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C A P I T A I N E D E S A I N T - P H A L L E
EQUITATION
TOME I"
ÈQUITATION ÉLÉMENTAIRE
LEGOUPY, 5, Boulevard de la Madeleine, Paris.
CHAPELOT, 30 RUE Dauphine, Paris. | LESOUDIER, 174, B(I St-Germain, P
Librairie Mtlon, ROBERT, Successeur, Saum ur.
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EQUITATION
DU MEME AUTEUR
Dressage et Emploi du Cheval de Selle
^ 2e ÉDITION
Ouvrage honore d'une Souscription
du Ministère de la Guerre
et récompensé d'une Médaille de Vermeil
par la Société des A griculteurs de France
C A P I T A I N E D E S A I N T - P H A L L E
EQUITATION
TOME I"
ÉQUITATION ÉLÉMENTAIRE
LEGOUPY, 5, Boulevard de la Madeleine, PARIS.
CHAPELOT, 50 Rue Dauphine, PARIS. | LESOUDIER, 174, B(1 St-Germain, PARIS.
Librairie MILON, ROBERT, Successeur, SAUMUR.
I907
VAuteur réserve expressément ses droits de traduc­
tion et de reproduction en France et à l'Etranger, y
compris la Suède et la Norvège.
TABLE DES MATIERES DU TOME 1"
Pages
AVANT-PROPOS . V
EQUITATION ÉLÉMENTAIRE
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES IX
TITRE M
CHAPITRE P-v
CONNAISSANCE ET UTILISATION DES FACULTÉS MORALES DU CHEVAL
i" La mémoire 2
20 La confiance et la crainte 5
30 Comparaison des sensations 4
40 La volonté 5
Les récompenses 5
Les châtiments 7
CHAPITRE II
APTITUDES PHYSIQ.UES ET MÉCANIQUES DU CHEVAL
§ IER DES ÉQ UILIBRES
Equilibre direct 11
Équilibre latéral 14
§ II ACTION DE S A IDES S UR L ES É QUILIBRES
Les jambes I5
L'éperon
Les rênes I9
Pli de l'encolure • 24
Accord des aides. 24
— I I —
Les embouchures 26
Tenue des rênes 31
Lès étriers
TITRE II
CHAPITRE 1ER
LA POSITION 35
CHAPITRE II
ETUDE ÉLÉMENTAIRE DU MANIEMENT DU CHEVAL 4r
Mécanisme des allures ' 42
Sauter et monter à cheval. ... 4^
Sauter à terre et mettre pied à terre 47
Le contact de la bouche. Ajuster les rênes 47
Etant arrêté, prendre le pas ou le trot 49
Prendre le galop par allongement du trot.
Passer du pas à l'arrêt 52
Passer du trot ou du galop à une allure inférieure ou à l'arrêt 53
Ralentir le pas, le trot ou le galop 54
Allonger le pas, le trot ou le galop 54
Tourner 35
Doubler 57
Volte ... 58
Demi-volte 59
Demi-volte renversée 59
Changement de main 60
Contre-changement de main 60
Serpentine 61
• Huit de chiffre 61
Pas de côté 62
Pirouette renversée 64
Pirouette 67
Travail sur deux pistes 69
Croupe au mur
Tête au mur 73
Départs au galop. 74
CHAPITRE III
MANIEMENT DU CHEVAL DANS LA MISE EN MAIN
Le r amener 79
La descente d'encolure 81
Les flexions 83
La mise en main 92
Cadencer le trot 93
Etendre le trot 95
Rectitude des départs au galop 96
Cadencer le galop 98
Changements de pied 100
CHAPITRE IV
§ Ie r . — SAUTS D'OBSTACLES IO3
i0 Mener le cheval sur l'obstacle 103
20 Franchir l'obstacle 106
30 Reprendre le cheval après l'obstacle 110
4° P rogression à suivre pour apprendre à sauter. m
g IL — TRAVAIL A LA LONGE II3
CHAPITRE V
CHEVAUX DIFFICILES II9
TITRE III
SOMMAIRE ET PROGRESSION DU DRESSAGE
DU CHEVAL DE TROUPE
OBSERVATIONS G ÉNÉRALES 125
IRO PÉR IODE : Préparation 126
2e PÉRIODE ; Dressage proprement, dit 134
TITRE IV
QUALITÉS A RECHERCHER POUR LE CHEVAL DE SELLE
CHAPITRE lor
aUALITÉS MORALES I53
CHAPITRE II
Q.UALITÉS PHYSIQUES 161
§ Tr. — La ligne de dessus I6î'
g II. — Le corps 168
I V —
§ III. —• Les membres 171
£ IV . — Tar es les plus fréquentes 174
S- V. — Conclusion 179
TITRE V
HYGIÈNE ET CONDITION
CHAPITRE I"
L'HYGIÈNE
S I er. — H ygiène à l'écurie 185
S II. — Hygiène des membres 1S9
S III.— La n ourriture 104
LA CONDITION
CHAPITRE II.
203
AVANT-PROPOS
La rapide expansion prise par l'automobilisme a pu
donner à penser et à dire qu'une locomotion répondant
à ce point aux besoi ns modernes était appelée à rem­
placer l'hippisme dans un temps indéterminé mais assu ­
rément très court. Ces prévisions ont été démenties par
les faits : l'expérience est déjà assez longue, les condi­
tions dans lesquelles elle se déroule sont assez pro­
bantes pour qu'on puisse maintenant tenir p our certain
que l'invention nouvelle n'a pas diminué chez nous le
goût du cheval : elle l'a épuré, voilà tout. Et cecin'est pas
un paradoxe : les corvées que nous imposions autrefois
aux animaux de service reviennent maintenant de droit
à l'automobile; grâce à cela, bien des chevaux ont quitté
le rôle de bêtes de somme, qu'il leur fallait souvent
remplir, et sont devenus dans une plus large mesure, les
instruments du plus ancien et du plus noble des sports.
Aussi bien, ne semble-t-il p as qu'on monte moins à
cheval en France maintenant qu'autrefois. Peut-être,
même, n'a-t-on jamais vu chez nous les manifesta tions
équestres se multiplier autant et les cavaliers rivaliser à
— V I —
ce point d'entrain, de travail et de science. Les grandes
sociétés hippiques donnent une impulsion intensive et
efficace par les courses et les concours, et certes, les
encouragements de toutes sortes, prodigués aux produc­
teurs comme aux acheteurs, sont bien faits pour entretenir
le goût du cheval, il nous faut nous en réjouir non seu­
lement parce que notre amour du sport y trouve son
compte, ce qui est beaucoup, mais surtout parce que ce
sont les peuplescavaliers qui forgent le mieux cette puis­
sante arme de guerre qu'estune cavalerie solide e t bien
montée.
Toutefois-, les excellents encouragements donnés aux
choses du cheval resteraient stériles pour l'équitation si,
à côté du désir de s'instruire, le futur cavalier ne trouvait
pas le moyen d'y parvenir. Ce moyen, il est donc néces­
saire de le lui donner : c'est ce qu'ont entrepris tous les
écrivains qui ont traité de lascience équestre. Le nombre
des traités d'équitation e st considérable ; aussi, doit-on
tenir pour certain que tout ce qui peut être dit de bon
a été dit. Malheureusement, beaucoup de ce qui pouvait
être dit de mauvais a eu l e même sort. En sorte que,
ballotté au mi lieu de tant de théories sans que l'expé­
rience puisse le guider, le jeune cavalier ne trouve pas
facilement la bonne direction. Il la trouve d'autant
moins aisément que les meilleurs ouv rages, s'adressant
souvent de préférence à des cavaliers déjà faits, traitent
l'équitation à un point de vue élevé pour établir les prin­
cipes et les lois, et n'en dégagent pas l'enseignement
pratique d'une manière assez exclusive pour que le n éo­
phyte trouve aisém ent ce qui lui est nécessaire et ne se
— V I I —
perde pas dans des démonstrations qui lui seront utiles,
certes, mais plus tard .
Le débutant a besoin d'un cours quidirige son instruc­
tion et non celle du cheval, le prenne depuis l'instant où
il se pré pare pour la première fois à se mettre en selle,
lui ensei gne à éviter les écueils qu'il va renc ontrer dés
la première minute, le suive ensuite dans ses progrés
successifs pour l 'amener, en définitive, si se s goûts et
ses dispositions naturelles le comportent, jusqu'à la con­
naissance des théories qui régissent l'équitation savante.
Tels sont les desiderata que j'ai cherché à satisfaire
dans ce travail ; je lui ai don né une forme, un a gence­
ment qui permettront au commençant ou à l'instructeur
encore peu expérimenté qui a à diriger des débutants,
de trouver en dehors des questions théoriques inutiles à
ce moment, une direction pratique pour leur travail.
Dans ce but, j'ai rigoureusement séparé l'instruction du
cavalier de celle du cheval. Cette dernière est exposée
d'une manière sommaire dans un titre séparé . Si le le c­
teur veut approfondir les questions de dressage et ne pas
se contenter des quelques mots que j'en dis dans cet
ouvrage, je le renvoie à ce que j'en ai écrit dans le Dres­
sage et Emploi du cheva l de selle, traité do nt j'ai d'ail­
leurs reproduit quelques passages dans celui-ci lorsque
j'ai eu à exposer une théorie déjà étudiée.
Cette instruction du cavalier en vue de l'équitation
courante fait l'objet du premier volume. Le second con­
tient l'étude d es principes qui régissent l'art équestre et
de leur application d ans l'équitation savante. C'est là
que le cavalier qui a déjà assez pratiqué, assez senti le
Vili
cheval, pourra trouver la raison d'être des procédés qui
lui ont été enseignés et l'exposé de ceuxqui peuvent lui
être utiles pour arriver à l'obtention de la légèreté, c'est-
à-dire de la soumission co mplète.
EQUITATION ÉLÉMENTAIRE
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
L'équitation élémentaire a pour but de donner au cava­
lier une assiette solide et correcte et de lui faire acquérir
une autorité suffisante sur le cheval de selle dans les con­
ditions où on l'emploie d'habitude : promenade, travail
d'armes, chasse, etc. L'usage du cheval dans ces diffé­
rentes circonstances exige de la part du cavalier la con­
naissance et l'application d'un certain nombre de pro­
cédés lui permettant d'indiquer sa volonté et de la faire
accepter. Pour y arriver il lui faut se livrer à une double
étude. La première lui fai t connaître l'instrument qu'il
veut utiliser et qui, dans l'espèce, doit être envisagéaussi
bien comme être doué de facultés morales auxquelles
on a constamment recours, que comme animalsentant et
se mouvant. Ces considérationssur lesfacultés physiques
et psychiques du cheval font l'objet du Titre Ie''. La se­
conde étude est d'ordre pratique : c'est celle des pro­
cédés par lesquels le cavalier peut transmettre et imposer
sa volonté au moyen de ses aides, c'est-à-dire des rênes,
des jambes et de l'assiette. C e sera l'objet du Titre II.
Le Titre III n'est autre chose qu'une progression de
dressage élémentaire donnant une directive très simple,
qui pourra pe rmettre de donner aux chevaux d e troupe,
malgré les difficultés d ues à la réduction du temps de
service, un dressage suffisant. Par une adaptation très
simple, ces mêmes indications peuvent être suivies par
les cavaliers civils pour former des chevaux confortable­
ment utilisables à l'extérieur.
Ces trois titres suffis ent à constituer, à proprement
parler, un manuel d'équitation élémentaire à l'usage des
cavaliers à leurs débuts et des jeunes instructeurs encore
peu au fait des exigences de l'enseignement et désireux
d'être guidés dans le choix des matières à enseigner à
leurs é lèves. Mais j'ai pensé que ce petit traité serait
utilement complé té par quelques considérations sur les
qualités à rechercher lorsqu'on veut choisir un cheval de
selle. Il est évident que celui-ci rend d'a utant mieux les
services qu'on lui demande que sa conformation s'y
prête mieux : moins elle s'adapte aisément aux exigences
du cavalier, plus le cheval présente de difficultés qui,
pour être combattues, exigent une assez longue expé­
rience. Il importe donc pour le débutant et pour le cava­
lier de goûts tranquilles qui veulent obtenir de leurs che­
vaux un bon rendement et désirent ne pas risquer de se
trouver aux prises avec des résistances sérieuses, il leur
importe donc, dis-je, de reconnaître si la conformation
du cheval qu'ils veulent a cheter se prête facilement ou
X I —
non au service de la selle. Nous étudierons succincte­
ment cette question dans le Titre IV.
Enfin, je donnerai dans le titre V d es indications pra­
tiques sur les soins les plus habituels à apporter à l'en­
tretien, à l'hygiène et au travail du cheval de selle pour
l'avoir en bon état de santé et de condition.
TITRE I
CHAPITRE I"
c o n n a i s s a n c e e t u t i l i s a t i o n
d e s f a c u l t é s m o r a l e s d u c h e v a l
Sans vouloir ici m'étendre sur cette question autant que
je l'ai fait ailleurs je crois devoir en exposer les lignes
principales parce qu'il est de toute nécessité pour un
cavalier, même à ses débuts, de n'en pas faire abstrac­
tion. On est, en effet, obligé pour commander le cheval
d'en respecter tout autant les facultés morales que les
aptitudes physiques. Aussi est-il utile de passer tout au
moins sommairement en revue celles de ces facultés que
le cheval manifeste le plus fréquemment et d'exposer le
rôle que le cavalier doit faire jouer à chacune d'elles, les
services qu'il en peut attendre et les ménagements qu'il
leur doit.
I. Dressage et emploi âu cheval de selle, 2" édition p. xn.
1. LA MÉMOIRE
C'est à cette faculté q ue le cheval doit en grande
partie son aptitude au dressage. C'est, en effet, parce
qu'il se rappelle et reconnaît les indications que nous lui
avons données, la manière dont il y a répondu, les récom­
penses enfin ou les châtiments qui s'en sont suivis, que
son dressage a pu se faire.
Mais ce n'est pas seulement pour et pendant le dres­
sage qu'on doit tenir compte de cette faculté : c'est
encore toutes les fois qu'on se sert de l'animal dressé. A
cause d'elle, il est un des animaux l es plus maniaques
qui soient, un de ceux qui prennent le plus facilement
une habitude bonne ou mauvaise. Il en résulte que le
cavalier doit soigneusement éviter d e lui laisser faire
plusieurs fois une faute s ans la redresser, sans quoi elle
devient bientôt une habitude qu'il aurait été facile
d'éviter au début, mais qu'il est souvent fort difficile au
contraire et fort long de faire passer.
Pour une raison analogue, le cavalier doit soigneuse­
ment éviter d'employer des moyens défectueux comme
momentanément plus commodes, avec l'intention de leur
en substituer d'autres plus tard. Ce plus tard nécessite
souvent plus de science et fait perdre plus de temps
qu'on ne l'imagine.
2. LA CONFIANCE ET LA CRAINTE
L'intelligence du cheval est trop rudimentaire pour
qu'il puisse comprendre ou s'expliquer les phénomènes
extérieurs qui impressionnent ses sens. Il s'effray e sou­
vent d e la nouveauté des plus ano dins et cela d'autant
plus qu'il est habituellement moins bien traité. Aussi faut-
il non seulement éviter de développer par des procédés
brusques ou violents ces dispositions à la crainte, mais
encore les atténuer en faisant appel à la facilité avec
laquelle le cheval se rassure, se met en confiance avec
son maître lorsque celui-ci sait s e l'attacher par sa dou­
ceur et combattre par ses bons procédés des appréhen­
sions involontaires et souvent nombreuses.
Mais si les dispositionsà lacrainte doiventêtre abolies
chez le cheval pourtoutce qui est étranger àson service,
il y a lieu de les exploiter raisonnablement pour assurer
notre domination sur lui : c'est le rôle des châtiments.
Toutefois, ils ne doivent être donnés qu'à bon escient,
avec à-propos, etexactement dans lamesure convenable.
Cela exige qu'ils ne soient infligés que lorsque le cheval
est volontairement et sciemment fautif. Mais alors ils ne
nuisent pas à laconfiance qui est plus nécessaire encore
que la crainte et qui est entretenue par les récompenses.
Je reviendrai plus loin sur ce point lorsque je parlerai des
récompenses et des châtiments.
Il résulte d e ceci que le cavalier doit être parfaitement
calme et maître de lui, afin de s'imposer la patience qui
lui mérite la confiance de son cheval, disposition sans
laquelle celui-ci est d'un emploi impossible.
COMPARAISON DES SENSATIONS
Par cette aptitude, la mémoi re aidant, l'animal rap­
proche les phénomènes qu'il a déjà vus se produire
ensemble. Ainsi, le cheval qui se voit donner l'avoine
peu après le moment où il a entendu ouvrir le coffre à
avoine, ne tarde pas à faire une association entre ces
deux sensations : l'audition du bruit d u coflre qu'on
ouvre et le plaisir de recevoir l'avoine ; la réalité de ce
phénomène est prouvée parle hennissement de contente­
ment qu'il fait entendre, lorsque se produit le bruit
coutumier. Cette faculté est fréquemment utilisée en
équitation. C'est elle, par exemple, qui donne leur signi­
fication aux réc ompenses et aux châtiments ; mais elle
peut aussi être cause de difficultés, co mme dans le cas
d'un chevalqui fait une faute dans certainescirconstances :
les mêmes circonstances se reproduisant, il est tenté de
commettre la même faute.
Le cavalier doit donc se souvenir que son cheval est
toujours disposé à répondre de la même manière aux
mêmes demandes. Il faut par conséquent, non seulement
en dressage, mais aussi dans l'habitude de l'équitation,
veiller à ce queces demandes obtiennentdès les premières
fois, au moins un acheminement vers le résultat qu'elles
devront obtenir dans la suite.
4. LA VOLONTÉ
Tous les chevaux jouissent à des degrés différents de
la faculté de vouloir : les uns ploient sans trop de peine
et d'hésitations leur volonté à la nôtre ; d'autres, au
contraire, résistent quelque fois avec acharnement ; tous
sont susceptibles dans certaines circonstances, de
montrer un véritable entêtement. Aussi le cavalier doit-
il comp ter toujours sur la possibilité d'une intervention
nuisible de cette faculté, intervention qu'il faut chercher
à éviter en n'employant que des aides justes, pour ne
demander au cheval que ce qu'il peut faire et comme il
peut le faire, étant donnés son degré de dressage et ses
aptitudes physiques. De plus, il faut que le cavalierfasse
concourir les récompenses et les châtiments à assurer la
suprématie de sa volonté sur celle du cheval.
LES RHCOMPKNSES
Le cheval est sensible aux récompenses et en com­
prend la portée. Elles stimulent sa bonne volonté,
l'encouragent, le rassurent lorsqu'il s'effraie d'une
demande inconnue, entretiennent sa confiance et sa
soumission. Par elles, le cavalier engage le cheval à
réitérer une concession obtenue ; jointes à lavoix qui en
augmente encore la portée, elles peuvent avoir les
meilleurs effets ; mais il i mporte de ne les distribuer
qu'avec à-propos. On voitsouvent des cavaliers caresser,
— ó
pour l'amadouer, un cheval en pleine insubordination.
C'est une lourde faute. Si votre cheval s'irriteparce qu'il
a peur ou si, par ignorance, il ne se laisse pas conduire
par les aides à la concession que vous lui demandez et
s'en énerve, caressez-le pour le calmer ou lefamiliariser
avec l'objet de sa frayeur. Mais s'il sait ce que vous
voulez et vous résiste sans raison, il serait d'une mauvaise
politique de lecaresser; vousl'encourageriez à s'enfoncer
davantage dans sa résistance età la recommencer ; vous
le feriez aussi douter de votre fermeté, ce qui vous
obligerait à recourir àdes corrections d'autant plus fortes
et plus répétéees que vous les auriez fait attendre plus
longtemps ; enfin, vos caresses, après avoirété données
a tort, perdraient de leur portée. La caresse est un
calmant et un moyen de persuasion et ne doit être
employée qu'avec un cheval énervé ou après une con­
cession, mais jamais pendant un refus.
Les caresses sont les récompenses qu'on peut donnei­
le plus souvent et le plus facilement, mais elles ne sont
pas les plus efficaces. En prenant le cheval par la gour­
mandise, on peut en obtenir les résultats les plus mer­
veilleux. La satisfaction de cette passion lui procure le
summum du contentement, et peut l'amener à vaincre son
mauvais naturel pour se soumettre aux exigences les plus
dures.
Quelles que soient, d'ailleurs, les récompenses dont
nous usons, soyons-en généreux.
l e s c h a t i m e n t s
Si le cheval mérite d'être récompensé quand il a bien
fait, il doit aussi être châtié quand il est fautif; mais il
est nécessaire de le corriger àtemps et avec justice. La
correction doit suivre immédiatement la faute, l'accom­
pagner même si c'est possible, afin que le cheval y
reconnaisse bien la cause de ladouleur qu'il éprouve. Ce
n'est qu'à ce prix que la correction sera salutaire, autre­
ment elle ne serait plus comprise et le cheval laconsidé­
rerait comme une attaque injuste et sans raison.
S'il importe de punir à temps, il n'est pasmoins néces­
saire de le faire avec justice. Quand le cheval pèche
par ignorance, par peur ou par suite d'un défaut de sa
conformation, ce ne sont pas des coups qu'il lui faut, ils
amèneraient l'écœurement et la rétivité parce qu'il n'en
saisirait pa s la cause. Mais si la faute est voulue, il faut
affirmer v otre autorité. Il importe que vous soyez le
maître, soyez-le à tout prix ; ne redoutez ni luttes, ni
défenses; en vous montrant toujours le plus fort, vous
ôterez au cheval l'i dée de s'insurger et il pren dra l'habi­
tude de se plier à vos exigences, parce qu'il reconnaîtra
en vous une volonté et des moyens d'action contre
lesquels il aurait mauvais je u de lutter.
La correction doit être administrée en toute liberté
d'esprit car, lorsqu'elle est donnée avec colère, elle l'est
rarement avec mesure. Le cavalier doit conserver son
calme afin de saisir le moment où le châtiment est suffi­
sant; il obtient alors une plus grande obéissance, tandis
- 8 —
qu'en dépassant cette limite on provoque la ra ncune du
cheval et on ne lui laisse que le souvenir d'une injustice.
Dès que la cor rection a produit son effet e t que le
cheval a cédé, il importe de le récompenser afin de lui
faire sentir qu'il a tout à perdre en s'insurgeant, tout à
gagner en se soumettant. De plus, la récompense apaise
l'irritation, ramène le calme et permet de continuer le
travail dans de bonnes conditions.
Les deux meilleurs instruments de correction sont
l'éperon et la crav ache, employés ensemble ou séparé­
ment. Il faut que, sous leur action, le chevalbondisse en
avant. Pour cela, il faut lui rendre en l'attaquant, quitte
à le reprendre à temps. « Tirer dessus, taper dedans, »
est une expression justement ironique et qualifiant bien
le fait du cavalier qu i accule son cheval en lecorrigeant.
Cette manière de faire provoque les défenses sur place;
ce sont les plus mauvaises, les plus déplaçantes, et elles
confinent à la rétivité.
liest des circonstances où il està propos de mettre
pied à terre pour donner la correction nécessaire. 11 en
est ainsi, par exemple, avec les chevaux qui se renver­
sent ou lorsque le cavalier est encore insuffisamment
expérimenté et solide pour donner, en restant à cheval,
un châtiment reconnu indispensable.. A condition de
l'infliger immédiatemeut après la faute, il e st préférable
de le donner pied à terre que de rester à cheval et de
ne pas le donner du tout. Il va sans dire qu'au fur et à
mesure des progrès qu'il fait, le cavalier tend de plus en
plus à acquérir assezde tenue pour être plus fort que son
cheval tout en restant en selle.
Je ne veux pas clore ces considérations sans attirer
l'attention sur ce fait q ue les châtiments sont très rare­
ment nécessaires. La plupart des fautes du cheval sont
dues à son ignorance et à son manque de préparation, ou
à l'insuffisance des moyens d'action du cavalier. Dans
un cas comme dans l'autre, la sévérité devient de l'injus­
tice et obtient de si fâcheux résultats qu'il vaut encore
mieux ne pas châtier du tout que le faire mal.
CHAPITRE II
a p t i t u d e s p h y s i q u e s e t m é c a n i q u e s d u c h e v a l
§ I. DES ÉQUILIBRES
Si intéressant et utile qu'il soit d'approfondir l'étude
de cette question, si l'on veut se trouver à même de faire
face à toutes les nécessités, je ne la traiterai que dans
les proportions voulues pour rendre le cavalier qui
débute capable de dominer les difficultés qui se pré­
sentent le plus habituellement.
e q u i l i b r e d i r e c t
J'appelle ainsi celui dans lequel le poids du cheval et
du cavalier n'est porté ni à droite ni à g auche.
