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Le sens du mot « ouvert » selon Google

Source : The meaning of open, 21/12/2009, Jonathan Rosenberg
http://googleblog.blogspot.com/2009/12/meaning-of-open.html

Traduction : Jérôme Delacroix, Coopératique, www.cooperatique.com

La semaine dernière j'ai envoyé un courriel aux Googlers1 sur le sens du mot «ouvert» en ce qui
concerne l'Internet, Google et ses utilisateurs. Dans un esprit d'ouverture, j'ai pensé qu'il serait bon
de partager ces réflexions au-delà des murs de notre entreprise.

Chez Google, nous pensons que les systèmes ouverts gagnent. Pour les consommateurs, ils
amènent plus d'innovation, plus de valeur et plus de liberté de choix, et pour les entreprises un
écosystème dynamique, rentable et concurrentiel. De nombreuses sociétés diraient à peu près la
même chose car elles savent que se déclarer « ouvertes » est une posture à la fois bonne pour leur
marque et totalement dénuée de risque. Après tout, dans notre industrie, il n'existe pas de
définition claire de ce que signifie réellement être ouvert. Il s'agit d'un terme digne de l’effet
Rashomon : hautement subjectif et extrêmement important.

Le sujet de l’ouverture semble revenir souvent chez Google ces temps-ci. J’ai participé à plusieurs
réunions où nous discutions au sujet d’un produit et où quelqu’un est intervenu pour dire que nous
devrions être plus ouverts. S’en sont suivis des débats qui ont révélé que si presque tout le monde
dans la salle était convaincu des bienfaits de l’ouverture, nous n’étions pas nécessairement
d’accord sur ce que cela voulait dire en pratique.

Ce genre de scène se reproduit suffisamment souvent pour que j’en arrive à la conclusion que
nous avons besoin d’établir notre définition de l’ouverture en termes clairs que nous pouvons tous
comprendre et sur lesquels nous pouvons tous nous accorder. La suite de cet article développe
cette définition fondée sur mes expériences chez Google et la participation de plusieurs collègues.
Nous gérons notre société et prenons nos décisions produit en fonction de ces principes, c’est
pourquoi je vous encourage à les lire, revoir et débattre avec attention. Ensuite, faites-les vôtres et
tâchez de les incorporer dans votre travail. C’est un sujet complexe et s’il fait débat (et je suis sûr
qu’il le fera !), il faut qu’il ait lieu ouvertement ! N’hésitez pas à commenter.

Il y a deux composants dans notre définition de l’ouverture : la technologie ouverte et
l’information ouverte. La technologie ouverte comprend le logiciel libre2, ce qui signifie que nous
publions et supportons activement des lignes de code qui favorisent la croissance de l’Internet, et
les standards ouverts, ce qui signifie que nous adhérons à ceux qui sont déjà acceptés et que, si
aucun n’existe, nous travaillons pour créer des standards qui améliorent l’Internet dans son
ensemble (et pas uniquement Google). L’information ouverte signifie la chose suivante : quand
nous avons des informations sur nos utilisateurs, nous les utilisons pour leur fournir quelque chose
qui a de la valeur pour eux, nous sommes transparents sur ces informations, et nous leur donnons
le contrôle dessus. Telles sont du moins les choses que nous devons faire. Dans bien des cas, nous
n’en sommes pas là, mais j’espère que ce billet contribuera au travail que nous avons commencé à
faire pour combler l’écart entre notre vision cible et la réalité.




1
    Employés de Google
2
    open source
Le sens du mot « ouvert » selon Google
Si nous pouvons incarner ce modèle d’ouverture (et je crois que nous le pouvons), alors nous
pourrons prêcher par l’exemple et inciter d’autres entreprise et notre industrie tout entière à
adopter le même engagement. Si elles nous rejoignent, le monde sera plus accueillant.

Les systèmes ouverts gagnent

Pour entrer davantage dans le détail de notre point de vue, celui-ci commence par l’affirmation
que les systèmes ouverts gagnent. C’est contre intuitif pour les diplômés de MBA à qui on a
enseigné de créer un avantage concurrentiel durable en créant un système fermé, en le rendant
populaire puis à l’exploiter tout au long du cycle de vie du produit. La sagesse conventionnelle
soutient que les entreprises ont intérêt à rendre les clients captifs afin de maintenir les concurrents
à l’écart. Pour ce faire, il existe différentes tactiques : des fabricants de rasoirs vendent le rasoir
bon marché et les lames coûteuses, l’IBM de jadis fabriquait de gros ordinateurs coûteux et des
logiciels ... coûteux aussi. Quoi qu'il en soit, un système fermé bien géré peut offrir de nombreux
bénéfices. Il peut se traduire par des produits bien conçus dans le court terme – l’iPod et l’iPhone
en sont des exemples évidents - mais finalement l'innovation dans un système fermé tend à être au
mieux incrémentale (est-ce qu’un rasoir à quatre lames est vraiment beaucoup mieux qu’un rasoir
à trois lames ?) parce que le but ultime est de préserver le statu quo. Une trop grande confiance en
soi est la marque distinctive de tout système fermé. Si vous n'avez pas besoin de travailler dur
pour garder vos clients, vous ne le ferez pas.

Les systèmes ouverts sont tout le contraire. Ils sont concurrentiels et bien plus dynamiques. Dans
un système ouvert, un avantage concurrentiel ne découle pas du blocage des clients mais d’une
compréhension des mutations rapides du système meilleure que celle des concurrents et de
l’utilisation de ce savoir pour générer des produits meilleurs et plus innovants. La compagnie
performante dans un système ouvert est à la fois un innovateur rapide et un leader d'opinion ; cette
image de marque de pionnier permanent attire les clients, puis la rapidité de l’innovation les
retient. Ce n'est pas facile - loin de là - mais les entreprises rapides n’ont rien à craindre, et quand
elles réussissent, elles peuvent engendrer une valeur remarquable pour les actionnaires.

Les systèmes ouverts sont susceptibles de faire naître de nouvelles industries. Ils tirent parti de
l'intelligence de la population en général et enjoignent les entreprises à se concurrencer, innover et
gagner sur le mérite de leurs produits et pas seulement grâce à de brillantes tactiques d'affaires. La
course pour cartographier le génome humain en est un exemple.

Dans le livre Wikinomics, Don Tapscott et Anthony Williams expliquent comment, au milieu des
années 90, des sociétés privées ont découvert et breveté de grandes quantités de séquences d’ADN
et ont contrôlé ensuite qui pouvait avoir accès à cette information et à quel prix. La propriété
privée d’une telle quantité de génome a fait grimper les coûts et a rendu la création de nouveaux
médicaments bien moins efficace. C’est alors qu’en 1995, Merck Pharmaceuticals et le Centre
pour le Séquençage du Génome de l’Université de Washington ont changé les règles du jeu en
lançant une nouvelle initiative, ouverte, baptisée the Merck Gene Index. En trois ans, ils ont publié
plus de 800 000 séquences de gènes dans le domaine public, et d’autres projets collaboratifs ont
bientôt suivi. Dans l’industrie pharmaceutique, la R&D très en amont était réalisée
traditionnellement dans des laboratoires fermés ; l’initiative de Merck a non seulement changé la
culture de tout le secteur mais a aussi accéléré le rythme dans la recherche biomédicale et le
développement de médicaments. Elle a donné aux chercheurs du monde entier un accès illimité à
une source ouverte d’informations dans le domaine génétique.




Le sens du mot « ouvert » selon Google
Une autre façon de voir la différence entre les systèmes ouverts et les systèmes fermés est que les
systèmes ouverts permettent l'innovation à tous les niveaux - du système d'exploitation à la
couche applicative - et pas seulement au sommet. Cela signifie qu’une entreprise n’a pas besoin
de dépendre du bon vouloir d’une autre pour mettre un produit sur le marché. Si le compilateur C
open source que j’utilise a un bug, je peux le corriger puisque le code est libre. Je n’ai pas besoin
d’ouvrir un rapport de bug et de prier pour que la réponse arrive à temps.

