIT associée au
traitement par semelle orthopédique. Il semble intéressant et pertinent de centrer notre analyse
sur les rotations maximales des plans transverse et frontal du genou et de la hanche associée
aux anomalies mécaniques dynamique du pied (pronation/supination) lors d’un traitement par
semelle orthopédique.
26	
3 PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES :
L’étude mécanique de la locomotion est primordiale à la compréhension de l’anomalie
ou de la pathologie. Ainsi, ceux sont ces facteurs biomécaniques qui vont intéresser le
podologue dans la création de la semelle orthopédique pour le traitement du patient. Le
diagnostic visuel permet de comprendre la mécanique néanmoins il ne permet pas de pouvoir
quantifier les angles articulaires lors de moments précis du cycle de locomotion. L’utilisation
de systèmes d’analyse 3D trouve donc son intérêt pour la podologie en apportant une précision
(quantitative) accrue. De plus, ces systèmes apporteraient des données quant aux différents
changements cinématiques produis par les semelles orthopédiques lors de différents
traitements. Le système VICONTM
permettrait de mieux appréhender l’impact cinématique de
la semelle orthopédique en phase dynamique. De ce fait, ces observations pourraient à terme
amener une amélioration de la prise en charge, en apportant plus de précision dans la conception
de la semelle orthopédique pour des pathologies distinctes. Les données fournies par l’analyse
quantitative du mouvement seraient donc une plus-value pour la podologie.
La présente étude propose d’aborder une pathologie précise, touchant quasi essentiellement les
coureurs à pied, le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, plus communément appelé syndrome
de l’essuie-glace. La revue de littérature a mis en évidence les connaissances relatives à la
cinématique des coureurs atteints de cette blessure. De plus, nous avons vu que la cinématique
est en grande partie influencée par le complexe articulaire du pied. C’est selon cette conception
que travaillent les podologues. En modifiant les mouvements et orientations du pied, ils
influencent les mécanismes sus-jacents. Ainsi, les semelles orthopédiques adaptées au
morphotype de chaque individu modifient probablement les paramètres cinématiques des
articulations de la cheville, du genou et de la hanche à la course chez des sujets blessés.
Ainsi, notre travail se portera sur la prise en charge du syndrome de la bandelette ilio-tibiale
par semelles orthopédiques.
Nous émettons l’hypothèse que le traitement orthopédique permet le traitement du SBIT en
modifiant les cinématiques articulaires et plus précisément la cinématique du genou. Ainsi,
l’analyse du mouvement serait un bénéfice pour les coureurs atteints du SBIT mais également
pour les podologues afin de mieux comprendre l’impact cinématique de leur traitement
provoquant la baisse de douleur et de contraintes physiques lors de la locomotion.
27	
Pour répondre à cette hypothèse, les objectifs sont d’étudier les modifications cinématiques du
complexe articulaire du genou (tibia, fémur), engendrées par le port de semelles orthopédiques
chez des coureurs atteints du SBIT, sur un traitement de 3 semaines. Ce délai permettra de
mettre en évidence l’évolution de la cinématique et de la douleur liée à la pathologie. Ainsi,
nous pourrons mettre en évidence le temps nécessaire à la mise en place des modifications
cinématiques induits par les semelles orthopédiques, 3 semaines étant la période empiriquement
retenue par la podologie.
4 MATERIELS ET METHODE
4.1 POPULATION
	
La population est composée de 7 coureurs de fond amateurs, ayant le syndrome de
l’essuie-glace et n’étant traités que par le traitement orthopédique.
Le recrutement s’est réalisé au sein même du centre, par l’aide des différents spécialistes mais
également par l’intermédiaire d’une lettre d’information (annexe 2) présentant l’étude et le
recrutement, visible par tous les patients du centre. De plus, une grande partie des clubs de
course et d’athlétisme de la région a été contactée afin d’étoffer le recrutement. Néanmoins
celui-ci s’est avéré particulièrement compliqué. En effet, pour l’étude, chaque sujet se devait
d’être porteur du SBIT (et ne pas présenter des antécédents de SBIT) et ne devait avoir
commencé aucun traitement pour cette blessure. Ainsi, 16 sujets ont été recrutés, 4 sujets n’ont
pas montré de troubles podaux, ne nécessitant aucune intervention podologique et ont donc été
exclus de l’étude. Douze sujets ont été inclus après examen clinique et 7 ont terminé l’étude.
Cinq sujets ne sont pas allés jusqu’au bout de cette dernière. Le sujet 3 a dû interrompre celle-
ci pour erreur médical. En effet, après l’obtention des semelles, un examen complémentaire
médical n’a pas révélé de SBIT mais plutôt une inflammation du muscle poplité. Le sujet 5 a
révélé une bursite associée à son SBIT. Il a donc été contraint de commencer un protocole de
mésothérapie en parallèle, l’excluant de l’étude. Le sujet numéro 9 a quitté l’étude en raison
d’une seconde blessure apparue lors d’une chute de ski. Les sujets 7 et 12 n’ont pu terminer
28	
l’étude ne pouvant se rendre au laboratoire lors de la dernière semaine.
Les caractéristiques des sujets sont présentées dans le tableau 1.
Critères d’inclusions :
Sujet ayant le syndrome de l’essuie-glace et ressentant une douleur vive à la course (douleur se
situant à 10 sur l’échelle EVA, obligeant l’arrêt de la course) ; les sujets ont plus de 20 ans pour
des raisons de croissance ; Les sujets couraient au moins une fois par semaine et plus de 15
kilomètres avant la blessure.
Critères d’exclusions :
Les sujets ne doivent effectuer ou avoir eu recours à aucun autre traitement en parallèle avec
celui proposé dans l’étude, pour le SBIT ; Les sujets ne doivent avoir aucunes autres blessures
de l’appareil locomoteur ; Les sujets n’ont pas subi d’opération lors des 12 derniers mois ; Les
sujets pratiquent une autre activité sportive régulière, type sport collectif, ou sport individuel
type tennis, les sujets ne doivent pas avoir subi une blessure lors des 12 dernières semaines ;
les sujets ne doivent pas avoir de bursite associée.
Tableau 1 : Récapitulatif des sujets
Sujet Age Taille (m)
Poids
(kg)
IMC Anomalie(s)
Arrêt de la
course
1 40 1,65 72 26,4 HP 10 min
2 25 1,81 70 21,4 HP 2,5 km
4 21 1,67 61 21,9 HP 7 km
6 34 1,76 66 21,3 HP 3 km
8 30 1,80 70 21,6 HP 12 min
10 32 1,77 71 22,7 HP 4 km
11 29 1,70 55 19 HP 4 km
HP : Hyper pronation
29	
4.2 METHODE
Cette étude a été réalisée chez des sujets pathologiques. Chaque sujet a répondu
positivement à l’appel à participation diffusé au niveau du centre Orthodynamica de la clinique
Mathilde. L’ensemble des sujets a subi le même protocole. Ils se sont d’abord rendus au centre
de locomotion de la clinique Mathilde, afin d’y recevoir une paire de semelle orthopédique
adaptée à leurs anormalités mécaniques après un examen podologique clinique, sans recours au
système VICONTM
. Chacun a donc reçu un diagnostic complet afin d’obtenir des semelles
orthopédiques spécifiques. Suite à cet examen podologique, chaque sujet s’est dirigé vers le
laboratoire d’analyse du mouvement afin d’y effectuer un test d’analyse du mouvement
quantitatif.
Le test biomécanique s’est déroulé de la manière suivante :
Le sujet est vêtu d’un short, de socquettes, et de baskets de course. Le sujet devra s’équiper
exclusivement de cette paire de basket au cours de l’étude d’une durée de 1 mois. Ainsi, chaque
analyse et chaque entrainement devra être réalisé avec ces baskets. Le sujet est ensuite équipé
de strappal sur l’ensemble des sites ou le sujet sera équipé de mires. Un marquage est réalisé
sur chaque strappal, sur la zone ou devra être collé la mire. De ce fait, si une mire se décolle
lors de l’enregistrement, sa position exacte sera retrouvée. Par conséquent, la mire sera replacée
au même endroit. Le sujet s’est ensuite échauffé 10 minutes sur le tapis roulant à différentes
vitesses (6 km/h, 8 km/h, 10 km/ et 12 km/h dans la mesure du possible). Cela permet au sujet
de s’échauffer, de se préparer à la phase d’acquisition et de se familiariser avec le tapis. Le
temps de familiarisation avec un tapis roulant est de 6 minutes (Lavcanska, Taylor, & Schache,
2005). À l’issue de cet échauffement, l’ensemble des mires a été positionné sur chaque site du
modèle défini, collé sur le strappal. Cela permet aux mires de ne pas se décoller avec le
phénomène de sudation. Le modèle choisi est le Plug-in-Gait (PiG). Vingt mires sont donc
positionnées sur le corps du sujet. Le positionnement des mires est réalisé par le même opérateur
au cours de cette étude sur l’ensemble des analyses. Les mesures anthropométriques du modèle
sont ensuite effectuées (masse, taille, longueur du membre inférieur, largeur du genou, largeur
de malléole) permettant la reconstruction biomécanique de l’ensemble poly-articulaire. Une
phase de calibration statique du sujet est ensuite effectuée afin de placer de manière précise
30	
l’ensemble des référentiels articulaires. Chaque sujet se positionne au milieu de la salle, debout,
de manière immobile (les bras levés) afin de labéliser les différentes mires positionnées sur le
corps, grâce à un enregistrement statique de quelques secondes. Le logiciel reconnaît d’abord
l’ensemble des mires, puis après une phase de labélisation réalisée manuellement, le logiciel
crée les segments, et reconstruit les centres articulaires de chaque articulation en fonction de la
position des mires et du modèle PIG. Chaque centre articulaire possède donc son référentiel
définit par rapport au référentiel du laboratoire. De plus, cet enregistrement statique permet de
réduire les mouvements de mires liés à la peau lors de la marche ou de la course, en calculant
les longueurs segmentaires. Chaque chaussure est contrôlée grâce à ce premier enregistrement.
Si cette dernière est réfléchissante, elle est recouverte de sparadrap, sans gêne pour le coureur,
afin de ne pas avoir de biais dans les acquisitions, en créant des artefacts. Une calibration
dynamique est ensuite réalisée afin de préparer l’acquisition des mouvements complexes,
comme à la course. La phase de calibration dynamique s’effectue au milieu de la salle
d’analyse. Le sujet doit effectuer une série de mouvements successifs : flexion/extension de
cheville droite, flexion/extension de genou droit, circumduction de hanche droite. Puis les
mêmes mouvements sont réalisés pour la jambe gauche. Lorsque les référentiels sont placés de
manière précise, la phase d’acquisition peut débuter. Ainsi, chaque sujet se positionne sur le
tapis roulant (Care, Crosser II) puis commence une course à 10 km/h. Après 3 minutes de
course, 3 acquisitions sont réalisées. Chaque acquisition a une durée de 10 secondes à la
fréquence de 240Hz. Le sujet peut ensuite descendre du tapis roulant. Après une pause de 5
minutes, sans avoir enlevé les mires, le sujet insère les semelles orthopédiques dans les baskets
de course et recommence le protocole à l’identique. A l’issue de cette première journée, le sujet
repart avec ses semelles orthopédiques et une fiche de suivi des entrainements (voir annexe 1).
Puis chaque semaine, à raison d’une fois par semaine, une analyse de course avec semelles
orthopédiques sera effectuée (dans les mêmes conditions vues précédemment) jusqu’à la fin du
protocole (3 semaines). Lors du traitement, le sujet doit réaliser au minimum 1 entrainement
par semaine et reporter la douleur ressentie au cours de la course sur une échelle EVA lors de
chaque sortie (figure 9). L’efficience de cette échelle est démontrée dans la littérature
(Burckhardt & Jones, 2003; Flandry, Hunt, Terry, & Hughston, 1991; Hawker, Mian,
Kendzerska, & French, 2011; Huskisson, 1974). Chaque sujet a dû remplir son test à chaque
entrainement. Ils ont donc eu connaissance de chacun de leurs résultats lors du mois de
traitement, la réglette étant graduée. Cette méthode a été préconisée au vu d’une étude réalisée
sur le long terme par Scott & Huskisson (1979), qui ont montré qu’une absence de critère visuel
sur les résultats engendrait une surestimation de la douleur ressentie. De plus, le temps de course
31	
(en min), la distance (en km) et la surface du sol devaient être mentionnées. Enfin, si une
douleur est apparue sans provoquer l’arrêt de l’effort, le temps de course où cette dernière s’est
manifestée doit apparaître.
La chronologie de l’étude est résumée ci-dessous, où S0 correspond à la première session
d’acquisition avec (JSS) et sans (J0) semelle ; J1 au test intermédiaire n°1 avec semelles ; J2
test intermédiaire n°2 avec semelles et J3 au test final avec les semelles.
Avant chaque test une calibration des caméras a été réalisée afin de s’assurer de la qualité des
enregistrements. Les différents artefacts présents sur chaque caméra ont été retirés.
Figure 9 : Échelle EVA (Boursier, 2003)
32	
Chronologie de l’étude :
S0 : Semaine 0 ; S1 : Semaine 1 ; S2 : Semaine 2 ; S3 : Semaine 3 ; JSS : Journée sans semelles ;
J0 : Journée 0 ; J1 : Journée 1 ; J2 : Journée 2 ; J3 : Journée 3
Recueil de données :
Dix cycles de course seront récupérés pour chaque sujet et pour chaque test sur la jambe blessée.
L’ensemble des acquisitions seront réalisées à 10km/h, afin d’éliminer toute différences
cinématiques dû à la vitesse. Ainsi 50 valeurs (par variable) pour les 5 tests seront récupérées
pour chaque sujet. Les valeurs angulaires maximales de rotation interne du tibia, du fémur et
d’adduction fémorale seront récupérées. Le plan frontal du genou n’est pas étudié ici. En effet,
ce plan n’offre que quelques degrés de mouvement, qui ne seraient pas interprétable au vu du
degré de précision du système (1° et de la répétabilité des mesures intersessions (5 à 6° de
variations d’une session à une autre pour les plans frontal et transverse) (Alenezi, Herrington,
Jones, & Jones, 2016). Les variables récupérées los des tests dynamiques se réduiront à la phase
d’appui. En effet, plusieurs auteurs avancent dans leur étude, que l’impact d’une semelle ne se
répercute que lors de la phase d’appui (Eng & Pierrynowski, 1994; Mündermann, Nigg,
S0
• JSS : Analyse de course sans semelles
• J0 : Analyse de course avec semelles
S1
• J1 : Analyse de course avec semelles
S2
• J2 : Analyse de course avec semelles
S3 • J3 : Analyse de course avec semelles
33	
Humble, & Stefanyshyn, 2003b; Nawoczenski et al., 1995). De plus, plusieurs études ne se
focalisent que sur les premiers 60% de la phase d’appui. En effet, c’est ici que se produit le
maximum d’éversion du pied et de rotation interne de tibia (Eslami et al., 2009; McClay &
Manal, 1998). C’est donc lors de cette période que les rotations internes de genou seront les
plus importantes (le pic de rotation externe étant lors du contact initial entre le talon et le sol,
la jambe étant tendue).
Cette phase d’appui sera déterminée selon une technique se basant sur les positions des
marqueurs à des instants « t ». En effet, ne disposant pas de plateforme de force dans le
laboratoire d’analyse du mouvement, nous devrons faire appel à une méthode différente. Celle-
ci, se basera sur les positions de mires du talon et de la seconde tête métatarsienne. Ainsi, le
contact initial sera défini à la position verticale minimale de la mire du talon. Le décollement
des orteils, symbole de la fin de la phase d’appui, sera défini à la position verticale minimale
de la mire de la seconde tête métatarsienne (Fellin, Rose, Royer, & Davis, 2010).
4.3 MATERIELS
Pour les manipulations un système optoélectronique VICONTM
présent au laboratoire
d’analyse du mouvement de la société Orthodynamica a été utilisé, associé à sa plateforme de
course de 20m, équipée d’un revêtement antidérapant. Le VICONTM
est un système permettant
l’analyse du mouvement, en captant les trajectoires spatiales de marqueurs positionnés sur la
peau du sujet, grâce à différentes caméras infrarouges, avec une précision au degré. Aujourd’hui
le système VICONTM
est reconnu comme étant le système le plus précis pour l’analyse du
mouvement (Carse et al., 2013). C’est la référence dans l’analyse du mouvement. Les
marqueurs ont une place importante dans ce système, car ils permettent le suivi segmentaire par
les caméras. Il existe 2 types de mires, les marqueurs passifs et actifs. Chacun présentant ses
points positifs et négatifs. Un système de marqueurs passifs plus adaptés aux analyses de
marche et de course (Lepoutre, 2007) sera utilisé. Ces marqueurs passifs sont des petites mires
rétro-réfléchissantes de 14mm de diamètre, qui renvoient les rayons infrarouges de chaque
caméra vers sa position d’émission.