Il résulte des expériences et des pesées qui ont été
faites, que, lorsqu'un cheval monté est en station libre,
c'est-à-dire arrêté et droit, le poids de la masse est
réparti de manière à charger sensiblement plus l 'avant-
main que l'arrière-main. D'autre part, le cheval est ainsi
construit que les membres de devant ont surtout un rôle
— J 2
de translation et que les membres de derrière ont surtout
un rôle de propulsion.
Cette double disposition, qui piacele centre de gravité
près des épaules et l'éloigné de l'arriére-main, est émi­
nemment favorable à la progression. En effet, plus le
centre de gravité est avancé, plus aussi l'effort des pos­
térieurs pendant la marche est dirigé d'arrière en avant ;
en outre, cette disposition du centre de gravité le fait
tendre à sortir constamment de la base de sustentation,
de sorte que les forces de la pesanteur attirent la masse
en avant en même temps que les postérieurs la poussent
dans le même sens : les mouvements des membres se
font en étendue. Inversement, si le centre de gravité
recule et vient se mettre au-dessus des points d'appui
des postérieurs, ceux-ci exercent leur effort de bas en
haut ; les mouvements gagnent en hauteur. Dans le pre­
mier équilibre qui est sur lesépaules, les membres pos­
térieurs sont peu maître de la masse qu'ils ne peuvent
que pousser et qui est d'ailleurs con stamment entraînée
par son poids commeserait le corps d'un homme penché
en avant. Dans le deuxième équilibre qui est sur les
hanches, les postérieurs portent le poids et peuvent le
mouvoir facilement da ns tous les sens :les mouvements
perdent en étendue mais le cheval gagne en maniabilité.
Ces considérations très simples doivent être com­
prises de quiconque veut diriger un cheval ; elles sont la
base des procédés à employer pour tout ce que l'on a à
demander. Nous en déduirons lesconclusions suivantes:
1° Lorsqu'un cheval désire marcher, il se met naturel­
lement dans la position la plus favorable à l'étendue de
— l i ­
ses mouvements ; par conséquent il rapproche son poids
de ses épaules et, pour y arriver, il étend l'encolure et la
tête qui lui servent de balancier.
2° Par suite, pour obtenir la mise en marche et les
accélérations d'allure, il faut que le cavalier laisse le
cheval étendre et abaisser quelque peu la tête et l'enco­
lure ; il fa ut au cont raire les élever pour obtenir des al­
lures plus ralenties.
3° Un cheval ne peut être utilisé avec justesse et agré­
ment que s'il est toujours prêt à seporter en avant, par­
ce que ce n'est qu'à cette condition qu'il s e meut d'ac­
cord avec sa conformation, ce qui lui est nécessaire
pour obéir avec aisance et rapidité aux volontés de son
cavalier. On dit alors qu'il est dans l'impulsion. Sans im­
pulsion, nous ne pouvons pas avoir plus d'influence sur
la direction que n'en peut avoir le gouvernail sur un ba­
teau arrêté.
Du reste le cheval est destiné à transporter son cava­
lier d'u n point à un autre : il est donc en dehors de son
rôle s'il n'est pas toujours et sans cesse prêt au mouve­
ment en avant.
Ces différentes raisons nous obligent à toujours res­
pecter l'impulsion du cheval qui en est doué naturelle­
ment ou de la donner à celui qui en manque. Pratique­
ment, il faut d'abord que les jambes, dont c'est le rôle,
soient maîtresses de donner ou de réveiller l'impulsion ;
il faut aussi que les mains qui la reçoivent évitent de se
mettre en contradiction avec les jambes qui la d onnent.
Cela revient, comme nous le verrons plus loin, à ne ja­
mais tirer sur les rênes.
4° Le cavalier ne peut utiliser son cheval avec facilité
et celui-ci ne peut se laisser diriger avec soumission que
si les moyens employés respectent ces dispositions phy­
siques.
é q u i l i b r e l a t é r a l
Cet équilibre est celui dans lequel on met le cheval
pour charger une épaule ou une hanche ou tout un côté
plus que l'autre. Il s'utilise pour les changements de di­
rection, les déplacements parallèles, etc. 11 est évident
que si, le cheval étant en mouvement, on le forceà por­
ter le poids de son avant-main de côté, Favant-main tout
entier tend à se déplacer du même côté : on peut même
dire que ce déplacement e st obligatoire si celui du cen­
tre de gravité est suffisamment ac centué : des conclu­
sions importantes en dérivent au point de vue pratique.
Nous les verrons en temps opportun ; mais, dès main­
tenant, je ferai obs erver que, puisque le changement de
direction est la conséquence du déplacement du poids
de Favant-main, la meilleure manière de l'imposer est de
faire agir les rênes après avoir plus ou moins porté les
mains du c ôté vers lequel on veut aller et non de tirer
d'avant en arrière sur la rêne de ce côté.
§ II. ACTION DES AIDES SUR L'ÉQUILIBRE
En réalité, tout revient en équitation à commander
l'équilibre. Cela est vrai en dressage et l'est aussi dans
— iS -
la pratique de l'équitation. Or, c'est par ses aides que
le cavalier commande l'équilibre : les aides sont les
jambes, les rênes et l'assiette.
l e s j a m b e s
Le rôle le plus important des jambes est, en agissant
simultanément, de donner ou d'entretenir l'impulsion,
cette tendance au mouvement en avant sans laquelle le
cheval est inutilisable. Ce sont elles qui l e mettent en
marche et commandent les accélérations d'allure; c'est
par elles aussi, lorsqu'elles sont armées de l'éperon, que
le cavalier impose le plus efficacement l'obéissance à sa
volonté. On comprend, par suite, quelle importance il y
a à surveiller et à perfectionner constamment leur em­
ploi ; car si le cavalier en mésuse, il les met hors de leurs
attributions ou tout au moins, il diminue leur autorité et
se trouve dans l'impossibilitéd'obtenir comme il convient
l'impulsion dont elles sont les meilleures génératrices.
A côté de ce rôle capital que jouent l es jambes en
agissant également, elles ont souvent à en remplir un
autre qui, pour être d'une importance comparativement
moindre, est cependant fort utile, en se faisant sentir
l'une plus que l'autre. Elles sont ainsi em ployées pour
déplacer latéralement Farrière-main ou pour en amener
'e poids sur une hanche.
Action égale des deux jambes. — Ainsi que nous venons
de le voir, cette action a pour but et doit avoir pour
effet chez le cheval dressé de commander le mouvement
— 1 6 —
d'arrière en avant ou son accélération. Pour obtenir ce
résultat, l es jambes peuvent agir par simple pression des
genoux ou par pression des genoux et des mollets. La
pression des genoux ne suffit qu'avec des chevaux déli­
cats ; ils s ont loin d'être en majorité, aussi la pression
des mollets a-t-elle presque toujours à sejoindre à celle
des genoux. L'effet produit est d'autant plus fort que la
pression est plus énergique et se fait plus en arrière des
sangles. Habituellement la jambe agit suffisamment en se
plaçant contre ou un peu en arrière de la sangle. Si elle
n'est pas assez efficace, on peut la reculer un peu mais
sans cependant arriver à la placer à 450. La perfection
est d'en venir à ce que la jambe ne bouge qu'impercep­
tiblement et ne varie ses effets que par des nuances dans
le degré de pression. Mais si on a un cheval qui ne
répond pas suffisamment à ces demandes, il faut recule r
un pe u la jambe en pliant le genou et en gardant le talon
bas. L'inclinaison de la jambe à 450 est un grand maxi­
mum qu'il est inesthétique et inutile de dépasser voire
même d'atteindre ; en sorte que si l'action de la jambe
n'est pas efficace d ans ces conditions, il faut en venir à
des procédés plus énergiques. Le premier à essayer
consiste en des battements de mollets consécutifs, peu
prononcés et répétés jusqu'à l'obtention du résultatcher­
ché. A ce moment, les jambes doivent cesser leur action
pour ne la ré itérer que lorsque le besoin s'en fait sentir
de nouveau.
Si ce moyen ne suffit pa s, il n'y a plus qu'à en venir au
choc de la jambe. Il s'exécute en écartant légèrement le
mollet et en le ramenant contre le cheval avec une vio­
lence proportionnée au résultat à obtenir. Ce mouve­
ment doit être fait sans élever ni écarter le genou, le bas
de la jambe restant indépendant du r este du corps pour
que ni l'assiette ni les mains ne soient dérangées. Cette
manière d'actionner le cheval ne doit pas être répétée
longtemps si son effet est insuffisant ou non durable.
Comme tout mouvement violent, celui-ci doit être ex­
ceptionnel et plutôt que de le renouveler fréquemment,
il vaut mieux recourir à une action brève eténergique des
éperons.
Je crois du reste devoir répéter, parce que cela est
est essentiel, que lorsque les jambes agissent pour ex­
citer l'impulsion, les mains, non seulement ne doivent
pas agir plus fort, ce qui n'est que trop naturel aux
jeunes cavaliers, mais au contraire, faire une concession
permettant au cheval d'obéir sans en trave à la demande
des jambes.
Enfin on doit se bien p énétrer que pour bien conser­
ver la sensibilité aux jambes, il est de toute nécessité
d'éviter cette faute fréquente qui consiste à se servir des
jambes même lorsque le chevalest suffisamment actionné
ou à continuer leurs demandes même lorsqu'elles sont
déjà obéies. Car alors l'impulsion e st augmentée d'une
façon préjudiciable au résultat désiré ce qui nécessite
que des actions de mains viennent s'opposer à cette aug­
mentation d'impulsion ordonnée à tort par les jambes. Il
en résulte qu^après avoir été ainsi un certain nombre de
fois contrecarrée aussitôt que commandée, cette augmen­
tation ne se produit plus malgré la sollicitation des jam­
bes, dont l'autorité se trouve par là bientôt amoindrie.
— 1 8 —
Action inégale des jambes. — Lorsqu'une jambe agit
plus que l'autre les hanches se déplacent du côté oppo­
sé ; on ditalors que le cheval « range les hanches ». Cet
effet est souvent utile p our empêcher le cheval de se
traverser, ou pour le redresser, ou pour le faire changer
de direction lorsqu'on manque d'espace etc., mais sa
plus grande utilité e st de permettre au cavalier de tra­
vailler les pas de côté et les appuyers, mouvements aussi
utiles à l'instruction de l'homme qu'à la souplesse morale
et physique du cheval.
L'action latérale de la jambe s'exerce selon les pres­
criptions que j'ai ex posées pour l'emploi égal des deux
jambes, relativement à l'endroit où le contact doit se
prendre età la manière d'en graduer l'intensité. Je
reviendrai plus en détail sur ce sujet à propos des pas
de côté et du travail sur deux pistes.
d e l ' é p e r o n
Le cavalier ne doit prendre d'éperons que lorsque
son assiette est assez assurée pour qu'il soit certain de
ne pas être amené par des déplacements involontaires à
faire sentir l'éperon sans raison. Tant que la pression
des mollets suffit pour commander l'impulsion et l'entre­
tenir au degré voulu, il est mauvais de recourir à l'épe­
ron. On ne doit s'en servir qu'au cas où les jambes res­
tent insuffisantes, par une action toujours brève mais plus
ou moins forte et répétée, suivant la résist ance rencon­
trée.
— 1 9 —
Je viens de dire que l'action de l'éperon doit être
brève et j'insiste sur ce point : si l'éperon reste au poil,
'a continuité de la douleur ou de la sensation peut pro­
voquer des résistances qui, ayant une raison toute phy­
siologique, échappent à la volonté de l'animal qui alors
désobéit et se défend presque malgré lui. Aussi do it-on
remplacer la continuité du contact par sa répétition pen­
dant un temps et avec une intensité proportionnée au
besoin.
Quant à l'éperon lui-même, il doit avoir une longueur
variant avec celle des étriers et des jambes du cavalier,
la forme du cheval, etc. Mais, pour un cavalier et un
cheval donnés, cette longueur devra être telle que
l'emploi de l'éperon soit facile san s risquer d'être in­
volontaire. Il faut aussi qu e les éperons soient bien
fixes afin que le cavalier, toujours sûr de leur position,
le soit aussi de leur action. Les molettes ne devront
avoir qu e la sévérité exigée par l'insensibilité ou le mau­
vais vouloir du cheval. Elles peuvent même avantageu­
sement être supprimées avec les juments et les sujets
particulièrement impressionnables.
l e s r ê n e s
Les rênes sont unintermédiaire entre la maindu cava­
lier et la bouche du cheval. Les barres, qui sont leur
point d'application, sont d'une sensibilité extrême dans
les débuts et ce que j'ai dit à propos de la nécessité de
garder au cheval toute la sensibilité aux jambes pourrait
2 0 —
se répéter ici, car si les jambes provoquent le mouve­
ment de la masse et la mobilisation du centre de gra­
vité, ce sont les rênes qui s'emparent de ce dernier pour
établir l'équilibre général. Sensibilité aux jambes, sensi­
bilité aux rênes, telles sont les sources de toute finesse
d'équitation.
La manière d'établir le contact entre la bouche et le
mors a une influence prépondérante aussi bien sur le
dressage du cheval, que sur l'équitation du cavalier.
C'est quelquefois à grand'peine, qu'on est arrivé à
apprendre au cheval que les jambes doivent toujours
avoir une action impulsive.
Le bénéfice de ces soins peut être perdu et le cheval
mis en dedans de la main et rendu rétif par un mauvais
emploi des rênes.
Pour éviter ce résultat désastreux il faut que les rê­
nes n'agissent que par l'effet de l'impulsion donnée par
les jambes ; de la sorte, l'usage des rênes, loin de
nuire à l'impulsion, e n devient une conséquence, en
nécessite l'emploi, l'exerce et par conséquent la dé­
veloppe.
Pour mettre ce principe en pratique, il faut non pas
que le mors vienne sur le cheval, mais que celui-ci soit en­
voyé sur le mors.
Voici comment on y arrive ; en faisant agir les jam­
bes, nous savons que nous provoquons chez le cheval
dans l'impulsion un allongement de l'encolure pour
entamer ou accélérer le mouvement en avant. Si à ce
moment, on serre les doigts, l'extension de l'encolure
fait prend re à la bouche un contact plus fort avec le
mors, ce qui le fait agir.
L'action des rênes se produit ainsi par l'effet de la
soumission aux jambes en mettant à profit l'impulsion
qu'elles donnent ; de sorte qu'au lieu de nuire à la fr an­
chise, on la met en œuvre et on l'augmente.
Cette manière de procéder a encore l'avantage de ne
pas provoquer les résistances à la main, comme cela
arrive si l'on tire sur les rênes, parce qu'alors l'action du
mors est en contradiction avec celle des jambes, au lieu
d'en être la conséquence.
Enfin, lorsque les rênes agissent, elles trouvent toutes
les puissances du cheval déjà tendues et prêtes à dé­
placer sa masse à la moindre indication.
Si au lieu d'être employées ainsi les rênes tirent sur la
bouche, il en résulte des inconvénients multiples. En
effet tout en tirant, elles agissent soit seules, soit concur­
remment avec les jambes.
Dans le premier cas, elles trouvent le cheval inerte
et sans impulsion ; elles sont aux prises avec le poids
de la masse ; et le cheval, au lieu de se mouvoir lui-
même, laisse déplacer son centre de gravité p ar leur
effort. 11 est lourd à la main et d'un maniement difficile,
ce dont il peut efficacement tirer parti po ur résister aux
volontés de son cavalier.
Si, au contraire, les jambes agissent en même temps
que les rênes tirent sur la bouche, ces aides sont en
contradiction, car l'encolure est ramenée en arrière au
moment où elle devrait chercher à s'étendre sous l'action
des jambes.
2 2
Pris entre ces deux actions inverses, le cheval est
forcé de désobéir à l'une pour se soumettre à l'autre, à
moins qu'il n'échappe aux deux en se révoltant et ne
donne à des demandes aussi inconsidérées la r éponse
qu'elles méritent.
Les rênes ont des effets et portent des noms différents
suivant la direction dans laquelle elles agissent.
Rêne d'ouverture. — On appelle ainsi la rêne qu'on
fait agir en l'écartant du cheval. La rêne droite, par
exemple, est dite d'ouverture si la main d roite se porte
à droite. On se sert ainsi des rênes pour agir avec une
efficacité particulière sur la tête du cheval. Le besoin
s'en fait sentir surtout dans le dressage des jeunes
chevaux, mais aussi avec un cheval qui refuse de tourner
en portant la tête du côté opposé à celui où on veut l e
mener. Si la rêne d'ouverture réussit à faire tourner la
tête, le changement de direction s'ensuit habituelle­
ment.
Il est possible toutefois qu e la tête et même l'enco­
lure tournent sans que les épaules se rendent solidaires
de ce mouvement, en sorte que le changement de direc­
tion n'a pas lieu. On l'assure alors par la rêne d'appui
ou d'opposition dont il sera parlé plus loin.
Rêne directe. — Elle agit parallèlement à l'axe du
cheval sans action intermédiaire sur l'encolure entre le
mors et la main.
Les rênes sont très fréquemment employées de cette
façon ; elles amènent alors un peu de poids du côté où
elles agissent ; cela suffit pour qu'un cheval obéissant
tourne aussi de ce côté.
Rêne d'appui ou dopposition. — La réne droite, par
exemple, s'appelle rêne droite d'opposition lorsque la
main droite la fait agir de droite à gauche en se portant
à gauche. Elle a des effets différents suivant le point vers
lequel elle est dirigée. Tant que cette direction passe en
avant ou sur l'épaule gauche, l'effet pr oduit est d'ame­
ner le poids de l'avant-main ver s cette épaule et de
déterminer le tourner de ce côté tout en faisant refluer
aussi un peu de poids sur la hanche gauche. Cet effet
de rêne est d'une grande utilité pour assurer les change­
ments de direction dans la conduite à une main.
Si la direction de la rêne droite d'opposition passe en
arrière dugarrot, la réaction surla hanche gauche s'accen­
tue et si l'action de la rêne est assez forte, elle peut soit
amener le déplacement des hanches vers la gauche en
fixant l'épaule gauche : le cheval fait alors face à droite ;
soit déplacer simultanément les épaules et les hanches
vers la gauche et pousser le cheval tout entier de ce
côté.
L'effet des rênes d'appui est extrêment puissant et
efficace pour empêcher le chevalde dérober de leur côté
ou pour le contraindre à tourner du côté opposé. Dans
ces deux cas leur action peut être déterminante.
— 2 4 —
p l i d e l ' e n c o l u r e
On nomme ainsi une faible incurvation de la partie
supérieure de l'encolure destinée à tourner légèrement
la tête de côté.
Le pli de l'encolure n'a guère d'utilité que lorsque le
cheval se met sur une ligne différente de celle de son
axe : changement de direction et appuyer. On ne peut
pas dire que son emploi soit indispensable, même dans
les cas où il est le plus indiqué; mais il f acilite le mou­
vement en permettant au cheval de reconnaître le terrain
sur lequel il va se mouvoir.
Le pli de l'encolure peut s'obtenir par une rêne,
qu'elle soit d'ouverture, directe ou d'opposition, à con­
dition qu'elle marque sur la bouche une action un peu
plus forte que l'autre jusqu'aumoment où lepli est obtenu.
Celui-ci, du reste, n'influe par lui-même sur l'équilibre
qu'avec des chevaux particulièrement délicats.
a c c o r d d e s a i d e s
Cet accord réside dans le secours mutuel que se
prêtent les aides en agissant exactement dans le sens et
avec l'intensité nécessaires. L'accord des aides est une
des difficultés de Téquitation : ce n'est que par l'usage
que le cavalier peut arriver à sentir comment ses aides
doivent respectivement agir pour concourir à l'exécution
du mouvement voulu. J'ai traité cette question dans un
— 2 ^
autre ouvrage % av ec les développements qu'elle com­
porte pour quiconque veut s'occuper d'équitation rai-
sonnée, et j'y reviendrai plus loin dans les proportions
où cela est nécessaire à une equitation plus modeste,
lorsque je parlerai du ramener et de la mise en main.
Maintenant, je veux seulement mettre le cavalier en
garde contre des fautes qu'il doit éviter dès ses débuts,
s'il veut ne pas fausser définitivement, irrémédiablement,
son cheval et le laisser en état d'obéir exactement aux
aides lorsqu'elles agiront avec accord.
Il faut :
iu Ne jamais tirer sur les rênes ; j'en ai développé
les raisons plus haut et j'ai expliqué la manière de faire-
sentir la main ;
2° Ne se servir de l'action égale des jambes que
lorsque l'impulsion a besoin d'être mise en jeu ou aug­
mentée soit pour obtenir la mise en marche, le change­
ment d'allure, l'augmentation de vitesse, soit pour parer
à un ralentissement produit par l'action directrice des
rênes ;
50 Ne pas permettre à l'encolure de s'incurver depuis
les épaules, ni d'une manière prononcée, par l'action
prépondérante d'une rêne : pour cela, il faut faire con­
courir l'autre rêne à l'obtention de l'effet cherché comme
il sera dit à propos des changements de direction ;
4° Dans le même ordre d'idées, lorsqu'il y a lieu de
se servir d'une jambe p lus que de l'autre, ne pas ou­
blier que celle-ci doit cependant surveiller l'action pro-
I. Dressage et Emploi du Cheval de Selle) 2° Édit., p. 74.
3*
duite par la première et être prête à apporter son appoint
à l'entretien de l'impulsion, de l'allure et de la vitesse si
le besoin s'en fait sentir.
l e s e m b o u c h u r e s
i° Le Filet.
Le filet ordinaire est une embouchure composée essen­
tiellement de deux pièces métalliques légèrement incur­
vées et coniques dites « canons » et recourbées à leur
extrémité la plus mince en forme d'anneau d'un très petit
diamètre. L'anneau de chaque canon est passé dans
celui d e l'autre de manière à réunir ces deux pièces tout
en les laissant mobiles l'une sur l'autre. L'extrémitéla plus
grosse de chaque canon est percée d'un trou dans lequel
tourne sans résistance un anneau métallique dont la
dimension est variable, mais qui doit être assez grand
pour qu'on puisse y fixer le montant de filet et les rênes.
Pour empêcher cet anneau d'entrer dans la bouche du
cheval, on a eu recours à différentes disposi tions dont
les principales sont les suivantes :
Grande dimension du diamètre ;
Tige métallique tangente à l'anneau, faisant corps avec
lui, le dépassant des deux côtés et destinée à se mettre
en travers contre les lèvres du cheval, si l'anneau tend
à entrer dans la bouche ;
• Tige semblable à la précédente, mais ne dépassant
l'anneau que d'un côté et portant à son extrémité un œil
destiné à servir de point d'attache au montant de filet.
Cette embouchure porte le nom de « filet Gaucher ».
Avec les chevaux de bouche très sensible, on peut
employer des filets à gros canons ou recouverts de cuir
ou de caoutchouc.
Le filet est une embouchure très douce agissant en
grande partie sur les lèvres et peu sur les barres. C'est
avec un filet qu'un cavalier doit commencer à monter à
cheval, parce que la douceur de cette embouchure rend
les fautes de main moins préjudiciables à la bouche du
cheval. Lorsque la tenue des rênes est devenue fami­
lière et n'est plus un embarras, on peut emboucher le
cheval avec un double filet, embouchure qui ne saurait
être dangereuse et qui donne au cavalier plus d'action
sur son cheval. Les doubles filets les plus commodes
sont ceux qu'on compose d'un filet à branches et d'un
filet Baucher.
Le double filet se prète à des combinaisons par les­
quelles on peut s'opposer utilement à un cheval qui ti re
ou qui pèse à la main. Les plus efficaces consistent à
agir soit par effets alt ernés qui font sentir chaque filet
isolément l'un après Lautre ; soit par effets croisés qui
s'obtiennent par Taction d'un filet d'un c ôté, et de l'autre
filet de l'autre côté.
2° Le mors de bride.
Le mors de bride ordinaire se compose de deux tiges
portant le nom de branches et terminées à une de leurs
extrémités par un œil auquel se fixe le montant de bride
2 8 —
et à l'autre extrémité par un anneau mobile auquel
s'attache la rêne de bride. Ces deux branches sont
réunies par l'embouchure proprement dite, pièce métal­
lique dont la longueur varie suivant la largeur de
la bouche du cheval auquel le mors est destiné.
