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- 1. OEcuménisme
OEcuménisme
vers l'unité
LâĂ©quipe de rĂ©daction de Pastoralia souhaite sâouvrir
Ă lâĂ©change et au dialogue en donnant un Ă©cho de
quelques réalités oecuméniques.
Le pĂšre Bernard Pottier retrace pour nous lâhistoire du
mouvement oecumĂ©nique et montre lâapport majeur
du Concile Vatican II en Ă©voquant les documents
rĂ©cents qui poursuivent lâoeuvre du Concile. Le prĂȘtre
orthodoxe Serge Model nous explique lâĂ©volution de la
présence orthodoxe en Belgique depuis 150 ans.
Paul Emmanuel Biron a rencontré le Révérend Canon
Dr Robert Innes, anglican, responsable « dâHoly
Trinity » et les reprĂ©sentants de lâĂ©glise Ă©vangĂ©lique de
langue allemande, présente à Bruxelles. Au travers de
ces lignes nous découvrons des églises qui dialoguent.
Nous souhaitons aussi vous prĂ©senter lâexpĂ©rience
tout à fait unique et spécifique du monastÚre de
Chevetogne.
Enfin, lâabbĂ© Philippe Degand, prĂ©sent sur le terrain
du dialogue oecumĂ©nique Ă Bruxelles, redit lâimpor-tance
de sâinformer de ce qui se vit, et de rencontrer
lâautre en faisant fi des prĂ©jugĂ©s.
Dans la priÚre, nous confions au PÚre ce désir de
progresser dans lâunitĂ© : « tous ces efforts dâintelli-gence
et de bonne volonté nous invitent à prier
plus ardemment pour cette unité que le Christ
lui-mĂȘme dĂ©sire tant, depuis les jours de sa vie
terrestre. » (cf. article p. 9)
Nous le savons, lâoecumĂ©nisme nâest pas affaire de
compromis. Il vise la plénitude de la foi au Christ et
tend vers le déploiement plénier de la vie évangélique.
Le PÚre Congar écrivait en 1964 : « Le dialogue oecu-ménique
mâa obligĂ© et mâa aidĂ© dâabord Ă renouveler
en moi lâhomme chrĂ©tien. Il mâa en quelque sorte
acculé à devenir plus chrétien et plus catholique : les
questions qui mâont Ă©tĂ© posĂ©es, le tĂ©moignage que jâai
eu Ă donner, lâobligation dans laquelle jâai Ă©tĂ© mis
dâatteindre Ă un certain niveau de vĂ©ritĂ©, mâont dĂ©logĂ©
dâune position commode et mĂ©diocre de conformisme
et mâont fait reprendre beaucoup de choses en profon-deur.
» Puissions-nous faire cette mĂȘme expĂ©rience !
VĂ©ronique Bontemps
Comme chaque année au cours du mois de janvier, nous sommes
invitĂ©s Ă prier pour lâunitĂ© des chrĂ©tiens. JĂ©sus qui a priĂ© pour
lâunitĂ©, nous entraine Ă sa suite : « PĂšre saint, garde-les en ton
nom que tu mâas donnĂ©, pour quâils soient un comme nous
sommes un » (Jn 17, 11).
Nous nous adressons comme Ă des frĂšres Ă tous
ceux qui sont séparés de nous, disant avec Saint
Augustin : « Quâils le veuillent ou non, ils sont nos
frĂšres. Ils ne cesseront dâĂȘtre nos frĂšres que sâils ces-sent
de dire le Notre PÚre ». (Bienheureux Jean XXIII)
2013 | PASTORALIA â N°1 7
© EIIR.files.wordpress.com
DĂ©lĂ©gation du Patriarcat OecumĂ©nique de Constantinople Ă la fĂȘte des Saints Pierre et Paul au Vatican, en juin 2011.
- 2. OEcuménisme
LâoecumĂ©nisme, Vatican II
Et aprĂšs ?
Pendant longtemps, lâĂglise catho-lique
a tenu la position qu'exprimait
le pape Pie XI, dans son encyclique
Mortalium Animos (1928) : « On
ne peut rĂ©aliser lâunitĂ© des chrĂ©tiens
quâen faisant en sorte que les dissi-dents
reviennent Ă lâunique et vĂ©ri-table
Ăglise du Christ, de laquelle ils
se sont malheureusement éloignés ».
Le Concile renouvelle cette vision.
La priĂšre de JĂ©sus pour lâunitĂ©
à la veille de sa mort, Jésus a prié instamment son PÚre
« pour que tous soient un » (Jn 17). Cette demande
de JĂ©sus, formulĂ©e au moment oĂč il rĂ©unit pour la
derniĂšre fois ses disciples autour de lui, laisse entendre
que Jésus prévoit toutes les difficultés de cette unité.
MĂȘme si, Ă notre niveau, nous ne pouvons peut-ĂȘtre
que prier pour lâunitĂ© des chrĂ©tiens, nous devons le
faire avec ardeur et persĂ©vĂ©rance : c'est la requĂȘte
contemplative de l'oecuménisme.
Les débuts du mouvement oecuménique
Le mouvement oecuménique a connu ses débuts du
coté protestant, notamment avec la création, en 1948,
du Conseil OEcumĂ©nique des Ăglises, qui continue
à tenir réguliÚrement ses assemblées mondiales. La
dixiÚme aura lieu en 2013 en Corée.
