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Archéologie à fouesnant
1. Louis Ogès
Le site de Bénodet aux époques
préhistorique et gallo-romaine
Louis Ogès fut instituteur à Bénodet au début de sa carrière, dans les années 1920. Déjà
féru d'histoire locale, il rédigea l'ébauche de ce qui devait être une étude historique de la
commune, étude qui n'a jamais dépassé le stade du projet. C'est ce projet qu'il a bien voulu
me communiquer, voilà déjà fort longtemps (en 1941).
Cependant, plusieurs fragments de cette monographie ont été publiées, soit dans le
Bulletin de la Société Archéologique du Finistère dont Louis Ogès fut membre, puis
secrétaire durant de nombreuses années, soit dans les colonnes de la "Dépêche de Brest",
puis du "Télégramme", où il assurait une rubrique fort appréciée de tous les passionnés de
la "petite histoire".
Il serait dommage de ne pas faire profiter les lecteurs du bulletin de Foen-Izella de cette
mine de renseignements recueillis voici trois quarts de siècle par celui qui fut, en
l'occurence, notre précurseur.
Louis Nicolas
Époque préhistorique
L'époque préhistorique n'a pas
laissé de traces nombreuses à Bénodet, qui
ne semble pas avoir été un centre important
d'occupation néolithique.
Cependant, le "Meneier" (les
montagnes) dut être occupé à l'âge de la
pierre polie. Cet endroit, facile à défendre
du côté de la mer, devait être protégé du
côté de la terre par un retranchement dont
il ne reste plus de traces. Les habitant
pouvaient trouver là en abondance les
coquillages et poissons de mer: cette
hypothèse est confirmée par des trouvailles
faites en septembre 1905. Entre le fort du
coq et le petit phare, des ouvriers occupés à
des travaux de défrichement découvrirent
des urnes, neuf au moins, disposées trois
par trois en triangle, et recouvertes sur une
hauteur de 45 à 50 centimètres de très
petits cailloux tirés, non de la grève
voisine, mais d'une carrière située à
l'intérieur des terres. Ces urnes reposaient
sur le sous-sol rocheux. Elles contenaient
une matière noirâtre, sans doute des
cendres provenant d'une incinération.
Toutes, sauf une, furent brisées par les
ouvriers. MM. Étienne et Louis de
Chabre ont fait don au musée de Quimper
de celle qui restait intacte. Une autre urne,
assez grossière, fut découverte en creusant
les fondations du grand phare. Près de la
plage fut encore trouvée une hache en
pierre polie, actuellement au musée de
Quimper.
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2. Les hommes préhistoriques, selon
la légende locale, étaient des nains
(Korriked). Mais la légende est démentie
par les découvertes de squelettes de cette
époque, qui sont en général de grande
taille.
Les monuments préhistoriques sont
rares dans la commune. Dans le vallon du
Poulker existe un menhir de modestes
dimensions. Mais sans doute les alluvions
apportées par l'eau ont exhaussé ce terrain.
Le menhir mesure 2 mètres 50 au-dessus
du sol, et un mètre 50 de large. On
remarque à proximité de grandes pierres
paraissant avoir fait partie d'un dolmen.
Il existe également deux tumulus
dans la commune. Le plus important, à un
kilomètre du bourg, à gauche de la route de
Bénodet à Fouesnant, fut fouillé en 1886.
On y trouva des débris d'urnes cinéraires
de terre cuite, grises et brunes. Mais le
monument avait sans doute été violé
antérieurement. A 500 mètres plus loin,
près d'une croix de pierre plantée sur un
talus, existait un autre tumulus de forme
elliptique, situé en bordure de la voie
romaine conduisant de Civitas Aquilonia
(Quimper) à Poulker. Ceci pourrait faire
supposer une origine gallo-romaine, si on
n'y avait trouvé des débris de silex qui
semblent prouver une construction plus
reculée.
Rappelons qu'un tumulus est un
tombeau comprenant un dolmen et une
allée couverte y donnant accès, fermée par
une dalle. L'ensemble est recouvert par une
élévation de terre. Dans le tombeau, on
déposait les cendres des défunts qui
avaient été incinérés dans un lieu en
général voisin, lieu désigné sous le nom de
"mm" : un hameau de la commune porte le
nom de "CarnBras".
