SlideShare a Scribd company logo
1 of 9
Download to read offline
OEcuménisme 
OEcuménisme 
vers l'unité 
L’équipe de rĂ©daction de Pastoralia souhaite s’ouvrir 
Ă  l’échange et au dialogue en donnant un Ă©cho de 
quelques réalités oecuméniques. 
Le pùre Bernard Pottier retrace pour nous l’histoire du 
mouvement oecumĂ©nique et montre l’apport majeur 
du Concile Vatican II en Ă©voquant les documents 
rĂ©cents qui poursuivent l’oeuvre du Concile. Le prĂȘtre 
orthodoxe Serge Model nous explique l’évolution de la 
présence orthodoxe en Belgique depuis 150 ans. 
Paul Emmanuel Biron a rencontré le Révérend Canon 
Dr Robert Innes, anglican, responsable « d’Holy 
Trinity » et les reprĂ©sentants de l’église Ă©vangĂ©lique de 
langue allemande, présente à Bruxelles. Au travers de 
ces lignes nous découvrons des églises qui dialoguent. 
Nous souhaitons aussi vous prĂ©senter l’expĂ©rience 
tout à fait unique et spécifique du monastÚre de 
Chevetogne. 
Enfin, l’abbĂ© Philippe Degand, prĂ©sent sur le terrain 
du dialogue oecumĂ©nique Ă  Bruxelles, redit l’impor-tance 
de s’informer de ce qui se vit, et de rencontrer 
l’autre en faisant fi des prĂ©jugĂ©s. 
Dans la priÚre, nous confions au PÚre ce désir de 
progresser dans l’unitĂ© : « tous ces efforts d’intelli-gence 
et de bonne volonté nous invitent à prier 
plus ardemment pour cette unité que le Christ 
lui-mĂȘme dĂ©sire tant, depuis les jours de sa vie 
terrestre. » (cf. article p. 9) 
Nous le savons, l’oecumĂ©nisme n’est pas affaire de 
compromis. Il vise la plénitude de la foi au Christ et 
tend vers le déploiement plénier de la vie évangélique. 
Le PÚre Congar écrivait en 1964 : « Le dialogue oecu-ménique 
m’a obligĂ© et m’a aidĂ© d’abord Ă  renouveler 
en moi l’homme chrĂ©tien. Il m’a en quelque sorte 
acculé à devenir plus chrétien et plus catholique : les 
questions qui m’ont Ă©tĂ© posĂ©es, le tĂ©moignage que j’ai 
eu Ă  donner, l’obligation dans laquelle j’ai Ă©tĂ© mis 
d’atteindre Ă  un certain niveau de vĂ©ritĂ©, m’ont dĂ©logĂ© 
d’une position commode et mĂ©diocre de conformisme 
et m’ont fait reprendre beaucoup de choses en profon-deur. 
» Puissions-nous faire cette mĂȘme expĂ©rience ! 
VĂ©ronique Bontemps 
Comme chaque année au cours du mois de janvier, nous sommes 
invitĂ©s Ă  prier pour l’unitĂ© des chrĂ©tiens. JĂ©sus qui a priĂ© pour 
l’unitĂ©, nous entraine Ă  sa suite : « PĂšre saint, garde-les en ton 
nom que tu m’as donnĂ©, pour qu’ils soient un comme nous 
sommes un » (Jn 17, 11). 
Nous nous adressons comme Ă  des frĂšres Ă  tous 
ceux qui sont séparés de nous, disant avec Saint 
Augustin : « Qu’ils le veuillent ou non, ils sont nos 
frĂšres. Ils ne cesseront d’ĂȘtre nos frĂšres que s’ils ces-sent 
de dire le Notre PÚre ». (Bienheureux Jean XXIII) 
2013 | PASTORALIA – N°1 7 
© EIIR.files.wordpress.com 
DĂ©lĂ©gation du Patriarcat OecumĂ©nique de Constantinople Ă  la fĂȘte des Saints Pierre et Paul au Vatican, en juin 2011.
OEcuménisme 
L’oecumĂ©nisme, Vatican II 
Et aprĂšs ? 
Pendant longtemps, l’Église catho-lique 
a tenu la position qu'exprimait 
le pape Pie XI, dans son encyclique 
Mortalium Animos (1928) : « On 
ne peut rĂ©aliser l’unitĂ© des chrĂ©tiens 
qu’en faisant en sorte que les dissi-dents 
reviennent Ă  l’unique et vĂ©ri-table 
Église du Christ, de laquelle ils 
se sont malheureusement éloignés ». 
Le Concile renouvelle cette vision. 
La priĂšre de JĂ©sus pour l’unitĂ© 
À la veille de sa mort, JĂ©sus a priĂ© instamment son PĂšre 
« pour que tous soient un » (Jn 17). Cette demande 
de JĂ©sus, formulĂ©e au moment oĂč il rĂ©unit pour la 
derniĂšre fois ses disciples autour de lui, laisse entendre 
que Jésus prévoit toutes les difficultés de cette unité. 
MĂȘme si, Ă  notre niveau, nous ne pouvons peut-ĂȘtre 
que prier pour l’unitĂ© des chrĂ©tiens, nous devons le 
faire avec ardeur et persĂ©vĂ©rance : c'est la requĂȘte 
contemplative de l'oecuménisme. 
Les débuts du mouvement oecuménique 
Le mouvement oecuménique a connu ses débuts du 
coté protestant, notamment avec la création, en 1948, 
du Conseil OEcumĂ©nique des Églises, qui continue 
à tenir réguliÚrement ses assemblées mondiales. La 
dixiÚme aura lieu en 2013 en Corée. 
Jean XXIII fit de l’ouverture oecumĂ©nique un des 
objectifs du Concile. Il y invitera des observateurs 
non catholiques. Voici le mot d’ordre qu’il lance : 
« unité dans les choses nécessaires, liberté dans les 
choses douteuses, charité en toutes choses. Car il y a une 
hiĂ©rarchie des vĂ©ritĂ©s : tout n’est pas sur le mĂȘme plan 
dans la foi » (cf. UR 11). 
L'oecuménisme, partie intégrante de l'ecclé-siologie, 
selon le Concile 
L’enseignement oecumĂ©nique de Vatican II est conte-nu, 
pour l'essentiel, dans le Décret sur l'oecuménisme, 
Unitatis Redintegratio, approuvé par un vote presque 
unanime et promulgué par Paul VI le 21 novembre 
1964, le mĂȘme jour que la Constitution dogmatique 
sur l'Église, Lumen Gentium. Paul VI dĂ©clara qu'il 
existait une "union Ă©troite" entre ces deux textes - ce 
qui implique que l'on ne peut plus désormais "penser" 
l'Église catholique indĂ©pendamment de sa relation aux 
autres Églises et communautĂ©s chrĂ©tiennes - pas plus 
qu'on ne peut se la représenter en faisant abstraction 
de « ce lien qui relie spirituellement le peuple de la 
Nouvelle Alliance avec la lignée d'Abraham » (Nostra 
Aetate, sur les relations de l'Église avec les religions 
non chrétiennes, 4). La dynamique d'une communion 
entre Églises chrĂ©tiennes encore imparfaitement unies 
fait désormais partie intégrante de l'ecclésiologie, de la 
maniùre dont il convient de penser et de vivre l'Église. 
DĂšs son premier paragraphe, ce document apporte 
une nouveauté. 
« À ce mouvement vers l'unitĂ© qu'on appelle le 
Mouvement oecuménique, prennent part "ceux qui 
invoquent le Dieu Trinité et confessent Jésus comme 
Seigneur et Sauveur". Et il ne s'agit pas seulement de 
chrétiens pris un à un : il s'agit de chrétiens réunis en 
communautĂ©s, dans lesquelles ils ont entendu l'Évan-gile 
et qu'ils appellent leur Église et l'Église de Dieu » 
(UR l). 
Cette affirmation diffùre grandement de celle de l’en-cyclique 
Mystici Corporis (1943), précisant que ce 
n’était qu’ ‘à titre personnel’ que certains chrĂ©tiens ou 
membres d’autres religions pouvaient ĂȘtre en relation 
avec l’Église catholique. 
Un débat théologique en cours 
Alors que pour l’encyclique Mystici Corporis, l’Église 
du Christ EST purement et simplement l’Église catho-lique 
romaine, dans une identité parfaite sans reste, le 
concile Vatican II, à trois reprises, dit que la véritable 
L'oecumĂ©nisme n'est pas optionnel dans l’Église catholique ; il est 
un devoir de tout chrétien et de tout catholique, surtout depuis le 
Concile Vatican II. 
8 PASTORALIA – N°1 | 2013 
© carlosechevarria.blogspot.be 
Pape Jean XXIII, Rome juillet 1959
« Église du Christ subsiste dans l’Église catholique » 
(LG 8, UR 4, DH 1). Que signifie ce changement de 
vocabulaire, trois fois répété ? - Il s'agit ici d'un vaste 
débat théologique qui oppose aujourd'hui encore 
diverses interprĂ©tations, sans que le MagistĂšre suprĂȘme 
ait tranchĂ© officiellement. Pour les uns, et c'est l’inter-prĂ©tation 
du pape Benoit XVI, ce subsistit in ne diffĂšre 
pas fondamentalement de l'affirmation de l'encyclique 
de 1943, citĂ©e plus haut. Pour d'autres, l'Église du 
Christ qui est dans l'histoire des hommes le sacrement 
de la communion trinitaire, a une relation réelle et 
privilĂ©giĂ©e, mais non exclusive, Ă  l'Église catholique. 
Le coeur du décret Unitatis Redintegratio 
Les réflexions les plus explicites sur la situation 
concrÚte des chrétiens désunis se trouvent au chapitre 
III qui porte le titre suivant. 
Églises et communautĂ©s ecclĂ©siales sĂ©parĂ©es du SiĂšge 
apostolique romain1 
« Nous examinons maintenant deux sortes de scissions 
principales, qui ont affecté la tunique sans couture du 
Christ » (UR 13) : grosso modo, l'Orient et l'Occi-dent, 
c'est-Ă -dire l'orthodoxie et le protestantisme. 
Mais avant d'expliciter ces deux scissions, le Concile 
mentionne que « la Communion anglicane occupe une 
place particuliÚre » (UR 13). 
À propos des Églises orientales, le Concile rappelle 
d'abord que les sept premiers conciles oecuméniques 
ont tous été tenus en Orient. Ensuite, il souligne ce 
que nous avons en commun : « Puisque ces Églises, 
bien que sĂ©parĂ©es, ont de vrais sacrements, – principa-lement, 
en vertu de la succession apostolique : le sacer-doce 
et l'Eucharistie, – qui les unissent intimement 
Ă  nous, une certaine communicatio in sacris, dans 
certaines circonstances, est non seulement possible, 
mais mĂȘme recommandable » (UR 15). Le communi-catio 
in sacris est le terme technique pour désigner la 
possibilité, pour les catholiques et les orthodoxes, de 
partager une mĂȘme Eucharistie. 
Concernant les communautés ecclésiales séparées en 
Occident, le dĂ©cret est beaucoup plus critique. « Étant 
donnĂ© que ces Églises et CommunautĂ©s ecclĂ©siales, Ă  
cause de leur diversité d'origine, de doctrine et de vie 
spirituelle, se distinguent notablement, non seulement 
de nous-mĂȘmes, mais aussi entre elles, il est trĂšs dif-ficile 
de bien les définir, et nous n'en avons pas ici 
l'intention » (UR 19). On rappelle que le baptĂȘme est 
finalement le seul sacrement que nous ayons vraiment 
1. Le mot Églises concerne les orthodoxes ; 'CommunautĂ©s ecclĂ©-siales' 
visent les protestants. 
OEcuménisme 
en commun. Par ailleurs, on loue la vénération de nos 
frĂšres protestants pour l’Écriture Sainte, et leur charitĂ© 
agissante. 
La conclusion souligne que l'unité véritable doit venir 
d'en haut, car elle « dépasse les forces et les capacités 
humaines » (UR 25). 
Trois documents récents poursuivent 
l'oeuvre du Concile 
En 1995, le pape Jean-Paul II a publié une encyclique 
dont le titre rappelle la priĂšre de JĂ©sus, Ut unum sint. 
Les paragraphes 88-96 introduisent une réflexion 
toute nouvelle sur « Le ministĂšre de l’unitĂ© de l’évĂȘque 
de Rome ». 
Un accord théologique a été signé entre luthériens et 
catholiques à Augsbourg en 1999, appelé consensus 
diffĂ©renciĂ©, oĂč chacun admet Ă  la lettre un ensemble 
de thĂšses communes, tout en se permettant une 
interprétation différenciée qui n'invalide pas l'accord 
préalable. 
Enfin, la récente constitution apostolique de Benoit 
XVI Anglicanorum Coetibus (2009) tente une ouver-ture 
du coté anglican, en permettant la création 
d'ordinariats personnels pour les anglicans désirant 
entrer collectivement dans la communion de l'Église 
catholique, tout en conservant leurs liturgies propres 
(cf. le paragraphe 5 III). 
Tous ces efforts d'intelligence et de bonne volonté 
nous invitent à prier plus ardemment pour cette unité 
que le Christ lui-mĂȘme dĂ©sire tant, depuis les jours de 
sa vie terrestre. 
Bernard Pottier, sj 
2013 | PASTORALIA – N°1 9 
© www.oikoumene.org 
AoĂ»t 1948, Amsterdam, fondation officielle du ‘World Council of Churches’.
OEcuménisme 
“Toute terre Ă©trangĂšre est pour eux une patrie” 
150 ans de présence orthodoxe en Belgique 
On le sait, avec le catholicisme romain et les communau-tés 
issues de la RĂ©forme, l’Église orthodoxe constitue l’une 
des trois expressions majeures du christianisme historique. 
Sans exclure une adaptation créatrice aux situations 
changeantes, elle se sent particuliùrement garante d’une 
fidélité à la tradition ecclésiale originelle, tant doctrinale 
et sacramentelle que dans son organisation mĂȘme, de 
nature conciliaire. FormĂ© sur les lieux mĂȘmes de la prĂ©di-cation 
apostolique, « entre AthÚnes et Jérusalem » (selon 
l’expression consacrĂ©e), le christianisme orthodoxe a, au 
dĂ©part de l’Empire byzantin, rayonnĂ© principalement vers 
l’Europe de l’Est. Depuis les grandes migrations des XIXe 
et XXe siÚcles (dues aux guerres, aux persécutions ou à 
la misÚre économique), il a néanmoins largement perdu 
son caractĂšre gĂ©ographique oriental, et l’Église orthodoxe 
(250 millions de fidĂšles) est aujourd’hui prĂ©sente sur tous 
les continents. 
Les Orthodoxes sont parmi nous ! 
En Belgique, le christianisme orthodoxe apparaĂźt au 
XIXe siÚcle : en 1862 fut ouverte la premiÚre église, déjà 
citée ; un deuxiÚme lieu de culte (orthodoxe grec) fut 
créé en 1900 à Anvers, et une troisiÚme église (grecque 
Ă©galement) vit le jour Ă  Bruxelles en 1926. L’essentiel 
de la présence orthodoxe dans notre pays proviendra 
cependant des Ă©migrations du XXe siĂšcle, dont celle 
des Russes fuyant les persécutions consécutives à la 
rĂ©volution de 1917. GrĂące notamment Ă  l’aide du 
cardinal Mercier (un véritable « oecuméniste » avant 
la lettre), des paroisses russes se constitueront dans les 
principales villes du pays dans les années 1920-30, et 
un premier Ă©vĂȘque orthodoxe s’installera Ă  Bruxelles en 
1929 (le diocĂšse sera reconnu par arrĂȘtĂ© royal en 1937). 
Les deux autres vagues d’émigration russe (aprĂšs la 
Seconde guerre mondiale et dans les années 1970), ainsi 
que les Ă©migrations serbe, bulgare et roumaine, seront 
plus modestes. À partir des annĂ©es 1950, une impor-tante 
Ă©migration grecque, de nature principalement 
Ă©conomique, amĂšnera Ă  l’ouverture en Belgique de plus 
d’une dizaine de paroisses, conduisant le patriarcat de 
Constantinople à créer son diocÚse « belge » en 1969. 
Si, dans un premier temps, ces communautĂ©s s’effor-çaient 
de préserver leur identité linguistique et cultu-relle, 
pour les deuxiÚme puis troisiÚme générations, les 
enfants de couples mixtes ou les occidentaux devenus 
orthodoxes, il devint nĂ©cessaire d’utiliser les langues 
locales. Dans l’atmosphĂšre oecumĂ©nique des annĂ©es 
1960-70 (inspirée du concile Vatican II), apparaßtront 
des communautés orthodoxes « occidentales », célébrant 
en français ou nĂ©erlandais. En 1985 enfin, l’État belge 
reconnaĂźtra l’Église orthodoxe, au mĂȘme titre que les 
cultes catholique, protestant, anglican, juif, musulman 
et que la laïcité organisée. Depuis la disparition de 
l’URSS en 1990, les nouvelles vagues d’émigration en 
provenance de l’Est ont singuliùrement accru le nombre 
d’orthodoxes dans notre pays. 
L’unitĂ© dans la diversitĂ© 
Aujourd’hui, la Belgique compte entre quatre-vingt et 
cent mille chrétiens orthodoxes, de diverses origines, 
langues et obédiences, mais confessant une foi com-mune. 
Une cinquantaine de lieux de culte, sur tout le 
territoire, sont desservis par 4 Ă©vĂȘques rĂ©sidant dans le 
pays, plus de 50 prĂȘtres et une quinzaine de diacres. 
Le diocÚse « grec » du patriarcat oecuménique au 
BĂ©nĂ©lux, dirigĂ© par le mĂ©tropolite (archevĂȘque) 
Panteleimon (Kontoyiannis), assistĂ© de deux Ă©vĂȘques 
auxiliaires, compte plus de 20 paroisses en Belgique. 
Mgr Panteleimon reprĂ©sente Ă©galement l’Église ortho-doxe 
auprÚs des autorités belges et est le principal 
responsable des cours de religion orthodoxe enseignés 
dans les Ă©coles publiques, des Ă©missions orthodoxes Ă  
la radio et à la télévision et des aumÎneries orthodoxes 
(hĂŽpitaux, prisons, etc.). 
Le 1er avril 1862, à Bruxelles, était consacré le premier lieu de culte 
orthodoxe de notre pays : l’église de Saint-Nicolas, crĂ©Ă©e auprĂšs de 
l’ambassade russe dans la capitale. Un siùcle et demi plus tard, une 
cinquantaine d’églises ou chapelles, de diffĂ©rentes obĂ©diences, des-servent 
pastoralement les dizaines de milliers d’orthodoxes de toutes 
origines présents sur le territoire belge. « Toute patrie leur est une 
terre étrangÚre, et toute terre étrangÚre est pour eux une patrie » 
disait déjà, à propos des chrétiens, la Lettre à DiognÚte (IIe siÚcle) 
 
