Exercice de FLE pour enfants sur les transports et les prépositions
Aristote Metaphysique
1. ARISTOTE Métaphysique
TRADUCTION DU PREMIER LIVRE DE LA MÉTAPHYSIQUE D'ARISTOTE.
I CHAPITRE PREMIER.
[980α] [21] Πάντες ἄνθρωποι τοῦ Tous les hommes ont un désir naturel de
εἰδέναι ὀρέγονται φύσει. Σημεῖον δ' savoir, comme le témoigne l'ardeur avec
ἡ τῶν αἰσθήσεων ἀγάπησις· καὶ γὰρ laquelle on recherche les connaissances qui
s'acquièrent par les sens. On les recherche en
χωρὶς τῆς χρείας ἀγαπῶνται δι'
effet pour elles-mêmes et indépendamment de
αὑτάς, καὶ μάλιστα τῶν ἄλλων ἡ διὰ leur utilité, surtout celles que nous devons à la
τῶν ὀμμάτων. Οὐ γὰρ μόνον ἵνα vue; car ce n'est pas seulement dans un but
πράττωμεν ἀλλὰ καὶ μηθὲν [25] pratique, c'est sans vouloir en faire aucun
μέλλοντες πράττειν τὸ ὁρᾶν usage, que nous préférons en quelque manière
αἱρούμεθα ἀντὶ πάντων ὡς εἰπεῖν cette sensation à toutes les autres ; cela vient
τῶν ἄλλων. Αἴτιον δ' ὅτι μάλιστα de ce qu'elle nous fait connaître plus d'objets,
ποιεῖ γνωρίζειν ἡμᾶς αὕτη τῶν et nous découvre plus de différences (01). La
αἰσθήσεων καὶ πολλὰς δηλοῖ nature a donné aux animaux la faculté de
διαφοράς. Φύσει μὲν οὖν αἴσθησιν sentir : mais chez les uns, la sensation ne
ἔχοντα γίγνεται τὰ ζῷα, ἐκ δὲ produit pas la mémoire, chez les autres, elle la
produit; et c'est pour cela que ces derniers
ταύτης τοῖς μὲν αὐτῶν οὐκ
sont plus intelligents et plus capables
ἐγγίγνεται μνήμη, τοῖς δ' d'apprendre que ceux qui n'ont pas la faculté
ἐγγίγνεται. [980β] [21] Καὶ διὰ de se ressouvenir. L'intelligence toute seule,
τοῦτο ταῦτα φρονιμώτερα καὶ sans la faculté d'apprendre, est le partage de
μαθητικώτερα τῶν μὴ δυναμένων ceux qui ne peuvent entendre les sons, comme
μνημονεύειν ἐστί, φρόνιμα μὲν ἄνευ les abeilles (02) et les autres animaux de cette
τοῦ μανθάνειν ὅσα μὴ δύναται τῶν espèce; la capacité d'apprendre est propre à
ψόφων ἀκούειν (οἷον μέλιττα κἂν εἴ tous ceux qui réunissent à la mémoire le sens
τι τοιοῦτον ἄλλο γένος ζῴων ἔστἰ, de l'ouïe. Il y a des espèces qui sont réduites à
μανθάνει [25] δ' ὅσα πρὸς τῇ μνήμῃ l'imagination (03) et à la mémoire, et qui sont
καὶ ταύτην ἔχει τὴν αἴσθησιν. Τὰ peu capables d'expérience : mais la race
humaine s'élève jusqu'à l'art et jusqu'au
μὲν οὖν ἄλλα ταῖς φαντασίαις ζῇ καὶ
raisonnement. C'est la mémoire qui dans
ταῖς μνήμαις, ἐμπειρίας δὲ μετέχει l'homme produit l'expérience; car plusieurs
μικρόν· τὸ δὲ τῶν ἀνθρώπων γένος ressouvenirs d'une même chose constituent
καὶ τέχνῃ καὶ λογισμοῖς. Γίγνεται δ' une expérience; aussi l'expérience paraît-elle
ἐκ τῆς μνήμης ἐμπειρία τοῖς presque semblable à la science et à l'art; et
ἀνθρώποις· αἱ γὰρ πολλαὶ μνῆμαι c'est de l'expérience que l'art' et la science
τοῦ αὐτοῦ πράγματος μιᾶς ἐμπειρίας viennent aux hommes; car, comme le dit Polus
δύναμιν ἀποτελοῦσιν. (04), et avec raison, c'est l'expérience qui fait
l'art, et l'inexpérience le hasard. L'art
[981α] [1] Καὶ δοκεῖ σχεδὸν commence, lorsque, de plusieurs données
empruntées à l'expérience, se forme une seule
ἐπιστήμῃ καὶ τέχνῃ ὅμοιον εἶναι καὶ
notion générale, qui s'applique à tous les cas
ἐμπειρία, ἀποβαίνει δ' ἐπιστήμη καὶ analogues. Savoir que Callias étant attaqué de
τέχνη διὰ τῆς ἐμπειρίας τοῖς telle maladie, tel remède lui a réussi, ainsi qu'à
ἀνθρώποις· ἡ μὲν γὰρ ἐμπειρία Socrate; et de même à plusieurs autres pris
τέχνην ἐποίησεν, ὡς φησὶ Πῶλος, ἡ individuellement, c'est de l'expérience; mais
[5] δ' ἀπειρία τύχην. Γίγνεται δὲ savoir d'une manière générale que tous les
τέχνη ὅταν ἐκ πολλῶν τῆς ἐμπειρίας individus compris dans une même classe et
ἐννοημάτων μία καθόλου γένηται atteints de telle maladie, de la pituite, par
περὶ τῶν ὁμοίων ὑπόληψις. Τὸ μὲν exemple, ou de la bile ou de la fièvre, ont été
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2. γὰρ ἔχειν ὑπόληψιν ὅτι Καλλίᾳ guéris par le même remède, c'est de l'art. Pour
κάμνοντι τηνδὶ τὴν νόσον τοδὶ la pratique, l'expérience ne diffère pas de l'art,
συνήνεγκε καὶ Σωκράτει καὶ καθ' et même les hommes d'expérience atteignent
ἕκαστον οὕτω πολλοῖς, ἐμπειρίας mieux leur but que ceux qui n'ont que la
théorie sans l'expérience; la raison en est que
ἐστίν· [10] τὸ δ' ὅτι πᾶσι τοῖς
l'expérience est la connaissance du particulier,
τοιοῖσδε κατ' εἶδος ἓν ἀφορισθεῖσι, l'art celle du général, et que tout acte, tout fait
κάμνουσι τηνδὶ τὴν νόσον, tombe sur le particulier; car ce n'est pas
συνήνεγκεν, οἷον τοῖς l'homme en général que guérit le médecin,
φλεγματώδεσιν ἢ χολώδεσι [ἢ] mais l'homme particulier, mais Callias ou
πυρέττουσι καύσῳ, τέχνης. Socrate, ou tout autre individu semblable, qui
se trouve être un homme; si donc quelqu'un
Πρὸς μὲν οὖν τὸ πράττειν ἐμπειρία possède la théorie sans l'expérience, et
τέχνης οὐδὲν δοκεῖ διαφέρειν, ἀλλὰ connaît le général sans connaître le particulier
καὶ μᾶλλον ἐπιτυγχάνουσιν οἱ dont il se compose, celui-là se trompera
ἔμπειροι τῶν ἄνευ τῆς ἐμπειρίας souvent sur le remède à employer; car ce qu'il
s'agit de guérir, c'est l'individu. Cependant on
[15] λόγον ἐχόντων (αἴτιον δ' ὅτι ἡ
croit que le savoir appartient plus à l'art qu'à
μὲν ἐμπειρία τῶν καθ' ἕκαστόν ἐστι l'expérience, et on tient pour plus sages les
γνῶσις ἡ δὲ τέχνη τῶν καθόλου, αἱ hommes d'art que les hommes d'expérience;
δὲ πράξεις καὶ αἱ γενέσεις πᾶσαι car la sagesse est toujours en raison du savoir.
περὶ τὸ καθ' ἕκαστόν εἰσιν· οὐ γὰρ Et il en est ainsi parce que les premiers
ἄνθρωπον ὑγιάζει ὁ ἰατρεύων ἀλλ' ἢ connaissent la cause, tandis que les seconds
κατὰ συμβεβηκός, ἀλλὰ Καλλίαν ἢ ne la connaissent pas; les hommes
Σωκράτην ἢ τῶν ἄλλων τινὰ [20] d'expérience en effet, savent bien qu'une
τῶν οὕτω λεγομένων ᾧ συμβέβηκεν chose est, mais le pourquoi, ils l'ignorent; les
ἀνθρώπῳ εἶναι· ἐὰν οὖν ἄνευ τῆς autres, au contraire, savent le pourquoi et la
ἐμπειρίας ἔχῃ τις τὸν λόγον, καὶ τὸ cause. Aussi on regarde en toute circonstance
les architectes comme supérieurs en
καθόλου μὲν γνωρίζῃ τὸ δ' ἐν τούτῳ
considération, en savoir et en sagesse aux
καθ' ἕκαστον ἀγνοῇ, πολλάκις simples manoeuvres, parce qu'ils savent la
διαμαρτήσεται τῆς θεραπείας· raison de ce qui se fait, tandis qu'il en est de
θεραπευτὸν γὰρ τὸ καθ' ἕκαστον)· ces derniers comme de ces espèces inanimées
ἀλλ' ὅμως τό γε εἰδέναι καὶ τὸ qui agissent sans savoir ce quelles font, par
ἐπαΐειν τῇ [25] τέχνῃ τῆς ἐμπειρίας exemple, le feu qui brûle sans savoir qu'il
ὑπάρχειν οἰόμεθα μᾶλλον, καὶ brûle. Les êtres insensibles suivent l'impulsion
σοφωτέρους τοὺς τεχνίτας τῶν de leur nature; les manoeuvres suivent
ἐμπείρων ὑπολαμβάνομεν, ὡς κατὰ l'habitude; aussi n'est-ce pas par rapport à la
τὸ εἰδέναι μᾶλλον ἀκολουθοῦσαν pratique qu'on préfère les architectes aux
manoeuvres, mais par rapport à la théorie, et
τὴν σοφίαν πᾶσι· τοῦτο δ' ὅτι οἱ μὲν
parce qu'ils ont la connaissance des causes.
