2. Observatoire de l'islam
2
Islam et islamisme : entre foi
individuelleet dérive politique
collective
La question de l’islamisme, très prégnante dans toutes les sphères des sociétés arabes,
interpelle aujourd’hui, plus que par le passé, les musulmans partout dans le monde. C’est
une posture qui consiste à faire de la religion une sorte de plateforme idéologique et
politique pour dominer la ‘’communauté des musulmans’’.
L’islamisme,une posture
politique
Enfant naturel du
wahhabisme, importé
sans contrainte d’Arabie
Saoudite, l’islamisme
s’enracine
progressivement parmi
nous et parmi de très
nombreux autrespeuples
arabes et africains, très
souvent par conviction
intéressée, parfois par
mimétisme, désormais
davantage par une
espèce de contrainte
sociale diffuse partout,
dans les écoles, les
médias de toutes sortes,
publics autant que
privés. ‘’Parce qu’il n’est
plus possible de faire
autrement’’ dans la
psyché et le
comportement de
milliers d’hommes et de
femmes.Parce qu’ilssont
pauvres, illettrés,
marginalisés/brimés ou
tout cela à la fois par le
système politico-religieux
dominant ou parce qu’ils
en veulent à la planète
entière d’être
responsable de leur mal-
vie, de leur déprime ou
de leurs reculs matériel,
politique etintellectuel…
Nous parlons ici de
l’islamisme et non de
l’islam – de ce nouveau
‘’isme’’, comme on
parlait/on parle encore
de communisme ou de
libéralisme,… – en tant
que religion
monothéiste. Nous
parlons de cette
approche idéologico-
comportementale qui
met en avant les aspects
visibles et parfois
sectaires, en tout cas
ségrégationnistes et
exclusifsde lareligiosité.
Une telle approche est
aussi aisée que
confortable, parce
qu’elle se limite à des
apparences
3. Observatoire de l'islam
3
comportementales ou
vestimentaires, à
l’évocation de l’au-delà
et à des
slogans/messages
subliminaux tendant à
donner à ceux qu’elle
embrigade un sentiment
de paix intérieure et de
satisfactionde soi et,très
souvent également, de
supériorité surlesautres,
touslesautres(lesautres
nations, les autres
religions, celles qui ne
pensent pas et ne se
comportent pas comme
eux/nous).
L’islam, une religion de
la Raison
L’islam, lui, nous ont
appris les grands
penseursde l’islamd’hier
et d’aujourd’hui, a, par
contre, toujours laissé
une grande latitude à la
Raison (avec un grand R
(Al Akl) dans la conduite
de la vie quotidienne des
humains et dans leur
réflexion et leur rapport
à Dieu. C’est pour cela
qu’il n’y a point
d’intermédiaires en
islam,ni de sacerdoce (La
Rahbaniata Fi Al Islam).
La relation y est directe
entre Dieu et les
croyants. L’islam a
toujours incité le
musulman à raisonner, à
réfléchir,àphilosopher,à
se relever par la pensée,
par la création, par la foi
et par le travail (Ijtihad).
Ibnou Rochd avait
clairement souligné
‘’qu’en cas de
contradiction entre la
science rationnelle et la
foi, il faut choisir la
raison’’. Ibn Al Banna,
père des ‘’Frères
musulmans’’,soutenait à
la fin du 19ième siècle
‘’qu’en cas de
contradiction entre un
‘’Hadith’’etlaFaculté (au
sens d’Ecole supérieure
et donc de Science), il
faut revenir à la Faculté’.
C’estdanscet esprit qu’il
faut considérer l’islam.
Une religion qui n’a pas
vocation à être figée
dans une interprétation
radicale et encore moins
à se transformerenarme
de guerre contre ceux et
cellesqui ne pensent pas
et n’agissent pas comme
vous. Les oulémas d’Al
Azhar au Caire viennent
d’interpeller, dans un
communiqué de leur
dernier congrès en
décembre 2014, l’opinion
publique arabe et
internationale pour
condamner
énergiquement ceux qui
instrumentalisent la
religionmusulmane pour
des intérêts politiques.
L’instrumentalisation de
la religion
Au Maroc, l’observateur,
même le moins attentif,
relève désormais
partout, dans tous les
espaces sociaux, publics
et privés, une forte
présence de symboles,
cérémonials, discours et
pratiques à connotation
islamiste tendant à avoir
prise sur toutes les
manifestations de la vie,
autant intime que
sociale.Il ya une volonté
chez les islamistes de
vouloir tout régenter,
tout déterminer, tout
contrôler, d’où
l’instrumentalisation de
la religion à des fins de
pouvoir.
L’islamisation des
consciences s’est
produite sous l’effet du
discours tantôt
‘’salafiste’’, tantôt
‘’takfiriste’’– qui a pris le
relais, avec des moyens
financiers importants
venant de la péninsule
arabique et de la
puissance médiatique
des paraboles (environ
500 chaînes TV de
prêche), historiquement
incomparable du
discours communiste
venu de l’ancienne URSS
– qui a eu un effet
d’attraction/d’intimidatio
n sur les illettré(e)s et
parfoisleslettré(e)saussi
de la société musulmane.
Nombreux sont ceux et
celles, de tous les
milieux, de toutes les
couches sociales, qui
prétendent aujourd’hui
‘’connaître’’l’islam,qui le
propagent dans le tissu
social et l’inculquent
chacun à sa façon à leurs
concitoyens, pensant les
mettre ou les remettre
sur ‘’le droitchemin’’, en
attendantrédemption et
rétributiondansl’au-delà
(Al Ajr Fi Al Jana).
Lorsque cette démarche
émane du ‘’petit
peuple’’, pauvre et
4. Observatoire de l'islam
4
analphabète et très
souvent soumis, on
comprendrait et on lui
tiendrait moins rigueur,
même si des parades
contre les dérives
toujours possibles
doiventêtre recherchées
et trouvées. Le vrai
problème se pose
lorsque lapropagation et
l’endoctrinement
islamistes viennent de
personnes supposées
averties et pondérées.
L’état d’esprit d’une
bonne partie des
citoyens marocains est
désormais caractérisé
par un repli identitaire
allant, parfois, jusqu’au
plus petit détail de la vie
familiale et sociale,
privée et publique des
individus. Les exemples
sont bien nombreux et
très divers. Les aspects
les plus manifestes ont
pour illustration la barbe
hirsute chez les hommes
et le port d’habits de
‘’type religieux’’ chez les
hommes et les femmes,
de même que la façon de
se comporter avec son
propre corps etlesautres
comme le refus de
certains hommes de
tendre la main aux
femmes ou le fait pour
ces dernières de refuser
celle des hommes.
Lorsque leshommessont
habillésà‘’l’afghane’’, ils
sont évidemment vite
repérables. Ils le sont
moins dans l’espace
public lorsqu’ils sont
normalementvêtusetne
portent pas la barbe. Il
leur arrive, par effet de
mode, de vouloir se
confondre avec les
modernesmal-rasés!Les
femmes sont
évidemment les plus
visibles dans le même
espace, où les hommes
ont désormais tendance
à être à leur égard des
agents de la ‘’bonne
vertu’’, les rappelant à
l’ordre à chaque
‘’déviationvestimentaire
ou comportementale’’.
A ce propos, plus
spécialement, le port du
voile (oudu‘’Niqab’’) est
justifié, d’abord, par le
fait d’être un ‘’acte de
foi’’ et de spiritualité,
une ‘’prescription
divine’’, et donc, une
obligation qui
concernerait toutes les
femmes croyantes. Et
toutes doivent être
croyantes, tout en
exprimant leur nouvelle
subordination par
l’acceptation de la
nécessité impérieuse où
elles ont été mises de se
protégerdes‘’regards de
la convoitise’’ des
hommes, considérés
comme rien d’autre que
des ‘’envies
ambulantes’’.