Donc si vous essayez de développer une filière entière le plus largement possible, les systèmes
ouverts l’emportent sur les systèmes fermés. Et c'est exactement ce que nous essayons de faire
avec l'Internet. Notre engagement à ouvrir les systèmes n’est pas altruiste. Il s'agit plutôt d’un bon
sens des affaires car un Internet ouvert crée un flux constant d'innovations qui attire des
utilisateurs et les usages et tire l'ensemble du secteur. Hal Varian a une équation dans son livre
Information Rules qui s'applique ici:

Rétribution = (valeur ajoutée totale de l'industrie) * (Notre part de la valeur de l'industrie)

Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de 10% en part de marché ou une
augmentation de 10% de la valeur de l'industrie dans son ensemble devrait conduire au même
résultat. Mais dans notre industrie une augmentation de 10% en valeur de l'industrie permettra
d'obtenir une récompense bien plus grande car elle stimulera les économies d'échelle sur
l'ensemble du secteur, accroîtra la productivité et réduira les coûts pour tous les acteurs. Tant que
nous continuons à mettre sur le marché un flux constant de bons produits, nous prospérerons,
comme le reste de l’industrie. Nous aurons peut-être une plus petite part du gâteau, mais ce sera
d’un plus gros gâteau.

Autrement dit, l’avenir de Google dépend de l’ouverture d’Internet et notre action de
sensibilisation sur le thème de l’ouverture fera grandir le Web pour le bien de tous, y compris
Google.

Une technologie ouverte

La définition de l’ouverture commence par les technologies mêmes sur lesquelles Internet s’est
construit : les standards ouverts et le logiciel libre.

Les standards ouverts

Les réseaux ont toujours été dépendant de la capacité de standards à se développer. Quand les
premiers chemins de fer ont été construits sur le territoire des Etats-Unis au début du dix-
neufième siècle, il existait 7 standards différents pour l’écartement des rails. Le réseau ne s’est pas
développé, notamment vers l’Ouest, tant que les compagnies de chemins de fer ne se sont pas
mises d’accord sur un même écartement de de 4 '8.5 ". (Dans ce cas précis, la « guerre des
normes » était une guerre réelle : les Chemins de fer du Sud ont été contraints de reconvertir plus
de 11 000 miles de voies ferrées à la nouvelle norme, après que la Confédération a perdu la guerre
civile face à l'Union.)

Il y avait donc des précédents lorsque Vint Cerf et ses collègues ont proposé, en 1974, d'utiliser
un standard ouvert (qui est devenu le protocole TCP / IP) pour relier les différents réseaux
informatiques qui avaient vu le jour aux Etats-Unis. Ils ne savaient pas exactement combien il y
en avait, l’ « Internet » - un terme inventé par Vint – devait donc être ouvert. Tous les réseaux



Le sens du mot « ouvert » selon Google
devaient pouvoir se connecter en utilisant le protocole TCP / IP. Le résultat de cette décision, c’est
qu’il y a maintenant environ 681 millions de serveurs connectés sur l'Internet.

Aujourd'hui, nous fondons les produits de nos développeurs sur des standards ouverts, car
l'interopérabilité est un élément essentiel du choix des utilisateurs. Qu'est ce que cela signifie pour
les chefs de produit de Google et ses ingénieurs ? C’est simple : chaque fois que c’est possible,
vous devez utiliser des standards ouverts. Si vous vous aventurez dans une zone où les normes
ouvertes n'existent pas, créez-les. Si les normes existantes ne sont pas aussi bonnes qu'elles
devraient l'être, travaillez à les améliorer et tâchez de rendre ces améliorations les plus simples et
les mieux documentées que vous pouvez. Nos priorités doivent toujours aller aux utilisateurs et à
l'industrie dans son ensemble et pas seulement au seul bénéfice de Google ; vous devez travailler
au sein des comités de normalisation et faire que nos changements fassent partie de la
spécification retenue.

Nous avons une bonne expérience en la matière. Dans les premières années du Google Data
Protocol (notre protocole API standard, qui est basé sur XML / Atom), nous avons travaillé en
tant que membre du groupe de travail sur le protocole Atom de l’IETF pour façonner la
spécification Atom. On peut également citer notre travail récent avec le W3C pour créer une API
de géolocalisation standard qui rendra la tâche plus facile aux développeurs pour bâtir des
applications embarquées dans un navigateur Web utilisant des données de positionnement
géographique. Ce standard profite à chacun, pas seulement à nous, et offrira aux utilisateurs un
accès à un nombre bien plus grand d’applications extraordinaires créées par des milliers de
développeurs.

Les logiciels libres

La plupart de ces applications seront construites sur des logiciels open source, un phénomène
responsable de la croissance explosive du Web au cours des 15 dernières années. Il existe ici
encore un précédent historique : si le terme «open source» a été inventé dans les années 1990, le
concept de partage des informations à valeur ajoutée pour catalyser une industrie existait bien
avant Internet. Au début des années 1900, l'industrie automobile américaine a institué un accord
de licences croisées par lequel les brevets ont été partagées ouvertement et librement entre les
fabricants. Avant cet accord, les propriétaires du brevet sur le moteurs deux-temps avaient
efficacement mis l’industrie sous tutelle.

L’open source, aujourd'hui, va bien au-delà du pot commun de brevets des constructeurs
automobiles et a conduit à la mise au point des composants logiciels sophistiqués - Linux,
Apache, SSH, et d’autres - sur lesquels Google est construit. En fait, nous utilisons des dizaines
de millions de lignes de code open source pour faire fonctionner nos produits. Nous donnons
également en retour : nous sommes le premier contributeur open source dans le monde,
contribuant à plus de 800 projets pour un nombre total de plus de 20 millions de lignes de code,
dont quatre projets (Chrome, Android, Chrome OS, et Google Web Toolkit) totalisent chacun plus
d’un million de lignes de code. Nous avons des équipes qui travaillent pour soutenir Mozilla et
Apache, ainsi qu’un projet open source de service d’hébergement (code.google.com/hosting), qui
héberge plus de 250 000 projets. Non seulement ces activités nous permettent de compter sur les
contributions des autres pour nous aider à construire les meilleurs produits, mais elles signifient
aussi que d'autres peuvent utiliser nos logiciels en tant que briques de base pour leurs propres
produits, si nous ne parvenons pas à être nous-mêmes suffisamment innovants.




Le sens du mot « ouvert » selon Google
Lorsque nous ouvrons notre code source, nous utilisons le protocole de licence ouvert Apache 2.0,
ce qui signifie que nous ne contrôlons pas le code. D'autres peuvent prendre notre code open
source, le modifier, le rendre propriétaire et le distribuer sous la forme de leur propre produit.
Android en est un parfait exemple, puisque plusieurs équipementiers ont déjà pris notre code et
fait de grandes choses avec lui. Toutefois, cette approche n’est pas dénuée de risques, puisque le
logiciel peut se fragmenter en différentes branches qui ne fonctionnent pas bien ensemble (comme
cela fut le cas pour Unix dans le domaine des postes de travail décentralisés, avec les versions
Apollo, Sun, HP, etc.). Nous travaillons dur pour éviter que cela n’arrive dans le cas d’Android.

Si nous nous sommes engagés à ouvrir le code de nos outils de développement, cela ne signifie
pas que tous les produits Google sont open source. Notre objectif est de garder l'Internet ouvert,
ce qui favorise le choix et la concurrence et empêche le « verrouillage » des utilisateurs et des
développeurs. Dans de nombreux cas, notamment pour nos outils de recherche et nos offres
publicitaires, l'ouverture du code ne contribuerait pas à ces objectifs et pourrait même être nuisible
aux utilisateurs. La recherche et les marchés de la publicité sont déjà très concurrentiels avec des
coûts de conversion très bas, ce qui fait que les utilisateurs et les annonceurs ont déjà beaucoup de
choix et ne sont pas verrouillés. Sans parler du fait que l'ouverture de ces systèmes permettraient à
certains de manipuler nos algorithmes de recherche et de classement qualitatif des annonces, ce
qui réduirait pour tout le monde notre qualité.