Intérieur de l'église orthodoxe russe St Nicolas, Ixelles 
© Serge Model 
10 PASTORALIA – N°1 | 2013
Les orthodoxes russes (d’origine ou de tradition russe) 
se répartissent, pour des raisons historiques, en trois 
obĂ©diences distinctes. L’archevĂȘchĂ© de Belgique du 
patriarcat de Moscou, dirigĂ© par l’archevĂȘque Simon 
(Ichounine), comprend 12 lieux de culte, dont deux 
petits monastĂšres (masculin et fĂ©minin). L’archevĂȘchĂ©-exarchat 
des paroisses russes d’Europe occidentale 
du patriarcat oecuménique compte 4 paroisses dans 
notre pays, qui relĂšvent de l’archevĂȘque Gabriel (De 
Vylder – d’origine belge, mais rĂ©sidant Ă  Paris). Deux 
paroisses de l’Église russe hors-frontiĂšres dĂ©pendent de 
l’archevĂȘque Michel (Donskov) de GenĂšve. 
Il faut Ă©galement citer cinq paroisses (et un monas-tĂšre) 
roumains, deux paroisses serbes, deux géor-giennes 
et une bulgare, qui se rattachent Ă  leurs 
« Églises-mĂšres » respectives, via les diocĂšses euro-pĂ©ens 
de celles-ci (avec siĂšge Ă  Paris ou ailleurs). 
Comme les Russes, ces communautés ont connu un 
vĂ©ritable renouveau Ă  l’arrivĂ©e de la nouvelle vague 
d’immigrĂ©s de l’Est europĂ©en. 
Bien avant la création, en 2010, de la Conférence 
épiscopale orthodoxe du Bénélux, les relations entre 
les orthodoxes de notre pays Ă©taient fraternelles, 
comme en témoignent les concélébrations, partici-pations 
Ă  des organisations inter-orthodoxes (mouve-ments 
de jeunesse ou autres associations) ou réalisa-tions 
communes (congrĂšs, publications, formations 
en peinture d’icĂŽnes, etc.). NĂ©anmoins, ces liens 
gagneraient Ă  ĂȘtre renforcĂ©s, de mĂȘme que l’enraci-nement 
de l’Église orthodoxe dans la sociĂ©tĂ© belge. 
OEcuménisme 
Comme marthe et marie ? 
Depuis longtemps, les figures évangéliques de Marthe et 
Marie sont considĂ©rĂ©es comme symbolisant les Églises d’Oc-cident 
et d’Orient. Et il est vrai qu’à l’énergie de l’action 
(missionnaire ou sociale) des chrétiens occidentaux, les ortho-doxes 
ont souvent prĂ©fĂ©rĂ© l’harmonie de la contemplation, 
exprimée à travers la beauté de la célébration liturgique ou le 
recueillement de la priĂšre personnelle, le tout dans la perspec-tive 
lumineuse de la RĂ©surrection. Mais l’Évangile ne dit-il pas 
que Marthe et Marie Ă©taient soeurs, et qu’elles se rĂ©unissaient 
autour du mĂȘme MaĂźtre ? Il nous semble que, pour des 
relations oecuméniques authentiques, il faudrait reconnaßtre 
les charismes de chaque Église, car « il y a beaucoup de 
demeures dans la maison du PĂšre ». Comme l’expliquait 
un saint oriental du VIe s. : « Imaginez que le monde soit 
un cercle, que le centre soit Dieu, et que les rayons soient les 
maniùres de vivre des hommes. Plus ils s’approchent de Dieu, 
plus ils se rapprochent les uns des autres. Et plus ils s’appro-chent 
les uns des autres, plus ils se rapprochent de Dieu. » 
PrĂȘtre Serge Model, 
ArchevĂȘchĂ© orthodoxe russe en Belgique 
POUR ALLER PLUS LOIN : 
- C. Chaillot, Histoire de l’Église orthodoxe en Europe 
occidentale, Paris, 2005. 
- A. Peckstadt, DĂ©couvrir et vivre l’orthodoxie en Belgique. 
Le cheminement de l’archiprĂȘtre Ignace Peckstadt vers 
l’Église orthodoxe, Bruges, 2001. 
- www.orthodoxia.be (archevĂȘchĂ© grec en Belgique) 
- www.archiepiskopia.be (archevĂȘchĂ© russe en Belgique) 
2013 | PASTORALIA – N°1 11 
ConcĂ©lĂ©bration des Ă©vĂȘques orthodoxes en la cathĂ©drale grecque, Bruxelles 
© Orthobel
OEcuménisme 
Visage chrétien 
À petite Église, grandes responsabilitĂ©s ! 
Quelles sont vos responsabilités en Belgique ? 
Je m’occupe d’Holy Trinity, de ses prĂȘtres, de son 
musicien, de ses ministÚres. Comme président du 
ComitĂ© central de l’Église anglicane en Belgique, je 
suis en lien avec l’Etat. Sur un plan plus honorifique, 
je suis aussi Chapelain de sa Majesté la Reine Elisabeth 
II. Tout cela signifie qu’on attend que je sois à la fois 
diplomate, homme d’affaires et conseiller spirituel ! 
Comme prĂȘtre, je suis appelĂ© Ă  proclamer la Parole, Ă  
offrir les sacrements, Ă  Ă©couter. 
Qui sont les Anglicans présents en Belgique ? 
Il y a des Anglais en Belgique depuis le 16Ăšme siĂšcle ; 
William Tyndale, le traducteur de la Bible en anglais, 
a habitĂ© Ă  Anvers et est mort Ă  Vilvorde. À l’heure 
actuelle, beaucoup d’anglais sont issus des institu-tions 
europĂ©ennes. D’autres sont mariĂ©s Ă  un ou 
une anglais(e) de confession anglicane. 35% de nos 
membres sont d’origine africaine, et il existe une messe 
pour les Rwandais anglicans francophones. D’autres 
sont ressortissants d’Inde, de Chine, etc, unis par la 
mĂȘme foi, et par une langue Ă  peu prĂšs commune. 
1. www.holytrinity.be 
Dans la mesure du possible, nous aimerions aussi 
proposer des messes en néerlandais. Nous avons 
aujourd’hui quatre axes de travail : l’accueil de tous ; la 
Koinonia, afin que chacun trouve un groupe mais que 
nous formions tous une communauté ; la célébration, 
par le biais d’une variĂ©tĂ© de cultes, par la musique, les 
choeurs ; et enfin la participation au réseau auquel 
nous appartenons. Nous soutenons d’autres groupes 
et d’autres Églises, tant sur le plan moral que financier. 
Avez-vous des contacts rĂ©guliers avec d’autres dĂ©no-minations 
? 
Oui. Président du Belgian Council of Religious Leaders, 
je serai l’annĂ©e prochaine celui de la Concertation des 
Églises ChrĂ©tiennes de Belgique. Nos prĂȘtres sont Ă©ga-lement 
trÚs impliqués dans le dialogue avec les catho-liques 
et les protestants notamment. Le président du 
Comité Interecclesial de Bruxelles est un anglican, et 
la veillĂ©e de priĂšre pour l’UnitĂ© des chrĂ©tiens aura lieu 
cette annĂ©e Ă  Holy Trinity2. MĂȘme si nous sommes 
une petite Église, nous avons donc – et plus particu-liùrement 
cette annĂ©e – de grandes responsabilitĂ©s ! 
Quelles pourraient ĂȘtre les prochaines Ă©tapes du 
dialogue entre catholiques et anglicans? 
Nous sommes d’accord sur les points fondamentaux 
de la foi, et entretenons des relations trĂšs chaleureuses. 
Mais il serait bon de pouvoir discuter de la place des 
femmes dans les Églises ; nous venons de faire la Une 
du Times Ă  ce sujet3 ! Et d’oser parler de sexualitĂ©. S’il 
existe des divergences d’opinion, et mĂȘme Ă  l’intĂ©rieur 
de chaque Église, ce serait une expĂ©rience fĂ©conde 
que d’y rĂ©flĂ©chir ensemble. Comment une Église 
doit-elle ou non s’accorder au monde d’aujourd’hui ? 
Comment doit-elle ou non faire Ă©voluer son Ă©thique ? 
Ce n’est qu’avec beaucoup de respect, mais aussi de 
confiance, que nous pourrons avancer sur ces ques-tions 
toujours trÚs délicates. 
Quelle parole pour nos lecteurs ? 
Une parole du pape, qui a dit un jour Ă  notre Ă©vĂȘque : 
« L’évangĂ©lisation de notre continent est trop vaste 
pour une seule Église ». L’unitĂ© reste le fondement de 
la mission que nous a confiée notre Seigneur. 
Entretien : Paul-Emmanuel Biron 
2. Le 24/01/2013 ; voir www.c-i-b.be 
3. Le 20 novembre 2012, les Anglicans d’Angleterre ont votĂ© contre 
la proposition de l’accĂšs pour les femmes au ministĂšre Ă©piscopal. 
Une dĂ©cision qui revient aux laĂŻcs, le clergĂ© s’étant plus particu-liĂšrement 
prononcé pour. Le Times a qualifié cette décision histo-rique 
de catastrophe pour l’Église et pour le pays. 
À Bruxelles est sise Holy Trinity1. Église du diocùse anglican 
en Europe, elle représente 700 membres et 40 nationalités. 
Rencontre avec le Reverend Canon Dr Robert Innes, prĂȘtre angli-can 
en Belgique depuis 7 ans, senior chaplain et chancelier de la 
pro-cathédrale. Marié, et papa de quatre enfants. 
© Charles De Clercq 
12 PASTORALIA – N°1 | 2013
OEcuménisme 
L’option oecumĂ©nique de la 
Deutschsprachige Evangelische Gemeinde in Belgien 
Il n’existe à Bruxelles que deux 
communautĂ©s d’expression alle-mande 
: une paroisse catholique, 
Sankt-Paulus, situĂ©e Ă  l’avenue de 
Tervuren, et l’Église Ă©vangĂ©lique 
d’expression allemande de l’avenue 
SalomĂ©. Église indĂ©pendante bien 
qu’affiliĂ©e Ă  l’Église ÉvangĂ©lique 
d’Allemagne2, cette Église locale 
est par ailleurs membre de l’Église 
Protestante Unie de Belgique. Une 
double reconnaissance qui salue sa 
pérennité, mais aussi la richesse de 
la diversité de ses ministÚres. Forte 
d’environ 1000 membres, cette 
Église s’inscrit comme repùre pour 
deux types de population : des belges germanophones 
‘exilĂ©s’ Ă  Bruxelles ou des membres de l’EKD mobi-lisĂ©s 
dans la capitale pour une mission de plusieurs 
mois ou annĂ©es dans l’une des structures de la sphĂšre 
européenne. Un centre cultuel et culturel qui connaßt 
en conséquence des mouvements de population per-pétuels, 
mais qui a réussi à se positionner comme un 
vĂ©ritable point de convergence, soucieux d’offrir Ă  tous 
les ùges des célébrations et des services adaptés. 
Une Église en dialogue 
Une des caractéristiques majeures de cette grande 
communautĂ© est qu’elle entretient, depuis de trĂšs 
nombreuses années, un dialogue étroit avec sa consoeur 
Sankt-Paulus. Une communion plus qu’un partenariat, 
qui se cristallise jusque sur la toile par une page-portail 
commune3. Il ne s’agit pas que d’un geste
 Le plus bel 
exemple de cette alliance interparoissiale reste l’Ökume-nische 
Kinderkirche (OĂŻkiki), comprenez : l’Église oecu-mĂ©nique 
des enfants. Une fois par mois, et dans chaque 
lieu de culte à tour de rÎle, cette célébration rassemble 
les tout-petits, les enfants de maternelle et du primaire 
ainsi que leurs parents, autour d’une liturgie adaptĂ©e. 
Une action de grñces autour d’un thùme particulier, qui 
fait la part belle aux chants et aux jeux scéniques, tout 
en mettant en valeur la dimension multiculturelle de ces 
1. www.egz.be. Les protestants germanophones sont sortis de la 