Jean XXIII fit de lâouverture oecumĂ©nique un des
objectifs du Concile. Il y invitera des observateurs
non catholiques. Voici le mot dâordre quâil lance :
« unité dans les choses nécessaires, liberté dans les
choses douteuses, charité en toutes choses. Car il y a une
hiĂ©rarchie des vĂ©ritĂ©s : tout nâest pas sur le mĂȘme plan
dans la foi » (cf. UR 11).
L'oecuménisme, partie intégrante de l'ecclé-siologie,
selon le Concile
Lâenseignement oecumĂ©nique de Vatican II est conte-nu,
pour l'essentiel, dans le Décret sur l'oecuménisme,
Unitatis Redintegratio, approuvé par un vote presque
unanime et promulgué par Paul VI le 21 novembre
1964, le mĂȘme jour que la Constitution dogmatique
sur l'Ăglise, Lumen Gentium. Paul VI dĂ©clara qu'il
existait une "union Ă©troite" entre ces deux textes - ce
qui implique que l'on ne peut plus désormais "penser"
l'Ăglise catholique indĂ©pendamment de sa relation aux
autres Ăglises et communautĂ©s chrĂ©tiennes - pas plus
qu'on ne peut se la représenter en faisant abstraction
de « ce lien qui relie spirituellement le peuple de la
Nouvelle Alliance avec la lignée d'Abraham » (Nostra
Aetate, sur les relations de l'Ăglise avec les religions
non chrétiennes, 4). La dynamique d'une communion
entre Ăglises chrĂ©tiennes encore imparfaitement unies
fait désormais partie intégrante de l'ecclésiologie, de la
maniĂšre dont il convient de penser et de vivre l'Ăglise.
DĂšs son premier paragraphe, ce document apporte
une nouveauté.
« à ce mouvement vers l'unité qu'on appelle le
Mouvement oecuménique, prennent part "ceux qui
invoquent le Dieu Trinité et confessent Jésus comme
Seigneur et Sauveur". Et il ne s'agit pas seulement de
chrétiens pris un à un : il s'agit de chrétiens réunis en
communautĂ©s, dans lesquelles ils ont entendu l'Ăvan-gile
et qu'ils appellent leur Ăglise et l'Ăglise de Dieu »
(UR l).
Cette affirmation diffĂšre grandement de celle de lâen-cyclique
Mystici Corporis (1943), précisant que ce
nâĂ©tait quâ âĂ titre personnelâ que certains chrĂ©tiens ou
membres dâautres religions pouvaient ĂȘtre en relation
avec lâĂglise catholique.
Un débat théologique en cours
Alors que pour lâencyclique Mystici Corporis, lâĂglise
du Christ EST purement et simplement lâĂglise catho-lique
romaine, dans une identité parfaite sans reste, le
concile Vatican II, à trois reprises, dit que la véritable
L'oecumĂ©nisme n'est pas optionnel dans lâĂglise catholique ; il est
un devoir de tout chrétien et de tout catholique, surtout depuis le
Concile Vatican II.
8 PASTORALIA â N°1 | 2013
© carlosechevarria.blogspot.be
Pape Jean XXIII, Rome juillet 1959
- 3. « Ăglise du Christ subsiste dans lâĂglise catholique »
(LG 8, UR 4, DH 1). Que signifie ce changement de
vocabulaire, trois fois répété ? - Il s'agit ici d'un vaste
débat théologique qui oppose aujourd'hui encore
diverses interprĂ©tations, sans que le MagistĂšre suprĂȘme
ait tranchĂ© officiellement. Pour les uns, et c'est lâinter-prĂ©tation
du pape Benoit XVI, ce subsistit in ne diffĂšre
pas fondamentalement de l'affirmation de l'encyclique
de 1943, citĂ©e plus haut. Pour d'autres, l'Ăglise du
Christ qui est dans l'histoire des hommes le sacrement
de la communion trinitaire, a une relation réelle et
privilĂ©giĂ©e, mais non exclusive, Ă l'Ăglise catholique.
Le coeur du décret Unitatis Redintegratio
Les réflexions les plus explicites sur la situation
concrÚte des chrétiens désunis se trouvent au chapitre
III qui porte le titre suivant.
Ăglises et communautĂ©s ecclĂ©siales sĂ©parĂ©es du SiĂšge
apostolique romain1
« Nous examinons maintenant deux sortes de scissions
principales, qui ont affecté la tunique sans couture du
Christ » (UR 13) : grosso modo, l'Orient et l'Occi-dent,
c'est-Ă -dire l'orthodoxie et le protestantisme.
Mais avant d'expliciter ces deux scissions, le Concile
mentionne que « la Communion anglicane occupe une
place particuliÚre » (UR 13).
Ă propos des Ăglises orientales, le Concile rappelle
d'abord que les sept premiers conciles oecuméniques
ont tous été tenus en Orient. Ensuite, il souligne ce
que nous avons en commun : « Puisque ces Ăglises,
bien que sĂ©parĂ©es, ont de vrais sacrements, â principa-lement,
en vertu de la succession apostolique : le sacer-doce
et l'Eucharistie, â qui les unissent intimement
Ă nous, une certaine communicatio in sacris, dans
certaines circonstances, est non seulement possible,
mais mĂȘme recommandable » (UR 15). Le communi-catio
in sacris est le terme technique pour désigner la
possibilité, pour les catholiques et les orthodoxes, de
partager une mĂȘme Eucharistie.