L’habit/Niqab
matérialise, dans cet
esprit, l’indication de la
décence et de la pudeur
desfemmes et aussi leur
ultime arme
d’autodéfense dans un
milieu prétendument
peuplé de ‘’rapaces’’, où
la loi ne semble être
d’aucune espèce
d’utilité. Son abandon
engendrerait un malaise
au sein du corps social.
On enoublieraitpresque
que, voici quelques
décennies encore, nos
mères et grand-mères
portaientdes‘’djellabas’’
marocaines dont
l’élégance des coutures
et des couleurs le
disputait à leur piété
naturelle, sans qu’il y ait
eujamaisbesoinqu’elles
se couvrent de la tête
aux pieds de ces tissus,
noirs ou marrons ou gris,
venus de cieux sous
lesquelsl’histoire semble
s’être figée.
L’idée que lesfemmesne
peuventse montrer dans
l’espace mixte que
vêtues de voile paraît
avoir pris comme un feu
de paille. Sa pratique
s’intègre, aujourd’hui,
dans un processus
socioreligieux,culturel et
politique global. Il est
devenu ce symbole qui
atteste du besoin de
retour sur soi, de la
volonté de se positionner
contre l’aliénation et les
libertés, considérées
comme étantexcessives,
régnant en Occident,
notamment par rapport
au corps des femmes
exhibé ou à leurs droits
civils, sociaux et
politiques. Cette
pratique, du voile
intégral, exprimerait
l’angoisse de la
dissolutiondesmœurs,la
peur de la négation des
vertus élémentaires qui
fondent la civilisation
5. Observatoire de l'islam
5
arabo-musulmane. Elle
esten réalité l’expression
de l’aliénation de la
femme, de sa
subordination et de son
infériorité et,au final, de
son exclusion de la
sphère publique de débat
et de production. C’est
même là l’une des
principales victoires des
islamistes purs et durs
jusqu’à aujourd’hui :
l’intériorisation de la
soumission par les
femmes. Notre société
serait ainsi privée de la
moitié de ses forces
vives, ce qui n’est pas un
moindre handicap dans
notre compétition
permanente vis-à-vis du
reste du monde dont
nous importons tout ce
qui est déterminant (de
la voiture au téléphone,
au sucre ou aux
médicaments….) pour
notre existence
matérielle et même
religieuse, puisque sans
avions fournis par les
mécréants de chez
Boeing ou Airbus, point
de Hajj à la Mecque et
pas, non plus, de web
sites pour propager de
par le monde les fatwas
rétrogrades.
On peine à dénoncer
cette pratique. S’y
opposer, c’est aller
contre les
commandements du
Coran, sans que
personne, y compris
parmi les plus zélés, ait
jamaissignalé le moindre
verset imposant le voile
intégral ou la ‘’burka’’ ou
encore leur couleur ou la
façon de les porter aux
femmes.Ungrand cheikh
d’Al Azhar avait
clairementditque le port
du voile n’est pas, en
islam, une obligation.Les
réformateurs de l’islam
le confirmentaujourd’hui
clairement dans leurs
discours et écrits. En le
portant,la femme nie,en
fait, sa féminité, son
individualité, cache son
corps nonseulement aux
autres mais aussi à elle-
même. Avec ce
vêtement, elle se fond
dans la masse et perd
son entité en tant que
femme et,infine,entant
qu’être humain.
L’époque contemporaine
dicte etpropose d’autres
formes de défense,
certainement pas en
termes vestimentaires.
Les moyens de défense
devraient être plus
sophistiqués.Lesfemmes
musulmanes, comme les
hommesmusulmans,ont
besoin surtout de
moyens d’autodéfense,
d’une bonne image de
soi, d’armes en matière
de responsabilité,
d’intellect, bien
enracinées et
viscéralement
structuréesenelles/eux.
Ils ont besoin aussi de
lois bien faites et de
pouvoirs publics forts,
capablesde lesappliquer
et de juges vertueux en
mesure de sanctionner
leur non-application.
Dans les sociétés
civilisées, c’est la loi
démocratiquement
discutée et adoptée qui
protège, pas l’habit,
quelles que soient son
épaisseuretsesopacités,
pas les postures.
Le voile peut constituer
aujourd’hui, par ailleurs,
un vrai handicap pour les
femmes, qui se voient
parfois, même
lorsqu’elles sont très
brillantes, refuser des
postes de travail ou des
possibilités
d’avancement dans un
certain nombre
d’entreprises nationales
et internationales au
Maroc, comme dans
d’autres pays. Ces
entreprises sont-elles
discriminatoires ? Peut-
être, mais toujours est-il
que leur choix se porte
sur les femmes sans
apparence religieuse
marquée. Et de fait, on
n’a pas à faire montre de
son appartenance
religieuse dans des lieux
où des personnes de
toutesreligions,etmême
sans religion, ont
vocation à se retrouver
en travaillant ensemble
ou comme clients.
Feu Mohammed V avait,
bien avant
l’Indépendance du pays,
libéré ses filles et les
Marocaines du voile,
sans que la religiosité de
la société en souffre
outre mesure.
Aussitôt après
l’Indépendance, les
femmes ont enlevé
6. Observatoire de l'islam
6
‘’L’tam’’ et les filles la
‘’Djellaba’’. Et le Maroc
avançait lentement vers
une modernité
émancipatrice. En
Tunisie, le président
visionnaire à ce propos,
Bourguiba, en avait fait
autant. Mais ça, c’était
un autre siècle, un autre
monde. Aujourd’hui,
avecle voile généraliséet
lesbarbesen bataille, on
est entré de plain-pied
dans l’ère du
hooliganisme surtousles
terrains (sportifs ou
politiques) et dans celle
de Daech, soit celle de
ces jeunes désœuvrés
que nous envoyons
détruire des civilisations
millénaires en Syrie ou
en Irak, en attendant un
‘’retour victorieux’’ au
Maroc, en Arabie ou
ailleurs. La Tunisie, qui
avance aujourd’hui dans
la construction de sa
démocratie, le doit pour
beaucoup à ses femmes
compétentes, lettrées,
libérées, mais combien
respectées et
respectables.
Manifestations islamiste
dans l’espace éducatif et
universitaire
Dans un autre espace
social vital, celui de
l’éducationnationale,les
pratiques islamistes
infiltrent les
établissements scolaires
et universitaires.
L’idéologie politico-
religieuse s’affiche
ouvertement dans les
écoles,collègesetlycées.
Bon nombre de
responsables
administratifs et
pédagogiques sont de
plusenplus d’obédience
islamiste radicale,dansla
forme comme dans
l’esprit. Il arrive que l’on
impose même à des
fillettes,encoregamines,
de porter le foulard en
classe. Il existe, par
ailleurs, dans de
nombreux
établissements, un
amalgame dans le
contenu des cours. Il y a
une dualité dans le
contenu du module de
l’éducation à la
citoyenneté,puisée dans
la double référence à la
culture musulmane et à
la culture universelle.
L’élève se trouve alors
tiraillé entre les valeurs
inhérentes à ses
croyances et les valeurs
universelles. Cette
coexistence d’un double
référentiel a induit une
dilution de la notion de
citoyennetéenfaveur de
valeurs humaines
restrictives fondées
d’abord sur la culture
religieuse. Cette dualité
favorise le
développement de
différentes
instrumentalisations
idéologiques des
principes et valeurs des
droits humains,
introduits dans les
contenus des manuels
scolaires, dans un
contexte socioculturel
marqué par la
prééminence des
pensées conservatrices,
dans de larges couches
de la population
marocaine.