clandestinité en 1781 (Edit de Tolérance). 
2. Evangelische Kirche in Deutschland – www.ekd.be 
3. www.kirchen-deutscher-sprache-bruessel.de 
‘enfants du monde’. Issus d’autres pays ou de nombreux 
mariages mixtes, les enfants sont pour le moins choyés à 
la DEG. Ici existent un groupe de mĂšres-enfants et un 
choeur spécifiquement tourné vers les Psaumes pour les 
enfants et les ados. Jusqu’à 7 ans, les enfants pourront 
aussi participer au choeur oecuménique, qui comprend 
Ă©galement des ateliers de danse et de jeux. Un Club 
pour les 11 Ă  14 ans explore les histoires de la Bible Ă  
travers le théùtre, les arts créatifs. 
Les adultes aussi 
Du cÎté des adultes, la joie de célébrer ensemble 
prévaut, et la variété des choeurs qui existent en témoi-gnera. 
Les deux paroisses ont Ă©galement mis sur pied 
un service commun de visite aux personnes seules ou 
malades. Et la ‘sauce’ prend ! 
Grùce à cette communion ecclésiale assez unique à 
Bruxelles, une communautĂ© a pu s’ancrer dans le 
terreau local pour offrir au plus grand nombre des 
services aussi divers que suivis. N’y a-t-il pas là une 
leçon pour nos paroisses francophones ? Ne pourrions-nous 
pas nous intéresser davantage aux communautés 
chrétiennes qui habitent à deux pas de chez nous ? Ne 
pourrions-nous pas sortir de notre solitude en créant 
des services, des ministĂšres, des pastorales en com-mun 
? D’autres paroisses à Bruxelles – catholiques et 
protestantes, principalement - s’y sont essayĂ©es : quels 
bilans, pour quels projets ? 
Paul-Emmanuel Biron 
A deux pas de la rue au Bois, et juste en face du centre sportif de 
Woluwe-saint-Pierre se trouve depuis 1975 l’Église ÉvangĂ©lique 
de langue allemande en Belgique1. Que l’on ne s’y trompe pas : en 
dĂ©pit de son nom, cette Église est bel et bien de tradition luthĂ©ro-rĂ©formĂ©e. 
2013 | PASTORALIA – N°1 13 
Reinhard Weißer, actuel pasteur de 
l’Église 
Le temple de l'avenue Salomé 
© Charles De Clercq 
DR
OEcuménisme 
L’Abbaye de Chevetogne 
Préparer la rencontre 
Depuis sa fondation, à Amay en 1925, la commu-nauté 
s’efforce d’apporter une contribution positive 
au rapprochement entre les chrétiens de tous bords 
ecclésiaux et confessionnels. 
Dom Lambert Beauduin, fondateur 
Le fondateur, Dom Lambert Beauduin (1873-1960), 
moine du Mont-César à Louvain, avait lancé le mouve-ment 
liturgique, lors du « CongrÚs des oeuvres » à Malines 
en 1909, dans le but de favoriser un retour de la piété 
catholique Ă  ses sources bibliques et patristiques dans 
la liturgie de l’Église. En exil en Angleterre pendant la 
PremiÚre Guerre mondiale, il a été fort impressionné par 
la beauté du culte anglican, dans laquelle il découvrait une 
certaine réalisation concrÚte de son propre idéal. AprÚs la 
Guerre, il a fait la connaissance en Belgique et en Italie, 
de nombreux Russes orthodoxes qui avaient émigré en 
Europe occidentale, suite aux RĂ©volutions de 1917. 
Beauduin trouvait chez eux aussi la richesse biblique et 
patristique de la « vraie piété » chrétienne exprimée dans 
une liturgie majestueuse et vivante. 
Peu à peu, il se rendait compte que le rétablissement de 
l’unitĂ© chrĂ©tienne en gĂ©nĂ©ral, et de la pleine communion 
avec l’Orthodoxie en particulier, ne pouvait que rappro-cher 
l’Occident chrĂ©tien de ses propres racines, et l’aider Ă  
ĂȘtre authentiquement lui-mĂȘme. Il devenait clair pour lui 
que l’unitĂ© de tous les chrĂ©tiens devait s’inscrire comme 
un impĂ©ratif prioritaire dans le retour de toute l’Église 
chrétienne à son authenticité profonde. De ces intuitions 
est né chez lui le projet de fonder un monastÚre ayant pour 
vocation de contribuer au rapprochement entre les Églises 
séparées entre elles. Des moines de plusieurs monastÚres se 
sont engagés pour faire partie de la nouvelle communauté, 
qui fut constituée en 1925 à Amay, et transférée en 1939 
Ă  Chevetogne. 
Une communauté, deux rites 
Depuis sa fondation, le monastĂšre connaĂźt un sys-tĂšme 
original, selon lequel la moitié de la commu-nauté 
célÚbre les offices dans une chapelle selon le 
rite monastique occidental, tandis que dans une autre 
chapelle, l’autre moitiĂ© suit le rite byzantin. La com-munautĂ© 
cherche ainsi Ă  rencontrer l’Orient chrĂ©tien 
en se mettant, pour ainsi dire, « dans la peau » des 
chrétiens orientaux, sans oublier sa propre identité 
ecclĂ©siale. L’utilisation du rite oriental est essentielle-ment 
« Ă  l’usage interne et expĂ©rimentale » de la com-munautĂ©. 
Elle ne vise aucunement le prosélytisme : 
jamais dans l’histoire d’Amay-Chevetogne on n’a 
fait passer quelqu’un d’une autre Église chrĂ©tienne Ă  
l’Église catholique romaine. 
Préparer la rencontre 
Le fait de se plonger complĂštement dans le monde litur-gique 
et religieux d’une tradition diffĂ©rente est destinĂ© Ă  
préparer la rencontre en profondeur des frÚres et soeurs 
en Christ avec lesquels on a dĂ©jĂ  partagĂ© l’expĂ©rience 
essentielle et intime de la priùre et de l’adoration. Cette 
expĂ©rience est nĂ©e du dĂ©sir d’approfondir l’amour de 
l’Orthodoxie. Mais elle invite aussi Ă  rencontrer des reprĂ©-sentants 
d’autres traditions confessionnelles – rĂ©formĂ©e, 
luthĂ©rienne, anglicane, mĂ©thodiste
 – qui tĂ©moignent, 
eux aussi, de la richesse spirituelle que Dieu accorde Ă  tous 
ceux qui confessent son Fils JĂ©sus-Christ. 
C’est ainsi que les moines de Chevetogne espùrent appor-ter 
une contribution modeste mais réelle à la recherche de 
l’unitĂ© visible de tous les chrĂ©tiens. 
P. Thaddée Barnas 
L’Abbaye de Chevetogne (Province de Namur) est un monastùre 
bĂ©nĂ©dictin consacrĂ© Ă  la priĂšre et au travail pour l’unitĂ© des 
chrétiens. Sa communauté est internationale ; elle est unie dans 
la diversité des cultures et dans la célébration du culte selon les 
deux traditions de l’Église catholique occidentale, et des Églises 
orthodoxes. 
14 PASTORALIA – N°1 | 2013 
DR 
© Jean-Pol Grandmont, via commons.wikimedia.org
OEcuménisme 
L’oecumĂ©nisme dans notre vie de baptisĂ© : 
enjeu vital et attitudes Ă  promouvoir ! 
Ainsi plus les liens s’étendent, plus la chance de toucher les 
coeurs augmentent ! Le témoignage rend compte du salut 
en marche, à travers les réalités concrÚtes des lieux et de per-sonnes. 
La charité implique le désir de partager cet Amour qui 
change notre vie. Il est chemin de bonheur offert par Dieu Ă  
tous les hommes. 
Attitudes Ă  promouvoir activement 
ïƒą Refuser les clichĂ©s 
Les clichĂ©s sur l’autre - anglican, protestant, orthodoxe - ont 
la vie dure. Mais ils ont souvent pour effet de couper court Ă  
tout effort de dĂ©couverte de l’autre, de croĂźtre dans ma propre 
tradition chrétienne et de grandir dans une vraie communion. 
Un autre danger guette beaucoup de chrétiens de bonne 
volontĂ© : « pourquoi s’attarder Ă  l’oecumĂ©nisme, c’est dĂ©passĂ© 
disent-ils, c’est l’interreligieux qui compte ! ». 
Le mot oecuménisme concerne au sens normal, celles et ceux 
qui par leur baptĂȘme, se rĂ©clament du Christ, Fils de Dieu. 
Il s’agit de la mĂȘme religion ! Or, si je confesse que le Christ 
est vraiment le Sauveur, le Chemin capable de conduire tout 
homme vers la vie en assumant par la croix les forces de mal 
et de mort 
 comment pourrais-je dire en toute vérité et 
humilité, que tout se vaut ! Certes, seul Dieu peut donner la 
vie Ă©ternelle, mais en son Fils, il me permet de trouver la vie 
dĂšs maintenant. 
Il faut donc travailler aux deux niveaux : d’une part entre chrĂ©-tiens 
et d’autre part en interreligieux voire interconvictionnel : 
sans confusion, ni raideur, mais avec lucidité et amour ! 
ïƒą Informer et s’informer du ‘dĂ©jà’ rĂ©alisĂ© 
Quels que soient nos dĂ©sirs d’aller plus vite, il faut bien recon-naĂźtre 
qu’en un siĂšcle de beaux fruits ont mĂ»ri et demeurent. 
Mais il y a encore pas mal d’étapes ! On mesure la nĂ©cessitĂ© 
d’approfondir sa propre identitĂ© pour mieux dialoguer. Un 
Ă©quilibre qui se construit et au coeur duquel il nous faut garder 
deux critùres : ouverture à l’autre d’une part et profondeur de 
la vie de foi et du message d’autre part. 
ïƒą DiversitĂ© en communion 
Il ne s’agit pas de faire plaisir en Ă©vacuant ce qui fĂąche et qui 
est considĂ©rĂ© par l’une ou l’autre Église comme une richesse 
évidente. Suis-je conscient de mes trésors ? Puis-je les expli-quer, 
sans honte ni agressivité ? Ai-je le désir de connaßtre ce 
qui fait leurs richesses ? Partager richesses et fragilités devant le 
Seigneur, sous le souffle de l’Esprit, contribuera à construire 
une authentique et féconde diversité en communion. Ce 
cheminement, qui part de la diversitĂ© passera peut-ĂȘtre par des 
dialogues de clarifications, des ajustements dans le langage, des 
conversions de mentalité. 
ïƒą Prier seul, en communautĂ© et entre Église 
Tout au long de l’annĂ©e, comment rendons-nous perceptible 
ce souci des autres confessions chrétiennes (cf. Semaine de 
priĂšre pour l’unitĂ©) ? 
ïƒą Des solidaritĂ©s 
Dans des actions sociales et culturelles ? - Le champ est vaste. 
Devant ce vaste champ, c’est bien avec tous les acteurs pasto-raux 
et les Ă©quipes paroissiales et d’unitĂ© qu’il faut discerner, 
porter et lancer des actions, mĂȘme simples ! 
Abbé Philippe Degand 
Si Christ est venu inaugurer le monde nouveau, la nouvelle création selon 
le coeur de Dieu, comment pouvons-nous minimiser l’urgence d’annoncer 
et de tĂ©moigner de cette « espĂ©rance qui ne déçoit pas » ! L’avenir est ouvert 
par la victoire du matin de PĂąques ! Le Feu me saisit-il ? Saint Jean relate 
cette parole du Seigneur : Jn 13 « C’est Ă  l’amour que vous aurez les uns 
pour les autres que l’on reconnaĂźtra que vous ĂȘtes mes disciples ». 
2013 | PASTORALIA – N°1 15 
© Charles De Clercq