Concernant les communautés ecclésiales séparées en
Occident, le dĂ©cret est beaucoup plus critique. « Ătant
donnĂ© que ces Ăglises et CommunautĂ©s ecclĂ©siales, Ă
cause de leur diversité d'origine, de doctrine et de vie
spirituelle, se distinguent notablement, non seulement
de nous-mĂȘmes, mais aussi entre elles, il est trĂšs dif-ficile
de bien les définir, et nous n'en avons pas ici
l'intention » (UR 19). On rappelle que le baptĂȘme est
finalement le seul sacrement que nous ayons vraiment
1. Le mot Ăglises concerne les orthodoxes ; 'CommunautĂ©s ecclĂ©-siales'
visent les protestants.
OEcuménisme
en commun. Par ailleurs, on loue la vénération de nos
frĂšres protestants pour lâĂcriture Sainte, et leur charitĂ©
agissante.
La conclusion souligne que l'unité véritable doit venir
d'en haut, car elle « dépasse les forces et les capacités
humaines » (UR 25).
Trois documents récents poursuivent
l'oeuvre du Concile
En 1995, le pape Jean-Paul II a publié une encyclique
dont le titre rappelle la priĂšre de JĂ©sus, Ut unum sint.
Les paragraphes 88-96 introduisent une réflexion
toute nouvelle sur « Le ministĂšre de lâunitĂ© de lâĂ©vĂȘque
de Rome ».
Un accord théologique a été signé entre luthériens et
catholiques à Augsbourg en 1999, appelé consensus
diffĂ©renciĂ©, oĂč chacun admet Ă la lettre un ensemble
de thĂšses communes, tout en se permettant une
interprétation différenciée qui n'invalide pas l'accord
préalable.
Enfin, la récente constitution apostolique de Benoit
XVI Anglicanorum Coetibus (2009) tente une ouver-ture
du coté anglican, en permettant la création
d'ordinariats personnels pour les anglicans désirant
entrer collectivement dans la communion de l'Ăglise
catholique, tout en conservant leurs liturgies propres
(cf. le paragraphe 5 III).
Tous ces efforts d'intelligence et de bonne volonté
nous invitent à prier plus ardemment pour cette unité
que le Christ lui-mĂȘme dĂ©sire tant, depuis les jours de
sa vie terrestre.
Bernard Pottier, sj
2013 | PASTORALIA â N°1 9
© www.oikoumene.org
AoĂ»t 1948, Amsterdam, fondation officielle du âWorld Council of Churchesâ.
- 4. OEcuménisme
âToute terre Ă©trangĂšre est pour eux une patrieâ
150 ans de présence orthodoxe en Belgique
On le sait, avec le catholicisme romain et les communau-tés
issues de la RĂ©forme, lâĂglise orthodoxe constitue lâune
des trois expressions majeures du christianisme historique.
Sans exclure une adaptation créatrice aux situations
changeantes, elle se sent particuliĂšrement garante dâune
fidélité à la tradition ecclésiale originelle, tant doctrinale
et sacramentelle que dans son organisation mĂȘme, de
nature conciliaire. FormĂ© sur les lieux mĂȘmes de la prĂ©di-cation
apostolique, « entre AthÚnes et Jérusalem » (selon
lâexpression consacrĂ©e), le christianisme orthodoxe a, au
dĂ©part de lâEmpire byzantin, rayonnĂ© principalement vers
lâEurope de lâEst. Depuis les grandes migrations des XIXe
et XXe siĂšcles (dues aux guerres, aux persĂ©cutions ou Ă
la misÚre économique), il a néanmoins largement perdu
son caractĂšre gĂ©ographique oriental, et lâĂglise orthodoxe
(250 millions de fidĂšles) est aujourdâhui prĂ©sente sur tous
les continents.
Les Orthodoxes sont parmi nous !
En Belgique, le christianisme orthodoxe apparaĂźt au
XIXe siĂšcle : en 1862 fut ouverte la premiĂšre Ă©glise, dĂ©jĂ
citée ; un deuxiÚme lieu de culte (orthodoxe grec) fut
créé en 1900 à Anvers, et une troisiÚme église (grecque
Ă©galement) vit le jour Ă Bruxelles en 1926. Lâessentiel
de la présence orthodoxe dans notre pays proviendra
cependant des Ă©migrations du XXe siĂšcle, dont celle
des Russes fuyant les persécutions consécutives à la
rĂ©volution de 1917. GrĂące notamment Ă lâaide du
cardinal Mercier (un véritable « oecuméniste » avant
la lettre), des paroisses russes se constitueront dans les
principales villes du pays dans les années 1920-30, et
un premier Ă©vĂȘque orthodoxe sâinstallera Ă Bruxelles en
1929 (le diocĂšse sera reconnu par arrĂȘtĂ© royal en 1937).
Les deux autres vagues dâĂ©migration russe (aprĂšs la
Seconde guerre mondiale et dans les années 1970), ainsi
que les Ă©migrations serbe, bulgare et roumaine, seront
plus modestes. à partir des années 1950, une impor-tante
Ă©migration grecque, de nature principalement
Ă©conomique, amĂšnera Ă lâouverture en Belgique de plus
dâune dizaine de paroisses, conduisant le patriarcat de
Constantinople à créer son diocÚse « belge » en 1969.