Chaque extrémité de cette pièce métallique est nommée
canon et porte sur les barres. Les canons sont cylin­
driques et peuvent soit se continuer l'un l'autre, soit être
séparés par un coude arrondi qu'on nomme « liberté de
langue », dans lequel l'épaisseur de la langue peut se
loger, ce qui permet au canon d'appuyer plus fortement
sur les barres. On conçoit d'après cela que plus la
liberté de langue est grande, plus le mors est dur. Les
mors les plus doux sont ceux qui n'ont pas de liberté de
langue ; on les nomme « mors droits ». Outre la partie
principale que je viens de décrire, le mors comprend
encore la gourmette, sorte de chaînette qui s'attache à la
partie supérieure des branches par des crochets fixés
à cet effet à chaque œil.
Le mors complet agit dans la bouche de la manière
suivante : l'action des rênes amène en arrière la partie
inférieure des branches, tandis que l'extrémité supé­
rieure tend à se porter en avant ; mais l a gourmette,
s'appuyant alors sur le passage de gourmette, l'effort se
transmet par un mouvement de levier sur les barres.
En raison de la conformation des mors, leur dureté
augmente : .
i0 Avec le rapport des longueurs des parties infé­
rieure et supérieure des branches : '
2° A vec la tension de la gourmette ;
— 2 9 —
3° Avec la liberté de langue ;
4° En raison inverse de la grosseur des canons.
On a imaginé un e infinité d'autres mors, parmi les­
quels on peut signaler le mors à pompe comme donnant
de bons résultats dans certains cas. Il est construit d e
telle sorte que les canons glissent sur les branches avec
environ un centimètre de jeu : il trouve son utilité avec
les chevaux qui ont la mâchoire peu mobile.
On peut tenir pour certain que plus un mors est com­
pliqué, plus il est mauvais. J'engage par suite les cava­
liers à laisser aux étalages des éperonniers les outils plus
ou moins baroques qu'on leur présente comme doués
des propriétés les plus merveilleuses.
Le mors de bride est sensiblement plus énergique que
le filet et demande pat; conséquent à être utilisé avec
plus de précautions. Aussi l'élève ne doit-il s'exercer
à l'employer que lorsqu'il est déjà assez maître de ses
mains pour pouvoir le manier avec délicatesse.
c h o i x d ' u n e e m b o u c h u r e
Tant que le cavalier n'est pas sûr de la fixité de son
assiette, il est sujet àdonner des à-coups sur la bouche ;
par conséquent il n' y a pas à hésiter sur l'embouchure
qu'il lui faut employe r : le filet simple ou double peut
seul lui convenir.
Même lorsque la solidité e st suffisante, il ne faut pas
se presser de prendre un mors plus sévère. Le mors le
plus doux qu'on puisse employer pour se faire obéir est
assurément le meilleur, car c'est celui qui, d'une part,
prend le moins sur l'impulsion e t qui, d'autre part, risque
le moins de provoquer chez le cheval de la mauvaise
humeur ou des défenses en lui imprimant une sujétion
intempestive.
Aussi, tant qu'on est sûr de pouvoir dominer un che­
val en toutes circonstances avec le filet ou le double
filet, le mieux est de se contenter de cette embouchure.
Si elle devient insuffisante , on peut essayer d'un mors
sans gourmette : on agit alors directement sur les barres,
action plus sévère que celle du filet ; mais l'absence de
gourmette empêche l'effet de levier d'être aussi puissant
et la bouche n'est impressionnée que par une force sen­
siblement égale à celle de la main.
Dans les cas où il fau drait r ecourir à des mors plus
sévères, on tiendrait compte de la progression que j'ai
indiquée plus haut.
il faut d'ailleurs, avant de prendre une embouchure
plus dure, se rappeler que si le cheval tire, cela peut
tenir à ce qu'il est déjà embouché trop sévèrement et
lutte contre la douleur qu'il en éprouve. Un mors plus
énergique ne ferait naturellement qu'aggraver sa résis­
tance.
Si le cheval est lourd à la main, cela peut provenir de
ce que le cavalier n'est pas assez énergique dans ses
jambes, ou de ce qu'il tire sur ses rênes. Une embou­
chure plus sévère ne changerait rien ; le cavalier doit
changer, non son embouchure, mais sa manière de faire.
La lourdeur à la main peut aussi provenir de la position
naturellement basse de l'encolure et de la tête ; l'emploi
du filet, dont l'effet est précisément de relever la tête,
est alors tout indiqué.
T E N U E D E S R Ê N E S
Lorsque l'on n'a qu'une embouchure, la manière de
tenir les rênes a peu d'importance. Toutefois le mieux,
lorsqu'on les sépare, est de les tenir à pleine mainen les
faisant entrer du côté du petit doig t et sortir sous le
pouce. Si on les tient dans une seule main, on intercale
entre elles un ou deux doigts.
Quand on utilise deux embouchures, il fa ut adopter
une tenue de rênes pratique. Voici celle qui me paraît la
plus commode ; elle est réglementaire maintenant dans
la cavalerie française ; les rênes sont tenues dans la
main gauc he, la rêne gauche de filet sous le petit doigt,
la r êne gauche de bride entre le petitdoigt et l'annulaire,
la rêne droite de bride entre l'annulaire et le médius, la
rêne droite de filet entre le médius et l'index.
Toutes les extrémités des rênes sortent entre l'index
et le pouce qui s'appuie sur elles et les empêche de
glisser.
Si l'on travaille à gauche, on peut avoiravantage à tenir
les rênes dans la main droite . La r êne gauche de filet est
alors entre le pouce et l'index, la rêne gauche de
bride entre l'index et le médius, la rène droite de bride
entre le médius et l'annulaire,la rêne droite de filet entre
l'annulaire et le petit doigt. Les extrémités des rênes
sortent du côté du petit doigt qui peut les enserrer
toutes.
— 32 —
Cette tenue des rênes permet de faire agir les quatre
rênes, ensemble ou séparément, en ne serrant les doigts
que sur celles qu'ont veut utiliser. Les rênes de filet,
qui sont les plus utiles pour la direction, sont placées de
telle sorte que, le mors de bride ayant produit la décon­
traction, un simple jeu d e poignet permet de maintenirle
contact entre le filet et la bouche.
La main qui n'est pas main de bride peut saisir n'im­
porte quelle rêne sans crainte de se tromper, ce qui est
moins facile lorsque les rênes sont alternées, pour ne pas
dire enchevêtrées, comme cela a lieu dans plusieurs sys­
tèmes.
Enfin, rien n 'est plus simple que de séparer les rênes,
soit pour en tenir deux dans chaque main quand on a
besoin d'encadrer fortement le cheval, soit pour en tenir
une dans une main et trois dans l'autre ce quiest souvent
utile.
l e s é t r 1 e r s
Je ne les décrirai point, ils se valenttous. Leursdimen­
sions doivent être telles que les pieds puissent en sortir
facilement en cas de chute. Ils sont bien ajustés lorsque,
le genou étant bien descendu et la jambe to mbant natu­
rellement, la semelle de l'étrier arrive à la partie supé­
rieure du talon de la botte.
On ne saurait trop recommander au jeune cavalier qui
travaille seul ou aux instructeurs qui dirigent des débu­
tants de ne se servir que très modérément des étriers
pendant plusieurs mois. Ils ne sont utiles au commence­
ment de l'instruction que pour rassurer les cavaliers pris
d'appréhension : encore les étriers, même dans ce cas,
doivent-ils ê tre fréquemment retirés à l'arrêt et aupas et
être supprimés complètement quand leur rôle moral
n'est plus utile. Ce n'est pas sans raison qu'à l'Ecole de
Saumur, pour les reprises de carrière et de manège, les
étriers ne sont donnés aux élèves qu'après de longs
mois.
Le moment de les prendre est celui où les jambes ont
acquis définitivement une bonne position et même alors
il est bon de les retirer de temps en temps.
Pour prendre les étriers après qu'ils o nt été ajustés,
on engage le pied de manière à ce que le bordantérieur
de l'étrivière soit tourné en dehors. Si la jambe tombe
naturellement, si la cheville est liante e t enfin si l'étrier
est ajusté d'après la règle énoncée plushaut, la pointe du
pied est un peu plus haute que le talon. Il est certaines
conditions, telles que le galop vite, les sauts d'obstacle,
etc., où il est utile et commode de chausser les étriers.
TITRE II
CHAPITRE I
L A P O S I T I O N
La solidité du cavalier et la possibilité pour lui de se
servir aisé ment de ses aides exigent impérieusement que
sa position à cheval possède certaines qualités et l'esthé­
tique veut que cette position ne soit ni ridicule, ni co n­
trainte, mais paraisse, au contraire, élégante et aisée. Il y
a là plus de raisons qu'il n'en faut pour que le cavalier
cherche à donner à sa position par un travail et un e at­
tention soutenus, les qualités nécessaires.
Partie supérieure du corps. — La tête doit être haute
et droite sur des épaules tombant d'elles-mêmes. Les
bras descendent naturellement le long du corps. Les
avant-bras ont une direction telle que les coudes sont un
peu au-dessus despoignets. Ceux-ci doivent se tenir dans
leur position naturelle, sans se contourner, de manière à
ce que le dessus de la main soit tourné en dehors la
ligne des ongles étant verticale.
— ^ 6 —
Le rein sera convexe et sans raideur pour permettre
la souplesse indispensable à Vamortissement des réac­
tions des allures et des mouvements violents. Cette sou­
plesse est matériellement impossible sile rein se creuse ;
de plus, s'il est convexe, les fesses sont d'elles-mêmes
chassées sous lecavalier, ce quilui est indispensable pour
trouver le fond de sa selle etavoir du liant et de la cohé­
sion avec son cheval ; s'il est placé autrement, on dit
qu'il n' est pas « assis ».
Toute la partie supérieure du corps doit être sensible-
blement verticale au pas et au galop ; elle peut être légè­
rement inclinée en avant pou r le trot enlevé.
Les qualités que je viens d'énumérer appartiennent
tout naturellement, sans aucune préparation et au degré
où elles sont utiles, à tous les cavaliers, sans qu'ils aient
besoin de les acquérir, et la position qui en résulte se
prend d'elle-même si on ne la dérange pas par des con­
tractions momentanées. Or, ces contractions sont dues
à l'appréhension ; s'il ne craignait pas de tomber, le
cavalier garderait la position que je viens d'indiquer : elle
n'est autre, en effet, que celle qu'il prend de lui-même
lorsqu'il est assis sur un tabouret ou un banc. Puisque
donc cette position est naturelle, il n'y a pas à assouplir
le cavalier pour lalui faire prendre, il suffit de faire dispa­
raître l'appréhension qui l'enfait sortir.
Ces effets de l'appréhension n'ont rien qui doive nous
étonner : ne les retrouvons-nous pas toutes les fois que
nous commençons à nous livrer à un exercice physique
dans lequell'équilibre estinstable ;patinage, bicyclette...
etc ? Au début, on se contracte et on tombe : puis
l'habitude aidant, les contractions disparaissent et la
position devient aisée. On n'a pas eu pourcela à recourir
à des assouplissements spéciaux ; il a suffit quel'habitude
enlève l'appréhension.
Il en est de même en équitation ; point n'est besoin
d'assouplir la partie supérieure du corps, et je ne parle
que de celle-ci en ce moment, pour qu'elle prenne la
meilleure position ; elle la prend d'elle-même si la crainte
de tomber n'y met pas obstacle. Il n'est donc pas néces­
saire d'assouplir ces régions ; il n'y a qu^à rassurer le
cavalier. C'est beaucoup moinslong etbien plus efficace.
Un des premiers soucis de l'instructeur doit donc être
de s'ingénier à chasser toute crainte chez son élève. Il y
peut parvenir en ne lui faisant monter au début que des
chevaux faciles et d'allures douces qu'il peut même tenir
à la longe. On peut aussi empêcher le cavalier de se
trop préoccuper de sa stabilitéen le iorçant à converser
et à s'occuper d'autre chose, etc.
Les cuisses. — Ce que j'ai dit de la partie supérieure
du corps qui se place naturellement dans une bonne
position si le cavalier ne se contracte pas, n'est plus vrai
pour les cuisses, car leur conformation ne leur permet
pas de prendre d'elles-mêmes, une fois é cartées par le
cheval, la position qu 'elles doivent avoir. Leur fixité,
en effet n'est posssible qu'autant que leur partieosseuse
se rapproche de la selle, sans quoi le fémur roule sur] la
masse musculaire qui se trouve entre lui et laselle et qui,
de plus, fait remonter ,1e genou : on dit alors que le
cavalier est raccroché'. Dans cette position, la cuisse et
• - 3 8 -
la jambe n'ont pas d'enveloppe, ne peuventpas, si jepuis
ainsi dir e, « ceinturon ner » le cheval, ce qui est cepen­
dant nécessaire pour résister aux réactions violentes.
Enfin l'articulation de la hanche est telle que si le
cavalier à cheval laisse ses cuisses se placer naturelle­
ment, le genou s'éloigne de la selle et la jambe n'adhère
plus au cheval que par le haut de la cuisse et la partie
postérieure du mollet. De là deux inconvénients :
premièrement, la mobilité de la surface adhérente empê­
che toute solidité ; deuxièmement, le mollet étant au
contact du cheval par sa partie postérieure, l'éperon y
vient forcément aussi à la moindre réaction un peu vio­
lente.
Tous ces maux ont leur remède dans un exercice d'as­
souplissement appelé <( rotation de la cuisse » qui tout à
la fois rap proche le fémur de la selle, permet la pression
du genou, le descend et enfin le tourne en dedans, De
là, fixité du fémur et du genou et éloignementde l'éperon
dans des proportions normales.
Pour exécuter la rotation de la cuisse, ilfaut écarter la
cuisse de la selle, reculer legenou et letourner endedans
ainsi que la pointe du pied, étendre la jambe et enfin
ramener le genou un peu en avant en appuyant forte­
ment la cuisse sur la selle de manière à chasser en arrière
les muscles qui se trouvent à l'intérieur. Le genou étant
en place, laisser tomber naturellement le bas de lajambe
et les pieds et relâcher le rein si l'on a été amené à le
creuser en reculant le genou. La rotation de la cuisse
étant ainsi exécutée, le cavalier doit s'efforcer de main­
tenir la cuisse le pluslongtemps possible dansla position
— 39 —
qu'il lui a donnée et de conserver le rein lâche. Le mou­
vement s'exécute d'abord à l'arrêt, puis au pas, alterna­
tivement d es deux jambes, après avoir quitté les étriers
si l'on en a.
Cet assouplissement est excellent, mais son rôle étant
de changer unpeu la conformationdu cavalier,il demande
à être recommencé souvent et pendant longtemps. Il ne
devient inutile que lorsqne l'articulation de la hanche
étant suffisamment rompue et les muscles intérieursétant
suffisamment rejetés en arrière, la cuisse prend d'elle-
même une bonne position.
Les jambes. — On peut répéter pour les jambes etles
pieds ce qui a été ditpour la partie supérieure du corps :
lorsque la cuisse est dans une bonne position, il n'y a
rien à faire pour en assurer aussi une aux jambes : il n'y
a qu'à les laisser tomber naturellement par leur propre
poids, ainsi que les pieds, en relâchant complètement le
genou et la cheville.
La position des cuisses et des jambes est notablement
et rapidement améliorée si, concurrement avec de
fréquentes rotations des cuisses, le cavalier s'astreint à
quitter souvent les étriers au trot et au galop lents. Le
poids tend à faire de scendre naturellement les genoux.
Cet exercice est si excellent qu'il est avantageusement
exécuté même par les cavaliers déjà formés,pour entre­
tenir la bonne position de leurs jambes e t pour se couler
dans leur selle.
CHAPITRE II
e t u d e é l é m e n t a i r e d u m a n i e m e n t d u c h e v a l
Dans le titre I, nousavons examinéles facultésmorales
du cheval et la manière d'en tirer parti ; nous avons vu
ensuite quelles sont ses aptitudes physiques pour dé­
placer son poids soit d'avant en arrière et d'arrière en
avant, soir de côté. Enfin nous avons étudié d'une
manière générale comment nos rênes et nos jambes
doivent se faire sentir pour commander ces équilibres.
Connaissant ainsi la manière de préparer le cheval à
acquiescer à notre volonté, sachant quels intermédiaires
nous avons pour la lui transmettre et connaissant leurs
effets nous devons maintenant entrer daas les particu­
larités de la conduite etvoir comment cesintermédiaires,
c'est-à-dire nos aides, doivent s'y prendre pour manier
le cheval.
Il est utile que dès le début, le cavalier varie fréquem­
ment les allures pour travailler et assurer sa position à
chacune d'elles. Il doit s'attacher à profiter du pas pour
faire de nombreuses rotations de cuisses, du trot assis
pour que le poids de ses jambes fasse descendre les
genoux et mobilise les articulations du rein ; du galop
— 4 2 —
dans le même but et plus particulièrement dans celui de
profiter des oscillations de cette allure pour couler les
fesses dans la selle.
Ce souci dela position doit, de la part du cavalier et
de son instructeur, primer longtemps tous les autres. Ce
n'est que lorsque la position se rapproche réellement de
ce qu'elle doit être qu'on peut commencer à s'occuper
de la direction du cheval par les moyens que nous allons
examiner.
Les mouvements qui vont être étudiés ne trouvent pas
tous leur emploi immédiat dans l'équitation usuelle. Ils
n'en sont pas moins nécessaires : comme les gammes
indispensables à l'éducation du pianiste, ils son t utiles
pour donner aux aides la justesse et Fà-propos sans les­
quels il n'y a pas de bonne équitation.
m é c a n i s m e d e s a l l u r e s
Le pas.
Le pas est une allure marchée, c'est-à-dire que les
quatre membres ne sont jamais ensemble au-dessus du
sol. Les membres antérieurs ont exactement le même
mouvement l'un que Lautre, de même les postérieurs.
Le mouvement des antérieurs est accompagné d'un
balancement vertical de l'encolure qui aidela progression
du cheval comme le mouvement alternatif de nos bras
nous aide à marcher. Lorsqu'il y a lieu de ménager le
cheval et de lui éviter tou te fatigue inutile, comme par
exemple pendant une longue route, il faut lu i laisser les
— 43 —
rênes assez longues pour permettre ce balancement de
l'encolure.
Le trot.
Le trot est une allure diagonale et sautée ; les membres
restent toujours associés, au soutien et à l'appui, l'anté­
rieur droit avec le postérieur gauche et l'antérieur gauche
avec le postérieur droit. L'allure est sautée parce que
chaque diagonal quitte terre avant que l'autre s'y mette :
il y a donc un instant très court appelé temps de sus­
pension, ou les quatre pieds sont au-dessus du sol.
L'appui pris par chaque diagonal porte le nom de
« temps ». La réunion dedeux temps comporte le même
geste successivement de la part des deux diagonaux et
constitue une « foulée de trot >>. P our cette raison on dit
que le trop est une allure à deux temps.
Trot asssis et trot enlevé. — Si le cavalier se laisse
retomber sur sa selle à tous les temps, on dit qu'il trotte
« assis » ou « à la française ». S'il évite une réaction
sur deux, on dit qu'il tro tte « à l'anglaise » ou au « trot
enlevé ». Le trot assis doit être le plus habituellement
employé, même avec les étriers, tant que le cavalier n'en
est qu'à étudier l'emploi des aides par des mouvements
de manège. La position doit être telle que jel'aiexpliquée ;
au besoin on penche légèrement le haut du corps en
arrière pour faciliter la so uplesse du rein.
Au trot assis, le cavalier doit laisser tomber ses cuisses
et ses jambes afin d'en trer dans sa selle et dedescendre
— 44 —
les genoux. Le trot assis doit être habituellement lent;
il est éminemment favorable àTétude des mouvements qui
s'exécutent au trot, car le cavalier peut se lier à son
cheval et sentir ce quise passe sous lui ; mais il comporte
une difficulté qui doit être l'objet d'une attention assidue
de la partde l'instructeuret de l'élèveet qui est de garder
les mains fixes malgré les réactions du cheval. Il est bon
aussi, pour assurer l'assiette, de trotter assis de temps
en temps en prenant une allure vive.
Le trot enlevé s'exécute en ne retombant en selle
qu'un temps sur deux. Pour le prendre, il faut pe ncher
légèrement le corps en avant; on peut s'y aider dans les
débuts en tenant une poignée de crins. Le trot à l'an­
glaise est employé à l'extérieur et quand on trotte vite ;
dans ces circonstances, il est beaucoup moins secouant
et fatigant que le trot assis. Il comporte l'usage des
étriers, mais ceux-ci ne doivent pas servir au cavalier
comme point d'appui pour s'enlever : les mouvements
alternatifs d'élévation et d'abaissement du corps doivent
lui être imprimés par les réactions de l'allure et non par
des efforts faits sur lesétriers. Quand le cavalier s'enlève
en s'appuyant exagérément sur les étriers, il conserve
difficilement la souplesse du rein, il a l'air de trotter avant
son cheval c e qui est fort disgracieux.
Le galop.
Le galop est une allure dissymétrique, à trois temps
et sautée. Il est une allure dissymétrique parce que les
antérieurs ne fontpas le même geste l'un que l'autre, les
— 4 5 —
postérieurs non plus. Cela donne lieu à deux combi­
naisons différentes qui portent l e nom de galop à droite
et de galop à gauche. Le moment où se prennent les
appuis porte le nom de « temps » ; il y en a trois. Dans
le galop à droite, les appuis s'exécutent dans cet ordre :
i0 postérieur gauche ;
2° diagonal gauche;
5° antérieur droit;
La succession de ces trois appuis ou temps constitue
ce qu'on appelle une « foulée » ou « battue ». Le dia­
gonal gauche se met à l'appui pendant que le postérieur
gauche y est encore ; puis le postérieur gauche se lève
et c'est au tour de l'antérieur droit de se mettre à l'appui,
ce qu'il fait pendant que le diagonal gauche est encore
à terre. Enfin celui-ci se lève, puisl'antérieur droit quitte
terre aussi. A ce moment qu'on appelle « temps de sus­
pension ), et qui est cause de ce que le galop est une
allure sautée, les quatre pieds sont en l'air. Le postérieur
gauche se remet alors à terre, puis le diagonal gauche,
puis l'antérieur droit; les temps se renouvellent ainsi,
constituant des foulées successives séparées les unes des
autres par un temps de suspension.
Au lieu de s'exécuter à droite, le galop peut s'exécuter
à gauche, et alors les membres droits se comportent
comme le faisaient tout à l'heure les membres gauches
dans le galop à droite; de même les membres gauches
font le geste qu'exécutaient les membres droits; en sorte
que les trois appuis d'une foulée de galop à gauche se
décomposent ainsi :
4 6
V po stérieur droit;
2° diagonal droit;
3° antérieur gauche ;
temps de suspension.
Comme on le voit, le galop est désigné par le côté de
l'antérieur qui se met le dernier à l'appui.
s a u t e r e t m o n t e r a c h e v a l
Pour sauter à cheval sans se servir de l'étrier, on se
place face à l'épaule gauche du cheval. On ajuste les
rênes dans la main droite qui saisit en même temps le
pommeau. La main gauche prend une poignée de crins
en en faisant sortir l'extrémité du côté du petit doigt et à
l'endroit de l'encolure qui paraît le plus commode eu
égard aux tailles respectives de l'homme et du cheval.
Puis le cavalier plie les jarrets et les détend en restant
sensiblement vertical et en s'aidant des poignets de
manière à s'élever sur les bras tendus. Passer alors la
jambe droite par-dessus la croupe et se mettre légè­
rement en selle.
[1 y a plusieurs manières de monterà cheval en se
servant de l'étrier. Une des plus commodes et quipermet
d'éviter des coups de pieds de derrière est la suivante :
se placer vis-à-vis de l'épaule gauche du cheval ; ajuster
les rênes dans la main gauche qui saisit en même temps
une poignée de crins ; engager le pied gauche dans
l'étrier en s'aidantau besoin de la main droite. Faire face
à la selle en baissant la pointe du pied et saisir le pom-
— 47 —
meau de la main droite ; s'élever sur i'étrier en évitant de
toucher le chevalavec la pointe du pied ; passer la jambe
par-dessus la croupe, se mettre légèrement en selle et
enfin enga ger le pied droit dans I'étrier droit.
s a u t e r a t e r r e e t m e t t r e p i e d a t e r r e
Si l'on a des étriers, saisir une poignée de crins avec
la main gauche et le pommeau avecla main droite, passer
la jambe droite par dessus la croupe et enfin mettre le
pied droit à terre en faisant l'ace un peu en arrière et à
hauteur de l'épaule. Sil'on n'apas d'étriers, oncommence
le mouvement comme tout à l'heure, mais après avoir
passé la jambe droite, on saute à terre.
l e c o n t a c t d e l a b o u c h e
Ajuster les rênes.
