Webinaire Cohésion | Le pouvoir du mentorat au travail : pour qui, pourquoi, ...
Journalisme & Twitter
1. Journalisme & Twitter
Nikos Smyrnaios
Université de Toulouse
La Cantine, 19 decembre 2012
2. Problématique
Comment Twitter s’intègre dans les processus de
production et de diffusion de l’actualité ? Quels en sont
les enjeux socioéconomiques pour le journalisme ?
Etat de l’art
3. Pourquoi Twitter ?
- Des échanges en grande partie publiques et archivables
- Des données accessibles via des APIs
- Un outil de communication au croisement de la sphère
publique et de la sphère privée
- Une utilisation professionnelle complexe
- Un outil stratégique pour les médias
- Un service à usage massif : + de 200M d’utilisateurs
dont 1% en France
-Une surreprésentation des professions
intellectuelles/ingénieurs du social
4. Cadre théorique
1. Twitter comme « écosystème conversationnel » pas
simplement canal de diffusion (boyd & al., 2010)
2. Contexte de communication instable (context collapse),
visées communicationnelles & audiences potentielles
s’entremêlent (Marwick & boyd, 2010)
3. «Awareness system » : real-time, networked digital
technologies that offer diverse means to collect, communicate,
share and display news in the periphery of a user’s awareness
(Hermida, 2010a)
4. “Media life”: people living in their own personal pervasive &
ubiquitous media space (Deuze, 2011)
5. Cadre théorique
5. “Networked production of news”: news emerges from
networked actors who span different professional and
organizational identities and contexts (Lotan et al., 2011)
6. Twitter as platform for collaborative verification, that
privileges distributed over centralized expertise (Hermida,
2011)
7. “Ambient journalism”: networked, digital systems where
news is ubiquitous in the form of unstructured and fragmented
data, ingrained in the everyday media experiences of users &
journalists (Hermida, 2010)
6. Les usages de Twitter
Synthèse d’études par questionnaire + entretiens semi-directifs:
1. Perception and use of social media among journalists in
the UK, 2011, n=667
2. Les journalistes et les médias sociaux dans l’UE, 2012,
Commission européenne, n=135
3. Enquête sur les usages des réseaux sociaux par les
journalistes français, 2012, Obsweb, n=600
4. Travaux du projet IPRI (Internet, pluralisme et redondance
de l’information)
5. Etudes (Pew, AT Internet, Médiamétrie, CSA)
7. L’actualité sur Twitter
Apport de trafic faible pour les sites d’info:
En 2012 1% en moyenne aux USA (Nielsen), 0,5% en
France (AT Internet), mais…
-En France de 0,2 à 0,5% entre 02/2011 et 03/2012
-Trafic mesuré uniquement depuis Twitter.com et t.co
-Apport proportionnellement variable selon le média:
Lemonde.fr 0,5%, Owni.fr 2,3%, @si 4,2% en mars 2011
(Médiamétrie)
-Twitter génère des visites longues (en moyenne plus de 20
minutes pour toutes les visites de plus d’une page
comparable à l’accès direct)
8. L’actualité sur Twitter
Consultation de l’actualité via Twitter globalement faible
mais…
- c’est une « tâche de fond » (active, en continu et collective)
qui touche les professions du symbolique, (Comby, 2011)
- s’intensifie aux moments d’actualité forte (15% des Français
lors de la présidentielle, 1,4 MVU le 6 mai ) et touche des
internautes très actifs politiquement
- dépend davantage des médias et des journalistes par
rapport à Facebook (famille & amis prépondérants) et génère
un sentiment « d’exclusivité »
- s’entremêle avec l’usage simultanée d’autres médias
9. L’actualité sur Twitter
Ecosystème informationnel composé de plateformes
UGC et de médias
Les sources les plus citées sont des sites PQN
Sous-représentation: portails, gratuits, TV/radio
Surreprésentation: pure-players, technos et sites
étrangers
L’agenda des médias dominants fait la Une de Twitter
mais…. …la Longue traîne existe et elle est politique et
technologique
10. Twitter et les journalistes
Clivage générationnel: surreprésentation des jeunes
journalistes parmi les utilisateurs intensifs => davantage de