More Related Content

What's hot

Extraits la gouvernance dans l eglise (2)
 Extraits   la gouvernance dans l eglise (2) Extraits   la gouvernance dans l eglise (2)
Extraits la gouvernance dans l eglise (2)
Tico Matnik
 
Les cinq ministères (French)
Les cinq ministères (French)Les cinq ministères (French)
Les cinq ministères (French)
CTMI - Church Team Ministries International
 
PréSentation Eglises Fpf
PréSentation Eglises FpfPréSentation Eglises Fpf
PréSentation Eglises Fpf
Christian Apel
 
La réalité présente du mystÚre de Jésus
La réalité présente du mystÚre de JésusLa réalité présente du mystÚre de Jésus
La réalité présente du mystÚre de Jésus
Quenum Jean-Marie Hyacinthe
 
Fiche 5 H 004 2009
Fiche 5 H 004 2009Fiche 5 H 004 2009
Fiche 5 H 004 2009
origene
 
Sacrements d initiation
Sacrements d initiationSacrements d initiation
Sacrements d initiation
cathobruxelles
 
Luc, l'évangéliste du salut offert par Jésus le Christ III
Luc, l'évangéliste du salut offert par Jésus le Christ IIILuc, l'évangéliste du salut offert par Jésus le Christ III
Luc, l'évangéliste du salut offert par Jésus le Christ III
Quenum Jean-Marie Hyacinthe
 
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
BRIAN MOORE
 
Votre divin consolateur, le Saint Esprit
Votre divin consolateur, le Saint EspritVotre divin consolateur, le Saint Esprit
Votre divin consolateur, le Saint Esprit
Saxemard Guy-Emyl
 
Institutions liturgiques (tome_3)
Institutions liturgiques (tome_3)Institutions liturgiques (tome_3)
Institutions liturgiques (tome_3)
BRIAN MOORE
 

What's hot (20)

Extraits la gouvernance dans l eglise (2)
 Extraits   la gouvernance dans l eglise (2) Extraits   la gouvernance dans l eglise (2)
Extraits la gouvernance dans l eglise (2)
 
Les cinq ministères (French)
Les cinq ministères (French)Les cinq ministères (French)
Les cinq ministères (French)
 
PréSentation Eglises Fpf
PréSentation Eglises FpfPréSentation Eglises Fpf
PréSentation Eglises Fpf
 
La réalité présente du mystÚre de Jésus
La réalité présente du mystÚre de JésusLa réalité présente du mystÚre de Jésus
La réalité présente du mystÚre de Jésus
 
cours
courscours
cours
 
Fiche 5 H 004 2009
Fiche 5 H 004 2009Fiche 5 H 004 2009
Fiche 5 H 004 2009
 
Sacrements d initiation
Sacrements d initiationSacrements d initiation
Sacrements d initiation
 
Corpus christi 2 catechisme (francais)
Corpus christi   2 catechisme (francais)Corpus christi   2 catechisme (francais)
Corpus christi 2 catechisme (francais)
 
Luc, l'évangéliste du salut offert par Jésus le Christ III
Luc, l'évangéliste du salut offert par Jésus le Christ IIILuc, l'évangéliste du salut offert par Jésus le Christ III
Luc, l'évangéliste du salut offert par Jésus le Christ III
 
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
 
Votre divin consolateur, le Saint Esprit
Votre divin consolateur, le Saint EspritVotre divin consolateur, le Saint Esprit
Votre divin consolateur, le Saint Esprit
 
Em swedenborg-la-vraie-religion-chretienne-tome second-2sur2-numeros-753-851-...
Em swedenborg-la-vraie-religion-chretienne-tome second-2sur2-numeros-753-851-...Em swedenborg-la-vraie-religion-chretienne-tome second-2sur2-numeros-753-851-...
Em swedenborg-la-vraie-religion-chretienne-tome second-2sur2-numeros-753-851-...
 
cours
courscours
cours
 
Joseph, ouvrier, mari, pere, saint
Joseph, ouvrier, mari, pere, saintJoseph, ouvrier, mari, pere, saint
Joseph, ouvrier, mari, pere, saint
 
Liber sacramentorum (tome_1)
Liber sacramentorum (tome_1)Liber sacramentorum (tome_1)
Liber sacramentorum (tome_1)
 
L'Eglise Mormone a la Reunion
L'Eglise Mormone a la ReunionL'Eglise Mormone a la Reunion
L'Eglise Mormone a la Reunion
 
La RĂ©forme protestants vs catholiques
La RĂ©forme protestants vs catholiquesLa RĂ©forme protestants vs catholiques
La RĂ©forme protestants vs catholiques
 
ՅաŐČŐ©ŐžÖ‚Ő©Ő„ŐĄŐ¶ Ő„Ő«Ö‚ŐŒŐžŐ¶ - MURON DE LA VICTOIRE
ՅաŐČŐ©ŐžÖ‚Ő©Ő„ŐĄŐ¶ Ő„Ő«Ö‚ŐŒŐžŐ¶ - MURON DE LA VICTOIREՅաŐČŐ©ŐžÖ‚Ő©Ő„ŐĄŐ¶ Ő„Ő«Ö‚ŐŒŐžŐ¶ - MURON DE LA VICTOIRE
ՅաŐČŐ©ŐžÖ‚Ő©Ő„ŐĄŐ¶ Ő„Ő«Ö‚ŐŒŐžŐ¶ - MURON DE LA VICTOIRE
 
Verite
VeriteVerite
Verite
 
Institutions liturgiques (tome_3)
Institutions liturgiques (tome_3)Institutions liturgiques (tome_3)
Institutions liturgiques (tome_3)
 

Viewers also liked

Liseuse a la rencontre du seigneur
Liseuse a la rencontre du seigneurLiseuse a la rencontre du seigneur
Liseuse a la rencontre du seigneur
cathobruxelles
 
Questionsmariage6
Questionsmariage6Questionsmariage6
Questionsmariage6
cathobruxelles
 
Carte up fr_bruxelles.final
Carte up fr_bruxelles.finalCarte up fr_bruxelles.final
Carte up fr_bruxelles.final
cathobruxelles
 
Eveil Ă  la foi bw
Eveil Ă  la foi bwEveil Ă  la foi bw
Eveil Ă  la foi bw
cathobruxelles
 
Communautes vivantes a5_final
Communautes vivantes a5_finalCommunautes vivantes a5_final
Communautes vivantes a5_final
cathobruxelles
 
Pastoralia 9 (pages léonard)
Pastoralia 9 (pages léonard)Pastoralia 9 (pages léonard)
Pastoralia 9 (pages léonard)
cathobruxelles
 
Outils pour cheminer avec les adultes
Outils pour cheminer avec les adultesOutils pour cheminer avec les adultes
Outils pour cheminer avec les adultes
cathobruxelles
 
Pastoralia 07 (light) dossier
Pastoralia 07 (light) dossierPastoralia 07 (light) dossier
Pastoralia 07 (light) dossier
cathobruxelles
 
Marc 3 rencontres
Marc 3 rencontresMarc 3 rencontres
Marc 3 rencontres
cathobruxelles
 
Livret personel de vie chrétienne brochure
Livret personel de vie chrétienne brochureLivret personel de vie chrétienne brochure
Livret personel de vie chrétienne brochure
cathobruxelles
 
Liseuse nathanaël
Liseuse nathanaëlLiseuse nathanaël
Liseuse nathanaël
cathobruxelles
 
Guide pastorale liturgique (web)
Guide pastorale liturgique (web)Guide pastorale liturgique (web)
Guide pastorale liturgique (web)
cathobruxelles
 
Brochure deuil 4
Brochure deuil 4Brochure deuil 4
Brochure deuil 4
cathobruxelles
 
2012 05 jeunes pauvrete bruxelles
2012 05 jeunes pauvrete bruxelles2012 05 jeunes pauvrete bruxelles
2012 05 jeunes pauvrete bruxelles
cathobruxelles
 
Folder reconciliation 2014-2.06.light
Folder reconciliation 2014-2.06.lightFolder reconciliation 2014-2.06.light
Folder reconciliation 2014-2.06.light
cathobruxelles
 

Viewers also liked (18)

Liseuse a la rencontre du seigneur
Liseuse a la rencontre du seigneurLiseuse a la rencontre du seigneur
Liseuse a la rencontre du seigneur
 
Questionsmariage6
Questionsmariage6Questionsmariage6
Questionsmariage6
 
Carte up fr_bruxelles.final
Carte up fr_bruxelles.finalCarte up fr_bruxelles.final
Carte up fr_bruxelles.final
 