La rupture constitue la
conditionprimordiale de
dépassement de
l’opposition du
spécifique et de
l’universel et de
réconciliation de
l’apprenant avec la
culture humaine.Lorsque
les manuels se
contredisent et
s’opposent, ils
déstabilisent l’élève. Et,
de là, toute la société
s’en trouve, à plus ou
moins brève échéance,
affectée.
Pour ce qui est des
universités,celles-ci sont
devenueségalement des
lieux de ‘’propagande
islamiste’’. Aujourd’hui,
bon nombre de
professeurs et
d’étudiant(e)s ne font
plus mystère de leur
appartenance à
l’idéologie islamiste, en
classe, dans les
amphithéâtres, comme
dans les enceintes
universitaires. Les
étudiantes voilées
représententaujourd’hui
une bonne moitié de
l’ensemble des filles
inscrites dans les
universités,peut-être un
peu plus. Les rencontres
et conférences
d’islamistes sur le
campus y sont
nombreuses… On avait,
jusqu’àune date récente,
l’habitude d’évoquer les
étudiant(e)s islamistes
7. Observatoire de l'islam
7
dans l’enceinte
universitaire et plus
précisément au sein de
l’organisation syndicale
estudiantine, mais
quasiment jamais
d’enseignant(e)s
islamistes. Aujourd’hui,
ce sont ces derniers qui
font le plus parler d’eux.
On les voit se multiplier
et s’organiserpourmieux
faire passer leurs
messagesparl’entremise
de la ‘’science’’ et de la
‘’recherche’’, non
conventionnelle, comme
certains le soutiennent à
présent, surtout
s’agissant de sciences
sociales comme
l’économieetla finance ,
puisque ‘’l’Economie
islamique’’estdésormais
ouvertement enseignée
comme une discipline à
part, là où il n’est
questionjusqu’à présent
que de quelques
préceptes portant sur la
redistribution, tels Zakat
ou l’héritage, ou sur la
finance dite islamique.
Mais un système
financier, aussi
performant et
‘’vertueux’’soit-il,peut-il
être intelligible s’il n’est
pas accolé à un système
de production dont il
n’est question nulle part
?
En organisant des
rencontres sur des
thématiques d’ordre
religieux, les groupes
d’enseignantsàréférents
islamistes, incarnent les
‘’modèles’’ à suivre pour
les étudiant(e)s. Ils
soumettent, pour
accréditation, des
programmesde diplômes
(DUS, Licences
professionnelles ou
Masters spécialisés en
‘’Economie et finance
islamiques’’). Parfois, les
enseignementsproposés
sont payants. Cet état de
faitest,de notre pointde
vue, une vraie dérive car
l’université a pour
vocation de dispenser
des enseignements
réservés aux sciences et
d’organiser des
manifestations à
caractère strictement
scientifique. L’amalgame
est déroutant.
A l’université, chercher à
s’informer sur les
religions et analyser
l’évolution des
phénomènes à caractère
religieux pour en
comprendre les
motivations internes est
un acte plusque louable,
puisqu’il relève aussi de
la Science (histoire,
sociologie,
anthropologie,…). C’est
une nécessité
intellectuelle.La position
de repli et d’ignorance
desdoctrines religieuses
conduitsans doute à une
impasse. Mais
l’université devraitrester
endehorsdesdémarches
prédicatrices des
islamistes. Son espace
public n’a pas besoin de
voir se développer en
son sein des discours à
soubassement
idéologique islamiste.On
ne devrait pas tolérer et
accueillir des
événements dont c’est
cela l’objectif. Il y a bien
d’autres lieux où les
prédicateurs font
entendre leur voix. Pour
les enseignements à
caractère religieux, il y a
aussi des universités
spécialisées(Qaraouiyine
et Dar Al Hadit Al
Hassanya’’,notamment).
Les enseignements dans
les universités à
caractère scientifique
devraientse limiteràleur
vocation, à savoir la
transmission et
l’acquisition de
connaissances
scientifiques.
La posture de la finance
sans usure
En ce qui concerne la
finance,suite au feu vert
donné par le Conseil
économique,social et de
l’environnement à la
création des ‘’banques
islamiques’’, dites
participatives, au Maroc,
la loi est déjà prête pour
autoriser leur
fonctionnementavecdes
conditions qui les
rendraient non
concurrentes aux
banques classiques.
La créationde ce type de
banques est-t-elle
nécessaire dans un pays
qui ambitionne de
devenir un pays
émergent ? Peut-elle
sortir les gens non
bancarisés de leur
paupérisation ? Ce qui
est certain, c’est que
cette création répond
8. Observatoire de l'islam
8
aux intérêts des
fondateurs des banques
islamiques, pour la
plupart originaires des
riches pays pétroliers du
Golfe où ‘’l’argent’’ –
pour parler trivialement
– a une origine et donc
aussi une signification
différentes qu’il en a
dans les pays où l’on
‘’travaille dur pour en
gagner’’. En outre, ces
mêmesbanquiers,quand
bien ils seraient nos
‘’frères en islam’’, ne
seront ni moins
affairistes ni moins
mercantiles que leurs
confrères qu’ils
voudraient supplanter,
même si leur discours
n’arrête pas de puiser
dans la morale et
l’éthique. Si cela pouvait
en être autrement, on
l’aurait déjà remarqué
dans l’aide au
développement que les
pétromonarchies
accordent aux pays
arabes moins nantis.
Or, les ressources
immenses de ces
monarchies et autres
émirats sont plus
investies dans des fonds
de pension et autres
groupesindustriels et de
services américains ou
européens que dans le
soutien à la ‘’Oumma
islamique’’, combien
dans le besoin. Du reste,
a-t-on déjà vu des fonds
qataris investir dans une
équipe de football
marocaine ou tunisienne
ou égyptienne, alors
qu’ils trustent à ‘’tour de
bras’’ des équipes du
gotha des championnats
anglais, français ou
espagnol, plus voyants à
l’international et
combienprofitables, etc.
? Dans la même veine,
les jeunes des banlieues
de Rabat ou de Tunis
seraient-ils moins pieux
ou moins à plaindre que
ceux des banlieues
parisiennes, sur lesquels
‘’pleuvent’’ depuis
quelques années des
millions d’euro venus de
l’Emirat du Qatar,
soutien indéfectible,
entre autres, des Frères
musulmans ?
Nonobstant, une partie
desclientsdes ‘’banques
islamiques’’ est
convaincue
religieusementpar‘’leurs
bienfaits’’. Mais, une
autre partie serait plutôt
mue par le désir de voir
se développer sur le
marché financier des
produits bancaires
concurrentiels aux
banques ‘’classiques’’
(considérées à juste titre
comme trop voraces
dans notre pays).Mais,la
‘’Mourabaha’,’ par
exemple, – pour ne pas
parler de la
‘’Moucharaka’’ ou de la
‘’Moudaraba’’, autres
prêts ‘’spéculatifs’’-
produit phare de la
finance islamique,
remplaçant l’intérêt
usuraire (Arriba), n’est
rien d’autre qu’un crédit
déguisé, d’ailleurs plus
coûteux qu’un crédit
conventionnel.Il ne peut
et il ne pourra jamais y
avoir de finance
islamique, dans le sens
de l’absence d’intérêt.Ce
que l’islam, comme les
autres religions
monothéistes,condamne
c’est l’intérêt d’usure,
celui qui se pratique hors
concurrence, hors la loi
et dans le déséquilibre
total entre le débiteur et
son créancier. Evoquer
un système financier
sans intérêt relève de la
pure chimère, puisque
dans tout système
marchand (etl’économie
dite islamique ne remet
pas en cause ni le
système marchand ni
l’économielibéralequi le
fondent), toute chose a
un coût et, donc, un prix.