Si, dans un premier temps, ces communautĂ©s sâeffor-çaient
de préserver leur identité linguistique et cultu-relle,
pour les deuxiÚme puis troisiÚme générations, les
enfants de couples mixtes ou les occidentaux devenus
orthodoxes, il devint nĂ©cessaire dâutiliser les langues
locales. Dans lâatmosphĂšre oecumĂ©nique des annĂ©es
1960-70 (inspirée du concile Vatican II), apparaßtront
des communautés orthodoxes « occidentales », célébrant
en français ou nĂ©erlandais. En 1985 enfin, lâĂtat belge
reconnaĂźtra lâĂglise orthodoxe, au mĂȘme titre que les
cultes catholique, protestant, anglican, juif, musulman
et que la laïcité organisée. Depuis la disparition de
lâURSS en 1990, les nouvelles vagues dâĂ©migration en
provenance de lâEst ont singuliĂšrement accru le nombre
dâorthodoxes dans notre pays.
LâunitĂ© dans la diversitĂ©
Aujourdâhui, la Belgique compte entre quatre-vingt et
cent mille chrétiens orthodoxes, de diverses origines,
langues et obédiences, mais confessant une foi com-mune.
Une cinquantaine de lieux de culte, sur tout le
territoire, sont desservis par 4 Ă©vĂȘques rĂ©sidant dans le
pays, plus de 50 prĂȘtres et une quinzaine de diacres.
Le diocÚse « grec » du patriarcat oecuménique au
BĂ©nĂ©lux, dirigĂ© par le mĂ©tropolite (archevĂȘque)
Panteleimon (Kontoyiannis), assistĂ© de deux Ă©vĂȘques
auxiliaires, compte plus de 20 paroisses en Belgique.
Mgr Panteleimon reprĂ©sente Ă©galement lâĂglise ortho-doxe
auprÚs des autorités belges et est le principal
responsable des cours de religion orthodoxe enseignés
dans les Ă©coles publiques, des Ă©missions orthodoxes Ă
la radio et à la télévision et des aumÎneries orthodoxes
(hĂŽpitaux, prisons, etc.).
Le 1er avril 1862, à Bruxelles, était consacré le premier lieu de culte
orthodoxe de notre pays : lâĂ©glise de Saint-Nicolas, crĂ©Ă©e auprĂšs de
lâambassade russe dans la capitale. Un siĂšcle et demi plus tard, une
cinquantaine dâĂ©glises ou chapelles, de diffĂ©rentes obĂ©diences, des-servent
pastoralement les dizaines de milliers dâorthodoxes de toutes
origines présents sur le territoire belge. « Toute patrie leur est une
terre étrangÚre, et toute terre étrangÚre est pour eux une patrie »
disait dĂ©jĂ , Ă propos des chrĂ©tiens, la Lettre Ă DiognĂšte (IIe siĂšcle) âŠ
Intérieur de l'église orthodoxe russe St Nicolas, Ixelles
© Serge Model
10 PASTORALIA â N°1 | 2013
- 5. Les orthodoxes russes (dâorigine ou de tradition russe)
se répartissent, pour des raisons historiques, en trois
obĂ©diences distinctes. LâarchevĂȘchĂ© de Belgique du
patriarcat de Moscou, dirigĂ© par lâarchevĂȘque Simon
(Ichounine), comprend 12 lieux de culte, dont deux
petits monastĂšres (masculin et fĂ©minin). LâarchevĂȘchĂ©-exarchat
des paroisses russes dâEurope occidentale
du patriarcat oecuménique compte 4 paroisses dans
notre pays, qui relĂšvent de lâarchevĂȘque Gabriel (De
Vylder â dâorigine belge, mais rĂ©sidant Ă Paris). Deux
paroisses de lâĂglise russe hors-frontiĂšres dĂ©pendent de
lâarchevĂȘque Michel (Donskov) de GenĂšve.
Il faut Ă©galement citer cinq paroisses (et un monas-tĂšre)
roumains, deux paroisses serbes, deux géor-giennes
et une bulgare, qui se rattachent Ă leurs
« Ăglises-mĂšres » respectives, via les diocĂšses euro-pĂ©ens
de celles-ci (avec siĂšge Ă Paris ou ailleurs).
Comme les Russes, ces communautés ont connu un
vĂ©ritable renouveau Ă lâarrivĂ©e de la nouvelle vague
dâimmigrĂ©s de lâEst europĂ©en.
Bien avant la création, en 2010, de la Conférence
épiscopale orthodoxe du Bénélux, les relations entre
les orthodoxes de notre pays Ă©taient fraternelles,
comme en témoignent les concélébrations, partici-pations
Ă des organisations inter-orthodoxes (mouve-ments
de jeunesse ou autres associations) ou réalisa-tions
communes (congrĂšs, publications, formations
en peinture dâicĂŽnes, etc.). NĂ©anmoins, ces liens
gagneraient Ă ĂȘtre renforcĂ©s, de mĂȘme que lâenraci-nement
de lâĂglise orthodoxe dans la sociĂ©tĂ© belge.
OEcuménisme
Comme marthe et marie ?