Donc, lorsque vous construisez votre produit ou ajoutez de nouvelles fonctionnalités, arrêtez-vous
un moment et demandez-vous : est-ce que rendre ce code open source favoriserait une plus grande
ouverture de l’Internet ? Est-ce que cela favoriserait un plus grand choix pour les utilisateurs, les
annonceurs et nos partenaires ? Cela serait-il source de plus de concurrence et d'innovation? Si
oui, alors vous devez faire le choix de l’open source. Et quand vous faites ce choix, faites-le bien :
ne vous contentez pas de le jeter de l’autre côté du mur, dans le domaine public, pour ne plus y
penser. Assurez-vous d'avoir les moyens de prêter attention à ce code et d’encourager
l’implication des développeurs. Le Google Web Toolkit, que nous avons mis au point à l'air libre
et pour lequel nous avons utilisé un outil de remontée de bugs et de gestion de code public, est un
bon exemple de la manière de procéder.

L’information ouverte

La fondation de standards ouverts et open source a conduit à un Web où d'énormes quantités de
renseignements personnels - photos, contacts, mises à jour - sont régulièrement déposées par les
utilisateurs. L'ampleur des informations partagées et le fait qu'elles peuvent être sauvegardées
pour toujours soulèvent une question qui était à peine évoquée il y a quelques années : comment
traitons-nous cette information ?

Au cours de l’Histoire, les nouvelles technologies de l’information ont souvent permis de
nouvelles formes de commerce. Par exemple, lorsque des agents économiques, dans la région de
la Méditerranée, vers 3000 avant JC, ont inventé des sceaux (appelées bullae) pour s'assurer que
leurs envois atteindraient leurs destinations sans falsification, ils ont fait passer le commerce,
jusqu’alors purement local, à l’ère des échanges longue distance. L’avènement de l’écriture puis,
plus récemment, des ordinateurs, a engendré des transformations similaires. A chaque étape du
processus, la transaction, c’est-à-dire un accord consensuel où chaque parti reçoit quelque chose
de valeur, était mue par un nouveau type d'information qui permettait à un contrat d’être exécuté.

Sur le Web, la nouvelle forme que prend le commerce est l'échange de renseignements personnels
contre quelque chose de valeur. Il s'agit d'une opération que des millions d'entre nous réalisent


Le sens du mot « ouvert » selon Google
tous les jours, et elle a des avantages potentiellement importants. Un assureur automobile pourrait
par exemple surveiller les habitudes de conduite d'un client, en temps réel, et lui consentir un
rabais pour bonne conduite - ou au contraire une prime pour excès de vitesse – en utilisant des
informations fournies par GPS, informations qui n'étaient pas disponibles il y a seulement
quelques années. Ceci est un cas relativement simple, mais nous allons rencontrer beaucoup de
scénarios plus sensibles.

Admettons que votre enfant est allergique à certains médicaments. Permettriez-vous que ses
données médicales soient accessibles à une seringue sans fil intelligente qui pourrait empêcher un
médecin ou une infirmière de lui donner par inadvertance l’un de ces médicaments ?
Personnellement, je le ferais, mais vous pouvez décider que le bracelet en métal autour de son
poignet est une mesure suffisante. Voilà ce dont il s’agit : les gens peuvent et vont aboutir à des
décisions différentes, et quand il s'agit de leurs renseignements personnels, nous devons traiter
l'ensemble de ces décisions avec le même respect.

Donc, si le fait d’avoir plus d'informations personnelles en ligne peut être très bénéfique pour tout
le monde, l’utilisation de ces informations doit être guidée par des principes responsables,
évolutifs et suffisamment souples pour accompagner les changements de notre industrie. Et
contrairement à la technologie ouverte, pour laquelle notre objectif est de faire croître
l'écosystème Internet, notre approche pour ouvrir l'information est de construire la confiance avec
les individus qui prennent part à cet écosystème ( utilisateurs, partenaires et clients). En ligne, la
confiance est la monnaie la plus importante ; pour la construire, nous adhérons à trois principes de
l'information ouverte: la valeur, la transparence et le contrôle.

La valeur de l’information

D'abord et avant tout, nous avons besoin de fabriquer des produits qui sont utiles aux utilisateurs.
Dans de nombreux cas, nous pouvons rendre nos produits encore meilleurs si nous en savons plus
sur l'utilisateur. Cependant, des préoccupations liées à la confidentialité peuvent surgir si les gens
ne comprennent pas ce qu'ils obtiennent en échange de leurs informations personnelles.
Expliquez-leur ce qu’ils y gagnent et ils acceptent souvent à la transaction. Par exemple, des
millions de gens laissent les sociétés de cartes de crédit conserver des informations sur leurs
achats en échange de l’avantage qu’il y a à ne pas devoir transporter de la monnaie avec soi.

C’est ce que nous avons bien fait quand nous avons lancé la publicité basée sur les intérêts
(Interest-Based Advertising), en mars dernier. I.B.A. produit des annonces plus pertinentes et plus
utiles. Telle est la valeur supplémentaire que nous créons en fonction des renseignements que
nous recueillons. I.B.A. comprend également un gestionnaire des préférences utilisateur qui
explique clairement ce que les utilisateurs obtiennent en échange de leurs informations et leur
permet de quitter le programme ou de modifier leurs paramètres. La grande majorité des
personnes qui consultent le gestionnaire de préférences choisit d'ajuster ses paramètres, plutôt que
de quitter le programme, parce quelle se rend compte de l’utilité de recevoir des publicités
personnalisées par rapport à leurs intérêts.

Telle doit être notre approche par défaut : dire aux gens, de manière évidente, en langage clair, ce
que nous savons d'eux et pourquoi il est précieux pour eux que nous le connaissions. Vous pensez
que la valeur de votre produit est tellement évidente qu'il n'y a pas besoin d'explications ? Il y a de
bonnes chances pour que vous ayez tort.




Le sens du mot « ouvert » selon Google
Transparence

Ensuite, il est nécessaire que les utilisateurs puissent trouver facilement les informations que nous
rassemblons et stockons à leur sujet dans l'ensemble de nos produits. Nous avons récemment fait
un grand pas dans cette direction avec le lancement de Google Dashboard, interface centralisée
où les utilisateurs peuvent afficher les données personnelles conservées par chaque produit
Google (soit plus de 20 produits, dont Gmail, YouTube et le moteur de recherche) et contrôler
leurs paramètres personnels. A notre connaissance, nous sommes la première société Internet à
offrir un tel service et nous espérons qu'il deviendra la norme. Un autre bon exemple est notre
Politique de confidentialité, qui est écrite pour les êtres humains et pas seulement pour des
avocats.

Cependant, nous pouvons aller encore plus loin. Si vous gérez un produit de consommation pour
lequel vous collectez des informations sur vos utilisateurs, votre produit devrait faire partie du
Dashboard. Si vous êtes déjà à ce stade, cela ne suffit pas. Pour chaque nouvelle fonctionnalité ou
version, demandez-vous si vous avez des informations supplémentaires que vous pouvez ajouter
au Dashboard (même si ces informations sont publiquement disponibles par ailleurs sur d'autres
sites).

Demandez-vous comment vous pouvez augmenter la transparence au sein de votre produit.
Lorsqu’un utilisateur télécharge une application Android, par exemple, l'appareil lui indique à
quelles informations l’application sera en mesure d'accéder à son sujet et à propos de son
téléphone, et il a alors le choix de poursuivre ou non. Il n'a pas besoin de fouiller dans les menus
pour trouver les informations qu’il divulgue – l’application le lui dit à l'avance et lui donne les
moyes de décider quoi faire. Votre produit est-il comme ça ? Comment pouvez-vous accroître la
participation des utilisateurs dans votre produit grâce à plus de transparence ?

Le contrôle

Enfin, nous devons toujours donner le contrôle à l'utilisateur. Si nous avons des informations sur
un utilisateur, comme avec I.B.A., il devrait être facile pour lui de supprimer ces informations et
de quitter le programme. Même si les utilisateurs se servent de nos produits et stockent du contenu
chez nous, cela reste leur contenu, pas le nôtre. Ils devraient être en mesure de l'exporter ou de le
supprimer à tout moment, sans frais, et aussi facilement que possible. Gmail est un excellent
exemple car nous offrons gratuitement la possibilité de rediriger le courrier vers n'importe quelle
adresse. La possibilité de changer de produit est un point capital ; au lieu de construire des murs
autour de votre produit, construisez des ponts. Donner aux utilisateurs des options réelles.