Le cavalier doit toujours avoir ses rênes assez tendues
pour garder le contact de la bouche; cette règle est
absolue, on ne peut la transgresser que dans lesmoments
d'abandon complet. C'est la tension des rênes, si légère
soit-elle, qui donneati cavallerie sentiment delà bouche,
c'est-à-dire de la partie du cheval qui est la meilleure
indicatrice de ses impressions. C'est aussi grâce aux
rapports continuels et immédiats entre les doigts et la
bouche, que le cavalier peut agir sur cette dernière ins­
tantanément et sans à-coups. De plus la communication
48
incessante de la main du cavalier et de la bouche du
cheval entretient la dépendance de ce dernier en lui
faisant constamment sentir l'instrument de domination
auquel le dressage l'a habitué à se soumettre.
Enfin et surtout, si la main n'est pas là toujours pour
régler les allures et laisse l'animal les modérer à son
gré, c'est la ruine d e son impulsion, d e cette tendance
dont nous avons vu la nécessité primordiale. Ce n'est
que lorsque la bouche fait une concession, comme je le
dirai en parlant des flexions, que son contact avec le
mors peut se perdre ; mais alors c'est d'une manière
absolument brève et momentanée.
La nécessité de la continuité du contact n'entraîne pas
celle de tenir toujours le cheval sur des rênes courtes.
Mais si ba s qu'on laisse descendre l'encolure, si loin
qu'on laisse aller la bouche, les rênes ne doivent pas
devenir flottantes. Si cela supporte une exception, ce ne
peut être, comme je le disais plus haut, que par suite
d'une concession instantanée de la bouche ou que dans
le repos complet et au pas, allure à laquelle on peut
généralement laisser prendre sa vitesse maxima.
Pour prendre le contact de la bouche, il faut , suivant
le terme habituel, « ajuster les rênes. » Cela consiste à
donner aux rênes une longueur telle que le cavalier sent
légèrement la bouche du cheval. Du reste, tout en pré­
sentant cette qualité, la longueur des rênes varie suivant
les besoins du travail qu'on exécute.
é t a n t a r r ê t é , p r e n d r e l e p a s o u l e t r o t
Si Ton veut prendre le pas en partant de l'arrêt,
on doit faire sentir progressivement les jambes jusqu'à
ce que la mise en marchese produise et céder des doigts
pour laisser l'encolure s'étendre. Il faut mettre le cheval
en mouvement exactement dans la direction de son axe,
sans précipitation co mme sans hésitation.
Le cavalier obtient la mise en marche dans la direc­
tion de l'axe en faisant agir les aides avec une symétrie
complète.
Il faut d'ailleurs, entre les jambes et les rênes, une
concordance telle que le déplacement du c entre de gra­
vité et le mouvement provoqués par les jambes, soient
réglés parles mains et maintenus par elles dans les pro­
portions voulues pour donner le pas, le trot ou le galop,
suivant le désir du cavalier.
Pour éviter que le départ soit brusque, il faut régler
l'énergie des jambes sur le degré de sensibilité du che­
val. On empêchera la mise en marche d'être hésitante,
en donnant progressivement, mais rapidement, aux jam­
bes l'intensitéd'action qu'elles doiventavoir et en cédant
des doigts au moment précis ou l'encolure cherche à
s'étendre.
Si le cheval déplace latéralement les hanches bien que
les jambes aient une action égale, on le redresse en fai­
sant sentir davantagela jambe du côté où les hanchessont
venues. Si la même fautese renouvelle,si le cheval hésite
à partir, on aura recours à des actions de jambes de
— ;o —
plus en plus énergiques et répétées, jusqu'à ce qu'il se
décide sans tergiverser.
Pour prendre le trot en partant de l'arrêt, le procédé
est exactement le même.
On doit apporter le plus grand soin à la manière dont
on met habituellement le cheval en mouvement, car si
l'on se sert des jambes avec plus d'énergie que de rai­
son, qu'arrive-t-il ? Le cheval se met brusquement en
marche, au lieu de couler dans son mouvement, ou
même il se met au trot. On sera obligé de s'op­
poser par les rênes à reffet produit par l'action trop
énergique des jambes. Il ne faudra pas longtemps, dans
ces conditions, pour que, sa paresse aidant, le cheval
ne réponde plus à une forte action des jambes que dans
les limites restreintes qu'on lui assigne et on aura atro­
phié chez lui, de gaîté de cœur, la faculté pr écieuse de
répondre aux demandes les plus légères. Il deviendra,
suivant l'expression consacrée, « froid aux jambes ».
p r e n d r e l e g a l o p p a r a l l o n g e m e n t d u t r o t
Comme il e st fort utile pour le cavalier de galoper
dés les premières leçons, il lui faut pouvoir mettre son
cheval au g alop sans que l'accord des aides ait besoin
d'intervenir. Pour cela, il n'y a qu'à prendre le trot et
à pousser cette allure jusqu'à ce que le cheval la quitte
pour passer au galop. Cela s'obtient en desserrant les
doigts et en répétant les actions de jambes jusqu'à ce
que le galop s'ensuive.
Ainsi que le recommande pour les cavaliers militaires
le règlement sur les exercices et les manœuvres de la
cavalerie, on peut se mettre préalablement sur un cer­
cle de six ou sept mètres de rayon qu'on décrit d'abord
au trot et en allongeant cette allure jusqu'à ce que le
cheval s'échappe au galop. Lorsqu'il est calme et quand
le cavalier se sent en confiance, il quitte le cercle et
rejoint la pi ste à la même main. En arrivant dans les
coins, il doit s e pencher légèrement vers l'intérieur du
manège pour résister à la force centrifuge, comme le
fait du reste le cheval lui-même.
Pendant qu'il est au galop, le cavalier veille à s'assou­
plir, à se laisser aller de plus en plus du corps, des
cuisses et des jambes. L'instructeur le conduit à s'aban­
donner ainsi en conversant avec lui et en détournant son
attention de toute préoccupation de stabilité : c'est
alors que celle-ci se confirme par suite de Tabsence de
contractions. Le cavalier augmente son aisance en se
retournant sur sa selle, en caressant son cheval sur l'en­
colure, la croupe et les flancs, etc.
Il est nécessaire que le cheval reste à une alluremodé­
rée. La position sur le cercle contribue à éviter l'excès
de vitesse qui pourrait se produire au départ par suite
des sollicitations d es jambes. Lorsque ses progrès le lui
permettent, le cavalier doit s'exercera prendre le galop
sur la piste sans que la vitesse s'exagère : à cet effet, les
rênes laissent assez de liberté au cheval pour prendre
le galop mais pa s assez pour partir trop vite. Il y a là
une nuance que le cavalierdoit s'efforcer de saisir.
Lorsque le galop s'exécute sur le pied du dedans, on
— 52 —
dit qu'il est « juste » ; s'il s'exécute sur lepied du dehors,
on dit qu'il est « à faux ». Or, pourque le cheval travaille
bien au galop à faux, il est nécessaire qu'il soit bien
dressé et bien monté. C'est un exe rcice qu'on n'exécu­
tera que plus tard, si on le juge à propos.
Toutefois, tant qu'on ne veut pas faire de doublers,
de voltes, etc., et qu'on reste sur le cercle ou sur la
piste au galop pour s'habituer au rythme de cette allure,
il importe peu que le cheval galope juste ou à faux et il
est inutile que le cavaliers'en préoccupe. Mais lorsqu'on
en est aux exercices de direction au galop, il faut galo­
per juste ; par suite, si le cheval est parti faux, on doit le
remettre au trot et redemander le galop soit en se remet­
tant s ur un cercle, soit dans un coin.
P A S S E R D U P A S A L ' A R R Ê T
Lorsqu'étant au pas avec des rênes ajustées on veut
arrêter, il faut remplacer l'action moelleuse de la main
parsa fixité et par la résistance des doigts. Si l'arrêt
s'ensuit, le résultat cherché est obtenu. Plus souvent le
cheval, s'il est un peu mis, élève son encolure en ralen­
tissant ; le cavalier rapproche alors ses mains de lui ou
raccourcit ses rênes pour garder le contact de la bou­
che, et cela jusqu'à ce que l'arrêt se produise. Ce recul
de la main ne doit en aucun cas précéder le mouvement
rétrograde de la bouche, sans quoi il y aurait traction
sur les rênes, ce que nous savons ne devoir jamais se
produire. Le cavalier ne rapproche sa main de lui qu e
lorsqu'il s ent se perdre le contact de la bouche et du
mors et afin de maintenir c e contact tel qu'il était ; dès
que l'arrêt est obtenu, les doigts se desserrent.
Dans les débuts, le cavalier et l'instructeur n'ont pas
à se préoccuper outre mesure de la bonne exécution de
l'arrêt ; mais, lorsqu'en raison des progrès accomplis on
veut rechercher la correction de ce mouvement, la plus
grande attention doit être apportée à l'action des jambes
qui peuvent ne pas avoir à agir mais qui doivent être
prêtes à le fairesi la nécessité s'en fait sentir ;
io Afin d'ass urer entre le mors et la bouche un co n­
tact suffisant pour que la fixité de la main, succédant à sa
complaisance, produise soit l'arrêt, soit l'élévation de
l'encolure ; 2° afin de pouvoir parer à un arrêt brusque
et assurer la progression du mouvement en se relâchant
au fur et à mesure que la diminution de l'allure se pro­
duit ; 3" pour pouvoir se faire sentir à temps et sans
secousse, si les hanches se déplacent latéralement ou si
le cheval tend à reculer après s'être arrêté. Dans le cas
d'un déplacement latéral, la jambe du côté où il s e pro­
duit intervient jusqu'à ce que le cheval soit remis droit,
et si un mouvement de recul s'ébauche, c'est l'action
simultanée des deux jambes qui s'y oppose.
p a s s e r d u t r o t o u d u g a l o p
a u n e a l l u r e i n f é r i e u r e o u a l ' a r r ê t
Ces différents mouvements s'exécutent exactement
comme pour passer du pas à l'arrêt : mêmes actions de
— 54 —
mains, mêmes recommandations pour les jambes ; toute­
fois, si au lieu d'arrêter, on veut seulement prendre une
allure inférieure, le moment où les actions des aides
doivent diminuer est celui où cette allure est obtenue.
r a l e n t i r l e p a s , l e t r o t o u l e g a l o p
Le ralentissement des allures s'obtient encore en sui­
vant les mêmes principes, mais il ne suffit pas que le
cheval couvre moins de terrain dans le même temps, il
faut encore qu'il conserve l'intégrité de son impulsion,
sans quoi le cavalier n'est plus maître de maintenir c e
ralentissement dans les limites qu'il désire. Il est donc
nécessaire, si l'impulsion fléchit, qu'elle soit relevée par
l'intervention bien dosée des jambes.
Lorsque le cavalier est devenu d'une certaine force,
les exercices de ralentissement lui sont d'utiles sujets
d'étude en lui d onnant l'occasion d'accorder ses aides
dans une mesure exacte et de s'apercevoir immédiate­
ment s'il en a bien proportionné les actions.
a l l o n g e r l e p a s , l e t r o t o u l e g a l o p
On accélère la vitesse des allures soit en se conten­
tant de desserrer les doigs lorsque le cheval est assez
impulsif, soit, si cela est nécessaire, en réveillant son
impulsion par une action des jambes accompagnant le
desserrement des doigts. Il faut q ue cet effet de main
permette au cheval d 'étendre l'encolure dans des pro-
— 55 —
portions utiles, mais les rênes ne doivent pas devenir
lâches, ce serait mauvais ici, com me en toute circons­
tance.
Lorsque l'allure a pris la vitesse désirée, on empêche
l'encolure de s'étendre davantage en résistant des doigts
plus ou moins moëlleusement suivant q ue le cheval est
plus ou moins délicat.
t o u r n e r
Le tourner comporte deux opérations distinctes, mais
qui doivent res ter parfaitement unies et qui sont le chan­
gement de direction et la marche.
Je suppose tout d'abord qu'au moment où on veut
tourner, comme lorsqu'on doit commencer un mouve­
ment quelconque, les rênes sont ajustées. Cela étant, le
cavalier a trois moyens de déplacer l'avant-main pour
déterminer un changement de direction. Le moyen le
plus simple, celui par lequel le débutant peut faire faire
à son cheval les changements de direction indispen­
sables, consiste à agir par rêne d'ouverture en portant,
si l'on veut tourner à droite, la main droite de ce côté.
La tête est attirée à droite, les épaules et le reste du
corps suivent si le cheval ne cherche pas à résister et le
changement de direction s'exécute tant bien que mal.
Un des inconvénients de ce procédé est qu'il peut ame­
ner les hanches à l'extérieur, ce qui ne va pas sans con­
séquences fâcheuses.
Le tourner par la rêne d'ouverture a en outre le défaut
— 56 —
que j'ai expliqué être inhérent à cette rêne et qui est de
laisser au cheval la possibilité de lâcher l'encolure et la
tête et de ne pas faire suivre les épaules : l'instrument de
direction perd ainsi son utilité et le cavalier n'est plus
maître de la conduite.
Le second procédé pour tourner àdroite consiste dans
l'emploi isolé de la rêne gauche d'opposition. Elle pro­
voque, en effet, le changement de direction et elle est
d'un grand secours dans la conduite à une main. Mais en
agissant seule, elle charge plus ou moins fo rtement la
hanche droite et provoque ainsi un ralentissement néces­
sitant une plus grande intervention des jambes q ue si le
tourner est demandé d'une manière plus rationnelle. De
plus, si le cheval fait des difficultés pour avancer en tour­
nant, le reflux de poids que la rêne d'opposition pro­
voque sur le postérieur du dedans favorise cette résis­
tance.
Le troisième moyen de demander le changement de
direction vers la droite et qui est le bon, consiste dans
l'usage combiné de la rêne directe et de la rêne d'oppo­
sition. La première déplace légèrement la tête vers la
droite, tandis que la seconde empêche ce déplacement
de s'exagérer, lie les épaules à l'encolure et leur fait
suivre la même direction.
Pendant ce temps, que doivent faire le s jambes ? J'ai
dit tout à l'heure que le tourner comporte à la fois le
changement de direction et la marche. Nous venons de
voir les mains assurer le changement de direction, c'est
aux jambes à entretenir la marche. Si l'action des rênes
tend à provoquer un ralentissement, le changement de
— 57 —
direction se fait mal ou ne se faitpas, absolument comme
cela arriverait pour le bateau qui ne serait pas actionné
et dont on ne commanderait que le gouvernail : il ne
tournerait pas. Ainsi fait le cheval s'il ne marche pas
quand les rênes lui demandent de tourner. Les jambes
doivent donc être prêtes àagir si le besoin s'en faitsentir,
soit pour amener le cheval à venir subir le commande­
ment des rênes, soit pour entretenir l'allure si elle t en­
dait à s'éteindre par suite de l'action de la main. De
plus, c ette nécessité de marcher implique po ur les han­
ches celle de ne dévier ni à droite ni à gauche, sans
quoi la propulsion des postérieurs perd de son effet. Les
jambes doivent donc veiller à maintenir l'arrière-main e n
bonne place et l'encadrer pour l'empêcher, le cas
échéant, de se déplacer latéralement.
Si, a près avoir tourné à droite, par exemple, le cava­
lier veut reprendre la marche directe, il doit répartir
également sur les deux épaules le poids de l'avant-
main, par l'action égale et directe des deux rênes.
Pendant ce temps, les jambes agissent également, si cela
est utile, pour finir de placer le cheval droit et l'actionner
dans son nouvel équilibre.
d o u b l e r
Le doubler à main droite, par exemple, se compose
de deux à droite reliés par une ligne directe conduisant
le cheval perpendiculairement d'une piste à l'autre.
s-
Pour que ce mouvement soit bien exécuté, il faut que
le premier tourner se termine exactement lorsque le
cheval est perpendiculaire à la piste qu'il va rejoindre ;
la marche directe doit se faire sur une ligne absolument
droite et perpendiculaire aux pistes et, ainsique les deux
tourners, exactement à l'allure qu'avait le cheval sur la
piste.
Ainsi compr is, le doubler est un excellent exercice ;
car le cavalier, ayant un point de repère commode, peut
voir facilement si l e cheval se redresse exactement au
moment où il le lui dem ande et l'y obliger.
Le doubler est dit : « doubler dans la largeur » ou
n doubler dans la longueur » suivant qu'il est fait entre
les deux grandes pistes ou entre les deux petites. On
peut changer de main par le doubler en faisant le deu­
xième tourner en sens inverse du premier.
v o l t e
La volte, telle qu'o n la comprend maintenant, est un
cercle. Si l'on part de la piste, le cercle doit lui être
tangent.
Elle se compose d'une succession de tourners égaux
ramenant le cheval à son point de départ. Les principes
qui régissent la volte sont les mêmes que ceux du tour­
ner; mais si celui-ci est difficile à bien exécuter, celle-là
l'est bien davantage, parce que les difficultés d e chacun
des tourners qui la composent s'ajoutent les unes aux
autres.
— —
Tant que dure lavolte, le cheval doit être constamment
maintenu dans le même équilibre, sans quoi les tourners
ne sont pas égaux et la volte est irrégulière ; en consé­
quence, les jambes doivent s'entendre, à tout instant,
pour pousser le chevaldans la direction prise par Tavant-
main, lequel doit être maintenudans unéquilibre immuable
par un accord complet entre les deux mains.
d e m i - v o l t e
•
La demi-volte est un mouvement qui se commence
comme la volte, mais se termine par une ligne droite
parallèle à la diagonale du manège. Le cheval reprend
donc la piste à main inverse de celle à laquelle il se
trouvait.
La ligne droite commence au point de la volte où le
cheval se trouve parallèle à la diagonale du manège.
L'utilité de ce mouvement est d'amener le cavalier à
redresser son cheval à un momentdéterminé et à le faire
marcher droit sans être guidé par aucune ligne appa­
rente.
d e m i - v o l t e r e n v e r s é e
Ce mouvement se commence comme se termine la
demi-volte, c'est-à-dire que, pour l'exécuter, on quitte
la piste par une ligne droite, généralement parallèle à
une des diagonales du manège. Lorsqu'on est arrivé à
une distance de la piste variant suivant l'étendue qu'on
— óo
veut donner au mouvement, on décrit un demi-cercle
pour reprendre la pisteà la main inverse de celle à la­
quelle on se trouvait précédemment.
c h a n g e m e n t d e m a i n
Le changement de main consiste à quitter le grand
côté à environ trois mètres du coin qu'on vient de passer
et à rejoindre par une ligne droite l'autre grand côté à
six mètres à peu près du coin opposé.
Ces chiffres n'ont rien de fixe mais ils sont générale­
ment les pluscommodes. Il ne devient nécessaire de les
déterminer que dans le travail en deux reprises.
Quoi qu'il en soit, le cavalier fût-il seul, doit en quit­
tant la piste, prendre un point de direction sur la piste
opposée et y parvenir par une ligne très droite.
c o n t r e - c h a n g e m e n t d e m a i n
Pour exécuter ce mouvement on quitte la piste par
une ligne droite, puis on marche droit, parallèlement à
cette piste, pendant un ou deux pas et, enfin on la rejoint
par une autre ligne droite.
Ces lignes droites doivent être respectivement paral­
lèles à l'une des diagonales du manège.
Le contre-changement de main se composant de deux
changements de main successifs, on se trouve, après l'a­
voir fini, à la même main qu'en le commençant.
Ò1
S E R P E N T I N E
La serpentine se compose de demi-voltes successives
exécutées perpendiculairement aux pistes et tangentes
les unes aux autres, comme l'indique la figure :
Toute la difficulté, a u pas et au trot, réside dans la
régularité et l'égalité• des demi-voltes. Or, ces qualités
ne s'obtiennent qu'assez difficilement en raison des chan­
gements continuels auxquels le placer est soumis.
A
ArV
M V
X
V H
V
l e h u i t d e c h i f f r e
Le « huit de chiffre » e st un mouvement analogue à
la serpentine, du moins comme utilité. Il consiste à
décrire le chiffre huit perpendiculairement à la piste,
comme sur la figure :
 >
X
k
La volte, la demi-volte, le changement et le contre-
changement de main, la serpentine et le huit de chiffre
0 2
doivent être exécutés souvent, même au pas, comme
exercices de tourner. Bien que la raison d'être des der­
niers existe surtout au galop, ils exig ent pour être bien
exécutés, même aux allures lentes, de la part du cava­
lier et du cheval, un souci de précision dont l'un et
l'autre ne peuvent que bénéficier.
p a s d e c o t é
Jusqu'ici nous nous sommes occupés surtout du rôle
impulsif des Jambes, rôle qu'elles remplissent par la
simultanéité de leur action et qui est de beaucoup le
plus important ; mais il n'e st pas le seul. Les jambes
peuvent agir inégalement et, dans ce cas, elles ont pour
effet de déplacer les hanches du côté opposé à celui de
la jambe prépondérante. 11 est essentiel que l'élève sai­
sisse bien cet effet dont il a constamment besoin pour
faire gagner du terrain de côté par l'arriére-main ou pour
amener plus de poids sur un postérieur, ce qui est d'une
application fréquente en équitation.
Le cavalier s'exerce à rendre une jambe prépondé­
rante d'abord au pas, ensuite au trot. Marchant en ligne
droite avec des rênes ajustées et les jambes près, il en
ferme une un peu plus que l'autre. Le cheval porte alors
ses hanches du côté opposé, plus ou moins suivant le
degré de prépondérance donné à la jambe la plus ac­
tive.
Il faut se contenter dans les débuts de ce qu'on ap­
pelle « le quart de hanche » amenant simplement la piste
— 6 j —
du postérieur du dehors, c'est-à-dire du côté de la
jambe prépondérante sur lapiste de l'antérieurdu dedans.
Autrement dit, si c'est la jambe droite qui agit le plus, le
déplacement est suffisant dans les débuts, lorsque le
pied droit de derrière se pose sur la même piste que le
pied gauche de devant.
La jambe du dedans, c'est-à-dire la jambe gauche
dans l'exemple que je viens de prendre, peut avoir éven­
tuellement un double rôle à remplir : premièrement em­
pêcher les hanches de venir exagérément de son côté ;
deuxièmement, empêcher l'allure de se ralentir et obli­
ger le cheval à continuer à avancer tout en rangeant son
arriére-main. Cette nécessité de contraindre l'animal à
avancer pendant ce mouvement etde l'empêcher derame­
ner ses épaules sur les hanches est d'une difficulté qui
grandit avec le degré d'obliquité. C'est pourquoi il im­
porte que celui-ci soit modéré lorsque le cavalier com­
mence cet exercice.
Les rênes n'ont qu'un rôle à remplir, c'est d'éviter que
l'allure ne s'accélère tout en n'empêchant pas le cheval
d'avancer. Peu importe, du reste, au commencement,
que celui-ci quitte la ligne sur laquelle il marchait pré­
cédemment ; l'important est qu'il d éplace ses hanches
tout en se portant en avant.
Lorsqu'un léger déplacement de l'arrière-main est
obtenu d'une manière satisfaisante, on en demande un
plus considérable sans toutefois faire faire à l'axe du
cheval un angle de plus d e 450 avec la direction de la
marche.
— 6 4
Le cavalier doit être attentif à ne donner à ses actions
de jambes que l'intensité strictement nécessaire ainsi
que je l'ai expliqué lorsque j'ai parlé de ces aides.Sinon,
à une action trop forte de la jambe extérieure répond un
déplacement trop considérable des hanches : ilfaut alors
que la jambe intérieure empêche cet effet de se pro­
duire ; de là ordre, contre-ordre, désordre. Bientôt les
hanches ne se déplaceront plus avec la même franchise
et la sensibilité, l'obéissance aux jambes sera perdue.
Quand en s'exerçant au pas de côté, Téléve a saisi e t
senti l'effet produit par l'action latérale de ses jambes, il
lui faut encore se confirmer dans l'usage de ses aides
agissant séparément sur l'avant-main et sur l'arrière-main
et pour cela s'exercer à la pirouette renversée et à la
pirouette.
p i r o u e t t e r e n v e r s é e
o u d e m i - t o u r s u r l e s é p a u l e s
La pirouette renversée consiste à faire décrire aux
hanches un c ercle ou un arc de cercle autour d'une
épaule. On l'appelle aussi demi-tour sur les épaules.
Cette dénomination est moins juste que la première
parce que la pirouette renversée est d'un nombre de
degrés absolument facultatif qu'il appartient au cavalier
ou aux circonstances de déterminer.
Dans ce mouvement, l'arrière-main tourne autour de
Favant-main qui, lui-même, tourne autour de l'antérieur
du dehors, du gauche si les hanches vont de gauche à
— 6 5 —
droite. Il importe, du moins, qu'il en soit ainsi du mou­
vement des antérieurs, car si c'était, au contraire, l'anté­
rieur du dehors qui tournaitautour de l'autre, ce ne pour­
rait être que par un mouvement rétrograde qui c harge­
rait l'arrière-main et le gênerait.