Le système VICONTM
dispose de 14 caméras (6 Vantage V5, 6 Bonita B10, 2 DV) disposées
34	
sur les murs de la salle (figure 10). Deux caméras DV sont positionnées en bout et milieu de
salle. L’ensemble des caméras infrarouge est positionné à une hauteur de 2 mètres du sol, les 2
DV sont à 1 mètre du sol.
Les caméras Bonita V5 ont une fréquence d’acquisition de 420 images par seconde avec une
résolution de 5 mégapixels. Les caméras Bonita B10 ont une fréquence de 250 images par
seconde avec une résolution à 1 mégapixel. Les caméras sont directement fixées au mur. Cela
permet d’empêcher le mouvement de ces dernières. Néanmoins elles peuvent être amenées à
subir des vibrations. Dans ce cas, 6 de ces caméras sont équipées de détecteur et de LED
permettant de signaler par un clignotement le déplacement de cette dernière. Dans ce cas, une
calibration des caméras est à refaire. Cette calibration s’effectue grâce à un outil de calibration,
la baguette Wand 2 (équipée de 5 LEDS). Après une phase de balayage de l’espace
d’acquisition, une calibration statique doit être effectuée afin de définir (pour le logiciel) le
repère du laboratoire et régler le positionnement des caméras les unes par rapport aux autres
dans l’espace. Pour les enregistrements le modèle de placement de mire du PIG (figure 11) a
été choisi. Il retient les reliefs osseux suivants : épines antéro-supérieures iliaques ; épines
postéro-supérieures ; épicondyles internes et épines externes fémoraux ; malléoles internes et
externes ; 2
eme
têtes métatarsiennes ; Talons ; Cuisses externes sur l’alignement entre
l’épicondyle externe du genou et le grand trochanter ; Jambes externes sur l’alignement entre
l’épicondyle externe et la malléole externe.
Figure 10: Placement des caméras avec sujet en pleine course
35	
Ce modèle de positionnements permet d’obtenir une reconstruction biomécanique des membres
inférieurs sur le logiciel Nexus et de déterminer les rotations de genou en fonction de la rotation
du tibia par rapport au fémur, et de la hanche en fonction du fémur par rapport au bassin.
De plus, lorsque le référentiel est créé, le logiciel, attaché au PIG, utilise les angles d’Euler.
Rappelons que les angles d’Euler représentent trois rotations successives selon des axes
anatomiques. Ces rotations sont définies selon des matrices de rotation, représentées ici par le
produit de 3 matrices de rotation mono-axiale. Ainsi, la séquence de rotation définit le plan
dans lequel s’effectuera la première, puis la seconde et enfin la dernière rotation. Le choix est
très important car il modifie les angles de manière significative (Karduna, McClure, &
Michener, 2000; McGill, Cholewicki, & Peach, 1997; Woltring, 1994). En effet, la première
rotation associée au premier plan sera la plus précise alors que pour les 2 autres plans, la marge
d’erreur augmente progressivement. La séquence de rotation du PIG est une séquence X (plan
sagittal) puis Y (plan frontal) puis Z (plan transverse). Celle-ci apporterait donc une faible
précision sur les angles de rotation du plan transverse.
Enfin, pour l’analyse cinématographique utilisant les angles d’Euler, la précision des angles
articulaires est jugée bonne lorsque les angles ne dépassent pas 1 radian (57,29°). Au-delà, il
s’opère une baisse de la qualité des calculs d’angles. Le PIG calculant dans un premier temps
Figure 11 : Modèle du plug-in-gait
36	
le plan sagittal et donc la flexion, obtient des valeurs qui peuvent excéder les 57,29°. Ces degrés
d’angulation seront obtenus uniquement sur la phase d’oscillation qui ne concerne pas cette
étude.
Les données sont ensuite traitées grâce au logiciel Polygon®. Celui-ci a permis d’obtenir
l’ensemble de courbes articulaires dans les 3 plans de l’espace et ainsi le recueil des données
quantitatives souhaitées dans les plan frontal et transverse des genoux et hanches.
L’ensemble des semelles réalisées ici sont anti-pronatrices (voir annexe), avec un bord anti-
pronateur.
4.4 STATISTIQUES
	
L’ensemble du traitement statistique a été réalisé par le logiciel SPSS V17 (Inc, IL,
USA). Le seuil de significativité est fixe à p<0.05.
Dans un premier temps, les résultats des tests EVA sont analysés afin d’étudier l’évolution de
douleur en fonction du temps sur les 3 semaines du protocole.
Les pics de rotations articulaires, lors des phases d’appui ont été recueillis (les rotations du plan
transverse du genou, les rotations des plans transverse et frontal de la hanche).
Les changements cinématiques opérés par le port de la semelle au cours du temps ont été
comparés par une ANOVA à mesure répétée. Un test de corrélation entre les variables et le
delta de douleur au cours du temps a été réalisé.
Pour l’ensemble des variables, la normalité et l’homogénéité des valeurs ont été vérifiées par
les tests de Shapiro&Wilk et celui de Levene. Ces tests ont permis de comparer les résultats
inter-session et de déterminer le temps d’adaptation cinématique aux semelles orthopédiques
des coureurs pour les différentes articulations.
37	
5 RESULTATS
Une analyse des tests EVA fut effectuée.	Le tableau 2 regroupe les résultats issus de
l’EVA.	
	
Les résultats ont mis en évidence une réduction moyenne de 83% de la douleur à 3 semaines de
traitement. De façon individuelle tous les sujets ont montré une réduction de douleur à la course
avec une disparition totale de la douleur à 3 semaines pour les sujets 2, 8 et 11. La réduction de
douleur là moins marquée concerne le sujet 6 avec une réduction contenue à 60%.
	
	
Tableau 2: Moyenne des tests EVA
Sujets S0 JSS S0 J0 S1 J1 S2 J2 S3 J3
% de
réduction à 3
semaines
1 10 10 5 4 3 -70%
2 10 10 0 0 0 -100%
4 10 10 2 6 2 -80%
6 10 10 2 2,5 4 -60%
8 10 10 0 7 0 -100%
10 10 10 6 8 3 -70%
11 10 10 0 6 0 -100%
	 	 	 	 	
-83%
S0 : Semaine 0 ; S1 : Semaine 1 ; S2 : Semaine 2 ; S3 : Semaine 3 ; JSS : Journée sans
semelles ; J0 : Journée 0 ; J1 : Journée 1 ; J2 : Journée 2 ; J3 : Journée 3
38	
Les tableaux 3, 4 et 5 présentent les résultats de rotation de genou dans le plan transverse, et les
rotations de hanche dans le plan transverse et frontal. Dans les colonnes « J », les rotations
internes sont exprimées négativement. À l’inverse, les rotations externes sont exprimées
positivement. De même, les adductions sont exprimées négativement et les abductions
positivement. Les signes des colonnes « différence » représente un gain ou une perte de pic de
rotation à l’issu des 3 semaines de traitement. De plus, les colonnes rouges montrent un gain de
pic de rotation interne ou d’adduction. Les colonnes vertes montrent une perte.
Tableau 3 : Rotation de genou dans le plan transverse a la course (exprime en degrés)
* : Différences significative entre JSS et J3 ; en rouge : Augmentation du pic de rotation ; en
vert : Diminution du pic de rotation
Pour les pics de rotations du plan transverse du genou, une différence significative a été
observée chez l’ensemble des sujets entre JSS et J3 mais de façon opposée : 4 sujets ont réduit
leur pic de rotation interne de genou (PRIG) à la course, alors que 3 sujets ont augmenté la
valeur de cette dernière.
Sujets	 JSS	 J0	 J1	 J2	 J3*	
Différence	
à	3	semaines	
1	 -4,43°	 -4,43°	 21°	 14,48°	 21°	 +25,43°	
2	 -5,25°	 -5,88°	 -0,41°	 14,03°	 16,19°	 +21,44°	
4	 26,89°	 28,85°	 7,65°	 12,17°	 18,92°	 -7,97°	
6	 15,25°	 11,26°	 40,37°	 8,2°	 21,24°	 +5,99°	
8	 7°	 4,58°	 3,14°	 3,47°	 -0,57°	 -7,57°	
10	 7°	 7,05°	 14,55°	 7,61°	 -0,71°	 -7,71°	
11	 39,86°	 39,53°	 16,66°	 18,12°	 9,86°	 -30°
39	
Tableau 4 : Rotation de hanche dans le plan transverse a la course (exprime en degrés)
* : Différences significative entre JSS et J3 ; en rouge : Augmentation du pic de rotation ; en
vert : Diminution du pic de rotation
Les résultats des rotations du plan transverse de la hanche ont montré une réduction de la
rotation maximale interne de hanche (RMIH) chez 6 sujets. Seul le sujet 6 a montré une
augmentation de sa rotation maximale interne. Les différences sont significatives entre JSS et
J3.
Tableau 5 : Rotation de hanche dans le plan frontal a la course (exprime en degrés)
Sujets	 JSS	 J0	 J1	 J2	 J3	
Différence	
à	3	semaines	
1	 11,07°	 14,51°	 20,22°	 13,12°	 7,8°	 -3,27°	
2	 9,74°	 7,45°	 8,5°	 9,74°	 7°	 -2,74°	
4	 8,85°	 9,6°	 13°	 10,4°	 9,01°	 0,16°	
6	 9,96°	 5,98°	 8,14°	 7,99°	 8,15°	 -1,81°	
8	 10,67°	 11,31°	 8,53°	 8,53°	 9,07°	 -1,6°	
10	 6,43°	 6,31°	 7,76°	 5,5°	 11,48°	 5,05°	
11	 20,02°	 22,69°	 21,63°	 18,82°	 20,16°	 0,14°	
En rouge : Augmentation du pic de rotation ; en vert : Diminution du pic de rotation
Sujets	 JSS	 J0	 J1	 J2	 J3*	
Différence	
à	3	semaines		
1	 1,09°	 11,81°	 11,94°	 1,78°	 -4,94°	 -6,03°	
2	 17,25°	 18,19°	 16,24°	 6,43°	 14,5°	 -2,75°	
4	 22,39°	 16,01°	 1,14°	 3,44°	 8,08°	 -14,31°	
6	 4,99°	 9,64°	 10,28°	 13,92°	 17,83°	 +12,84°	
8	 20,55°	 23,38°	 32,31°	 17,84°	 16,36°	 -4,19°	
10	 16,58°	 16,09°	 -6,77°	 17,85°	 14,09°	 -2,49°	
11	 21,12°	 10,26°	 10,12°	 13,81°	 19,24°	 -1,88°
40	
Les résultats de rotation de hanche dans le plan frontal ont fait apparaître une réduction de
rotation maximale d’adduction de hanche (RMAH) chez 4 sujets, une augmentation chez un
sujet (sujet 10) et une stabilité rotatoire chez 2 sujets. Les résultats n’ont pas montré de
changement significatif au cours du traitement.
Tableau 6 : Récapitulatif des pics de rotations genou et de hanche a 3 semaines de traitement
Sujets	 GROT	 HROT	 HADD	 EVA	
1	 +25,44°	 -6,03°	 -3,27°	 -30%	
2	 +21,44°	 -2,75°	 -2,74°	 -100%	
4	 -7,97°	 -14,31°	 0,16°	 -80%	
6	 +5,99°	 +12,84°	 -1,81°	 -60%	
8	 -7,57°	 -4,19°	 -1,6°	 -100%	
10	 -7,11°	 -2,49°	 +5,05°	 -70%	
11	 -30°	 -1,88°	 0,14°	 -100%	
En rouge : Augmentation du pic de rotation ; En vert : Diminution du pic de rotation ;
En gris : Pas de changement
L’ensemble des résultats rotatoires a indiqué une réduction majoritaire des maximums de
rotation dans les différents plans. Le plan transverse du genou est le plus impacté, avec 4
réductions de rotation maximale et 3 augmentations. Le plan transverse de la hanche dévoile
lui de manière presque exclusive une réduction des maximums de rotation. Enfin, le plan frontal
montre majoritairement une réduction d’adduction maximale avec une seule augmentation
contenue à 5°.
À la suite des résultats de donnée angulaire du plan transverse de la hanche le delta EVA a été
calculé entre JSS et J3. Puis nous avons établi le delta des données angulaires entre JSS et J3.
Ainsi, un test de corrélation de Spearman a été effectué.
41	
Tableau 7 : Delta de réduction pour la rotation interne de hanche (entre JSS et J3) et le delta de
baisse de douleur sur l’échelle EVA (JSS et J3)
	
Sujets	
Données	angulaires	
de	hanche	
EVA	
1	 -6,03°	 -7	
2	 -2,75°	 -10	
3	 -14,31°	 -8	
4	 12,84°	 -6	
5	 -4,19°	 -10	
6	 -2,49°	 -7	
7	 -1,88°	 -10	
Aucune corrélation significative n’a été constatée entre le delta angulaire de rotation fémorale
(JSS et J3) et le delta de résultats EVA (JSS et J3) (r = 0,20 ; p-value = 0.65).
42	
6 DISCUSSION :
L’analyse de la course sans et avec semelles orthopédiques chez des sujets atteints du syndrome
de la bandelette ilio-tibiale nous a permis d’obtenir des informations quantitatives, et de
répondre à certaines interrogations, mais aussi de soulever de nouvelles interrogations.
L’analyse du mouvement grâce au système VICONTM
, a permis d’accroitre les connaissances
quant à l’effet cinématique de la semelle orthopédique à la course chez des sujets atteints du
SBIT. Notre hypothèse de travail était de traiter le SBIT par la mise en place de semelles
orthopédiques afin d’impacter la cinématique de course et plus spécifiquement celle du genou,
zone de retentissement de la douleur. Ainsi, l’analyse 3D de course devait présenter une plus-
value pour le podologue. Nous avions défini comme premier objectif de quantifier les effets de
la semelle sur la cinématique du complexe articulaire du genou lors de la course à pied. De plus,
nous proposions un suivi sur 3 semaines afin de suivre l’évolution cinématique et de douleurs
induit par le port de la semelle orthopédique.
Il est important de rappeler que l’ensemble de nos sujets présente un SBIT lors de l’étude, et
que l’intégralité des sujets montre une hyperpronation à la course. Plusieurs sujets (n=4) n’ont
pu être inclus dans l’étude car ils ne présentaient pas de troubles podaux. Ainsi, 12 sujets ont
pu commencer l’étude avec un syndrome de l’essuie-glace identifié et une hyperpronation
constatée. Par conséquent, l’excès de pronation podale pourrait être un facteur de risque
favorisant l’apparition du SBIT, contrairement aux conclusions de différentes études qui n’ont
pas considéré ce facteur comme risque (Ferber et al., 2010a; Grau et al., 2008; Noehren et al.,
2007). Tout d’abord, les résultats ont montré un effet significatif des données angulaires entre
JSS et J3 pour l’ensemble des variables du plan transverse. Le plan frontal n’a pas montré de
différences significatives au cours du traitement malgré les variations angulaires. Les résultats
du plan transverse sont en accord avec la période de 3 semaines retenue par les podologues pour
l’adaptation biomécanique lors de traitement orthopédique. Les semelles orthopédiques
provoquent donc une modification articulaire à la course, et notamment pour le plan transverse.
Nous pouvons affirmer que les semelles orthopédiques ont un réel intérêt dans le traitement du
SBIT chez nos sujets, en réduisant les douleurs de manière conséquente. En effet, l’ensemble
43	
de nos sujets a montré une réduction moyenne de 83% de la douleur à 3 semaines de traitement.
Le sujet 6 a signifié au bout de 3 semaines la réduction de douleur la moins importante, avec
une estimation de 4 sur l’échelle EVA. Ce dernier, a présenté une réduction de 60% de sa
douleur. Selon Crossley et al. (2004), une réduction de 2cm sur l’échelle EVA permet de valider
l’effet d’un traitement ; une réduction de plus de 4 cm dévoile un effet positif du traitement.
Nous pouvons donc affirmer que la semelle orthopédique provoque une amélioration
conséquente sur la douleur engendrée par le SBIT au bout de 3 semaines de traitement. De plus,
l’analyse du mouvement réalisée chez le sujet 6 a révélé que son volant rotatoire externe de
hanche n’avait pas évolué autant que pour les autres sujets. Ici, l’analyse 3D apporte de
nouvelles informations jusqu’alors indisponible au podologue qui permettraient d’améliorer la
semelle de ce sujet. L’ensemble des sujets a réduit sa cotation douloureuse d’au moins 6cm.
Par conséquent, l’analyse des données angulaires est justifiée afin de déterminer si la réduction
des rotations maximales de hanche et de genou dans les différents plans est liée à la réduction
de la douleur.