Eveil Ă  la foi bw
Eveil Ă  la foi bwEveil Ă  la foi bw
Eveil Ă  la foi bw
 
Communautes vivantes a5_final
Communautes vivantes a5_finalCommunautes vivantes a5_final
Communautes vivantes a5_final
 
Pastoralia 08 (dossier)
Pastoralia 08 (dossier)Pastoralia 08 (dossier)
Pastoralia 08 (dossier)
 
Pastoralia 9 (pages léonard)
Pastoralia 9 (pages léonard)Pastoralia 9 (pages léonard)
Pastoralia 9 (pages léonard)
 
Outils pour cheminer avec les adultes
Outils pour cheminer avec les adultesOutils pour cheminer avec les adultes
Outils pour cheminer avec les adultes
 
Pastoralia 07 (light) dossier
Pastoralia 07 (light) dossierPastoralia 07 (light) dossier
Pastoralia 07 (light) dossier
 
Marc 3 rencontres
Marc 3 rencontresMarc 3 rencontres
Marc 3 rencontres
 
Livret personel de vie chrétienne brochure
Livret personel de vie chrétienne brochureLivret personel de vie chrétienne brochure
Livret personel de vie chrétienne brochure
 
Pastoralia 06 (dossier)
Pastoralia 06 (dossier)Pastoralia 06 (dossier)
Pastoralia 06 (dossier)
 
Liseuse nathanaël
Liseuse nathanaëlLiseuse nathanaël
Liseuse nathanaël
 
Guide pastorale liturgique (web)
Guide pastorale liturgique (web)Guide pastorale liturgique (web)
Guide pastorale liturgique (web)
 
Brochure deuil 4
Brochure deuil 4Brochure deuil 4
Brochure deuil 4
 
Outils Commission Interdiocésaine de CatéchÚse
Outils Commission Interdiocésaine de CatéchÚse Outils Commission Interdiocésaine de CatéchÚse
Outils Commission Interdiocésaine de CatéchÚse
 
2012 05 jeunes pauvrete bruxelles
2012 05 jeunes pauvrete bruxelles2012 05 jeunes pauvrete bruxelles
2012 05 jeunes pauvrete bruxelles
 
Folder reconciliation 2014-2.06.light
Folder reconciliation 2014-2.06.lightFolder reconciliation 2014-2.06.light
Folder reconciliation 2014-2.06.light
 

Similar to Pastoralia 01 (light) dossier

Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
BRIAN MOORE
 
Messaggio francese rivisto 1
Messaggio francese rivisto 1Messaggio francese rivisto 1
Messaggio francese rivisto 1
Anne-Claire Dangeard
 
Cours 11 06_18_mak_maclassecopte_free_fr
Cours 11 06_18_mak_maclassecopte_free_frCours 11 06_18_mak_maclassecopte_free_fr
Cours 11 06_18_mak_maclassecopte_free_fr
Hermione220589
 
Livret de catĂ© : activitĂ©s sur l'Eglise et l’ƓcumĂ©nisme
Livret de catĂ© : activitĂ©s sur l'Eglise et l’ƓcumĂ©nisme  Livret de catĂ© : activitĂ©s sur l'Eglise et l’ƓcumĂ©nisme
Livret de catĂ© : activitĂ©s sur l'Eglise et l’ƓcumĂ©nisme
kt42 catechisme
 
Pastoralia 3 (light) dossier
Pastoralia 3 (light) dossierPastoralia 3 (light) dossier
Pastoralia 3 (light) dossier
cathobruxelles
 
RĂ©pertoire septembre 2013
RĂ©pertoire septembre 2013RĂ©pertoire septembre 2013
RĂ©pertoire septembre 2013
cathobruxelles
 
Le défi de la Croix
Le défi de la CroixLe défi de la Croix
Grandir dans la foi brochure
Grandir dans la foi brochureGrandir dans la foi brochure
Grandir dans la foi brochure
cathobruxelles
 
Pastoralia 09 (light) dossier
Pastoralia 09 (light) dossierPastoralia 09 (light) dossier
Pastoralia 09 (light) dossier
cathobruxelles
 

Similar to Pastoralia 01 (light) dossier (20)

Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
Explication litterale, historique_et_dogmatique_des_prieres_et_des_ceremonies...
 
21 conciles
21 conciles21 conciles
21 conciles
 
Messaggio francese rivisto 1
Messaggio francese rivisto 1Messaggio francese rivisto 1
Messaggio francese rivisto 1
 
Cours 11 06_18_mak_maclassecopte_free_fr
Cours 11 06_18_mak_maclassecopte_free_frCours 11 06_18_mak_maclassecopte_free_fr
Cours 11 06_18_mak_maclassecopte_free_fr
 
Livret de catĂ© : activitĂ©s sur l'Eglise et l’ƓcumĂ©nisme
Livret de catĂ© : activitĂ©s sur l'Eglise et l’ƓcumĂ©nisme  Livret de catĂ© : activitĂ©s sur l'Eglise et l’ƓcumĂ©nisme
Livret de catĂ© : activitĂ©s sur l'Eglise et l’ƓcumĂ©nisme
 
Pastoralia 04 (dossier)
Pastoralia 04 (dossier)Pastoralia 04 (dossier)
Pastoralia 04 (dossier)
 
Garderespeirance 17903
Garderespeirance 17903Garderespeirance 17903
Garderespeirance 17903
 
Pastoralia 3 (light) dossier
Pastoralia 3 (light) dossierPastoralia 3 (light) dossier
Pastoralia 3 (light) dossier
 
La RAPIDE PROPAGATION de L'EVANGILE, Mgr Gaume, Biographies Evangéliques, 1893
La RAPIDE PROPAGATION de L'EVANGILE, Mgr Gaume, Biographies Evangéliques, 1893La RAPIDE PROPAGATION de L'EVANGILE, Mgr Gaume, Biographies Evangéliques, 1893
La RAPIDE PROPAGATION de L'EVANGILE, Mgr Gaume, Biographies Evangéliques, 1893
 
Messaggio della Consigliera per le Missioni - FRA
Messaggio della Consigliera per le Missioni - FRAMessaggio della Consigliera per le Missioni - FRA
Messaggio della Consigliera per le Missioni - FRA
 
Le protestantisme une famille recomposée (ajc2011)
Le protestantisme   une famille recomposée (ajc2011)Le protestantisme   une famille recomposée (ajc2011)
Le protestantisme une famille recomposée (ajc2011)
 
Lettre pastorale pour le lancement de la démarche synodale
Lettre pastorale pour le lancement de la démarche synodaleLettre pastorale pour le lancement de la démarche synodale
Lettre pastorale pour le lancement de la démarche synodale
 
Le mystĂšre del'incarnation
Le mystĂšre del'incarnationLe mystĂšre del'incarnation
Le mystĂšre del'incarnation
 
RĂ©pertoire septembre 2013
RĂ©pertoire septembre 2013RĂ©pertoire septembre 2013
RĂ©pertoire septembre 2013
 
Le défi de la Croix
Le défi de la CroixLe défi de la Croix
Le défi de la Croix
 
Protestantisme , revue du livre aera europe
Protestantisme , revue du livre aera europeProtestantisme , revue du livre aera europe
Protestantisme , revue du livre aera europe
 
La dimension prophétique du charisme vincentien - 3
La dimension prophétique du charisme vincentien - 3La dimension prophétique du charisme vincentien - 3
La dimension prophétique du charisme vincentien - 3
 
DÉVOTION AU SACRÉ CƒUR DE JÉSUS 2.pptx
DÉVOTION AU SACRÉ CƒUR DE JÉSUS 2.pptxDÉVOTION AU SACRÉ CƒUR DE JÉSUS 2.pptx
DÉVOTION AU SACRÉ CƒUR DE JÉSUS 2.pptx
 
Grandir dans la foi brochure
Grandir dans la foi brochureGrandir dans la foi brochure
Grandir dans la foi brochure
 
Pastoralia 09 (light) dossier
Pastoralia 09 (light) dossierPastoralia 09 (light) dossier
Pastoralia 09 (light) dossier
 