L'époque gallo-romaine
Sur la côte de Saint-Gilles au
Groasquin, dans les terres du Poulker et de
Kerambechennec abondent les débris de
tuiles romaines, prouvant une occupation
gallo-romaine importante. Il subsiste
encore actuellement un petit aqueduc situé
sur le bord de la route, et faisant passage
au ruisseau qui se jette dans l'anse du
Poulker. Cet aqueduc est formé de deux
blocs de ciment romain, mélange de
mortier de chaux et de brique pilée. Sur la
rive droite de l'Odet, depuis Malakoff
jusqu'à la pointe de Combrit, les traces
d'occupation romaine abondent: les
châteaux de Kerobestin et de Malakoff
sont bâtis sur les emplacements ou à
proximité d'établissements gallo-romains.
Occupation importante d'ordre stratégique,
car les voies romaines qui y aboutissent
commandaient l'Odet sur la plus grande
partie de leur parcours. On a pu établir le
tracé de la voie reliant CivitasAquilonia au
Poulker, dont quelques tronçons subsistent
encore elle passait au Moulin du Pont,
obliquait vers Keranscoet et se prolongeait
jusqu'au Groasquin. Sur cette voie,
nombreux sont les vestiges d'établissements gallo-romains : Lanros, Buzit,
Boutiguéry, le bourg de Gouesnac'h, PorsGuen, Keranscoet, Rhu, Groasquin,
Kerambéchennec, Poulker... On remarque
de même, sur la rive droite, des ruines ou
substructions à Kerambléis, au Pérennou, à
SainteMarine, à Kerobestin.
Avant 1870, on remarquait au
Poulker les vestiges d'un important
établissement gallo-romain : il s'agit d'un
"balneum", ou établissement de bains assez
important.
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3. Des fouilles furent faites en 1866
par M. Grenot, professeur à Quimper, et en
1870 par M. Le Men, archiviste du
Finistère.
L'édifice comprenait 13 pièces
séparées par des couloirs assez étroits. Le
sous-sol comportait un grand nombre de
petits piliers en briques, disposés en
damier. Ces piliers soutenaient une dalle en
larges briques recouvertes d'un pavé en
béton, puis d'une couche de ciment. Deux
foyers ou fourneaux, en sous-sol
chauffaient l'ensemble: la chaleur intense
qui s'en dégageait portait à une haute
température les piliers de briques et les
voûtes qui formaient le dallage des
chambres. Les pièces supérieures se
trouvaient ainsi chauffées, mais à des
températures différentes suivant leur
éloignement du foyer. Ce système de
chauffage ou "hypocauste" était à la fois
ingénieux et économique, les briques une
fois chauffées conservant longtemps leur
chaleur.
Voyons le plan : H.K.L.N n'étaient
que légèrement chauffées. Le baigneur se
déshabillait dans l'une de ces petites pièces.
De là, il se rendait dans le "tepidarium" ou
salle tiède (F), chauffée à température
modérée. Après la série des bains, il s'y
oignait le corps d'huiles fines et de
parfums. Cette salle avait trois aires de
béton superposées : elle ne recevait ainsi
qu'une chaleur modérée. C'était aussi la
pièce la plus somptueuse: les parois étaient
faites de marbres de diverses couleurs et
revêtues de mosaïques artistement
incrustées de coquillages.
De cette salle, le baigneur passait
au" sudatorium ", (I) salle chauffée à haute
température, où son corps se recouvrait de
grosses gouttes de sueur, débouchant ainsi
ses pores et le préparant aux salles
suivantes.
Le bain de vapeur se prenait dans
une pièce de forme hexagonale (A),
entourée d'une banquette pour s'asseoir et
d'une marche servant de repose-pieds. Un
foyer souterrain chauffait cette salle dont le
pavé était brûlant. Pour obtenir de la
vapeur, il suffisait de projeter de l'eau sur
ce pavé. Le bain d'eau se prenait dans la
piscine (E), mesurant 3 mètres sur 2. Ses
ablutions terminées, le baigneur faisait de
nouvelles poses dans les pièces chaudes,
tièdes, puis froides, arrivant ainsi à la sortie
après des transitions qui lui permettaient de
s'exposer au grand air sans risque de
s'enrhumer.