Notre objectif premier concernait l’analyse des rotations maximales internes (plan transverse)
du genou lors de la phase d’appui. En effet, plusieurs études ont montré que les sujets atteints
du SBIT avaient une rotation interne du genou plus importante que les sujets sains (Ferber et
al., 2010b; Noehren et al., 2007). Ainsi, additionné aux hyper-pronations podales, l’excès de
rotation interne du genou semblerait être un facteur de risque évident du SBIT. En effet, il est
démontré que l’excès de pronation du pied entraine une rotation interne du tibia (Coplan, 1989;
DeLeo et al., 2004; Dugan & Bhat, 2005; Eng & Pierrynowski, 1993; Hintermann & Nigg,
1998). Nous pensions réduire les maximums de rotation interne du genou, comme décrit dans
la littérature (Cornwall & McPoil, 1995; C. MacLean, McClay Davis, & Hamill, 2006;
Nawoczenski et al., 1995) en corrigeant l’hyper-pronation par l’utilisation de semelles
orthopédiques. Nos résultats ont mis en évidence une certaine variabilité dans les réductions de
rotation interne du genou. En effet, 4 sujets ont réduit leur pic de rotation interne de genou, en
revanche 3 l’ont augmenté. Les 3 sujets ayant augmenté leur pic de rotation interne de genou
(sujet 1, 2 et 6) ont reporté des réductions de douleur de 3, 0 et 4 sur l’échelle EVA à 3 semaines.
La douleur ressentie moyenne pour ce groupe est donc de 2,33/10 à 3 semaines de traitement.
Les sujets 4, 8, 10, 11 ont réduit leurs pics de rotation interne à la course et ont reporté une
douleur moyenne de 1,25/10 sur l’échelle EVA à 3 semaines de traitement. Réduire le pic de
rotation interne de genou pourrait donc être un facteur favorisant la réduction de douleur pour
44	
le SBIT. Néanmoins, la semelle orthopédique n’a pas réduit l’ensemble des pics de rotation
interne comme nous l’espérions. Il est établit que l’excès de pronation impacte la rotation tibiale
interne en augmentant cette dernière (Coplan, 1989; DeLeo et al., 2004; Dugan & Bhat, 2005;
Eng & Pierrynowski, 1993; Hintermann & Nigg, 1998). Toutefois, cette hyperpronation produit
également des changements rotatoires au niveau de la hanche, en augmentant la rotation interne
du fémur (Souza et al., 2009). Le pic de rotation interne de hanche a été examiné en 2014 chez
des sujets atteints du SBIT : il a été constatée une rotation interne fémorale plus importante
dans le groupe blessé par rapport au groupe sain (Noehren et al., 2014). Nos résultats ont révélé
une réduction du pic de rotation interne de hanche chez 6 sujets, contre une augmentation de
celle-ci chez un seul (sujet 6). Le sujet 6 a montré une augmentation de ce pic de 12,84°.
Rappelons que ce sujet a également augmenté son pic de rotation interne de genou (+5,99°).
Son résultat EVA à 3 semaines de traitement est le plus élevé face au reste du groupe, avec une
échelle évaluée à 4 sur 10. Ce résultat ne serait pas lié à l’augmentation de sa charge
d’entrainement. En effet, le sujet 6 a augmenté sa durée de course de 25 minutes au cours du
traitement. Les 6 autres sujets ont augmenté leurs charges d’entrainement d’une durée moyenne
de 22,83 minutes, avec des augmentations de plus de 30 minutes pour 2 sujets. Ainsi, les 6
autres sujets ayant réduit leurs pics de rotation interne de hanche ont montré un résultat moyen
de 1,33 sur l’échelle EVA. La réduction du pic de rotation interne de hanche apparaît être un
facteur de réduction de douleur dans le traitement du SBIT. La semelle orthopédique correctrice
de l’excès de pronation viendrait réduire le pic maximum de rotation interne de hanche. Ces
résultats sont dans la continuité de l’étude réalisée par Resende et al. en 2015, qui ont constaté
une augmentation de la rotation interne de hanche lors de la phase d’appui de la marche en
utilisant des semelles augmentant la pronation (Resende et al., 2015). Ainsi, la réduction de la
rotation interne fémorale, pourrait avoir un impact sur les résultats de rotation du genou (tibia
par rapport au fémur).
Enfin, il semble intéressant au vu de la littérature de s’intéresser aux rotations de hanche dans
le plan frontal même si nos résultats n’ont pas montré de significativité à l’issue des 3 semaines
de traitement. En effet, Noehren et al., ont mis en évidence que quelques degrés d’adduction
pouvaient provoquer le SBIT (Noehren et al., 2007). De plus, différentes études ont reporté une
adduction de hanche plus importante chez les sujets atteints du SBIT (Foch & Milner, 2014;
Grau et al., 2008; Louw & Deary, 2014; Phinyomark et al., 2015). Ce mouvement viendrait
mettre en tension la bandelette et favoriserait les processus douloureux de la blessure que sont
la friction et la compression (Baker & Fredericson, 2016). Nous avons observé une réduction
45	
du pic d’adduction de hanche chez 4 sujets (diminution moyenne de 2,35°), une augmentation
chez un sujet (sujet 10 avec augmentation de 5,05°) et une stagnation chez 2 sujets. Le sujet 10
a évalué son ressenti de douleur à 3 sur l’échelle EVA après 3 semaines de traitement.
L’augmentation de 5,05° en adduction de hanche du sujet 10 pourrait influencer la douleur
ressentie à 3 semaines. En effet, au vu de nos observations sur les rotations de genou et de
hanche, ce dernier ayant réduit ces 2 pics de rotation, nous pourrions penser que sa douleur
serait évaluée à 0/10 à 3 semaines de traitement. Néanmoins, l’augmentation de son pic
d’adduction de hanche pourrait être le facteur empêchant la disparition totale de douleur.
Considérons l’ensemble des résultats. Seul le sujet 8 a montré une réduction de l’ensemble de
ses variables avec une baisse de 7,57° de son pic de rotation interne de genou, 4,19° de son pic
de rotation interne de hanche et une réduction de 1,6° de son pic d’adduction de hanche. De
plus, son évaluation EVA est de 0 /10 à 3 semaines de traitement. La réduction de ces 3 variables
angulaires pourrait donc être la clé d’un traitement réussi. Deux autres sujets (Sujet 2 et sujet
11) ont réduit leur douleur de 100%. Le sujet 2 a réduit sa rotation interne de hanche et son
adduction de hanche mais a augmenté sa rotation de genou. Le sujet 11 a réduit sa rotation
interne de genou et de hanche et n’a montré aucun changement de rotation sur l’adduction de
hanche. Ainsi, le facteur le plus influant sur la réduction de douleur semblerait être la réduction
du pic de rotation interne de hanche. Cet avis est en accord avec les constats de Noehren et al.,
en 2014 (Noehren et al., 2014). La réduction du pic de rotation interne de genou serait
également un facteur a considéré comme l’ont souligné de nombreux auteurs (Ferber et al.,
2010a; Grau et al., 2008; Noehren et al., 2007, 2014). Le pic d’adduction de hanche semble être
un facteur influant de la douleur. En effet, malgré sa faible variation, sa réduction ou son
augmentation semblerait induire des changements dans le ressenti de douleur de nos sujets. Les
sujets 1 et 2, malgré une augmentation de la rotation interne de genou, ont montré tout 2 une
réduction d’adduction (et de la rotation interne de hanche). De même le sujet 6, a exposé une
augmentation de sa rotation interne de genou et de hanche. Néanmoins il a montré une réduction
de 60% de sa douleur. Ce sujet a également dévoilé une baisse d’adduction de hanche, qui
pourrait donc être l’un des acteurs de la baisse de douleur. Enfin, le sujet 10 a montré une
réduction de sa rotation interne de genou et de hanche mais montre une augmentation de son
adduction de hanche. Son échelle EVA est évaluée à 3 au bout des 3 semaines de traitement.
Ainsi, l’augmentation de l’adduction de hanche pourrait être le facteur limitant de la réduction
de douleur.
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Damien dodelin - mémoire master 2 staps

  • 1. Mémoire MASTER STAPS Deuxième Année « Science et Techniques des Activités Physiques et Sportives » Parcours Evaluation et Optimisation de Performance Spécialité : Activité Physique Adaptée Année 2016-2017 Impact des orthèses plantaires sur les coureurs à pied atteints du syndrome de la bandelette ilio-tibiale. ____________________________________________________________ Présenté par : Damien Dodelin Tuteur en structure : M. Held Sous la direction de : Pr C. Tourny (PU) & Dr M. L’Hermette (MCF)
  • 2. REMERCIEMENTS Je tiens dans un premier temps à remercier mon tuteur de stage Éric Held qui m’a permis de réaliser ce projet de recherche en m’accordant sa confiance. Ce dernier m’a donné la chance de travailler sur un système VICONTM , mais aussi de découvrir le monde de la podologie et de la semelle orthopédique, mais plus précisément d’approfondir mes connaissances sur la mécanique de la locomotion et de la course. Ce stage dans sa structure Orthodynamica m’a permis de découvrir des domaines encore très peu aborder en STAPS. Enfin, ce stage, m’a permis de me conforter dans l’idée de poursuivre dans cette voie et ce domaine dans les années futures. Je tiens également à remercier l’ensemble de l’équipe Orthodynamica, qui ont su répondre présent à chaque questionnement lors de ce stage. De plus je tiens à remercier Claire Tourny et Maxime L’Hermette, qui m’ont permis de concevoir ce mémoire, et de me faire comprendre la méthodologie et le raisonnement à adopter pour la réalisation de ce dernier. Je remercie également Charlotte Menez sans qui je ne saurais utiliser le système VICON aujourd’hui. Elle a su m’apporter un grand nombre de connaissances sur le logiciel ainsi que sur les manipulations. J’exprime enfin toute ma reconnaissance aux personnes qui m’ont apporté leur aide ou leur présence dans la réalisation de ce mémoire.
  • 3.
  • 4. SOMMAIRE Remerciements .................................................................................................................. 2 1 Introduction ................................................................................................................. 1 2 Revue de Littérature .................................................................................................... 4 2.1 Généralités de la bandelette ilio-tibiale et anatomie ......................................................... 4 2.1.1 La bandelette ilio-tibiale : .................................................................................................. 4 2.1.2 Articulations des membres inférieurs : ............................................................................. 6 2.1.3 Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale. ......................................................................... 8 2.1.4 Etiologie : ........................................................................................................................... 9 2.1.5 Conséquences et examen clinique : ................................................................................ 11 2.1.6 Facteurs et causes : ......................................................................................................... 12 2.1.7 Traitements ..................................................................................................................... 13 2.2 Course et cinématique ..................................................................................................... 14 2.2.1 La course .......................................................................................................................... 14 2.2.2 la cinématique ................................................................................................................. 16 2.2.3 Influence de la cinématique podale : .............................................................................. 19 2.2.4 Podologie : ....................................................................................................................... 21 2.2.5 Cinématique chez des sujets atteints du syndrome de la bandelette ilio-tibiale : .......... 23 3 Problématique, objectifs et hypothèses : ................................................................... 26 4 Matériels et méthode ................................................................................................ 27 4.1 Population ....................................................................................................................... 27 4.2 Méthode .......................................................................................................................... 29 4.3 Matériels ......................................................................................................................... 33 4.4 Statistiques ...................................................................................................................... 36 5 Résultats .................................................................................................................... 37 6 DISCUSSION : ............................................................................................................. 42 7 Conclusion ................................................................................................................. 51 8 Bibliographie : ............................................................................................................ 51 9 Tables des illustrations et tableaux ............................................................................ 59
  • 5. 1 1 INTRODUCTION Dans le cadre de ma deuxième année de master EOP, un stage de 12 semaines doit être réalisé, celui-ci permettant de nous professionnaliser et de nous apporter une approche plus pratique des connaissances développées en cours. De ce fait, j’ai pu trouver un stage auprès d’Éric Held, podologue au sein du pôle locomoteur de la clinique Mathilde, au sein de la structure Orthodynamica. Le pôle locomoteur, étant installé dernièrement au sein du nouveau bâtiment Mathilde 2, dispose d’un étage entier. Ainsi, Éric Held et ses collaborateurs, y ont installé la société Orthodynamica, société paramédicale orthopédique, d’appareillage et de réhabilitation. De plus, un laboratoire d’analyse du mouvement a également été installé, avec notamment un système d’analyse 3D VICONTM (Biometrics, Oxford UK) et des plateformes de pression ZEBRISTM (Isny im Allgäu, Germany). Souhaitant développer des projets de recherche sur l’impact des semelles orthopédiques en phase dynamique (marche et course), M. Held a décidé de faire appel à des étudiants de Master de l’Université STAPS de Rouen. Ainsi, j’ai eu la chance de pouvoir intégrer ce projet, Aujourd’hui, l’activité physique a pris une part importante dans la vie des individus. Bon nombre de français pratique une activité physique régulière, et même si le pourcentage de pratiquant est en baisse, il reste, selon une enquête Eurobaromètre de 2009, près de 43% des plus de 15 ans qui pratiquent une activité physique au moins une fois par semaine. Cette augmentation est très certainement liée à l’apparition, au fil des années, d’un avis médical très favorable à l’activité physique (ACSM’s Primary Care Sports Medicine, 2007). La course à pied est une activité physique à la portée de tous et facile d’accès. Il existe aujourd’hui différentes formes de course à pied en fonction de la distance mais aussi de la surface sur laquelle la course s’effectue (jogging, course sur route, cross-country, trail, course d’orientation). Ces différentes formes de course sont ouvertes à tous. Le nombre de pratiquants ne cesse d’augmenter. Néanmoins, du fait de la liberté de la pratique et de l’accès souvent non encadré
  • 6. 2 (par un professionnel) de l’activité, le nombre de blessures augmente en parallèle au nombre de pratiquants. Evidemment, les membres inférieurs sont les plus touchés par ces blessures. Dans une étude réalisée en 2008 (O’Connor & Dyke, 2008), 22,4% de marathoniens ont ressenti des douleurs lors de la phase de préparation d’un marathon. Lors de la course, 48,3% des inscrits ont ressenti une douleur localisée aux membres inférieurs et 11,9% ont évalué une douleur maximale de 10 sur une échelle EVA (allant de 0 à 10) à l’issue de la course. La zone anatomique la plus touchée par ces blessures est le genou (Gent et al., 2007; Taunton et al., 2002a). Elle est suivie par la jambe (tibia), le pied, puis la cuisse. La blessure la plus fréquente chez les coureurs est le syndrome rotulien, qui est une inflammation du cartilage de la rotule lors de son contact sur le fémur. La seconde blessure la plus courante est le syndrome de l’essuie-glace, ou syndrome de la bandelette ilio-tibiale (SBIT) (Van der Worp, 2012; Taunton et al., 2002a). C’est une tendinopathie localisée sur le compartiment supéro-externe du genou, au niveau de l’épicondyle latéral. Différents traitements peuvent être proposés afin de traiter ce syndrome. La semelle orthopédique est l’une des solutions face à ce problème. La podologie est une science s’intéressant à la région du pied. Le podologue a pour but de diagnostiquer et de proposer un traitement face à une anomalie podale ou de locomotion. En effet, la podologie, via l’utilisation de chaussures, de semelles orthopédiques ou par une intervention de pédicure va proposer un traitement ou une aide permettant à un patient ayant une locomotion ou une posture pathologique d’être soignée ou de réduire les anormalités et les douleurs liées à la pathologie. Le podologue est en capacité d’effectuer un bilan de la posture et de la marche (ainsi que de la course) de par son expertise en observant l’individu réaliser ces différentes actions. Toutefois, le podologue peut s’appuyer sur différents outils afin de valider son expertise comme des tapis de pression. Néanmoins, l’analyse reste principalement qualitative et le bilan dynamique ne se réduit qu’à une analyse visuelle du patient. Afin d’apporter une analyse quantitative, le centre Orthodynamica s’est équipé d’un système optoélectronique VICONTM , permettant d’apporter des données précises au podologue. Le système produit une modélisation biomécanique du corps et des segments corporels, et ainsi grâce à des calculs biomécaniques transmet des courbes angulaires des différents cycles de marche ou de course, au niveau des segments équipés de mires réfléchissantes. C’est donc un
  • 7. 3 outil précieux dans les domaines de la recherche et de la médecine, par ces données, la conception de la semelle sera à la fois plus précise et plus efficiente. Néanmoins un tel système a un coût très élevé et n’est présent que dans certains hôpitaux ou laboratoires universitaires de recherche. De plus, le domaine de l’analyse VICONTM associé à la podologie n’est pas encore réellement développé. L’utilisation du VICONTM est plus communément destinée au domaine de la recherche médicale, sportive ou dans la robotique. Le centre locomoteur de podologie sportive de la clinique Mathilde bénéficie d’un système VICONTM . À la demande d’Éric Held, podologue et fondateur des deux sociétés paramédicales sportives constituant ce centre, des études ont été mises en place sur l’impact cinématique des orthèses plantaires sur les différentes articulations des membres inférieurs. Notre étude s’intéresse à la région du genou chez les coureurs à pied, et plus particulièrement au syndrome de la bandelette ilio-tibiale. L’objet de ce travail est d’analyser l’impact cinématique de la semelle orthopédique chez des sujets atteints du syndrome de l’essuie-glace au niveau des rotations du complexe articulaire du genou.