τὴν αἰτίαν ἴσασιν οἱ δ' οὔ. Οἱ μὲν Enfin, ce qui distingue le savant, c'est qu'il
γὰρ ἔμπειροι τὸ ὅτι μὲν ἴσασι, διότι peut enseigner; et c'est pourquoi on pense
δ' οὐκ ἴσασιν· οἱ δὲ τὸ διότι [30] καὶ qu'il y a plus de savoir dans l'art que dans
τὴν αἰτίαν γνωρίζουσιν. Διὸ καὶ l'expérience; car l'homme d'art peut enseigner,
τοὺς ἀρχιτέκτονας περὶ ἕκαστον l'homme d'expérience ne le peut pas. En outre,
τιμιωτέρους καὶ μᾶλλον εἰδέναι on n'attribue la sagesse à aucune des
νομίζομεν τῶν χειροτεχνῶν καὶ connaissances qui viennent par les sens,
σοφωτέρους, [981β] [1] ὅτι τὰς quoiqu'ils soient le vrai moyen de connaître les
αἰτίας τῶν ποιουμένων ἴσασιν (τοὺς choses particulières ; mais ils ne nous disent le
δ', ὥσπερ καὶ τῶν ἀψύχων ἔνια ποιεῖ pourquoi de rien ; par exemple, ils ne nous
apprennent pas pourquoi le feu est chaud,
μέν, οὐκ εἰδότα δὲ ποιεῖ ἃ ποιεῖ,
mais seulement qu'il est chaud. D'après cela, il
οἷον καίει τὸ πῦρ· τὰ μὲν οὖν ἄψυχα était naturel que le premier qui trouva, au-
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3. φύσει τινὶ ποιεῖν τούτων ἕκαστον dessus des connaissances sensibles,
τοὺς δὲ χειροτέχνας [5] δι' ἔθος), ὡς communes à tous, un art quelconque, celui-là
οὐ κατὰ τὸ πρακτικοὺς εἶναι fut admiré des hommes, non seulement à
σοφωτέρους ὄντας ἀλλὰ κατὰ τὸ cause de l'utilité de ses découvertes, mais
aussi comme un sage supérieur au reste des
λόγον ἔχειν αὐτοὺς καὶ τὰς αἰτίας
hommes. Les arts s'étant multipliés, et les uns
γνωρίζειν. Ὅλως τε σημεῖον τοῦ se rapportant aux nécessités, les autres aux
εἰδότος καὶ μὴ εἰδότος τὸ δύνασθαι agréments de la vie, les inventeurs de ceux-ci
διδάσκειν ἐστίν, καὶ διὰ τοῦτο τὴν ont toujours été estimés plus sages que les
τέχνην τῆς ἐμπειρίας ἡγούμεθα inventeurs de ceux-là, parce que leurs
μᾶλλον ἐπιστήμην εἶναι· δύνανται découvertes ne se rapportaient pas à des
γάρ, οἱ δὲ οὐ δύνανται διδάσκειν. besoins. Ces deux sortes d'arts une fois
[10] Ἔτι δὲ τῶν αἰσθήσεων οὐδεμίαν trouvés, on en découvrit d'autres qui n'avaient
ἡγούμεθα εἶναι σοφίαν· καίτοι plus pour objet ni le plaisir ni la nécessité, et
κυριώταταί γ' εἰσὶν αὗται τῶν καθ' ce fut d'abord dans les pays où les hommes
ἕκαστα γνώσεις· ἀλλ' οὐ λέγουσι τὸ avaient du loisir. Ainsi, c'est en Égypte que les
mathématiques se sont formées ; là, en effet,
διὰ τί περὶ οὐδενός, οἷον διὰ τί
beaucoup de loisir était laissé à la caste des
θερμὸν τὸ πῦρ, ἀλλὰ μόνον ὅτι prêtres. Du reste, nous avons dit dans la
θερμόν. Τὸ μὲν οὖν πρῶτον εἰκὸς Morale (05) en quoi diffèrent l'art et la science
τὸν ὁποιανοῦν εὑρόντα τέχνην παρὰ et les autres degrés de connaissance; ce que
τὰς κοινὰς αἰσθήσεις θαυμάζεσθαι nous voulons établir ici, c'est que tout le
[15] ὑπὸ τῶν ἀνθρώπων μὴ μόνον monde entend par la sagesse à proprement
διὰ τὸ χρήσιμον εἶναί τι τῶν parler la connaissance des premières causes et
εὑρεθέντων ἀλλ' ὡς σοφὸν καὶ des principes; de telle sorte que, comme nous
διαφέροντα τῶν ἄλλων· πλειόνων δ' l'avons déjà dit, sous le rapport de la sagesse,
εὑρισκομένων τεχνῶν καὶ τῶν μὲν l'expérience est supérieure à la sensation, l'art
πρὸς τἀναγκαῖα τῶν δὲ πρὸς à l'expérience, l’architecte au manoeuvre et la
théorie à la pratique. Il est clair d'après cela
διαγωγὴν οὐσῶν, ἀεὶ σοφωτέρους
que la sagesse par excellence, la philosophie
τοὺς τοιούτους ἐκείνων (06) est la science de certains principes et de
ὑπολαμβάνεσθαι διὰ τὸ μὴ πρὸς [20] certaines causes.
χρῆσιν εἶναι τὰς ἐπιστήμας αὐτῶν.
Ὅθεν ἤδη πάντων τῶν τοιούτων
κατεσκευασμένων αἱ μὴ πρὸς
ἡδονὴν μηδὲ πρὸς τἀναγκαῖα τῶν
ἐπιστημῶν εὑρέθησαν, καὶ πρῶτον
ἐν τούτοις τοῖς τόποις οὗ πρῶτον
ἐσχόλασαν· διὸ περὶ Αἴγυπτον αἱ
μαθηματικαὶ πρῶτον τέχναι
συνέστησαν, ἐκεῖ γὰρ ἀφείθη
σχολάζειν [25] τὸ τῶν ἱερέων ἔθνος.
Εἴρηται μὲν οὖν ἐν τοῖς ἠθικοῖς τίς
διαφορὰ τέχνης καὶ ἐπιστήμης καὶ
τῶν ἄλλων τῶν ὁμογενῶν· οὗ δ'
ἕνεκα νῦν ποιούμεθα τὸν λόγον
τοῦτ' ἐστίν, ὅτι τὴν ὀνομαζομένην
σοφίαν περὶ τὰ πρῶτα αἴτια καὶ τὰς
ἀρχὰς ὑπολαμβάνουσι πάντες· ὥστε,
καθάπερ εἴρηται πρότερον, [30] ὁ
μὲν ἔμπειρος τῶν ὁποιανοῦν
ἐχόντων αἴσθησιν εἶναι δοκεῖ
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4. σοφώτερος, ὁ δὲ τεχνίτης τῶν
ἐμπείρων, χειροτέχνου δὲ
ἀρχιτέκτων, αἱ δὲ θεωρητικαὶ τῶν
ποιητικῶν μᾶλλον. [982α] [1] Ὅτι
μὲν οὖν ἡ σοφία περί τινας ἀρχὰς
καὶ αἰτίας ἐστὶν ἐπιστήμη, δῆλον.
II CHAPITRE II.
Ἐπεὶ δὲ ταύτην τὴν ἐπιστήμην Puisque telle est la science que nous
ζητοῦμεν, τοῦτ' ἂν εἴη [5] σκεπτέον, cherchons, il nous faut examiner de quelles
ἡ περὶ ποίας αἰτίας καὶ περὶ ποίας causes et de quels principes s'occupe cette
ἀρχὰς ἐπιστήμη σοφία ἐστίν. εἰ δὴ science qui est la philosophie. C'est ce que
nous pourrons éclaircir par les diverses
λάβοι τις τὰς ὑπολήψεις ἃς ἔχομεν manières dont on conçoit généralement le
περὶ τοῦ σοφοῦ, τάχ' ἂν ἐκ τούτου philosophe. On entend d'abord par ce mot
φανερὸν γένοιτο μᾶλλον. l'homme qui sait tout, autant que cela est
Ὑπολαμβάνομεν δὴ πρῶτον μὲν possible, sans savoir les détails. En. second
ἐπίστασθαι πάντα τὸν σοφὸν ὡς lieu, on appelle philosophe celui qui peut
ἐνδέχεται, μὴ καθ' ἕκαστον ἔχοντα connaître les choses difficiles et peu
ἐπιστήμην [10] αὐτῶν· εἶτα τὸν τὰ accessibles à la connaissance humaine; or les
χαλεπὰ γνῶναι δυνάμενον καὶ μὴ connaissances sensibles étant communes à
ῥᾴδια ἀνθρώπῳ γιγνώσκειν, τοῦτον tous et par conséquent faciles, n'ont rien de
σοφόν (τὸ γὰρ αἰσθάνεσθαι πάντων philosophique. Ensuite on croit que plus un
homme est exact et capable d'enseigner les
κοινόν, διὸ ῥᾴδιον καὶ οὐδὲν
causes, plus il est philosophe en toute science.
σοφόν)· ἔτι τὸν ἀκριβέστερον καὶ En outre, la science qu'on étudie pour elle-
τὸν διδασκαλικώτερον τῶν αἰτιῶν même et dans le seul but de savoir, paraît
σοφώτερον εἶναι περὶ πᾶσαν plutôt la philosophie que celle qu'on apprend
ἐπιστήμην· καὶ τῶν ἐπιστημῶν δὲ en vue de ses résultats. Enfin, de deux
τὴν [15] αὑτῆς ἕνεκεν καὶ τοῦ sciences, celle qui domine l'autre, est plutôt la
εἰδέναι χάριν αἱρετὴν οὖσαν μᾶλλον philosophie que celle qui lui est subordonnée;
εἶναι σοφίαν ἢ τὴν τῶν car le philosophe rie doit pas recevoir des lois,
ἀποβαινόντων ἕνεκεν, καὶ τὴν mais en donner; et il ne doit pas obéir à un
ἀρχικωτέραν τῆς ὑπηρετούσης autre, mais c'est au moins sage à lui obéir.
μᾶλλον σοφίαν· οὐ γὰρ δεῖν
ἐπιτάττεσθαι τὸν σοφὸν ἀλλ' Telle est la nature et le nombre des idées que
nous nous formons de la philosophie et du
ἐπιτάττειν, καὶ οὐ τοῦτον ἑτέρῳ
philosophe. De tous ces caractères de la
πείθεσθαι, ἀλλὰ τούτῳ τὸν ἧττον philosophie, celui qui consiste à savoir toutes
σοφόν. choses, appartient surtout à l'homme qui
possède le mieux la connaissance du général ;
Τὰς μὲν οὖν [20] ὑπολήψεις car celui-là sait ce qui en est de tous les sujets
τοιαύτας καὶ τοσαύτας ἔχομεν περὶ particuliers. Et puis les connaissances les plus
τῆς σοφίας καὶ τῶν σοφῶν· τούτων générales sont peut-être les plus difficiles à
δὲ τὸ μὲν πάντα ἐπίστασθαι τῷ acquérir; car elles sont les plus éloignées des
μάλιστα ἔχοντι τὴν καθόλου sensations. Ensuite, les sciences les plus
ἐπιστήμην ἀναγκαῖον ὑπάρχειν exactes sont celles qui s'occupent le plus des
principes; en effet celles dont l'objet est plus
(οὗτος γὰρ οἶδέ πως πάντα τὰ
simple sont plus exactes que celles dont l'objet
ὑποκείμενἀ, σχεδὸν δὲ καὶ est plus composé; l'arithmétique, par exemple,
χαλεπώτατα ταῦτα γνωρίζειν τοῖς l'est plus que la géométrie. Ajoutez que. la
ἀνθρώποις, τὰ μάλιστα [25] science qui peut le mieux enseigner, est celle
καθόλου (πορρωτάτω γὰρ τῶν qui étudie les causes; car enseigner, c'est dire
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5. αἰσθήσεών ἐστιν), ἀκριβέσταται δὲ les causes de chaque chose.
τῶν ἐπιστημῶν αἳ μάλιστα τῶν
πρώτων εἰσίν (αἱ γὰρ ἐξ ἐλαττόνων De plus, savoir uniquement pour savoir,
ἀκριβέστεραι τῶν ἐκ προσθέσεως appartient surtout à la science de ce qu'il y a
λεγομένων, οἷον ἀριθμητικὴ de plus scientifique; car celui qui veut
apprendre dans le seul but d'apprendre,
γεωμετρίασ)· ἀλλὰ μὴν καὶ
choisira sur toute autre la science par
διδασκαλική γε ἡ τῶν αἰτιῶν excellence, c'est-à-dire la science de ce qu'il y
θεωρητικὴ μᾶλλον (οὗτοι γὰρ a de plus scientifique; et ce qu'il y a de plus
διδάσκουσιν, οἱ τὰς [30] αἰτίας scientifique, ce sont les principes et les causes;
λέγοντες περὶ ἑκάστοὐ, τὸ δ' εἰδέναι car c'est à l'aide des principes et par eux que
καὶ τὸ ἐπίστασθαι αὐτῶν ἕνεκα nous connaissons les autres choses, et non pas
μάλισθ' ὑπάρχει τῇ τοῦ μάλιστα les principes par les sujets particuliers. Enfin,
ἐπιστητοῦ ἐπιστήμῃ (ὁ γὰρ τὸ la science souveraine, faite pour dominer
ἐπίστασθαι δι' αὑτὸ αἱρούμενος τὴν toutes les autres, est celle qui connaît pourquoi
μάλιστα ἐπιστήμην μάλιστα il faut faire chaque chose; or, ce pourquoi est
αἱρήσεται, [982β] [1] τοιαύτη δ' le bien dans chaque chose, et, en général,
c'est le bien absolu dans toute la nature (07).
