Couleur jardin en seine et marne du 30 mai au 28 juin 2015
Article de M. Grange
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2. L’école de la Gare d’eau fête ses 100 ans
Samedi 2 juin 2013, 10h du matin;; le métro ligne B, me dépose à la Gare
de Vaise. Il fait frais pour la saison, mais ce matin quelques éclaircies per-
mettent d’espérer que le printemps daigne enfin se manifester.
J’emprunte la sortie « Place de Paris » où le marché toujours aussi convi-
vial, offre aux chalands ses étals abondamment garnis de produits ache-
tés le matin même au marché de Gros de Corbas.
Dans les autrefois, la place de Paris, était le centre du quartier occupé par
le domaine de la Claire, une immense propriété entourant une villa datant
de la Renaissance. Le marché au fruits et légumes se tient les mercredi,
samedi et dimanche;; il a toujours été un point fort de l’activité commer-
ciale et un lieu de rencontre des habitants.
J’accompagnais souvent papa à celui du dimanche matin qui se prolon-
geait tout le long de la rue Roger Salengro et nous ne rentrions jamais à
la maison, en rue de la Claire, sans un bouquet de fleurs pour maman.
Le mercredi il y avait aussi le marché « aux pattes » ou marché forain et
lorsque j’étais enfant, je donnais parfois ‘’la main’’ à un voisin qui tenait
un stand de tissus, rideaux, voilages, dessus de lit… ce qui me permettait
d’avoir de quoi m’offrir une place de cinéma et d’acheter un paquet de
Mint’ho (les célèbres bonbons à la menthe Kréma) que les ouvreuses
vendaient à l’entracte, au cinéma ‘’le Vox’’, en rue Marietton;; d’une capa-
cité de plus de 900 places, il a fonctionné de 1942 jusqu’à sa dernière
séance en 1969.
Aujourd’hui, je ne suis pas venu en
pèlerinage dans le quartier de mon
enfance, mais parce qu’une exposi-
tion commémore le centenaire de
l’école primaire en rue de Saint-Cyr
que nous avions fréquenté, mes deux
sœurs, mon frère et moi .
Je remonte la rue de la Claire, passe
devant le 28 où nous habitions ( les
deux fenêtres au deuxième étage à
gauche) et rejoins la rue de St Cyr
que je prends à main droite.
L’accès à l’exposition se fait du côté
du portail de « l’école des Garçons »
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3. car pour des raisons de sécurité, l’accès, quai Jayr, côté « Maternelle » et
« école des Filles » est fermé.
Le portail vient de s’ouvrir et une foule de parents, enfants, et visiteurs pé-
nètre tranquillement dans la cours et se dirige vers le préau où commence
l’exposition.
Je ne m’attendais pas à une telle affluence et suis ravi de l’intérêt porté à
cette manifestation dont j’ai été informé par la lettre mensuelle d’infos que je
reçois des musées Gadagne.
Le préau est à l’identique de celui
que nous connaissions dans les
années cinquante excepté bien sûr
le rafraîchissement nécessaire de
la peinture intérieure.
La première chose qui me vient à
l’esprit est la surprise teintée d’ad-
miration devant le travail accompli
par les élèves et leurs ensei-
gnants. De nombreux documents
sont répartis harmonieusement ra-
contant l’école, son environnement, le quartier, les activités commerciales et in-
dustrielles du passé avec en lien pour l’avenir la construction en cours du Pont
Schuman.
Spontanément une élève de CM2 toute souriante, se présente et me propose un
accompagnement, ce que j’accepte avec plaisir. Elle maîtrise bien son sujet et ses
explications sont claires. Lorsque je lui précise que je suis un ancien élève des an-
nées cinquante, elle me conduit vers l’affichage des photos de classes.
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4. Il y avait une photographie des années cinquante, une des années soixante et une
actuelle.
- vous reconnaissez-vous?
S’enquiert-elle.
- Non! Mais c’était bien
ainsi que nous étions habillés
et les photos étaient effective-
ment prises au sein de notre
classe. Cette courte plongée
dans mon enfance est bien
agréable.
