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Ecoles du Pays de Fouesnant - q-gzru
1. Chapelles…
Yves Pascal CASTEL
Saint-Sébastien
et motte féodale du Henvez
Nous devons à l'obligeance de Y.P. CASTEL l'autorisation de reproduire cet article
qu'il a donné dans "leProgrès de Cornouaille", paru le 25 mai 1996.
Nous l'en remercions vivement.
A mi-distance entre Bénodet et Fouesnant, qui s'égarerait vers la chapelle SaintSébastien jetterait à peine un œil sur cette sorte de vieille grange assortie d'un clocher.
Pourtant, Saint-Sébastien dans son parterre fleuri de marguerites, ce n'est pas rien. Surtout si
on élargit le regard pour replacer le sanctuaire dans le contexte du manoir disparu du Henvez.
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2. La chapelle Saint-Sébastien
Plan rectangulaire, murs de
moellons tout venant, sauf le petit clocher
en pierres de taille, une seule fenêtre dans
l'axe, une porte en plein cintre à l'ouest,
une autre de même type au sud. Pas une
inscription qui la date, et pour tout dire une
statuaire modeste... Que dire de plus ?
Pourtant, si Saint-Sébastien figure
parmi les chapelles les moins en vue d'un
quartier qui possède Saint Cado, le
Drennec et Perguet, en observer les détails
en vaut la peine. Fort bien entretenue, la
date du 8
juillet 1950 inscrite dans
l'enduit à l'arrière de l'autel témoigne d'une
restauration d'après guerre qui s'acheva par
la pose d'une cloche en 1952. Les tout
récents vantaux des portes et la
petite
plaque ultra moderne scellée au dessus de
la porte sud le montrent. Saint.Sébastien
fait bien partie du Patrimoine religieux
vivant.
La façade
La façade appuyée par deux
contreforts présente une curiosité qui n'est
anomalie que pour ceux qui connaissent
mal les manières de faire des anciens, les
accusent de ne pas savoir manier la règle
pour le juste calcul des écartements et le fil
à plomb pour obtenir des symétries axiales.
De tait, la porte de la façade est
sensiblement décalée sur la droite. On
constate aussi que la pointe de l'arc n'entre
pas en alignement avec le milieu du
sommet du fronton. Ceci est tait sciemment
par souci d'animer une élévation sans
tomber dans le géométrisme. Il n'y a là ni
erreur, encore moins d'inattention. On loue
bien les architectes de l'Antiquité d'agir
ainsi afin de donner de la mobilité visuelle
à des choses inertes.
Cela conduit à observer que si nous
ne vibrons pas d'émotion devant les églises
néo-gothiques ou néo-romanes du XIX ème
siècle, c'est pour une part que leurs
architectes leur ont appliqué une
rigoureuse géométrie desséchante.
Le clocher et sa cloche
Le clocher est du type clocher-mur
à une chambre. L'accès à la cloche se fait
par une volée de marches, étroites et
périlleuses, grimpant sur le rampant du
pignon. La souche avec sa corniche
moulurée est sans doute du XVII ème siècle.
En revanche le clocher lui-même, on le
voit à la corniche haute de profil
rudimentaire, est plus récent.
A l'aide d'une paire de jumelles on
peut lire les inscriptions de la cloche dont
le cerveau est orné d'une frise et la pince
d'un Saint Sébastien, sur le devant. Sur
l'arrière, une croix. Sur le côté droit on
devine les armoiries de Monseigneur
André Fauvel.
Une inscription court sur quatre lignes :
CLOCHE DE 1853
REFONDUE EN 1952
PAR LA PIETE DES FIDELES
DU QUARTIER DE St SÉBASTIEN
Au revers :
NOMMEE ANNA
PARRAIN YVES LE TORC'H,
MARRAINE MADAME
ERNEST CALLOC'H
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3. Pour la petite histoire, un voisin de la
chapelle nous a dit qu'à la libération, on
avait tant sonné l'ancienne cloche de Saint
Sébastien, qu'elle avait fini par se rompre.
La charpente
La charpente identique à celle d'une
grange ordinaire se définit selon le terme
spécifique de "chevrons portant ferme".
Cela consiste en la multiplication des
éléments porteurs de la volige, ici au
nombre de seize. La toiture "à coyaux" se
relève à la rive au niveau du mur.
En l'absence de lambris, on voit très
bien comment cette charpente toute simple
pose sur la sablière, la longue pièce de bois
posée sur la longueur du mur.
d'œuvre. Il ne faut regretter que le granit en
soit chaulé comme l'est la surface des
murs. N'en ressort que mieux le grand
motif en relief qui fait honneur au
sculpteur. A gauche, une large feuille
dentelée à trois découpures. A droite, un
entrelac savant de trois branches et de
feuilles d'acanthe.
Un tel bénitier montre la classe de
ce que fut sans doute autrefois saint
Sébastien, laissant supposé qu'il y eu ici un
monument important.
Le vitrail
La fenêtre d'axe garnie d'une
vitrerie moderne sobre et en bon état est de
la fin du XV ème siècle. Les panneaux, le
soufflet et les mouchettes, ont tous des
redents. Cette fenêtre s'ouvre dans un mur
dont on voit à l'extérieur qu'il est plus épais
jusqu'à hauteur d'homme. Après avoir
constaté les désordres provoqués dans les
pierres de la chevronnière de ce pignon, on
remarquera que la toiture actuelle ne
correspond pas à celle de l'origine.