ἐστὶν ἡ τοῦ μάλιστα ἐπιστητοῦ),
μάλιστα δ' ἐπιστητὰ τὰ πρῶτα καὶ
De tout ce que nous venons de dire, il résulte
τὰ αἴτια (διὰ γὰρ ταῦτα καὶ ἐκ que le mot de philosophie dont nous avons
τούτων τἆλλα γνωρίζεται ἀλλ' οὐ recherché les diverses significations, se
ταῦτα διὰ τῶν ὑποκειμένων), rapporte à une seule et même science. Une
ἀρχικωτάτη δὲ τῶν ἐπιστημῶν, καὶ telle science s'élève aux principes et aux
[5] μᾶλλον ἀρχικὴ τῆς ὑπηρετούσης, causes; or, le bien, la raison des choses, est au
ἡ γνωρίζουσα τίνος ἕνεκέν ἐστι nombre des causes. Et qu'elle n'a pas un but
πρακτέον ἕκαστον· τοῦτο δ' ἐστὶ pratique, c'est ce qui est évident par l'exemple
τἀγαθὸν ἑκάστου, ὅλως δὲ τὸ des premiers qui se sont occupés de
ἄριστον ἐν τῇ φύσει πάσῃ. Ἐξ philosophie. Ce fut en effet l'étonnement
ἁπάντων οὖν τῶν εἰρημένων ἐπὶ τὴν d'abord comme aujourd'hui, qui fit naître parmi
les hommes les recherches philosophiques.
αὐτὴν ἐπιστήμην πίπτει τὸ
Entre les phénomènes qui les frappaient, leur
ζητούμενον ὄνομα· δεῖ γὰρ ταύτην curiosité se porta d'abord sur ce qui était le
τῶν πρώτων ἀρχῶν καὶ αἰτιῶν εἶναι plus à leur portée ; puis, s'avançant ainsi peu à
θεωρητικήν· [10] καὶ γὰρ τἀγαθὸν peu, ils en vinrent à se demander compte de
καὶ τὸ οὗ ἕνεκα ἓν τῶν αἰτίων ἐστίν. plus grands phénomènes, comme des divers
Ὅτι δ' οὐ ποιητική, δῆλον καὶ ἐκ états de la lune, du soleil, des astres, et enfin
τῶν πρώτων φιλοσοφησάντων· διὰ de l'origine de l'univers. Or, douter et
γὰρ τὸ θαυμάζειν οἱ ἄνθρωποι καὶ s'étonner, c'est reconnaître son ignorance..
νῦν καὶ τὸ πρῶτον ἤρξαντο Voilà pourquoi on peut dire en quelque
φιλοσοφεῖν, ἐξ ἀρχῆς μὲν τὰ manière que l'ami de la philosophie est aussi
πρόχειρα τῶν ἀτόπων θαυμάσαντες, celui des mythes (08); car la matière du
mythe, c'est l'étonnant, le merveilleux. Si donc
εἶτα κατὰ μικρὸν οὕτω προϊόντες on a philosophé pour échapper à l'ignorance, il
[15] καὶ περὶ τῶν μειζόνων est clair qu'on a poursuivi la science pour
διαπορήσαντες, οἷον περί τε τῶν savoir et sans aucun but d'utilité. Le fait eu fait
τῆς σελήνης παθημάτων καὶ τῶν foi : car tout ce qui regarde les besoins, le
περὶ τὸν ἥλιον καὶ ἄστρα καὶ περὶ bien-être et la commodité de la vie était déjà
τῆς τοῦ παντὸς γενέσεως. Ὁ δ' trouvé, lorsqu'on entreprit un tel ordre de
ἀπορῶν καὶ θαυμάζων οἴεται recherches. Il est donc évident que nous ne
ἀγνοεῖν (διὸ καὶ ὁ φιλόμυθος cherchons la philosophie dans aucun intérêt
φιλόσοφός πώς ἐστιν· ὁ γὰρ μῦθος étranger ; et comme nous appelons homme
σύγκειται ἐκ θαυμασίων)· ὥστ' εἴπερ libre celui qui s'appartient à lui-même et qui
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6. διὰ [20] τὸ φεύγειν τὴν ἄγνοιαν n'appartient pas à un autre, de même la
ἐφιλοσόφησαν, φανερὸν ὅτι διὰ τὸ philosophie est de toutes les sciences la seule
εἰδέναι τὸ ἐπίστασθαι ἐδίωκον καὶ libre; car seule elle est à elle-même son propre
οὐ χρήσεώς τινος ἕνεκεν. Μαρτυρεῖ but. Aussi, ne serait-ce pas sans quelque
δὲ αὐτὸ τὸ συμβεβηκός· σχεδὸν γὰρ raison qu'on regarderait comme plus
qu'humaine la possession de cette science; car
πάντων ὑπαρχόντων τῶν ἀναγκαίων la nature de l'homme est esclave à beaucoup
καὶ πρὸς ῥᾳστώνην καὶ διαγωγὴν ἡ d'égards; la divinité seule, pour parler comme
τοιαύτη φρόνησις ἤρξατο ζητεῖσθαι. Simonide (09), aurait ce privilège, et il ne
Δῆλον οὖν ὡς δι' [25] οὐδεμίαν convient pas à l'homme de ne pas se borner à
αὐτὴν ζητοῦμεν χρείαν ἑτέραν, ἀλλ' la science qui est à son usage. Si donc les
ὥσπερ ἄνθρωπος, φαμέν, ἐλεύθερος poètes disent vrai, et si la nature divine doit
ὁ αὑτοῦ ἕνεκα καὶ μὴ ἄλλου ὤν, être envieuse, c'est surtout au sujet de cette
οὕτω καὶ αὐτὴν ὡς μόνην οὖσαν prétention, et tous les téméraires qui la
ἐλευθέραν τῶν ἐπιστημῶν· μόνη γὰρ partagent, eu portent la peine. Mais la divinité
αὕτη αὑτῆς ἕνεκέν ἐστιν. Διὸ καὶ ne peut connaître l'envie; les poètes, comme
dit le proverbe, sont souvent menteurs, et il
δικαίως ἂν οὐκ ἀνθρωπίνη
n'y a pas de science à laquelle il faille attacher
νομίζοιτο αὐτῆς ἡ κτῆσις· πολλαχῇ plus de prix. Car la plus divine est celle qu'on
γὰρ ἡ φύσις δούλη τῶν [30] doit priser le plus; or, celle-ci porte seule ce
ἀνθρώπων ἐστίν, ὥστε κατὰ caractère à un double titre. En effet, une
Σιμωνίδην « θεὸς ἂν μόνος τοῦτ' science qui appartiendrait à Dieu, et qui
ἔχοι γέρας », ἄνδρα δ' οὐκ ἄξιον μὴ s'occuperait de choses divines, serait sans
οὐ ζητεῖν τὴν καθ' αὑτὸν contredit une science divine : et seule, celle
ἐπιστήμην. Εἰ δὴ λέγουσί τι οἱ dont nous parlons satisfait à ces deux
ποιηταὶ καὶ πέφυκε φθονεῖν τὸ conditions. D'une part, Dieu est reconnu de
θεῖον, [983α] [1] ἐπὶ τούτου tout le monde comme le principe même des
συμβῆναι μάλιστα εἰκὸς καὶ causes; et de l'autre, la science des causes lui
appartient exclusivement ou dans un degré
δυστυχεῖς [2] εἶναι πάντας τοὺς
supérieur. Ainsi toutes les sciences sont plus
περιττούς. Ἀλλ' οὔτε τὸ θεῖον nécessaires que la philosophie, mais nulle
φθονερὸν ἐνδέχεται εἶναι, ἀλλὰ κατὰ n'est plus excellente. Et rien ne diffère plus
τὴν παροιμίαν πολλὰ ψεύδονται que la possession de cette science et son
ἀοιδοί, οὔτε τῆς τοιαύτης ἄλλην χρὴ début. On commence, ainsi que nous l'avons
νομίζειν τιμιωτέραν. [5] Ἡ γὰρ dit, par s'étonner que les choses soient de telle
θειοτάτη καὶ τιμιωτάτη· τοιαύτη δὲ façon ; et comme on s'émerveille en présence
διχῶς ἂν εἴη μόνη· ἥν τε γὰρ μάλιστ' des automates, quand on n'en connaît pas les
ἂν ὁ θεὸς ἔχοι, θεία τῶν ἐπιστημῶν ressorts, de même nous nous étonnons des
ἐστί, κἂν εἴ τις τῶν θείων εἴη. Μόνη révolutions du soleil et de l'incommensurabilité
du diamètre; car il semble étonnant à tout le
δ' αὕτη τούτων ἀμφοτέρων
monde qu'une quantité ne puisse être mesurée
τετύχηκεν· ὅ τε γὰρ θεὸς δοκεῖ τῶν par une quantité si petite qu'elle soit. C'est,
αἰτίων πᾶσιν εἶναι καὶ ἀρχή τις, καὶ comme dit le proverbe, par le contraire et par
τὴν τοιαύτην ἢ μόνος ἢ μάλιστ' [10] le meilleur qu'il faut finir, comme il arrive dans
ἂν ἔχοι ὁ θεός. Ἀναγκαιότεραι μὲν le cas que nous venons de citer, lorsqu'enfin
οὖν πᾶσαι ταύτης, ἀμείνων δ' on est parvenu à s'en rendre compte : car rien
οὐδεμία. n'étonnerait plus un géomètre que si le
diamètre devenait commensurable.
Δεῖ μέντοι πως καταστῆναι τὴν
κτῆσιν αὐτῆς εἰς τοὐναντίον ἡμῖν Nous venons de déterminer la nature de la
τῶν ἐξ ἀρχῆς ζητήσεων. Ἄρχονται science que nous cherchons, le but de cette
μὲν γάρ, ὥσπερ εἴπομεν, ἀπὸ τοῦ science et de tout notre travail.
θαυμάζειν πάντες εἰ οὕτως ἔχει,
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7. καθάπερ τῶν θαυμάτων ταὐτόματα
[τοῖς μήπω τεθεωρηκόσι [15] τὴν
αἰτίαν] ἢ περὶ τὰς τοῦ ἡλίου τροπὰς
ἢ τὴν τῆς διαμέτρου ἀσυμμετρίαν
(θαυμαστὸν γὰρ εἶναι δοκεῖ πᾶσι εἴ
τι τῷ ἐλαχίστῳ μὴ μετρεῖταἰ· δεῖ δὲ
εἰς τοὐναντίον καὶ τὸ ἄμεινον κατὰ
τὴν παροιμίαν ἀποτελευτῆσαι,
καθάπερ καὶ ἐν τούτοις ὅταν
μάθωσιν· οὐθὲν γὰρ [20] ἂν οὕτως
θαυμάσειεν ἀνὴρ γεωμετρικὸς ὡς εἰ
γένοιτο ἡ διάμετρος μετρητή. Τίς
μὲν οὖν ἡ φύσις τῆς ἐπιστήμης τῆς
ζητουμένης, εἴρηται, καὶ τίς ὁ
σκοπὸς οὗ δεῖ τυγχάνειν τὴν
ζήτησιν καὶ τὴν ὅλην μέθοδον.
III CHAPITRE III.