  • 8. 4 2 REVUE DE LITTERATURE 2.1 GENERALITES DE LA BANDELETTE ILIO-TIBIALE ET ANATOMIE 2.1.1 LA BANDELETTE ILIO-TIBIALE : La bandelette ilio-tibiale (BIT) est une lame tendineuse qui nait du muscle du fascia lata, du petit et moyen fessier. Celle-ci est connectée grâce au septum à la ligne âpre du fémur. La bandelette est la continuité du tendon du tenseur fascia lata. Elle vient s’insérer sur le tubercule de Gerdy, sur la partie proximal du tibia (Fredericson & Weir, 2006). Cette bandelette se situe donc sur le compartiment latéral de la cuisse, et passe par l’épicondyle latéral du genou, avant de s’insérer sur la partie supéro-latéral du tibia (figure 1). Toutefois, la BIT s’insère également sur un ensemble d’autres sites, tel le biceps fémoral, le vaste latéral, le retinaculum patellaire latéral, la patella (par le ligament épicondy-patellaire et le retinaculum patellaire), et le tendon patellaire (Fairclough et al., 2006, 2007; Kaplan, 1958). Ainsi, la BIT représente un réel support latéral du genou (Terry, Hughston, & Norwood, 1986; Vieira et al., 2007). La BIT a d’abord été décrite comme une structure ligamentaire par Kaplan (Kaplan, 1958). Mais les études plus récentes ont montré un rôle mécano-sensoriel de la bandelette, limitant ainsi les explications de Kaplan et rapprochant la BIT de la structure tendineuse (Stecco et al., 2013). Néanmoins, nombre d’auteurs continuent d’associer la BIT à un rôle ligamentaire au niveau de l’articulation fémoro-tibiale, en raison de son utilité dans le contrôle rotatoire du genou (Baker, Souza, & Fredericson, 2011; Lutz et al., 2015; Parsons, Gee, Spiekerman, & Cavanagh, 2015; Terry et al., 1986; Vieira et al., 2007). Cette bandelette est libre entre la partie supérieure de l’épicondyle latéral du genou et le tubercule de Gerdy. Elle peut donc se déplacer librement dans cette zone, n’ayant aucune attache osseuse (Fredericson & Wolf, 2005). Le tenseur du fascia lata est un muscle court et fin qui appartient aux muscles latéraux de la ceinture pelvienne, dans la région glutéale.
  • 9. 5 ITB : Bandelette ilio-tibiale ; TFL : Tenseur du fascia lata ; GT : Tubercule de Gerdy ; GT : Grand glutéal ; BF : Biceps fémoral ; VL : Vaste latéral ; GT : Grand trochanter Ce muscle a pour origine le cinquième ventral de la lèvre latérale de la crête iliaque, l’épine iliaque antéro-supérieure de l’ilium et le fascia gluteal. Il a pour terminaison le tubercule de Gerdy par la bandelette ilio-tibiale. Le tenseur du fascia lata permet accessoirement l’abduction et la rotation de la cuisse, ainsi que la flexion de la hanche. Le moyen et petit fessier représentent les muscles latéraux de la région glutéale. Ils sont originaires de l’aile iliaque sur la partie postérieure et latérale de l’ilium entre les lignes glutéales antérieures et postérieures. Ils s’insèrent sur le grand trochanter. Ils permettent de stabiliser le bassin latéralement lors de l’appui unipodal, l’abduction de la cuisse sur le bassin, et la rotation médiale et latérale de la hanche. La BIT a pour rôle de limiter le varus de genou. La bandelette joue un rôle de stabilisateur latéral du genou. Elle est souvent comparée à un ligament (Baker et al., 2011). Figure 1: Bandelette ilio-tibiale (Baker & Fredericson, 2016)
  • 10. 6 2.1.2 ARTICULATIONS DES MEMBRES INFERIEURS : Les membres inférieurs sont constitués de différentes articulations ; l’articulation de la hanche, du genou, de la cheville et les articulations du pied. L’articulation de la hanche, ou coxo-fémorale lie le bassin au fémur. Le bassin se divise en 3 éléments ; avec un élément central qui est le sacrum et le coccyx, et les 2 os coxaux (ou iliaques. Les mouvements de hanche peuvent se réaliser dans les 3 plans de l’espace (figure 2). Pour cette articulation, des mouvements de flexion (allant jusqu'à 145° en passif), d’extension (jusqu’à 30° en passif), d’abduction/adduction, de rotation interne (jusqu’à 40°) et de rotation externe (jusqu’à 60°) sont possibles. La hanche doit permettre d’orienter les membres inférieurs dans toutes les directions de l’espace (Kapandji, 1996). L’articulation du genou, ou fémoro-tibiale est l’articulation dite intermédiaire des membres inférieurs. Elle permet des mouvements dans le plan sagittal, de flexion (jusqu’à 160° en passif et avec hanche fléchie) et d’extension (jusqu’à 5/10° en passif), la position de référence étant l’alignement ente la cuisse et la jambe. La rotation n’est permise que lorsque le genou est fléchi. En effet, la rotation du tibia sous le fémur n’est permise que lorsque les ligaments coapteurs sont détendus. Toutefois, il existe une rotation dite « automatique » du genou en extension. C’est une rotation externe tibiale de 10° ± 5° (Incavo, Coughlin, Pappas, & Beynnon, 2003; Karrholm, Brandsson, & Freeman, 2000). Le genou peut proposer des alignements anormaux Figure 2 : Mouvements de hanche (calais-germain, 1986)
  • 11. 7 en position statique tel le genu varum ou valgum, et des mouvements de varus/valgus en phase dynamique (figure 3). De plus, l’articulation fémoro-patellaire, articulation du genou, relie le fémur à la patella et permet les mouvements de flexion et d’extension. L’articulation de la cheville est une articulation trochléenne reliant l’extrémité inférieure du tibia, la fibula et le talus. Elle est limitée aux mouvements de flexion plantaire, pouvant atteindre 40°, et de flexion dorsale, pouvant atteindre 25°. L’articulation sous-astragalienne présente des mouvements dans les 3 plans de l’espace. De plus, cette articulation ajoute le mouvement d’inversion, association entre supination, adduction et flexion plantaire ; et d’éversion, association entre pronation, abduction et flexion dorsale (figure 4). Cette articulation est stabilisatrice. L’articulation médio-tarsienne de Chopard (ou transverse du tarse) se situe entre les tarses postérieur et antérieur. Cette articulation permet des mouvements complexes dans les 3 plans de l’espace (éversion/inversion), permettant l’orientation et l’adaptation du pied (effet stabilisateur) ainsi que la propulsion de ce dernier. L’articulation de Lisfranc ou tarso-métatarsienne, est une articulation liant le tarse et le métatarse, permettant des mouvements de flexion/extension et d’éversion/inversion, favorisant la propulsion, mais plus particulièrement la stabilisation. Figure 3 : Représentation d’un membre inferieur droit ; genu valgum (valgus) (a), physiologique (b), genu varum (varus) (c) (Laurent, 2003)
  • 12. 8 Le complexe articulation du pied permet donc les mouvements d’éversion, d’inversion, de pronation et de supination. 2.1.3 LE SYNDROME DE LA BANDELETTE ILIO-TIBIALE. Aujourd'hui, le sport et l'activité physique sont reconnus pour leurs effets bénéfiques sur le corps et la santé. La pratique physique s'est continuellement modifiée et métamorphosée et le nombre d’activités physiques s’est multiplié. Le sport libre et individuel représente la majorité de la pratique. La course à pied, de par son accessibilité et surtout sa simplicité est bien évidemment l'une des activités les plus pratiquées. Toutefois, cette dernière, comme bien d'autres activités physiques, est source de blessure. Une étude de 2012, rapporte que 75% des coureurs se blessent au cours d’une année de pratique (Daoud et al., 2012). Différentes études ont été portées sur les blessures de la course à pied. Plus de 1 000 articles traitant ce sujet existent sur PubMed en 2007 (Gent et al., 2007). Après une analyse de différents articles, Gent Figure 4 : Les mouvements du complexe du pied (Lepoutre, 2007)
  • 13. 9 et al., ont conclu que la zone la plus touchée par les blessures lors de la course à pied est la zone du genou, suivi par le tibia, le tendon d’Achille, le mollet, puis le talon. Les régions qui semblent le moins touchées sont la hanche et la cheville. Différents facteurs de risque participent à l’étiologie des blessures, comme le style de vie, l’âge, le sexe, le poids ou les antécédents médicaux. Globalement, le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (SBIT) intervient dans les sports ou l’on retrouve un mouvement de flexion/extension à répétition ainsi que dans les sports unidirectionnels, comme la course ou le cyclisme. C’est la seconde blessure la plus recensée au niveau du genou (Maarten P van der Worp, 2012; Taunton et al., 2002b). De plus, c’est la principale blessure du compartiment externe du genou. 2.1.4 ETIOLOGIE : L’étiologie de cette blessure est encore très controversée (Baker & Fredericson, 2016; Noehren, Davis, & Hamill, 2007; van der Worp, van der Horst, de Wijer, Backx, & Nijhuis- van der Sanden, 2012). En grande majorité, les étude portant sur le SBIT s’accordent à dire que le syndrome est dû au mouvement répétitif de la bandelette dans sa zone de liberté, qui engendrerait un frottement de cette dernière sur l’épicondyle externe du genou (Foch & Milner, 2014; Fredericson & Weir, 2006; Grau, Maiwald, Krauss, Axmann, & Horstmann, 2008; Miller, Lowry, Meardon, & Gillette, 2007; Noehren, Schmitz, Hempel, Westlake, & Black, 2014; Orchard, Fricker, Abud, & Mason, 1996; Phinyomark, Osis, Hettinga, Leigh, & Ferber, 2015). Ce frottement excessif provoquerait l’inflammation de la bandelette. Néanmoins, cette description reste générale. En effet, certains auteurs débattent toujours sur la réelle étiologie du SBIT. Ainsi, deux théories se font face : la friction et la compression (Baker & Fredericson, 2016). Le déplacement de la BIT (figure 2) dans sa zone de liberté (de la partie supérieure de l’épicondyle latéral du fémur au tubercule de Gerdy) provoquerait une friction et serait la cause du syndrome de la bandelette ilio-tibiale. Ainsi, une inflammation de la BIT se réaliserait dans le compartiment externe du genou, dû au frottement de la bande tendineuse avec l’épicondyle latéral du genou (Lavine, 2010). Ce frottement s’effectuerait aux alentours de 30° de flexion, allant de l’avant (en extension) vers l’arrière de l’épicondyle, en mouvement de flexion (figure 5) et inversement sur le mouvement contraire (Orchard et al., 1996).
  • 14. 10 D’autres auteurs défendent la théorie de la compression. Ainsi la cause de la douleur ne proviendrait pas d’un mouvement antéro-postérieur de la bandelette sur l’épicondyle en raison de la flexion et de l’extension, mais plutôt d’un mouvement médio-latéral provoquant la compression d’une couche hautement vascularisée et innervée, occasionnant la perte de tissu connectif entre la bandelette et l’épicondyle (Fairclough et al., 2007). Ces mouvements médio- latéraux proviendraient des phénomènes rotatoires du tibia et du fémur lors de la course à pied. Ainsi, les rotations internes et externes successives de ces os provoqueraient la compression de la zone sous tendineuse sur l’épicondyle. Enfin, certains auteurs citent la présence d’une bursite ou d’un kyste, souvent en lien avec la capsule synoviale du genou, qui provoquerait la douleur en raison de la friction entre cette structure et la bandelette (Costa, Marshall, Donell, & Phillips, 2004; Ekman, Pope, Martin, & Curl, 1994). Toutefois, cette origine est très controversée et est source de débat (Fredericson & Weir, 2006). En effet, d’autres études réalisaient par l’intermédiaire d’imagerie par résonnance magnétique sur des sujets atteints du SBIT ne confirment pas ces résultats (Muhle et al., 1999; Nemeth & Sanders, 1996). La tension de la bandelette en phase dynamique pourrait avoir un lien dans le processus étiologique du SBIT. En effet, lors de la flexion du genou, une rotation tibiale interne est exercée. Cette rotation viendrait progressivement tendre la bandelette et mettre en tension celle- ci sur l’épicondyle (Fairclough et al., 2006; Orchard et al., 1996). Ainsi, plusieurs auteurs insistent sur cet aspect lors de la rotation tibiale interne (Baker et al., 2011; Fairclough et al., 2006; Hamill, Miller, Noehren, & Davis, 2008; Lutz et al., 2015).
  • 15. 11 2.1.5 CONSEQUENCES ET EXAMEN CLINIQUE : La douleur du SBIT est ressentie après un certain temps de course, qui diffère selon les personnes et l’intensité de la course. Néanmoins, la zone de douleur est sensiblement la même et se situe sur le compartiment externe du genou, 2 à 3 cm au-dessus de l’interligne articulaire. Cette douleur disparaît en dehors de la course. Elle est même absente lors d’activité physique présentant des courses irrégulières et multidirectionnelles comme le tennis ou le basket. En revanche elle peut persister à la marche ou en position assise lors de SBIT sévère (Fredericson & Weir, 2006). Afin de desseller le SBIT différents tests existent, comme le test de Noble, qui consiste à exercer une pression sur le compartiment externe du genou, lorsque que le patient effectue des flexions-extensions aux alentours de 30°. Si le patient ressent une douleur lors de la flexion-extension due à la pression alors le test est positif et le médecin peut conclure sur un SBIT. Un autre test, régulièrement utilisé est le test d’Ober, qui exprime la raideur de la bandelette (Gose & Schweizer, 1989). Figure 5 : Mouvement d’essuie-glace de la bandelette ilio-tibiale (Delacroix et al., 2009)
  • 16. 12 2.1.6 FACTEURS ET CAUSES : Différents facteurs peuvent être cause du SBIT. Comme toute blessure, deux catégories de causes peuvent provoquer ce syndrome : les facteurs intrinsèques et les facteurs extrinsèques (Noehren et al., 2014). Les facteurs externes représentent les charges d’entraînement (plus de 64 km par semaine), le nombre d’entraînement par semaine (Fredericson & Weir, 2006; Gent et al., 2007), l’augmentation abrupte de la charge ou de l’intensité d’entrainement, mais également la course excessive dans la même direction (Fredericson & Weir, 2006). Les facteurs intrinsèques représentent des facteurs anatomiques. Nous retrouvons les genu varum (Gent et al., 2007; Noehren et al., 2014), l’éversion excessive du pied (Ferber, Noehren, Hamill, & Davis, 2010a; Phinyomark et al., 2015), l’inversion excessive du pied (Maurer, Federolf, von Tscharner, Stirling, & Nigg, 2012; Phinyomark et al., 2015) les inégalités de longueur des membres inférieurs (Fredericson & Weir, 2006; Gent et al., 2007; Golightly, Allen, Helmick, Renner, & Jordan, 2009). D’autre part, des facteurs musculaires peuvent être responsables du syndrome. En effet, une hypo-extensibilité du tenseur du fascia lata (Delacroix, Hasdenteufel, Legrand, Chèze, & Lavigne, 2009) ou encore une faiblesse des adducteurs de hanche (Fredericson et al., 2000) et des muscles fessiers (Baker et al., 2011; Fredericson et al., 2000) peuvent provoquer le SBIT. Il est a noté que la pronation du complexe cheville-pied provoque une rotation tibiale interne (Coplan, 1989). La rotation tibiale interne vient tendre la BIT. Ainsi, un lien pourrait exister entre l’excès de pronation et l’excès de rotation tibiale interne et le SBIT. De plus, rappelons que la pronation maximale intervient à 50% de la phase d’appui (voir : 1.2.1 la course). C’est également à ce même instant que la tension de la bandelette serait le plus important (Hamill et al., 2008). Néanmoins, Nester ne trouve aucune corrélation entre le mouvement de l’arrière pied dans le plan transverse et le mouvement du genou dans ce même plan (Nester, 2000). En effet, dans son étude, les résultats n’ont pas montré de signification dans la corrélation entre les mouvements du plan transverse du pied, du genou et de la hanche. Néanmoins, son étude a été réalisée à la marche, pieds nus, sur des sujets sains.