S'il existe déjà des normes pour le traitement des données des utilisateurs, alors nous devons les
respecter. Si une norme n'existe pas, nous devons travailler pour créer une structure ouverte qui
profite à l'ensemble du Web, même si une norme fermée semble être mieux pour nous (rappelez-
vous : ce n'est pas vrai !). En attendant, nous devons faire tout notre possible pour que quitter
Google soit aussi facile que possible. Google n'est pas l'Hôtel California : vous pouvez partir
quand vous voulez, et partir vraiment !

Comme Eric3 l’a dit dans sa note de stratégie 2009, « nous ne prenons pas les utilisateurs au piège,
nous leur permettons de nous quitter facilement pour nos concurrents ». Cette politique est
comparable aux sorties d'urgence dans les avions - une analogie que notre pilote de PDG


3
    Eric Schmidt, PDG de Google
Le sens du mot « ouvert » selon Google
apprécierait. Vous espérez ne jamais les utiliser, mais vous êtes content qu'elles sont là et seriez
furieux si elles ne l'étaient pas.

C'est pourquoi nous avons créé une équipe – le Front de Libération des Données
(http://www.dataliberation.org/) - pour veiller à ce que nos utilisateurs puissent partir facilement
s’ils le souhaitent. Parmi les exemples récents de leurs travaux, on peut citer Blogger (les
internautes qui choisissent de quitter Blogger pour un autre service peuvent facilement emporter
leur contenu avec eux) et Google Docs (les utilisateurs peuvent maintenant rassembler tous leurs
documents, présentations et feuilles de calcul dans un fichier zip et le télécharger). Construisez
vos produits afin que l'équipe de Libération des Données puisse réussir sa mission. Une façon de
faire est d'avoir une bonne API publique qui expose toutes les données de vos utilisateurs.
N'attendez pas une V.2 ou une V.3, discutez de ce point dès le début de vos réunions de
planification et faites-en un élément de votre produit dès le départ.

Lorsque les journalistes du Guardian, un des principaux journaux du Royaume-Uni, ont examiné
les travaux de l'équipe de Libération des Données, ils ont proclamé qu'ils étaient «contre-intuitifs»
pour ceux qui sont «habitués à la mentalité de verrouillage des précédentes batailles
commerciales ». Ils ont raison, c’est une approche paradoxale pour ceux qui en sont restés à
l’ancienne façon de penser des MBA. Mais si nous faisons bien notre travail, bientôt, cela
n’apparaîtra plus comme paradoxal. Notre objectif est de faire de l’ouverture la norme.  Les gens
vont s’intéresser graduellement à l’esprit d’ouverture, puis ils vont s’y attendre et l’exiger, et ils
seront furieux quand ils ne l’obtiendront pas. Quand l’esprit « open » sera intuitif, c’est alors que
nous aurons réussi.

Quand « big is beautiful »

Les systèmes fermés sont bien définis et rentables, mais seulement pour ceux qui les contrôlent.
Les systèmes ouverts sont chaotiques et rentables, mais seulement pour ceux qui les comprennent
bien et s’adaptent plus rapidement que les autres. Les systèmes fermés croissent rapidement,
tandis que les systèmes ouverts évoluent plus lentement. Parier sur l’ouverture demande une
bonne dose d'optimisme, de volonté et les moyens de penser à long terme. Heureusement, chez
Google, nous avons ces trois choses.

En raison de notre portée, de notre savoir-faire technique et de notre soif de grands projets, nous
pouvons parier sur des défis qui nécessitent de gros investissements, en l'absence d’un retour sur
investissement évident à court terme. Cela nous permet de photographier les rues de la planète de
manière à ce que vous puissiez explorer le quartier autour d'un appartement que vous envisagez de
louer, à des milliers de kilomètres de distance. Nous pouvons numériser des millions de livres et
les rendre largement accessibles (tout en respectant les droits des éditeurs et auteurs). Nous
pouvons créer un système de courrier électronique qui fournit un gigaoctet de capacité de
stockage (aujourd'hui plus de 7 gigas) à une époque où tous les autres services ne fournissaient
qu'une faible fraction de ce total. Nous pouvons instantanément traduire des pages Web à partir de
51 langues. Nous pouvons traiter des données de recherche pour aider des organismes de santé
publique à détecter les flambées de grippe beaucoup plus tôt. Nous pouvons construire un
navigateur plus rapide (Chrome), un meilleur système d'exploitation mobile (Android), et une
toute nouvelle plateforme de communication (Wave), puis les ouvrir pour que les développeurs du
monde entier puissent les personnaliser et les améliorer.

Nous pouvons faire ces choses parce qu’il s’agit de problèmes d'informations et que nous avons
les experts en informatique, la technologie et la puissance de calcul pour les résoudre. Ce faisant,


Le sens du mot « ouvert » selon Google
nous rendons de nombreuses plateformes meilleures, plus concurrentielles et plus novatrices, qu’il
s’agisse de vidéo, de cartographie, de mobilité, de PC, de voix, d’applications pour l'entreprise.
Nous sommes souvent critiqués pour notre taille, mais parfois être plus gros nous permet de nous
atteler à l'impossible.

Tout cela est inutile, cependant, si nous échouons dans le domaine de l’ouverture. Nous avons
donc besoin de constamment nous dépasser. Contribuons-nous à des normes ouvertes qui
améliorent notre industrie ? Qu’est-ce qui nous empêche de publier notre code source ? Donnons-
nous à nos utilisateurs suffisamment de valeur, de transparence et de contrôle? Ouvrez autant que
vous le pouvez et aussi souvent que vous le pouvez, et si on vous demande si c’est une bonne
approche, expliquez pourquoi ce n'est pas seulement une bonne approche, mais la meilleure
approche. C'est une approche qui va transformer le monde des affaires et du commerce dans ce
siècle encore jeune, et quand nous aurons réussi, nous ré-écrirons efficacement le programme des
MBA pour les décennies à venir !

Un Internet ouvert transforme la vie dans sa globalité. Il a le potentiel de fournir toute
l'information du monde à chacun et de donner à toute personne le pouvoir de la liberté
d'expression. Ces prédictions figuraient dans un courriel que je vous ai envoyé plus tôt cette année
(publié par la suite sous la forme d’un billet de blog), qui décrivait ma vision pour l'avenir de
l'Internet. Mais maintenant, je veux parler d’action, pas de vision. Il y a des forces liguées contre
l'Internet ouvert - des gouvernements qui contrôlent l'accès, des entreprises qui se battent dans
leur propre intérêt pour préserver le statu quo. Ils sont puissants, et s’ils réussissent, nous nous
retrouverons avec un Internet de la fragmentation, de la stagnation, des prix plus élevés et moins
de concurrence.

Nos compétences et notre culture nous donnent la possibilité et la responsabilité d'empêcher que
cela se produise. Nous croyons en la puissance de la technologie pour fournir de l'information.
Nous croyons en la puissance de l'information pour faire du bien. Nous pensons que l'ouverture
est le seul moyen pour qu’elles aient le plus large impact pour le plus grand nombre. Nous
sommes des techno-optimistes qui croyons que le chaos de l’ouverture profite à tout le monde.
Nous allons nous battre pour promouvoir ces idées chaque fois que nous le pourrons.

L’ouverture va gagner. Elle va gagner sur Internet et cette victoire se répercutera en cascade dans
de multiples domaines de la vie : l'avenir de la politique est la transparence. L'avenir du commerce
est la symétrie de l'information. L'avenir de la culture est la liberté. L'avenir de la science et de la
médecine est la collaboration. L'avenir du divertissement est la participation. Chacun de ces
avenirs dépend d'un Internet ouvert.

