1. NUMERO 6 - MAI 2011
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Entrevue avec Jean-Louis Auduc,
auteur de Sauvons les garçons
JDP Les milieux de l’éducation ont-ils bien accueilli sage de la lecture entre
votre livre sur l’échec des garçons ? 5 et 7 ans et lorsque les
différences de maturité
JLA Non seulement mon travail n’a pas été re- sont les plus marquées,
mis en question depuis la publication de mon ou- c’est-à-dire entre 13 et
vrage, mais le constat que j’avais crûment révélé 15 ans. C’est d’ailleurs
est aujourd’hui admis par tous. J’ai été invité ces ce que met en avant
derniers mois par de nombreux établissements la Commission Euro-
scolaires à donner des conférences sur le sujet, péenne dans le rapport
et aussi dans de nombreuses villes françaises et EURYDICE (voir notre
Jean-Louis Auduc, directeur
devant des publics très variés. encadré à la page sui- adjoint de l’IUFM de Créteil
vante).
JDP Vous vous fondez sur PISA pour démontrer
la différence de performances scolaires entre JDP Et de telles propositions ne provoquent-elles
garçons et filles. De ce point de vue, vos chiffres pas un tollé ?
sont inattaquables, mais proposez-vous vraiment
quelque chose de nouveau ? Osez-vous la non- JLA Je constate plutôt un soulagement, voire une
mixité, pour le dire ainsi ? délivrance parmi les enseignants qui m’écoutent.
Ils se rendent bien compte des difficultés qu’il y a
JLA PISA 2010 a bien mis en lumière l’existence dans l’enseignement à ces âges. Ils sont contents
d’une triple fracture, sociale, ethnique et sexuée d’entendre que l’on peut envisager une approche
qui nécessite pour s’y attaquer de travailler la pé- différenciée entre garçons et filles.
dagogie différenciée à proposer aux élèves. Ce
peut être, par exemple, d’enseigner séparément JDP Donc l’enseignement non-mixte est désor-
aux garçons et aux filles durant deux moments- mais chose admise ?
clés du développement de l’enfant, à l’apprentis-
JLA Ce n’est plus un tabou de parler de possibilité
de moments séparés et de différenciations péda-
Les professeurs se rendent bien gogiques. C’est matière à débat.
compte des difficultés qu’il y a dans JDP Mais même ainsi, est-ce qu’il n’y a pas une
l’enseignement à ces âges. Ils sont question financière qui pourrait freiner cette ap-
proche pédagogique ? Est-ce que cela ne coûte
contents d’entendre que l’on peut pas plus cher d’avoir des classes de filles et des
envisager une approche différenciée classes de garçons ?
entre garçons et filles.
Ch. des Bouleaux 14, 1012 LAUSANNE, SUISSE Tél. +41 79 778 71 67 Fax +41 21 311 15 33 jeandavid@easse.org www.easse.org
2. EASSE ENTREVUE AVEC JEAN-LOUIS AUDUC
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JLA Pas du tout. La plupart de nos anciens établis- Le rapport EURYDICE Différences entre les
sements ont été conçus ainsi. genres en matière de réussite scolaire : Étude sur
les mesures prises et la situation actuelle en Europe,
JDP Est-ce que ce sont les écoles privées ou pu- publié par la Commission Européenne en juin
bliques qui sont les plus ouvertes à vos sugges- 2010, essaie de sortir du débat piégé : classe ou
tions ? école non mixte/ classe mixte en mettant bien
en avant les expériences où, dans une classe
JLA Tous les établissements sont en réflexion sur
la question. Certains établissements publics se mixte, il y a des moments séparés non mixtes
posent la question d’expérimenter des moments pour mieux favoriser les apprentissages et la
réussite de tous. « Certaines écoles primaires
Certains établissements publics se (en Écosse et dans les pays nordiques) sépa-
rent les filles des garçons pendant de courtes
posent la question d’expérimenter périodes durant la journée, sans organiser de
des moments séparés. Donc, il y a classes non mixtes fixes. L’idée est d’offrir plus
beaucoup de réflexions en cours. d’espace à la fois aux garçons et aux filles ». Le
rapport, en présentant ces dispositifs, indique
séparés. Certains établissements gérés par l’ensei- qu’ils sont liés à des réflexions sur la façon de lut-
gnement catholique sont restés non-mixtes, plus ter contre l’échec scolaire et les problèmes com-
par tradition que par réflexion pédagogique. Il se- portementaux. Ces réflexions « permettent aux
rait aujourd’hui très important d’en faire scientifi- enseignants d’employer des stratégies éventuel-
quement un bilan concernant leurs élèves et de
former les enseignants concernés à des pratiques lement plus adaptées pour un genre ou l’autre.