Pastoralia 01 (light) dossier

  • 1. OEcumĂ©nisme OEcumĂ©nisme vers l'unitĂ© L’équipe de rĂ©daction de Pastoralia souhaite s’ouvrir Ă  l’échange et au dialogue en donnant un Ă©cho de quelques rĂ©alitĂ©s oecumĂ©niques. Le pĂšre Bernard Pottier retrace pour nous l’histoire du mouvement oecumĂ©nique et montre l’apport majeur du Concile Vatican II en Ă©voquant les documents rĂ©cents qui poursuivent l’oeuvre du Concile. Le prĂȘtre orthodoxe Serge Model nous explique l’évolution de la prĂ©sence orthodoxe en Belgique depuis 150 ans. Paul Emmanuel Biron a rencontrĂ© le RĂ©vĂ©rend Canon Dr Robert Innes, anglican, responsable « d’Holy Trinity » et les reprĂ©sentants de l’église Ă©vangĂ©lique de langue allemande, prĂ©sente Ă  Bruxelles. Au travers de ces lignes nous dĂ©couvrons des Ă©glises qui dialoguent. Nous souhaitons aussi vous prĂ©senter l’expĂ©rience tout Ă  fait unique et spĂ©cifique du monastĂšre de Chevetogne. Enfin, l’abbĂ© Philippe Degand, prĂ©sent sur le terrain du dialogue oecumĂ©nique Ă  Bruxelles, redit l’impor-tance de s’informer de ce qui se vit, et de rencontrer l’autre en faisant fi des prĂ©jugĂ©s. Dans la priĂšre, nous confions au PĂšre ce dĂ©sir de progresser dans l’unitĂ© : « tous ces efforts d’intelli-gence et de bonne volontĂ© nous invitent Ă  prier plus ardemment pour cette unitĂ© que le Christ lui-mĂȘme dĂ©sire tant, depuis les jours de sa vie terrestre. » (cf. article p. 9) Nous le savons, l’oecumĂ©nisme n’est pas affaire de compromis. Il vise la plĂ©nitude de la foi au Christ et tend vers le dĂ©ploiement plĂ©nier de la vie Ă©vangĂ©lique. Le PĂšre Congar Ă©crivait en 1964 : « Le dialogue oecu-mĂ©nique m’a obligĂ© et m’a aidĂ© d’abord Ă  renouveler en moi l’homme chrĂ©tien. Il m’a en quelque sorte acculĂ© Ă  devenir plus chrĂ©tien et plus catholique : les questions qui m’ont Ă©tĂ© posĂ©es, le tĂ©moignage que j’ai eu Ă  donner, l’obligation dans laquelle j’ai Ă©tĂ© mis d’atteindre Ă  un certain niveau de vĂ©ritĂ©, m’ont dĂ©logĂ© d’une position commode et mĂ©diocre de conformisme et m’ont fait reprendre beaucoup de choses en profon-deur. » Puissions-nous faire cette mĂȘme expĂ©rience ! VĂ©ronique Bontemps Comme chaque annĂ©e au cours du mois de janvier, nous sommes invitĂ©s Ă  prier pour l’unitĂ© des chrĂ©tiens. JĂ©sus qui a priĂ© pour l’unitĂ©, nous entraine Ă  sa suite : « PĂšre saint, garde-les en ton nom que tu m’as donnĂ©, pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17, 11). Nous nous adressons comme Ă  des frĂšres Ă  tous ceux qui sont sĂ©parĂ©s de nous, disant avec Saint Augustin : « Qu’ils le veuillent ou non, ils sont nos frĂšres. Ils ne cesseront d’ĂȘtre nos frĂšres que s’ils ces-sent de dire le Notre PĂšre ». (Bienheureux Jean XXIII) 2013 | PASTORALIA – N°1 7 © EIIR.files.wordpress.com DĂ©lĂ©gation du Patriarcat OecumĂ©nique de Constantinople Ă  la fĂȘte des Saints Pierre et Paul au Vatican, en juin 2011.
  • 2. OEcumĂ©nisme L’oecumĂ©nisme, Vatican II Et aprĂšs ? Pendant longtemps, l’Église catho-lique a tenu la position qu'exprimait le pape Pie XI, dans son encyclique Mortalium Animos (1928) : « On ne peut rĂ©aliser l’unitĂ© des chrĂ©tiens qu’en faisant en sorte que les dissi-dents reviennent Ă  l’unique et vĂ©ri-table Église du Christ, de laquelle ils se sont malheureusement Ă©loignĂ©s ». Le Concile renouvelle cette vision. La priĂšre de JĂ©sus pour l’unitĂ© À la veille de sa mort, JĂ©sus a priĂ© instamment son PĂšre « pour que tous soient un » (Jn 17). Cette demande de JĂ©sus, formulĂ©e au moment oĂč il rĂ©unit pour la derniĂšre fois ses disciples autour de lui, laisse entendre que JĂ©sus prĂ©voit toutes les difficultĂ©s de cette unitĂ©. MĂȘme si, Ă  notre niveau, nous ne pouvons peut-ĂȘtre que prier pour l’unitĂ© des chrĂ©tiens, nous devons le faire avec ardeur et persĂ©vĂ©rance : c'est la requĂȘte contemplative de l'oecumĂ©nisme. Les dĂ©buts du mouvement oecumĂ©nique Le mouvement oecumĂ©nique a connu ses dĂ©buts du cotĂ© protestant, notamment avec la crĂ©ation, en 1948, du Conseil OEcumĂ©nique des Églises, qui continue Ă  tenir rĂ©guliĂšrement ses assemblĂ©es mondiales. La dixiĂšme aura lieu en 2013 en CorĂ©e. Jean XXIII fit de l’ouverture oecumĂ©nique un des objectifs du Concile. Il y invitera des observateurs non catholiques. Voici le mot d’ordre qu’il lance : « unitĂ© dans les choses nĂ©cessaires, libertĂ© dans les choses douteuses, charitĂ© en toutes choses. Car il y a une hiĂ©rarchie des vĂ©ritĂ©s : tout n’est pas sur le mĂȘme plan dans la foi » (cf. UR 11). L'oecumĂ©nisme, partie intĂ©grante de l'ecclĂ©-siologie, selon le Concile L’enseignement oecumĂ©nique de Vatican II est conte-nu, pour l'essentiel, dans le DĂ©cret sur l'oecumĂ©nisme, Unitatis Redintegratio, approuvĂ© par un vote presque unanime et promulguĂ© par Paul VI le 21 novembre 1964, le mĂȘme jour que la Constitution dogmatique sur l'Église, Lumen Gentium. Paul VI dĂ©clara qu'il existait une "union Ă©troite" entre ces deux textes - ce qui implique que l'on ne peut plus dĂ©sormais "penser" l'Église catholique indĂ©pendamment de sa relation aux autres Églises et communautĂ©s chrĂ©tiennes - pas plus qu'on ne peut se la reprĂ©senter en faisant abstraction de « ce lien qui relie spirituellement le peuple de la Nouvelle Alliance avec la lignĂ©e d'Abraham » (Nostra Aetate, sur les relations de l'Église avec les religions non chrĂ©tiennes, 4). La dynamique d'une communion entre Églises chrĂ©tiennes encore imparfaitement unies fait dĂ©sormais partie intĂ©grante de l'ecclĂ©siologie, de la maniĂšre dont il convient de penser et de vivre l'Église. DĂšs son premier paragraphe, ce document apporte une nouveautĂ©. « À ce mouvement vers l'unitĂ© qu'on appelle le Mouvement oecumĂ©nique, prennent part "ceux qui invoquent le Dieu TrinitĂ© et confessent JĂ©sus comme Seigneur et Sauveur". Et il ne s'agit pas seulement de chrĂ©tiens pris un Ă  un : il s'agit de chrĂ©tiens rĂ©unis en communautĂ©s, dans lesquelles ils ont entendu l'Évan-gile et qu'ils appellent leur Église et l'Église de Dieu » (UR l). Cette affirmation diffĂšre grandement de celle de l’en-cyclique Mystici Corporis (1943), prĂ©cisant que ce n’était qu’ ‘à titre personnel’ que certains chrĂ©tiens ou membres d’autres religions pouvaient ĂȘtre en relation avec l’Église catholique. Un dĂ©bat thĂ©ologique en cours Alors que pour l’encyclique Mystici Corporis, l’Église du Christ EST purement et simplement l’Église catho-lique romaine, dans une identitĂ© parfaite sans reste, le concile Vatican II, Ă  trois reprises, dit que la vĂ©ritable L'oecumĂ©nisme n'est pas optionnel dans l’Église catholique ; il est un devoir de tout chrĂ©tien et de tout catholique, surtout depuis le Concile Vatican II. 8 PASTORALIA – N°1 | 2013 © carlosechevarria.blogspot.be Pape Jean XXIII, Rome juillet 1959
  • 3. « Église du Christ subsiste dans l’Église catholique » (LG 8, UR 4, DH 1). Que signifie ce changement de vocabulaire, trois fois rĂ©pĂ©tĂ© ? - Il s'agit ici d'un vaste dĂ©bat thĂ©ologique qui oppose aujourd'hui encore diverses interprĂ©tations, sans que le MagistĂšre suprĂȘme ait tranchĂ© officiellement. Pour les uns, et c'est l’inter-prĂ©tation du pape Benoit XVI, ce subsistit in ne diffĂšre pas fondamentalement de l'affirmation de l'encyclique de 1943, citĂ©e plus haut. Pour d'autres, l'Église du Christ qui est dans l'histoire des hommes le sacrement de la communion trinitaire, a une relation rĂ©elle et privilĂ©giĂ©e, mais non exclusive, Ă  l'Église catholique. Le coeur du dĂ©cret Unitatis Redintegratio Les rĂ©flexions les plus explicites sur la situation concrĂšte des chrĂ©tiens dĂ©sunis se trouvent au chapitre III qui porte le titre suivant. Églises et communautĂ©s ecclĂ©siales sĂ©parĂ©es du SiĂšge apostolique romain1 « Nous examinons maintenant deux sortes de scissions principales, qui ont affectĂ© la tunique sans couture du Christ » (UR 13) : grosso modo, l'Orient et l'Occi-dent, c'est-Ă -dire l'orthodoxie et le protestantisme. Mais avant d'expliciter ces deux scissions, le Concile mentionne que « la Communion anglicane occupe une place particuliĂšre » (UR 13). À propos des Églises orientales, le Concile rappelle d'abord que les sept premiers conciles oecumĂ©niques ont tous Ă©tĂ© tenus en Orient. Ensuite, il souligne ce que nous avons en commun : « Puisque ces Églises, bien que sĂ©parĂ©es, ont de vrais sacrements, – principa-lement, en vertu de la succession apostolique : le sacer-doce et l'Eucharistie, – qui les unissent intimement Ă  nous, une certaine communicatio in sacris, dans certaines circonstances, est non seulement possible, mais mĂȘme recommandable » (UR 15). Le communi-catio in sacris est le terme technique pour dĂ©signer la possibilitĂ©, pour les catholiques et les orthodoxes, de partager une mĂȘme Eucharistie. Concernant les communautĂ©s ecclĂ©siales sĂ©parĂ©es en Occident, le dĂ©cret est beaucoup plus critique. « Étant donnĂ© que ces Églises et CommunautĂ©s ecclĂ©siales, Ă  cause de leur diversitĂ© d'origine, de doctrine et de vie spirituelle, se distinguent notablement, non seulement de nous-mĂȘmes, mais aussi entre elles, il est trĂšs dif-ficile de bien les dĂ©finir, et nous n'en avons pas ici l'intention » (UR 19). On rappelle que le baptĂȘme est finalement le seul sacrement que nous ayons vraiment 1. Le mot Églises concerne les orthodoxes ; 'CommunautĂ©s ecclĂ©-siales' visent les protestants. OEcumĂ©nisme en commun. Par ailleurs, on loue la vĂ©nĂ©ration de nos frĂšres protestants pour l’Écriture Sainte, et leur charitĂ© agissante. La conclusion souligne que l'unitĂ© vĂ©ritable doit venir d'en haut, car elle « dĂ©passe les forces et les capacitĂ©s humaines » (UR 25). Trois documents rĂ©cents poursuivent l'oeuvre du Concile En 1995, le pape Jean-Paul II a publiĂ© une encyclique dont le titre rappelle la priĂšre de JĂ©sus, Ut unum sint. Les paragraphes 88-96 introduisent une rĂ©flexion toute nouvelle sur « Le ministĂšre de l’unitĂ© de l’évĂȘque de Rome ». Un accord thĂ©ologique a Ă©tĂ© signĂ© entre luthĂ©riens et catholiques Ă  Augsbourg en 1999, appelĂ© consensus diffĂ©renciĂ©, oĂč chacun admet Ă  la lettre un ensemble de thĂšses communes, tout en se permettant une interprĂ©tation diffĂ©renciĂ©e qui n'invalide pas l'accord prĂ©alable. Enfin, la rĂ©cente constitution apostolique de Benoit XVI Anglicanorum Coetibus (2009) tente une ouver-ture du cotĂ© anglican, en permettant la crĂ©ation d'ordinariats personnels pour les anglicans dĂ©sirant entrer collectivement dans la communion de l'Église catholique, tout en conservant leurs liturgies propres (cf. le paragraphe 5 III). Tous ces efforts d'intelligence et de bonne volontĂ© nous invitent Ă  prier plus ardemment pour cette unitĂ© que le Christ lui-mĂȘme dĂ©sire tant, depuis les jours de sa vie terrestre. Bernard Pottier, sj 2013 | PASTORALIA – N°1 9 © www.oikoumene.org AoĂ»t 1948, Amsterdam, fondation officielle du ‘World Council of Churches’.