crédit à l’information qu’ils y trouvent
Clivage médiatique: surreprésentation des journalistes web et
ceux des grandes organisations parmi les utilisateurs
Clivage symbolique: forte présence des indépendants,
précaires et acteurs à la marge/frontière du journalisme
(entrepreneurs)
Clivage vie privée/professionnelle: Facebook davantage
utilisé lors des relations privées, Twitter professionnelles
Tension entre expression personnelle et stratégie média
11. Principales utilisations
Recherche d’information: institutions, RP, autres médias,
autres journalistes, international
Recherche de sources: experts, témoins, « authenticité »,
accéder à des mondes sociaux sans ancrage
Entretenir un réseau de collègues, faire fonctionner une
«supra rédaction», se socialiser
Elargir son audience, se distinguer de son média d’origine
(pe. dans la PQR Jeanne-Perrier, 2012)
Cultiver sa notoriété (personal branding), faire la promotion de
son travail, gagner des « contrats »
12. Les journalistes sur Twitter vus
comme un graphe
comptes = noeuds, retweets et mentions = liens (arêtes)
- Sur les 1 816 comptes de l'échantillon, 1 358 (74,8%)
constituent un seul, grand composant connecté
- Sur les 938 comptes d’utilisateurs intensifs (>50 tweets),
98% (920) connectés dans un composant très dense
- Diamètre: 7, average path length: 2,7 (c'est le fameux "6
degrees of separation")
Il s’agit d’une véritable communauté dont les connexions sont
très denses
13. Résultats
Comparaison: journalistes / non journalistes
Moyenne de tweets 262,16 264,26
% de tweets avec URL 40,67 % 48,44 %
URL spread 0,475 0,389
Moyenne citations de
journalistes émises
20,85 % 5,13 %
Moyenne citations de
journalistes reçues
26,80 % 5,51 %
Moyenne retweets reçus 0,165 0,07
Journalistes aussi bavards, moins prompts à envoyer des
liens, mais davantage cités notamment entre eux
14. Carte 1: Vue d’ensemble de la Twittosphère journalistique française. La taille et la couleur des noeuds est fonction
de leur taux de citation. Les liens gris correspondant à au moins cinq interactions (retweets, mention, etc.)
réciproques entre deux utilisateurs pendant la période d’observation de deux mois.
15. Carte 2: Réseaux d’affinités à l’intérieur de la Twittosphère journalistique
16. Carte 3: variable: nombre de tweets. Les plus actifs/productifs ne sont pas forcement les plus cités.
17. Carte 4: Variable: nombre de followers. Les plus suivis ne sont pas forcement les plus cités.
18. Carte 5: Variable nombre de retweets émis. En présence de différentes « stratégies »
19. Carte 6: Variable betweeness centrality. Des positionnements réussis en termes de notoriété
21. Carte 8: Variable retweets vers journalistes. Tendance forte à l’endo-citation mais inégalement distribuée
22. Conclusions
1. Les journalistes sur Twitter: un très petit monde concentré
2. Quelques-uns => noeuds centraux de la Twittosphère française
3. Les plus productifs/suivis ne sont pas toujours les plus cités
4. On observe des usages à visée stratégique
5. Le moins cités => tendance à entretenir de liens endogamiques
6. Les plus cités => relativement marginaux dans le champ
journalistique (web, free-lance, jeunes, non cadres)
7. réseaux socionumériques lieux de socialisation des jeunes
journalistes.
8. Redéfinition des normes professionnelles ?
9. Intégration de l’«influence» sur ces réseaux dans le capital
journalistique ?
24. Références
Smyrnaios N., Rieder B., 2011, « Les journalistes français sur Twitter
vus comme un graphe », Inaglobal,
http://www.inaglobal.fr/presse/article/les-journalistes-francais-sur-twitter-
vus-comme-un-graphe.
Rieder B., Smyrnaios N., 2012, « Pluralisme et infomédiation sociale de
l’actualité: le cas de Twitter », Réseaux no 176, p. 107-141.
Smyrnaios N., « Entre bien commun et parangon publicitaire : une
analyse socio-économique de Twitter » in Pelissier N. et Gallezot G.
(dir.), Twitter : un monde en tout petit ? , L’Harmattan, 2013 (à paraître)