Tout ce dispositif était en bon état
de conservation en 1866. Mais il n'en reste
plus rien.
(Au Pérennou, sur les bords de
l'Odet, on voit les ruines de bains assez
semblables à ceux du Poulker. Dans les
deux cas, que l'on peut dater du II ème ou III
ème
siècle de notre ère, la disposition est
absolument analogue à celle employée
dans les Grands Thermes de Rome.
Le musée archéologique de Quimper
conserve dans ses vitrines divers objets
provenant des fouilles :
- 4 fragments de vases divers;
- 3 fragments de carreaux ornés qui
garnissaient les murs;
- des fragments de mosaïques faites
avec des coquillages;
- un disque de terre cuite;
- des tuyaux servant à l'alimentation
en eau.
Dans l’une des chambres, on a trouvé un
petit buste en bronze de l'empereur romain
Constantin, qui ne figure pas au musée.
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5. Les sépultures à coffrets et la chapelle
Saint- Gilles
(Cet article de Louis Ogès, rédigé en Avril
l922, a fait l'objet d'une publication au
Bulletin de la Société Archéologique du
Finistère en octobre de la même année).
Au cours de l'hiver dernier,
Monsieur Sautejeau, ancien maire de
Bénodet, en défonçant le terrain dit
"placître de Saint-Gilles", situé non loin de
la pointe de ce nom, découvrit de
nombreuses sépultures à coffrets de pierre,
très curieuses par leur mode de
construction, leur nombre, leur disposition
et leur emplacement.
Le samedi 22 avril, je me rendis sur les
lieux. Je ne fus pas peu surpris de
constater que le placître en
question, qui autrefois entourait la chapelle
de Saint Gilles (ou Gildas), constituait un
tumulus de 30 mètres de diamètre environ,
et seulement un mètre à un mètre cinquante
d'élévation. Les excavations qui y avaient
été pratiquées étaient déjà comblées.
Néanmoins, je pus faire quelques
constatations, et grâce aux renseignements
précis que me fournit M. Sautejeau, me
rendre compte des travaux effectués et des
découvertes faites.
Ce terrain, qui appartenait à la
"fabrique" de Bénodet, fut acquis par M.
Sautejeau il y a une vingtaine d'années. En
y plantant des arbres, ce dernier avait déjà,
il y a quelques années, mis à jour des
briques, du ciment romain, et plusieurs
coffres de pierres contenant des squelettes.
En janvier 1922, voulant défoncer
le terrain pour l'améliorer, il découvrit, à
une profondeur de 70 cm environ, de
nombreuses sépultures à coffrets, plus de
vingt, dit-il. Les squelettes, très bien
conservés pour la plupart, étaient placés
dans des cercueils faits de pierres plates
posées de champ, et recouverts de pierres
semblables. Ces pierres, d'une épaisseur
moyenne de 8 à 10 cm et d'une forme
irrégulière, mesurent dans leurs plus
grandes dimensions environ 40 cm sur 30
cm. Elles étaient reliées entre elles, tantôt
par un mortier de chaux blanche, tantôt
par un ciment mélangé de brique
pilée. Ce mortier empêchait les
infiltrations: le cercueil est ainsi
hermétiquement fermé, ce qui explique
l'excellent état de conservation des
ossements. Quelques coffrets étaient même
entièrement recouverts de mortier.
Il est à noter que de nombreuses
pierres reconnaissables à leurs angles usés
et à leur surface polie ont été prises sur la
grève voisine et employées dans l'état où
elles ont été trouvées. Le fond de quelques
sépultures était garni d'une couche de gros
sable de mer.
Les squelettes recueillis étaient tous
couchés sur le dos, la tête à l'ouest et les
pieds à l'est.
M. Sautejeau affirme que lessépultures ne
contenaient ni poteries, ni objets d'aucune
sorte. J’ai cependant recueilli dans les
déblais des débris de poterie et une petite
plaque de cuivre ou de bronze ne portant
aucun caractère. (Deux pièces de monnaie
en bronze ont été
trouvées à une faible
profondeur. L'une
d'elles fut donnée à
M. Le Bourdellès, Conseiller à la Cour
d'Appel de Rennes.)
La longueur des coffres variait avec
la taille des cadavres qui y étaient inhumés.