  • 17. 13 2.1.7 TRAITEMENTS La littérature propose différentes techniques afin de soigner le syndrome. Différentes prescriptions peuvent être réalisées : une phase de repos, la prescription d’antalgiques et d’anti- inflammatoires non stéroïdiens, des infiltrations de cortico-stéroïde (Lavine, 2010). La phase de repos peut être suivie d’une reprise adaptée et progressive, en réduisant les temps et les formes d’entrainement, en remplaçant pour une certaine période la course par une autre activité moins sollicitant pour la BIT, comme par exemple (et principalement) la natation (en utilisant que les bras). De plus, la zone douloureuse peut être glacée régulièrement sur des périodes de 10 minutes. C’est ce que l’on appelle la phase aiguë (Fredericson & Weir, 2006). La phase subaiguë consiste à réaliser des exercices d’étirement et plus particulièrement des exercices de contraction-relaxation, avec 7 secondes de contraction suivie de 15 secondes d’étirement, afin d’étirer les muscles qui ont été raccourcis par la période de repos. Ces muscles sont les muscles de la région glutéale, et principalement le complexe TFL-BIT. Une 3ème phase propose des étirements plus approfondis et dans une région plus large, englobant par exemple les abducteurs de hanche (Fredericson & Wolf, 2005). Des massages transverses profonds de la BIT peuvent également être effectués (Delacroix et al., 2009). Enfin, un retour à la course progressive peut être envisagé, en commençant par des courses sur petite distance puis en allongeant les distances au fil des semaines, toujours de manière progressive (cela pendant 3 à 4 semaines). La littérature propose donc principalement un programme d’étirement. À titre de prévention, ces étirements pourront être prolongés après le traitement, lorsque la pratique aura repris (Lucas, 1992). Néanmoins, cette dernière approche, traitant des étirements fut discuté par Ferber et al., au profit du renforcement musculaire (Ferber et al., 2010a). En effet, un traitement par renforcement musculaire des abducteurs de hanche et des fessiers est proposé par Ferber et al., (2010). Dans leur étude, des sujets présentant le SBIT, ont démontré moins de force des abducteurs de hanche et des fessiers face à un groupe contrôle. Après 6 semaines de renforcement musculaire, les sujets ont augmenté leur force musculaire et ne ressentaient plus de douleur de la BIT. Baker, Souza, & Fredericson, (2011) ainsi que Beers, Ryan, Kasubuchi, Fraser, & Taunton, (2008), ont proposé également un programme de renforcement de 6 semaines, apportant les mêmes résultats. Ainsi, le renforcement musculaire trouve lui aussi sa place dans le traitement du SBIT (Baker et al., 2011; Beers et al., 2008; Ferber et al., 2010a; Fredericson et al., 2000; Michael Fredericson & Weir, 2006; Fredericson & Wolf, 2005; Grau et al., 2008; Lavine, 2010).
  • 18. 14 La chirurgie peut être réalisée, mais reste peu utilisée car incertaine. Différentes techniques existent, comme le retrait d’une bursite présente sous la bandelette, ou encore, le retrait d’une partie triangulaire de la BIT dans la région de l’épicondyle Fredericson & Wolf, 2005; Lavine, 2010). Enfin, un traitement par semelle orthopédique, comme l’ont proposé Miller et al., en 2007 ou Lucas en 1992, peut être réalisé afin de modifier la cinématique angulaire de la locomotion en course. En effet, la cinématique de course chez les coureurs atteints du SBIT diffère des coureurs sains. 2.2 COURSE ET CINEMATIQUE 2.2.1 LA COURSE La course constitue pour l’homme le moyen le plus rapide pour se déplacer par une succession de foulées bondissantes à partir d’appuis pédestres effectués alternativement sur chaque pied (Lacouture, Colloud, Decatoire & Monnet, 2013). La course, comme la marche, possède une phase d’appui et d’oscillation (Dugan & Bhat, 2005). Elle se caractérise toutefois de la marche par une phase d’appui essentiellement unipodale et par une phase de suspension totale. Toutefois, à l’inverse de la marche, la course ne possède pas de phase de double appui (figure 6).
  • 19. 15 Un cycle de course commence lors du contact initial du pied avec le sol (talon, médio-pied ou avant du pied selon les personnes). Il se termine lorsque ce même pied retouche le sol. Ce cycle se décompose en pourcentage de temps allant de 0% lors du contact initial du pied jusqu’à 100% lors du nouveau contact de ce pied avec le sol. La phase d’appui représente à peu près 60% d’un cycle de marche. Dans la course, ce temps d’appui est nettement inférieur et se situe entre 35 et 39% du cycle. Le temps d’appui correspond au contact initial du pied jusqu’à ce que celui-ci quitte le sol. Il s’en suit la phase de suspension qui a une durée de 40% à la marche et de 61 à 65% à la course. La phase de suspension débute lors de la fin de la phase d’appui jusqu’à ce que le pied retouche le sol. Il est à noter que plus la vitesse de course augmente, plus le pourcentage d’appui va se réduire. Ainsi, pour les sprinters internationaux, la phase d’appui se termine à 22% du cycle (Novacheck, 1998). La figure 6 récapitule la phase d’appui et de suspension à la marche et la course. Il est à noter que la phase d’oscillation qui est équivalente à environ 60% à la course peut être divisée en 3 parties. Une première de 15% qui correspond à une phase de vol (ou les 2 appuis ne sont pas en contact avec le sol), une seconde de 30% Figure 6 : Phase de course et de marche (Dugan & Bhat, 2005)
  • 20. 16 correspondant à une phase unipodale et enfin une dernière phase de vol de 15% (les pourcentages sont des approximations en fonction de la vitesse du coureur) (Adelaar, 1986). Il existe une phase d’absorption et de propulsion. La phase d’absorption se situe entre le contact initial et la moitié de la phase d’appui. La phase de propulsion commence entre le milieu de la phase d’appui et le décollement des orteils (Dugan & Bhat, 2005) 2.2.2 LA CINEMATIQUE La cinématique se propose de quantifier le mouvement d’une articulation, en le définissant comme le mouvement d’un segment distal par rapport à un segment proximal adjacent (Begon & Lacouture, 2005). Ainsi, la cinématique angulaire la plus communément utilisée propose un suivi angulaire de chaque articulation dans les 3 plans de l’espace : sagittal, frontal et transverse (figure7). Par les systèmes optoélectroniques, il est possible d’extraire des coordonnées, des vitesses linéaires, des accélérations, des déplacements dans les 3 plans, des angles, des vitesses et accélérations angulaires. La qualité des données repose sur le système utilisé mais également sur la création de référentiel 3D XYZ positionné sur chaque articulation. Parmi les systèmes capables de produire ces données nous retrouvons dans la littérature : l’OptitrackTM (Corvalis, Figure 7 : Les 3 plans de l’espace (Wittle, 2002)
  • 21. 17 US), ArialTM (Colorado, US), Motion AnalysisTM (Santa Rosa, US) ou encore le VICONTM (Oxford, UK) reconnu comme le plus précis et le plus fiable (Richards, 1999). De plus, les référentiels, présents sur chaque articulation sont construits en fonction des différentes mires et de différents calculs, dépendant de modèles biomécaniques. Les mouvements de ces référentiels les uns par rapport aux autres permettent de déterminer le mouvement de chaque articulation et donc d’en déduire des angles articulaires exprimés en degrés. Les angles sont calculés selon des matrices rotatoires en fonction des angles d’Euler ou de Cardan, qui représentent une succession de 3 rotations dans 3 plans différents. Par exemple et afin d’éclaircir le propos, l’illustration des mouvements cinématiques du genou dans les 3 plans avec un modèle simple basé sur 3 vecteurs (figure 8) donnerait : le vecteur U (bleu) relie le centre de la tête fémorale et le point équidistant des deux épicondyles fémoraux ; le vecteur V (bleu) relie le centre du plateau tibial et le milieu des malléoles ; le vecteur F (rouge) relie les deux épicondyles. Le vecteur S (rouge) relie les deux malléoles. Fémur avec le vecteur U (bleu), le vecteur F (rouge) Tibia avec le vecteur V (bleu), le vecteur F (rouge) Figure 8 : Représentation de la cinématique du fémur et du tibia (Geais, 2011)
  • 22. 18 Ainsi, dans le plan sagittal, la flexion de genou représente la position du tibia par rapport au fémur. L’angle de flexion est donc l’angle entre les projections des vecteurs V (tibia) et U (fémur) dans le plan sagittal du tibia. L’angle de flexion nul correspond à la position d’extension. Le genou a une flexion maximale de 120° lorsque la hanche est en extension. Lorsque la hanche est fléchie, l’amplitude de la flexion peut atteindre 140°. Le genou peut se fléchir à 160° en flexion passive. Dans le plan transverse, l’angle de rotation du genou décrit la position du tibia par rapport au fémur selon les vecteurs S (fémur) et F (tibia). Ainsi, une rotation tibiale interne (ou rotation interne de genou) est représentée par un vecteur F en avant du vecteur S. La rotation interne maximale est de 30° si le genou est fléchi à 90°. La rotation latérale maximale est de 40° lorsque le genou est fléchi (90°). Dans le plan frontal, le varus/valgus du genou représente la position du tibia par rapport au fémur. L’angle de varus est l’angle de projection des vecteurs V et U dans le plan frontal du tibia. Le mouvement de varus éloigne le genou du plan sagittal. Le mouvement de valgus rapproche le genou du plan sagittal. Ces mouvements du plan frontal sont les moins importants lors de la marche et de la course. Ici l’exemple choisi en fonction des vecteurs ne donnerait pas des résultats représentatifs de la réalité. Afin d’apporter plus de vérité aux résultats, des modèles de placement de mires ont été développés afin de pouvoir créer des référentiels précis sur chaque articulation (Wu et al., 2002). Par conséquent, les résultats angulaires ne sont plus des déplacements de vecteurs les uns par rapport aux autres, mais des déplacements de référentiels les uns par rapport aux autres (Begon & Lacouture, 2005). Pour le genou et le SBIT, ceux sont les référentiels de la cheville, du genou, et de la hanche et du bassin qui seront étudiés, afin de quantifier les mouvements articulaires. La cinématique transverse et frontale du genou et de la hanche : (Carse, Meadows, Bowers, & Rowe, 2013) : Plan transverse : Une personne saine propose à la course une multitude de rotations dans le plan transverse. Ainsi, les 2 types de rotations se succèdent : rotation interne et externe. En effet, pour la rotation du genou, lors du contact initial et jusqu’à la moitié de la phase d’appui, le tibia va effectuer une rotation interne, ou plutôt un mouvement de rotation interne, appelé volant rotatoire interne
  • 23. 19 tibial (d’une quinzaine de degré). À la suite de cette rotation le tibia, va effectuer un mouvement de rotation externe, appelé volant rotatoire externe (environ 15°). Ainsi, il est important de ne pas confondre, le volant rotatoire (qui traduit un mouvement) et la rotation interne ou externe qui traduit une position du tibia à un instant t en fonction de l’axe horizontal du fémur. Pour exemple, un genou peut être exclusivement en rotation latérale lors de la phase d’appui. Ainsi, et de manière schématisée, le tibia est tourné vers l’extérieur, et ne va jamais passer au-delà de l’axe vertical (qui traduirait un passage en rotation interne) mais peut tout de même induire un mouvement interne appelé volant rotatoire interne. Les rotations transverses de la hanche représentant la rotation du fémur sous l’os coxal. Au cours de la phase d’appui, ces rotations sont assez variables mais proposent une rotation interne lors des premiers instants de la phase d’appui, puis une rotation externe. Les volants rotatoires existent également pour cette articulation. Toutefois, les mouvements rotatoires de la hanche sont dépendants de chaque coureur. Plan frontal : Concernant les rotations du plan frontal (Carse et al., 2013), La hanche propose d’abord un mouvement d’adduction (phase d’amortie) d’environ 5°. Il est à noter que lors du contact initial, la hanche se situe en adduction, et va donc proposer un volant rotatoire en adduction de 5°. À la suite, un volant rotatoire en abduction va s’effectuer (environ de 10°) lors de la phase de propulsion. Il est possible que lors de ce mouvement, la hanche passe en abduction. 2.2.3 INFLUENCE DE LA CINEMATIQUE PODALE : Plusieurs études ont mis en évidence que l’action de l’articulation du pied influençait la cinématique des articulations sus-jacentes (Dugan & Bhat, 2005; Lack et al., 2014; Resende, Deluzio, Kirkwood, Hassan, & Fonseca, 2015). En effet, par l’intermédiaire d’un jeu articulaire, les mouvements des segments distaux influencent les mouvements des segments proximaux. Le complexe articulaire pied/cheville provoque des mouvements dans les 3 plans de l’espace comme vu dans les chapitres précédents. Ainsi, le plan sagittal propose la flexion plantaire et la dorsiflexion ; le plan frontal présente l’abduction et l’adduction du pied ; le plan transverse propose l’inversion et l’éversion. Les termes de pronation et de supination sont également utilisés pour caractériser la cinématique podale. Ainsi, une pronation représente un mouvement
  • 24. 20 du pied vers l’axe médian du corps. C’est donc une bascule interne du pied selon son axe longitudinal. Une supination est à l’inverse un mouvement vers l’extérieur du pied, provoquant l’élévation du bord interne du pied. Par conséquent, ces pronations et supinations engendre des mouvements osseux. Par exemple, une pronation du pied est accompagnée d’une rotation interne du tibia (ou volant rotatoire interne) et d’une rotation interne du fémur (Coplan, 1989; DeLeo, Dierks, Ferber, & Davis, 2004; Dugan & Bhat, 2005; Eng & Pierrynowski, 1993; Hintermann & Nigg, 1998). A l’inverse une supination du pied, provoque une rotation externe du tibia et une rotation externe du fémur. De plus, une flexion de genou, provoque naturellement une rotation interne de tibiale. A l’inverse une extension, entraine une rotation externe du tibiale. Ainsi, l’excès de certains mouvements lors de la course peut provoquer des tensions anormales sur certaines articulations et provoquer des blessures. Un excès de pronation ou de supination peut être un facteur de blessure comme notamment l’hyper-pronation, engendrant des tendinopathies, des fasciites plantaires, ou encore des gonalgies (Eng & Pierrynowski, 1994; Lysens et al., 2012). Une pronation excessive engendre une rotation interne excessive du tibia et se répercute sur l’articulation du genou notamment dans les plans sagittal et transverse. Elle provoque des torsions excessive sur la région du genou, provoquant des tensions sur ce dernier (McClay & Manal, 1998). Chaque individu possède sa propre technique de course, mais il existe de grandes similitudes dans le pattern de course chez les coureurs. Une mécanique de course commune en ressort. Néanmoins, quelques différences peuvent aboutir à des blessures. Lors de la première partie de la phase d’appui, une pronation du pied caractérisée par une éversion et une rotation interne de l’arrière pied se produit (Inman, V. T., 1976 ; Grimshaw & Burden, 2006). Cela provoque une rotation interne du tibia. Cette pronation, lors de la première phase d’appui, est accompagnée par une flexion et une rotation interne du genou. C’est la phase d’amortie. La seconde phase, représente la phase de propulsion, celle-ci se caractérise par une supination du pied, accompagnée par une extension et une rotation externe du genou. Rappelons que la bandelette ilio-tibiale est attachée sur le tubercule de Gerdy et donc sur le tibia. Par conséquent, lors de la rotation interne du tibia, et du genou, la bandelette se retrouve projetée et plaquée sur le genou. Les rotations de genou, sont donc influencées par les pronations et supinations du pied. Ces mouvements vont avoir une influence sur l’inflammation de la BIT. La modification de l’action du pied pourrait donc limiter /atténuer le mouvement pathologique.