  • 4. OEcumĂ©nisme “Toute terre Ă©trangĂšre est pour eux une patrie” 150 ans de prĂ©sence orthodoxe en Belgique On le sait, avec le catholicisme romain et les communau-tĂ©s issues de la RĂ©forme, l’Église orthodoxe constitue l’une des trois expressions majeures du christianisme historique. Sans exclure une adaptation crĂ©atrice aux situations changeantes, elle se sent particuliĂšrement garante d’une fidĂ©litĂ© Ă  la tradition ecclĂ©siale originelle, tant doctrinale et sacramentelle que dans son organisation mĂȘme, de nature conciliaire. FormĂ© sur les lieux mĂȘmes de la prĂ©di-cation apostolique, « entre AthĂšnes et JĂ©rusalem » (selon l’expression consacrĂ©e), le christianisme orthodoxe a, au dĂ©part de l’Empire byzantin, rayonnĂ© principalement vers l’Europe de l’Est. Depuis les grandes migrations des XIXe et XXe siĂšcles (dues aux guerres, aux persĂ©cutions ou Ă  la misĂšre Ă©conomique), il a nĂ©anmoins largement perdu son caractĂšre gĂ©ographique oriental, et l’Église orthodoxe (250 millions de fidĂšles) est aujourd’hui prĂ©sente sur tous les continents. Les Orthodoxes sont parmi nous ! En Belgique, le christianisme orthodoxe apparaĂźt au XIXe siĂšcle : en 1862 fut ouverte la premiĂšre Ă©glise, dĂ©jĂ  citĂ©e ; un deuxiĂšme lieu de culte (orthodoxe grec) fut crĂ©Ă© en 1900 Ă  Anvers, et une troisiĂšme Ă©glise (grecque Ă©galement) vit le jour Ă  Bruxelles en 1926. L’essentiel de la prĂ©sence orthodoxe dans notre pays proviendra cependant des Ă©migrations du XXe siĂšcle, dont celle des Russes fuyant les persĂ©cutions consĂ©cutives Ă  la rĂ©volution de 1917. GrĂące notamment Ă  l’aide du cardinal Mercier (un vĂ©ritable « oecumĂ©niste » avant la lettre), des paroisses russes se constitueront dans les principales villes du pays dans les annĂ©es 1920-30, et un premier Ă©vĂȘque orthodoxe s’installera Ă  Bruxelles en 1929 (le diocĂšse sera reconnu par arrĂȘtĂ© royal en 1937). Les deux autres vagues d’émigration russe (aprĂšs la Seconde guerre mondiale et dans les annĂ©es 1970), ainsi que les Ă©migrations serbe, bulgare et roumaine, seront plus modestes. À partir des annĂ©es 1950, une impor-tante Ă©migration grecque, de nature principalement Ă©conomique, amĂšnera Ă  l’ouverture en Belgique de plus d’une dizaine de paroisses, conduisant le patriarcat de Constantinople Ă  crĂ©er son diocĂšse « belge » en 1969. Si, dans un premier temps, ces communautĂ©s s’effor-çaient de prĂ©server leur identitĂ© linguistique et cultu-relle, pour les deuxiĂšme puis troisiĂšme gĂ©nĂ©rations, les enfants de couples mixtes ou les occidentaux devenus orthodoxes, il devint nĂ©cessaire d’utiliser les langues locales. Dans l’atmosphĂšre oecumĂ©nique des annĂ©es 1960-70 (inspirĂ©e du concile Vatican II), apparaĂźtront des communautĂ©s orthodoxes « occidentales », cĂ©lĂ©brant en français ou nĂ©erlandais. En 1985 enfin, l’État belge reconnaĂźtra l’Église orthodoxe, au mĂȘme titre que les cultes catholique, protestant, anglican, juif, musulman et que la laĂŻcitĂ© organisĂ©e. Depuis la disparition de l’URSS en 1990, les nouvelles vagues d’émigration en provenance de l’Est ont singuliĂšrement accru le nombre d’orthodoxes dans notre pays. L’unitĂ© dans la diversitĂ© Aujourd’hui, la Belgique compte entre quatre-vingt et cent mille chrĂ©tiens orthodoxes, de diverses origines, langues et obĂ©diences, mais confessant une foi com-mune. Une cinquantaine de lieux de culte, sur tout le territoire, sont desservis par 4 Ă©vĂȘques rĂ©sidant dans le pays, plus de 50 prĂȘtres et une quinzaine de diacres. Le diocĂšse « grec » du patriarcat oecumĂ©nique au BĂ©nĂ©lux, dirigĂ© par le mĂ©tropolite (archevĂȘque) Panteleimon (Kontoyiannis), assistĂ© de deux Ă©vĂȘques auxiliaires, compte plus de 20 paroisses en Belgique. Mgr Panteleimon reprĂ©sente Ă©galement l’Église ortho-doxe auprĂšs des autoritĂ©s belges et est le principal responsable des cours de religion orthodoxe enseignĂ©s dans les Ă©coles publiques, des Ă©missions orthodoxes Ă  la radio et Ă  la tĂ©lĂ©vision et des aumĂŽneries orthodoxes (hĂŽpitaux, prisons, etc.). Le 1er avril 1862, Ă  Bruxelles, Ă©tait consacrĂ© le premier lieu de culte orthodoxe de notre pays : l’église de Saint-Nicolas, crĂ©Ă©e auprĂšs de l’ambassade russe dans la capitale. Un siĂšcle et demi plus tard, une cinquantaine d’églises ou chapelles, de diffĂ©rentes obĂ©diences, des-servent pastoralement les dizaines de milliers d’orthodoxes de toutes origines prĂ©sents sur le territoire belge. « Toute patrie leur est une terre Ă©trangĂšre, et toute terre Ă©trangĂšre est pour eux une patrie » disait dĂ©jĂ , Ă  propos des chrĂ©tiens, la Lettre Ă  DiognĂšte (IIe siĂšcle) 
 IntĂ©rieur de l'Ă©glise orthodoxe russe St Nicolas, Ixelles © Serge Model 10 PASTORALIA – N°1 | 2013
  • 5. Les orthodoxes russes (d’origine ou de tradition russe) se rĂ©partissent, pour des raisons historiques, en trois obĂ©diences distinctes. L’archevĂȘchĂ© de Belgique du patriarcat de Moscou, dirigĂ© par l’archevĂȘque Simon (Ichounine), comprend 12 lieux de culte, dont deux petits monastĂšres (masculin et fĂ©minin). L’archevĂȘchĂ©-exarchat des paroisses russes d’Europe occidentale du patriarcat oecumĂ©nique compte 4 paroisses dans notre pays, qui relĂšvent de l’archevĂȘque Gabriel (De Vylder – d’origine belge, mais rĂ©sidant Ă  Paris). Deux paroisses de l’Église russe hors-frontiĂšres dĂ©pendent de l’archevĂȘque Michel (Donskov) de GenĂšve. Il faut Ă©galement citer cinq paroisses (et un monas-tĂšre) roumains, deux paroisses serbes, deux gĂ©or-giennes et une bulgare, qui se rattachent Ă  leurs « Églises-mĂšres » respectives, via les diocĂšses euro-pĂ©ens de celles-ci (avec siĂšge Ă  Paris ou ailleurs). Comme les Russes, ces communautĂ©s ont connu un vĂ©ritable renouveau Ă  l’arrivĂ©e de la nouvelle vague d’immigrĂ©s de l’Est europĂ©en. Bien avant la crĂ©ation, en 2010, de la ConfĂ©rence Ă©piscopale orthodoxe du BĂ©nĂ©lux, les relations entre les orthodoxes de notre pays Ă©taient fraternelles, comme en tĂ©moignent les concĂ©lĂ©brations, partici-pations Ă  des organisations inter-orthodoxes (mouve-ments de jeunesse ou autres associations) ou rĂ©alisa-tions communes (congrĂšs, publications, formations en peinture d’icĂŽnes, etc.). NĂ©anmoins, ces liens gagneraient Ă  ĂȘtre renforcĂ©s, de mĂȘme que l’enraci-nement de l’Église orthodoxe dans la sociĂ©tĂ© belge. OEcumĂ©nisme Comme marthe et marie ? Depuis longtemps, les figures Ă©vangĂ©liques de Marthe et Marie sont considĂ©rĂ©es comme symbolisant les Églises d’Oc-cident et d’Orient. Et il est vrai qu’à l’énergie de l’action (missionnaire ou sociale) des chrĂ©tiens occidentaux, les ortho-doxes ont souvent prĂ©fĂ©rĂ© l’harmonie de la contemplation, exprimĂ©e Ă  travers la beautĂ© de la cĂ©lĂ©bration liturgique ou le recueillement de la priĂšre personnelle, le tout dans la perspec-tive lumineuse de la RĂ©surrection. Mais l’Évangile ne dit-il pas que Marthe et Marie Ă©taient soeurs, et qu’elles se rĂ©unissaient autour du mĂȘme MaĂźtre ? Il nous semble que, pour des relations oecumĂ©niques authentiques, il faudrait reconnaĂźtre les charismes de chaque Église, car « il y a beaucoup de demeures dans la maison du PĂšre ». Comme l’expliquait un saint oriental du VIe s. : « Imaginez que le monde soit un cercle, que le centre soit Dieu, et que les rayons soient les maniĂšres de vivre des hommes. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres. Et plus ils s’appro-chent les uns des autres, plus ils se rapprochent de Dieu. » PrĂȘtre Serge Model, ArchevĂȘchĂ© orthodoxe russe en Belgique POUR ALLER PLUS LOIN : - C. Chaillot, Histoire de l’Église orthodoxe en Europe occidentale, Paris, 2005. - A. Peckstadt, DĂ©couvrir et vivre l’orthodoxie en Belgique. Le cheminement de l’archiprĂȘtre Ignace Peckstadt vers l’Église orthodoxe, Bruges, 2001. - www.orthodoxia.be (archevĂȘchĂ© grec en Belgique) - www.archiepiskopia.be (archevĂȘchĂ© russe en Belgique) 2013 | PASTORALIA – N°1 11 ConcĂ©lĂ©bration des Ă©vĂȘques orthodoxes en la cathĂ©drale grecque, Bruxelles © Orthobel
  • 6. OEcumĂ©nisme Visage chrĂ©tien À petite Église, grandes responsabilitĂ©s ! Quelles sont vos responsabilitĂ©s en Belgique ? Je m’occupe d’Holy Trinity, de ses prĂȘtres, de son musicien, de ses ministĂšres. Comme prĂ©sident du ComitĂ© central de l’Église anglicane en Belgique, je suis en lien avec l’Etat. Sur un plan plus honorifique, je suis aussi Chapelain de sa MajestĂ© la Reine Elisabeth II. Tout cela signifie qu’on attend que je sois Ă  la fois diplomate, homme d’affaires et conseiller spirituel ! Comme prĂȘtre, je suis appelĂ© Ă  proclamer la Parole, Ă  offrir les sacrements, Ă  Ă©couter. Qui sont les Anglicans prĂ©sents en Belgique ? Il y a des Anglais en Belgique depuis le 16Ăšme siĂšcle ; William Tyndale, le traducteur de la Bible en anglais, a habitĂ© Ă  Anvers et est mort Ă  Vilvorde. À l’heure actuelle, beaucoup d’anglais sont issus des institu-tions europĂ©ennes. D’autres sont mariĂ©s Ă  un ou une anglais(e) de confession anglicane. 35% de nos membres sont d’origine africaine, et il existe une messe pour les Rwandais anglicans francophones. D’autres sont ressortissants d’Inde, de Chine, etc, unis par la mĂȘme foi, et par une langue Ă  peu prĂšs commune. 1. www.holytrinity.be Dans la mesure du possible, nous aimerions aussi proposer des messes en nĂ©erlandais. Nous avons aujourd’hui quatre axes de travail : l’accueil de tous ; la Koinonia, afin que chacun trouve un groupe mais que nous formions tous une communautĂ© ; la cĂ©lĂ©bration, par le biais d’une variĂ©tĂ© de cultes, par la musique, les choeurs ; et enfin la participation au rĂ©seau auquel nous appartenons. Nous soutenons d’autres groupes et d’autres Églises, tant sur le plan moral que financier. Avez-vous des contacts rĂ©guliers avec d’autres dĂ©no-minations ? Oui. PrĂ©sident du Belgian Council of Religious Leaders, je serai l’annĂ©e prochaine celui de la Concertation des Églises ChrĂ©tiennes de Belgique. Nos prĂȘtres sont Ă©ga-lement trĂšs impliquĂ©s dans le dialogue avec les catho-liques et les protestants notamment. Le prĂ©sident du ComitĂ© Interecclesial de Bruxelles est un anglican, et la veillĂ©e de priĂšre pour l’UnitĂ© des chrĂ©tiens aura lieu cette annĂ©e Ă  Holy Trinity2. MĂȘme si nous sommes une petite Église, nous avons donc – et plus particu-liĂšrement cette annĂ©e – de grandes responsabilitĂ©s ! Quelles pourraient ĂȘtre les prochaines Ă©tapes du dialogue entre catholiques et anglicans? Nous sommes d’accord sur les points fondamentaux de la foi, et entretenons des relations trĂšs chaleureuses. Mais il serait bon de pouvoir discuter de la place des femmes dans les Églises ; nous venons de faire la Une du Times Ă  ce sujet3 ! Et d’oser parler de sexualitĂ©. S’il existe des divergences d’opinion, et mĂȘme Ă  l’intĂ©rieur de chaque Église, ce serait une expĂ©rience fĂ©conde que d’y rĂ©flĂ©chir ensemble. Comment une Église doit-elle ou non s’accorder au monde d’aujourd’hui ? Comment doit-elle ou non faire Ă©voluer son Ă©thique ? Ce n’est qu’avec beaucoup de respect, mais aussi de confiance, que nous pourrons avancer sur ces ques-tions toujours trĂšs dĂ©licates. Quelle parole pour nos lecteurs ? Une parole du pape, qui a dit un jour Ă  notre Ă©vĂȘque : « L’évangĂ©lisation de notre continent est trop vaste pour une seule Église ». L’unitĂ© reste le fondement de la mission que nous a confiĂ©e notre Seigneur. Entretien : Paul-Emmanuel Biron 2. Le 24/01/2013 ; voir www.c-i-b.be 3. Le 20 novembre 2012, les Anglicans d’Angleterre ont votĂ© contre la proposition de l’accĂšs pour les femmes au ministĂšre Ă©piscopal. Une dĂ©cision qui revient aux laĂŻcs, le clergĂ© s’étant plus particu-liĂšrement prononcĂ© pour. Le Times a qualifiĂ© cette dĂ©cision histo-rique de catastrophe pour l’Église et pour le pays. À Bruxelles est sise Holy Trinity1. Église du diocĂšse anglican en Europe, elle reprĂ©sente 700 membres et 40 nationalitĂ©s. Rencontre avec le Reverend Canon Dr Robert Innes, prĂȘtre angli-can en Belgique depuis 7 ans, senior chaplain et chancelier de la pro-cathĂ©drale. MariĂ©, et papa de quatre enfants. © Charles De Clercq 12 PASTORALIA – N°1 | 2013