Ainsi qu'on le voit, le mouvement de l'avant-main se
réduit à fort peu de chose ; un antérieur est même immo­
bile ; tout le mouvement est exécuté par l'arrière-main.
En conséquence, les aides à employer doivent concou­
rir à porter sur l'antérieur immobile le plus de poids pos­
sible ; on facilitera ainsi l e mouvement de l'autre anté­
rieur et de l'arriére-main.
Si donc, nous voulons faire tou rner les hanches de
gauche à droite, il faut d'abord amener le poids de la
masse sur les épaules en fermant les jambes et en des­
serrant les doigts jusqu'à ce que la mise e n marche
devienne imminente ; on empêchera alors le centre de
gravité d'avancer davantage et on conduira le poids sur
l'épaule gauche en fermant les doigts sur la rêne droite
d'opposition et sur la rêne gauche directe, en ayant soin
de tenir la tête et l'encolure dans la direction de l'axe du
cheval. Pendant ce temps, si l'on veut exécuter la pi­
rouette renversée de gauche à droite, par exemple, la
jambe gauche se glissera plus en arrière pour pousser
les hanches vers la droite ; la jambe droite restera près
pour maintenir la position avancée du centre de gravité,
empêcher le cheval de reculer et arrêter les hanches au
moment où le cavalier le jugera bon.
L'assiette se portera à droite pour faciliter l e dépla­
cement des hanches.
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  • 12. C A P I T A I N E D E S A I N T - P H A L L E EQUITATION TOME I" ÈQUITATION ÉLÉMENTAIRE LEGOUPY, 5, Boulevard de la Madeleine, Paris. CHAPELOT, 30 RUE Dauphine, Paris. | LESOUDIER, 174, B(I St-Germain, P Librairie Mtlon, ROBERT, Successeur, Saum ur.
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  • 17. DU MEME AUTEUR Dressage et Emploi du Cheval de Selle ^ 2e ÉDITION Ouvrage honore d'une Souscription du Ministère de la Guerre et récompensé d'une Médaille de Vermeil par la Société des A griculteurs de France
  • 18. C A P I T A I N E D E S A I N T - P H A L L E EQUITATION TOME I" ÉQUITATION ÉLÉMENTAIRE LEGOUPY, 5, Boulevard de la Madeleine, PARIS. CHAPELOT, 50 Rue Dauphine, PARIS. | LESOUDIER, 174, B(1 St-Germain, PARIS. Librairie MILON, ROBERT, Successeur, SAUMUR. I907
  • 19. VAuteur réserve expressément ses droits de traduc­ tion et de reproduction en France et à l'Etranger, y compris la Suède et la Norvège.
  • 20. TABLE DES MATIERES DU TOME 1" Pages AVANT-PROPOS . V EQUITATION ÉLÉMENTAIRE CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES IX TITRE M CHAPITRE P-v CONNAISSANCE ET UTILISATION DES FACULTÉS MORALES DU CHEVAL i" La mémoire 2 20 La confiance et la crainte 5 30 Comparaison des sensations 4 40 La volonté 5 Les récompenses 5 Les châtiments 7 CHAPITRE II APTITUDES PHYSIQ.UES ET MÉCANIQUES DU CHEVAL § IER DES ÉQ UILIBRES Equilibre direct 11 Équilibre latéral 14 § II ACTION DE S A IDES S UR L ES É QUILIBRES Les jambes I5 L'éperon Les rênes I9 Pli de l'encolure • 24 Accord des aides. 24
  • 21. — I I — Les embouchures 26 Tenue des rênes 31 Lès étriers TITRE II CHAPITRE 1ER LA POSITION 35 CHAPITRE II ETUDE ÉLÉMENTAIRE DU MANIEMENT DU CHEVAL 4r Mécanisme des allures ' 42 Sauter et monter à cheval. ... 4^ Sauter à terre et mettre pied à terre 47 Le contact de la bouche. Ajuster les rênes 47 Etant arrêté, prendre le pas ou le trot 49 Prendre le galop par allongement du trot. Passer du pas à l'arrêt 52 Passer du trot ou du galop à une allure inférieure ou à l'arrêt 53 Ralentir le pas, le trot ou le galop 54 Allonger le pas, le trot ou le galop 54 Tourner 35 Doubler 57 Volte ... 58 Demi-volte 59 Demi-volte renversée 59 Changement de main 60 Contre-changement de main 60 Serpentine 61 • Huit de chiffre 61 Pas de côté 62 Pirouette renversée 64 Pirouette 67 Travail sur deux pistes 69 Croupe au mur Tête au mur 73 Départs au galop. 74 CHAPITRE III MANIEMENT DU CHEVAL DANS LA MISE EN MAIN Le r amener 79 La descente d'encolure 81
  • 22. Les flexions 83 La mise en main 92 Cadencer le trot 93 Etendre le trot 95 Rectitude des départs au galop 96 Cadencer le galop 98 Changements de pied 100 CHAPITRE IV § Ie r . — SAUTS D'OBSTACLES IO3 i0 Mener le cheval sur l'obstacle 103 20 Franchir l'obstacle 106 30 Reprendre le cheval après l'obstacle 110 4° P rogression à suivre pour apprendre à sauter. m g IL — TRAVAIL A LA LONGE II3 CHAPITRE V CHEVAUX DIFFICILES II9 TITRE III SOMMAIRE ET PROGRESSION DU DRESSAGE DU CHEVAL DE TROUPE OBSERVATIONS G ÉNÉRALES 125 IRO PÉR IODE : Préparation 126 2e PÉRIODE ; Dressage proprement, dit 134 TITRE IV QUALITÉS A RECHERCHER POUR LE CHEVAL DE SELLE CHAPITRE lor aUALITÉS MORALES I53 CHAPITRE II Q.UALITÉS PHYSIQUES 161 § Tr. — La ligne de dessus I6î' g II. — Le corps 168
  • 23. I V — § III. —• Les membres 171 £ IV . — Tar es les plus fréquentes 174 S- V. — Conclusion 179 TITRE V HYGIÈNE ET CONDITION CHAPITRE I" L'HYGIÈNE S I er. — H ygiène à l'écurie 185 S II. — Hygiène des membres 1S9 S III.— La n ourriture 104 LA CONDITION CHAPITRE II. 203
  • 24. AVANT-PROPOS La rapide expansion prise par l'automobilisme a pu donner à penser et à dire qu'une locomotion répondant à ce point aux besoi ns modernes était appelée à rem­ placer l'hippisme dans un temps indéterminé mais assu ­ rément très court. Ces prévisions ont été démenties par les faits : l'expérience est déjà assez longue, les condi­ tions dans lesquelles elle se déroule sont assez pro­ bantes pour qu'on puisse maintenant tenir p our certain que l'invention nouvelle n'a pas diminué chez nous le goût du cheval : elle l'a épuré, voilà tout. Et cecin'est pas un paradoxe : les corvées que nous imposions autrefois aux animaux de service reviennent maintenant de droit à l'automobile; grâce à cela, bien des chevaux ont quitté le rôle de bêtes de somme, qu'il leur fallait souvent remplir, et sont devenus dans une plus large mesure, les instruments du plus ancien et du plus noble des sports. Aussi bien, ne semble-t-il p as qu'on monte moins à cheval en France maintenant qu'autrefois. Peut-être, même, n'a-t-on jamais vu chez nous les manifesta tions équestres se multiplier autant et les cavaliers rivaliser à
  • 25. — V I — ce point d'entrain, de travail et de science. Les grandes sociétés hippiques donnent une impulsion intensive et efficace par les courses et les concours, et certes, les encouragements de toutes sortes, prodigués aux produc­ teurs comme aux acheteurs, sont bien faits pour entretenir le goût du cheval, il nous faut nous en réjouir non seu­ lement parce que notre amour du sport y trouve son compte, ce qui est beaucoup, mais surtout parce que ce sont les peuplescavaliers qui forgent le mieux cette puis­ sante arme de guerre qu'estune cavalerie solide e t bien montée. Toutefois-, les excellents encouragements donnés aux choses du cheval resteraient stériles pour l'équitation si, à côté du désir de s'instruire, le futur cavalier ne trouvait pas le moyen d'y parvenir. Ce moyen, il est donc néces­ saire de le lui donner : c'est ce qu'ont entrepris tous les écrivains qui ont traité de lascience équestre. Le nombre des traités d'équitation e st considérable ; aussi, doit-on tenir pour certain que tout ce qui peut être dit de bon a été dit. Malheureusement, beaucoup de ce qui pouvait être dit de mauvais a eu l e même sort. En sorte que, ballotté au mi lieu de tant de théories sans que l'expé­ rience puisse le guider, le jeune cavalier ne trouve pas facilement la bonne direction. Il la trouve d'autant moins aisément que les meilleurs ouv rages, s'adressant souvent de préférence à des cavaliers déjà faits, traitent l'équitation à un point de vue élevé pour établir les prin­ cipes et les lois, et n'en dégagent pas l'enseignement pratique d'une manière assez exclusive pour que le n éo­ phyte trouve aisém ent ce qui lui est nécessaire et ne se
  • 26. — V I I — perde pas dans des démonstrations qui lui seront utiles, certes, mais plus tard . Le débutant a besoin d'un cours quidirige son instruc­ tion et non celle du cheval, le prenne depuis l'instant où il se pré pare pour la première fois à se mettre en selle, lui ensei gne à éviter les écueils qu'il va renc ontrer dés la première minute, le suive ensuite dans ses progrés successifs pour l 'amener, en définitive, si se s goûts et ses dispositions naturelles le comportent, jusqu'à la con­ naissance des théories qui régissent l'équitation savante. Tels sont les desiderata que j'ai cherché à satisfaire dans ce travail ; je lui ai don né une forme, un a gence­ ment qui permettront au commençant ou à l'instructeur encore peu expérimenté qui a à diriger des débutants, de trouver en dehors des questions théoriques inutiles à ce moment, une direction pratique pour leur travail. Dans ce but, j'ai rigoureusement séparé l'instruction du cavalier de celle du cheval. Cette dernière est exposée d'une manière sommaire dans un titre séparé . Si le le c­ teur veut approfondir les questions de dressage et ne pas se contenter des quelques mots que j'en dis dans cet ouvrage, je le renvoie à ce que j'en ai écrit dans le Dres­ sage et Emploi du cheva l de selle, traité do nt j'ai d'ail­ leurs reproduit quelques passages dans celui-ci lorsque j'ai eu à exposer une théorie déjà étudiée. Cette instruction du cavalier en vue de l'équitation courante fait l'objet du premier volume. Le second con­ tient l'étude d es principes qui régissent l'art équestre et de leur application d ans l'équitation savante. C'est là que le cavalier qui a déjà assez pratiqué, assez senti le
  • 27. Vili cheval, pourra trouver la raison d'être des procédés qui lui ont été enseignés et l'exposé de ceuxqui peuvent lui être utiles pour arriver à l'obtention de la légèreté, c'est- à-dire de la soumission co mplète.
  • 28. EQUITATION ÉLÉMENTAIRE CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES L'équitation élémentaire a pour but de donner au cava­ lier une assiette solide et correcte et de lui faire acquérir une autorité suffisante sur le cheval de selle dans les con­ ditions où on l'emploie d'habitude : promenade, travail d'armes, chasse, etc. L'usage du cheval dans ces diffé­ rentes circonstances exige de la part du cavalier la con­ naissance et l'application d'un certain nombre de pro­ cédés lui permettant d'indiquer sa volonté et de la faire accepter. Pour y arriver il lui faut se livrer à une double étude. La première lui fai t connaître l'instrument qu'il veut utiliser et qui, dans l'espèce, doit être envisagéaussi bien comme être doué de facultés morales auxquelles on a constamment recours, que comme animalsentant et se mouvant. Ces considérationssur lesfacultés physiques et psychiques du cheval font l'objet du Titre Ie''. La se­ conde étude est d'ordre pratique : c'est celle des pro­ cédés par lesquels le cavalier peut transmettre et imposer
  • 29. sa volonté au moyen de ses aides, c'est-à-dire des rênes, des jambes et de l'assiette. C e sera l'objet du Titre II. Le Titre III n'est autre chose qu'une progression de dressage élémentaire donnant une directive très simple, qui pourra pe rmettre de donner aux chevaux d e troupe, malgré les difficultés d ues à la réduction du temps de service, un dressage suffisant. Par une adaptation très simple, ces mêmes indications peuvent être suivies par les cavaliers civils pour former des chevaux confortable­ ment utilisables à l'extérieur. Ces trois titres suffis ent à constituer, à proprement parler, un manuel d'équitation élémentaire à l'usage des cavaliers à leurs débuts et des jeunes instructeurs encore peu au fait des exigences de l'enseignement et désireux d'être guidés dans le choix des matières à enseigner à leurs é lèves. Mais j'ai pensé que ce petit traité serait utilement complé té par quelques considérations sur les qualités à rechercher lorsqu'on veut choisir un cheval de selle. Il est évident que celui-ci rend d'a utant mieux les services qu'on lui demande que sa conformation s'y prête mieux : moins elle s'adapte aisément aux exigences du cavalier, plus le cheval présente de difficultés qui, pour être combattues, exigent une assez longue expé­ rience. Il importe donc pour le débutant et pour le cava­ lier de goûts tranquilles qui veulent obtenir de leurs che­ vaux un bon rendement et désirent ne pas risquer de se trouver aux prises avec des résistances sérieuses, il leur importe donc, dis-je, de reconnaître si la conformation du cheval qu'ils veulent a cheter se prête facilement ou
  • 30. X I — non au service de la selle. Nous étudierons succincte­ ment cette question dans le Titre IV. Enfin, je donnerai dans le titre V d es indications pra­ tiques sur les soins les plus habituels à apporter à l'en­ tretien, à l'hygiène et au travail du cheval de selle pour l'avoir en bon état de santé et de condition.
  • 31.
  • 32. TITRE I CHAPITRE I" c o n n a i s s a n c e e t u t i l i s a t i o n d e s f a c u l t é s m o r a l e s d u c h e v a l Sans vouloir ici m'étendre sur cette question autant que je l'ai fait ailleurs je crois devoir en exposer les lignes principales parce qu'il est de toute nécessité pour un cavalier, même à ses débuts, de n'en pas faire abstrac­ tion. On est, en effet, obligé pour commander le cheval d'en respecter tout autant les facultés morales que les aptitudes physiques. Aussi est-il utile de passer tout au moins sommairement en revue celles de ces facultés que le cheval manifeste le plus fréquemment et d'exposer le rôle que le cavalier doit faire jouer à chacune d'elles, les services qu'il en peut attendre et les ménagements qu'il leur doit. I. Dressage et emploi âu cheval de selle, 2" édition p. xn.
  • 33. 1. LA MÉMOIRE C'est à cette faculté q ue le cheval doit en grande partie son aptitude au dressage. C'est, en effet, parce qu'il se rappelle et reconnaît les indications que nous lui avons données, la manière dont il y a répondu, les récom­ penses enfin ou les châtiments qui s'en sont suivis, que son dressage a pu se faire. Mais ce n'est pas seulement pour et pendant le dres­ sage qu'on doit tenir compte de cette faculté : c'est encore toutes les fois qu'on se sert de l'animal dressé. A cause d'elle, il est un des animaux l es plus maniaques qui soient, un de ceux qui prennent le plus facilement une habitude bonne ou mauvaise. Il en résulte que le cavalier doit soigneusement éviter d e lui laisser faire plusieurs fois une faute s ans la redresser, sans quoi elle devient bientôt une habitude qu'il aurait été facile d'éviter au début, mais qu'il est souvent fort difficile au contraire et fort long de faire passer. Pour une raison analogue, le cavalier doit soigneuse­ ment éviter d'employer des moyens défectueux comme momentanément plus commodes, avec l'intention de leur en substituer d'autres plus tard. Ce plus tard nécessite souvent plus de science et fait perdre plus de temps qu'on ne l'imagine.
  • 34. 2. LA CONFIANCE ET LA CRAINTE L'intelligence du cheval est trop rudimentaire pour qu'il puisse comprendre ou s'expliquer les phénomènes extérieurs qui impressionnent ses sens. Il s'effray e sou­ vent d e la nouveauté des plus ano dins et cela d'autant plus qu'il est habituellement moins bien traité. Aussi faut- il non seulement éviter de développer par des procédés brusques ou violents ces dispositions à la crainte, mais encore les atténuer en faisant appel à la facilité avec laquelle le cheval se rassure, se met en confiance avec son maître lorsque celui-ci sait s e l'attacher par sa dou­ ceur et combattre par ses bons procédés des appréhen­ sions involontaires et souvent nombreuses. Mais si les dispositionsà lacrainte doiventêtre abolies chez le cheval pourtoutce qui est étranger àson service, il y a lieu de les exploiter raisonnablement pour assurer notre domination sur lui : c'est le rôle des châtiments. Toutefois, ils ne doivent être donnés qu'à bon escient, avec à-propos, etexactement dans lamesure convenable. Cela exige qu'ils ne soient infligés que lorsque le cheval est volontairement et sciemment fautif. Mais alors ils ne nuisent pas à laconfiance qui est plus nécessaire encore que la crainte et qui est entretenue par les récompenses. Je reviendrai plus loin sur ce point lorsque je parlerai des récompenses et des châtiments. Il résulte d e ceci que le cavalier doit être parfaitement calme et maître de lui, afin de s'imposer la patience qui
  • 35. lui mérite la confiance de son cheval, disposition sans laquelle celui-ci est d'un emploi impossible. COMPARAISON DES SENSATIONS Par cette aptitude, la mémoi re aidant, l'animal rap­ proche les phénomènes qu'il a déjà vus se produire ensemble. Ainsi, le cheval qui se voit donner l'avoine peu après le moment où il a entendu ouvrir le coffre à avoine, ne tarde pas à faire une association entre ces deux sensations : l'audition du bruit d u coflre qu'on ouvre et le plaisir de recevoir l'avoine ; la réalité de ce phénomène est prouvée parle hennissement de contente­ ment qu'il fait entendre, lorsque se produit le bruit coutumier. Cette faculté est fréquemment utilisée en équitation. C'est elle, par exemple, qui donne leur signi­ fication aux réc ompenses et aux châtiments ; mais elle peut aussi être cause de difficultés, co mme dans le cas d'un chevalqui fait une faute dans certainescirconstances : les mêmes circonstances se reproduisant, il est tenté de commettre la même faute. Le cavalier doit donc se souvenir que son cheval est toujours disposé à répondre de la même manière aux mêmes demandes. Il faut par conséquent, non seulement en dressage, mais aussi dans l'habitude de l'équitation, veiller à ce queces demandes obtiennentdès les premières fois, au moins un acheminement vers le résultat qu'elles devront obtenir dans la suite.
  • 36. 4. LA VOLONTÉ Tous les chevaux jouissent à des degrés différents de la faculté de vouloir : les uns ploient sans trop de peine et d'hésitations leur volonté à la nôtre ; d'autres, au contraire, résistent quelque fois avec acharnement ; tous sont susceptibles dans certaines circonstances, de montrer un véritable entêtement. Aussi le cavalier doit- il comp ter toujours sur la possibilité d'une intervention nuisible de cette faculté, intervention qu'il faut chercher à éviter en n'employant que des aides justes, pour ne demander au cheval que ce qu'il peut faire et comme il peut le faire, étant donnés son degré de dressage et ses aptitudes physiques. De plus, il faut que le cavalierfasse concourir les récompenses et les châtiments à assurer la suprématie de sa volonté sur celle du cheval. LES RHCOMPKNSES Le cheval est sensible aux récompenses et en com­ prend la portée. Elles stimulent sa bonne volonté, l'encouragent, le rassurent lorsqu'il s'effraie d'une demande inconnue, entretiennent sa confiance et sa soumission. Par elles, le cavalier engage le cheval à réitérer une concession obtenue ; jointes à lavoix qui en augmente encore la portée, elles peuvent avoir les meilleurs effets ; mais il i mporte de ne les distribuer qu'avec à-propos. On voitsouvent des cavaliers caresser,
  • 37. — ó pour l'amadouer, un cheval en pleine insubordination. C'est une lourde faute. Si votre cheval s'irriteparce qu'il a peur ou si, par ignorance, il ne se laisse pas conduire par les aides à la concession que vous lui demandez et s'en énerve, caressez-le pour le calmer ou lefamiliariser avec l'objet de sa frayeur. Mais s'il sait ce que vous voulez et vous résiste sans raison, il serait d'une mauvaise politique de lecaresser; vousl'encourageriez à s'enfoncer davantage dans sa résistance età la recommencer ; vous le feriez aussi douter de votre fermeté, ce qui vous obligerait à recourir àdes corrections d'autant plus fortes et plus répétéees que vous les auriez fait attendre plus longtemps ; enfin, vos caresses, après avoirété données a tort, perdraient de leur portée. La caresse est un calmant et un moyen de persuasion et ne doit être employée qu'avec un cheval énervé ou après une con­ cession, mais jamais pendant un refus. Les caresses sont les récompenses qu'on peut donnei­ le plus souvent et le plus facilement, mais elles ne sont pas les plus efficaces. En prenant le cheval par la gour­ mandise, on peut en obtenir les résultats les plus mer­ veilleux. La satisfaction de cette passion lui procure le summum du contentement, et peut l'amener à vaincre son mauvais naturel pour se soumettre aux exigences les plus dures. Quelles que soient, d'ailleurs, les récompenses dont nous usons, soyons-en généreux.
  • 38. l e s c h a t i m e n t s Si le cheval mérite d'être récompensé quand il a bien fait, il doit aussi être châtié quand il est fautif; mais il est nécessaire de le corriger àtemps et avec justice. La correction doit suivre immédiatement la faute, l'accom­ pagner même si c'est possible, afin que le cheval y reconnaisse bien la cause de ladouleur qu'il éprouve. Ce n'est qu'à ce prix que la correction sera salutaire, autre­ ment elle ne serait plus comprise et le cheval laconsidé­ rerait comme une attaque injuste et sans raison. S'il importe de punir à temps, il n'est pasmoins néces­ saire de le faire avec justice. Quand le cheval pèche par ignorance, par peur ou par suite d'un défaut de sa conformation, ce ne sont pas des coups qu'il lui faut, ils amèneraient l'écœurement et la rétivité parce qu'il n'en saisirait pa s la cause. Mais si la faute est voulue, il faut affirmer v otre autorité. Il importe que vous soyez le maître, soyez-le à tout prix ; ne redoutez ni luttes, ni défenses; en vous montrant toujours le plus fort, vous ôterez au cheval l'i dée de s'insurger et il pren dra l'habi­ tude de se plier à vos exigences, parce qu'il reconnaîtra en vous une volonté et des moyens d'action contre lesquels il aurait mauvais je u de lutter. La correction doit être administrée en toute liberté d'esprit car, lorsqu'elle est donnée avec colère, elle l'est rarement avec mesure. Le cavalier doit conserver son calme afin de saisir le moment où le châtiment est suffi­ sant; il obtient alors une plus grande obéissance, tandis
  • 39. - 8 — qu'en dépassant cette limite on provoque la ra ncune du cheval et on ne lui laisse que le souvenir d'une injustice. Dès que la cor rection a produit son effet e t que le cheval a cédé, il importe de le récompenser afin de lui faire sentir qu'il a tout à perdre en s'insurgeant, tout à gagner en se soumettant. De plus, la récompense apaise l'irritation, ramène le calme et permet de continuer le travail dans de bonnes conditions. Les deux meilleurs instruments de correction sont l'éperon et la crav ache, employés ensemble ou séparé­ ment. Il faut que, sous leur action, le chevalbondisse en avant. Pour cela, il faut lui rendre en l'attaquant, quitte à le reprendre à temps. « Tirer dessus, taper dedans, » est une expression justement ironique et qualifiant bien le fait du cavalier qu i accule son cheval en lecorrigeant. Cette manière de faire provoque les défenses sur place; ce sont les plus mauvaises, les plus déplaçantes, et elles confinent à la rétivité. liest des circonstances où il està propos de mettre pied à terre pour donner la correction nécessaire. 11 en est ainsi, par exemple, avec les chevaux qui se renver­ sent ou lorsque le cavalier est encore insuffisamment expérimenté et solide pour donner, en restant à cheval, un châtiment reconnu indispensable.. A condition de l'infliger immédiatemeut après la faute, il e st préférable de le donner pied à terre que de rester à cheval et de ne pas le donner du tout. Il va sans dire qu'au fur et à mesure des progrès qu'il fait, le cavalier tend de plus en plus à acquérir assezde tenue pour être plus fort que son cheval tout en restant en selle.