Et l’argentestune chose,
une marchandise (même
s’il est aussi beaucoup
‘’d’autres choses’’ à la
fois, dont les tenants de
la finance islamiste ne
parlent jamais) qui doit
avoirabsolumentunprix,
et ce, quelle que soit
l’appellation qu’on lui
donne. Soutenir la
possibilité de ‘’gratuité’’
à ce propos,ou même de
partage ou de
participation dans le
cadre d’un ‘’échange
équitable’’, entre des
partenaireségaux relève
du pur mensonge, de
l’ignorance des bases
mêmesde l’économie ou
des deux à la fois.
En guise de conclusion
Il est important de
souligner au terme de ce
9. Observatoire de l'islam
9
texte que la tendance
vers plus ‘’d’islamisme’’
est en totale
contradiction avec
l’orientation officielle
que le Maroc dit avoir
prise en matière de
développement
économique, social,
humainetculturel depuis
maintenant bien
longtemps.Il estillusoire
de croire que l’on peut
aller vers la
modernisation et la
démocratisationde notre
pays en ayant, en même
temps, des pratiques et
comportements qui ont
effacé l’âge d’or de la
civilisation du monde
musulman à un moment
où l’Europe somnolait
dans son sous-
développement. Si le
développement est une
affaire de changement
des structures
socioéconomiques, il est
aussi, concomitamment,
une affaire de
changement de
mentalité et d’adoption
de nouvelles valeurs de
travail, de solidarité non
confessionnelle, et
d’inclusionsociale plutôt
que d’exclusion de
l’autre,à commencer par
la femme.
La religiositéetlafoi sont
des dimensions
intrinsèques à la nature
humaine. L’Homme a
besoin d’une spiritualité
qui lui donne une
satisfaction morale et
une paix intérieure. Le
mieux est de faire en
sorte qu’elles se
perpétuent dans le
champ de l’intime. C’est
le sens même de l’islam
lorsqu’il affirme et
consigne dans le texte
coranique qu’il n’y a
point de contrainte en
matière de religion. La
liberté impose la laïcité
qui n’a rien à avoir avec
l’athéisme évoqué
souvent par les
détracteurs
antidémocrates.
Nous n’avons
franchement pas besoin
de compliqueretde nous
compliquer l’existence.
Pour mieux coexister et
pour un meilleur vivre-
ensemble, nous avons
plutôt besoin de
consolider la cohésion
sociale, le partage de
valeurs d’humanisme et
de progrès, ainsi que
d’ouverture vers autrui.
Nousavonsplutôtbesoin
de mettre enexergue les
moments phares de
notre civilisation arabo-
musulmane.
Restons tout de même
optimistes. Le
pessimisme est un luxe
que nousne pouvonspas
nous permettre.
Mounir ZouitenetMehdi
Lahlou
10. Observatoire de l'islam
10
Houellebecqconvertit la France à
l’islam dans son prochain roman
L’auteursitue son nouveau livre, Soumission, à paraître le 7 janvier 2015, dans la France de
2022. Une anticipationdanslaquelle unparti musulmanremportelaprésidentielle contre le
Front national.
Michel Houellebecq se
lance dans la politique
fiction. Son prochain
roman, Soumission,
paraîtra le 7 janvier chez
Flammarion et risque de
faire beaucoup de bruit.
Le Goncourt 2010 plonge
son lecteur dans la
France de 2022. Il
imagine une élection
présidentielle en fin de
second mandat de
François Hollande.
Le Front national de
Marine Le Pen,qui a déjà
perdu le scrutin de 2017,
subitla loi d’une alliance
UMP, UDI, PS, associée à
la Fraternité musulmane,
parti inventé par
l’auteur. Son leader,
Mohammed Ben Abbes,
finit par être élu et
choisit François Bayrou
comme premierministre.
Le narrateur, qui
s’appelle François,est un
universitaire malheureux
et solitaire,spécialiste de
Joris-Karl Huysmans. Il
couche avec des
étudiantes et comme
toujours chez
Houellebecq,l’amour est
triste. La soumission du
titre faitréférence àcelle
des mécréants qui
doivent se soumettre à
Allah et à celle des
femmes aux hommes. À
la fin du roman, François
se convertit à l’islam et,
professeur adulé, voit se
soumettre àsesdésirsde
jeunes étudiantes
voilées…
Ce roman de 300 pages
devrait attirer toute
l’attention lors de la
rentrée littéraire.Le sujet
commence déjàà faire le
tour du web, et la
twittosphère n’a pas
tardé à réagir. Et risque
bien de ranimer la
polémique née en 2001,
lorsque l’écrivain en
promotion de son roman
Plateforme avaitdéclaré:
«La religion la plus con,
c’est quand même
l’islam.»
François Menia
11. Observatoire de l'islam
11
Maroc : L’émirat des croyants a repris
les interdictionsdes activités d’ONG
des droits de l’Homme
L’émirat des croyants qui a accueilli le Forum mondial des droits de l’Homme continue
d’entraver l’action des organisations locales.
En laps de trois jours, le
Maroc gouverné par le
parti islamiste du PJD a
empêché la tenue de
troisréunionsorganisées
par des associations des
droits de l’Homme dans
les villes de Rabat et
Tanger. Ces interdictions
s’ajoutent aux dizaines
d’activités que les
organisations des droits
de l’Homme marocaines
ont essayé d’organiser
dans le paysdepuisjuillet
2014 et qui ont été
interdites par le
ministère de l’intérieur.
« Vendredi après-midi,
lesservicesde Mohamed
Hassad ont brandi le
carton rouge devant une
session de formation au
profit des membres de
l’AMDH, qui était prévue
au siège du club des
œuvres sociales du
ministère de l’Agriculture
et de la Pêche à Rabat, et
ce malgré l’autorisation
des gérants du lieu »,
note le portail marocain
Yabiladi.
Le lendemaindanslaville
de Tanger, le même sort
sera subi par une
rencontre à l’occasion de
la célébration du 66ème
anniversaire de la
proclamation de la
Déclaration universelle
des droits de l’Homme
qui devait être animée
par Khadija Ryadi et
Mohamed Zehari. La
moindre explication de
l’interdiction n’a été
donnée aux
organisateurs.
Enfin, dimanche 14
décembre à Rabat, le
ministère de l’intérieur a
interdit une marche de
solidarité avec les
victimes des dernières
inondationsprogrammée
par la Ligue marocaine
de la citoyenneté et des
droits de l’Homme. Pire
encore, les forces de
12. Observatoire de l'islam
12
l’ordre, présentes en
nombre,ont dispersé les
manifestants à coups de
matraques et procédé à
plusieurs arrestations,
nous informe le portail
marocain Yabiladi.
« Le Maroc abritait
autrefois une ruche
d’activités
indépendantes dans le
domaine des droits
humains, mais les
autoritésontrécemment
empêché diverses
activités que certaines
desorganisationslesplus
critiques ont tenté
d’organiser », avait
déclaré Sarah Leah
Whitson, directrice de la
divisionMoyen-Orient et
Afrique du Nord à
Human Rights Watch.