En tant que chefs de produits Google, vous construisez quelque chose qui va durer plus longtemps
que nous tous, et aucun de nous ne peut imaginer toutes les façons dont Google va se développer
et toucher la vie des gens. De ce point de vue, nous sommes comme notre collègue, Vint Cerf, qui
ne savait pas exactement combien de réseaux voudraient faire partie d’ « Internet » et qui, pour
cette raison, à choisi l’ouverture. Vint a certainement vu juste. Je crois que nous aussi.

Jonathan Rosenberg, Senior Vice President, Product Management, Google




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Le Sens Du Mot Ouvert Google

  • 1. Le sens du mot « ouvert » selon Google Source : The meaning of open, 21/12/2009, Jonathan Rosenberg http://googleblog.blogspot.com/2009/12/meaning-of-open.html Traduction : Jérôme Delacroix, Coopératique, www.cooperatique.com La semaine dernière j'ai envoyé un courriel aux Googlers1 sur le sens du mot «ouvert» en ce qui concerne l'Internet, Google et ses utilisateurs. Dans un esprit d'ouverture, j'ai pensé qu'il serait bon de partager ces réflexions au-delà des murs de notre entreprise. Chez Google, nous pensons que les systèmes ouverts gagnent. Pour les consommateurs, ils amènent plus d'innovation, plus de valeur et plus de liberté de choix, et pour les entreprises un écosystème dynamique, rentable et concurrentiel. De nombreuses sociétés diraient à peu près la même chose car elles savent que se déclarer « ouvertes » est une posture à la fois bonne pour leur marque et totalement dénuée de risque. Après tout, dans notre industrie, il n'existe pas de définition claire de ce que signifie réellement être ouvert. Il s'agit d'un terme digne de l’effet Rashomon : hautement subjectif et extrêmement important. Le sujet de l’ouverture semble revenir souvent chez Google ces temps-ci. J’ai participé à plusieurs réunions où nous discutions au sujet d’un produit et où quelqu’un est intervenu pour dire que nous devrions être plus ouverts. S’en sont suivis des débats qui ont révélé que si presque tout le monde dans la salle était convaincu des bienfaits de l’ouverture, nous n’étions pas nécessairement d’accord sur ce que cela voulait dire en pratique. Ce genre de scène se reproduit suffisamment souvent pour que j’en arrive à la conclusion que nous avons besoin d’établir notre définition de l’ouverture en termes clairs que nous pouvons tous comprendre et sur lesquels nous pouvons tous nous accorder. La suite de cet article développe cette définition fondée sur mes expériences chez Google et la participation de plusieurs collègues. Nous gérons notre société et prenons nos décisions produit en fonction de ces principes, c’est pourquoi je vous encourage à les lire, revoir et débattre avec attention. Ensuite, faites-les vôtres et tâchez de les incorporer dans votre travail. C’est un sujet complexe et s’il fait débat (et je suis sûr qu’il le fera !), il faut qu’il ait lieu ouvertement ! N’hésitez pas à commenter. Il y a deux composants dans notre définition de l’ouverture : la technologie ouverte et l’information ouverte. La technologie ouverte comprend le logiciel libre2, ce qui signifie que nous publions et supportons activement des lignes de code qui favorisent la croissance de l’Internet, et les standards ouverts, ce qui signifie que nous adhérons à ceux qui sont déjà acceptés et que, si aucun n’existe, nous travaillons pour créer des standards qui améliorent l’Internet dans son ensemble (et pas uniquement Google). L’information ouverte signifie la chose suivante : quand nous avons des informations sur nos utilisateurs, nous les utilisons pour leur fournir quelque chose qui a de la valeur pour eux, nous sommes transparents sur ces informations, et nous leur donnons le contrôle dessus. Telles sont du moins les choses que nous devons faire. Dans bien des cas, nous n’en sommes pas là, mais j’espère que ce billet contribuera au travail que nous avons commencé à faire pour combler l’écart entre notre vision cible et la réalité. 1 Employés de Google 2 open source Le sens du mot « ouvert » selon Google
  • 2. Si nous pouvons incarner ce modèle d’ouverture (et je crois que nous le pouvons), alors nous pourrons prêcher par l’exemple et inciter d’autres entreprise et notre industrie tout entière à adopter le même engagement. Si elles nous rejoignent, le monde sera plus accueillant. Les systèmes ouverts gagnent Pour entrer davantage dans le détail de notre point de vue, celui-ci commence par l’affirmation que les systèmes ouverts gagnent. C’est contre intuitif pour les diplômés de MBA à qui on a enseigné de créer un avantage concurrentiel durable en créant un système fermé, en le rendant populaire puis à l’exploiter tout au long du cycle de vie du produit. La sagesse conventionnelle soutient que les entreprises ont intérêt à rendre les clients captifs afin de maintenir les concurrents à l’écart. Pour ce faire, il existe différentes tactiques : des fabricants de rasoirs vendent le rasoir bon marché et les lames coûteuses, l’IBM de jadis fabriquait de gros ordinateurs coûteux et des logiciels ... coûteux aussi. Quoi qu'il en soit, un système fermé bien géré peut offrir de nombreux bénéfices. Il peut se traduire par des produits bien conçus dans le court terme – l’iPod et l’iPhone en sont des exemples évidents - mais finalement l'innovation dans un système fermé tend à être au mieux incrémentale (est-ce qu’un rasoir à quatre lames est vraiment beaucoup mieux qu’un rasoir à trois lames ?) parce que le but ultime est de préserver le statu quo. Une trop grande confiance en soi est la marque distinctive de tout système fermé. Si vous n'avez pas besoin de travailler dur pour garder vos clients, vous ne le ferez pas. Les systèmes ouverts sont tout le contraire. Ils sont concurrentiels et bien plus dynamiques. Dans un système ouvert, un avantage concurrentiel ne découle pas du blocage des clients mais d’une compréhension des mutations rapides du système meilleure que celle des concurrents et de l’utilisation de ce savoir pour générer des produits meilleurs et plus innovants. La compagnie performante dans un système ouvert est à la fois un innovateur rapide et un leader d'opinion ; cette image de marque de pionnier permanent attire les clients, puis la rapidité de l’innovation les retient. Ce n'est pas facile - loin de là - mais les entreprises rapides n’ont rien à craindre, et quand elles réussissent, elles peuvent engendrer une valeur remarquable pour les actionnaires. Les systèmes ouverts sont susceptibles de faire naître de nouvelles industries. Ils tirent parti de l'intelligence de la population en général et enjoignent les entreprises à se concurrencer, innover et gagner sur le mérite de leurs produits et pas seulement grâce à de brillantes tactiques d'affaires. La course pour cartographier le génome humain en est un exemple. Dans le livre Wikinomics, Don Tapscott et Anthony Williams expliquent comment, au milieu des années 90, des sociétés privées ont découvert et breveté de grandes quantités de séquences d’ADN et ont contrôlé ensuite qui pouvait avoir accès à cette information et à quel prix. La propriété privée d’une telle quantité de génome a fait grimper les coûts et a rendu la création de nouveaux médicaments bien moins efficace. C’est alors qu’en 1995, Merck Pharmaceuticals et le Centre pour le Séquençage du Génome de l’Université de Washington ont changé les règles du jeu en lançant une nouvelle initiative, ouverte, baptisée the Merck Gene Index. En trois ans, ils ont publié plus de 800 000 séquences de gènes dans le domaine public, et d’autres projets collaboratifs ont bientôt suivi. Dans l’industrie pharmaceutique, la R&D très en amont était réalisée traditionnellement dans des laboratoires fermés ; l’initiative de Merck a non seulement changé la culture de tout le secteur mais a aussi accéléré le rythme dans la recherche biomédicale et le développement de médicaments. Elle a donné aux chercheurs du monde entier un accès illimité à une source ouverte d’informations dans le domaine génétique. Le sens du mot « ouvert » selon Google