  • 40. Je ne veux pas clore ces considérations sans attirer l'attention sur ce fait q ue les châtiments sont très rare­ ment nécessaires. La plupart des fautes du cheval sont dues à son ignorance et à son manque de préparation, ou à l'insuffisance des moyens d'action du cavalier. Dans un cas comme dans l'autre, la sévérité devient de l'injus­ tice et obtient de si fâcheux résultats qu'il vaut encore mieux ne pas châtier du tout que le faire mal.
  • 41.
  • 42. CHAPITRE II a p t i t u d e s p h y s i q u e s e t m é c a n i q u e s d u c h e v a l § I. DES ÉQUILIBRES Si intéressant et utile qu'il soit d'approfondir l'étude de cette question, si l'on veut se trouver à même de faire face à toutes les nécessités, je ne la traiterai que dans les proportions voulues pour rendre le cavalier qui débute capable de dominer les difficultés qui se pré­ sentent le plus habituellement. e q u i l i b r e d i r e c t J'appelle ainsi celui dans lequel le poids du cheval et du cavalier n'est porté ni à droite ni à g auche. Il résulte des expériences et des pesées qui ont été faites, que, lorsqu'un cheval monté est en station libre, c'est-à-dire arrêté et droit, le poids de la masse est réparti de manière à charger sensiblement plus l 'avant- main que l'arrière-main. D'autre part, le cheval est ainsi construit que les membres de devant ont surtout un rôle
  • 43. — J 2 de translation et que les membres de derrière ont surtout un rôle de propulsion. Cette double disposition, qui piacele centre de gravité près des épaules et l'éloigné de l'arriére-main, est émi­ nemment favorable à la progression. En effet, plus le centre de gravité est avancé, plus aussi l'effort des pos­ térieurs pendant la marche est dirigé d'arrière en avant ; en outre, cette disposition du centre de gravité le fait tendre à sortir constamment de la base de sustentation, de sorte que les forces de la pesanteur attirent la masse en avant en même temps que les postérieurs la poussent dans le même sens : les mouvements des membres se font en étendue. Inversement, si le centre de gravité recule et vient se mettre au-dessus des points d'appui des postérieurs, ceux-ci exercent leur effort de bas en haut ; les mouvements gagnent en hauteur. Dans le pre­ mier équilibre qui est sur lesépaules, les membres pos­ térieurs sont peu maître de la masse qu'ils ne peuvent que pousser et qui est d'ailleurs con stamment entraînée par son poids commeserait le corps d'un homme penché en avant. Dans le deuxième équilibre qui est sur les hanches, les postérieurs portent le poids et peuvent le mouvoir facilement da ns tous les sens :les mouvements perdent en étendue mais le cheval gagne en maniabilité. Ces considérations très simples doivent être com­ prises de quiconque veut diriger un cheval ; elles sont la base des procédés à employer pour tout ce que l'on a à demander. Nous en déduirons lesconclusions suivantes: 1° Lorsqu'un cheval désire marcher, il se met naturel­ lement dans la position la plus favorable à l'étendue de
  • 44. — l i ­ ses mouvements ; par conséquent il rapproche son poids de ses épaules et, pour y arriver, il étend l'encolure et la tête qui lui servent de balancier. 2° Par suite, pour obtenir la mise en marche et les accélérations d'allure, il faut que le cavalier laisse le cheval étendre et abaisser quelque peu la tête et l'enco­ lure ; il fa ut au cont raire les élever pour obtenir des al­ lures plus ralenties. 3° Un cheval ne peut être utilisé avec justesse et agré­ ment que s'il est toujours prêt à seporter en avant, par­ ce que ce n'est qu'à cette condition qu'il s e meut d'ac­ cord avec sa conformation, ce qui lui est nécessaire pour obéir avec aisance et rapidité aux volontés de son cavalier. On dit alors qu'il est dans l'impulsion. Sans im­ pulsion, nous ne pouvons pas avoir plus d'influence sur la direction que n'en peut avoir le gouvernail sur un ba­ teau arrêté. Du reste le cheval est destiné à transporter son cava­ lier d'u n point à un autre : il est donc en dehors de son rôle s'il n'est pas toujours et sans cesse prêt au mouve­ ment en avant. Ces différentes raisons nous obligent à toujours res­ pecter l'impulsion du cheval qui en est doué naturelle­ ment ou de la donner à celui qui en manque. Pratique­ ment, il faut d'abord que les jambes, dont c'est le rôle, soient maîtresses de donner ou de réveiller l'impulsion ; il faut aussi que les mains qui la reçoivent évitent de se mettre en contradiction avec les jambes qui la d onnent. Cela revient, comme nous le verrons plus loin, à ne ja­ mais tirer sur les rênes.
  • 45. 4° Le cavalier ne peut utiliser son cheval avec facilité et celui-ci ne peut se laisser diriger avec soumission que si les moyens employés respectent ces dispositions phy­ siques. é q u i l i b r e l a t é r a l Cet équilibre est celui dans lequel on met le cheval pour charger une épaule ou une hanche ou tout un côté plus que l'autre. Il s'utilise pour les changements de di­ rection, les déplacements parallèles, etc. 11 est évident que si, le cheval étant en mouvement, on le forceà por­ ter le poids de son avant-main de côté, Favant-main tout entier tend à se déplacer du même côté : on peut même dire que ce déplacement e st obligatoire si celui du cen­ tre de gravité est suffisamment ac centué : des conclu­ sions importantes en dérivent au point de vue pratique. Nous les verrons en temps opportun ; mais, dès main­ tenant, je ferai obs erver que, puisque le changement de direction est la conséquence du déplacement du poids de Favant-main, la meilleure manière de l'imposer est de faire agir les rênes après avoir plus ou moins porté les mains du c ôté vers lequel on veut aller et non de tirer d'avant en arrière sur la rêne de ce côté. § II. ACTION DES AIDES SUR L'ÉQUILIBRE En réalité, tout revient en équitation à commander l'équilibre. Cela est vrai en dressage et l'est aussi dans
  • 46. — iS - la pratique de l'équitation. Or, c'est par ses aides que le cavalier commande l'équilibre : les aides sont les jambes, les rênes et l'assiette. l e s j a m b e s Le rôle le plus important des jambes est, en agissant simultanément, de donner ou d'entretenir l'impulsion, cette tendance au mouvement en avant sans laquelle le cheval est inutilisable. Ce sont elles qui l e mettent en marche et commandent les accélérations d'allure; c'est par elles aussi, lorsqu'elles sont armées de l'éperon, que le cavalier impose le plus efficacement l'obéissance à sa volonté. On comprend, par suite, quelle importance il y a à surveiller et à perfectionner constamment leur em­ ploi ; car si le cavalier en mésuse, il les met hors de leurs attributions ou tout au moins, il diminue leur autorité et se trouve dans l'impossibilitéd'obtenir comme il convient l'impulsion dont elles sont les meilleures génératrices. A côté de ce rôle capital que jouent l es jambes en agissant également, elles ont souvent à en remplir un autre qui, pour être d'une importance comparativement moindre, est cependant fort utile, en se faisant sentir l'une plus que l'autre. Elles sont ainsi em ployées pour déplacer latéralement Farrière-main ou pour en amener 'e poids sur une hanche. Action égale des deux jambes. — Ainsi que nous venons de le voir, cette action a pour but et doit avoir pour effet chez le cheval dressé de commander le mouvement
  • 47. — 1 6 — d'arrière en avant ou son accélération. Pour obtenir ce résultat, l es jambes peuvent agir par simple pression des genoux ou par pression des genoux et des mollets. La pression des genoux ne suffit qu'avec des chevaux déli­ cats ; ils s ont loin d'être en majorité, aussi la pression des mollets a-t-elle presque toujours à sejoindre à celle des genoux. L'effet produit est d'autant plus fort que la pression est plus énergique et se fait plus en arrière des sangles. Habituellement la jambe agit suffisamment en se plaçant contre ou un peu en arrière de la sangle. Si elle n'est pas assez efficace, on peut la reculer un peu mais sans cependant arriver à la placer à 450. La perfection est d'en venir à ce que la jambe ne bouge qu'impercep­ tiblement et ne varie ses effets que par des nuances dans le degré de pression. Mais si on a un cheval qui ne répond pas suffisamment à ces demandes, il faut recule r un pe u la jambe en pliant le genou et en gardant le talon bas. L'inclinaison de la jambe à 450 est un grand maxi­ mum qu'il est inesthétique et inutile de dépasser voire même d'atteindre ; en sorte que si l'action de la jambe n'est pas efficace d ans ces conditions, il faut en venir à des procédés plus énergiques. Le premier à essayer consiste en des battements de mollets consécutifs, peu prononcés et répétés jusqu'à l'obtention du résultatcher­ ché. A ce moment, les jambes doivent cesser leur action pour ne la ré itérer que lorsque le besoin s'en fait sentir de nouveau. Si ce moyen ne suffit pa s, il n'y a plus qu'à en venir au choc de la jambe. Il s'exécute en écartant légèrement le mollet et en le ramenant contre le cheval avec une vio­
  • 48. lence proportionnée au résultat à obtenir. Ce mouve­ ment doit être fait sans élever ni écarter le genou, le bas de la jambe restant indépendant du r este du corps pour que ni l'assiette ni les mains ne soient dérangées. Cette manière d'actionner le cheval ne doit pas être répétée longtemps si son effet est insuffisant ou non durable. Comme tout mouvement violent, celui-ci doit être ex­ ceptionnel et plutôt que de le renouveler fréquemment, il vaut mieux recourir à une action brève eténergique des éperons. Je crois du reste devoir répéter, parce que cela est est essentiel, que lorsque les jambes agissent pour ex­ citer l'impulsion, les mains, non seulement ne doivent pas agir plus fort, ce qui n'est que trop naturel aux jeunes cavaliers, mais au contraire, faire une concession permettant au cheval d'obéir sans en trave à la demande des jambes. Enfin on doit se bien p énétrer que pour bien conser­ ver la sensibilité aux jambes, il est de toute nécessité d'éviter cette faute fréquente qui consiste à se servir des jambes même lorsque le chevalest suffisamment actionné ou à continuer leurs demandes même lorsqu'elles sont déjà obéies. Car alors l'impulsion e st augmentée d'une façon préjudiciable au résultat désiré ce qui nécessite que des actions de mains viennent s'opposer à cette aug­ mentation d'impulsion ordonnée à tort par les jambes. Il en résulte qu^après avoir été ainsi un certain nombre de fois contrecarrée aussitôt que commandée, cette augmen­ tation ne se produit plus malgré la sollicitation des jam­ bes, dont l'autorité se trouve par là bientôt amoindrie.
  • 49. — 1 8 — Action inégale des jambes. — Lorsqu'une jambe agit plus que l'autre les hanches se déplacent du côté oppo­ sé ; on ditalors que le cheval « range les hanches ». Cet effet est souvent utile p our empêcher le cheval de se traverser, ou pour le redresser, ou pour le faire changer de direction lorsqu'on manque d'espace etc., mais sa plus grande utilité e st de permettre au cavalier de tra­ vailler les pas de côté et les appuyers, mouvements aussi utiles à l'instruction de l'homme qu'à la souplesse morale et physique du cheval. L'action latérale de la jambe s'exerce selon les pres­ criptions que j'ai ex posées pour l'emploi égal des deux jambes, relativement à l'endroit où le contact doit se prendre età la manière d'en graduer l'intensité. Je reviendrai plus en détail sur ce sujet à propos des pas de côté et du travail sur deux pistes. d e l ' é p e r o n Le cavalier ne doit prendre d'éperons que lorsque son assiette est assez assurée pour qu'il soit certain de ne pas être amené par des déplacements involontaires à faire sentir l'éperon sans raison. Tant que la pression des mollets suffit pour commander l'impulsion et l'entre­ tenir au degré voulu, il est mauvais de recourir à l'épe­ ron. On ne doit s'en servir qu'au cas où les jambes res­ tent insuffisantes, par une action toujours brève mais plus ou moins forte et répétée, suivant la résist ance rencon­ trée.
  • 50. — 1 9 — Je viens de dire que l'action de l'éperon doit être brève et j'insiste sur ce point : si l'éperon reste au poil, 'a continuité de la douleur ou de la sensation peut pro­ voquer des résistances qui, ayant une raison toute phy­ siologique, échappent à la volonté de l'animal qui alors désobéit et se défend presque malgré lui. Aussi do it-on remplacer la continuité du contact par sa répétition pen­ dant un temps et avec une intensité proportionnée au besoin. Quant à l'éperon lui-même, il doit avoir une longueur variant avec celle des étriers et des jambes du cavalier, la forme du cheval, etc. Mais, pour un cavalier et un cheval donnés, cette longueur devra être telle que l'emploi de l'éperon soit facile san s risquer d'être in­ volontaire. Il faut aussi qu e les éperons soient bien fixes afin que le cavalier, toujours sûr de leur position, le soit aussi de leur action. Les molettes ne devront avoir qu e la sévérité exigée par l'insensibilité ou le mau­ vais vouloir du cheval. Elles peuvent même avantageu­ sement être supprimées avec les juments et les sujets particulièrement impressionnables. l e s r ê n e s Les rênes sont unintermédiaire entre la maindu cava­ lier et la bouche du cheval. Les barres, qui sont leur point d'application, sont d'une sensibilité extrême dans les débuts et ce que j'ai dit à propos de la nécessité de garder au cheval toute la sensibilité aux jambes pourrait
  • 51. 2 0 — se répéter ici, car si les jambes provoquent le mouve­ ment de la masse et la mobilisation du centre de gra­ vité, ce sont les rênes qui s'emparent de ce dernier pour établir l'équilibre général. Sensibilité aux jambes, sensi­ bilité aux rênes, telles sont les sources de toute finesse d'équitation. La manière d'établir le contact entre la bouche et le mors a une influence prépondérante aussi bien sur le dressage du cheval, que sur l'équitation du cavalier. C'est quelquefois à grand'peine, qu'on est arrivé à apprendre au cheval que les jambes doivent toujours avoir une action impulsive. Le bénéfice de ces soins peut être perdu et le cheval mis en dedans de la main et rendu rétif par un mauvais emploi des rênes. Pour éviter ce résultat désastreux il faut que les rê­ nes n'agissent que par l'effet de l'impulsion donnée par les jambes ; de la sorte, l'usage des rênes, loin de nuire à l'impulsion, e n devient une conséquence, en nécessite l'emploi, l'exerce et par conséquent la dé­ veloppe. Pour mettre ce principe en pratique, il faut non pas que le mors vienne sur le cheval, mais que celui-ci soit en­ voyé sur le mors. Voici comment on y arrive ; en faisant agir les jam­ bes, nous savons que nous provoquons chez le cheval dans l'impulsion un allongement de l'encolure pour entamer ou accélérer le mouvement en avant. Si à ce moment, on serre les doigts, l'extension de l'encolure
  • 52. fait prend re à la bouche un contact plus fort avec le mors, ce qui le fait agir. L'action des rênes se produit ainsi par l'effet de la soumission aux jambes en mettant à profit l'impulsion qu'elles donnent ; de sorte qu'au lieu de nuire à la fr an­ chise, on la met en œuvre et on l'augmente. Cette manière de procéder a encore l'avantage de ne pas provoquer les résistances à la main, comme cela arrive si l'on tire sur les rênes, parce qu'alors l'action du mors est en contradiction avec celle des jambes, au lieu d'en être la conséquence. Enfin, lorsque les rênes agissent, elles trouvent toutes les puissances du cheval déjà tendues et prêtes à dé­ placer sa masse à la moindre indication. Si au lieu d'être employées ainsi les rênes tirent sur la bouche, il en résulte des inconvénients multiples. En effet tout en tirant, elles agissent soit seules, soit concur­ remment avec les jambes. Dans le premier cas, elles trouvent le cheval inerte et sans impulsion ; elles sont aux prises avec le poids de la masse ; et le cheval, au lieu de se mouvoir lui- même, laisse déplacer son centre de gravité p ar leur effort. 11 est lourd à la main et d'un maniement difficile, ce dont il peut efficacement tirer parti po ur résister aux volontés de son cavalier. Si, au contraire, les jambes agissent en même temps que les rênes tirent sur la bouche, ces aides sont en contradiction, car l'encolure est ramenée en arrière au moment où elle devrait chercher à s'étendre sous l'action des jambes.
  • 53. 2 2 Pris entre ces deux actions inverses, le cheval est forcé de désobéir à l'une pour se soumettre à l'autre, à moins qu'il n'échappe aux deux en se révoltant et ne donne à des demandes aussi inconsidérées la r éponse qu'elles méritent. Les rênes ont des effets et portent des noms différents suivant la direction dans laquelle elles agissent. Rêne d'ouverture. — On appelle ainsi la rêne qu'on fait agir en l'écartant du cheval. La rêne droite, par exemple, est dite d'ouverture si la main d roite se porte à droite. On se sert ainsi des rênes pour agir avec une efficacité particulière sur la tête du cheval. Le besoin s'en fait sentir surtout dans le dressage des jeunes chevaux, mais aussi avec un cheval qui refuse de tourner en portant la tête du côté opposé à celui où on veut l e mener. Si la rêne d'ouverture réussit à faire tourner la tête, le changement de direction s'ensuit habituelle­ ment. Il est possible toutefois qu e la tête et même l'enco­ lure tournent sans que les épaules se rendent solidaires de ce mouvement, en sorte que le changement de direc­ tion n'a pas lieu. On l'assure alors par la rêne d'appui ou d'opposition dont il sera parlé plus loin. Rêne directe. — Elle agit parallèlement à l'axe du cheval sans action intermédiaire sur l'encolure entre le mors et la main. Les rênes sont très fréquemment employées de cette façon ; elles amènent alors un peu de poids du côté où
  • 54. elles agissent ; cela suffit pour qu'un cheval obéissant tourne aussi de ce côté. Rêne d'appui ou dopposition. — La réne droite, par exemple, s'appelle rêne droite d'opposition lorsque la main droite la fait agir de droite à gauche en se portant à gauche. Elle a des effets différents suivant le point vers lequel elle est dirigée. Tant que cette direction passe en avant ou sur l'épaule gauche, l'effet pr oduit est d'ame­ ner le poids de l'avant-main ver s cette épaule et de déterminer le tourner de ce côté tout en faisant refluer aussi un peu de poids sur la hanche gauche. Cet effet de rêne est d'une grande utilité pour assurer les change­ ments de direction dans la conduite à une main. Si la direction de la rêne droite d'opposition passe en arrière dugarrot, la réaction surla hanche gauche s'accen­ tue et si l'action de la rêne est assez forte, elle peut soit amener le déplacement des hanches vers la gauche en fixant l'épaule gauche : le cheval fait alors face à droite ; soit déplacer simultanément les épaules et les hanches vers la gauche et pousser le cheval tout entier de ce côté. L'effet des rênes d'appui est extrêment puissant et efficace pour empêcher le chevalde dérober de leur côté ou pour le contraindre à tourner du côté opposé. Dans ces deux cas leur action peut être déterminante.
  • 55. — 2 4 — p l i d e l ' e n c o l u r e On nomme ainsi une faible incurvation de la partie supérieure de l'encolure destinée à tourner légèrement la tête de côté. Le pli de l'encolure n'a guère d'utilité que lorsque le cheval se met sur une ligne différente de celle de son axe : changement de direction et appuyer. On ne peut pas dire que son emploi soit indispensable, même dans les cas où il est le plus indiqué; mais il f acilite le mou­ vement en permettant au cheval de reconnaître le terrain sur lequel il va se mouvoir. Le pli de l'encolure peut s'obtenir par une rêne, qu'elle soit d'ouverture, directe ou d'opposition, à con­ dition qu'elle marque sur la bouche une action un peu plus forte que l'autre jusqu'aumoment où lepli est obtenu. Celui-ci, du reste, n'influe par lui-même sur l'équilibre qu'avec des chevaux particulièrement délicats. a c c o r d d e s a i d e s Cet accord réside dans le secours mutuel que se prêtent les aides en agissant exactement dans le sens et avec l'intensité nécessaires. L'accord des aides est une des difficultés de Téquitation : ce n'est que par l'usage que le cavalier peut arriver à sentir comment ses aides doivent respectivement agir pour concourir à l'exécution du mouvement voulu. J'ai traité cette question dans un
  • 56. — 2 ^ autre ouvrage % av ec les développements qu'elle com­ porte pour quiconque veut s'occuper d'équitation rai- sonnée, et j'y reviendrai plus loin dans les proportions où cela est nécessaire à une equitation plus modeste, lorsque je parlerai du ramener et de la mise en main. Maintenant, je veux seulement mettre le cavalier en garde contre des fautes qu'il doit éviter dès ses débuts, s'il veut ne pas fausser définitivement, irrémédiablement, son cheval et le laisser en état d'obéir exactement aux aides lorsqu'elles agiront avec accord. Il faut : iu Ne jamais tirer sur les rênes ; j'en ai développé les raisons plus haut et j'ai expliqué la manière de faire- sentir la main ; 2° Ne se servir de l'action égale des jambes que lorsque l'impulsion a besoin d'être mise en jeu ou aug­ mentée soit pour obtenir la mise en marche, le change­ ment d'allure, l'augmentation de vitesse, soit pour parer à un ralentissement produit par l'action directrice des rênes ; 50 Ne pas permettre à l'encolure de s'incurver depuis les épaules, ni d'une manière prononcée, par l'action prépondérante d'une rêne : pour cela, il faut faire con­ courir l'autre rêne à l'obtention de l'effet cherché comme il sera dit à propos des changements de direction ; 4° Dans le même ordre d'idées, lorsqu'il y a lieu de se servir d'une jambe p lus que de l'autre, ne pas ou­ blier que celle-ci doit cependant surveiller l'action pro- I. Dressage et Emploi du Cheval de Selle) 2° Édit., p. 74. 3*
  • 57. duite par la première et être prête à apporter son appoint à l'entretien de l'impulsion, de l'allure et de la vitesse si le besoin s'en fait sentir. l e s e m b o u c h u r e s i° Le Filet. Le filet ordinaire est une embouchure composée essen­ tiellement de deux pièces métalliques légèrement incur­ vées et coniques dites « canons » et recourbées à leur extrémité la plus mince en forme d'anneau d'un très petit diamètre. L'anneau de chaque canon est passé dans celui d e l'autre de manière à réunir ces deux pièces tout en les laissant mobiles l'une sur l'autre. L'extrémitéla plus grosse de chaque canon est percée d'un trou dans lequel tourne sans résistance un anneau métallique dont la dimension est variable, mais qui doit être assez grand pour qu'on puisse y fixer le montant de filet et les rênes. Pour empêcher cet anneau d'entrer dans la bouche du cheval, on a eu recours à différentes disposi tions dont les principales sont les suivantes : Grande dimension du diamètre ; Tige métallique tangente à l'anneau, faisant corps avec lui, le dépassant des deux côtés et destinée à se mettre en travers contre les lèvres du cheval, si l'anneau tend à entrer dans la bouche ; • Tige semblable à la précédente, mais ne dépassant l'anneau que d'un côté et portant à son extrémité un œil
  • 58. destiné à servir de point d'attache au montant de filet. Cette embouchure porte le nom de « filet Gaucher ». Avec les chevaux de bouche très sensible, on peut employer des filets à gros canons ou recouverts de cuir ou de caoutchouc. Le filet est une embouchure très douce agissant en grande partie sur les lèvres et peu sur les barres. C'est avec un filet qu'un cavalier doit commencer à monter à cheval, parce que la douceur de cette embouchure rend les fautes de main moins préjudiciables à la bouche du cheval. Lorsque la tenue des rênes est devenue fami­ lière et n'est plus un embarras, on peut emboucher le cheval avec un double filet, embouchure qui ne saurait être dangereuse et qui donne au cavalier plus d'action sur son cheval. Les doubles filets les plus commodes sont ceux qu'on compose d'un filet à branches et d'un filet Baucher. Le double filet se prète à des combinaisons par les­ quelles on peut s'opposer utilement à un cheval qui ti re ou qui pèse à la main. Les plus efficaces consistent à agir soit par effets alt ernés qui font sentir chaque filet isolément l'un après Lautre ; soit par effets croisés qui s'obtiennent par Taction d'un filet d'un c ôté, et de l'autre filet de l'autre côté. 2° Le mors de bride. Le mors de bride ordinaire se compose de deux tiges portant le nom de branches et terminées à une de leurs extrémités par un œil auquel se fixe le montant de bride
  • 59. 2 8 — et à l'autre extrémité par un anneau mobile auquel s'attache la rêne de bride. Ces deux branches sont réunies par l'embouchure proprement dite, pièce métal­ lique dont la longueur varie suivant la largeur de la bouche du cheval auquel le mors est destiné. Chaque extrémité de cette pièce métallique est nommée canon et porte sur les barres. Les canons sont cylin­ driques et peuvent soit se continuer l'un l'autre, soit être séparés par un coude arrondi qu'on nomme « liberté de langue », dans lequel l'épaisseur de la langue peut se loger, ce qui permet au canon d'appuyer plus fortement sur les barres. On conçoit d'après cela que plus la liberté de langue est grande, plus le mors est dur. Les mors les plus doux sont ceux qui n'ont pas de liberté de langue ; on les nomme « mors droits ». Outre la partie principale que je viens de décrire, le mors comprend encore la gourmette, sorte de chaînette qui s'attache à la partie supérieure des branches par des crochets fixés à cet effet à chaque œil. Le mors complet agit dans la bouche de la manière suivante : l'action des rênes amène en arrière la partie inférieure des branches, tandis que l'extrémité supé­ rieure tend à se porter en avant ; mais l a gourmette, s'appuyant alors sur le passage de gourmette, l'effort se transmet par un mouvement de levier sur les barres. En raison de la conformation des mors, leur dureté augmente : . i0 Avec le rapport des longueurs des parties infé­ rieure et supérieure des branches : ' 2° A vec la tension de la gourmette ;
  • 60. — 2 9 — 3° Avec la liberté de langue ; 4° En raison inverse de la grosseur des canons. On a imaginé un e infinité d'autres mors, parmi les­ quels on peut signaler le mors à pompe comme donnant de bons résultats dans certains cas. Il est construit d e telle sorte que les canons glissent sur les branches avec environ un centimètre de jeu : il trouve son utilité avec les chevaux qui ont la mâchoire peu mobile. On peut tenir pour certain que plus un mors est com­ pliqué, plus il est mauvais. J'engage par suite les cava­ liers à laisser aux étalages des éperonniers les outils plus ou moins baroques qu'on leur présente comme doués des propriétés les plus merveilleuses. Le mors de bride est sensiblement plus énergique que le filet et demande pat; conséquent à être utilisé avec plus de précautions. Aussi l'élève ne doit-il s'exercer à l'employer que lorsqu'il est déjà assez maître de ses mains pour pouvoir le manier avec délicatesse. c h o i x d ' u n e e m b o u c h u r e Tant que le cavalier n'est pas sûr de la fixité de son assiette, il est sujet àdonner des à-coups sur la bouche ; par conséquent il n' y a pas à hésiter sur l'embouchure qu'il lui faut employe r : le filet simple ou double peut seul lui convenir. Même lorsque la solidité e st suffisante, il ne faut pas se presser de prendre un mors plus sévère. Le mors le plus doux qu'on puisse employer pour se faire obéir est
  • 61. assurément le meilleur, car c'est celui qui, d'une part, prend le moins sur l'impulsion e t qui, d'autre part, risque le moins de provoquer chez le cheval de la mauvaise humeur ou des défenses en lui imprimant une sujétion intempestive. Aussi, tant qu'on est sûr de pouvoir dominer un che­ val en toutes circonstances avec le filet ou le double filet, le mieux est de se contenter de cette embouchure. Si elle devient insuffisante , on peut essayer d'un mors sans gourmette : on agit alors directement sur les barres, action plus sévère que celle du filet ; mais l'absence de gourmette empêche l'effet de levier d'être aussi puissant et la bouche n'est impressionnée que par une force sen­ siblement égale à celle de la main. Dans les cas où il fau drait r ecourir à des mors plus sévères, on tiendrait compte de la progression que j'ai indiquée plus haut. il faut d'ailleurs, avant de prendre une embouchure plus dure, se rappeler que si le cheval tire, cela peut tenir à ce qu'il est déjà embouché trop sévèrement et lutte contre la douleur qu'il en éprouve. Un mors plus énergique ne ferait naturellement qu'aggraver sa résis­ tance. Si le cheval est lourd à la main, cela peut provenir de ce que le cavalier n'est pas assez énergique dans ses jambes, ou de ce qu'il tire sur ses rênes. Une embou­ chure plus sévère ne changerait rien ; le cavalier doit changer, non son embouchure, mais sa manière de faire. La lourdeur à la main peut aussi provenir de la position naturellement basse de l'encolure et de la tête ; l'emploi
  • 62. du filet, dont l'effet est précisément de relever la tête, est alors tout indiqué. T E N U E D E S R Ê N E S Lorsque l'on n'a qu'une embouchure, la manière de tenir les rênes a peu d'importance. Toutefois le mieux, lorsqu'on les sépare, est de les tenir à pleine mainen les faisant entrer du côté du petit doig t et sortir sous le pouce. Si on les tient dans une seule main, on intercale entre elles un ou deux doigts. Quand on utilise deux embouchures, il fa ut adopter une tenue de rênes pratique. Voici celle qui me paraît la plus commode ; elle est réglementaire maintenant dans la cavalerie française ; les rênes sont tenues dans la main gauc he, la rêne gauche de filet sous le petit doigt, la r êne gauche de bride entre le petitdoigt et l'annulaire, la rêne droite de bride entre l'annulaire et le médius, la rêne droite de filet entre le médius et l'index. Toutes les extrémités des rênes sortent entre l'index et le pouce qui s'appuie sur elles et les empêche de glisser. Si l'on travaille à gauche, on peut avoiravantage à tenir les rênes dans la main droite . La r êne gauche de filet est alors entre le pouce et l'index, la rêne gauche de bride entre l'index et le médius, la rène droite de bride entre le médius et l'annulaire,la rêne droite de filet entre l'annulaire et le petit doigt. Les extrémités des rênes sortent du côté du petit doigt qui peut les enserrer toutes.