En apercevant la photo de
la salle des douches, je lui
dis:
- Le mercredi, dans les sous-
sols de l’école des filles, nous
allions prendre une douche car les
appartements n’en étaient pas
équipés. Il fallait venir avec sa ser-
viette, sa savonnette, son sham-
poing… et son peigne. C’était aussi
un moment un peu magique
puisque la porte de séparation des
cours de récré était ouverte et nous
pénétrions dans l’école des filles.
Il fallait faire silence, car comme il
se doit, le moment des douches se
passait pendant les cours.
Ma jeune accompa-
gnatrice, me raconte
alors l’anecdote du
manteau qui a été
retrouvé dans la cave
à côté des douches
laquelle servait d’abri
au cours de la se-
conde guerre mon-
diale..
La visite sous le préau terminé, nous nous rendons dans le bâtiment qui compre-
nait l’école des filles et les classes maternelles.
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Nous traversons la cour où subsiste un muret
rappelant qu’il y avait autrefois un mur très
haut séparant les deux écoles .
Dans le hall d’entrée, un ancien bureau est
installé avec les accessoires classiques: ardoise, crayon d’ardoise, porte-plume
et plume ‘’sergent-major ‘’, encrier, plumier...
Ici, des parents venus avec leur enfant, lui font enfiler une blouse grise
mise à disposition. Le gone s’installe au bureau et ils prennent la photo.
C’est amusant car la blouse n’est plus obligatoire ni d’actualité. Pourtant
elle avait une signification qui est peu connue. Il y avait certes le fait que
la blouse protégeait les vêtements des salissures et de l’encre violette,
mais c’était avant tout un symbole (pas celui que certains assimilaient à
un uniforme);; c’était un symbole d’égalité qui permettait de cacher les
signes extérieurs de richesse liés aux habits et accessoires vestimen-
taires permettant de distinguer le pauvre du riche.
Dans une petite pièce au fond sur la gauche, nous sommes conviés à
assister à un diaporama très intéressant sur l’activité de la Gare d’eau et
des industries qui lui étaient liées. Ma guide me quitte et j’ai juste le temps
de lui dire merci pour sa prestation. Je me suis ensuite aperçu que j’avais
oublié de lui demander son prénom. Elle a très bien représenté son école
et je la félicite.
En poursuivant ma visite, j’ai aussi pu partager avec une enseignante qui
m’a donné envie d’écrire ce petit texte.
J’ai alors rencontré un copain de classe, Christian avec qui j’ai passé mon
CM2 sous l’égide de Madame Aublanc qui fut ma dernière institutrice et
6. que j’appréciais autant pour ses compétences pédagogique que ses quali-
tés humaines et l’intérêt qu’elle nous manifestait. Quand j’étais au Lycée
La Martinière, il m’arrivait de la rencontrer sur le trajet et nous avions
d’agréables conversations.
J’ai appris au cours de ma visite que les salles de classe étaient à l’iden-
tique avec juste de l’équipement et du mobilier moderne. A en juger par
cette exposition, l’équipe pédagogique d’aujourd’hui conserve indiscuta-
blement les mêmes qualités que celle de mon époque.
Voyons maintenant quelques uns des documents présentés.
Un peu d’histoire
Au XIXème siècle le trafic fluvial s’intensifie (développement des indus-
tries textiles, chimiques et métallurgiques. En 1820, les nombreux petits
ports de Saône ne sont plus adaptés et la Gare d’eau de Vaise pouvait
accueillir 140 bateaux. Disjointe de la berge, les péniches passaient sous
l’actuel quai du Commerce, les bateaux pouvaient à l’abri être déchargés
en toute tranquillité.
La Société de la Gare d’eau et du Pont de Vaise va dès lors construire le
port et le pont Masaryk sur les terrains appelés les Vaques (du latin vaco
vacare, laisser vide) inutilisés en raison des fréquentes inondations, mais
plats, sans grande valeur et facile à creuser puisqu’il s’agit de terrains
alluviaux.