  • 25. 21 De même, plusieurs études, ont montré que les mouvements d’adduction de hanche trop prononcés pourraient avoir un lien avec le SBIT en venant plaquer la BIT contre l’épicondyle lors de la phase d’appui (Aderem & Louw, 2015; Baker et al., 2011; Ferber et al., 2010a; Noehren et al., 2007). Ainsi, la technique de course et/ou la pose de pied pourrait avoir un lien avec ce phénomène d’adduction trop prononcée. Néanmoins, plusieurs études n’ont pas démontré la présence d’une adduction de hanche prononcée chez les sujets présentant le SBIT (Foch & Milner, 2014; Grau et al., 2008; Louw & Deary, 2014; Phinyomark et al., 2015). Dans notre étude, les sujets atteints du SBIT ont été traités par semelle orthopédique suite à l’analyse clinique et biomécanique. Il existe chez les sujets atteints du SBIT des mouvements cinématiques anormaux lors de la course. Les mouvements excessifs de l’arrière du pied dans le plan frontal influence la cinématique du genou (J. Hamill, van Emmerik, Heiderscheit, & Li, 1999). Chez des coureurs atteints de SBIT, les mouvements anormaux sont généralement des pronations naturelles, ou de fatigue, trop importante du pied. Ainsi, le podologue après un examen complet propose des semelles avec bord supinateur, accompagnées d’éléments tel que les hémi coupoles, et/ou des sacs sous antéro-capital. Ces éléments sont anti-pronateurs, afin de replacer et limiter les mouvements anormaux du pied, et donc, indirectement les mouvements anormaux des articulations sus-jacents. 2.2.4 PODOLOGIE : La course à pied jouit de plus en plus de popularité. L’augmentation du nombre de pratiquants s’accompagne de l’augmentation du nombre de blessures. Chaque année, 30 à 70% des coureurs sont victimes de blessure (Taunton et al., 2002a). L’une des possibilités de traitement pour ces personnes blessées est le recourt à la podologie. En effet, 70 à 80% des patients traités par semelles orthopédiques ont un traitement qui s’avère efficace (Eng & Pierrynowski, 1993). Ce traitement par semelles orthopédiques réduit considérablement les douleurs liées aux pathologies (Eng & Pierrynowski, 1993; Gross, Davlin, & Evanski, 1991; C. L. MacLean, Davis, & Hamill, 2008; Mejjad et al., 2004; Vicenzino et al., 2008). Toutefois, le mécanisme permettant la réduction de douleur n’est pas encore élucidé. La podologie est une science paramédicale, qui a pour but le traitement des anomalies podales. De nos jours, le diagnostic podologique ne se base plus simplement sur l’analyse du pied, mais s’intéresse également à l’ensemble de l’appareil locomoteur, ainsi qu’à la colonne vertébrale (Dufour, 2012). L’examen podologique est divisé en différentes étapes. La première est appelée
  • 26. 22 l’anamnèse complète, liée au mouvement ou à la posture. Cette étape est caractérisée par une série de questions afin de mieux identifier les causes de la pathologie. L’étape suivante est le bilan en décharge. Ici le patient est allongé sur une table de manipulation et le podologue va pouvoir observer et identifier les défauts de mobilité articulaire ainsi que les anormalités des membres inférieurs, comme les inégalités de longueur de membre inférieur. Le bilan statique peut ensuite être effectué. Le patient doit se positionner en position de référence bipodale (patella en position frontale). Le podologue peut donc examiner l’alignement des différents segments du membre inférieur dans le plan frontal, et ainsi déterminer s’il existe un genu valgum, varum ou physiologique. L’examen statique se termine par une observation de l’arrière pied, afin de repérer si le calcanéum se situe dans l’axe du tibia, et de déterminer si le pied est en valgus statique (pied plat), varus statique (pied creux) ou physiologique. Le dernier examen est l’examen dynamique. C’est ici, que le podologue va s’intéresser à l’observation de la marche ou de la course et aux différents mouvements qui y sont associés. Dans un premier temps l’appui unipodal est analysé ainsi que les mouvements qui en découlent. Puis, le podologue recherche la présence de désalignements articulaires comme des varus et valgus dynamiques de pied ou de genou, des hyperpronations ou hypersupinations de pied, ainsi que d’autres anomalies rotationnelles lors de la marche ou de la course en analysant chaque phase de la locomotion, et plus particulièrement la phase d’appui. Enfin, l’étude de la chaussure est une étape importante afin de déterminer si cette dernière a un impact dans les symptômes du patient. Ici, l’ensemble des examens est qualitatif. Aucune valeur quantitative n’est apportée au podologue. De plus en plus de cabinets s’équipent d’outils permettant l’apport de données quantitatives. Ces outils sont principalement des tapis de pression et de force pour l’analyse des phases dynamiques mais également des podoscopes pour l’observation des empreintes plantaires lors de position statique. En revanche, peu voire aucun cabinet n’est équipé de système optoélectronique afin de considérer le corps humain dans son ensemble et de produire des données quantitatives sur la biomécanique de la locomotion. Le podologue après la réalisation de l’ensemble de ces bilans, peut commencer la création de l’orthèse plantaire. Celle- ci doit répondre à un cahier des charges datant du 6 décembre 1991 (Legagneux, 2014) : « L’orthèse plantaire orthopédique doit être amovible, fabriquée sur mesure et doit pouvoir être placée dans une chaussure de série. Elle est destinée à corriger la statique défectueuse du pied ou une anomalie du relief plantaire, à envelopper et compenser les anomalies du pied, à corriger tout déséquilibre statique et dynamique du sujet, en dessous de 20 mm et à soulager les appuis plantaires douloureux ».
  • 27. 23 Différentes techniques de confection d’orthèse plantaire existent. En accord avec le centre Orthodynamica, seul les semelles thermoformées seront abordées (voir annexe 3) Celles-ci représentent le parfait négatif du pied du patient, par l’utilisation d’un coussin emprunteur (voir annexe 3). Dans un premier temps, la semelle thermoformable est chauffée puis positionnée entre le pied et le coussin. La semelle va donc prendre la forme du pied, et lors de son refroidissement conserver cette forme spécifique. Enfin, il faut ajuster la semelle en la ponçant ou en y ajoutant des pièces en fonction de l’examen et des observations réalisées préalablement. Généralement, les sujets pathologiques montrent une pronation ou une supination excessive du pied (Eng & Pierrynowski, 1994; Mündermann, Nigg, Humble, & Stefanyshyn, 2003a; Nawoczenski, Cook, & Saltzman, 1995), Ces excès produisent des tensions ou désalignement articulaires sus-jacentes, par un phénomène en chaine (Eng & Pierrynowski, 1994; C. J. Nester, van der Linden, & Bowker, 2003). Le podologue propose donc une paire de semelle orthopédique adaptée à la pathologie du patient. Le but de cette dernière étant de réaligner les centres articulaires et ainsi, réduire toute forme de tension pouvant être provoquée par le désalignement articulaire. Eng & Pierrynowski ont démontré en 1994 que la semelle influence la cinématique du genou. Une partie de notre travail est donc concentrée sur ce complexe articulaire qui représente également la zone douloureuse en cas de SBIT. 2.2.5 CINEMATIQUE CHEZ DES SUJETS ATTEINTS DU SYNDROME DE LA BANDELETTE ILIO-TIBIALE : Plusieurs études ont été menées sur la cinématique de course chez des sujets présentant le SBIT. Elles ont mis en évidence les différences entre les sujets sains et les sujets pathologiques (Grau et al., 2008). Ces études n’intègrent qu’un genre au sein de leur protocole. En effet, la cinématique de course entre hommes et femmes est différente. Les coureuses présentent des pics supérieurs d’adduction et de rotation interne de hanche, et d’abduction de genou. Des études ont montré que les coureuses porteuses du SBIT ou ayant des antécédents du SBIT présentaient des valeurs supérieures du pic d’adduction de hanche et de rotation interne de genou comparé à des coureuses saines (Ferber, Noehren, Hamill, & Davis, 2010b; Noehren et al., 2007). Ces études n’ont pas montré de différences significatives dans la flexion du genou entre les groupes sains et pathologiques. L’étude de Noerhen, Davis & Hamill en 2007, a été réalisée sur un échantillon de 400 coureuses pendant deux ans. Le SBIT a été développé chez
  • 28. 24 18 sujets. Ces 18 sujets ont été comparés à un public apparié sain. Les résultats sont en accord avec ceux de Ferber, Noerhen, Hamill & Davis (2010). De plus ils ont montré que le groupe SBIT réalisait moins d’éversion de l’arrière du pied en comparaison au groupe contrôle. Foch & Milner, ( 2014) se sont intéressés à la cinématique chez des sujets du même genre. Leurs résultats sont en contradiction avec les précédents : ils ont révélé que les femmes atteintes du SBIT avaient une amplitude d’adduction de hanche plus faible lors de la phase d’appui que des coureuses saines. D’autres auteurs ont confirmé ce constat (Foch & Milner, 2014; Grau et al., 2008; Louw & Deary, 2014; Phinyomark et al., 2015). Foch & Milner ont remarqué également une différence de positionnement du bassin qui pourrait influencer l’adduction de la hanche. Cependant, il est à noter que les auteurs reconnaissent que lors de l’étude, plusieurs sujets du groupe SBIT ne ressentaient plus de douleur depuis 4 semaines. Miller, Lowry, Meardon, & Gillette, (2007) ont révélé que les coureurs hommes souffrants du SBIT avaient une augmentation de la flexion du genou significative en comparaison au groupe sain lors du contact initial du talon. En revanche, ils ont avancé que l’adduction de hanche était similaire entre les groupes. Cette étude mettait en situation de fatigue les coureurs avant de commencer les analyses. Grau et al., (2008) ont proposé une étude avec un groupe SBIT et d’autres groupes appareillés au groupe SBIT mais sans pathologies (sexe, âge, taille). Il est apparu que plus le groupe est appareillé plus les différences sont visibles. Ainsi, les auteurs ont conclu que les sujets souffrants du SBIT avaient une cinématique différente des groupes sains. Le groupe SBIT proposait un plus faible degré d’adduction de la hanche et une plus faible éversion du pied lors du contact initiale. Toutefois, dans cette étude, les sujets se devaient de courir pieds nus, et de réaliser un contact initial avec le talon. Or la course pieds nus selon la revue de littérature de Jenkins & Cauthon, (2011), réduit la longueur de foulée, augmente le nombre de foulées, réduit l’amplitude de mouvement de la hanche et du de genou. Les résultats et la biomécanique de course dans cette étude ont donc pu être modifiés par ces facteurs. Noehren et al., (2014) ont réalisé une seconde étude, cette fois sur un public masculin, toujours en comparant un groupe SBIT et un groupe sain. Leurs résultats ont montré que le groupe SBIT effectuait une rotation interne de hanche et une adduction de genou supérieure. Phinyomark et al., (2015) ont effectué une étude sur la comparaison des 2 genres présentant le SBIT à la course. Ils ont commencé leur revue par une critique de certaines études et notamment celle de Foch & Milner (2014), qui concluait sur des résultats cinématiques en désaccord avec d’autres études. Pour Phyniomark & al., il existait un biais dans le recrutement et surtout sur la
  • 29. 25 pathologie des sujets, celui-ci pouvant largement influencer la cinématique de ces derniers. Ils ont repris également la revue de Louw & Deary, (2014) et l’argument qui consiste à dire que les résultats diffèrent selon les variables cinématiques et les différentes analyses. Selon eux, il ne faut pas présélectionner des angles à certains instants de la foulée, mais analyser l’ensemble du contenu, incluant la phase d’appui et la phase d’oscillation, et d’en interpréter ensuite les résultats. Dans cette étude, nous retrouvons 48 coureurs présentant le SBIT (29 femmes et 19 hommes), et 48 coureurs sains (les groupes étant appariés en âge, taille, poids et vitesse de course). Les résultats ont montré que les femmes et les hommes avaient une différence significative de la cinématique de hanche, et notamment dans la rotation externe. D’autres résultats ont été trouvé pour le complexe du pied dans le plan frontal et transverse, ainsi que pour le genou dans le plan transverse et de la hanche dans le plan frontal (mais non significatif). Chez les femmes (groupes SBIT et sain), des différences significatives ont été trouvées dans le plan transverse pour la hanche et dans la rotation externe de hanche (pour le groupe SBIT). De plus, les femmes avec le SBIT montraient une flexion de genou, une adduction et une rotation interne du genou plus important en comparaison au groupe contrôle. Chez l’homme (groupe SBIT et sain), les différences significatives reposaient sur le plan transverse pour l'angle du pied lors des phases d’appui et d’oscillation, ainsi que dans le plan frontal pour l'angle de la hanche lors de la phase d'oscillation (pour le groupe SBIT en comparaison au groupe sain). La différence significative la plus importante a été trouvée pour la rotation interne du pied à 70- 72% du cycle de course. De plus, les hommes du groupe SBIT ont dévoilé une abduction du genou plus importante lors de la phase d'oscillation, et ont manifesté une rotation interne de hanche plus faible lors de la phase d'oscillation face au groupe d’homme sain. Enfin les hommes du groupe SBIT ont présenté une adduction de la hanche inférieure lors de la phase d'oscillation et avaient tendance à avoir une flexion de genou moins importante lors de la phase d'appui. Ainsi, nous pouvons voir que la littérature sur la cinématique des sujets atteints du SBIT n’est pas totalement en accord selon les variables considérées. En effet, les résultats et les constatations effectuées sont controversés selon les auteurs. Les résultats de cinématique se concentrent quasi essentiellement sur les articulations du genou et de la hanche dans les plans transverse et frontal. Aucune étude ne s’est intéressée à la pathologie du SBIT associée au traitement par semelle orthopédique. Il semble intéressant et pertinent de centrer notre analyse sur les rotations maximales des plans transverse et frontal du genou et de la hanche associée aux anomalies mécaniques dynamique du pied (pronation/supination) lors d’un traitement par semelle orthopédique.
  • 30. 26 3 PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES : L’étude mécanique de la locomotion est primordiale à la compréhension de l’anomalie ou de la pathologie. Ainsi, ceux sont ces facteurs biomécaniques qui vont intéresser le podologue dans la création de la semelle orthopédique pour le traitement du patient. Le diagnostic visuel permet de comprendre la mécanique néanmoins il ne permet pas de pouvoir quantifier les angles articulaires lors de moments précis du cycle de locomotion. L’utilisation de systèmes d’analyse 3D trouve donc son intérêt pour la podologie en apportant une précision (quantitative) accrue. De plus, ces systèmes apporteraient des données quant aux différents changements cinématiques produis par les semelles orthopédiques lors de différents traitements. Le système VICONTM permettrait de mieux appréhender l’impact cinématique de la semelle orthopédique en phase dynamique. De ce fait, ces observations pourraient à terme amener une amélioration de la prise en charge, en apportant plus de précision dans la conception de la semelle orthopédique pour des pathologies distinctes. Les données fournies par l’analyse quantitative du mouvement seraient donc une plus-value pour la podologie. La présente étude propose d’aborder une pathologie précise, touchant quasi essentiellement les coureurs à pied, le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, plus communément appelé syndrome de l’essuie-glace. La revue de littérature a mis en évidence les connaissances relatives à la cinématique des coureurs atteints de cette blessure. De plus, nous avons vu que la cinématique est en grande partie influencée par le complexe articulaire du pied. C’est selon cette conception que travaillent les podologues. En modifiant les mouvements et orientations du pied, ils influencent les mécanismes sus-jacents. Ainsi, les semelles orthopédiques adaptées au morphotype de chaque individu modifient probablement les paramètres cinématiques des articulations de la cheville, du genou et de la hanche à la course chez des sujets blessés. Ainsi, notre travail se portera sur la prise en charge du syndrome de la bandelette ilio-tibiale par semelles orthopédiques. Nous émettons l’hypothèse que le traitement orthopédique permet le traitement du SBIT en modifiant les cinématiques articulaires et plus précisément la cinématique du genou. Ainsi, l’analyse du mouvement serait un bénéfice pour les coureurs atteints du SBIT mais également pour les podologues afin de mieux comprendre l’impact cinématique de leur traitement provoquant la baisse de douleur et de contraintes physiques lors de la locomotion.