  • 63. — 32 — Cette tenue des rênes permet de faire agir les quatre rênes, ensemble ou séparément, en ne serrant les doigts que sur celles qu'ont veut utiliser. Les rênes de filet, qui sont les plus utiles pour la direction, sont placées de telle sorte que, le mors de bride ayant produit la décon­ traction, un simple jeu d e poignet permet de maintenirle contact entre le filet et la bouche. La main qui n'est pas main de bride peut saisir n'im­ porte quelle rêne sans crainte de se tromper, ce qui est moins facile lorsque les rênes sont alternées, pour ne pas dire enchevêtrées, comme cela a lieu dans plusieurs sys­ tèmes. Enfin, rien n 'est plus simple que de séparer les rênes, soit pour en tenir deux dans chaque main quand on a besoin d'encadrer fortement le cheval, soit pour en tenir une dans une main et trois dans l'autre ce quiest souvent utile. l e s é t r 1 e r s Je ne les décrirai point, ils se valenttous. Leursdimen­ sions doivent être telles que les pieds puissent en sortir facilement en cas de chute. Ils sont bien ajustés lorsque, le genou étant bien descendu et la jambe to mbant natu­ rellement, la semelle de l'étrier arrive à la partie supé­ rieure du talon de la botte. On ne saurait trop recommander au jeune cavalier qui travaille seul ou aux instructeurs qui dirigent des débu­ tants de ne se servir que très modérément des étriers pendant plusieurs mois. Ils ne sont utiles au commence­
  • 64. ment de l'instruction que pour rassurer les cavaliers pris d'appréhension : encore les étriers, même dans ce cas, doivent-ils ê tre fréquemment retirés à l'arrêt et aupas et être supprimés complètement quand leur rôle moral n'est plus utile. Ce n'est pas sans raison qu'à l'Ecole de Saumur, pour les reprises de carrière et de manège, les étriers ne sont donnés aux élèves qu'après de longs mois. Le moment de les prendre est celui où les jambes ont acquis définitivement une bonne position et même alors il est bon de les retirer de temps en temps. Pour prendre les étriers après qu'ils o nt été ajustés, on engage le pied de manière à ce que le bordantérieur de l'étrivière soit tourné en dehors. Si la jambe tombe naturellement, si la cheville est liante e t enfin si l'étrier est ajusté d'après la règle énoncée plushaut, la pointe du pied est un peu plus haute que le talon. Il est certaines conditions, telles que le galop vite, les sauts d'obstacle, etc., où il est utile et commode de chausser les étriers.
  • 65.
  • 66. TITRE II CHAPITRE I L A P O S I T I O N La solidité du cavalier et la possibilité pour lui de se servir aisé ment de ses aides exigent impérieusement que sa position à cheval possède certaines qualités et l'esthé­ tique veut que cette position ne soit ni ridicule, ni co n­ trainte, mais paraisse, au contraire, élégante et aisée. Il y a là plus de raisons qu'il n'en faut pour que le cavalier cherche à donner à sa position par un travail et un e at­ tention soutenus, les qualités nécessaires. Partie supérieure du corps. — La tête doit être haute et droite sur des épaules tombant d'elles-mêmes. Les bras descendent naturellement le long du corps. Les avant-bras ont une direction telle que les coudes sont un peu au-dessus despoignets. Ceux-ci doivent se tenir dans leur position naturelle, sans se contourner, de manière à ce que le dessus de la main soit tourné en dehors la ligne des ongles étant verticale.
  • 67. — ^ 6 — Le rein sera convexe et sans raideur pour permettre la souplesse indispensable à Vamortissement des réac­ tions des allures et des mouvements violents. Cette sou­ plesse est matériellement impossible sile rein se creuse ; de plus, s'il est convexe, les fesses sont d'elles-mêmes chassées sous lecavalier, ce quilui est indispensable pour trouver le fond de sa selle etavoir du liant et de la cohé­ sion avec son cheval ; s'il est placé autrement, on dit qu'il n' est pas « assis ». Toute la partie supérieure du corps doit être sensible- blement verticale au pas et au galop ; elle peut être légè­ rement inclinée en avant pou r le trot enlevé. Les qualités que je viens d'énumérer appartiennent tout naturellement, sans aucune préparation et au degré où elles sont utiles, à tous les cavaliers, sans qu'ils aient besoin de les acquérir, et la position qui en résulte se prend d'elle-même si on ne la dérange pas par des con­ tractions momentanées. Or, ces contractions sont dues à l'appréhension ; s'il ne craignait pas de tomber, le cavalier garderait la position que je viens d'indiquer : elle n'est autre, en effet, que celle qu'il prend de lui-même lorsqu'il est assis sur un tabouret ou un banc. Puisque donc cette position est naturelle, il n'y a pas à assouplir le cavalier pour lalui faire prendre, il suffit de faire dispa­ raître l'appréhension qui l'enfait sortir. Ces effets de l'appréhension n'ont rien qui doive nous étonner : ne les retrouvons-nous pas toutes les fois que nous commençons à nous livrer à un exercice physique dans lequell'équilibre estinstable ;patinage, bicyclette... etc ? Au début, on se contracte et on tombe : puis
  • 68. l'habitude aidant, les contractions disparaissent et la position devient aisée. On n'a pas eu pourcela à recourir à des assouplissements spéciaux ; il a suffit quel'habitude enlève l'appréhension. Il en est de même en équitation ; point n'est besoin d'assouplir la partie supérieure du corps, et je ne parle que de celle-ci en ce moment, pour qu'elle prenne la meilleure position ; elle la prend d'elle-même si la crainte de tomber n'y met pas obstacle. Il n'est donc pas néces­ saire d'assouplir ces régions ; il n'y a qu^à rassurer le cavalier. C'est beaucoup moinslong etbien plus efficace. Un des premiers soucis de l'instructeur doit donc être de s'ingénier à chasser toute crainte chez son élève. Il y peut parvenir en ne lui faisant monter au début que des chevaux faciles et d'allures douces qu'il peut même tenir à la longe. On peut aussi empêcher le cavalier de se trop préoccuper de sa stabilitéen le iorçant à converser et à s'occuper d'autre chose, etc. Les cuisses. — Ce que j'ai dit de la partie supérieure du corps qui se place naturellement dans une bonne position si le cavalier ne se contracte pas, n'est plus vrai pour les cuisses, car leur conformation ne leur permet pas de prendre d'elles-mêmes, une fois é cartées par le cheval, la position qu 'elles doivent avoir. Leur fixité, en effet n'est posssible qu'autant que leur partieosseuse se rapproche de la selle, sans quoi le fémur roule sur] la masse musculaire qui se trouve entre lui et laselle et qui, de plus, fait remonter ,1e genou : on dit alors que le cavalier est raccroché'. Dans cette position, la cuisse et
  • 69. • - 3 8 - la jambe n'ont pas d'enveloppe, ne peuventpas, si jepuis ainsi dir e, « ceinturon ner » le cheval, ce qui est cepen­ dant nécessaire pour résister aux réactions violentes. Enfin l'articulation de la hanche est telle que si le cavalier à cheval laisse ses cuisses se placer naturelle­ ment, le genou s'éloigne de la selle et la jambe n'adhère plus au cheval que par le haut de la cuisse et la partie postérieure du mollet. De là deux inconvénients : premièrement, la mobilité de la surface adhérente empê­ che toute solidité ; deuxièmement, le mollet étant au contact du cheval par sa partie postérieure, l'éperon y vient forcément aussi à la moindre réaction un peu vio­ lente. Tous ces maux ont leur remède dans un exercice d'as­ souplissement appelé <( rotation de la cuisse » qui tout à la fois rap proche le fémur de la selle, permet la pression du genou, le descend et enfin le tourne en dedans, De là, fixité du fémur et du genou et éloignementde l'éperon dans des proportions normales. Pour exécuter la rotation de la cuisse, ilfaut écarter la cuisse de la selle, reculer legenou et letourner endedans ainsi que la pointe du pied, étendre la jambe et enfin ramener le genou un peu en avant en appuyant forte­ ment la cuisse sur la selle de manière à chasser en arrière les muscles qui se trouvent à l'intérieur. Le genou étant en place, laisser tomber naturellement le bas de lajambe et les pieds et relâcher le rein si l'on a été amené à le creuser en reculant le genou. La rotation de la cuisse étant ainsi exécutée, le cavalier doit s'efforcer de main­ tenir la cuisse le pluslongtemps possible dansla position
  • 70. — 39 — qu'il lui a donnée et de conserver le rein lâche. Le mou­ vement s'exécute d'abord à l'arrêt, puis au pas, alterna­ tivement d es deux jambes, après avoir quitté les étriers si l'on en a. Cet assouplissement est excellent, mais son rôle étant de changer unpeu la conformationdu cavalier,il demande à être recommencé souvent et pendant longtemps. Il ne devient inutile que lorsqne l'articulation de la hanche étant suffisamment rompue et les muscles intérieursétant suffisamment rejetés en arrière, la cuisse prend d'elle- même une bonne position. Les jambes. — On peut répéter pour les jambes etles pieds ce qui a été ditpour la partie supérieure du corps : lorsque la cuisse est dans une bonne position, il n'y a rien à faire pour en assurer aussi une aux jambes : il n'y a qu'à les laisser tomber naturellement par leur propre poids, ainsi que les pieds, en relâchant complètement le genou et la cheville. La position des cuisses et des jambes est notablement et rapidement améliorée si, concurrement avec de fréquentes rotations des cuisses, le cavalier s'astreint à quitter souvent les étriers au trot et au galop lents. Le poids tend à faire de scendre naturellement les genoux. Cet exercice est si excellent qu'il est avantageusement exécuté même par les cavaliers déjà formés,pour entre­ tenir la bonne position de leurs jambes e t pour se couler dans leur selle.
  • 71.
  • 72. CHAPITRE II e t u d e é l é m e n t a i r e d u m a n i e m e n t d u c h e v a l Dans le titre I, nousavons examinéles facultésmorales du cheval et la manière d'en tirer parti ; nous avons vu ensuite quelles sont ses aptitudes physiques pour dé­ placer son poids soit d'avant en arrière et d'arrière en avant, soir de côté. Enfin nous avons étudié d'une manière générale comment nos rênes et nos jambes doivent se faire sentir pour commander ces équilibres. Connaissant ainsi la manière de préparer le cheval à acquiescer à notre volonté, sachant quels intermédiaires nous avons pour la lui transmettre et connaissant leurs effets nous devons maintenant entrer daas les particu­ larités de la conduite etvoir comment cesintermédiaires, c'est-à-dire nos aides, doivent s'y prendre pour manier le cheval. Il est utile que dès le début, le cavalier varie fréquem­ ment les allures pour travailler et assurer sa position à chacune d'elles. Il doit s'attacher à profiter du pas pour faire de nombreuses rotations de cuisses, du trot assis pour que le poids de ses jambes fasse descendre les genoux et mobilise les articulations du rein ; du galop
  • 73. — 4 2 — dans le même but et plus particulièrement dans celui de profiter des oscillations de cette allure pour couler les fesses dans la selle. Ce souci dela position doit, de la part du cavalier et de son instructeur, primer longtemps tous les autres. Ce n'est que lorsque la position se rapproche réellement de ce qu'elle doit être qu'on peut commencer à s'occuper de la direction du cheval par les moyens que nous allons examiner. Les mouvements qui vont être étudiés ne trouvent pas tous leur emploi immédiat dans l'équitation usuelle. Ils n'en sont pas moins nécessaires : comme les gammes indispensables à l'éducation du pianiste, ils son t utiles pour donner aux aides la justesse et Fà-propos sans les­ quels il n'y a pas de bonne équitation. m é c a n i s m e d e s a l l u r e s Le pas. Le pas est une allure marchée, c'est-à-dire que les quatre membres ne sont jamais ensemble au-dessus du sol. Les membres antérieurs ont exactement le même mouvement l'un que Lautre, de même les postérieurs. Le mouvement des antérieurs est accompagné d'un balancement vertical de l'encolure qui aidela progression du cheval comme le mouvement alternatif de nos bras nous aide à marcher. Lorsqu'il y a lieu de ménager le cheval et de lui éviter tou te fatigue inutile, comme par exemple pendant une longue route, il faut lu i laisser les
  • 74. — 43 — rênes assez longues pour permettre ce balancement de l'encolure. Le trot. Le trot est une allure diagonale et sautée ; les membres restent toujours associés, au soutien et à l'appui, l'anté­ rieur droit avec le postérieur gauche et l'antérieur gauche avec le postérieur droit. L'allure est sautée parce que chaque diagonal quitte terre avant que l'autre s'y mette : il y a donc un instant très court appelé temps de sus­ pension, ou les quatre pieds sont au-dessus du sol. L'appui pris par chaque diagonal porte le nom de « temps ». La réunion dedeux temps comporte le même geste successivement de la part des deux diagonaux et constitue une « foulée de trot >>. P our cette raison on dit que le trop est une allure à deux temps. Trot asssis et trot enlevé. — Si le cavalier se laisse retomber sur sa selle à tous les temps, on dit qu'il trotte « assis » ou « à la française ». S'il évite une réaction sur deux, on dit qu'il tro tte « à l'anglaise » ou au « trot enlevé ». Le trot assis doit être le plus habituellement employé, même avec les étriers, tant que le cavalier n'en est qu'à étudier l'emploi des aides par des mouvements de manège. La position doit être telle que jel'aiexpliquée ; au besoin on penche légèrement le haut du corps en arrière pour faciliter la so uplesse du rein. Au trot assis, le cavalier doit laisser tomber ses cuisses et ses jambes afin d'en trer dans sa selle et dedescendre
  • 75. — 44 — les genoux. Le trot assis doit être habituellement lent; il est éminemment favorable àTétude des mouvements qui s'exécutent au trot, car le cavalier peut se lier à son cheval et sentir ce quise passe sous lui ; mais il comporte une difficulté qui doit être l'objet d'une attention assidue de la partde l'instructeuret de l'élèveet qui est de garder les mains fixes malgré les réactions du cheval. Il est bon aussi, pour assurer l'assiette, de trotter assis de temps en temps en prenant une allure vive. Le trot enlevé s'exécute en ne retombant en selle qu'un temps sur deux. Pour le prendre, il faut pe ncher légèrement le corps en avant; on peut s'y aider dans les débuts en tenant une poignée de crins. Le trot à l'an­ glaise est employé à l'extérieur et quand on trotte vite ; dans ces circonstances, il est beaucoup moins secouant et fatigant que le trot assis. Il comporte l'usage des étriers, mais ceux-ci ne doivent pas servir au cavalier comme point d'appui pour s'enlever : les mouvements alternatifs d'élévation et d'abaissement du corps doivent lui être imprimés par les réactions de l'allure et non par des efforts faits sur lesétriers. Quand le cavalier s'enlève en s'appuyant exagérément sur les étriers, il conserve difficilement la souplesse du rein, il a l'air de trotter avant son cheval c e qui est fort disgracieux. Le galop. Le galop est une allure dissymétrique, à trois temps et sautée. Il est une allure dissymétrique parce que les antérieurs ne fontpas le même geste l'un que l'autre, les
  • 76. — 4 5 — postérieurs non plus. Cela donne lieu à deux combi­ naisons différentes qui portent l e nom de galop à droite et de galop à gauche. Le moment où se prennent les appuis porte le nom de « temps » ; il y en a trois. Dans le galop à droite, les appuis s'exécutent dans cet ordre : i0 postérieur gauche ; 2° diagonal gauche; 5° antérieur droit; La succession de ces trois appuis ou temps constitue ce qu'on appelle une « foulée » ou « battue ». Le dia­ gonal gauche se met à l'appui pendant que le postérieur gauche y est encore ; puis le postérieur gauche se lève et c'est au tour de l'antérieur droit de se mettre à l'appui, ce qu'il fait pendant que le diagonal gauche est encore à terre. Enfin celui-ci se lève, puisl'antérieur droit quitte terre aussi. A ce moment qu'on appelle « temps de sus­ pension ), et qui est cause de ce que le galop est une allure sautée, les quatre pieds sont en l'air. Le postérieur gauche se remet alors à terre, puis le diagonal gauche, puis l'antérieur droit; les temps se renouvellent ainsi, constituant des foulées successives séparées les unes des autres par un temps de suspension. Au lieu de s'exécuter à droite, le galop peut s'exécuter à gauche, et alors les membres droits se comportent comme le faisaient tout à l'heure les membres gauches dans le galop à droite; de même les membres gauches font le geste qu'exécutaient les membres droits; en sorte que les trois appuis d'une foulée de galop à gauche se décomposent ainsi :
  • 77. 4 6 V po stérieur droit; 2° diagonal droit; 3° antérieur gauche ; temps de suspension. Comme on le voit, le galop est désigné par le côté de l'antérieur qui se met le dernier à l'appui. s a u t e r e t m o n t e r a c h e v a l Pour sauter à cheval sans se servir de l'étrier, on se place face à l'épaule gauche du cheval. On ajuste les rênes dans la main droite qui saisit en même temps le pommeau. La main gauche prend une poignée de crins en en faisant sortir l'extrémité du côté du petit doigt et à l'endroit de l'encolure qui paraît le plus commode eu égard aux tailles respectives de l'homme et du cheval. Puis le cavalier plie les jarrets et les détend en restant sensiblement vertical et en s'aidant des poignets de manière à s'élever sur les bras tendus. Passer alors la jambe droite par-dessus la croupe et se mettre légè­ rement en selle. [1 y a plusieurs manières de monterà cheval en se servant de l'étrier. Une des plus commodes et quipermet d'éviter des coups de pieds de derrière est la suivante : se placer vis-à-vis de l'épaule gauche du cheval ; ajuster les rênes dans la main gauche qui saisit en même temps une poignée de crins ; engager le pied gauche dans l'étrier en s'aidantau besoin de la main droite. Faire face à la selle en baissant la pointe du pied et saisir le pom-
  • 78. — 47 — meau de la main droite ; s'élever sur i'étrier en évitant de toucher le chevalavec la pointe du pied ; passer la jambe par-dessus la croupe, se mettre légèrement en selle et enfin enga ger le pied droit dans I'étrier droit. s a u t e r a t e r r e e t m e t t r e p i e d a t e r r e Si l'on a des étriers, saisir une poignée de crins avec la main gauche et le pommeau avecla main droite, passer la jambe droite par dessus la croupe et enfin mettre le pied droit à terre en faisant l'ace un peu en arrière et à hauteur de l'épaule. Sil'on n'apas d'étriers, oncommence le mouvement comme tout à l'heure, mais après avoir passé la jambe droite, on saute à terre. l e c o n t a c t d e l a b o u c h e Ajuster les rênes. Le cavalier doit toujours avoir ses rênes assez tendues pour garder le contact de la bouche; cette règle est absolue, on ne peut la transgresser que dans lesmoments d'abandon complet. C'est la tension des rênes, si légère soit-elle, qui donneati cavallerie sentiment delà bouche, c'est-à-dire de la partie du cheval qui est la meilleure indicatrice de ses impressions. C'est aussi grâce aux rapports continuels et immédiats entre les doigts et la bouche, que le cavalier peut agir sur cette dernière ins­ tantanément et sans à-coups. De plus la communication
  • 79. 48 incessante de la main du cavalier et de la bouche du cheval entretient la dépendance de ce dernier en lui faisant constamment sentir l'instrument de domination auquel le dressage l'a habitué à se soumettre. Enfin et surtout, si la main n'est pas là toujours pour régler les allures et laisse l'animal les modérer à son gré, c'est la ruine d e son impulsion, d e cette tendance dont nous avons vu la nécessité primordiale. Ce n'est que lorsque la bouche fait une concession, comme je le dirai en parlant des flexions, que son contact avec le mors peut se perdre ; mais alors c'est d'une manière absolument brève et momentanée. La nécessité de la continuité du contact n'entraîne pas celle de tenir toujours le cheval sur des rênes courtes. Mais si ba s qu'on laisse descendre l'encolure, si loin qu'on laisse aller la bouche, les rênes ne doivent pas devenir flottantes. Si cela supporte une exception, ce ne peut être, comme je le disais plus haut, que par suite d'une concession instantanée de la bouche ou que dans le repos complet et au pas, allure à laquelle on peut généralement laisser prendre sa vitesse maxima. Pour prendre le contact de la bouche, il faut , suivant le terme habituel, « ajuster les rênes. » Cela consiste à donner aux rênes une longueur telle que le cavalier sent légèrement la bouche du cheval. Du reste, tout en pré­ sentant cette qualité, la longueur des rênes varie suivant les besoins du travail qu'on exécute.