Le port est ouvert en
1831. il reçoit des mil-
liers de marchandises
(bois, pierres, gra-
viers, sables,...farines,
vins, alcools,…) desti-
nés aux entreprises
installées dans le sec-
teur (ateliers de cons-
truction de bateaux,
de machines à va-
peur, fonderies, mino-
teries, brasseries, tan-
neries) ou stockées
dans des magasins
généraux.
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7. Les marchan-
dises déchar-
gées étaient
acheminées le
long de la rue
des Docks par
un train à va-
peur surnom-
mé ‘’le cou-
cou’’ par les ri-
verains.
Cette locomo-
tive de marque
DECAUVILLE
sera rempla-
cée en 1930
par une CORPET LOUVET 030T qui portait le nom de ’’l’Azergue’’.
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8. Cette photo me fait repenser à
mon adolescence, lorsque je
promenait Kim, le caniche
d’une amie et voisine de ma
mère. Mes bambanes me con-
duisaient de la rue de la Claire
aux quais de Saône en direc-
tion de Saint-Rambert, j’imagi-
nais que cette magnifique
demeure devait appartenir à
un grand capitaine d’industrie.
Voilà donc une nouvelle ré-
ponse apportée par cette sym-
pathique exposition.
Parmi les nombreuses photo-
graphies, prêtées pour l’expo
par les archives municipales et
le musée Gadagne, il est diffi-
cile de faire un choix. Toutes
présentent un intérêt historique et rappellent la physionomie de ce quartier
qui était une petite commune indépendante avant d’être rattachée à la
ville de Lyon le 24 mars 1852 pour faire partie du 5ème arrondissement.
La gare de Vaise fut alors construite et sera en 1854 la première gare de
Lyon en liaison avec Paris. Au XXème siècle, le quartier de Vaise sera
rattaché au 9ème arrondissement lors de sa création le 12 août 1964.
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9. L’hôtel Terminus en bas
de la gare de Vaise, tel
qu’il était au début du
XXème siècle et jus-
qu’aux années 60, à
l’angle de la rue de la
Claire, de la place de
Paris et de l’église de
l’Annonciation.
Le café-restaurant, de
la Gare, une brasserie,
l’a remplacé. De même,
avec la construction de
la station de Métro, le
paysage urbain a été
fortement remodifié.
(comme le montre la
photo actuelle ci-contre
sur la partie droite).
Remarquez ci-dessous,
l’ancienne église de
l’Annonciation, détruite
pendant les bombarde-
ments de mai 1945 et
celle reconstruite par
Paul Erasme Koch
entre 1954 et 1957.
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10. Les affiches extraites de la documentation de la Maison des Projets mar-
quent bien la transition entre le passé, le présent et le futur. Le site que je
précise en bleu est très complet. Il reprend l’ensemble du projet et le suivi
de sa réalisation. http://blogs.grandlyon.com/pontschuman/
Il est très ludique et mérite le détour . Je vous en conseille la visite.
Pour terminer voici quelques photos du détail de la façade que j’avais
prise en juillet dernier du côté « école des filles ».
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11. Comme au temps des cathédrales, Isaac Collomb, architecte, a signé son
œuvre dans la pierre en haut à gauche de l’entrée de la maternelle.
Cette rétrospective de ma visite est incomplète, car il y aurait encore
beaucoup à dire et à montrer. J’espère simplement avoir reflété la qualité
du travail accompli par les élèves et leur équipe pédagogique.
Ensemble, ils ont permis de montrer aux visiteurs que leur école n’est pas
un simple bâtiment d’accueil, mais qu’il s’inscrit dans un quartier riche
d’histoire et qui existait bien avant la création de Lugdunum. Ils ont su
remonter le temps et se projeter sur l’avenir. Leur enthousiasme faisait
plaisir à voir et plus tard il pourront parler de leur expérience et du succès
de leur démarche.
C’est avec plaisir que je leur dédie
ces quelques pages en remercie-
ment de m’avoir permis pendant
quelques heures, de rêver et de
replonger dans mon enfance.
Michel Grange
Ancien élève
Octobre 54 - juin 59
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Merci (moi en 1959)