2.
1962. Le Mali goûte son indépendance fraîchement
acquise et la jeunesse de Bamako danse des nuits
entières sur le twist venu de France et d'Amérique.
Samba, le fils d'un riche commerçant, vit corps et
âme l'idéal révolutionnaire : il parcourt le pays pour
expliquer aux paysans les vertus du socialisme. C'est
là, en pays bambara, que surgit Lara, une jeune fille
mariée de force, dont la beauté et la détermination
bouleversent Samba. Samba et Lara savent leur
amour menacé. Mais ils espèrent que, pour eux
comme pour le Mali, le ciel s'éclaircira...
Synopsis
3.
4.
Réalisateur: Robert Guédigian
Fils de docker, Robert Guédiguian grandit dans le quartier
populaire de l'Estaque, à Marseille. S'intéressant très tôt aux
questions politiques, il entame des études de sociologie à la
faculté d'Aix-en-Provence où il rencontre sa future
compagne, Ariane Ascaride, qu'il suit à Paris lorsqu'elle
s'inscrit au Conservatoire.
Robert Guédiguian trouve dans le cinéma une nouvelle
manière de s'engager. Il signe en 1980 son premier long
métrage, le désabusé Dernier été, présenté en section parallèle
à Cannes, avec au générique Ariane Ascaride et Gérard
Meylan, comédiens qui joueront dans la plupart de ses films,
formant la "famille Guédiguian" - qui comptera aussi bientôt
Jean-Pierre Darroussin.
Se qualifiant lui-même de "cinéaste de quartier", il tourne
ensuite plusieurs films confidentiels, dont Rouge midi (1985),
portrait de plusieurs générations d'immigrés italiens. Il sort
de l'ombre en 1995 grâce à A la vie, à la mort !, un hymne à la
solidarité salué par la critique, avant que le grand public ne
le découvre à son tour avec l'optimiste Marius et Jeannette,
romance en milieu ouvrier qui vaut à Ascaride le César de la
Meilleure actrice en 1998.
5. Tout en restant fidèle à la cité phocéenne, Robert Guédiguian s'essaie à différents
genres, du film noir (A la place du coeur) à la fable (Mon père est ingénieur). Loin du cliché
de la bonne humeur méridionale, le cinéaste tourne en 2000 une ambitieuse œuvre
chorale, La Ville est Tranquille, constat désespéré sur la misère sociale et la fin des
utopies. Héritier du cinéma populaire des années 30 à 50 - il signe d'ailleurs avec A
l'attaque ! une variation autour de La Fête à Henriette de Duvivier -, Guédiguian est
l'auteur en 2002 d'un vibrant mélodrame, Marie-Jo et ses deux amours, présenté en
compétition au Festival de Cannes.
6.
En 2004, celui qui a longtemps eu sa carte au
Parti Communiste abandonne le petit
théâtre de l'Estaque pour se consacrer au
Promeneur du Champ de Mars, évocation
pudique et dépassionnée des derniers jours
de la vie de François Mitterrand, avant
d'accomplir un Voyage en Arménie en forme
de quête des origines (2007).
Après un retour à Marseille avec le polar
Lady Jane (2008), il revient sur le réseau
Manouchian dans l'ambitieux L'Armée du
crime, présenté à Cannes en 2009.
Infatigable militant, il revient dans la Cité
phocéenne deux ans plus tard, plus
précisément dans son quartier d'enfance,
l'Estaque, et y tourne Les Neiges du
Kilimandjaro, drame social populaire dans
lequel il redirige ses deux acteurs fétiches
Jean-Pierre Darroussin et Ariane Ascarie.
Puis, le cinéaste de l'Estaque s'amarre à un
autre registre avec Au fil d'Ariane, un conte
fantaisiste et loufoque, tourné à Marseille
avec sa bande de comédiens fidèles.
10. L’Humanité
« Derrière cette trame historique,
cette piqûre de rappel d’un
moment clé pour l’Afrique où
toutes les utopies étaient à l’œuvre
et ouvraient tous les champs des
possibles, on sent poindre chez
Robert Guédiguian une once de
mélancolie devant un rêve, le
socialisme, stoppé net dans son
élan.»
11.
12. Twist à Bamako est à placer parmi l’inusité
chez lui : une fiction historique, un
premier film « africain » et le deuxième
sans la muse Ascaride .C’est comme si,
après avoir tant dénoncé au présent les
dangers du capitalisme, il devait changer
d’époque, de continent et de visages pour
se renouveler.
Dans les faits, Twist à Bamako est très
Guédiguian, parsemé de ses thèmes de
prédilection et de ses joies de vivre et
d’humour. « Qu’est-ce que
s’émanciper ? » demande Samba. « Être
grand et ne plus se faire chier », répond
son frère.
Le contexte historique sert Guédiguian.
En 1962, le nouveau président Modibo
Keïta instaure des politiques qui créent
des tensions avec la société marchande,
mais aussi avec ceux qui adhèrent aux
valeurs occidentales. Dans la polarisation
de ce Mali naissant, le cinéaste rappelle
que tout est une question de choix. À ses
yeux, et à sa manière de conclure son
22e film (un saut en 2012), il ne fait pas de
doute : le pays a choisi le mauvais côté.
Le Devoir
13.
Tournage au Sénegal
L’équipe n’a pas pu tourner au Mali en raison du climat
politique. Après avoir envisagé le Burkina Faso, c’est
finalement au Sénégal que le réalisateur a décidé de
tourner : « On avait une interlocutrice là-bas, une jeune
productrice, Angèle Diabang, avec qui Agat a produit des
documentaires. On lui a demandé, ainsi qu’aux
collaborateurs sénégalais de l’équipe, les chefs
décorateurs, le premier assistant, Demba Dieye, qui est un
assistant exceptionnel, de relire le scénario.»
Ce n’est pas Bamako que l’on voit donc à
l’écran mais Thiès, à côté de l’aéroport
de Dakar, qui est la deuxième ville du
Sénégal.