Depuis longtemps, les figures évangéliques de Marthe et
Marie sont considĂ©rĂ©es comme symbolisant les Ăglises dâOc-cident
et dâOrient. Et il est vrai quâĂ lâĂ©nergie de lâaction
(missionnaire ou sociale) des chrétiens occidentaux, les ortho-doxes
ont souvent prĂ©fĂ©rĂ© lâharmonie de la contemplation,
exprimée à travers la beauté de la célébration liturgique ou le
recueillement de la priĂšre personnelle, le tout dans la perspec-tive
lumineuse de la RĂ©surrection. Mais lâĂvangile ne dit-il pas
que Marthe et Marie Ă©taient soeurs, et quâelles se rĂ©unissaient
autour du mĂȘme MaĂźtre ? Il nous semble que, pour des
relations oecuméniques authentiques, il faudrait reconnaßtre
les charismes de chaque Ăglise, car « il y a beaucoup de
demeures dans la maison du PĂšre ». Comme lâexpliquait
un saint oriental du VIe s. : « Imaginez que le monde soit
un cercle, que le centre soit Dieu, et que les rayons soient les
maniĂšres de vivre des hommes. Plus ils sâapprochent de Dieu,
plus ils se rapprochent les uns des autres. Et plus ils sâappro-chent
les uns des autres, plus ils se rapprochent de Dieu. »
PrĂȘtre Serge Model,
ArchevĂȘchĂ© orthodoxe russe en Belgique
POUR ALLER PLUS LOIN :
- C. Chaillot, Histoire de lâĂglise orthodoxe en Europe
occidentale, Paris, 2005.
- A. Peckstadt, DĂ©couvrir et vivre lâorthodoxie en Belgique.
Le cheminement de lâarchiprĂȘtre Ignace Peckstadt vers
lâĂglise orthodoxe, Bruges, 2001.
- www.orthodoxia.be (archevĂȘchĂ© grec en Belgique)
- www.archiepiskopia.be (archevĂȘchĂ© russe en Belgique)
2013 | PASTORALIA â N°1 11
ConcĂ©lĂ©bration des Ă©vĂȘques orthodoxes en la cathĂ©drale grecque, Bruxelles
© Orthobel
- 6. OEcuménisme
Visage chrétien
Ă petite Ăglise, grandes responsabilitĂ©s !
Quelles sont vos responsabilités en Belgique ?
Je mâoccupe dâHoly Trinity, de ses prĂȘtres, de son
musicien, de ses ministÚres. Comme président du
ComitĂ© central de lâĂglise anglicane en Belgique, je
suis en lien avec lâEtat. Sur un plan plus honorifique,
je suis aussi Chapelain de sa Majesté la Reine Elisabeth
II. Tout cela signifie quâon attend que je sois Ă la fois
diplomate, homme dâaffaires et conseiller spirituel !
Comme prĂȘtre, je suis appelĂ© Ă proclamer la Parole, Ă
offrir les sacrements, Ă Ă©couter.
Qui sont les Anglicans présents en Belgique ?
Il y a des Anglais en Belgique depuis le 16Ăšme siĂšcle ;
William Tyndale, le traducteur de la Bible en anglais,
a habitĂ© Ă Anvers et est mort Ă Vilvorde. Ă lâheure
actuelle, beaucoup dâanglais sont issus des institu-tions
europĂ©ennes. Dâautres sont mariĂ©s Ă un ou
une anglais(e) de confession anglicane. 35% de nos
membres sont dâorigine africaine, et il existe une messe
pour les Rwandais anglicans francophones. Dâautres
sont ressortissants dâInde, de Chine, etc, unis par la
mĂȘme foi, et par une langue Ă peu prĂšs commune.
1. www.holytrinity.be
Dans la mesure du possible, nous aimerions aussi
proposer des messes en néerlandais. Nous avons
aujourdâhui quatre axes de travail : lâaccueil de tous ; la
Koinonia, afin que chacun trouve un groupe mais que
nous formions tous une communauté ; la célébration,
par le biais dâune variĂ©tĂ© de cultes, par la musique, les
choeurs ; et enfin la participation au réseau auquel
nous appartenons. Nous soutenons dâautres groupes
et dâautres Ăglises, tant sur le plan moral que financier.
Avez-vous des contacts rĂ©guliers avec dâautres dĂ©no-minations
?
Oui. Président du Belgian Council of Religious Leaders,
je serai lâannĂ©e prochaine celui de la Concertation des
Ăglises ChrĂ©tiennes de Belgique. Nos prĂȘtres sont Ă©ga-lement
trÚs impliqués dans le dialogue avec les catho-liques
et les protestants notamment. Le président du
Comité Interecclesial de Bruxelles est un anglican, et
la veillĂ©e de priĂšre pour lâUnitĂ© des chrĂ©tiens aura lieu
cette annĂ©e Ă Holy Trinity2. MĂȘme si nous sommes
une petite Ăglise, nous avons donc â et plus particu-liĂšrement
cette annĂ©e â de grandes responsabilitĂ©s !
Quelles pourraient ĂȘtre les prochaines Ă©tapes du
dialogue entre catholiques et anglicans?
Nous sommes dâaccord sur les points fondamentaux
de la foi, et entretenons des relations trĂšs chaleureuses.