Ἐπεὶ δὲ φανερὸν ὅτι τῶν ἐξ ἀρχῆς Il est évident qu'il faut acquérir la science des
αἰτίων δεῖ λαβεῖν [25] ἐπιστήμην causes premières, puisque nous ne pensons
(τότε γὰρ εἰδέναι φαμὲν ἕκαστον, savoir une chose que quand nous croyons en
connaître la première cause. Or, on distingue
ὅταν τὴν πρώτην αἰτίαν οἰώμεθα
quatre sortes de causes, la première est
γνωρίζειν), τὰ δ' αἴτια λέγεται l'essence et la forme propre de chaque chose
τετραχῶς, ὧν μίαν μὲν αἰτίαν φαμὲν (10); car il faut pousser la recherche des
εἶναι τὴν οὐσίαν καὶ τὸ τί ἦν εἶναι causes aussi loin qu'il est possible, et c'est la
(ἀνάγεται γὰρ τὸ διὰ τί εἰς τὸν raison dernière d'une chose qui en est le
λόγον ἔσχατον, αἴτιον δὲ καὶ ἀρχὴ principe et la cause. La seconde cause est la
τὸ διὰ τί πρῶτον), ἑτέραν δὲ τὴν matière et le sujet (11); la troisième le principe
ὕλην [30] καὶ τὸ ὑποκείμενον, du mouvement (12); la quatrième, enfin, celle
τρίτην δὲ ὅθεν ἡ ἀρχὴ τῆς qui répond à la précédente, la raison et le bien
κινήσεως, τετάρτην δὲ τὴν des choses (13); car la fin de tout phénomène
ἀντικειμένην αἰτίαν ταύτῃ, τὸ οὗ et de tout mouvement, c'est le bien. Ces points
de vue ont été suffisamment expliqués dans
ἕνεκα καὶ τἀγαθόν (τέλος γὰρ
les livres de physique (14); reprenons
γενέσεως καὶ κινήσεως πάσης τοῦτ' cependant les opinions des philosophes qui
ἐστίν), τεθεώρηται μὲν οὖν ἱκανῶς nous ont précédés dans l'étude des êtres et de
περὶ αὐτῶν ἡμῖν ἐν τοῖς περὶ la vérité. Il est évident qu'eux aussi
φύσεως, [983β] [1] ὅμως δὲ reconnaissent certaines causes et certains
παραλάβωμεν καὶ τοὺς πρότερον principes : cette revue peut donc nous être
ἡμῶν εἰς ἐπίσκεψιν τῶν ὄντων utile pour la recherche qui nous occupe. Car il
ἐλθόντας καὶ φιλοσοφήσαντας περὶ arrivera ou que nous rencontrerons un ordre de
τῆς ἀληθείας. Δῆλον γὰρ ὅτι causes que nous avions omis, ou que nous
κἀκεῖνοι λέγουσιν ἀρχάς τινας καὶ prendrons plus de confiance dans la
αἰτίας· ἐπελθοῦσιν οὖν ἔσται τι classification que nous venons d'exposer.
προὔργου τῇ μεθόδῳ τῇ νῦν· [5] ἢ
La plupart des premiers philosophes ont
γὰρ ἕτερόν τι γένος εὑρήσομεν
cherché dans la matière les principes de toutes
αἰτίας ἢ ταῖς νῦν λεγομέναις μᾶλλον
choses. Car ce dont toute chose est, d'où
πιστεύσομεν. provient toute génération et où aboutit toute
destruction, l'essence restant la même et ne
Τῶν δὴ πρώτων φιλοσοφησάντων οἱ faisant que changer d'accidents, voilà ce qu'ils
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8. πλεῖστοι τὰς ἐν ὕλης εἴδει μόνας appellent l'élément et le principe des êtres; et
ᾠήθησαν ἀρχὰς εἶναι πάντων· ἐξ οὗ pour cette raison, ils pensent que rien ne naît
γὰρ ἔστιν ἅπαντα τὰ ὄντα καὶ ἐξ οὗ et que rien ne périt, puisque cette nature
γίγνεται πρώτου καὶ εἰς ὃ φθείρεται première subsiste toujours. Nous ne disons pas
d'une manière absolue que Socrate naît,
τελευταῖον, τῆς μὲν [10] οὐσίας
lorsqu'il devient beau ou musicien, ni qu'il périt
ὑπομενούσης τοῖς δὲ πάθεσι lorsqu'il perd ces manières d'être, attendu que
μεταβαλλούσης, τοῦτο στοιχεῖον καὶ le même Socrate, sujet de ces changements,
ταύτην ἀρχήν φασιν εἶναι τῶν n'en demeure pas moins ; il en est de même
ὄντων, καὶ διὰ τοῦτο οὔτε γίγνεσθαι pour toutes les autres choses; car il doit y avoir
οὐθὲν οἴονται οὔτε ἀπόλλυσθαι, ὡς une certaine nature, unique ou multiple, d'où
τῆς τοιαύτης φύσεως ἀεὶ viennent toutes choses, celle-là subsistant la
σωζομένης, ὥσπερ οὐδὲ τὸν même. Quant au nombre et à l'espèce de ces
Σωκράτην φαμὲν οὔτε γίγνεσθαι déments, on ne s'accorde pas.
ἁπλῶς ὅταν γίγνηται καλὸς ἢ
μουσικὸς [15] οὔτε ἀπόλλυσθαι Thalès, le fondateur de cette manière de
ὅταν ἀποβάλλῃ ταύτας τὰς ἕξεις, διὰ philosopher, prend l'eau pour principe, et voilà
pourquoi il a prétendu que la terre reposait sur
τὸ ὑπομένειν τὸ ὑποκείμενον τὸν
l'eau, amené probablement à cette opinion
Σωκράτην αὐτόν, οὕτως οὐδὲ τῶν parce qu'il avait observé que l'humide est
ἄλλων οὐδέν· ἀεὶ γὰρ εἶναί τινα l'aliment de tous les êtres, et que la chaleur
φύσιν ἢ μίαν ἢ πλείους μιᾶς ἐξ ὧν elle-même vient de l'humide et en vit (15); or,
γίγνεται τἆλλα σωζομένης ἐκείνης. ce dont viennent les choses est leur principe.
Τὸ μέντοι πλῆθος καὶ τὸ εἶδος τῆς C'est de là qu'il tira sa doctrine, et aussi de ce
τοιαύτης ἀρχῆς οὐ τὸ αὐτὸ [20] que les germes de toutes choses sont de leur
πάντες λέγουσιν, ἀλλὰ Θαλῆς μὲν ὁ nature humides, et que l'eau est le principe
τῆς τοιαύτης ἀρχηγὸς φιλοσοφίας des choses humides. Plusieurs pensent que
ὕδωρ φησὶν εἶναι (διὸ καὶ τὴν γῆν dès la plus haute antiquité, bien avant notre
ἐφ' ὕδατος ἀπεφήνατο εἶναἰ, λαβὼν époque, les premiers théologiens ont eu la
même opinion sur la nature: car ils avaient fait
ἴσως τὴν ὑπόληψιν ταύτην ἐκ τοῦ
l'Océan et Téthys auteurs de tous les
πάντων ὁρᾶν τὴν τροφὴν ὑγρὰν phénomènes de ce monde, et ils montrent les
οὖσαν καὶ αὐτὸ τὸ θερμὸν ἐκ τούτου Dieux jurant par l'eau que les poètes appellent
γιγνόμενον καὶ τούτῳ ζῶν (τὸ δ' ἐξ le Styx. En effet, ce qu'il y a de plus ancien est
οὗ γίγνεται, τοῦτ' ἐστὶν [25] ἀρχὴ ce qu'il y a de plus saint; et ce qu'il y a de plus
πάντων) - διά τε δὴ τοῦτο τὴν saint, c'est le serment. Y a-t-il réellement un
ὑπόληψιν λαβὼν ταύτην καὶ διὰ τὸ système physique dans cette vieille et antique
πάντων τὰ σπέρματα τὴν φύσιν opinion? c'est ce dont on pourrait douter (16).
ὑγρὰν ἔχειν, τὸ δ' ὕδωρ ἀρχὴν τῆς Mais pour Thalès on dit que telle fut sa
φύσεως εἶναι τοῖς ὑγροῖς. Εἰσὶ δέ doctrine. Quant à Hippon, sa pensée n'est pas
assez profonde pour qu'on puisse le placer
τινες οἳ καὶ τοὺς παμπαλαίους καὶ
parmi ces philosophes. Anaximène et Diogène
πολὺ πρὸ τῆς νῦν γενέσεως καὶ (17) prétendaient que l'air est antérieur à
πρώτους θεολογήσαντας οὕτως l'eau, et qu'il est le principe des corps simples;
οἴονται περὶ τῆς φύσεως [30] ce principe est le feu, selon Hippase de
ὑπολαβεῖν· ᾿Ωκεανόν τε γὰρ καὶ Métaponte et Héraclite d'Éphèse. Empédocle
Τηθὺν ἐποίησαν τῆς γενέσεως reconnut quatre éléments, ajoutant la terre à
πατέρας, καὶ τὸν ὅρκον τῶν θεῶν ceux que nous avons nommés; selon lui, ces
ὕδωρ, τὴν καλουμένην ὑπ' αὐτῶν éléments subsistent toujours et ne deviennent
Στύγα [τῶν ποιητῶν]· τιμιώτατον pas, mais le seul changement qu'ils subissent
μὲν γὰρ τὸ πρεσβύτατον, ὅρκος δὲ est celui de l'augmentation ou de la
τὸ τιμιώτατόν ἐστιν. diminution, lorsqu'ils s'agrègent ou se
séparent. Anaxagoras de Clazomène, qui
naquit avant ce dernier, mais qui écrivit après
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9. [984α] [1] εἰ μὲν οὖν ἀρχαία τις lui, suppose qu'il y a une infinité de principes :
αὕτη καὶ παλαιὰ τετύχηκεν οὖσα il prétend que toutes les choses formées de
περὶ τῆς φύσεως [1] ἡ δόξα, τάχ' ἂν parties semblables comme le feu et l'eau, ne
ἄδηλον εἴη, Θαλῆς μέντοι λέγεται naissent et ne périssent qu'en ce sens que
leurs parties se réunissent ou se séparent,
οὕτως ἀποφήνασθαι περὶ τῆς
mais que du reste rien ne naît ni ne périt, et
πρώτης αἰτίας (῞Ιππωνα γὰρ οὐκ ἄν que tout subsiste éternellement. De tout cela
τις ἀξιώσειε θεῖναι μετὰ τούτων διὰ on pourrait conclure que jusqu'alors on n'avait
τὴν εὐτέλειαν [5] αὐτοῦ τῆς considéré les choses que sous le point de vue
διανοίας)· ᾿Αναξιμένης δὲ ἀέρα καὶ de la matière.