pédagogiques différenciées. Les groupes non mixtes dans le cadre de classes
mixtes permettent par exemple aux filles de se
JDP Et quelles sont pour vous les évolutions fu- sentir plus libres de répondre aux questions et
tures dans ce domaine ? de participer davantage aux cours, et
permettent aux garçons de travailler
JLA Maintenant que la question de
plus dur sans se soucier de leur
la différenciation pédagogique
filles/garçons, n’est plus un image en tant qu’apprenant. » Il
tabou, j’attends une prise de rappelle également que « seuls
conscience des associations quelques pays ont élaboré des
de parents d’élèves dans ce programmes spéciaux en vue
domaine. d’améliorer les compétences
des garçons en lecture. »
Propos recueillis par
Jean-David Ponci
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Journée de formation sur l’approche pédagogique
différenciée pour les garçons et pour les filles à Paris
C’est sans doute la première fois en France
qu’une réunion sur ce thème descend telle-
ment dans le détail. L’approche en était ré-
solument novatrice. Les organisateurs ont
su échapper au débat piégé : faut-il séparer
garçons et filles ou encore pourquoi les filles
s’intéressent-elles moins à l’informatique ? Sil-
vestre Baudrillart a très bien su donner le ton
dans l’introduction à la conférence en parlant
de pédagogie constructive et efficace, où il ne Silvestre Baudrillart (à gauche) et Jean-David Ponci,
s’agit pas d’être antifémisniste ou antimixité. lors de la conférence plénière.
en situation de mixité et de non-mixité. Dans
En s’éloignant des questions sociétales, la l’atelier de gestion de classe, elle a expliqué
conférence a pu se centrer sur la didactique : qu’il fallait apprendre aux garçons à respecter
comment enseigner les maths, l’histoire, le les formes — avec eux l’humour en classe
français aux garçons et aux filles ? Chaque fonctionne très bien, mais gare aux déborde-
enseignant aura su en tirer du concret. Jean- ments — tandis qu’il faut apprendre parfois
David Ponci a beaucoup insisté sur le fait aux filles à se libérer des formes.
que certaines différences de fonctionnement
entre garçons et filles ne sont pas dues qu’à la Silvestre Baudrillart a expliqué qu’il faut
culture. Il a illustré son propos en se référant encourager les garçons à être soigneux,
à des expériences récentes menées en An- puisqu’ils ne le sont pas spontanément. Dans
gleterre et aux Etats-Unis. En même temps un travail écrit, il a préconisé de donner des
il a aussi souligné que les préjugés ont une points pour la présentation et l’écriture, la
grande influence sur les résultats des élèves. manière de colorier, etc.
Céline Guérin, Cette journée a été si riche qu’il vaut mieux
grâce à un admi- se contenter de ces quelques coups de pin-
rable schéma, a ceau. Heureusement, la conférence a été fil-
passé en revue mée et trois DVD sont en vente à la Fonda-
les différences tion pour l’école (tél. 0033 1 42 62 76 94).
entre garçons et
filles dans l’en- L’assistance était composée des élèves de
seignement des l’Institut Libre de Formation des Maîtres et de
mathématiques. personnes de l’extérieur : environ 120 per-
Elle a insisté sur sonnes à la conférence plénière et 70 dans
la tendance des Céline Guérin,
les ateliers. La conférence a eu lieu à la FACO
filles à la mémo- lors de l’atelier «mathématiques» (Faculté Autonome CO-gérée), dans le 6ème
risation et à celle arrondissement. La dynamique du cours était
des garçons à trouver à leur façon. excellente et les remarques du public parti-
culièrement enrichissantes. Il est vrai qu’il y
L’expérience d’Hélène Parisy nous a été très avait 5 directeurs d’écoles et nombre d’en-
utile. C’était l’unique intervenante qui ensei- seignants expérimentés. A refaire...
gnait à la fois à des garçons et à des filles
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Conférences à travers le monde
21 juin 2011
Advancing Girls in STEM : An NCGS Symposium (The National Coalition of Girls‘ Schools),
Wellesley College, Wellesley, Massachussetts, USA, http://www.ncgs.org/STEMSymposium2011/
overview/
10-13 juillet 2011
18ème conférence annuelle de la IBSC (International Boys‘ Schools Coalition), The City of London
School, London, Royaume Uni, http://www.theibsc.org/
7-8 octobre 2011
3ème congrès international de l’EASSE (European Association Single Sex Education), Varsovie, Po-
logne, http://www.easse.org.pl/en
8-9 octobre 2011
7ème conférence internationale de la NASSPE (National Association For Single Sex Public Educa-
tion), Orlando, Florida, www.singlesexschools.org
21-23 novembre 2011
Conférence annuelle de la GSA (Girls’ Schools Association), Marriott City Centre Hotel, Bristol,
United Kingdom, www.gsa.uk.com/About+GSA/events/GSA+Annual+Conference
25-27 mai 2012
Conférence bisannuelle de l’Alliance of Girls‘ Schools Australasia, Merbourne Girls Grammar
School South Yara, Australia, http://www.agsa.org.au/events.php?EventID=98
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