  • 80. é t a n t a r r ê t é , p r e n d r e l e p a s o u l e t r o t Si Ton veut prendre le pas en partant de l'arrêt, on doit faire sentir progressivement les jambes jusqu'à ce que la mise en marchese produise et céder des doigts pour laisser l'encolure s'étendre. Il faut mettre le cheval en mouvement exactement dans la direction de son axe, sans précipitation co mme sans hésitation. Le cavalier obtient la mise en marche dans la direc­ tion de l'axe en faisant agir les aides avec une symétrie complète. Il faut d'ailleurs, entre les jambes et les rênes, une concordance telle que le déplacement du c entre de gra­ vité et le mouvement provoqués par les jambes, soient réglés parles mains et maintenus par elles dans les pro­ portions voulues pour donner le pas, le trot ou le galop, suivant le désir du cavalier. Pour éviter que le départ soit brusque, il faut régler l'énergie des jambes sur le degré de sensibilité du che­ val. On empêchera la mise en marche d'être hésitante, en donnant progressivement, mais rapidement, aux jam­ bes l'intensitéd'action qu'elles doiventavoir et en cédant des doigts au moment précis ou l'encolure cherche à s'étendre. Si le cheval déplace latéralement les hanches bien que les jambes aient une action égale, on le redresse en fai­ sant sentir davantagela jambe du côté où les hanchessont venues. Si la même fautese renouvelle,si le cheval hésite à partir, on aura recours à des actions de jambes de
  • 81. — ;o — plus en plus énergiques et répétées, jusqu'à ce qu'il se décide sans tergiverser. Pour prendre le trot en partant de l'arrêt, le procédé est exactement le même. On doit apporter le plus grand soin à la manière dont on met habituellement le cheval en mouvement, car si l'on se sert des jambes avec plus d'énergie que de rai­ son, qu'arrive-t-il ? Le cheval se met brusquement en marche, au lieu de couler dans son mouvement, ou même il se met au trot. On sera obligé de s'op­ poser par les rênes à reffet produit par l'action trop énergique des jambes. Il ne faudra pas longtemps, dans ces conditions, pour que, sa paresse aidant, le cheval ne réponde plus à une forte action des jambes que dans les limites restreintes qu'on lui assigne et on aura atro­ phié chez lui, de gaîté de cœur, la faculté pr écieuse de répondre aux demandes les plus légères. Il deviendra, suivant l'expression consacrée, « froid aux jambes ». p r e n d r e l e g a l o p p a r a l l o n g e m e n t d u t r o t Comme il e st fort utile pour le cavalier de galoper dés les premières leçons, il lui faut pouvoir mettre son cheval au g alop sans que l'accord des aides ait besoin d'intervenir. Pour cela, il n'y a qu'à prendre le trot et à pousser cette allure jusqu'à ce que le cheval la quitte pour passer au galop. Cela s'obtient en desserrant les doigts et en répétant les actions de jambes jusqu'à ce que le galop s'ensuive.
  • 82. Ainsi que le recommande pour les cavaliers militaires le règlement sur les exercices et les manœuvres de la cavalerie, on peut se mettre préalablement sur un cer­ cle de six ou sept mètres de rayon qu'on décrit d'abord au trot et en allongeant cette allure jusqu'à ce que le cheval s'échappe au galop. Lorsqu'il est calme et quand le cavalier se sent en confiance, il quitte le cercle et rejoint la pi ste à la même main. En arrivant dans les coins, il doit s e pencher légèrement vers l'intérieur du manège pour résister à la force centrifuge, comme le fait du reste le cheval lui-même. Pendant qu'il est au galop, le cavalier veille à s'assou­ plir, à se laisser aller de plus en plus du corps, des cuisses et des jambes. L'instructeur le conduit à s'aban­ donner ainsi en conversant avec lui et en détournant son attention de toute préoccupation de stabilité : c'est alors que celle-ci se confirme par suite de Tabsence de contractions. Le cavalier augmente son aisance en se retournant sur sa selle, en caressant son cheval sur l'en­ colure, la croupe et les flancs, etc. Il est nécessaire que le cheval reste à une alluremodé­ rée. La position sur le cercle contribue à éviter l'excès de vitesse qui pourrait se produire au départ par suite des sollicitations d es jambes. Lorsque ses progrès le lui permettent, le cavalier doit s'exercera prendre le galop sur la piste sans que la vitesse s'exagère : à cet effet, les rênes laissent assez de liberté au cheval pour prendre le galop mais pa s assez pour partir trop vite. Il y a là une nuance que le cavalierdoit s'efforcer de saisir. Lorsque le galop s'exécute sur le pied du dedans, on
  • 83. — 52 — dit qu'il est « juste » ; s'il s'exécute sur lepied du dehors, on dit qu'il est « à faux ». Or, pourque le cheval travaille bien au galop à faux, il est nécessaire qu'il soit bien dressé et bien monté. C'est un exe rcice qu'on n'exécu­ tera que plus tard, si on le juge à propos. Toutefois, tant qu'on ne veut pas faire de doublers, de voltes, etc., et qu'on reste sur le cercle ou sur la piste au galop pour s'habituer au rythme de cette allure, il importe peu que le cheval galope juste ou à faux et il est inutile que le cavaliers'en préoccupe. Mais lorsqu'on en est aux exercices de direction au galop, il faut galo­ per juste ; par suite, si le cheval est parti faux, on doit le remettre au trot et redemander le galop soit en se remet­ tant s ur un cercle, soit dans un coin. P A S S E R D U P A S A L ' A R R Ê T Lorsqu'étant au pas avec des rênes ajustées on veut arrêter, il faut remplacer l'action moelleuse de la main parsa fixité et par la résistance des doigts. Si l'arrêt s'ensuit, le résultat cherché est obtenu. Plus souvent le cheval, s'il est un peu mis, élève son encolure en ralen­ tissant ; le cavalier rapproche alors ses mains de lui ou raccourcit ses rênes pour garder le contact de la bou­ che, et cela jusqu'à ce que l'arrêt se produise. Ce recul de la main ne doit en aucun cas précéder le mouvement rétrograde de la bouche, sans quoi il y aurait traction sur les rênes, ce que nous savons ne devoir jamais se produire. Le cavalier ne rapproche sa main de lui qu e
  • 84. lorsqu'il s ent se perdre le contact de la bouche et du mors et afin de maintenir c e contact tel qu'il était ; dès que l'arrêt est obtenu, les doigts se desserrent. Dans les débuts, le cavalier et l'instructeur n'ont pas à se préoccuper outre mesure de la bonne exécution de l'arrêt ; mais, lorsqu'en raison des progrès accomplis on veut rechercher la correction de ce mouvement, la plus grande attention doit être apportée à l'action des jambes qui peuvent ne pas avoir à agir mais qui doivent être prêtes à le fairesi la nécessité s'en fait sentir ; io Afin d'ass urer entre le mors et la bouche un co n­ tact suffisant pour que la fixité de la main, succédant à sa complaisance, produise soit l'arrêt, soit l'élévation de l'encolure ; 2° afin de pouvoir parer à un arrêt brusque et assurer la progression du mouvement en se relâchant au fur et à mesure que la diminution de l'allure se pro­ duit ; 3" pour pouvoir se faire sentir à temps et sans secousse, si les hanches se déplacent latéralement ou si le cheval tend à reculer après s'être arrêté. Dans le cas d'un déplacement latéral, la jambe du côté où il s e pro­ duit intervient jusqu'à ce que le cheval soit remis droit, et si un mouvement de recul s'ébauche, c'est l'action simultanée des deux jambes qui s'y oppose. p a s s e r d u t r o t o u d u g a l o p a u n e a l l u r e i n f é r i e u r e o u a l ' a r r ê t Ces différents mouvements s'exécutent exactement comme pour passer du pas à l'arrêt : mêmes actions de
  • 85. — 54 — mains, mêmes recommandations pour les jambes ; toute­ fois, si au lieu d'arrêter, on veut seulement prendre une allure inférieure, le moment où les actions des aides doivent diminuer est celui où cette allure est obtenue. r a l e n t i r l e p a s , l e t r o t o u l e g a l o p Le ralentissement des allures s'obtient encore en sui­ vant les mêmes principes, mais il ne suffit pas que le cheval couvre moins de terrain dans le même temps, il faut encore qu'il conserve l'intégrité de son impulsion, sans quoi le cavalier n'est plus maître de maintenir c e ralentissement dans les limites qu'il désire. Il est donc nécessaire, si l'impulsion fléchit, qu'elle soit relevée par l'intervention bien dosée des jambes. Lorsque le cavalier est devenu d'une certaine force, les exercices de ralentissement lui sont d'utiles sujets d'étude en lui d onnant l'occasion d'accorder ses aides dans une mesure exacte et de s'apercevoir immédiate­ ment s'il en a bien proportionné les actions. a l l o n g e r l e p a s , l e t r o t o u l e g a l o p On accélère la vitesse des allures soit en se conten­ tant de desserrer les doigs lorsque le cheval est assez impulsif, soit, si cela est nécessaire, en réveillant son impulsion par une action des jambes accompagnant le desserrement des doigts. Il faut q ue cet effet de main permette au cheval d 'étendre l'encolure dans des pro-
  • 86. — 55 — portions utiles, mais les rênes ne doivent pas devenir lâches, ce serait mauvais ici, com me en toute circons­ tance. Lorsque l'allure a pris la vitesse désirée, on empêche l'encolure de s'étendre davantage en résistant des doigts plus ou moins moëlleusement suivant q ue le cheval est plus ou moins délicat. t o u r n e r Le tourner comporte deux opérations distinctes, mais qui doivent res ter parfaitement unies et qui sont le chan­ gement de direction et la marche. Je suppose tout d'abord qu'au moment où on veut tourner, comme lorsqu'on doit commencer un mouve­ ment quelconque, les rênes sont ajustées. Cela étant, le cavalier a trois moyens de déplacer l'avant-main pour déterminer un changement de direction. Le moyen le plus simple, celui par lequel le débutant peut faire faire à son cheval les changements de direction indispen­ sables, consiste à agir par rêne d'ouverture en portant, si l'on veut tourner à droite, la main droite de ce côté. La tête est attirée à droite, les épaules et le reste du corps suivent si le cheval ne cherche pas à résister et le changement de direction s'exécute tant bien que mal. Un des inconvénients de ce procédé est qu'il peut ame­ ner les hanches à l'extérieur, ce qui ne va pas sans con­ séquences fâcheuses. Le tourner par la rêne d'ouverture a en outre le défaut
  • 87. — 56 — que j'ai expliqué être inhérent à cette rêne et qui est de laisser au cheval la possibilité de lâcher l'encolure et la tête et de ne pas faire suivre les épaules : l'instrument de direction perd ainsi son utilité et le cavalier n'est plus maître de la conduite. Le second procédé pour tourner àdroite consiste dans l'emploi isolé de la rêne gauche d'opposition. Elle pro­ voque, en effet, le changement de direction et elle est d'un grand secours dans la conduite à une main. Mais en agissant seule, elle charge plus ou moins fo rtement la hanche droite et provoque ainsi un ralentissement néces­ sitant une plus grande intervention des jambes q ue si le tourner est demandé d'une manière plus rationnelle. De plus, si le cheval fait des difficultés pour avancer en tour­ nant, le reflux de poids que la rêne d'opposition pro­ voque sur le postérieur du dedans favorise cette résis­ tance. Le troisième moyen de demander le changement de direction vers la droite et qui est le bon, consiste dans l'usage combiné de la rêne directe et de la rêne d'oppo­ sition. La première déplace légèrement la tête vers la droite, tandis que la seconde empêche ce déplacement de s'exagérer, lie les épaules à l'encolure et leur fait suivre la même direction. Pendant ce temps, que doivent faire le s jambes ? J'ai dit tout à l'heure que le tourner comporte à la fois le changement de direction et la marche. Nous venons de voir les mains assurer le changement de direction, c'est aux jambes à entretenir la marche. Si l'action des rênes tend à provoquer un ralentissement, le changement de
  • 88. — 57 — direction se fait mal ou ne se faitpas, absolument comme cela arriverait pour le bateau qui ne serait pas actionné et dont on ne commanderait que le gouvernail : il ne tournerait pas. Ainsi fait le cheval s'il ne marche pas quand les rênes lui demandent de tourner. Les jambes doivent donc être prêtes àagir si le besoin s'en faitsentir, soit pour amener le cheval à venir subir le commande­ ment des rênes, soit pour entretenir l'allure si elle t en­ dait à s'éteindre par suite de l'action de la main. De plus, c ette nécessité de marcher implique po ur les han­ ches celle de ne dévier ni à droite ni à gauche, sans quoi la propulsion des postérieurs perd de son effet. Les jambes doivent donc veiller à maintenir l'arrière-main e n bonne place et l'encadrer pour l'empêcher, le cas échéant, de se déplacer latéralement. Si, a près avoir tourné à droite, par exemple, le cava­ lier veut reprendre la marche directe, il doit répartir également sur les deux épaules le poids de l'avant- main, par l'action égale et directe des deux rênes. Pendant ce temps, les jambes agissent également, si cela est utile, pour finir de placer le cheval droit et l'actionner dans son nouvel équilibre. d o u b l e r Le doubler à main droite, par exemple, se compose de deux à droite reliés par une ligne directe conduisant le cheval perpendiculairement d'une piste à l'autre. s-
  • 89. Pour que ce mouvement soit bien exécuté, il faut que le premier tourner se termine exactement lorsque le cheval est perpendiculaire à la piste qu'il va rejoindre ; la marche directe doit se faire sur une ligne absolument droite et perpendiculaire aux pistes et, ainsique les deux tourners, exactement à l'allure qu'avait le cheval sur la piste. Ainsi compr is, le doubler est un excellent exercice ; car le cavalier, ayant un point de repère commode, peut voir facilement si l e cheval se redresse exactement au moment où il le lui dem ande et l'y obliger. Le doubler est dit : « doubler dans la largeur » ou n doubler dans la longueur » suivant qu'il est fait entre les deux grandes pistes ou entre les deux petites. On peut changer de main par le doubler en faisant le deu­ xième tourner en sens inverse du premier. v o l t e La volte, telle qu'o n la comprend maintenant, est un cercle. Si l'on part de la piste, le cercle doit lui être tangent. Elle se compose d'une succession de tourners égaux ramenant le cheval à son point de départ. Les principes qui régissent la volte sont les mêmes que ceux du tour­ ner; mais si celui-ci est difficile à bien exécuter, celle-là l'est bien davantage, parce que les difficultés d e chacun des tourners qui la composent s'ajoutent les unes aux autres.
  • 90. — — Tant que dure lavolte, le cheval doit être constamment maintenu dans le même équilibre, sans quoi les tourners ne sont pas égaux et la volte est irrégulière ; en consé­ quence, les jambes doivent s'entendre, à tout instant, pour pousser le chevaldans la direction prise par Tavant- main, lequel doit être maintenudans unéquilibre immuable par un accord complet entre les deux mains. d e m i - v o l t e • La demi-volte est un mouvement qui se commence comme la volte, mais se termine par une ligne droite parallèle à la diagonale du manège. Le cheval reprend donc la piste à main inverse de celle à laquelle il se trouvait. La ligne droite commence au point de la volte où le cheval se trouve parallèle à la diagonale du manège. L'utilité de ce mouvement est d'amener le cavalier à redresser son cheval à un momentdéterminé et à le faire marcher droit sans être guidé par aucune ligne appa­ rente. d e m i - v o l t e r e n v e r s é e Ce mouvement se commence comme se termine la demi-volte, c'est-à-dire que, pour l'exécuter, on quitte la piste par une ligne droite, généralement parallèle à une des diagonales du manège. Lorsqu'on est arrivé à une distance de la piste variant suivant l'étendue qu'on
  • 91. — óo veut donner au mouvement, on décrit un demi-cercle pour reprendre la pisteà la main inverse de celle à la­ quelle on se trouvait précédemment. c h a n g e m e n t d e m a i n Le changement de main consiste à quitter le grand côté à environ trois mètres du coin qu'on vient de passer et à rejoindre par une ligne droite l'autre grand côté à six mètres à peu près du coin opposé. Ces chiffres n'ont rien de fixe mais ils sont générale­ ment les pluscommodes. Il ne devient nécessaire de les déterminer que dans le travail en deux reprises. Quoi qu'il en soit, le cavalier fût-il seul, doit en quit­ tant la piste, prendre un point de direction sur la piste opposée et y parvenir par une ligne très droite. c o n t r e - c h a n g e m e n t d e m a i n Pour exécuter ce mouvement on quitte la piste par une ligne droite, puis on marche droit, parallèlement à cette piste, pendant un ou deux pas et, enfin on la rejoint par une autre ligne droite. Ces lignes droites doivent être respectivement paral­ lèles à l'une des diagonales du manège. Le contre-changement de main se composant de deux changements de main successifs, on se trouve, après l'a­ voir fini, à la même main qu'en le commençant.
  • 92. Ò1 S E R P E N T I N E La serpentine se compose de demi-voltes successives exécutées perpendiculairement aux pistes et tangentes les unes aux autres, comme l'indique la figure : Toute la difficulté, a u pas et au trot, réside dans la régularité et l'égalité• des demi-voltes. Or, ces qualités ne s'obtiennent qu'assez difficilement en raison des chan­ gements continuels auxquels le placer est soumis. A ArV M V X V H V l e h u i t d e c h i f f r e Le « huit de chiffre » e st un mouvement analogue à la serpentine, du moins comme utilité. Il consiste à décrire le chiffre huit perpendiculairement à la piste, comme sur la figure : > X k La volte, la demi-volte, le changement et le contre- changement de main, la serpentine et le huit de chiffre
  • 93. 0 2 doivent être exécutés souvent, même au pas, comme exercices de tourner. Bien que la raison d'être des der­ niers existe surtout au galop, ils exig ent pour être bien exécutés, même aux allures lentes, de la part du cava­ lier et du cheval, un souci de précision dont l'un et l'autre ne peuvent que bénéficier. p a s d e c o t é Jusqu'ici nous nous sommes occupés surtout du rôle impulsif des Jambes, rôle qu'elles remplissent par la simultanéité de leur action et qui est de beaucoup le plus important ; mais il n'e st pas le seul. Les jambes peuvent agir inégalement et, dans ce cas, elles ont pour effet de déplacer les hanches du côté opposé à celui de la jambe prépondérante. 11 est essentiel que l'élève sai­ sisse bien cet effet dont il a constamment besoin pour faire gagner du terrain de côté par l'arriére-main ou pour amener plus de poids sur un postérieur, ce qui est d'une application fréquente en équitation. Le cavalier s'exerce à rendre une jambe prépondé­ rante d'abord au pas, ensuite au trot. Marchant en ligne droite avec des rênes ajustées et les jambes près, il en ferme une un peu plus que l'autre. Le cheval porte alors ses hanches du côté opposé, plus ou moins suivant le degré de prépondérance donné à la jambe la plus ac­ tive. Il faut se contenter dans les débuts de ce qu'on ap­ pelle « le quart de hanche » amenant simplement la piste
  • 94. — 6 j — du postérieur du dehors, c'est-à-dire du côté de la jambe prépondérante sur lapiste de l'antérieurdu dedans. Autrement dit, si c'est la jambe droite qui agit le plus, le déplacement est suffisant dans les débuts, lorsque le pied droit de derrière se pose sur la même piste que le pied gauche de devant. La jambe du dedans, c'est-à-dire la jambe gauche dans l'exemple que je viens de prendre, peut avoir éven­ tuellement un double rôle à remplir : premièrement em­ pêcher les hanches de venir exagérément de son côté ; deuxièmement, empêcher l'allure de se ralentir et obli­ ger le cheval à continuer à avancer tout en rangeant son arriére-main. Cette nécessité de contraindre l'animal à avancer pendant ce mouvement etde l'empêcher derame­ ner ses épaules sur les hanches est d'une difficulté qui grandit avec le degré d'obliquité. C'est pourquoi il im­ porte que celui-ci soit modéré lorsque le cavalier com­ mence cet exercice. Les rênes n'ont qu'un rôle à remplir, c'est d'éviter que l'allure ne s'accélère tout en n'empêchant pas le cheval d'avancer. Peu importe, du reste, au commencement, que celui-ci quitte la ligne sur laquelle il marchait pré­ cédemment ; l'important est qu'il d éplace ses hanches tout en se portant en avant. Lorsqu'un léger déplacement de l'arrière-main est obtenu d'une manière satisfaisante, on en demande un plus considérable sans toutefois faire faire à l'axe du cheval un angle de plus d e 450 avec la direction de la marche.
  • 95. — 6 4 Le cavalier doit être attentif à ne donner à ses actions de jambes que l'intensité strictement nécessaire ainsi que je l'ai expliqué lorsque j'ai parlé de ces aides.Sinon, à une action trop forte de la jambe extérieure répond un déplacement trop considérable des hanches : ilfaut alors que la jambe intérieure empêche cet effet de se pro­ duire ; de là ordre, contre-ordre, désordre. Bientôt les hanches ne se déplaceront plus avec la même franchise et la sensibilité, l'obéissance aux jambes sera perdue. Quand en s'exerçant au pas de côté, Téléve a saisi e t senti l'effet produit par l'action latérale de ses jambes, il lui faut encore se confirmer dans l'usage de ses aides agissant séparément sur l'avant-main et sur l'arrière-main et pour cela s'exercer à la pirouette renversée et à la pirouette. p i r o u e t t e r e n v e r s é e o u d e m i - t o u r s u r l e s é p a u l e s La pirouette renversée consiste à faire décrire aux hanches un c ercle ou un arc de cercle autour d'une épaule. On l'appelle aussi demi-tour sur les épaules. Cette dénomination est moins juste que la première parce que la pirouette renversée est d'un nombre de degrés absolument facultatif qu'il appartient au cavalier ou aux circonstances de déterminer. Dans ce mouvement, l'arrière-main tourne autour de Favant-main qui, lui-même, tourne autour de l'antérieur du dehors, du gauche si les hanches vont de gauche à
  • 96. — 6 5 — droite. Il importe, du moins, qu'il en soit ainsi du mou­ vement des antérieurs, car si c'était, au contraire, l'anté­ rieur du dehors qui tournaitautour de l'autre, ce ne pour­ rait être que par un mouvement rétrograde qui c harge­ rait l'arrière-main et le gênerait. Ainsi qu'on le voit, le mouvement de l'avant-main se réduit à fort peu de chose ; un antérieur est même immo­ bile ; tout le mouvement est exécuté par l'arrière-main. En conséquence, les aides à employer doivent concou­ rir à porter sur l'antérieur immobile le plus de poids pos­ sible ; on facilitera ainsi l e mouvement de l'autre anté­ rieur et de l'arriére-main. Si donc, nous voulons faire tou rner les hanches de gauche à droite, il faut d'abord amener le poids de la masse sur les épaules en fermant les jambes et en des­ serrant les doigts jusqu'à ce que la mise e n marche devienne imminente ; on empêchera alors le centre de gravité d'avancer davantage et on conduira le poids sur l'épaule gauche en fermant les doigts sur la rêne droite d'opposition et sur la rêne gauche directe, en ayant soin de tenir la tête et l'encolure dans la direction de l'axe du cheval. Pendant ce temps, si l'on veut exécuter la pi­ rouette renversée de gauche à droite, par exemple, la jambe gauche se glissera plus en arrière pour pousser les hanches vers la droite ; la jambe droite restera près pour maintenir la position avancée du centre de gravité, empêcher le cheval de reculer et arrêter les hanches au moment où le cavalier le jugera bon. L'assiette se portera à droite pour faciliter l e dépla­ cement des hanches.