Le Maroc devrait arrêter
d’entraver
arbitrairement les
activités pacifiques des
organisations
indépendantes de
défense des droits
humains dans le pays et
leur permettre de
fonctionner librement,
selon Human Rights
Watch.
Kamal Znidar, penseur
musulman auteur du
livre « Islam : meilleure
religion au monde »,
dénonce à son tour ces
interdictions et appelle
les autorités marocaines
à mettre fin à ces
interdictions qui nuisent
à l’image de l’Islam et
poussent les gens à
croire que dans les
systèmes où règne
l’Islam, il n’y a pas de
place pour le respect des
libertés et des droits de
l’Homme.
Double poids, double
mesure. La conférence
organisée samedi dernier
à Rabat par l’association
Mountada Al Karama
présidée par Abdelali
Hamieddine,membre du
secrétariat général du
PJD et proche de
Mustapha Ramid, sur
l’état des lieux des
libertés au Maroc n’a pas
été interdite… une
preuve qui confirme que
le ministère de l’intérieur
mène une politique
sélective qui épargne les
associations proches du
PJD.
Nezha Chakour
Pakistan : attaque meurtrière de
talibans contre une école
Six terroristes lourdement armés appartenant au groupement du taliban ont attaqué ce
mardi une école pour enfants de militaires à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan.
L’attaque a fait au moins 130 morts, en majorité des écoliers, ainsi que de nombreux
blessés.
13. Observatoire de l'islam
13
L’assaut a duré près de 7
heures. Il s’est terminé
avec la mort du dernier
assaillant, le 6ème, par
des tirs de l’armée
pakistanaise. Les
assaillants -portant des
uniformesmilitaires- ont
réussi à pénétrer dans
l’école en escaladant un
mur, a précisé une
source interne à l’école.
Cette opération
terroriste est la
deuxième attaque
sanglante depuis
quelquesmoisvisantune
institution de l’armée
pakistanaise. Le mois
dernier, il y avait eu une
cinquantaine de morts à
la frontière avecl’Indeau
terme d’une cérémonie
militaire.
Le premier ministre
pakistanais Nawaz Sharif
a évoqué une tragédie
nationale et déclaré que
le Pakistan allait
«continuer le combat
pour éradiquer
définitivement les
insurgés». Le
gouvernementprovincial
a annoncé trois jours de
deuil national.
La France et l’Inde ont
dénoncé vigoureusement
cette attaque terroriste,
la qualifiant d’«ignoble»
et «lâche». Le président
Obama a déclaré qu’«En
visant des étudiants et
des enseignants dans
cette attaque odieuse,
les terroristes ont une
nouvellefoismontré leur
dépravation» et a
renouvelé l’engagement
des Etats-Unis aux côtés
du gouvernement
pakistanais «pour
combattre le terrorisme
et l’extrémisme» et
promouvoir la paix et la
stabilité dans la région.
La militante pakistanaise
Malala Yousafzai a pris la
parole après l’attaque.
«Je condamne ces actes
atroces et lâches et je
reste unie avec le
gouvernement et les
forces armées du
Pakistan» dans leurs
«efforts louables» pour
gérer la situation, a écrit
la jeune fille de 17 ans
dans un communiqué.
Même son pour le
penseur musulman
Kamal Znidar. L’auteur
du livre « Islam :
meilleure religion au
monde » a qualifié
d’«ignoble» et «lâche»
cette opération et
avancé que «Si la pensée
des talibans et ce
cauchemar auquel le
monde a assisté
aujourd’hui étaient
l’Islam, moi, je serais
sans doute non-
musulman et
islamophobe en plus».
«Le dieu des talibans est
en réalité un diable qui
ne prend d’Allah que le
nom», a ajouté le
penseur musulman.
Ali Dayan Hasan, ancien
directeur de Human
Right Watch au Pakistan,
s’est de son coté
démarqué en lançant
une petite pique à la
politique américaine,
selon lui responsable de
la naissance du
mouvement Taliban :
«Ne disons pas que nous
sommes « unis dans la
peine » avecceux qui ont
permis aux talibans de
s’installer. Ils doivent
prendre leurs
responsabilités.
Maintenant».
Imad Doublali
Grande-Bretagne : une « poupée
islamique » sans visage en vente
Un modèle de poupée étiquetée « islamique », hijab sur la tête et sans visage, vient d’être
misenvente enGrande-Bretagne.Baptisée Romeisa,dunomd’une despremière femmes à
s’être convertie àl’islam(etnond’une desfemmesduProphète Muhammad),cette poupée
estla première de lamarque Deeni Doll.Vendue 25£ (31 € environ),lapoupée estfabriquée
14. Observatoire de l'islam
14
enChine.Lesyeux,labouche etle nezne sont pasreprésentés pour être « compatible avec
la charia », explique sa créatrice.
Ridhwana B., une
ancienne professeure
d’une école musulmane
de Lancashire,a expliqué
avoir eu cette idée après
s’être entretenue avec
des parents d’élèves,
inquiets à cause des
jouets représentant des
visages. « Il existe une
règle islamique qui
interditlareprésentation
des traits du visage en
tout genre, qui inclut les
images,lessculptureset,
dans ce cas, les poupées
», a-t-elle expliqué au
Lancashire Telegraph. «
J’ai parlé à un érudit
religieux de Leicester qui
m’a guidée dans ce qui
était autorisé lors de la
production du produit et
ce qui ne l’était pas », a
poursuivi la créatrice.
Pour Fawaz Gerges, un
professeur spécialisé
dans les sociétés
musulmanes à la London
School of Economics, la
majorité des musulmans
ne sera pas intéressée
par l’achat d’un tel
modèle. « La poupée est
un gadget, une
interprétation ultra-
conservatrice » a déclaré
Fawaz Gerges au Mail
Online. « L’écrasante
majorité des musulmans
vivent selon des modes
de vie du XXIe siècle, les
choses n’ont pas été
gelées au VIe siècle »,
note le professeur.
Dans les premiers temps
de l’islam, l’imagerie
étaitinterdite « pourune
variété de raisons »,
déclare ce dernier. «
Mais le débat est de
savoir jusqu’où allons-
nous maintenant ? (…) Il
y a des personnes qui
voudraient nous faire
croire que l’histoire
musulmane est figée
dans le temps et
l’espace, mais elle a
évolué », insiste Fawaz
Gerges.
Si Deeni Doll a faitle tour
desmédiasbritanniques,
elle n’est pourtant pas la
première « poupée
islamique » à être
commercialisée, mais
avec des visages comme
la poupée Fulla, qui fait
un carton au Moyen-
Orient. Mais c’est la
première fois qu’est
lancée une production à
plusgrande échelle et de
qualité, selon sa
créatrice…Si tant est que
des parents soient
convaincus par ses
arguments, rien
n’empêchera les enfants
qui recevront des
poupées sans visage de
dessiner eux-mêmes le
visage…
SaphirNews
15. Observatoire de l'islam
15
Eric Zemmour écarté d’iTÉLÉ après des
propos controverséssur l’islam
Le polémiste français Eric Zemmour, phénomène de librairie avec son livre « Le suicide
français », a été écarté d’iTELE en raison de propos controversés sur l’islam qui avaient
indigné les journalistes de cette chaîne d’information et des associations antiracistes.
La chaîne a diffusé un
communiqué laconique
précisant que l’émission
dans lequel intervenait
Eric Zemmour depuis
2003 ne reprendrait pas
enjanvieralorsque celui-
ci a indiqué ne pas
vouloir « réagir pour le
moment« .