Le Docteur Chapuis a reconnu des
squelettes d'enfants, de
femmes et
d'hommes. J'ai moi-même recueilli des
ossements grêles ni ayant pu appartenir
qu'à un enfant.
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6. J'ai pu examiner un crâne d'aspect
masculin, en parfait état de conservation:
crâne nettement brachycéphale, arcades
sourcilières peu saillantes, dentition saine
et bien rangée, molaires usées; la mâchoire
inférieure manque. J'ai voulu emporter ce
crâne pour le présenter à la Société
Archéologique, mais le propriétaire s'y est
opposé, disant qu'il allait l'enterrer et que
ces ossements devaient demeurer là où ils
avaient autrefois été inhumés.
Les cercueils reposaient sur un
dallage fait de briques et de pierres de petit
appareil, noyées dans un mortier
extrêmement dur contenant de la brique
pilée. Ce dallage, dont j'ai vu des parties
notables, était épais d'environ 20
cm. Il
n'a rienété trouvé dessous. Les
pierres provenant des coffrets sont
entassées au bord du chemin voisin. Les
briques et le ciment ont servi à combler des
ornières.
A la base même et sur le pourtour
du tumulus, des ossements nombreux,
mélangés à la terre, ont été découverts à
une profondeur de 10 à 20 cm, au-dessus
d'un amas important de coquillages,
huîtres, patelles,
bigorneaux...
Les
fouilles n'ont porté que sur le tiers environ
du tumulus. Le propriétaire se propose de
les poursuivre l'hiver prochain.
De quelle époque datent ces
sépultures ? La
présence dans le
tumulus d'une plate-forme en briques et en
ciment, la nature du mortier employé au
lutage des pierres constituant les cercueils
permettent
d'affirmer
qu'elles
appartiennent à l'époque gallo-romaine.
Toute la presqu'île connue sous le nom de
pointe Saint Gilles et s'étendant du Letty
au Poulker fut d'ailleurs un centre
important d'occupation gallo-romaine. Des
traces irréfutables s'en rencontrent à
chaque pas: briques, tuiles à rebords,
ciment mélangé de brique pilée... Sur
l'emplacement du fort du Groasquin fut
découvert un trésor de 80 pièces de
monnaies romaines en or, qui furent
vendues séparément.
Les noms de lieux confirment
l'importance de l'occupation gallo-romaine
dans cette région. La ferme située à moins
de 50 mètres du placître de Saint-Gilles
porte le nom de RuzConan. On sait que le
qualificatif Ru, Rhu. Ruz indique
généralement
l'emplacement
d'un
établissement gallo-romain, peut-être à
cause de la couleur rouge que les tuiles
donnaient à ces établissements. Le mot
"Conan" qui se retrouve aujourd'hui encore
comme nom propre est un vieux mot
celtique qui signifie" cher'.
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7. Un village voisin est appelé "Creisanguer"
(le milieu de la ville"); un autre
"Pennaldaguer" (l'autre extrémité de la
ville).
Le tumulus de Saint-Gilles était
vraisemblablement la nécropole des
occupants de cette région. Mais les
sépultures ne constituent pas le seul intérêt
de ce tumulus. Il était autrefois surmonté
d'une chapelle dédiée à Saint Gildas: il ne
reste plus aucune trace visible de cette
chapelle. La maison voisine et le mur
entourant le placître ont été construits au
moyen de pierres en provenant. Des
briques et du ciment romain entrent dans la
construction des soubassements. Cette
particularité nous permet de supposer que
l'édifice chrétien a pu remplacer un temple
païen qui, à l'origine, surmontait le
tumulus. Il y aurait eu ainsi simple
substitution des cultes.
Si les choses se sont ainsi passées,
il est très possible que la chapelle ait été
fondée par Saint Gildas lui-même. On sait
en effet que ce saint, né en Grande
Bretagne en 493, vint en "Bretagne
Armorique"
et
y
évangélisa
particulièrement le sud de la Cornouaille, y
bâtissant diverses chapelles ( Cf A. de La
Borderie, Histoire
de Bretagne, tome I,
page 384). Il n’est donc pas téméraire de
supposer qu'il fut le fondateur de l'église
qui nous occupe. Pour établir sans heurt la
transition du paganisme au christianisme, il
aurait fait bâtir une chapelle à
l'emplacement même du temple que les
habitants avaient l'habitude de fréquenter.