Διογένης πρότερον ὕδατος καὶ
μάλιστ' ἀρχὴν τιθέασι τῶν ἁπλῶν Quand on en fut là, la chose elle-même força
σωμάτων, ῞Ιππασος δὲ πῦρ ὁ d'avancer encore, et imposa de nouvelles
Μεταποντῖνος καὶ ῾Ηράκλειτος ὁ recherches. Si tout ce qui naît doit périr et
᾿Εφέσιος, ᾿Εμπεδοκλῆς δὲ τὰ vient d'un principe unique ou multiple,
τέτταρα, πρὸς τοῖς εἰρημένοις γῆν pourquoi en est-il ainsi et quelle en est la
προστιθεὶς τέταρτον (ταῦτα γὰρ ἀεὶ cause? car ce n'est pas le sujet qui peut se
changer lui-même ; l'airain, par exemple, et le
διαμένειν καὶ οὐ [10] γίγνεσθαι ἀλλ'
bois ne se changent pas eux-mêmes, et ne se
ἢ πλήθει καὶ ὀλιγότητι, font pas l'un statue, l'autre lit, mais il y a
συγκρινόμενα καὶ διακρινόμενα εἰς quelque autre cause à ce changement. Or,
ἕν τε καὶ ἐξ ἑνός)· ᾿Αναξαγόρας δὲ ὁ chercher cette cause, c'est chercher un antre
Κλαζομένιος τῇ μὲν ἡλικίᾳ πρότερος principe, le principe du mouvement, comme
ὢν τούτου τοῖς δ' ἔργοις ὕστερος nous disions. Ceux des anciens qui dans
ἀπείρους εἶναί φησι τὰς ἀρχάς· l'origine touchèrent ce sujet, et qui avaient
σχεδὸν γὰρ ἅπαντα τὰ ὁμοιομερῆ pour système l'unité de substance, ne se
καθάπερ ὕδωρ ἢ πῦρ οὕτω tourmentèrent pas de cette difficulté; mais
γίγνεσθαι καὶ [15] ἀπόλλυσθαί φησι, quelques-uns de ces partisans de l'unité,
συγκρίσει καὶ διακρίσει μόνον, inférieurs en quelque sorte à cette question,
disent que l'unité et tout ce qui est, réel
ἄλλως δ' οὔτε γίγνεσθαι οὔτ'
n'admet pas de mouvement (18), ni pour la
ἀπόλλυσθαι ἀλλὰ διαμένειν ἀΐδια. génération et la corruption, ni même pour tout
autre changement. Aussi, de tous ceux qui
Ἐκ μὲν οὖν τούτων μόνην τις αἰτίαν partent de l'unité du tout, pas un ne s'est
νομίσειεν ἂν τὴν ἐν ὕλης εἴδει occupé de ce point de vue, si ce n'est peut-
λεγομένην· προϊόντων δ' οὕτως, être Parménide, et encore ne le fait-il qu'autant
αὐτὸ τὸ πρᾶγμα ὡδοποίησεν αὐτοῖς qu'à côté de son système de l'unité, il admet
καὶ συνηνάγκασε ζητεῖν· εἰ γὰρ ὅτι en quelque sorte deux principes. Mais ceux qui
μάλιστα [20] πᾶσα γένεσις καὶ admettent la pluralité des principes, le chaud
φθορὰ ἔκ τινος ἑνὸς ἢ καὶ πλειόνων et le froid, par exemple, ou le feu et la terre,
étaient plus à même d'arriver à cet ordre des
ἐστίν, διὰ τί τοῦτο συμβαίνει καὶ τί
recherches; car ils attribuaient au feu la
τὸ αἴτιον; Οὐ γὰρ δὴ τό γε puissance motrice, à l'eau, à la terre et aux
ὑποκείμενον αὐτὸ ποιεῖ μεταβάλλειν autres éléments de cette sorte, la qualité
ἑαυτό· λέγω δ' οἷον οὔτε τὸ ξύλον contraire. Après ces philosophes et de pareils
οὔτε ὁ χαλκὸς αἴτιος τοῦ principes, comme ces principes étaient
μεταβάλλειν ἑκάτερον αὐτῶν, οὐδὲ insuffisants pour produire les choses, la vérité
ποιεῖ τὸ μὲν ξύλον κλίνην ὁ δὲ elle même, comme nous l'avons déjà dit, força
χαλκὸς ἀνδριάντα, [25] ἀλλ' ἕτερόν de recourir à un autre principe. En effet, il n'est
τι τῆς μεταβολῆς αἴτιον. Τὸ δὲ guère vraisemblable que ni le feu, ni la terre,
τοῦτο ζητεῖν ἐστὶ τὸ τὴν ἑτέραν ni aucun autre élément de ce genre, soit la
ἀρχὴν ζητεῖν, ὡς ἂν ἡμεῖς φαίημεν, cause de l'ordre et de la beauté qui règnent.
dans le monde, éternellement chez certains
ὅθεν ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως. Οἱ μὲν
êtres, passagèrement chez d'autres ; ni que
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10. οὖν πάμπαν ἐξ ἀρχῆς ἁψάμενοι τῆς ces philosophes aient eu une pareille pensée :
μεθόδου τῆς τοιαύτης καὶ ἓν d'un autre côté, rapporter un tel résultat au
φάσκοντες εἶναι τὸ ὑποκείμενον hasard ou à la fortune n'eût pas été
οὐθὲν ἐδυσχέραναν ἑαυτοῖς, ἀλλ' raisonnable. Aussi quand un homme vint dire
qu'il y avait dans la nature, comme dans les
ἔνιοί [30] γε τῶν ἓν λεγόντων,
animaux, une intelligence qui est la cause de
ὥσπερ ἡττηθέντες ὑπὸ ταύτης τῆς l'arrangement et de l'ordre de l'univers, cet
ζητήσεως, τὸ ἓν ἀκίνητόν φασιν homme parut seul avoir conservé sa raison au
εἶναι καὶ τὴν φύσιν ὅλην οὐ μόνον milieu des folies de ses devanciers. Or, nous
κατὰ γένεσιν καὶ φθοράν (τοῦτο μὲν savons avec certitude qu'Anaxagoras entra le
γὰρ ἀρχαῖόν τε καὶ πάντες premier dans ce point de vue; avant lui
ὡμολόγησαν) ἀλλὰ καὶ κατὰ τὴν Hermotime de Clazomène paraît l'avoir
ἄλλην μεταβολὴν πᾶσαν· καὶ τοῦτο soupçonné. Ces nouveaux philosophes
αὐτῶν ἴδιόν ἐστιν. érigèrent en même temps cette cause de
l'ordre en principe des êtres, principe doué de
[984β] [1] Τῶν μὲν οὖν ἓν la vertu d'imprimer le mouvement.
φασκόντων εἶναι τὸ πᾶν οὐθενὶ
On pourrait dire qu'avant eux, Hésiode avait
συνέβη τὴν τοιαύτην συνιδεῖν
entrevu cette vérité, Hésiode ou quiconque a
αἰτίαν πλὴν εἰ ἄρα Παρμενίδῃ, καὶ mis dans les êtres comme principe l'amour ou
τούτῳ κατὰ τοσοῦτον ὅσον οὐ le désir, par exemple Parménide. Celui-ci dit en
μόνον ἓν ἀλλὰ καὶ δύο πως τίθησιν effet dans sa théorie de la formation
αἰτίας εἶναι· [5] τοῖς δὲ δὴ πλείω del'univers:
ποιοῦσι μᾶλλον ἐνδέχεται λέγειν,
οἷον τοῖς θερμὸν καὶ ψυχρὸν ἢ πῦρ «Il fit l'amour le premier de tous les Dieux (19).
καὶ γῆν· χρῶνται γὰρ ὡς κινητικὴν »
ἔχοντι τῷ πυρὶ τὴν φύσιν, ὕδατι δὲ
καὶ γῇ καὶ τοῖς τοιούτοις Hésiode dit de son côté :
τοὐναντίον.
« Avant toutes choses était le chaos ; ensuite,
Μετὰ δὲ τούτους καὶ τὰς τοιαύτας
ἀρχάς, ὡς οὐχ ἱκανῶν οὐσῶν La terre au vaste sein...
γεννῆσαι τὴν τῶν ὄντων φύσιν,
πάλιν [10] ὑπ' αὐτῆς τῆς ἀληθείας, Puis l'amour, le plus beau de tous les
immortels (20). »
ὥσπερ εἴπομεν, ἀναγκαζόμενοι τὴν
ἐχομένην ἐζήτησαν ἀρχήν. Τοῦ γὰρ
Comme s'ils avaient reconnu la nécessité
εὖ καὶ καλῶς τὰ μὲν ἔχειν τὰ δὲ d'une cause dans les êtres capable de donner
γίγνεσθαι τῶν ὄντων ἴσως οὔτε πῦρ le mouvement et le lien aux choses. Quant à la
οὔτε γῆν οὔτ' ἄλλο τῶν τοιούτων question de savoir à qui appartient la priorité,
οὐθὲν οὔτ' εἰκὸς αἴτιον εἶναι οὔτ' qu'il nous soit permis de la décider plus tard
ἐκείνους οἰηθῆναι· οὐδ' αὖ τῷ (21).
αὐτομάτῳ καὶ τύχῃ τοσοῦτον
ἐπιτρέψαι [15] πρᾶγμα καλῶς εἶχεν. Ensuite, comme à côté du bien dans la nature,
Νοῦν δή τις εἰπὼν ἐνεῖναι, καθάπερ on voyait aussi son contraire, non seulement
ἐν τοῖς ζῴοις, καὶ ἐν τῇ φύσει τὸν de l'ordre et de la beauté, mais aussi du
αἴτιον τοῦ κόσμου καὶ τῆς τάξεως désordre et de la laideur, comme le mal
paraissait même l'emporter sur le bien et le
πάσης οἷον νήφων ἐφάνη παρ' εἰκῇ
laid sur le beau, un autre philosophe introduisit
λέγοντας [18] τοὺς πρότερον. l'amitié et la discorde, causes opposées de ces
Φανερῶς μὲν οὖν ᾿Αναξαγόραν effets opposés. Car si l'on veut suivre de près
ἴσμεν ἁψάμενον τούτων τῶν λόγων, Empédocle, et s'attacher au fond de sa pensée
αἰτίαν δ' ἔχει πρότερον ῾Ερμότιμος plutôt qu'à la manière presqu'enfantine dont il
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11. [20] ὁ Κλαζομένιος εἰπεῖν. Οἱ μὲν l'exprime, on trouvera que l'amitié est la cause
οὖν οὕτως ὑπολαμβάνοντες ἅμα τοῦ du bien, et la discorde celle du mal ; de sorte
καλῶς τὴν αἰτίαν ἀρχὴν εἶναι τῶν que peut-être n'aurait-t-on pas tort de dire
ὄντων ἔθεσαν, καὶ τὴν τοιαύτην qu'Empédocle a parlé en quelque manière et a
parlé le premier du bien et du mal comme
ὅθεν ἡ κίνησις ὑπάρχει τοῖς οὖσιν.
principes, puisque le principe de tous les biens
est le bien lui-même, et le mal le principe de
Ὑποπτεύσειε δ' ἄν τις ῾Ησίοδον tout ce qui est mauvais.
πρῶτον ζητῆσαι τὸ τοιοῦτον, κἂν εἴ
τις ἄλλος ἔρωτα ἢ ἐπιθυμίαν ἐν τοῖς Jusqu'ici nous avons vu ces
οὖσιν ἔθηκεν [25] ὡς ἀρχήν, οἷον philosophesreconnaître deux des genres de
καὶ Παρμενίδης· καὶ γὰρ οὗτος causes déterminés par nous dans la Physique,
κατασκευάζων τὴν τοῦ παντὸς la matière et le principe du mouvement ; mais
γένεσιν ils l'ont fait confusément et indistinctement,
comme agissent dans les combats les soldats
Πρώτιστον μέν (φησιν) ἔρωτα θεῶν mal exercés; ceux-ci frappent souvent de bons
μητίσατο πάντων coups dans la mêlée, mais ils le font sans
science; de même nos philosophes paraissent
avoir parlé sans bien savoir ce qu'ils disaient,
PARMENIDE fr. 13 (Diels), ῾Ησίοδος car l'usage qu'on les voit taire de leurs
δὲ principes est nul ou peu s'en faut. Anaxagoras
se sert de l'intelligence comme d'une machine
Πάντων μὲν πρώτιστα χάος γένετ', pour faire le monde, et quand il désespère de
αὐτὰρ ἔπειτα trouver la cause réelle d'un phénomène, il
produit l'intelligence sur la scène; mais dans
γαῖ' εὐρύστερνος . . . tout autre cas, il aime mieux donner aux faits
une autre cause. Empédocle se sert
ἠδ' ἔρος, ὃς πάντεσσι μεταπρέπει davantage, mais d'une manière insuffisante
ἀθανάτοισιν, encore, de ses principes, et dans leur emploi il
ne s'accorde pas avec lui-même. Souvent chez
lui, l'amitié sépare, la discorde réunit : en effet,
HES. Th. 116-20 ὡς δέον ἐν τοῖς [30] lorsque dans l'univers les éléments sont
οὖσιν ὑπάρχειν τιν' αἰτίαν ἥτις séparés par la discorde, toutes les particules
κινήσει καὶ συνάξει τὰ πράγματα. de feu n'en sont pas moins unies en un tout,
Τούτους μὲν οὖν πῶς χρὴ διανεῖμαι ainsi que celles de chacun des autres
περὶ τοῦ τίς πρῶτος, ἐξέστω κρίνειν éléments; et lors-qu'au contraire c'est l'amitié
ὕστερον· ἐπεὶ δὲ καὶ τἀναντία τοῖς qui unit tous les éléments, il faut bien pour
ἀγαθοῖς ἐνόντα ἐφαίνετο ἐν τῇ cela que les particules de chaque élément se
φύσει, καὶ οὐ μόνον τάξις καὶ τὸ divisent.