Eric Zemmour, qui
travaille aussi pour le
quotidien Le Figaro et la
radio RTL, est célèbre
pour ses prises de
position contre l’Europe,
l’immigration ou les
élites politiques,
économiques,
médiatiques et
intellectuelles qu’il
accuse d’avoir bradé les
valeurs de la France.
Juif originaire d’Afrique
du nord, véritable bête
médiatique que
s’arrachentlesémissions
de talk show, Eric
Zemmour est au centre
d’une nouvelle
polémique depuis la
diffusion d’un entretien
au quotidien italien
Corriere della Sera dans
lequel il déclarait que les
musulmans « vivent
entre eux, dans les
banlieues » et que « les
Français ont été obligés
de les quitter« .
Si le journaliste italien a
reconnu avoir ajouté le
mot « déporter » (cinq
millions de musulmans
français) dans une de ses
questions en
retranscrivant
l’entretien, la
controverse n’apas faibli
en France autour des
proposde Eric Zemmour.
iTELE a fait interviewer
Eric Zemmour par un de
ses journalistes « pour
bien comprendre sa
pensée et cela n’a fait
que confirmer qu’il
n’était plus possible de
continuer l’émission« , a
expliqué à l’AFP un
porte-parole de iTELE.
Dans un communiqué, la
Société des journalistes
(SDJ) de la chaîne s’est
« félicitée » de cette
« prise de position
forte« .
16. Observatoire de l'islam
16
« Les déclarations d’Eric
Zemmour dans le
Corriere della Sera ont
profondément choqué
les membres » de la SDJ
qui s’est « mobilisée »
dès le début de la
semaine à ce sujet, écrit-
elle.
L’association SOS
Racisme s’est« félicitée »
de la décision d’iTELE et
« attend de RTL, de Paris
Première (autre chaîne
de télévision) et du
Figaro qu’ils prennent la
même décision« .
Ces derniers jours,
d’autres associations
antiracistesavaientlancé
des appels aux médias
pour qu’ils cessent leur
collaboration avec le
polémiste, et annoncé
leurintention de saisir la
justice après ses propos
au Corriere della Sera.
Belga
Daesh: 100 jihadistesétrangers
voulant fuir la Syrie exécutés
Le Financial Times affirme que pour surveiller les potentiels déserteurs, Daesh a créé une
police militaire. Début décembre, BFMTV assurait que plusieurs français partis en Syrie
avaient pris contact avec un avocat spécialiste des questions de terrorisme pour regagner
l’Hexagone.
Le groupe jihadiste
Daesh ou Etat islamique
(EI) a exécuté 100 de ses
combattants étrangers
qui tentaient de quitter
la ville syriennede Raqqa
au nord du pays, a
affirmé samedi dans le
Financial Times un
activiste opposé au
régime syrienetà Daesh.
Ce militant qui
témoignait sous couvert
de l’anonymat et que le
quotidien dit « bien
connaître » affirme
« avoir vérifié ces 100
exécutions » jihadistes
étrangers tentant de fuir
les combats.
Une police militaire
créée par Daesh
Selon des membres du
groupe Etat islamique à
Raqqa, une police
militaire aété créée pour
s’occuper des
combattants étrangers
tentant de déserter les
combats, donnant lieu à
des dizaines de fouilles
de domiciles des
combattants et à autant
d’arrestations.
La presse britannique
affirmait mi-octobre que
cinq Britanniques, trois
Français,deux Allemands
et deux Belges, qui
voulaient rentrer dans
leur pays d’origine après
s’être plaints de
combattre des groupes
rebelles plutôt que les
forces du régime de
17. Observatoire de l'islam
17
Bachar Al-Assad, avaient
été faits prisonniers par
le groupe EI.
Au total, entre 30 et 50
Britanniques
souhaiteraient rentrer
mais craignent d’être
emprisonnés à leur
arrivée, évaluaient
également mi-octobre
des chercheurs du King’s
College de Londres qui
avaientété contactés par
l’un d’entre eux
affirmant parler au nom
des autres.
Des Français veulent
rentrer mais…
Derrière les images de
propagande, la
désillusion frappe
certains Français partis
enSyrie gonfler les rangs
de Daesh. Plusieurs
jeunes recrues – dont
BFMTV racontait le
quotidien il y a peu –
cherchent même à
rentrer. Et certains ont
contacté des avocats
spécialistesdesquestions
de terrorisme.
Mais le retour est
souvent difficile: « La
première difficulté
rencontrée par ces gens
c’estqu’ilsappartiennent
à des groupes qui ne les
laissent pas partir »,
pointe Martin Pradel.
« Autre difficulté,ils sont
dans une situation
administrative délicate,
leurs passeports leurs
ont souvent été retirés à
leur arrivée sur place.
Enfin, quand ils vont
rentrerenFrance,s’ilsne
sont pas en mesure de
s’expliquer, de justifier
leurpassage enSyrie puis
leur revirement, ils
devront faire faire face à
la justice française ».
Depuis 2012, seulement
200 jihadistes français,
sur plusieursmilliers, ont
réussi à regagner la
France.
Plusieurs chefs de Daesh
tués par la coalition?
Depuis le lancement en
août de la campagne de
frappesaériennesmenée
par la coalition formée
par les Etats-Unis, le
groupe jihadiste a perdu
du terrain et vu le
nombre de ses membres
tués augmenter
notablement. Cette
semaine, le Pentagone a
affirmé que plusieurs
chefs du groupe EI en
Irak avaient été tués par
les frappes aériennes de
la coalition.
En 40 jours, entre
octobre et novembre,
quelque 2.000 raids ont
fait plus de 500 morts,
selon l’Observatoire
syrien des droits de
l’Homme (OSDH), une
ONG qui dispose d’un
réseau de militants et
sources médicales sur le
terrain.
BFMTV
18. Observatoire de l'islam
18
Joué-lès-Tours: le drapeau de l’Etat
islamique sur le profil Facebook de
l’agresseur
Né au Burundi en 1994, il avait choisi le nom de «Bilâl» lorsqu’il s’est converti à l’islam.
Hieraprès-midi, Bertrand
Nzohabonayo,20ans, est
entré dans le
commissariat de Joué-
lès-Tours(Indre-et-Loire)
où il aurait crié «Allahou
Akbar» avant d’agresser
plusieurs policiers avec
un couteau. Il a été
abattu.
Françaisné au Burundi, il
est arrivé à Joué-lès-
Tours, en Indre-et-Loire,
il y a quelquesannées,de
parents séparés. Ce
jeune costaud et plutôt
sportif «naviguait
apparamment entre des
membres de sa famille»,
a dit samedi le procureur
de la République de
Tours, Jean-Luc Beck.
Il avait choisi le nom de
«Bilâl» lorsqu’il s’est
converti à l’islam, selon
un de ses proches qui
s’est confié à l’AFP. Il
était connu pour des
affaires de petite
délinquance, trafic de
stupéfiants, extorsion,
vol à l’étalage et recel.
Plusieurs spécialistes de
l’antiterrorisme ou des
groupes jihadistes lui
attribuent un compte
Facebook dont la photo
de profil est,depuisjeudi
seulement,le drapeaude
l’organisation Etat
islamique (EI) qui mène
le jihad en Syrie et en
Irak. Plusieurs textes et
slogans inspirés de
l’islam radical sont aussi
postés sur cette page.
Sur les photos de lui qui
circulent sur les réseaux
sociaux, on distingue un
jeune souriant au crane
rasé et au collier de
barbe noire fourni mais
sans moustache.