  • 7. OEcumĂ©nisme L’option oecumĂ©nique de la Deutschsprachige Evangelische Gemeinde in Belgien Il n’existe Ă  Bruxelles que deux communautĂ©s d’expression alle-mande : une paroisse catholique, Sankt-Paulus, situĂ©e Ă  l’avenue de Tervuren, et l’Église Ă©vangĂ©lique d’expression allemande de l’avenue SalomĂ©. Église indĂ©pendante bien qu’affiliĂ©e Ă  l’Église ÉvangĂ©lique d’Allemagne2, cette Église locale est par ailleurs membre de l’Église Protestante Unie de Belgique. Une double reconnaissance qui salue sa pĂ©rennitĂ©, mais aussi la richesse de la diversitĂ© de ses ministĂšres. Forte d’environ 1000 membres, cette Église s’inscrit comme repĂšre pour deux types de population : des belges germanophones ‘exilĂ©s’ Ă  Bruxelles ou des membres de l’EKD mobi-lisĂ©s dans la capitale pour une mission de plusieurs mois ou annĂ©es dans l’une des structures de la sphĂšre europĂ©enne. Un centre cultuel et culturel qui connaĂźt en consĂ©quence des mouvements de population per-pĂ©tuels, mais qui a rĂ©ussi Ă  se positionner comme un vĂ©ritable point de convergence, soucieux d’offrir Ă  tous les Ăąges des cĂ©lĂ©brations et des services adaptĂ©s. Une Église en dialogue Une des caractĂ©ristiques majeures de cette grande communautĂ© est qu’elle entretient, depuis de trĂšs nombreuses annĂ©es, un dialogue Ă©troit avec sa consoeur Sankt-Paulus. Une communion plus qu’un partenariat, qui se cristallise jusque sur la toile par une page-portail commune3. Il ne s’agit pas que d’un geste
 Le plus bel exemple de cette alliance interparoissiale reste l’Ökume-nische Kinderkirche (OĂŻkiki), comprenez : l’Église oecu-mĂ©nique des enfants. Une fois par mois, et dans chaque lieu de culte Ă  tour de rĂŽle, cette cĂ©lĂ©bration rassemble les tout-petits, les enfants de maternelle et du primaire ainsi que leurs parents, autour d’une liturgie adaptĂ©e. Une action de grĂąces autour d’un thĂšme particulier, qui fait la part belle aux chants et aux jeux scĂ©niques, tout en mettant en valeur la dimension multiculturelle de ces 1. www.egz.be. Les protestants germanophones sont sortis de la clandestinitĂ© en 1781 (Edit de TolĂ©rance). 2. Evangelische Kirche in Deutschland – www.ekd.be 3. www.kirchen-deutscher-sprache-bruessel.de ‘enfants du monde’. Issus d’autres pays ou de nombreux mariages mixtes, les enfants sont pour le moins choyĂ©s Ă  la DEG. Ici existent un groupe de mĂšres-enfants et un choeur spĂ©cifiquement tournĂ© vers les Psaumes pour les enfants et les ados. Jusqu’à 7 ans, les enfants pourront aussi participer au choeur oecumĂ©nique, qui comprend Ă©galement des ateliers de danse et de jeux. Un Club pour les 11 Ă  14 ans explore les histoires de la Bible Ă  travers le thĂ©Ăątre, les arts crĂ©atifs. Les adultes aussi Du cĂŽtĂ© des adultes, la joie de cĂ©lĂ©brer ensemble prĂ©vaut, et la variĂ©tĂ© des choeurs qui existent en tĂ©moi-gnera. Les deux paroisses ont Ă©galement mis sur pied un service commun de visite aux personnes seules ou malades. Et la ‘sauce’ prend ! GrĂące Ă  cette communion ecclĂ©siale assez unique Ă  Bruxelles, une communautĂ© a pu s’ancrer dans le terreau local pour offrir au plus grand nombre des services aussi divers que suivis. N’y a-t-il pas lĂ  une leçon pour nos paroisses francophones ? Ne pourrions-nous pas nous intĂ©resser davantage aux communautĂ©s chrĂ©tiennes qui habitent Ă  deux pas de chez nous ? Ne pourrions-nous pas sortir de notre solitude en crĂ©ant des services, des ministĂšres, des pastorales en com-mun ? D’autres paroisses Ă  Bruxelles – catholiques et protestantes, principalement - s’y sont essayĂ©es : quels bilans, pour quels projets ? Paul-Emmanuel Biron A deux pas de la rue au Bois, et juste en face du centre sportif de Woluwe-saint-Pierre se trouve depuis 1975 l’Église ÉvangĂ©lique de langue allemande en Belgique1. Que l’on ne s’y trompe pas : en dĂ©pit de son nom, cette Église est bel et bien de tradition luthĂ©ro-rĂ©formĂ©e. 2013 | PASTORALIA – N°1 13 Reinhard Weißer, actuel pasteur de l’Église Le temple de l'avenue SalomĂ© © Charles De Clercq DR
  • 8. OEcumĂ©nisme L’Abbaye de Chevetogne PrĂ©parer la rencontre Depuis sa fondation, Ă  Amay en 1925, la commu-nautĂ© s’efforce d’apporter une contribution positive au rapprochement entre les chrĂ©tiens de tous bords ecclĂ©siaux et confessionnels. Dom Lambert Beauduin, fondateur Le fondateur, Dom Lambert Beauduin (1873-1960), moine du Mont-CĂ©sar Ă  Louvain, avait lancĂ© le mouve-ment liturgique, lors du « CongrĂšs des oeuvres » Ă  Malines en 1909, dans le but de favoriser un retour de la piĂ©tĂ© catholique Ă  ses sources bibliques et patristiques dans la liturgie de l’Église. En exil en Angleterre pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, il a Ă©tĂ© fort impressionnĂ© par la beautĂ© du culte anglican, dans laquelle il dĂ©couvrait une certaine rĂ©alisation concrĂšte de son propre idĂ©al. AprĂšs la Guerre, il a fait la connaissance en Belgique et en Italie, de nombreux Russes orthodoxes qui avaient Ă©migrĂ© en Europe occidentale, suite aux RĂ©volutions de 1917. Beauduin trouvait chez eux aussi la richesse biblique et patristique de la « vraie piĂ©tĂ© » chrĂ©tienne exprimĂ©e dans une liturgie majestueuse et vivante. Peu Ă  peu, il se rendait compte que le rĂ©tablissement de l’unitĂ© chrĂ©tienne en gĂ©nĂ©ral, et de la pleine communion avec l’Orthodoxie en particulier, ne pouvait que rappro-cher l’Occident chrĂ©tien de ses propres racines, et l’aider Ă  ĂȘtre authentiquement lui-mĂȘme. Il devenait clair pour lui que l’unitĂ© de tous les chrĂ©tiens devait s’inscrire comme un impĂ©ratif prioritaire dans le retour de toute l’Église chrĂ©tienne Ă  son authenticitĂ© profonde. De ces intuitions est nĂ© chez lui le projet de fonder un monastĂšre ayant pour vocation de contribuer au rapprochement entre les Églises sĂ©parĂ©es entre elles. Des moines de plusieurs monastĂšres se sont engagĂ©s pour faire partie de la nouvelle communautĂ©, qui fut constituĂ©e en 1925 Ă  Amay, et transfĂ©rĂ©e en 1939 Ă  Chevetogne. Une communautĂ©, deux rites Depuis sa fondation, le monastĂšre connaĂźt un sys-tĂšme original, selon lequel la moitiĂ© de la commu-nautĂ© cĂ©lĂšbre les offices dans une chapelle selon le rite monastique occidental, tandis que dans une autre chapelle, l’autre moitiĂ© suit le rite byzantin. La com-munautĂ© cherche ainsi Ă  rencontrer l’Orient chrĂ©tien en se mettant, pour ainsi dire, « dans la peau » des chrĂ©tiens orientaux, sans oublier sa propre identitĂ© ecclĂ©siale. L’utilisation du rite oriental est essentielle-ment « Ă  l’usage interne et expĂ©rimentale » de la com-munautĂ©. Elle ne vise aucunement le prosĂ©lytisme : jamais dans l’histoire d’Amay-Chevetogne on n’a fait passer quelqu’un d’une autre Église chrĂ©tienne Ă  l’Église catholique romaine. PrĂ©parer la rencontre Le fait de se plonger complĂštement dans le monde litur-gique et religieux d’une tradition diffĂ©rente est destinĂ© Ă  prĂ©parer la rencontre en profondeur des frĂšres et soeurs en Christ avec lesquels on a dĂ©jĂ  partagĂ© l’expĂ©rience essentielle et intime de la priĂšre et de l’adoration. Cette expĂ©rience est nĂ©e du dĂ©sir d’approfondir l’amour de l’Orthodoxie. Mais elle invite aussi Ă  rencontrer des reprĂ©-sentants d’autres traditions confessionnelles – rĂ©formĂ©e, luthĂ©rienne, anglicane, mĂ©thodiste
 – qui tĂ©moignent, eux aussi, de la richesse spirituelle que Dieu accorde Ă  tous ceux qui confessent son Fils JĂ©sus-Christ. C’est ainsi que les moines de Chevetogne espĂšrent appor-ter une contribution modeste mais rĂ©elle Ă  la recherche de l’unitĂ© visible de tous les chrĂ©tiens. P. ThaddĂ©e Barnas L’Abbaye de Chevetogne (Province de Namur) est un monastĂšre bĂ©nĂ©dictin consacrĂ© Ă  la priĂšre et au travail pour l’unitĂ© des chrĂ©tiens. Sa communautĂ© est internationale ; elle est unie dans la diversitĂ© des cultures et dans la cĂ©lĂ©bration du culte selon les deux traditions de l’Église catholique occidentale, et des Églises orthodoxes. 14 PASTORALIA – N°1 | 2013 DR © Jean-Pol Grandmont, via commons.wikimedia.org
  • 9. OEcumĂ©nisme L’oecumĂ©nisme dans notre vie de baptisĂ© : enjeu vital et attitudes Ă  promouvoir ! Ainsi plus les liens s’étendent, plus la chance de toucher les coeurs augmentent ! Le tĂ©moignage rend compte du salut en marche, Ă  travers les rĂ©alitĂ©s concrĂštes des lieux et de per-sonnes. La charitĂ© implique le dĂ©sir de partager cet Amour qui change notre vie. Il est chemin de bonheur offert par Dieu Ă  tous les hommes. Attitudes Ă  promouvoir activement ïƒą Refuser les clichĂ©s Les clichĂ©s sur l’autre - anglican, protestant, orthodoxe - ont la vie dure. Mais ils ont souvent pour effet de couper court Ă  tout effort de dĂ©couverte de l’autre, de croĂźtre dans ma propre tradition chrĂ©tienne et de grandir dans une vraie communion. Un autre danger guette beaucoup de chrĂ©tiens de bonne volontĂ© : « pourquoi s’attarder Ă  l’oecumĂ©nisme, c’est dĂ©passĂ© disent-ils, c’est l’interreligieux qui compte ! ». Le mot oecumĂ©nisme concerne au sens normal, celles et ceux qui par leur baptĂȘme, se rĂ©clament du Christ, Fils de Dieu. Il s’agit de la mĂȘme religion ! Or, si je confesse que le Christ est vraiment le Sauveur, le Chemin capable de conduire tout homme vers la vie en assumant par la croix les forces de mal et de mort 
 comment pourrais-je dire en toute vĂ©ritĂ© et humilitĂ©, que tout se vaut ! Certes, seul Dieu peut donner la vie Ă©ternelle, mais en son Fils, il me permet de trouver la vie dĂšs maintenant. Il faut donc travailler aux deux niveaux : d’une part entre chrĂ©-tiens et d’autre part en interreligieux voire interconvictionnel : sans confusion, ni raideur, mais avec luciditĂ© et amour ! ïƒą Informer et s’informer du ‘dĂ©jà’ rĂ©alisĂ© Quels que soient nos dĂ©sirs d’aller plus vite, il faut bien recon-naĂźtre qu’en un siĂšcle de beaux fruits ont mĂ»ri et demeurent. Mais il y a encore pas mal d’étapes ! On mesure la nĂ©cessitĂ© d’approfondir sa propre identitĂ© pour mieux dialoguer. Un Ă©quilibre qui se construit et au coeur duquel il nous faut garder deux critĂšres : ouverture Ă  l’autre d’une part et profondeur de la vie de foi et du message d’autre part. ïƒą DiversitĂ© en communion Il ne s’agit pas de faire plaisir en Ă©vacuant ce qui fĂąche et qui est considĂ©rĂ© par l’une ou l’autre Église comme une richesse Ă©vidente. Suis-je conscient de mes trĂ©sors ? Puis-je les expli-quer, sans honte ni agressivitĂ© ? Ai-je le dĂ©sir de connaĂźtre ce qui fait leurs richesses ? Partager richesses et fragilitĂ©s devant le Seigneur, sous le souffle de l’Esprit, contribuera Ă  construire une authentique et fĂ©conde diversitĂ© en communion. Ce cheminement, qui part de la diversitĂ© passera peut-ĂȘtre par des dialogues de clarifications, des ajustements dans le langage, des conversions de mentalitĂ©. ïƒą Prier seul, en communautĂ© et entre Église Tout au long de l’annĂ©e, comment rendons-nous perceptible ce souci des autres confessions chrĂ©tiennes (cf. Semaine de priĂšre pour l’unitĂ©) ? ïƒą Des solidaritĂ©s Dans des actions sociales et culturelles ? - Le champ est vaste. Devant ce vaste champ, c’est bien avec tous les acteurs pasto-raux et les Ă©quipes paroissiales et d’unitĂ© qu’il faut discerner, porter et lancer des actions, mĂȘme simples ! AbbĂ© Philippe Degand Si Christ est venu inaugurer le monde nouveau, la nouvelle crĂ©ation selon le coeur de Dieu, comment pouvons-nous minimiser l’urgence d’annoncer et de tĂ©moigner de cette « espĂ©rance qui ne déçoit pas » ! L’avenir est ouvert par la victoire du matin de PĂąques ! Le Feu me saisit-il ? Saint Jean relate cette parole du Seigneur : Jn 13 « C’est Ă  l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaĂźtra que vous ĂȘtes mes disciples ». 2013 | PASTORALIA – N°1 15 © Charles De Clercq