  • 3. Une autre façon de voir la différence entre les systèmes ouverts et les systèmes fermés est que les systèmes ouverts permettent l'innovation à tous les niveaux - du système d'exploitation à la couche applicative - et pas seulement au sommet. Cela signifie qu’une entreprise n’a pas besoin de dépendre du bon vouloir d’une autre pour mettre un produit sur le marché. Si le compilateur C open source que j’utilise a un bug, je peux le corriger puisque le code est libre. Je n’ai pas besoin d’ouvrir un rapport de bug et de prier pour que la réponse arrive à temps. Donc si vous essayez de développer une filière entière le plus largement possible, les systèmes ouverts l’emportent sur les systèmes fermés. Et c'est exactement ce que nous essayons de faire avec l'Internet. Notre engagement à ouvrir les systèmes n’est pas altruiste. Il s'agit plutôt d’un bon sens des affaires car un Internet ouvert crée un flux constant d'innovations qui attire des utilisateurs et les usages et tire l'ensemble du secteur. Hal Varian a une équation dans son livre Information Rules qui s'applique ici: Rétribution = (valeur ajoutée totale de l'industrie) * (Notre part de la valeur de l'industrie) Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de 10% en part de marché ou une augmentation de 10% de la valeur de l'industrie dans son ensemble devrait conduire au même résultat. Mais dans notre industrie une augmentation de 10% en valeur de l'industrie permettra d'obtenir une récompense bien plus grande car elle stimulera les économies d'échelle sur l'ensemble du secteur, accroîtra la productivité et réduira les coûts pour tous les acteurs. Tant que nous continuons à mettre sur le marché un flux constant de bons produits, nous prospérerons, comme le reste de l’industrie. Nous aurons peut-être une plus petite part du gâteau, mais ce sera d’un plus gros gâteau. Autrement dit, l’avenir de Google dépend de l’ouverture d’Internet et notre action de sensibilisation sur le thème de l’ouverture fera grandir le Web pour le bien de tous, y compris Google. Une technologie ouverte La définition de l’ouverture commence par les technologies mêmes sur lesquelles Internet s’est construit : les standards ouverts et le logiciel libre. Les standards ouverts Les réseaux ont toujours été dépendant de la capacité de standards à se développer. Quand les premiers chemins de fer ont été construits sur le territoire des Etats-Unis au début du dix- neufième siècle, il existait 7 standards différents pour l’écartement des rails. Le réseau ne s’est pas développé, notamment vers l’Ouest, tant que les compagnies de chemins de fer ne se sont pas mises d’accord sur un même écartement de de 4 '8.5 ". (Dans ce cas précis, la « guerre des normes » était une guerre réelle : les Chemins de fer du Sud ont été contraints de reconvertir plus de 11 000 miles de voies ferrées à la nouvelle norme, après que la Confédération a perdu la guerre civile face à l'Union.) Il y avait donc des précédents lorsque Vint Cerf et ses collègues ont proposé, en 1974, d'utiliser un standard ouvert (qui est devenu le protocole TCP / IP) pour relier les différents réseaux informatiques qui avaient vu le jour aux Etats-Unis. Ils ne savaient pas exactement combien il y en avait, l’ « Internet » - un terme inventé par Vint – devait donc être ouvert. Tous les réseaux Le sens du mot « ouvert » selon Google
  • 4. devaient pouvoir se connecter en utilisant le protocole TCP / IP. Le résultat de cette décision, c’est qu’il y a maintenant environ 681 millions de serveurs connectés sur l'Internet. Aujourd'hui, nous fondons les produits de nos développeurs sur des standards ouverts, car l'interopérabilité est un élément essentiel du choix des utilisateurs. Qu'est ce que cela signifie pour les chefs de produit de Google et ses ingénieurs ? C’est simple : chaque fois que c’est possible, vous devez utiliser des standards ouverts. Si vous vous aventurez dans une zone où les normes ouvertes n'existent pas, créez-les. Si les normes existantes ne sont pas aussi bonnes qu'elles devraient l'être, travaillez à les améliorer et tâchez de rendre ces améliorations les plus simples et les mieux documentées que vous pouvez. Nos priorités doivent toujours aller aux utilisateurs et à l'industrie dans son ensemble et pas seulement au seul bénéfice de Google ; vous devez travailler au sein des comités de normalisation et faire que nos changements fassent partie de la spécification retenue. Nous avons une bonne expérience en la matière. Dans les premières années du Google Data Protocol (notre protocole API standard, qui est basé sur XML / Atom), nous avons travaillé en tant que membre du groupe de travail sur le protocole Atom de l’IETF pour façonner la spécification Atom. On peut également citer notre travail récent avec le W3C pour créer une API de géolocalisation standard qui rendra la tâche plus facile aux développeurs pour bâtir des applications embarquées dans un navigateur Web utilisant des données de positionnement géographique. Ce standard profite à chacun, pas seulement à nous, et offrira aux utilisateurs un accès à un nombre bien plus grand d’applications extraordinaires créées par des milliers de développeurs. Les logiciels libres La plupart de ces applications seront construites sur des logiciels open source, un phénomène responsable de la croissance explosive du Web au cours des 15 dernières années. Il existe ici encore un précédent historique : si le terme «open source» a été inventé dans les années 1990, le concept de partage des informations à valeur ajoutée pour catalyser une industrie existait bien avant Internet. Au début des années 1900, l'industrie automobile américaine a institué un accord de licences croisées par lequel les brevets ont été partagées ouvertement et librement entre les fabricants. Avant cet accord, les propriétaires du brevet sur le moteurs deux-temps avaient efficacement mis l’industrie sous tutelle. L’open source, aujourd'hui, va bien au-delà du pot commun de brevets des constructeurs automobiles et a conduit à la mise au point des composants logiciels sophistiqués - Linux, Apache, SSH, et d’autres - sur lesquels Google est construit. En fait, nous utilisons des dizaines de millions de lignes de code open source pour faire fonctionner nos produits. Nous donnons également en retour : nous sommes le premier contributeur open source dans le monde, contribuant à plus de 800 projets pour un nombre total de plus de 20 millions de lignes de code, dont quatre projets (Chrome, Android, Chrome OS, et Google Web Toolkit) totalisent chacun plus d’un million de lignes de code. Nous avons des équipes qui travaillent pour soutenir Mozilla et Apache, ainsi qu’un projet open source de service d’hébergement (code.google.com/hosting), qui héberge plus de 250 000 projets. Non seulement ces activités nous permettent de compter sur les contributions des autres pour nous aider à construire les meilleurs produits, mais elles signifient aussi que d'autres peuvent utiliser nos logiciels en tant que briques de base pour leurs propres produits, si nous ne parvenons pas à être nous-mêmes suffisamment innovants. Le sens du mot « ouvert » selon Google
  • 5. Lorsque nous ouvrons notre code source, nous utilisons le protocole de licence ouvert Apache 2.0, ce qui signifie que nous ne contrôlons pas le code. D'autres peuvent prendre notre code open source, le modifier, le rendre propriétaire et le distribuer sous la forme de leur propre produit. Android en est un parfait exemple, puisque plusieurs équipementiers ont déjà pris notre code et fait de grandes choses avec lui. Toutefois, cette approche n’est pas dénuée de risques, puisque le logiciel peut se fragmenter en différentes branches qui ne fonctionnent pas bien ensemble (comme cela fut le cas pour Unix dans le domaine des postes de travail décentralisés, avec les versions Apollo, Sun, HP, etc.). Nous travaillons dur pour éviter que cela n’arrive dans le cas d’Android. Si nous nous sommes engagés à ouvrir le code de nos outils de développement, cela ne signifie pas que tous les produits Google sont open source. Notre objectif est de garder l'Internet ouvert, ce qui favorise le choix et la concurrence et empêche le « verrouillage » des utilisateurs et des développeurs. Dans de nombreux cas, notamment pour nos outils de recherche et nos offres publicitaires, l'ouverture du code ne contribuerait pas à ces objectifs et pourrait même être nuisible aux utilisateurs. La recherche et les marchés de la publicité sont déjà très concurrentiels avec des coûts de conversion très bas, ce qui fait que les utilisateurs et les annonceurs ont déjà beaucoup de choix et ne sont pas verrouillés. Sans parler du fait que l'ouverture de ces systèmes permettraient à certains de manipuler nos algorithmes de recherche et de classement qualitatif des annonces, ce qui réduirait pour tout le monde notre qualité. Donc, lorsque vous construisez votre produit ou ajoutez de