Il n’était pas fiché par la
Direction générale de la
sécurité intérieure
19. Observatoire de l'islam
19
(DGSI). En revanche, son
frère est connu des
services pour ses
positions radicales et a
un temps envisagé de
partir en Syrie avant de
renoncer, selon une
source proche de
l’enquête.
Sur Twitter,le journaliste
David Thomson, auteur
du livre Les Français
jihadistes(Les
Arènes), signale que
cette agressionintervient
au lendemain de la
diffusion d’un message
de menaces d’un
jihadiste français de
l’Etat islamique sur
Youtube, «faitesexploser
la France». Il ajoute
qu’entrer dans un
commissariat français
pour y faire un carnage
était un scénario évoqué
par un Français de
l’organisation» dans son
livre et rappelle que la
France est officiellement
une cible de l’Etat
islamique depuis une
déclarationde sonporte-
parole le 21 septembre
dernier.
Libération
Algérie – Islam : des imams algériens
formés en France
L’idée de la convention signée cette semaine entre Paris et Alger est de « lutter contre le
dévoiement et l’abaissement de l’islam ».
Sur fond de lutte contre
les extrémismes
religieux,enl’occurrence
l’islamisme, le ministre
français de l’Intérieur,
BernardCazeneuve,aété
reçu à Alger par le
Premier ministre
Abdelmalek Sellal, par
son homologue, Tayeb
Bélaïz, et par le ministre
des Affaires religieuses,
Mohamed Aïssa. C’est
avec ce dernier que
Bernard Cazeneuve a
signé cette convention
sur la formation
préparatoire des imams
algériens délégués en
France, mais aussi sur la
réhabilitation de la
Grande Mosquée de
Paris (GMP) et de
l’institut El Ghazali de
formation des imams,
lequel est rattaché à la
GMP.
Des imams délégués
« en harmonie avec les
exigences de la
République »
Faisant allusion aux
« actes terroristes
abjects et barbares [qui]
n’ont rien à voir avec la
religionmusulmane », le
ministre Bernard
Cazeneuve a indiqué
qu’ »il estimportantqu’il
y ait des imams formés
en harmonie avec les
exigences de la
République, des imams
20. Observatoire de l'islam
20
qui permettent de lutter
contre le dévoiement,
l’abaissement » de
l’islam.Cette déclaration
s’emboîte parfaitement
avec la démarche
adoptée en Algérie par
Mohamed Aïssa. Le
ministre des Affaires
religieusess’étaitdéjàen
effet engagé à revoir la
formation des imams.
Objectif : « Immuniser »
définitivement l’Algérie,
qui compte 17 000
mosquées, contre
l’intégrisme religieux qui
a conduit à une guerre
civile meurtrière dansles
années 90. Il y a deux
semaines, il avait ainsi
animé une discussion
religieuse à la Grande
Mosquée de Paris, une
première pour un
membre du
gouvernement algérien.
Le monde universitaire
et intellectuel ciblé
Cette convention a
permisde part et d’autre
de partager lavolonté de
« mobiliser le monde
universitaire et
intellectuel ». Objectif
affiché :« luttercontre le
mensonge et les
manipulations » de
l’islamauxquelsse livrent
lesgroupes terroristes. Il
faut noter que cette
réflexion intervient au
moment où les actes
islamophobes sont en
hausse en France, si l’on
en croit de nombreuses
associations. L’occasion
pour M. Cazeneuve, cité
par l’AFP, d’affirmer que
« le gouvernement
français est déterminé à
luttercontre toute forme
de racisme,
d’antisémitisme,
d’islamophobie et de
xénophobie ».
Précision : pays à forte
traditionlaïque,laFrance
compte quelque deux
mille lieux de culte
musulman.Quelque cent
imams sont affiliés à la
Grande Mosquée de
Paris (GMP). Celle-ci est
financée par l’Algérie et
est l’une des
composantes du Conseil
français du culte
musulman (CFCM).
Pour clore cette
séquence, une note
personnelle liée au
ministre français de
l’Intérieur a marqué la
signature de cette
convention. Après Alger,
Bernard Cazeneuve s’est
rendu à Oran, dans
l’ouest,pourse recueillir
sur la tombe de son
grand-père.
Aïda Haddad
21. Observatoire de l'islam
21
Un ancien du Djihad islamique : les
Frères musulmans sont très ignorants
des principesdu Coran
Nabil Na’im Aboul Fattah était en son temps l’un des fondateurs du Djihad islamique en
Egypte, groupe alors connu non moins que l’Etat islamique actuellement.
Ayant purgé plus de 20
ans pour activités
terroristes en prisons
égyptiennes,Nabil Na’im
est de nos l’un des plus
âpres critiques des
fanatiques religieux.
Salafistes, takfiristes,
frères musulmans sont
de diverses branches
d’un même arbre, a-t-il
constaté dans un
entretien avec notre
correspondant.
« La Confrérie
musulmane est
étroitement liée aux
takfiristes (de l’arabe
«excommunier »). Je
peux même dire qu’elle
lesa engendrés.Ainsi,les
Frères musulmans
prétendent que ceux qui
fréquentent la mosquée
pour prier ne sont pas
des musulmans. Saïd
Kutblui-même ettousles
adeptes des Frères
musulmans ne
comprennent rien en
Islam. J’ai étudié à
l’Université la loi
musulmane et je peux
juger du niveau de leurs
connaissance de la
religion ».
« Quant aux leaders de
groupes radicaux
islamiques (Frères
musulmans,salafistes),je
peux dire qu’ils sont des
personnes sans
scrupules, des
personnages
machiavéliques, à la
recherche uniquement
du gain et des sponsors.
Aprèsla révolution du 25
janvier, à laquelle les
salafistes n’ont pas pris
part, tousnousavons été
surpris par leurs fatwas
odieuses, telles que le
droit de donner le sein à
un homme adulte, de
prendre pourfemme des
fillettes(7-9 ans), d’avoir
des rapports sexuels
d’adieu avec l’épouse
morte.Est-ce que ce sont
des enseignements de
l’Islam ? Par leur faute
l’Islam a commencé à
susciter de la répulsion
22. Observatoire de l'islam
22
chezdesgensà traversle
monde. Les salafistes
représentent un danger
pour la société. Après le
25 janvier ce sont eux
encore qui ont brûlé des
mosquées,carilssontles
descendants de
Mohammed ben
Abdelwahhab, qui
considérait tous, dont
des musulmans, comme
des apostats ».
« Lessalafistescherchent
à mettre à leur profit
toute situation, avec
pour motif un impératif
religieux. Ils n’ont pas
pris part à la révolution
du 30 juin, amis ont
prétendu à leur part du
gâteau. C’est-à-dire que
des jeunes font la
révolution,tandisque les
salafistes cherchent à
profiter de ses fruits. Un
travail d’explication est
nécessaire pour que les
gens comprennent que
les salafistes égyptiens
sont des wahhabites et
non pas des adeptes du
prophète Mahomet. Ma
tâche est d’expliquer aux
gens qui est qui ».
Amru Beltagi
Tariq Ramadan : « La résistance du
Hamas est digne ! »
Invité d’Audrey Crespo-Mara, Tariq Ramadan, qui publie De l’islam et des musulmans,
considère le Hamas comme une « organisation de résistance ».
Audrey Crespo-Mara :
Au retour en France de
Serge Lazarevic, vous
avez déclaré vous réjouir
de sa libération, pour lui
et sa famille, condamner
toute prise d’otage,
quelle qu’elle soit, mais
vous écrivez aussi
ressentir un « profond
sentimentde malaise »…
Tariq Ramadan : Oui,
parce que, vous savez, la
France a toujours
négocié. Et je ne suis pas
de ceux qui pensent qu’il
ne faut pas négocier. Il
faut, à un moment
donné, sauver des vies !