Mais il serait bon de pouvoir discuter de la place des
femmes dans les Ăglises ; nous venons de faire la Une
du Times Ă ce sujet3 ! Et dâoser parler de sexualitĂ©. Sâil
existe des divergences dâopinion, et mĂȘme Ă lâintĂ©rieur
de chaque Ăglise, ce serait une expĂ©rience fĂ©conde
que dây rĂ©flĂ©chir ensemble. Comment une Ăglise
doit-elle ou non sâaccorder au monde dâaujourdâhui ?
Comment doit-elle ou non faire Ă©voluer son Ă©thique ?
Ce nâest quâavec beaucoup de respect, mais aussi de
confiance, que nous pourrons avancer sur ces ques-tions
toujours trÚs délicates.
Quelle parole pour nos lecteurs ?
Une parole du pape, qui a dit un jour Ă notre Ă©vĂȘque :
« LâĂ©vangĂ©lisation de notre continent est trop vaste
pour une seule Ăglise ». LâunitĂ© reste le fondement de
la mission que nous a confiée notre Seigneur.
Entretien : Paul-Emmanuel Biron
2. Le 24/01/2013 ; voir www.c-i-b.be
3. Le 20 novembre 2012, les Anglicans dâAngleterre ont votĂ© contre
la proposition de lâaccĂšs pour les femmes au ministĂšre Ă©piscopal.
Une dĂ©cision qui revient aux laĂŻcs, le clergĂ© sâĂ©tant plus particu-liĂšrement
prononcé pour. Le Times a qualifié cette décision histo-rique
de catastrophe pour lâĂglise et pour le pays.
Ă Bruxelles est sise Holy Trinity1. Ăglise du diocĂšse anglican
en Europe, elle représente 700 membres et 40 nationalités.
Rencontre avec le Reverend Canon Dr Robert Innes, prĂȘtre angli-can
en Belgique depuis 7 ans, senior chaplain et chancelier de la
pro-cathédrale. Marié, et papa de quatre enfants.
© Charles De Clercq
12 PASTORALIA â N°1 | 2013
- 7. OEcuménisme
Lâoption oecumĂ©nique de la
Deutschsprachige Evangelische Gemeinde in Belgien
Il nâexiste Ă Bruxelles que deux
communautĂ©s dâexpression alle-mande
: une paroisse catholique,
Sankt-Paulus, situĂ©e Ă lâavenue de
Tervuren, et lâĂglise Ă©vangĂ©lique
dâexpression allemande de lâavenue
SalomĂ©. Ăglise indĂ©pendante bien
quâaffiliĂ©e Ă lâĂglise ĂvangĂ©lique
dâAllemagne2, cette Ăglise locale
est par ailleurs membre de lâĂglise
Protestante Unie de Belgique. Une
double reconnaissance qui salue sa
pérennité, mais aussi la richesse de
la diversité de ses ministÚres. Forte
dâenviron 1000 membres, cette
Ăglise sâinscrit comme repĂšre pour
deux types de population : des belges germanophones
âexilĂ©sâ Ă Bruxelles ou des membres de lâEKD mobi-lisĂ©s
dans la capitale pour une mission de plusieurs
mois ou annĂ©es dans lâune des structures de la sphĂšre
européenne. Un centre cultuel et culturel qui connaßt
en conséquence des mouvements de population per-pétuels,
mais qui a réussi à se positionner comme un
vĂ©ritable point de convergence, soucieux dâoffrir Ă tous
les ùges des célébrations et des services adaptés.
Une Ăglise en dialogue
Une des caractéristiques majeures de cette grande
communautĂ© est quâelle entretient, depuis de trĂšs
nombreuses années, un dialogue étroit avec sa consoeur
Sankt-Paulus. Une communion plus quâun partenariat,
qui se cristallise jusque sur la toile par une page-portail
commune3. Il ne sâagit pas que dâun geste⊠Le plus bel
exemple de cette alliance interparoissiale reste lâĂkume-nische
Kinderkirche (OĂŻkiki), comprenez : lâĂglise oecu-mĂ©nique
des enfants. Une fois par mois, et dans chaque
lieu de culte à tour de rÎle, cette célébration rassemble
les tout-petits, les enfants de maternelle et du primaire
ainsi que leurs parents, autour dâune liturgie adaptĂ©e.
Une action de grĂąces autour dâun thĂšme particulier, qui
fait la part belle aux chants et aux jeux scéniques, tout
en mettant en valeur la dimension multiculturelle de ces
1. www.egz.be. Les protestants germanophones sont sortis de la
clandestinité en 1781 (Edit de Tolérance).
2. Evangelische Kirche in Deutschland â www.ekd.be
3. www.kirchen-deutscher-sprache-bruessel.de
âenfants du mondeâ. Issus dâautres pays ou de nombreux
mariages mixtes, les enfants sont pour le moins choyĂ©s Ă
la DEG. Ici existent un groupe de mĂšres-enfants et un
choeur spécifiquement tourné vers les Psaumes pour les
enfants et les ados. JusquâĂ 7 ans, les enfants pourront
aussi participer au choeur oecuménique, qui comprend
Ă©galement des ateliers de danse et de jeux. Un Club
pour les 11 Ă 14 ans explore les histoires de la Bible Ă
travers le théùtre, les arts créatifs.
Les adultes aussi
Du cÎté des adultes, la joie de célébrer ensemble
prévaut, et la variété des choeurs qui existent en témoi-gnera.