καλὸν ἀλλὰ καὶ ἀταξία καὶ τὸ
αἰσχρόν, [985α] [1] καὶ πλείω τὰ Empédocle fut donc le premier des anciens qui
κακὰ τῶν ἀγαθῶν καὶ τὰ φαῦλα τῶν employa en le divisant le principe du
mouvement, et ne supposa plus une cause
καλῶν, οὕτως ἄλλος τις φιλίαν unique, mais deux causes différentes et
εἰσήνεγκε καὶ νεῖκος, ἑκάτερον opposées. Quant à la matière, il est le premier
ἑκατέρων αἴτιον τούτων. Εἰ γάρ τις qui ait parlé des quatre éléments; toutefois, il
ἀκολουθοίη καὶ λαμβάνοι πρὸς τὴν ne s'en sert pas comme s'ils étaient quatre,
διάνοιαν [5] καὶ μὴ πρὸς ἃ mais comme s'ils n'étaient que deux, à savoir,
ψελλίζεται λέγων ᾿Εμπεδοκλῆς, le feu tout seul, et en opposition au feu, la
εὑρήσει τὴν μὲν φιλίαν αἰτίαν οὖσαν terre, l'air et l'eau, ne faisant qu'une seule et
τῶν ἀγαθῶν τὸ δὲ νεῖκος τῶν même nature. C'est là du moins ce que ses
κακῶν· ὥστ' εἴ τις φαίη τρόπον τινὰ vers donnent à entendre.
καὶ λέγειν καὶ πρῶτον λέγειν τὸ
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12. κακὸν καὶ τὸ ἀγαθὸν ἀρχὰς Voilà, selon nous, la nature et le nombre des
᾿Εμπεδοκλέα, τάχ' ἂν λέγοι καλῶς, principes d'Empédocle. Leucippe et son ami
εἴπερ τὸ τῶν ἀγαθῶν ἁπάντων Démocrite disent que les éléments primitifs
αἴτιον [10] αὐτὸ τἀγαθόν ἐστι [καὶ sont le plein et le vide, qu'ils appellent l'être et
le non être; le plein ou le solide, c'est l'être; le
τῶν κακῶν τὸ κακόν].
vide ou le rare, c'est le non-être; c'est pourquoi
ils disent que l'être n'existe pas plus que le
Οὗτοι μὲν οὖν, ὥσπερ λέγομεν, καὶ non-être, parce que le corps n'existe pas plus
μέχρι τούτου δυοῖν αἰτίαιν ὧν ἡμεῖς que le vide : telles sont, sous le point de vue
διωρίσαμεν ἐν τοῖς περὶ φύσεως de la matière, les causes des êtres. Et de
ἡμμένοι φαίνονται, τῆς τε ὕλης καὶ même que ceux qui posent comme principe
τοῦ ὅθεν ἡ κίνησις, ἀμυδρῶς μέντοι une substance unique, expliquent tout le reste
καὶ οὐθὲν σαφῶς ἀλλ' οἷον ἐν ταῖς par les modifications de cette substance, en
μάχαις οἱ ἀγύμναστοι ποιοῦσιν· καὶ donnant pour principe à ces modifications le
γὰρ ἐκεῖνοι περιφερόμενοι [15] rare et le dense, de même aussi ces
τύπτουσι πολλάκις καλὰς πληγάς, philosophes placent dans les différences les
causes de toutes choses; ces différences sont
ἀλλ' οὔτε ἐκεῖνοι ἀπὸ ἐπιστήμης
au nombre de trois, la forme, l'ordre et la
οὔτε οὗτοι ἐοίκασιν εἰδέναι ὅ τι position : ils disent en effet que les différences
λέγουσιν· σχεδὸν γὰρ οὐθὲν de l'être viennent de la configuration, de
χρώμενοι φαίνονται τούτοις ἀλλ' ἢ l'arrangement et de la tournure (22); or, la
κατὰ μικρόν. ᾿Αναξαγόρας τε γὰρ configuration c'est la forme, l'arrangement
μηχανῇ χρῆται τῷ νῷ πρὸς τὴν c'est l'ordre, la tournure c'est la position. Ainsi,
κοσμοποιίαν, καὶ ὅταν ἀπορήσῃ διὰ A diffère de N par la forme, AN de NA par
τίν' αἰτίαν [20] ἐξ ἀνάγκης ἐστί, l'ordre, et Z de N par la position. Quant au
τότε παρέλκει αὐτόν, ἐν δὲ τοῖς mouvement, à ses lois et à sa cause, ils ont
ἄλλοις πάντα μᾶλλον αἰτιᾶται τῶν traité cette question très négligemment,
γιγνομένων ἢ νοῦν, καὶ comme les autres philosophes. Nos devanciers
donc n'ont pas été plus loin sur ces deux
᾿Εμπεδοκλῆς ἐπὶ πλέον μὲν τούτου
genres de causes.
χρῆται τοῖς αἰτίοις, οὐ μὴν οὔθ'
ἱκανῶς, οὔτ' ἐν τούτοις εὑρίσκει τὸ
ὁμολογούμενον. Πολλαχοῦ γοῦν
αὐτῷ ἡ μὲν φιλία διακρίνει τὸ δὲ
νεῖκος συγκρίνει. [25] Ὅταν μὲν γὰρ
εἰς τὰ στοιχεῖα διίστηται τὸ πᾶν ὑπὸ
τοῦ νείκους, τότε τὸ πῦρ εἰς ἓν
συγκρίνεται καὶ τῶν ἄλλων
στοιχείων ἕκαστον· ὅταν δὲ πάλιν
ὑπὸ τῆς φιλίας συνίωσιν εἰς τὸ ἕν,
ἀναγκαῖον ἐξ ἑκάστου τὰ μόρια
διακρίνεσθαι πάλιν.
᾿Εμπεδοκλῆς μὲν οὖν παρὰ τοὺς
πρότερον πρῶτος [30] τὸ τὴν αἰτίαν
διελεῖν εἰσήνεγκεν, οὐ μίαν ποιήσας
τὴν τῆς κινήσεως ἀρχὴν ἀλλ' ἑτέρας
τε καὶ ἐναντίας, ἔτι δὲ τὰ ὡς ἐν ὕλης
εἴδει λεγόμενα στοιχεῖα τέτταρα
πρῶτος εἶπεν (οὐ μὴν χρῆταί γε
τέτταρσιν ἀλλ' ὡς δυσὶν οὖσι
μόνοις, [985β] [1] πυρὶ μὲν καθ'
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13. αὑτὸ τοῖς δ' ἀντικειμένοις ὡς μιᾷ
φύσει, γῇ τε καὶ ἀέρι καὶ ὕδατι·
λάβοι δ' ἄν τις αὐτὸ θεωρῶν ἐκ τῶν
ἐπῶν)·
Οὗτος μὲν οὖν, ὥσπερ λέγομεν,
οὕτω τε καὶ τοσαύτας εἴρηκε τὰς
ἀρχάς· Λεύκιππος δὲ καὶ ὁ ἑταῖρος
[5] αὐτοῦ Δημόκριτος στοιχεῖα μὲν
τὸ πλῆρες καὶ τὸ κενὸν εἶναί φασι,
λέγοντες τὸ μὲν ὂν τὸ δὲ μὴ ὄν,
τούτων δὲ τὸ μὲν πλῆρες καὶ
στερεὸν τὸ ὄν, τὸ δὲ κενὸν τὸ μὴ ὄν
(διὸ καὶ οὐθὲν μᾶλλον τὸ ὂν τοῦ μὴ
ὄντος εἶναί φασιν, ὅτι οὐδὲ τοῦ
κενοῦ τὸ σῶμἀ, αἴτια δὲ τῶν ὄντων
ταῦτα ὡς [10] ὕλην. Καὶ καθάπερ οἱ
ἓν ποιοῦντες τὴν ὑποκειμένην
οὐσίαν τἆλλα τοῖς πάθεσιν αὐτῆς
γεννῶσι, τὸ μανὸν καὶ τὸ πυκνὸν
ἀρχὰς τιθέμενοι τῶν παθημάτων,
τὸν αὐτὸν τρόπον καὶ οὗτοι τὰς
διαφορὰς αἰτίας τῶν ἄλλων εἶναί
φασιν. Ταύτας μέντοι τρεῖς εἶναι
λέγουσι, σχῆμά τε καὶ τάξιν καὶ [15]
θέσιν· διαφέρειν γάρ φασι τὸ ὂν
ῥυσμῷ καὶ διαθιγῇ καὶ τροπῇ μόνον·
τούτων δὲ ὁ μὲν ῥυσμὸς σχῆμά
ἐστιν ἡ δὲ διαθιγὴ τάξις ἡ δὲ τροπὴ
θέσις· διαφέρει γὰρ τὸ μὲν Α τοῦ Ν
σχήματι τὸ δὲ ΑΝ τοῦ ΝΑ τάξει τὸ δὲ
Ζ τοῦ Η θέσει. Περὶ δὲ κινήσεως,
ὅθεν ἢ πῶς ὑπάρξει τοῖς οὖσι, καὶ
[20] οὗτοι παραπλησίως τοῖς ἄλλοις
ῥᾳθύμως ἀφεῖσαν. Περὶ μὲν οὖν τῶν
δύο αἰτιῶν, ὥσπερ λέγομεν, ἐπὶ
τοσοῦτον ἔοικεν ἐζητῆσθαι παρὰ
τῶν πρότερον.
IV CHAPITRE IV.
Ἐν δὲ τούτοις καὶ πρὸ τούτων οἱ Parmi eux et avant eux, ceux qu'on nomme
καλούμενοι Πυθαγόρειοι τῶν Pythagoriciens, s'étant occupés des
μαθημάτων ἁψάμενοι πρῶτοι ταῦτά mathématiques, furent les premiers à les
mettre en avant; et nourris dans cette étude,
τε προήγαγον, καὶ [25] ἐντραφέντες
ils pensèrent que les principes de cette science
ἐν αὐτοῖς τὰς τούτων ἀρχὰς τῶν étaient les principes de tous les êtres. Comme,
ὄντων ἀρχὰς ᾠήθησαν εἶναι de leur nature, les nombres sont les premiers
πάντων. Ἐπεὶ δὲ τούτων οἱ ἀριθμοὶ des êtres, et comme ils leur paraissaient avoir
φύσει πρῶτοι, ἐν δὲ τούτοις plus d'analogie avec les choses et les
ἐδόκουν θεωρεῖν ὁμοιώματα πολλὰ phénomènes que le feu, l'air ou l'eau, que, par
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14. τοῖς οὖσι καὶ γιγνομένοις, μᾶλλον ἢ exemple, telle modification des nombres
ἐν πυρὶ καὶ γῇ καὶ ὕδατι, ὅτι τὸ μὲν semblait être la justice, telle autre rame et
τοιονδὶ τῶν ἀριθμῶν πάθος l'intelligence, telle autre l'à-propos (23), et à
δικαιοσύνη [30] τὸ δὲ τοιονδὶ ψυχή peu près ainsi de toutes les autres choses;
comme ils voyaient de plus dans les nombres
τε καὶ νοῦς ἕτερον δὲ καιρὸς καὶ
les modifications et les rapports de l'harmonie
τῶν ἄλλων ὡς εἰπεῖν ἕκαστον ; par ces motifs joints à ces deux premiers que
ὁμοίως, ἔτι δὲ τῶν ἁρμονιῶν ἐν la nature entière a été formée à la
ἀριθμοῖς ὁρῶντες τὰ πάθη καὶ τοὺς ressemblance des nombres, et que les
λόγους, nombres sont les premiers de tous les êtres, ils
posèrent les éléments des nombres comme les
Ἐπεὶ δὴ τὰ μὲν ἄλλα τοῖς ἀριθμοῖς éléments de tous les êtres, et le ciel tout entier
ἐφαίνοντο τὴν φύσιν ἀφωμοιῶσθαι comme une harmonie et un nombre. Tout ce
πᾶσαν, οἱ δ' ἀριθμοὶ πάσης τῆς qu'ils pouvaient montrer dans les nombres et
φύσεως πρῶτοι, [986α] [1] τὰ τῶν dans la musique qui s'accordât avec les
ἀριθμῶν στοιχεῖα τῶν ὄντων phénomènes du ciel, ses parties et toute son
ordonnance, ils le recueillirent, et ils en
στοιχεῖα πάντων ὑπέλαβον εἶναι,
composèrent un système; et si quelque chose
καὶ τὸν ὅλον οὐρανὸν ἁρμονίαν manquait, ils y suppléaient pour que le
εἶναι καὶ ἀριθμόν· καὶ ὅσα εἶχον système fût bien d'accord et complet. Par
ὁμολογούμενα ἔν τε τοῖς ἀριθμοῖς exemple, comme la décade paraît être quelque
καὶ ταῖς ἁρμονίαις πρὸς [5] τὰ τοῦ chose de parfait et qui embrasse tous les
οὐρανοῦ πάθη καὶ μέρη καὶ πρὸς nombres possibles, ils prétendent qu'il y a dix
τὴν ὅλην διακόσμησιν, ταῦτα corps en mouvement dans le ciel, et comme il
συνάγοντες ἐφήρμοττον. Κἂν εἴ τί n'y en a que neuf de visibles, il en supposent
που διέλειπε, προσεγλίχοντο τοῦ un dixième qu'ils appellent antichthone (24).