On ne peut pas accepter
simplementqu’ontue les
otages. Mais il y a des
limites.Pourlalibération
23. Observatoire de l'islam
23
d’un otage juste avant
Noël afin de réjouir la
France, on a accepté
qu’un prisonnier qui a
tué de sang-froid un
gardiende prisonafricain
soitlibéré.Onestrevenu
à la pensée coloniale : la
vie d’un Blanc vaut plus
que la vie d’un Noir. En
France, il faut vraiment
qu’onse pose la question
de la perception qu’on a
de l’Afrique. On ne peut
pas continuer cette
politique de la
Françafrique.
Et si c’était l’ultime
exigence des ravisseurs,
il fallait, selon vous,
renoncer à libérer Serge
Lazarevic, le laisser se
faire exécuter ?
Non, il ne fallait pas le
laisser se faire exécuter,
mais libérer un
meurtrier… Il y a des
choses qu’on ne fait pas,
non. On ne peut pas
libérerunmeurtrierpour
simplement sauver l’un
des nôtres. Ça suffit. À
partir d’un certain
moment, la dignité
humaine doit être la
même pour tous. La vie
d’unNoirvaut la vie d’un
Blanc.
Dans votre livre, vous
n’avezaucune ambiguïté
à l’égard d’Aqmi, d’al-
Qaida, de Daesh, de
ceux qu’on appelle les
« djihadistes ». Sont-ils
des musulmans ou des
barbares qu’il faut
anéantir ?
Je n’utiliseraispasce mot
de « barbares à
anéantir».Mais je pense
que c’est à condamner !
Absolument.Ce n’estpas
ça, le « djihad ». Le
djihad, littéralement, ça
veut dire l’effort et la
résistance à tout ce qui
peut être l’oppression.
En soi et à l’extérieur. Le
djihad, ce n’est pas la
guerre ! C’est la
résistance pourlapaix.Et
l’une desconditionsde la
paix, c’est la justice, la
dignité.
Comment se fait-il, s’il
n’y a rien dans le texte
originel, qu’onarrive à le
tordre au point de lui
faire dire l’inverse de ce
qu’il dit ? Parmi ces
islamistes, aucun n’a lu
le texte ou tous l’ont lu
de travers ?
Ilsl’ont lu partiellement.
Ilsenont trahi lalettre et
l’esprit. Et donc nous
devons le dire. Ensuite,
nous devons aussi avoir
une analyse politique de
ce qui se passe. Le
silence de l’Occident, là
où ça a commencé,
quand des gens se
faisaient massacrer en
Syrie, et où on
demandait au dictateur
Assadde réformer.Onne
peut pas dire : « Vous,
musulmans, condamnez
! » Nous, on se lave les
mains de notre soutien à
Bachar el-Assad, à
Saddam Hussein… À al-
Sissi, reçu comme un
président, c’est un
dictateur ! Mille
condamnations à mort
en moins de quinze
minutes en Égypte et on
le reçoitcomme si c’était
un être respectable ?
Vous ne pouvez pas
espérer qu’il n’y ait pas
des « barbares » qui
réagissent.
Aux jeunes musulmans
français tentés de partir
faire la guerre en Irak,
en Syrie, que dites-vous
?
Il y a unvrai problème de
compréhension de
l’islam.Onades gens qui
sont dans la pensée
binaire, c’est eux contre
nous,etqui réussissent à
attirer ces jeunes. Donc,
déjà, il faut leur dire :
« Apprenezvotre religion
! Apprenez que ce n’est
pas nous,lesmusulmans,
contre le monde. C’est
nous, les personnes qui
défendent des principes
de justice, contre ceux
qui défendent
l’oppression. » Et puis
j’aimerais dire aux
gouvernements
européens qu’il ne faut
pas criminaliser ces
jeunes. Beaucoup sont
des victimes. Quand ils
reviennent,lesmettreen
prison, les criminaliser,
non ! Il faudrait utiliser
ces jeunes, dans un
travail de suivi éducatif,
pour qu’ils puissent
prévenir d’autres d’y
aller et de s’y engager.
Après la mort du
ministre palestinien Ziad
Abou Eïn en Cisjordanie,
24. Observatoire de l'islam
24
lors de heurts avec des
soldats israéliens dans
une colonie sauvage,
vous avez condamné ces
colonisations. Est-ce
que, pour autant, vous
légitimez les actions du
Hamas ?
Moi, je ne légitime
aucune action qui s’en
prend à des innocents et
qui s’en prend à des
civiles. La résistance à
l’armée israélienne, elle
est légitime.
Mais le Hamas, pour
vous, ce n’est pas une
organisation terroriste ?
Non, c’est une
organisation qui est du
même type que l’ANC à
l’époque oùondisaitque
c’était des terroristes. Ils
ont des moyens que je
réprouve, mais ont une
résistance que
j’approuve.
Propos recueillis par
Audrey Crespo-Mara
25. Observatoire de l'islam
25
«L’islam modéré n’est pas assez
entendu»
Pour les administrateurs de la mosquée de Graulhet, la principale crainte après les
arrestations antiterroristes hier dans le Tarn réside dans l’amalgame qui pourrait être fait
avec la majorité des musulmans, islamistes modérés.
L’étonnement régnait
hier parmi les
administrateurs de la
mosquée de Graulhet.
«Elle a été crée en 1981
dans une ancienne église.
Il y a toujours eu une
entente cordiale avec les
catholiques ou les
protestants. Nous avons
le même imam depuis
vingt ans, explique Ali
Grhouti qui confiait hier
«nous ne comprenons
pas.Guillaume venaitàla
mosquée, il ne parlait
pas. Nous ne savons pas
de quoi il est aujourd’hui
accusé».
«à la base, l’islam est
une religion de paix»
La principale crainte à
présent des
administrateurs est
l’amalgame qui pourrait
être fait.
«L’islam modéré n’est
pas assez entendu,
témoigne AhmedMazari.
À la base, l’islam est une
religion de paix. Notre
rôle est aussi de faire
face aux réseaux sociaux.
Certains jeunes se
cherchent, ils sont
perdusetsont desproies
faciles. Pourtant, l’imam
a expliquéce qu’il ne faut
pas faire. Parfois,
certains parents sont
même venus nous
trouver pour nous dire
qu’ils craignaient que
leursenfants ne tombent
dans la délinquance. Ici,
tout le monde se
connaît».
Les deux responsables
tiennent à répéter
inlassablementque l’état
prétendumentislamique
n’a rien à voir avec la
religion, il est mené par
des «barbares».
Albi, Labastide-
Rouairoux,etGraulhetet
à nouveau Albi hier… Les
personnes qui gèrent la
mosquée graulhétoise
comme Claude Fita,
maire de la ville, ne
pensent pas que le
départementduTarnsoit
un terreau favorable.
26. Observatoire de l'islam
26
«C’est bien dans toute la
France qu’il y a eu des
interpellations. Nous
avons à Graulhet un très
bon vivre ensemble»,
insiste l’élu qui hier ne
pouvait pas être très
loquace.
«Ce que je peux vous
dire, c’est que j’ai peu
d’informations à vous
communiquer pour
l’heure sur cette affaire.
Nous avons tous des
enfants et nous ne
savons pas toujours ce
qu’ils font, ce qu’ils
décident. Le parquet de
Parisgère cette situation.
Même moi, maire de
Graulhet, je ne sais pas
qui a été interpellé et je
suis vraiment surpris».
Jean-Claude Clerc