Le bénitier
La plus modeste chapelle où rien
apparemment n'accroche l'attention, peut
posséder quelque pièce de sculpture
intéressante, comme ici le bénitier de la
porte méridionale qui est un petit chef
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4. La statue de Saint Sébastien
Dans une niche-coffre de la plus
extrême sobriété, quatre planches avec une
accolade au sommet, s'abrite la Statue de
Saint Sébastien, exemple intéressant de
sculpture populaire. Quelque peu fruste
mais émouvante, tout en étant difficile à
dater. Elle pourrait être du XVI ème siècle.
Le saint est percé de onze flèches toujours
en place. Elles symbolisaient les traits qui
en un temps d'épidémie, peste ou autre,
frappaient les pauvres humains.
Le maître autel
fidèles. Ainsi, à Saint Sébastien comme
dans un nombre considérable de chapelles
on a déplacé l'autel et on l'a démantelé. Il
eût été préférable, pour une ou deux
messes par an, de laisser les choses en
place, conservant l'arrangement voulu par
les anciens. Quitte, au jour du pardon, à
installer une petite table pour les besoins
de la liturgie.
Reconstituer l'état d'origine, le coffre
contre le mur, les gradins par dessus avec
au milieu le petit tabernacle, la croix et les
chandeliers à la place pour laquelle ils ont
été conçus, serait redonner du caractère à
tout l'ensemble.
Le choeur est fermé par une table
de communion à deux volées de treize
balustres chacune, auxquelles il faut
ajouter les six portillons à deux battants.
L'autel galbé en talon est peint en
faux marbre.
A gaucheun un petit meuble en
chêne sert d'armoire de sacristie et de
sellette à une statue moderne de Sainte
Thérèse de l'enfant Jésus signée C. Jacob.
La sainte porte un grand bouquet de roses
d'où se détachent des fleurs qui tombent à
ses pieds, illustration de la fameuse
prédiction de petite carmélite : "je veux
passer mon ciel à faire du bien sur la
terre".
La célèbre pluie de roses.
A droite un meuble en forme de
table haute a servi de tronc à offrandes si
l'on en juge par la fente pratiquée sur le
plateau de dessus.
Un souhait
La nouvelle liturgie veut que l'on
dise ordinairement la messe face aux
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5. Fontaine disparue
Les textes d'archives font état d'une
fontaine à l'ouest. Les pierres qui gisent
près du ruisseau pourraient en être les
vestiges.
Près de Saint-Sébastien,
découverte d'une motte féodale
La chapelle Saint-Sébastien, à 200
mètres au sud du Henvez, semble avoir un
lien avec le manoir du Henvez. Disparu
depuis belle lurette, son site est
entièrement occupé par des constructions
contemporaines.
Le moulin voisin existe encore.
Transformé en maison d'habitation, il
comporte des vestiges du XV ème siècle.
En face des transformations du site,
le recours au cadastre de 1840 allait
réserver une surprise de taille.
La configuration du terrain à l'ouest
du moulin montre une parcelle circulaire
nommée "Iiorz ar prison". Il n'en fallut pas
plus pour intriguer à juste titre M. Jean Le
Foll, auteur d'une notice circonstanciée sur
le Henvez dans "Foen Izella" du 4 ème
trimestre 1995.
L'examen des lieux allait apporter
une réponse à l'énigme. Le tiers de la
circonférence de la parcelle circulaire
plonge au nord dans une douve profonde.
Au sud existe une allée en courbe. Le
vestige réel et la trace fossilisée se
combinent pour que l'on puisse affirmer
être en présence d'une motte féodale.
Le Henvez, en Fouesnant, qui n'a
guère, à notre connaissance, attiré jusqu'ici
l'attention, a donc sa motte féodale. Inédite,
on l'ajoutera aux longues listes de Le
Goaziou, de Le Guennec, de R. Le Han et
de Paul du Châtelier, qui furent publiées
par René Sanquer dans le Bulletin de la
Société archéologique du Finistère de
1977.
Voilà donc la toute humble chapelle
Saint-Sébastien et ses alentours, que nous
ont fait récemment visiter Annick et Yvon
Le Douget, nous entraînant dans une
découverte inattendue et gratifiante à plus
d'un titre.
N.D.L.R. Comme les autres chapelles du
canton, celle de Saint Sébastien
fut
vendue pendant la Révolution comme
"Bien national". Près de Kerangorec, une
chapelle couverte en ardoise et ayant de
long 48 pieds et demi de large 17 pieds et
demi et de hauteur 6 pieds et demi. Autour
d'icelle un placître sans édifice dans lequel
se trouvent quelques mauvais fruitiers et
une fontaine en son bout couchant:
contenant sous fonds, terre froide et
chemin de servitude distrait en son midi 25
cordes et demie, donnant du nord, levant et
en partie du couchant et bout du midi sur
les terres de Kerangorec et en autre partie
sur le ruisseau dévalant du moulin du
Henvez, estimé " 2 Livres 5 sols."
L'acquéreur fut le "citoyen Saouzanet",
alors recteur de Fouesnant. En page
suivante, le fac-similé de la promesse
d'achat, entraînant le versement d'un dépôt
de garantie.
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