  • 31. 27 Pour répondre à cette hypothèse, les objectifs sont d’étudier les modifications cinématiques du complexe articulaire du genou (tibia, fémur), engendrées par le port de semelles orthopédiques chez des coureurs atteints du SBIT, sur un traitement de 3 semaines. Ce délai permettra de mettre en évidence l’évolution de la cinématique et de la douleur liée à la pathologie. Ainsi, nous pourrons mettre en évidence le temps nécessaire à la mise en place des modifications cinématiques induits par les semelles orthopédiques, 3 semaines étant la période empiriquement retenue par la podologie. 4 MATERIELS ET METHODE 4.1 POPULATION La population est composée de 7 coureurs de fond amateurs, ayant le syndrome de l’essuie-glace et n’étant traités que par le traitement orthopédique. Le recrutement s’est réalisé au sein même du centre, par l’aide des différents spécialistes mais également par l’intermédiaire d’une lettre d’information (annexe 2) présentant l’étude et le recrutement, visible par tous les patients du centre. De plus, une grande partie des clubs de course et d’athlétisme de la région a été contactée afin d’étoffer le recrutement. Néanmoins celui-ci s’est avéré particulièrement compliqué. En effet, pour l’étude, chaque sujet se devait d’être porteur du SBIT (et ne pas présenter des antécédents de SBIT) et ne devait avoir commencé aucun traitement pour cette blessure. Ainsi, 16 sujets ont été recrutés, 4 sujets n’ont pas montré de troubles podaux, ne nécessitant aucune intervention podologique et ont donc été exclus de l’étude. Douze sujets ont été inclus après examen clinique et 7 ont terminé l’étude. Cinq sujets ne sont pas allés jusqu’au bout de cette dernière. Le sujet 3 a dû interrompre celle- ci pour erreur médical. En effet, après l’obtention des semelles, un examen complémentaire médical n’a pas révélé de SBIT mais plutôt une inflammation du muscle poplité. Le sujet 5 a révélé une bursite associée à son SBIT. Il a donc été contraint de commencer un protocole de mésothérapie en parallèle, l’excluant de l’étude. Le sujet numéro 9 a quitté l’étude en raison d’une seconde blessure apparue lors d’une chute de ski. Les sujets 7 et 12 n’ont pu terminer
  • 32. 28 l’étude ne pouvant se rendre au laboratoire lors de la dernière semaine. Les caractéristiques des sujets sont présentées dans le tableau 1. Critères d’inclusions : Sujet ayant le syndrome de l’essuie-glace et ressentant une douleur vive à la course (douleur se situant à 10 sur l’échelle EVA, obligeant l’arrêt de la course) ; les sujets ont plus de 20 ans pour des raisons de croissance ; Les sujets couraient au moins une fois par semaine et plus de 15 kilomètres avant la blessure. Critères d’exclusions : Les sujets ne doivent effectuer ou avoir eu recours à aucun autre traitement en parallèle avec celui proposé dans l’étude, pour le SBIT ; Les sujets ne doivent avoir aucunes autres blessures de l’appareil locomoteur ; Les sujets n’ont pas subi d’opération lors des 12 derniers mois ; Les sujets pratiquent une autre activité sportive régulière, type sport collectif, ou sport individuel type tennis, les sujets ne doivent pas avoir subi une blessure lors des 12 dernières semaines ; les sujets ne doivent pas avoir de bursite associée. Tableau 1 : Récapitulatif des sujets Sujet Age Taille (m) Poids (kg) IMC Anomalie(s) Arrêt de la course 1 40 1,65 72 26,4 HP 10 min 2 25 1,81 70 21,4 HP 2,5 km 4 21 1,67 61 21,9 HP 7 km 6 34 1,76 66 21,3 HP 3 km 8 30 1,80 70 21,6 HP 12 min 10 32 1,77 71 22,7 HP 4 km 11 29 1,70 55 19 HP 4 km HP : Hyper pronation
  • 33. 29 4.2 METHODE Cette étude a été réalisée chez des sujets pathologiques. Chaque sujet a répondu positivement à l’appel à participation diffusé au niveau du centre Orthodynamica de la clinique Mathilde. L’ensemble des sujets a subi le même protocole. Ils se sont d’abord rendus au centre de locomotion de la clinique Mathilde, afin d’y recevoir une paire de semelle orthopédique adaptée à leurs anormalités mécaniques après un examen podologique clinique, sans recours au système VICONTM . Chacun a donc reçu un diagnostic complet afin d’obtenir des semelles orthopédiques spécifiques. Suite à cet examen podologique, chaque sujet s’est dirigé vers le laboratoire d’analyse du mouvement afin d’y effectuer un test d’analyse du mouvement quantitatif. Le test biomécanique s’est déroulé de la manière suivante : Le sujet est vêtu d’un short, de socquettes, et de baskets de course. Le sujet devra s’équiper exclusivement de cette paire de basket au cours de l’étude d’une durée de 1 mois. Ainsi, chaque analyse et chaque entrainement devra être réalisé avec ces baskets. Le sujet est ensuite équipé de strappal sur l’ensemble des sites ou le sujet sera équipé de mires. Un marquage est réalisé sur chaque strappal, sur la zone ou devra être collé la mire. De ce fait, si une mire se décolle lors de l’enregistrement, sa position exacte sera retrouvée. Par conséquent, la mire sera replacée au même endroit. Le sujet s’est ensuite échauffé 10 minutes sur le tapis roulant à différentes vitesses (6 km/h, 8 km/h, 10 km/ et 12 km/h dans la mesure du possible). Cela permet au sujet de s’échauffer, de se préparer à la phase d’acquisition et de se familiariser avec le tapis. Le temps de familiarisation avec un tapis roulant est de 6 minutes (Lavcanska, Taylor, & Schache, 2005). À l’issue de cet échauffement, l’ensemble des mires a été positionné sur chaque site du modèle défini, collé sur le strappal. Cela permet aux mires de ne pas se décoller avec le phénomène de sudation. Le modèle choisi est le Plug-in-Gait (PiG). Vingt mires sont donc positionnées sur le corps du sujet. Le positionnement des mires est réalisé par le même opérateur au cours de cette étude sur l’ensemble des analyses. Les mesures anthropométriques du modèle sont ensuite effectuées (masse, taille, longueur du membre inférieur, largeur du genou, largeur de malléole) permettant la reconstruction biomécanique de l’ensemble poly-articulaire. Une phase de calibration statique du sujet est ensuite effectuée afin de placer de manière précise
  • 34. 30 l’ensemble des référentiels articulaires. Chaque sujet se positionne au milieu de la salle, debout, de manière immobile (les bras levés) afin de labéliser les différentes mires positionnées sur le corps, grâce à un enregistrement statique de quelques secondes. Le logiciel reconnaît d’abord l’ensemble des mires, puis après une phase de labélisation réalisée manuellement, le logiciel crée les segments, et reconstruit les centres articulaires de chaque articulation en fonction de la position des mires et du modèle PIG. Chaque centre articulaire possède donc son référentiel définit par rapport au référentiel du laboratoire. De plus, cet enregistrement statique permet de réduire les mouvements de mires liés à la peau lors de la marche ou de la course, en calculant les longueurs segmentaires. Chaque chaussure est contrôlée grâce à ce premier enregistrement. Si cette dernière est réfléchissante, elle est recouverte de sparadrap, sans gêne pour le coureur, afin de ne pas avoir de biais dans les acquisitions, en créant des artefacts. Une calibration dynamique est ensuite réalisée afin de préparer l’acquisition des mouvements complexes, comme à la course. La phase de calibration dynamique s’effectue au milieu de la salle d’analyse. Le sujet doit effectuer une série de mouvements successifs : flexion/extension de cheville droite, flexion/extension de genou droit, circumduction de hanche droite. Puis les mêmes mouvements sont réalisés pour la jambe gauche. Lorsque les référentiels sont placés de manière précise, la phase d’acquisition peut débuter. Ainsi, chaque sujet se positionne sur le tapis roulant (Care, Crosser II) puis commence une course à 10 km/h. Après 3 minutes de course, 3 acquisitions sont réalisées. Chaque acquisition a une durée de 10 secondes à la fréquence de 240Hz. Le sujet peut ensuite descendre du tapis roulant. Après une pause de 5 minutes, sans avoir enlevé les mires, le sujet insère les semelles orthopédiques dans les baskets de course et recommence le protocole à l’identique. A l’issue de cette première journée, le sujet repart avec ses semelles orthopédiques et une fiche de suivi des entrainements (voir annexe 1). Puis chaque semaine, à raison d’une fois par semaine, une analyse de course avec semelles orthopédiques sera effectuée (dans les mêmes conditions vues précédemment) jusqu’à la fin du protocole (3 semaines). Lors du traitement, le sujet doit réaliser au minimum 1 entrainement par semaine et reporter la douleur ressentie au cours de la course sur une échelle EVA lors de chaque sortie (figure 9). L’efficience de cette échelle est démontrée dans la littérature (Burckhardt & Jones, 2003; Flandry, Hunt, Terry, & Hughston, 1991; Hawker, Mian, Kendzerska, & French, 2011; Huskisson, 1974). Chaque sujet a dû remplir son test à chaque entrainement. Ils ont donc eu connaissance de chacun de leurs résultats lors du mois de traitement, la réglette étant graduée. Cette méthode a été préconisée au vu d’une étude réalisée sur le long terme par Scott & Huskisson (1979), qui ont montré qu’une absence de critère visuel sur les résultats engendrait une surestimation de la douleur ressentie. De plus, le temps de course
  • 35. 31 (en min), la distance (en km) et la surface du sol devaient être mentionnées. Enfin, si une douleur est apparue sans provoquer l’arrêt de l’effort, le temps de course où cette dernière s’est manifestée doit apparaître. La chronologie de l’étude est résumée ci-dessous, où S0 correspond à la première session d’acquisition avec (JSS) et sans (J0) semelle ; J1 au test intermédiaire n°1 avec semelles ; J2 test intermédiaire n°2 avec semelles et J3 au test final avec les semelles. Avant chaque test une calibration des caméras a été réalisée afin de s’assurer de la qualité des enregistrements. Les différents artefacts présents sur chaque caméra ont été retirés. Figure 9 : Échelle EVA (Boursier, 2003)
  • 36. 32 Chronologie de l’étude : S0 : Semaine 0 ; S1 : Semaine 1 ; S2 : Semaine 2 ; S3 : Semaine 3 ; JSS : Journée sans semelles ; J0 : Journée 0 ; J1 : Journée 1 ; J2 : Journée 2 ; J3 : Journée 3 Recueil de données : Dix cycles de course seront récupérés pour chaque sujet et pour chaque test sur la jambe blessée. L’ensemble des acquisitions seront réalisées à 10km/h, afin d’éliminer toute différences cinématiques dû à la vitesse. Ainsi 50 valeurs (par variable) pour les 5 tests seront récupérées pour chaque sujet. Les valeurs angulaires maximales de rotation interne du tibia, du fémur et d’adduction fémorale seront récupérées. Le plan frontal du genou n’est pas étudié ici. En effet, ce plan n’offre que quelques degrés de mouvement, qui ne seraient pas interprétable au vu du degré de précision du système (1° et de la répétabilité des mesures intersessions (5 à 6° de variations d’une session à une autre pour les plans frontal et transverse) (Alenezi, Herrington, Jones, & Jones, 2016). Les variables récupérées los des tests dynamiques se réduiront à la phase d’appui. En effet, plusieurs auteurs avancent dans leur étude, que l’impact d’une semelle ne se répercute que lors de la phase d’appui (Eng & Pierrynowski, 1994; Mündermann, Nigg, S0 • JSS : Analyse de course sans semelles • J0 : Analyse de course avec semelles S1 • J1 : Analyse de course avec semelles S2 • J2 : Analyse de course avec semelles S3 • J3 : Analyse de course avec semelles
  • 37. 33 Humble, & Stefanyshyn, 2003b; Nawoczenski et al., 1995). De plus, plusieurs études ne se focalisent que sur les premiers 60% de la phase d’appui. En effet, c’est ici que se produit le maximum d’éversion du pied et de rotation interne de tibia (Eslami et al., 2009; McClay & Manal, 1998). C’est donc lors de cette période que les rotations internes de genou seront les plus importantes (le pic de rotation externe étant lors du contact initial entre le talon et le sol, la jambe étant tendue). Cette phase d’appui sera déterminée selon une technique se basant sur les positions des marqueurs à des instants « t ». En effet, ne disposant pas de plateforme de force dans le laboratoire d’analyse du mouvement, nous devrons faire appel à une méthode différente. Celle- ci, se basera sur les positions de mires du talon et de la seconde tête métatarsienne. Ainsi, le contact initial sera défini à la position verticale minimale de la mire du talon. Le décollement des orteils, symbole de la fin de la phase d’appui, sera défini à la position verticale minimale de la mire de la seconde tête métatarsienne (Fellin, Rose, Royer, & Davis, 2010). 4.3 MATERIELS Pour les manipulations un système optoélectronique VICONTM présent au laboratoire d’analyse du mouvement de la société Orthodynamica a été utilisé, associé à sa plateforme de course de 20m, équipée d’un revêtement antidérapant. Le VICONTM est un système permettant l’analyse du mouvement, en captant les trajectoires spatiales de marqueurs positionnés sur la peau du sujet, grâce à différentes caméras infrarouges, avec une précision au degré. Aujourd’hui le système VICONTM est reconnu comme étant le système le plus précis pour l’analyse du mouvement (Carse et al., 2013). C’est la référence dans l’analyse du mouvement. Les marqueurs ont une place importante dans ce système, car ils permettent le suivi segmentaire par les caméras. Il existe 2 types de mires, les marqueurs passifs et actifs. Chacun présentant ses points positifs et négatifs. Un système de marqueurs passifs plus adaptés aux analyses de marche et de course (Lepoutre, 2007) sera utilisé. Ces marqueurs passifs sont des petites mires rétro-réfléchissantes de 14mm de diamètre, qui renvoient les rayons infrarouges de chaque caméra vers sa position d’émission. Le système VICONTM dispose de 14 caméras (6 Vantage V5, 6 Bonita B10, 2 DV) disposées
  • 38. 34 sur les murs de la salle (figure 10). Deux caméras DV sont positionnées en bout et milieu de salle. L’ensemble des caméras infrarouge est positionné à une hauteur de 2 mètres du sol, les 2 DV sont à 1 mètre du sol. Les caméras Bonita V5 ont une fréquence d’acquisition de 420 images par seconde avec une résolution de 5 mégapixels. Les caméras Bonita B10 ont une fréquence de 250 images par seconde avec une résolution à 1 mégapixel. Les caméras sont directement fixées au mur. Cela permet d’empêcher le mouvement de ces dernières. Néanmoins elles peuvent être amenées à subir des vibrations. Dans ce cas, 6 de ces caméras sont équipées de détecteur et de LED permettant de signaler par un clignotement le déplacement de cette dernière. Dans ce cas, une calibration des caméras est à refaire. Cette calibration s’effectue grâce à un outil de calibration, la baguette Wand 2 (équipée de 5 LEDS). Après une phase de balayage de l’espace d’acquisition, une calibration statique doit être effectuée afin de définir (pour le logiciel) le repère du laboratoire et régler le positionnement des caméras les unes par rapport aux autres dans l’espace. Pour les enregistrements le modèle de placement de mire du PIG (figure 11) a été choisi. Il retient les reliefs osseux suivants : épines antéro-supérieures iliaques ; épines postéro-supérieures ; épicondyles internes et épines externes fémoraux ; malléoles internes et externes ; 2 eme têtes métatarsiennes ; Talons ; Cuisses externes sur l’alignement entre l’épicondyle externe du genou et le grand trochanter ; Jambes externes sur l’alignement entre l’épicondyle externe et la malléole externe. Figure 10: Placement des caméras avec sujet en pleine course
  • 39. 35 Ce modèle de positionnements permet d’obtenir une reconstruction biomécanique des membres inférieurs sur le logiciel Nexus et de déterminer les rotations de genou en fonction de la rotation du tibia par rapport au fémur, et de la hanche en fonction du fémur par rapport au bassin. De plus, lorsque le référentiel est créé, le logiciel, attaché au PIG, utilise les angles d’Euler. Rappelons que les angles d’Euler représentent trois rotations successives selon des axes anatomiques. Ces rotations sont définies selon des matrices de rotation, représentées ici par le produit de 3 matrices de rotation mono-axiale. Ainsi, la séquence de rotation définit le plan dans lequel s’effectuera la première, puis la seconde et enfin la dernière rotation. Le choix est très important car il modifie les angles de manière significative (Karduna, McClure, & Michener, 2000; McGill, Cholewicki, & Peach, 1997; Woltring, 1994). En effet, la première rotation associée au premier plan sera la plus précise alors que pour les 2 autres plans, la marge d’erreur augmente progressivement. La séquence de rotation du PIG est une séquence X (plan sagittal) puis Y (plan frontal) puis Z (plan transverse). Celle-ci apporterait donc une faible précision sur les angles de rotation du plan transverse. Enfin, pour l’analyse cinématographique utilisant les angles d’Euler, la précision des angles articulaires est jugée bonne lorsque les angles ne dépassent pas 1 radian (57,29°). Au-delà, il s’opère une baisse de la qualité des calculs d’angles. Le PIG calculant dans un premier temps Figure 11 : Modèle du plug-in-gait
  • 40. 36 le plan sagittal et donc la flexion, obtient des valeurs qui peuvent excéder les 57,29°. Ces degrés d’angulation seront obtenus uniquement sur la phase d’oscillation qui ne concerne pas cette étude. Les données sont ensuite traitées grâce au logiciel Polygon®. Celui-ci a permis d’obtenir l’ensemble de courbes articulaires dans les 3 plans de l’espace et ainsi le recueil des données quantitatives souhaitées dans les plan frontal et transverse des genoux et hanches. L’ensemble des semelles réalisées ici sont anti-pronatrices (voir annexe), avec un bord anti- pronateur. 4.4 STATISTIQUES L’ensemble du traitement statistique a été réalisé par le logiciel SPSS V17 (Inc, IL, USA). Le seuil de significativité est fixe à p<0.05. Dans un premier temps, les résultats des tests EVA sont analysés afin d’étudier l’évolution de douleur en fonction du temps sur les 3 semaines du protocole. Les pics de rotations articulaires, lors des phases d’appui ont été recueillis (les rotations du plan transverse du genou, les rotations des plans transverse et frontal de la hanche). Les changements cinématiques opérés par le port de la semelle au cours du temps ont été comparés par une ANOVA à mesure répétée. Un test de corrélation entre les variables et le delta de douleur au cours du temps a été réalisé. Pour l’ensemble des variables, la normalité et l’homogénéité des valeurs ont été vérifiées par les tests de Shapiro&Wilk et celui de Levene. Ces tests ont permis de comparer les résultats inter-session et de déterminer le temps d’adaptation cinématique aux semelles orthopédiques des coureurs pour les différentes articulations.