Les seuls souvenirs qui subsistent
de cette chapelle sont le nom du lieu,
"placître de Saint-Gilles", et une auge en
granit appelée "bateau de Saint Louis",
dont les caractères (intérieur dessinant
vaguement la forme d'un corps, absence de
logette pour la tête) permettent de le faire
remonter à l'époque mérovingienne. Ce
sarcophage a été brisé par le propriétaire
actuel. On en voit les débris dans le mur
qui aboutit au puits.
La tradition rapporte que des
anglais se seraient retranchés dans la
chapelle au cours de l'une de leurs
nombreuses descentes sur nos côtes. Ils
passent pour avoir creusé le puits situé au
pied du tertre et encore appelé aujourd'hui
"le puits des anglais".
Un vieillard m'a rapporté que, dans
sa jeunesse, les anciens lui disaient avoir
toujours vu la chapelle à l'état de ruines.
Ces découvertes prouvent qu'il
devait y avoir une agglomération
considérable dans la région comprise entre
Le Poulker et Le Letty. Pourquoi ces lieux
perdirent-ils de leur importance ? Sans
doute à cause des invasions normandes en
Armorique, aux IXème et Xème siècles. Les
Normands remontèrent l'Odet en 913,
détruisant et tuant tout sur leur passage.
Nul doute que Bénodet ne perdit dans ces
invasions sa richesse naissante et les
constructions dont la domination romaine
l'avait enrichi.
. (Le fort du Groasquin ou Groasguen fut
ronstruit en 1803 sur ordre du Premier
Consul. Pour transporter l'armée de
Boulogne en Angleterre, Bonaparte avait
fait construire sur tout le littoral français
des centaines de bateaux à fond plat. Pour
concentrer ces flottilles et les protéger des
escadres anglaises, il fallait les faire
cheminer le long des côtes, à l'abri de
nombreux forts ou batteries établis
spécialement dans ce but. De là l'origine
de la batterie fixe du Groasquin, dont il ne
reste aucun vestige.
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8. Le lecteur, surtout s'il est bénodétois, éprouvera certainement un sentiment de
frustration à la lecture de cet article de Louis Ogès. Ainsi de tous les témoignages d'un passé
souvent prestigieux, "il ne reste rien". La petite conclusion se répète comme un triste refrain.
La protection du patrimoine est, paraît-il, une idée neuve. On peut donc se demander quelle
serait, aujourd'hui, l'attitude de la population, celle des " organismes compétents", en face du
cas de conscience que peuvent poser les découvertes d'un tumulus, d'un établissement galloromain, d'une antique nécropole... et surtout leur éventuelle conservation. Sans doute
assisterions-nous à de belles empoignades entre les défenseurs des "vieilleries" et les tenants
du sacro-saint développement touristique.
Mais on ne refait pas l'histoire. De tout ce gâchis,
seul le menhir du Poulker, bien et dûment
répertorié, continue à défier le siècle et les
millénaires, il est vrai qu'il réussit à se faire
oublier, sous les ronces, dans un site à peu près
inaccessible... à quelques centaines de mètres de
la plage du Trez !
D'autres
monuments
mégalithiques
ont
certainement existé dans la commune. Disparus
depuis très longtemps, ils survivent cependant
dans la toponymie. Ainsi, tous les bénodétois
connaissent la petite plage de "Lichaven". Un
lichaven, (le terme moderne, plus couramment
utilisé, est un "trilithe '), c'est, selon Gwenc'Ian
Le Scouezec dans son ouvrage "Bretagne
Mégalithique", "trois pierres, dont deux
verticales supportant une troisième à la manière
d'un chambranle soutenant un linteau.
Cette forme n'est peut-être pas d'origine, mais résulte sans doute de la destruction d'un
monument plus important, comme une chambre dolménique".
Le terme voisin de Liac'h-ven, littéralement "caverne de pierre", désignait autrefois en langue
bretonne un dolmen ou une allée couverte.
Nous sommes, dans l'un ou l'autre cas, assez loin des traductions du genre "plage du drap
blanc", "du mouchoir blanc", voire du romantique "linceul blanc"...
L.N.
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