συνειρομένην πᾶσαν αὐτοῖς εἶναι Mais tout ceci a été déterminé ailleurs avec
τὴν πραγματείαν· λέγω δ' οἷον, plus de soin (25). Si nous y revenons, c'est
pour constater à leur égard comme pour les
ἐπειδὴ τέλειον ἡ δεκὰς εἶναι δοκεῖ
autres écoles, quels principes ils posent, et
καὶ πᾶσαν περιειληφέναι τὴν τῶν comment ces principes tombent sous notre
ἀριθμῶν φύσιν, [10] καὶ τὰ classification. Or, ils paraissent penser que le
φερόμενα κατὰ τὸν οὐρανὸν δέκα nombre est principe des êtres sous le point de
μὲν εἶναί φασιν, ὄντων δὲ ἐννέα vue de la matière, en y comprenant les
μόνον τῶν φανερῶν διὰ τοῦτο attributs et les manières d'être; que les
δεκάτην τὴν ἀντίχθονα ποιοῦσιν. éléments du nombre sont le pair et l'impair;
Διώρισται δὲ περὶ τούτων ἐν ἑτέροις que l'impair est fini, le pair infini; que l'unité
ἡμῖν ἀκριβέστερον. Ἀλλ' οὗ δὴ χάριν tient de ces deux éléments, car elle est à la
ἐπερχόμεθα, τοῦτό ἐστιν ὅπως fois pair et impair (26), et que le nombre vient
de l'unité; enfin que les nombres sont tout le
λάβωμεν καὶ παρὰ τούτων τίνας
ciel. D'autres pythagoriciens disent qu'il y a dix
εἶναι τιθέασι τὰς [15] ἀρχὰς καὶ πῶς principes, dont voici la liste :
εἰς τὰς εἰρημένας ἐμπίπτουσιν
αἰτίας. Φαίνονται δὴ καὶ οὗτοι τὸν Fini et infini,
ἀριθμὸν νομίζοντες ἀρχὴν εἶναι καὶ
ὡς ὕλην τοῖς οὖσι καὶ ὡς πάθη τε Impair et pair,
καὶ ἕξεις, τοῦ δὲ ἀριθμοῦ στοιχεῖα
τό τε ἄρτιον καὶ τὸ περιττόν, Unité et pluralité,
τούτων δὲ τὸ μὲν πεπερασμένον τὸ
δὲ ἄπειρον, τὸ δ' ἓν ἐξ ἀμφοτέρων Droit et gauche,
εἶναι τούτων [20] (καὶ γὰρ ἄρτιον
εἶναι καὶ περιττόν), τὸν δ' ἀριθμὸν Mâle et femelle,
ἐκ τοῦ ἑνός, ἀριθμοὺς δέ, καθάπερ
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15. εἴρηται, τὸν ὅλον οὐρανόν. Repos et mouvement,
ἕτεροι δὲ τῶν αὐτῶν τούτων τὰς Droit et courbe,
ἀρχὰς δέκα λέγουσιν εἶναι τὰς κατὰ
συστοιχίαν λεγομένας, Lumière et ténèbres,
πέρας [καὶ] ἄπειρον, Bien et mal,
Carré et toute figure à côtés inégaux (27).
περιττὸν [καὶ] ἄρτιον,
Alcmæon de Crotone paraît avoir professé une
ἓν [καὶ] πλῆθος, doctrine semblable : il la reçut des
Pythagoriciens ou ceux-ci la reçurent de lui;
δεξιὸν [καὶ] ἀριστερόν, car l'époque où il florissait correspond à la
vieillesse de Pythagore; et son système se
ἄρρεν [25] [καὶ] θῆλυ, rapproche de celui de ces philosophes. Il dit
que la plupart des choses humaines sont
ἠρεμοῦν [καὶ] κινούμενον, doubles, désignant par là leurs oppositions,
mais, à la différence de ceux-ci, sans les
εὐθὺ [καὶ] καμπύλον, déterminer, et prenant au hasard le blanc et le
noir, le doux et l'amer, le bon et le mauvais, le
petit et le grand. Il s'exprima ainsi d'une
φῶς [καὶ] σκότος,
manière indéterminée sur tout le reste, tandis
que les Pythagoriciens montrèrent quelles sont
ἀγαθὸν [καὶ] κακόν, ces oppositions et combien il y en a. On peut
donc tirer de ces deux systèmes que les
τετράγωνον [καὶ] ἑτερόμηκες· contraires sont les principes des choses et de
l'un deux quel est le nombre et la nature de
ὅνπερ τρόπον ἔοικε καὶ ᾿Αλκμαίων ὁ ces principes. Maintenant comment est-il
Κροτωνιάτης ὑπολαβεῖν, καὶ ἤτοι possible de les ramener à ceux que nous avons
οὗτος παρ' ἐκείνων ἢ ἐκεῖνοι παρὰ posés, c'est ce qu'eux-mêmes n'articulent pas
τούτου παρέλαβον τὸν λόγον clairement; mais ils semblent les considérer
τοῦτον· καὶ γὰρ [ἐγένετο τὴν sous le point de vue de la matière; car ils
disent que ces principes constituent le fonds
ἡλικίαν] ᾿Αλκμαίων [30] [ἐπὶ
dont se composent et sont formés les êtres.
γέροντι Πυθαγόρᾳ,] ἀπεφήνατο [δὲ] Nous en avons dit assez pour faire comprendre
παραπλησίως τούτοις· φησὶ γὰρ la pensée de ceux des anciens qui admettent
εἶναι δύο τὰ πολλὰ τῶν la pluralité dans les éléments de la nature.
ἀνθρωπίνων, λέγων τὰς
ἐναντιότητας οὐχ ὥσπερ οὗτοι Il en est d'autres qui ont considéré le tout
διωρισμένας ἀλλὰ τὰς τυχούσας, comme étant un être unique, mais ils diffèrent
οἷον λευκὸν μέλαν, γλυκὺ πικρόν, et par le mérite de l'explication et par la
ἀγαθὸν κακόν, μέγα μικρόν. Οὗτος manière de concevoir la nature de cette unité.
μὲν οὖν ἀδιορίστως ἀπέρριψε περὶ Il n'est nullement de notre sujet, dans cette
τῶν λοιπῶν, [986β] [1] οἱ δὲ recherche des principes, de nous occuper
d'eux; car ils ne font pas comme quelques-uns
Πυθαγόρειοι καὶ πόσαι καὶ τίνες αἱ
des physiciens qui, ayant posé une substance
ἐναντιώσεις [2] ἀπεφήναντο. Παρὰ unique, engendrent l'être de cette unité
μὲν οὖν τούτων ἀμφοῖν τοσοῦτον considérée sous le point de vue de la matière ;
ἔστι λαβεῖν, ὅτι τἀναντία ἀρχαὶ τῶν ils procèdent autrement : les physiciens en
ὄντων· τὸ δ' ὅσαι παρὰ τῶν ἑτέρων, effet ajoutent le mouvement pour engendrer
καὶ τίνες αὗταί εἰσιν. Πῶς μέντοι l'univers; ceux-ci prétendent que l'univers est
πρὸς [5] τὰς εἰρημένας αἰτίας immobile ; mais nous n'en dirons que ce qui se
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16. ἐνδέχεται συνάγειν, σαφῶς μὲν οὐ rapporte à notre sujet. L'unité de Parménide
διήρθρωται παρ' ἐκείνων, ἐοίκασι δ' paraît avoir été une unité rationnelle, celle de
ὡς ἐν ὕλης εἴδει τὰ στοιχεῖα τάττειν· Mélisse une unité matérielle, et c'est pourquoi
ἐκ τούτων γὰρ ὡς ἐνυπαρχόντων l'un la donne comme finie, l'autre comme
συνεστάναι καὶ πεπλάσθαι φασὶ τὴν infinie. Xénophane (28) qui le premier parla
d'unité (car Parménide passe pour son
οὐσίαν. disciple), ne s'est pas expliqué d'une manière
précise et paraît étranger au point de vue de
Τῶν μὲν οὖν παλαιῶν καὶ πλείω l'un et l'autre de ses deux successeurs; mais
λεγόντων τὰ στοιχεῖα τῆς φύσεως ἐκ ayant considéré l'ensemble du inonde, il dit
τούτων ἱκανόν [10] ἐστι θεωρῆσαι que l'unité est Dieu. Encore une fois, il faut
τὴν διάνοιαν· εἰσὶ δέ τινες οἳ περὶ négliger ces philosophes dans la recherche qui
τοῦ παντὸς ὡς μιᾶς οὔσης φύσεως nous occupe, et deux surtout, dont les idées
ἀπεφήναντο, τρόπον δὲ οὐ τὸν sont un peu trop grossières, Xénophane et
αὐτὸν πάντες οὔτε τοῦ καλῶς οὔτε Mélisse. Parménide paraît avoir eu des vues
τοῦ κατὰ τὴν φύσιν. Εἰς μὲν οὖν τὴν plus profondes : persuadé que, hors de l'être,
le non-être n'est rien, il pense que l'être est
νῦν σκέψιν τῶν αἰτίων οὐδαμῶς
nécessairement un, et qu'il n'y a rien autre
συναρμόττει περὶ αὐτῶν ὁ λόγος (οὐ chose que lui; c'est un point sur lequel nous
γὰρ ὥσπερ ἔνιοι τῶν φυσιολόγων ἓν nous sommes expliqués plus clairement dans
ὑποθέμενοι [15] τὸ ὂν ὅμως la Physique ; mais forcé de se mettre d'accord
γεννῶσιν ὡς ἐξ ὕλης τοῦ ἑνός, ἀλλ' avec les faits, et, en admettant l'unité par la
ἕτερον τρόπον οὗτοι λέγουσιν· raison, d'admettre aussi la pluralité par les
ἐκεῖνοι μὲν γὰρ προστιθέασι sens, Parménide en revint à poser deux
κίνησιν, γεννῶντές γε τὸ πᾶν, οὗτοι principes et deux causes, le chaud et le froid,
δὲ ἀκίνητον εἶναί φασιν)· οὐ μὴν par exemple le feu et la terre; il rapporte l'un
ἀλλὰ τοσοῦτόν γε οἰκεῖόν ἐστι τῇ de ces deux principes, le chaud à l'être, et
νῦν σκέψει. Παρμενίδης μὲν γὰρ l'autre au non-être.