  • 41. 37 5 RESULTATS Une analyse des tests EVA fut effectuée. Le tableau 2 regroupe les résultats issus de l’EVA. Les résultats ont mis en évidence une réduction moyenne de 83% de la douleur à 3 semaines de traitement. De façon individuelle tous les sujets ont montré une réduction de douleur à la course avec une disparition totale de la douleur à 3 semaines pour les sujets 2, 8 et 11. La réduction de douleur là moins marquée concerne le sujet 6 avec une réduction contenue à 60%. Tableau 2: Moyenne des tests EVA Sujets S0 JSS S0 J0 S1 J1 S2 J2 S3 J3 % de réduction à 3 semaines 1 10 10 5 4 3 -70% 2 10 10 0 0 0 -100% 4 10 10 2 6 2 -80% 6 10 10 2 2,5 4 -60% 8 10 10 0 7 0 -100% 10 10 10 6 8 3 -70% 11 10 10 0 6 0 -100% -83% S0 : Semaine 0 ; S1 : Semaine 1 ; S2 : Semaine 2 ; S3 : Semaine 3 ; JSS : Journée sans semelles ; J0 : Journée 0 ; J1 : Journée 1 ; J2 : Journée 2 ; J3 : Journée 3
  • 42. 38 Les tableaux 3, 4 et 5 présentent les résultats de rotation de genou dans le plan transverse, et les rotations de hanche dans le plan transverse et frontal. Dans les colonnes « J », les rotations internes sont exprimées négativement. À l’inverse, les rotations externes sont exprimées positivement. De même, les adductions sont exprimées négativement et les abductions positivement. Les signes des colonnes « différence » représente un gain ou une perte de pic de rotation à l’issu des 3 semaines de traitement. De plus, les colonnes rouges montrent un gain de pic de rotation interne ou d’adduction. Les colonnes vertes montrent une perte. Tableau 3 : Rotation de genou dans le plan transverse a la course (exprime en degrés) * : Différences significative entre JSS et J3 ; en rouge : Augmentation du pic de rotation ; en vert : Diminution du pic de rotation Pour les pics de rotations du plan transverse du genou, une différence significative a été observée chez l’ensemble des sujets entre JSS et J3 mais de façon opposée : 4 sujets ont réduit leur pic de rotation interne de genou (PRIG) à la course, alors que 3 sujets ont augmenté la valeur de cette dernière. Sujets JSS J0 J1 J2 J3* Différence à 3 semaines 1 -4,43° -4,43° 21° 14,48° 21° +25,43° 2 -5,25° -5,88° -0,41° 14,03° 16,19° +21,44° 4 26,89° 28,85° 7,65° 12,17° 18,92° -7,97° 6 15,25° 11,26° 40,37° 8,2° 21,24° +5,99° 8 7° 4,58° 3,14° 3,47° -0,57° -7,57° 10 7° 7,05° 14,55° 7,61° -0,71° -7,71° 11 39,86° 39,53° 16,66° 18,12° 9,86° -30°
  • 43. 39 Tableau 4 : Rotation de hanche dans le plan transverse a la course (exprime en degrés) * : Différences significative entre JSS et J3 ; en rouge : Augmentation du pic de rotation ; en vert : Diminution du pic de rotation Les résultats des rotations du plan transverse de la hanche ont montré une réduction de la rotation maximale interne de hanche (RMIH) chez 6 sujets. Seul le sujet 6 a montré une augmentation de sa rotation maximale interne. Les différences sont significatives entre JSS et J3. Tableau 5 : Rotation de hanche dans le plan frontal a la course (exprime en degrés) Sujets JSS J0 J1 J2 J3 Différence à 3 semaines 1 11,07° 14,51° 20,22° 13,12° 7,8° -3,27° 2 9,74° 7,45° 8,5° 9,74° 7° -2,74° 4 8,85° 9,6° 13° 10,4° 9,01° 0,16° 6 9,96° 5,98° 8,14° 7,99° 8,15° -1,81° 8 10,67° 11,31° 8,53° 8,53° 9,07° -1,6° 10 6,43° 6,31° 7,76° 5,5° 11,48° 5,05° 11 20,02° 22,69° 21,63° 18,82° 20,16° 0,14° En rouge : Augmentation du pic de rotation ; en vert : Diminution du pic de rotation Sujets JSS J0 J1 J2 J3* Différence à 3 semaines 1 1,09° 11,81° 11,94° 1,78° -4,94° -6,03° 2 17,25° 18,19° 16,24° 6,43° 14,5° -2,75° 4 22,39° 16,01° 1,14° 3,44° 8,08° -14,31° 6 4,99° 9,64° 10,28° 13,92° 17,83° +12,84° 8 20,55° 23,38° 32,31° 17,84° 16,36° -4,19° 10 16,58° 16,09° -6,77° 17,85° 14,09° -2,49° 11 21,12° 10,26° 10,12° 13,81° 19,24° -1,88°
  • 44. 40 Les résultats de rotation de hanche dans le plan frontal ont fait apparaître une réduction de rotation maximale d’adduction de hanche (RMAH) chez 4 sujets, une augmentation chez un sujet (sujet 10) et une stabilité rotatoire chez 2 sujets. Les résultats n’ont pas montré de changement significatif au cours du traitement. Tableau 6 : Récapitulatif des pics de rotations genou et de hanche a 3 semaines de traitement Sujets GROT HROT HADD EVA 1 +25,44° -6,03° -3,27° -30% 2 +21,44° -2,75° -2,74° -100% 4 -7,97° -14,31° 0,16° -80% 6 +5,99° +12,84° -1,81° -60% 8 -7,57° -4,19° -1,6° -100% 10 -7,11° -2,49° +5,05° -70% 11 -30° -1,88° 0,14° -100% En rouge : Augmentation du pic de rotation ; En vert : Diminution du pic de rotation ; En gris : Pas de changement L’ensemble des résultats rotatoires a indiqué une réduction majoritaire des maximums de rotation dans les différents plans. Le plan transverse du genou est le plus impacté, avec 4 réductions de rotation maximale et 3 augmentations. Le plan transverse de la hanche dévoile lui de manière presque exclusive une réduction des maximums de rotation. Enfin, le plan frontal montre majoritairement une réduction d’adduction maximale avec une seule augmentation contenue à 5°. À la suite des résultats de donnée angulaire du plan transverse de la hanche le delta EVA a été calculé entre JSS et J3. Puis nous avons établi le delta des données angulaires entre JSS et J3. Ainsi, un test de corrélation de Spearman a été effectué.
  • 45. 41 Tableau 7 : Delta de réduction pour la rotation interne de hanche (entre JSS et J3) et le delta de baisse de douleur sur l’échelle EVA (JSS et J3) Sujets Données angulaires de hanche EVA 1 -6,03° -7 2 -2,75° -10 3 -14,31° -8 4 12,84° -6 5 -4,19° -10 6 -2,49° -7 7 -1,88° -10 Aucune corrélation significative n’a été constatée entre le delta angulaire de rotation fémorale (JSS et J3) et le delta de résultats EVA (JSS et J3) (r = 0,20 ; p-value = 0.65).
  • 46. 42 6 DISCUSSION : L’analyse de la course sans et avec semelles orthopédiques chez des sujets atteints du syndrome de la bandelette ilio-tibiale nous a permis d’obtenir des informations quantitatives, et de répondre à certaines interrogations, mais aussi de soulever de nouvelles interrogations. L’analyse du mouvement grâce au système VICONTM , a permis d’accroitre les connaissances quant à l’effet cinématique de la semelle orthopédique à la course chez des sujets atteints du SBIT. Notre hypothèse de travail était de traiter le SBIT par la mise en place de semelles orthopédiques afin d’impacter la cinématique de course et plus spécifiquement celle du genou, zone de retentissement de la douleur. Ainsi, l’analyse 3D de course devait présenter une plus- value pour le podologue. Nous avions défini comme premier objectif de quantifier les effets de la semelle sur la cinématique du complexe articulaire du genou lors de la course à pied. De plus, nous proposions un suivi sur 3 semaines afin de suivre l’évolution cinématique et de douleurs induit par le port de la semelle orthopédique. Il est important de rappeler que l’ensemble de nos sujets présente un SBIT lors de l’étude, et que l’intégralité des sujets montre une hyperpronation à la course. Plusieurs sujets (n=4) n’ont pu être inclus dans l’étude car ils ne présentaient pas de troubles podaux. Ainsi, 12 sujets ont pu commencer l’étude avec un syndrome de l’essuie-glace identifié et une hyperpronation constatée. Par conséquent, l’excès de pronation podale pourrait être un facteur de risque favorisant l’apparition du SBIT, contrairement aux conclusions de différentes études qui n’ont pas considéré ce facteur comme risque (Ferber et al., 2010a; Grau et al., 2008; Noehren et al., 2007). Tout d’abord, les résultats ont montré un effet significatif des données angulaires entre JSS et J3 pour l’ensemble des variables du plan transverse. Le plan frontal n’a pas montré de différences significatives au cours du traitement malgré les variations angulaires. Les résultats du plan transverse sont en accord avec la période de 3 semaines retenue par les podologues pour l’adaptation biomécanique lors de traitement orthopédique. Les semelles orthopédiques provoquent donc une modification articulaire à la course, et notamment pour le plan transverse. Nous pouvons affirmer que les semelles orthopédiques ont un réel intérêt dans le traitement du SBIT chez nos sujets, en réduisant les douleurs de manière conséquente. En effet, l’ensemble
  • 47. 43 de nos sujets a montré une réduction moyenne de 83% de la douleur à 3 semaines de traitement. Le sujet 6 a signifié au bout de 3 semaines la réduction de douleur la moins importante, avec une estimation de 4 sur l’échelle EVA. Ce dernier, a présenté une réduction de 60% de sa douleur. Selon Crossley et al. (2004), une réduction de 2cm sur l’échelle EVA permet de valider l’effet d’un traitement ; une réduction de plus de 4 cm dévoile un effet positif du traitement. Nous pouvons donc affirmer que la semelle orthopédique provoque une amélioration conséquente sur la douleur engendrée par le SBIT au bout de 3 semaines de traitement. De plus, l’analyse du mouvement réalisée chez le sujet 6 a révélé que son volant rotatoire externe de hanche n’avait pas évolué autant que pour les autres sujets. Ici, l’analyse 3D apporte de nouvelles informations jusqu’alors indisponible au podologue qui permettraient d’améliorer la semelle de ce sujet. L’ensemble des sujets a réduit sa cotation douloureuse d’au moins 6cm. Par conséquent, l’analyse des données angulaires est justifiée afin de déterminer si la réduction des rotations maximales de hanche et de genou dans les différents plans est liée à la réduction de la douleur. Notre objectif premier concernait l’analyse des rotations maximales internes (plan transverse) du genou lors de la phase d’appui. En effet, plusieurs études ont montré que les sujets atteints du SBIT avaient une rotation interne du genou plus importante que les sujets sains (Ferber et al., 2010b; Noehren et al., 2007). Ainsi, additionné aux hyper-pronations podales, l’excès de rotation interne du genou semblerait être un facteur de risque évident du SBIT. En effet, il est démontré que l’excès de pronation du pied entraine une rotation interne du tibia (Coplan, 1989; DeLeo et al., 2004; Dugan & Bhat, 2005; Eng & Pierrynowski, 1993; Hintermann & Nigg, 1998). Nous pensions réduire les maximums de rotation interne du genou, comme décrit dans la littérature (Cornwall & McPoil, 1995; C. MacLean, McClay Davis, & Hamill, 2006; Nawoczenski et al., 1995) en corrigeant l’hyper-pronation par l’utilisation de semelles orthopédiques. Nos résultats ont mis en évidence une certaine variabilité dans les réductions de rotation interne du genou. En effet, 4 sujets ont réduit leur pic de rotation interne de genou, en revanche 3 l’ont augmenté. Les 3 sujets ayant augmenté leur pic de rotation interne de genou (sujet 1, 2 et 6) ont reporté des réductions de douleur de 3, 0 et 4 sur l’échelle EVA à 3 semaines. La douleur ressentie moyenne pour ce groupe est donc de 2,33/10 à 3 semaines de traitement. Les sujets 4, 8, 10, 11 ont réduit leurs pics de rotation interne à la course et ont reporté une douleur moyenne de 1,25/10 sur l’échelle EVA à 3 semaines de traitement. Réduire le pic de rotation interne de genou pourrait donc être un facteur favorisant la réduction de douleur pour
  • 48. 44 le SBIT. Néanmoins, la semelle orthopédique n’a pas réduit l’ensemble des pics de rotation interne comme nous l’espérions. Il est établit que l’excès de pronation impacte la rotation tibiale interne en augmentant cette dernière (Coplan, 1989; DeLeo et al., 2004; Dugan & Bhat, 2005; Eng & Pierrynowski, 1993; Hintermann & Nigg, 1998). Toutefois, cette hyperpronation produit également des changements rotatoires au niveau de la hanche, en augmentant la rotation interne du fémur (Souza et al., 2009). Le pic de rotation interne de hanche a été examiné en 2014 chez des sujets atteints du SBIT : il a été constatée une rotation interne fémorale plus importante dans le groupe blessé par rapport au groupe sain (Noehren et al., 2014). Nos résultats ont révélé une réduction du pic de rotation interne de hanche chez 6 sujets, contre une augmentation de celle-ci chez un seul (sujet 6). Le sujet 6 a montré une augmentation de ce pic de 12,84°. Rappelons que ce sujet a également augmenté son pic de rotation interne de genou (+5,99°). Son résultat EVA à 3 semaines de traitement est le plus élevé face au reste du groupe, avec une échelle évaluée à 4 sur 10. Ce résultat ne serait pas lié à l’augmentation de sa charge d’entrainement. En effet, le sujet 6 a augmenté sa durée de course de 25 minutes au cours du traitement. Les 6 autres sujets ont augmenté leurs charges d’entrainement d’une durée moyenne de 22,83 minutes, avec des augmentations de plus de 30 minutes pour 2 sujets. Ainsi, les 6 autres sujets ayant réduit leurs pics de rotation interne de hanche ont montré un résultat moyen de 1,33 sur l’échelle EVA. La réduction du pic de rotation interne de hanche apparaît être un facteur de réduction de douleur dans le traitement du SBIT. La semelle orthopédique correctrice de l’excès de pronation viendrait réduire le pic maximum de rotation interne de hanche. Ces résultats sont dans la continuité de l’étude réalisée par Resende et al. en 2015, qui ont constaté une augmentation de la rotation interne de hanche lors de la phase d’appui de la marche en utilisant des semelles augmentant la pronation (Resende et al., 2015). Ainsi, la réduction de la rotation interne fémorale, pourrait avoir un impact sur les résultats de rotation du genou (tibia par rapport au fémur). Enfin, il semble intéressant au vu de la littérature de s’intéresser aux rotations de hanche dans le plan frontal même si nos résultats n’ont pas montré de significativité à l’issue des 3 semaines de traitement. En effet, Noehren et al., ont mis en évidence que quelques degrés d’adduction pouvaient provoquer le SBIT (Noehren et al., 2007). De plus, différentes études ont reporté une adduction de hanche plus importante chez les sujets atteints du SBIT (Foch & Milner, 2014; Grau et al., 2008; Louw & Deary, 2014; Phinyomark et al., 2015). Ce mouvement viendrait mettre en tension la bandelette et favoriserait les processus douloureux de la blessure que sont la friction et la compression (Baker & Fredericson, 2016). Nous avons observé une réduction
  • 49. 45 du pic d’adduction de hanche chez 4 sujets (diminution moyenne de 2,35°), une augmentation chez un sujet (sujet 10 avec augmentation de 5,05°) et une stagnation chez 2 sujets. Le sujet 10 a évalué son ressenti de douleur à 3 sur l’échelle EVA après 3 semaines de traitement. L’augmentation de 5,05° en adduction de hanche du sujet 10 pourrait influencer la douleur ressentie à 3 semaines. En effet, au vu de nos observations sur les rotations de genou et de hanche, ce dernier ayant réduit ces 2 pics de rotation, nous pourrions penser que sa douleur serait évaluée à 0/10 à 3 semaines de traitement. Néanmoins, l’augmentation de son pic d’adduction de hanche pourrait être le facteur empêchant la disparition totale de douleur. Considérons l’ensemble des résultats. Seul le sujet 8 a montré une réduction de l’ensemble de ses variables avec une baisse de 7,57° de son pic de rotation interne de genou, 4,19° de son pic de rotation interne de hanche et une réduction de 1,6° de son pic d’adduction de hanche. De plus, son évaluation EVA est de 0 /10 à 3 semaines de traitement. La réduction de ces 3 variables angulaires pourrait donc être la clé d’un traitement réussi. Deux autres sujets (Sujet 2 et sujet 11) ont réduit leur douleur de 100%. Le sujet 2 a réduit sa rotation interne de hanche et son adduction de hanche mais a augmenté sa rotation de genou. Le sujet 11 a réduit sa rotation interne de genou et de hanche et n’a montré aucun changement de rotation sur l’adduction de hanche. Ainsi, le facteur le plus influant sur la réduction de douleur semblerait être la réduction du pic de rotation interne de hanche. Cet avis est en accord avec les constats de Noehren et al., en 2014 (Noehren et al., 2014). La réduction du pic de rotation interne de genou serait également un facteur a considéré comme l’ont souligné de nombreux auteurs (Ferber et al., 2010a; Grau et al., 2008; Noehren et al., 2007, 2014). Le pic d’adduction de hanche semble être un facteur influant de la douleur. En effet, malgré sa faible variation, sa réduction ou son augmentation semblerait induire des changements dans le ressenti de douleur de nos sujets. Les sujets 1 et 2, malgré une augmentation de la rotation interne de genou, ont montré tout 2 une réduction d’adduction (et de la rotation interne de hanche). De même le sujet 6, a exposé une augmentation de sa rotation interne de genou et de hanche. Néanmoins il a montré une réduction de 60% de sa douleur. Ce sujet a également dévoilé une baisse d’adduction de hanche, qui pourrait donc être l’un des acteurs de la baisse de douleur. Enfin, le sujet 10 a montré une réduction de sa rotation interne de genou et de hanche mais montre une augmentation de son adduction de hanche. Son échelle EVA est évaluée à 3 au bout des 3 semaines de traitement. Ainsi, l’augmentation de l’adduction de hanche pourrait être le facteur limitant de la réduction de douleur.