nouvelles fonctionnalités, arrêtez-vous un moment et demandez-vous : est-ce que rendre ce code open source favoriserait une plus grande ouverture de l’Internet ? Est-ce que cela favoriserait un plus grand choix pour les utilisateurs, les annonceurs et nos partenaires ? Cela serait-il source de plus de concurrence et d'innovation? Si oui, alors vous devez faire le choix de l’open source. Et quand vous faites ce choix, faites-le bien : ne vous contentez pas de le jeter de l’autre côté du mur, dans le domaine public, pour ne plus y penser. Assurez-vous d'avoir les moyens de prêter attention à ce code et d’encourager l’implication des développeurs. Le Google Web Toolkit, que nous avons mis au point à l'air libre et pour lequel nous avons utilisé un outil de remontée de bugs et de gestion de code public, est un bon exemple de la manière de procéder. L’information ouverte La fondation de standards ouverts et open source a conduit à un Web où d'énormes quantités de renseignements personnels - photos, contacts, mises à jour - sont régulièrement déposées par les utilisateurs. L'ampleur des informations partagées et le fait qu'elles peuvent être sauvegardées pour toujours soulèvent une question qui était à peine évoquée il y a quelques années : comment traitons-nous cette information ? Au cours de l’Histoire, les nouvelles technologies de l’information ont souvent permis de nouvelles formes de commerce. Par exemple, lorsque des agents économiques, dans la région de la Méditerranée, vers 3000 avant JC, ont inventé des sceaux (appelées bullae) pour s'assurer que leurs envois atteindraient leurs destinations sans falsification, ils ont fait passer le commerce, jusqu’alors purement local, à l’ère des échanges longue distance. L’avènement de l’écriture puis, plus récemment, des ordinateurs, a engendré des transformations similaires. A chaque étape du processus, la transaction, c’est-à-dire un accord consensuel où chaque parti reçoit quelque chose de valeur, était mue par un nouveau type d'information qui permettait à un contrat d’être exécuté. Sur le Web, la nouvelle forme que prend le commerce est l'échange de renseignements personnels contre quelque chose de valeur. Il s'agit d'une opération que des millions d'entre nous réalisent Le sens du mot « ouvert » selon Google
  • 6. tous les jours, et elle a des avantages potentiellement importants. Un assureur automobile pourrait par exemple surveiller les habitudes de conduite d'un client, en temps réel, et lui consentir un rabais pour bonne conduite - ou au contraire une prime pour excès de vitesse – en utilisant des informations fournies par GPS, informations qui n'étaient pas disponibles il y a seulement quelques années. Ceci est un cas relativement simple, mais nous allons rencontrer beaucoup de scénarios plus sensibles. Admettons que votre enfant est allergique à certains médicaments. Permettriez-vous que ses données médicales soient accessibles à une seringue sans fil intelligente qui pourrait empêcher un médecin ou une infirmière de lui donner par inadvertance l’un de ces médicaments ? Personnellement, je le ferais, mais vous pouvez décider que le bracelet en métal autour de son poignet est une mesure suffisante. Voilà ce dont il s’agit : les gens peuvent et vont aboutir à des décisions différentes, et quand il s'agit de leurs renseignements personnels, nous devons traiter l'ensemble de ces décisions avec le même respect. Donc, si le fait d’avoir plus d'informations personnelles en ligne peut être très bénéfique pour tout le monde, l’utilisation de ces informations doit être guidée par des principes responsables, évolutifs et suffisamment souples pour accompagner les changements de notre industrie. Et contrairement à la technologie ouverte, pour laquelle notre objectif est de faire croître l'écosystème Internet, notre approche pour ouvrir l'information est de construire la confiance avec les individus qui prennent part à cet écosystème ( utilisateurs, partenaires et clients). En ligne, la confiance est la monnaie la plus importante ; pour la construire, nous adhérons à trois principes de l'information ouverte: la valeur, la transparence et le contrôle. La valeur de l’information D'abord et avant tout, nous avons besoin de fabriquer des produits qui sont utiles aux utilisateurs. Dans de nombreux cas, nous pouvons rendre nos produits encore meilleurs si nous en savons plus sur l'utilisateur. Cependant, des préoccupations liées à la confidentialité peuvent surgir si les gens ne comprennent pas ce qu'ils obtiennent en échange de leurs informations personnelles. Expliquez-leur ce qu’ils y gagnent et ils acceptent souvent à la transaction. Par exemple, des millions de gens laissent les sociétés de cartes de crédit conserver des informations sur leurs achats en échange de l’avantage qu’il y a à ne pas devoir transporter de la monnaie avec soi. C’est ce que nous avons bien fait quand nous avons lancé la publicité basée sur les intérêts (Interest-Based Advertising), en mars dernier. I.B.A. produit des annonces plus pertinentes et plus utiles. Telle est la valeur supplémentaire que nous créons en fonction des renseignements que nous recueillons. I.B.A. comprend également un gestionnaire des préférences utilisateur qui explique clairement ce que les utilisateurs obtiennent en échange de leurs informations et leur permet de quitter le programme ou de modifier leurs paramètres. La grande majorité des personnes qui consultent le gestionnaire de préférences choisit d'ajuster ses paramètres, plutôt que de quitter le programme, parce quelle se rend compte de l’utilité de recevoir des publicités personnalisées par rapport à leurs intérêts. Telle doit être notre approche par défaut : dire aux gens, de manière évidente, en langage clair, ce que nous savons d'eux et pourquoi il est précieux pour eux que nous le connaissions. Vous pensez que la valeur de votre produit est tellement évidente qu'il n'y a pas besoin d'explications ? Il y a de bonnes chances pour que vous ayez tort. Le sens du mot « ouvert » selon Google
  • 7. Transparence Ensuite, il est nécessaire que les utilisateurs puissent trouver facilement les informations que nous rassemblons et stockons à leur sujet dans l'ensemble de nos produits. Nous avons récemment fait un grand pas dans cette direction avec le lancement de Google Dashboard, interface centralisée où les utilisateurs peuvent afficher les données personnelles conservées par chaque produit Google (soit plus de 20 produits, dont Gmail, YouTube et le moteur de recherche) et contrôler leurs paramètres personnels. A notre connaissance, nous sommes la première société Internet à offrir un tel service et nous espérons qu'il deviendra la norme. Un autre bon exemple est notre Politique de confidentialité, qui est écrite pour les êtres humains et pas seulement pour des avocats. Cependant, nous pouvons aller encore plus loin. Si vous gérez un produit de consommation pour lequel vous collectez des informations sur vos utilisateurs, votre produit devrait faire partie du Dashboard. Si vous êtes déjà à ce stade, cela ne suffit pas. Pour chaque nouvelle fonctionnalité ou version, demandez-vous si vous avez des informations supplémentaires que vous pouvez ajouter au Dashboard (même si ces informations sont publiquement disponibles par ailleurs sur d'autres sites). Demandez-vous comment vous pouvez augmenter la transparence au sein de votre produit. Lorsqu’un utilisateur télécharge une application Android, par exemple, l'appareil lui indique à quelles informations l’application sera en mesure d'accéder à son sujet et à propos de son téléphone, et il a alors le choix de poursuivre ou non. Il n'a pas besoin de fouiller dans les menus pour trouver les informations qu’il divulgue – l’application le lui dit à l'avance et lui donne les moyes de décider quoi faire. Votre produit est-il comme ça ? Comment pouvez-vous accroître la participation des utilisateurs dans votre produit grâce à plus de transparence ? Le contrôle Enfin, nous devons toujours donner le contrôle à l'utilisateur. Si nous avons des informations sur un utilisateur, comme avec I.B.A., il devrait être facile pour lui de supprimer ces informations et de quitter le programme. Même si les utilisateurs se servent de nos produits et stockent du contenu chez nous, cela reste leur contenu, pas le nôtre. Ils devraient être en mesure de l'exporter ou de le supprimer à tout moment, sans frais, et aussi facilement que possible. Gmail est un excellent exemple car nous offrons gratuitement la possibilité de rediriger le courrier vers n'importe quelle adresse. La possibilité de changer de produit est un point capital ; au lieu de construire des murs autour de votre produit, construisez des ponts. Donner aux utilisateurs des options réelles. S'il existe déjà des normes pour le traitement des données des utilisateurs, alors nous devons les respecter. Si une norme n'existe pas, nous devons travailler pour créer une structure ouverte qui profite à l'ensemble du Web, même si une norme fermée semble être mieux pour nous (rappelez- vous : ce n'est pas vrai !). En attendant, nous devons faire tout notre possible pour que quitter Google soit aussi facile que possible. Google n'est pas l'Hôtel California : vous pouvez partir quand vous voulez, et partir vraiment ! Comme Eric3 l’a dit dans sa note de stratégie 2009, « nous ne prenons pas les utilisateurs au piège, nous leur permettons de nous quitter facilement pour nos concurrents ». Cette politique est comparable aux sorties d'urgence dans les avions - une analogie que notre pilote de PDG 3 Eric Schmidt, PDG de Google Le sens du mot « ouvert » selon Google