ἔοικε τοῦ κατὰ τὸν λόγον ἑνὸς
Voici le résultat de ce que nous avons dit, et de
ἅπτεσθαι, Μέλισσος [20] δὲ τοῦ
tous les systèmes que nous avons parcourus
κατὰ τὴν ὕλην (διὸ καὶ ὁ μὲν jusqu'ici : chez les premiers de ces
πεπερασμένον ὁ δ' ἄπειρόν φησιν philosophes, un principe corporel; car l'eau, le
εἶναι αὐτό)· Ξενοφάνης δὲ πρῶτος feu et les autres choses de cette nature sont
τούτων ἑνίσας (ὁ γὰρ Παρμενίδης des corps, principe unique selon les uns,
τούτου λέγεται γενέσθαι μαθητής) multiple selon les autres, mais toujours
οὐθὲν διεσαφήνισεν, οὐδὲ τῆς considéré sous le point de vue de la matière;
φύσεως τούτων οὐδετέρας ἔοικε chez quelques-uns, d'abord ce principe, et à
θιγεῖν, ἀλλ' εἰς τὸν ὅλον οὐρανὸν côté de ce principe, celui du mouvement,
ἀποβλέψας τὸ ἓν εἶναί φησι τὸν [25] unique dans certains systèmes, double dans
d'autres. Ainsi, jusqu'à l'école italique
θεόν. Οὗτοι μὲν οὖν, καθάπερ
exclusivement, les anciens philosophes ont
εἴπομεν, ἀφετέοι πρὸς τὴν νῦν parlé de toutes ces choses d'une manière
ζήτησιν, οἱ μὲν δύο καὶ πάμπαν ὡς vague, et n'ont mis en usage, ainsi que nous
ὄντες μικρὸν ἀγροικότεροι, l'avons dit, que deux sortes de principes, dont
Ξενοφάνης καὶ Μέλισσος· l'un, celui du mouvement, est regardé tantôt
Παρμενίδης δὲ μᾶλλον βλέπων ἔοικέ comme unique et tantôt comme double. Quant
που λέγειν· παρὰ γὰρ τὸ ὂν τὸ μὴ ὂν aux Pythagoriciens, comme les précédents, ils
οὐθὲν ἀξιῶν εἶναι, ἐξ ἀνάγκης ἓν ont posé deux principes ; mais ils ont en outre
οἴεται εἶναι, τὸ ὄν, καὶ [30] ἄλλο introduit cette doctrine qui leur est propre,
οὐθέν (περὶ οὗ σαφέστερον ἐν τοῖς savoir: que le fini, l'infini et l'unité, ne sont pas
περὶ φύσεως εἰρήκαμεν), des qualités distinctes des sujets où ils se
trouvent, comme le feu, la terre et tout autre
ἀναγκαζόμενος δ' ἀκολουθεῖν τοῖς
principe semblable sont distincts de leurs
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17. φαινομένοις, καὶ τὸ ἓν μὲν κατὰ τὸν qualités, niais qu'ils constituent l'essence
λόγον πλείω δὲ κατὰ τὴν αἴσθησιν même des choses auxquelles on les attribue;
ὑπολαμβάνων εἶναι, δύο τὰς αἰτίας de sorte que le nombre est l'essence de toutes
καὶ δύο τὰς ἀρχὰς πάλιν τίθησι, choses (29). Ils se sont expliqués sur ces
points de la manière que nous venons de dire,
θερμὸν καὶ ψυχρόν, οἷον πῦρ καὶ
et de plus, ils ont commencé à s'occuper de
γῆν λέγων· [987α] [1] τούτων δὲ l'essence des choses et ont essayé de définir;
κατὰ μὲν τὸ ὂν τὸ θερμὸν τάττει mais leur essai fut un peu trop grossier. Ils
θάτερον δὲ κατὰ τὸ μὴ ὄν. définissaient superficiellement, et le premier
objet auquel avait l'air de convenir la définition
Ἐκ μὲν οὖν τῶν εἰρημένων καὶ παρὰ donnée, ils le considéraient comme l'essence
τῶν συνηδρευκότων ἤδη τῷ λόγῳ de la chose définie; comme si l'on pensait, par
σοφῶν ταῦτα παρειλήφαμεν, παρὰ exemple, que le double est la même chose que
μὲν τῶν πρώτων σωματικήν τε τὴν le nombre deux, parce que c'est dans le
ἀρχήν (ὕδωρ γὰρ καὶ [5] πῦρ καὶ τὰ nombre deux que se rencontre en premier lieu
τοιαῦτα σώματά ἐστιν), καὶ τῶν μὲν le caractère du double ; mais deux ou double
ne sont pourtant pas la même chose, ou si
μίαν τῶν δὲ πλείους τὰς ἀρχὰς τὰς
non, l'unité sera multiple, ce qui arrive dans le
σωματικάς, ἀμφοτέρων μέντοι système Pythagoricien. Voilà ce qu'on peut
ταύτας ὡς ἐν ὕλης εἴδει τιθέντων, tirer des premiers philosophes et de leurs
παρὰ δέ τινων ταύτην τε τὴν αἰτίαν successeurs.
τιθέντων καὶ πρὸς ταύτῃ τὴν ὅθεν ἡ
κίνησις, καὶ ταύτην παρὰ τῶν μὲν
μίαν παρὰ τῶν δὲ δύο. Μέχρι μὲν
[10] οὖν τῶν ᾿Ιταλικῶν καὶ χωρὶς
ἐκείνων μορυχώτερον εἰρήκασιν οἱ
ἄλλοι περὶ αὐτῶν, πλὴν ὥσπερ
εἴπομεν δυοῖν τε αἰτίαιν τυγχάνουσι
κεχρημένοι, καὶ τούτων τὴν ἑτέραν
οἱ μὲν μίαν οἱ δὲ δύο ποιοῦσι, τὴν
ὅθεν ἡ κίνησις· οἱ δὲ Πυθαγόρειοι
δύο μὲν τὰς ἀρχὰς κατὰ τὸν αὐτὸν
εἰρήκασι τρόπον, τοσοῦτον [15] δὲ
προσεπέθεσαν ὃ καὶ ἴδιόν ἐστιν
αὐτῶν, ὅτι τὸ πεπερασμένον καὶ τὸ
ἄπειρον [καὶ τὸ ἓν] οὐχ ἑτέρας τινὰς
ᾠήθησαν εἶναι φύσεις, οἷον πῦρ ἢ
γῆν ἤ τι τοιοῦτον ἕτερον, ἀλλ' αὐτὸ
τὸ ἄπειρον καὶ αὐτὸ τὸ ἓν οὐσίαν
εἶναι τούτων ὧν κατηγοροῦνται, διὸ
καὶ ἀριθμὸν εἶναι τὴν οὐσίαν
πάντων. Περί τε [20] τούτων οὖν
τοῦτον ἀπεφήναντο τὸν τρόπον, καὶ
περὶ τοῦ τί ἐστιν ἤρξαντο μὲν λέγειν
καὶ ὁρίζεσθαι, λίαν δ' ἁπλῶς
ἐπραγματεύθησαν. Ὡρίζοντό τε γὰρ
ἐπιπολαίως, καὶ ᾧ πρώτῳ ὑπάρξειεν
ὁ λεχθεὶς ὅρος, τοῦτ' εἶναι τὴν
οὐσίαν τοῦ πράγματος ἐνόμιζον,
ὥσπερ εἴ τις οἴοιτο ταὐτὸν εἶναι
διπλάσιον καὶ τὴν [25] δυάδα διότι
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18. πρῶτον ὑπάρχει τοῖς δυσὶ τὸ
διπλάσιον. Ἀλλ' οὐ ταὐτὸν ἴσως ἐστὶ
τὸ εἶναι διπλασίῳ καὶ δυάδι· εἰ δὲ
μή, πολλὰ τὸ ἓν ἔσται, ὃ κἀκείνοις
συνέβαινεν. Παρὰ μὲν οὖν τῶν
πρότερον καὶ τῶν ἄλλων τοσαῦτα
ἔστι λαβεῖν.
V CHAPITRE V.
Μετὰ δὲ τὰς εἰρημένας φιλοσοφίας ἡ Après ces différentes philosophies, parut la
Πλάτωνος ἐπεγένετο [30] philosophie de Platon , qui suivit en beaucoup
πραγματεία, τὰ μὲν πολλὰ τούτοις de points ses devanciers, mais qui eut aussi
ses points de doctrine particuliers, et alla plus
ἀκολουθοῦσα, τὰ δὲ καὶ ἴδια παρὰ
loin que l'école italique. Dès sa jeunesse,
τὴν τῶν ᾿Ιταλικῶν ἔχουσα Platon se familiarisa dans le commerce de
φιλοσοφίαν. Ἐκ νέου τε γὰρ Cratyle avec les opinions d'Héraclite, que
συνήθης γενόμενος πρῶτον toutes les choses sensibles sont dans un
Κρατύλῳ καὶ ταῖς ῾Ηρακλειτείοις perpétuel écoulement, et qu'il n'y a pas de
δόξαις, ὡς ἁπάντων τῶν αἰσθητῶν science de ces choses; et dans la suite, il
ἀεὶ ῥεόντων καὶ ἐπιστήμης περὶ garda ces opinions. D'une autre part, Socrate
αὐτῶν οὐκ οὔσης, ταῦτα μὲν καὶ s'étant occupé de morale, et non plus d'un
ὕστερον οὕτως ὑπέλαβεν· [987β] [1] système de physique, et ayant d'ail-leurs
Σωκράτους δὲ περὶ μὲν τὰ ἠθικὰ cherché dans la morale ce qu'il y a d'universel
πραγματευομένου περὶ δὲ τῆς ὅλης , et porté le premier son attention sur les
définitions, Platon qui le suivit et le continua
φύσεως οὐθέν, ἐν μέντοι τούτοις τὸ
fut amené à penser que les définitions
καθόλου ζητοῦντος καὶ περὶ devaient porter sur un ordre d'êtres à part et
ὁρισμῶν ἐπιστήσαντος πρώτου τὴν nullement sur les objets sensibles; car
διάνοιαν, ἐκεῖνον ἀποδεξάμενος διὰ comment une définition commune
τὸ τοιοῦτον [5] ὑπέλαβεν ὡς περὶ s'appliquerait-elle aux choses sensibles, livrées
ἑτέρων τοῦτο γιγνόμενον καὶ οὐ à un perpétuel changement? Or, ces autres
τῶν αἰσθητῶν· ἀδύνατον γὰρ εἶναι êtres, il les appela Idées, et dit que les choses
τὸν κοινὸν ὅρον τῶν αἰσθητῶν sensibles existent en dehors des idées et sont
τινός, ἀεί γε μεταβαλλόντων. Οὗτος nommées d'après elles; car il pensait que
οὖν τὰ μὲν τοιαῦτα τῶν ὄντων ἰδέας toutes les choses d'une même classe tiennent
προσηγόρευσε, τὰ δ' αἰσθητὰ παρὰ leur nom commun des idées, en vertu de leur
participation avec elles (30). Du reste, le mot
ταῦτα καὶ κατὰ ταῦτα λέγεσθαι
de participation est le seul changement qu'il
πάντα· κατὰ μέθεξιν γὰρ εἶναι τὰ apporta; les Pythagoriciens en effet disent que
[10] πολλὰ ὁμώνυμα τοῖς εἴδεσιν. les êtres sont à l'imitation des nombres, Platon
Τὴν δὲ μέθεξιν τοὔνομα μόνον en participation avec les idées. Comment se
μετέβαλεν· οἱ μὲν γὰρ Πυθαγόρειοι fait maintenant cette participation ou cette
μιμήσει τὰ ὄντα φασὶν εἶναι τῶν imitation des idées ? c'est ce que celui-ci et
ἀριθμῶν, Πλάτων δὲ μεθέξει, ceux-là ont également négligé de rechercher.
τοὔνομα μεταβαλών. Τὴν μέντοι γε De plus, outre les choses sensibles et les idées,
μέθεξιν ἢ τὴν μίμησιν ἥτις ἂν εἴη il reconnaît des êtres intermédiaires qui sont
τῶν εἰδῶν ἀφεῖσαν ἐν κοινῷ ζητεῖν. les choses mathématiques, différentes des
choses sensibles en ce qu'elles sont éternelles
Ἔτι δὲ παρὰ τὰ αἰσθητὰ [15] καὶ τὰ
et immuables, et des idées en ce qu'elles
εἴδη τὰ μαθηματικὰ τῶν πραγμάτων admettent un grand nombre de semblables ,
εἶναί φησι μεταξύ, διαφέροντα τῶν tandis que toute idée en elle-même a son
μὲν αἰσθητῶν τῷ ἀΐδια καὶ ἀκίνητα existence à part (31). Voyant dans les idées les
εἶναι, τῶν δ' εἰδῶν τῷ τὰ μὲν πόλλ' raisons des choses, il pensa que leurs
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