Les deux paroisses ont Ă©galement mis sur pied
un service commun de visite aux personnes seules ou
malades. Et la âsauceâ prend !
GrĂące Ă cette communion ecclĂ©siale assez unique Ă
Bruxelles, une communautĂ© a pu sâancrer dans le
terreau local pour offrir au plus grand nombre des
services aussi divers que suivis. Nây a-t-il pas lĂ une
leçon pour nos paroisses francophones ? Ne pourrions-nous
pas nous intéresser davantage aux communautés
chrétiennes qui habitent à deux pas de chez nous ? Ne
pourrions-nous pas sortir de notre solitude en créant
des services, des ministĂšres, des pastorales en com-mun
? Dâautres paroisses Ă Bruxelles â catholiques et
protestantes, principalement - sây sont essayĂ©es : quels
bilans, pour quels projets ?
Paul-Emmanuel Biron
A deux pas de la rue au Bois, et juste en face du centre sportif de
Woluwe-saint-Pierre se trouve depuis 1975 lâĂglise ĂvangĂ©lique
de langue allemande en Belgique1. Que lâon ne sây trompe pas : en
dĂ©pit de son nom, cette Ăglise est bel et bien de tradition luthĂ©ro-rĂ©formĂ©e.
2013 | PASTORALIA â N°1 13
Reinhard WeiĂer, actuel pasteur de
lâĂglise
Le temple de l'avenue Salomé
© Charles De Clercq
DR
- 8. OEcuménisme
LâAbbaye de Chevetogne
Préparer la rencontre
Depuis sa fondation, à Amay en 1925, la commu-nauté
sâefforce dâapporter une contribution positive
au rapprochement entre les chrétiens de tous bords
ecclésiaux et confessionnels.
Dom Lambert Beauduin, fondateur
Le fondateur, Dom Lambert Beauduin (1873-1960),
moine du Mont-César à Louvain, avait lancé le mouve-ment
liturgique, lors du « CongrÚs des oeuvres » à Malines
en 1909, dans le but de favoriser un retour de la piété
catholique Ă ses sources bibliques et patristiques dans
la liturgie de lâĂglise. En exil en Angleterre pendant la
PremiÚre Guerre mondiale, il a été fort impressionné par
la beauté du culte anglican, dans laquelle il découvrait une
certaine réalisation concrÚte de son propre idéal. AprÚs la
Guerre, il a fait la connaissance en Belgique et en Italie,
de nombreux Russes orthodoxes qui avaient émigré en
Europe occidentale, suite aux RĂ©volutions de 1917.
Beauduin trouvait chez eux aussi la richesse biblique et
patristique de la « vraie piété » chrétienne exprimée dans
une liturgie majestueuse et vivante.
Peu à peu, il se rendait compte que le rétablissement de
lâunitĂ© chrĂ©tienne en gĂ©nĂ©ral, et de la pleine communion
avec lâOrthodoxie en particulier, ne pouvait que rappro-cher
lâOccident chrĂ©tien de ses propres racines, et lâaider Ă
ĂȘtre authentiquement lui-mĂȘme. Il devenait clair pour lui
que lâunitĂ© de tous les chrĂ©tiens devait sâinscrire comme
un impĂ©ratif prioritaire dans le retour de toute lâĂglise
chrétienne à son authenticité profonde. De ces intuitions
est né chez lui le projet de fonder un monastÚre ayant pour
vocation de contribuer au rapprochement entre les Ăglises
séparées entre elles. Des moines de plusieurs monastÚres se
sont engagés pour faire partie de la nouvelle communauté,
qui fut constituée en 1925 à Amay, et transférée en 1939
Ă Chevetogne.
Une communauté, deux rites
Depuis sa fondation, le monastĂšre connaĂźt un sys-tĂšme
original, selon lequel la moitié de la commu-nauté
célÚbre les offices dans une chapelle selon le
rite monastique occidental, tandis que dans une autre
chapelle, lâautre moitiĂ© suit le rite byzantin. La com-munautĂ©
cherche ainsi Ă rencontrer lâOrient chrĂ©tien
en se mettant, pour ainsi dire, « dans la peau » des
chrétiens orientaux, sans oublier sa propre identité
ecclĂ©siale. Lâutilisation du rite oriental est essentielle-ment
« Ă lâusage interne et expĂ©rimentale » de la com-munautĂ©.
Elle ne vise aucunement le prosélytisme :
jamais dans lâhistoire dâAmay-Chevetogne on nâa
fait passer quelquâun dâune autre Ăglise chrĂ©tienne Ă
lâĂglise catholique romaine.
Préparer la rencontre
Le fait de se plonger complĂštement dans le monde litur-gique
et religieux dâune tradition diffĂ©rente est destinĂ© Ă
préparer la rencontre en profondeur des frÚres et soeurs
en Christ avec lesquels on a dĂ©jĂ partagĂ© lâexpĂ©rience
essentielle et intime de la priĂšre et de lâadoration. Cette
expĂ©rience est nĂ©e du dĂ©sir dâapprofondir lâamour de
lâOrthodoxie. Mais elle invite aussi Ă rencontrer des reprĂ©-sentants
dâautres traditions confessionnelles â rĂ©formĂ©e,
luthĂ©rienne, anglicane, mĂ©thodiste⊠â qui tĂ©moignent,
eux aussi, de la richesse spirituelle que Dieu accorde Ă tous
ceux qui confessent son Fils JĂ©sus-Christ.
