2. PASSÉPRÉSENT
Le Musée d’Art Moderne de
Paris présente l’exposition «
PasséPrésent » autour de
l’œuvre de Sarah Moon.
Reconnue comme une
grande photographe de
mode, active en France et à
l’étranger depuis la fin des
années soixante, ses
réalisations débordent
pourtant ce seul domaine, et
l’exposition souhaite faire
découvrir la singularité de
son travail, tant
photographique que
cinématographique, oscillant
entre reflets et transparence,
mirages et obscurité.
3. • PasséPrésent a été imaginé par Sarah Moon comme une
installation faisant dialoguer les photographies, les
films et les livres que l’artiste réalise depuis le début de
son parcours.
• D’abord mannequin dans les années 1960, Sarah Moon
pratique la photographie en autodidacte, et conçoit ses
premières campagnes pour la mode, qui rencontrent un
écho international – en particulier pour l’image de la
marque Cacharel. Elle façonne un univers fictionnel où
affleurent les références littéraires et
cinématographiques. Au milieu des années 1980, elle
initie une pratique plus personnelle, qui prolonge ses
recherches sur la fabrication des récits, sur les illusions
photographiques et leur disparition dans la fuite du
temps.
• En cohérence avec cette vision, la photographe a
souhaité croiser les époques, les typologies et les sujets.
Ses images se nourrissent les unes des autres et
continuent de vivre dans l’exposition, laissant au
visiteur la possibilité de faire naître d’autres images
immatérielles par ces rapprochements.
• Le parcours s’articule autour de la présentation de cinq
de ses films : Circuss(2002), Le Fil rouge (2005), Le
Petit Chaperon noir (2010), L’ E ff r a i e (2004), Où va
le blanc... (2013). Chacun fonctionne comme une escale
autour de laquelle les images s’organisent et s’animent.
• L’exposition est complétée par une salle, dans le
parcours des collections permanentes, dédiée à Robert
Delpire (1926-2017).
4. Biographie
• Sarah Moon, née Marielle Sarah
Warin en 1941 à Vernon est un
mannequin et photographe français.
• Marielle Warin naît dans une
famille juive contrainte à quitter la
France occupée. Elle rejoint
l'Angleterre.
• Sarah Moon exerce alors la
profession de mannequin de 1960 à
1966 sous le nom de Marielle
Hadengue, puis se tourne vers la
photographie à partir de 1970, après
avoir publié ses premiers clichés
dans le magazine l'Express en 19671.
• Elle devient célèbre pour sa
campagne de publicité pour
Cacharel. Dans son travail pour la
mode, elle a su montrer les femmes
sous un angle particulier du fait de
sa relation avec les modèles dont
elle a partagé l’univers pendant sa
jeunesse. Les regards et les attitudes
qu’elle a su capturer laissent
apparaître dans ses clichés une
certaine complicité qui l’a
distinguée des hommes dans la
photographie de mode.
6. Après quinze ans de travail dans la mode,
la carrière de Sarah Moon prend un
tournant lorsque l’artiste décide de se
consacrer davantage à une photographie
plus personnelle encore, plus introspective
et cette fois, purement artistique.
Elle « sort » alors des studios de ses mises
en scènes pour la mode, et fait de Paris
son terrain de jeux, par goût dit-elle, et
par « commodité », même si la ville n’est
jamais réellement le sujet de ses
photographies mais bien plus un décor
méconnaissable.
En 2013 a lieu l'exposition « Alchimies
», présentant ses photographies sur le
thème de la nature, au Muséum national
d'histoire naturelle (Paris).
7. Thèmesetmotifs
Parmi les thèmes récurrents qui se
dégagent de l’œuvre de Sarah
Moon, on peut citer le souvenir, la
mort, l’enfance, la féminité, la
solitude.
Ses photographies mettent
souvent en scène des animaux ;
des enfants ; des environnements
industriels délabrés ; des fêtes
foraines ; ou encore la route
fendant un paysage.
8. • Ce qui est avant tout marquant dans
l’œuvre de Sarah Moon, c’est son
rapport à la fiction. Depuis ses
premiers clichés, les photographies
de Sarah Moon n’ont eu de cesse
d’illustrer un certain désir de
détachement de la réalité. À ses
débuts, son choix de se lancer dans la
photographie de mode ne pouvait
aller que dans ce sens puisqu’il n’y
est question que d’illusion, de
séduction, de rêve et jamais de
représentation fidèle du réel. En
accord avec ce désir de fiction, ses
photographies sont, pour la plupart,
mises en scène. Il y a, chez Sarah
Moon, une vraie volonté de brouiller
les pistes, autant par ses choix de
mises en scènes irréelles que par le
traitement particulier de ses images
qui est devenu sa signature. Robert
Delpire entre autres a dit de sa
photographie qu’elle tend à
« déréaliser » tout ce qu’elle prend.
9. • Au cours de sa carrière dans la
mode Sarah Moon a travaillé en
couleur en fonction des
commandes. Dans la seconde
phase de sa carrière de
photographe, elle a d’abord
préféré le noir et blanc
évocateur de la solitude, de
l’irréel, d’un moment hors du
temps, mais se tourna ensuite
occasionnellement vers la
couleur.
• Sa démarche en couleur est bien
différente de sa photographie en
noir et blanc. Sarah Moon prend
la couleur comme un sujet en soi
et ne montre pas seulement une
scène en couleur mais semble
bien plus en extraire chaque
teinte comme un pigment
qu’elle étale ensuite à son gré
sur le papier photographique
11. La présence du conte
Sarah Moon a souvent pris le conte pour sujet, prolongeant ainsi ses autres thèmes de
prédilection que sont l’enfance et l’imaginaire. Ainsi a-t-elle réalisé une série
d’illustrations photographiques du conte du Petit Chaperon rouge. Cette série fut
publiée dans un livre en 1983, accompagnée du texte de Charles Perrault. L'ouvrage
est lauréat du prestigieux Premio Grafico Fiera di Bologna per la Gioventù, de la Foire
du livre de jeunesse de Bologne (Italie) en 1984.
Son film La Sirène d’Auderville (2007) révèle également son intérêt pour les contes
d’Andersen.
13. • Alain Fleischer (Les Films de
Sarah Moon ou l’invention d’un
genre) a rapproché les films de
Sarah Moon du registre du
conte, mais il en va de même
pour ses photographies.
• Au-delà des thèmes du conte et
de l'imaginaire enfantin, la
présence de la photographe en
tant que narratrice se fait sentir
dans bon nombre de ses clichés.
• Cette présence se dégage
notamment de ses portraits aux
regards intenses et directs, où
transparaît clairement le contact
entre le photographe et le sujet.
• Dans ces photographies se
construit un tissu de relations
entre sujet, photographe et
spectateur s'apparentant aux
relations entre spectateur,
conteur et conte.