  • 8. apprécierait. Vous espérez ne jamais les utiliser, mais vous êtes content qu'elles sont là et seriez furieux si elles ne l'étaient pas. C'est pourquoi nous avons créé une équipe – le Front de Libération des Données (http://www.dataliberation.org/) - pour veiller à ce que nos utilisateurs puissent partir facilement s’ils le souhaitent. Parmi les exemples récents de leurs travaux, on peut citer Blogger (les internautes qui choisissent de quitter Blogger pour un autre service peuvent facilement emporter leur contenu avec eux) et Google Docs (les utilisateurs peuvent maintenant rassembler tous leurs documents, présentations et feuilles de calcul dans un fichier zip et le télécharger). Construisez vos produits afin que l'équipe de Libération des Données puisse réussir sa mission. Une façon de faire est d'avoir une bonne API publique qui expose toutes les données de vos utilisateurs. N'attendez pas une V.2 ou une V.3, discutez de ce point dès le début de vos réunions de planification et faites-en un élément de votre produit dès le départ. Lorsque les journalistes du Guardian, un des principaux journaux du Royaume-Uni, ont examiné les travaux de l'équipe de Libération des Données, ils ont proclamé qu'ils étaient «contre-intuitifs» pour ceux qui sont «habitués à la mentalité de verrouillage des précédentes batailles commerciales ». Ils ont raison, c’est une approche paradoxale pour ceux qui en sont restés à l’ancienne façon de penser des MBA. Mais si nous faisons bien notre travail, bientôt, cela n’apparaîtra plus comme paradoxal. Notre objectif est de faire de l’ouverture la norme.  Les gens vont s’intéresser graduellement à l’esprit d’ouverture, puis ils vont s’y attendre et l’exiger, et ils seront furieux quand ils ne l’obtiendront pas. Quand l’esprit « open » sera intuitif, c’est alors que nous aurons réussi. Quand « big is beautiful » Les systèmes fermés sont bien définis et rentables, mais seulement pour ceux qui les contrôlent. Les systèmes ouverts sont chaotiques et rentables, mais seulement pour ceux qui les comprennent bien et s’adaptent plus rapidement que les autres. Les systèmes fermés croissent rapidement, tandis que les systèmes ouverts évoluent plus lentement. Parier sur l’ouverture demande une bonne dose d'optimisme, de volonté et les moyens de penser à long terme. Heureusement, chez Google, nous avons ces trois choses. En raison de notre portée, de notre savoir-faire technique et de notre soif de grands projets, nous pouvons parier sur des défis qui nécessitent de gros investissements, en l'absence d’un retour sur investissement évident à court terme. Cela nous permet de photographier les rues de la planète de manière à ce que vous puissiez explorer le quartier autour d'un appartement que vous envisagez de louer, à des milliers de kilomètres de distance. Nous pouvons numériser des millions de livres et les rendre largement accessibles (tout en respectant les droits des éditeurs et auteurs). Nous pouvons créer un système de courrier électronique qui fournit un gigaoctet de capacité de stockage (aujourd'hui plus de 7 gigas) à une époque où tous les autres services ne fournissaient qu'une faible fraction de ce total. Nous pouvons instantanément traduire des pages Web à partir de 51 langues. Nous pouvons traiter des données de recherche pour aider des organismes de santé publique à détecter les flambées de grippe beaucoup plus tôt. Nous pouvons construire un navigateur plus rapide (Chrome), un meilleur système d'exploitation mobile (Android), et une toute nouvelle plateforme de communication (Wave), puis les ouvrir pour que les développeurs du monde entier puissent les personnaliser et les améliorer. Nous pouvons faire ces choses parce qu’il s’agit de problèmes d'informations et que nous avons les experts en informatique, la technologie et la puissance de calcul pour les résoudre. Ce faisant, Le sens du mot « ouvert » selon Google
  • 9. nous rendons de nombreuses plateformes meilleures, plus concurrentielles et plus novatrices, qu’il s’agisse de vidéo, de cartographie, de mobilité, de PC, de voix, d’applications pour l'entreprise. Nous sommes souvent critiqués pour notre taille, mais parfois être plus gros nous permet de nous atteler à l'impossible. Tout cela est inutile, cependant, si nous échouons dans le domaine de l’ouverture. Nous avons donc besoin de constamment nous dépasser. Contribuons-nous à des normes ouvertes qui améliorent notre industrie ? Qu’est-ce qui nous empêche de publier notre code source ? Donnons- nous à nos utilisateurs suffisamment de valeur, de transparence et de contrôle? Ouvrez autant que vous le pouvez et aussi souvent que vous le pouvez, et si on vous demande si c’est une bonne approche, expliquez pourquoi ce n'est pas seulement une bonne approche, mais la meilleure approche. C'est une approche qui va transformer le monde des affaires et du commerce dans ce siècle encore jeune, et quand nous aurons réussi, nous ré-écrirons efficacement le programme des MBA pour les décennies à venir ! Un Internet ouvert transforme la vie dans sa globalité. Il a le potentiel de fournir toute l'information du monde à chacun et de donner à toute personne le pouvoir de la liberté d'expression. Ces prédictions figuraient dans un courriel que je vous ai envoyé plus tôt cette année (publié par la suite sous la forme d’un billet de blog), qui décrivait ma vision pour l'avenir de l'Internet. Mais maintenant, je veux parler d’action, pas de vision. Il y a des forces liguées contre l'Internet ouvert - des gouvernements qui contrôlent l'accès, des entreprises qui se battent dans leur propre intérêt pour préserver le statu quo. Ils sont puissants, et s’ils réussissent, nous nous retrouverons avec un Internet de la fragmentation, de la stagnation, des prix plus élevés et moins de concurrence. Nos compétences et notre culture nous donnent la possibilité et la responsabilité d'empêcher que cela se produise. Nous croyons en la puissance de la technologie pour fournir de l'information. Nous croyons en la puissance de l'information pour faire du bien. Nous pensons que l'ouverture est le seul moyen pour qu’elles aient le plus large impact pour le plus grand nombre. Nous sommes des techno-optimistes qui croyons que le chaos de l’ouverture profite à tout le monde. Nous allons nous battre pour promouvoir ces idées chaque fois que nous le pourrons. L’ouverture va gagner. Elle va gagner sur Internet et cette victoire se répercutera en cascade dans de multiples domaines de la vie : l'avenir de la politique est la transparence. L'avenir du commerce est la symétrie de l'information. L'avenir de la culture est la liberté. L'avenir de la science et de la médecine est la collaboration. L'avenir du divertissement est la participation. Chacun de ces avenirs dépend d'un Internet ouvert. En tant que chefs de produits Google, vous construisez quelque chose qui va durer plus longtemps que nous tous, et aucun de nous ne peut imaginer toutes les façons dont Google va se développer et toucher la vie des gens. De ce point de vue, nous sommes comme notre collègue, Vint Cerf, qui ne savait pas exactement combien de réseaux voudraient faire partie d’ « Internet » et qui, pour cette raison, à choisi l’ouverture. Vint a certainement vu juste. Je crois que nous aussi. Jonathan Rosenberg, Senior Vice President, Product Management, Google Le sens du mot « ouvert » selon Google