Câest ainsi que les moines de Chevetogne espĂšrent appor-ter
une contribution modeste mais réelle à la recherche de
lâunitĂ© visible de tous les chrĂ©tiens.
P. Thaddée Barnas
LâAbbaye de Chevetogne (Province de Namur) est un monastĂšre
bĂ©nĂ©dictin consacrĂ© Ă la priĂšre et au travail pour lâunitĂ© des
chrétiens. Sa communauté est internationale ; elle est unie dans
la diversité des cultures et dans la célébration du culte selon les
deux traditions de lâĂglise catholique occidentale, et des Ăglises
orthodoxes.
14 PASTORALIA â N°1 | 2013
DR
© Jean-Pol Grandmont, via commons.wikimedia.org
- 9. OEcuménisme
LâoecumĂ©nisme dans notre vie de baptisĂ© :
enjeu vital et attitudes Ă promouvoir !
Ainsi plus les liens sâĂ©tendent, plus la chance de toucher les
coeurs augmentent ! Le témoignage rend compte du salut
en marche, à travers les réalités concrÚtes des lieux et de per-sonnes.
La charité implique le désir de partager cet Amour qui
change notre vie. Il est chemin de bonheur offert par Dieu Ă
tous les hommes.
Attitudes Ă promouvoir activement
ïą Refuser les clichĂ©s
Les clichĂ©s sur lâautre - anglican, protestant, orthodoxe - ont
la vie dure. Mais ils ont souvent pour effet de couper court Ă
tout effort de dĂ©couverte de lâautre, de croĂźtre dans ma propre
tradition chrétienne et de grandir dans une vraie communion.
Un autre danger guette beaucoup de chrétiens de bonne
volontĂ© : « pourquoi sâattarder Ă lâoecumĂ©nisme, câest dĂ©passĂ©
disent-ils, câest lâinterreligieux qui compte ! ».
Le mot oecuménisme concerne au sens normal, celles et ceux
qui par leur baptĂȘme, se rĂ©clament du Christ, Fils de Dieu.
Il sâagit de la mĂȘme religion ! Or, si je confesse que le Christ
est vraiment le Sauveur, le Chemin capable de conduire tout
homme vers la vie en assumant par la croix les forces de mal
et de mort ⊠comment pourrais-je dire en toute vérité et
humilité, que tout se vaut ! Certes, seul Dieu peut donner la
vie Ă©ternelle, mais en son Fils, il me permet de trouver la vie
dĂšs maintenant.
Il faut donc travailler aux deux niveaux : dâune part entre chrĂ©-tiens
et dâautre part en interreligieux voire interconvictionnel :
sans confusion, ni raideur, mais avec lucidité et amour !
ïą Informer et sâinformer du âdĂ©jĂ â rĂ©alisĂ©
Quels que soient nos dĂ©sirs dâaller plus vite, il faut bien recon-naĂźtre
quâen un siĂšcle de beaux fruits ont mĂ»ri et demeurent.
Mais il y a encore pas mal dâĂ©tapes ! On mesure la nĂ©cessitĂ©
dâapprofondir sa propre identitĂ© pour mieux dialoguer. Un
Ă©quilibre qui se construit et au coeur duquel il nous faut garder
deux critĂšres : ouverture Ă lâautre dâune part et profondeur de
la vie de foi et du message dâautre part.
ïą DiversitĂ© en communion
Il ne sâagit pas de faire plaisir en Ă©vacuant ce qui fĂąche et qui
est considĂ©rĂ© par lâune ou lâautre Ăglise comme une richesse
évidente. Suis-je conscient de mes trésors ? Puis-je les expli-quer,
sans honte ni agressivité ? Ai-je le désir de connaßtre ce
qui fait leurs richesses ? Partager richesses et fragilités devant le
Seigneur, sous le souffle de lâEsprit, contribuera Ă construire
une authentique et féconde diversité en communion. Ce
cheminement, qui part de la diversitĂ© passera peut-ĂȘtre par des
dialogues de clarifications, des ajustements dans le langage, des
conversions de mentalité.
ïą Prier seul, en communautĂ© et entre Ăglise
Tout au long de lâannĂ©e, comment rendons-nous perceptible
ce souci des autres confessions chrétiennes (cf. Semaine de
priĂšre pour lâunitĂ©) ?
ïą Des solidaritĂ©s
Dans des actions sociales et culturelles ? - Le champ est vaste.
Devant ce vaste champ, câest bien avec tous les acteurs pasto-raux
et les Ă©quipes paroissiales et dâunitĂ© quâil faut discerner,
porter et lancer des actions, mĂȘme simples !
Abbé Philippe Degand
Si Christ est venu inaugurer le monde nouveau, la nouvelle création selon
le coeur de Dieu, comment pouvons-nous minimiser lâurgence dâannoncer
et de tĂ©moigner de cette « espĂ©rance qui ne déçoit pas » ! Lâavenir est ouvert
par la victoire du matin de PĂąques ! Le Feu me saisit-il ? Saint Jean relate
cette parole du Seigneur : Jn 13 « Câest Ă lâamour que vous aurez les uns
pour les autres que lâon reconnaĂźtra que vous ĂȘtes mes disciples ».
2013 | PASTORALIA â N°1 15
© Charles De Clercq