2. Qu’est-ce que c’est les années folles ?
La guerre a ensanglanté l’Europe mais l’espoir anime les populations, on pense
que c’est « la Der des Der », elle a été tellement affreuse et meurtrière qu’elle
doit marquer la fin des guerres européennes. Dans les grandes capitales, et en
particulier, Paris, un climat d’effervescence artistique s’installe. Dans tous les
domaines, que ce soit la mode, la peinture, la sculpture, le cinéma, la littérature
ou la danse, on peut dire que « Paris est une fête ».
3. 0 À travers la présentation de peintures, sculptures, photographies,
films, œuvres textiles et littéraires, cette exposition propose de
mettre en avant le rôle primordial des femmes dans le
développement des grands mouvements artistiques de la modernité.
Ces pionnières, comme Tamara de Lempicka, Sonia Delaunay,
Tarsila do Amaral , Suzanne Valadon ou Marie Laurencin
côtoient des artistes oubliées comme Mela Muter ou encore Chana
Orloff, Anton Prinner et Gerda Wegener nées à la fin du XIXe ou
au tout début du XXe siècle, accèdent enfin aux grandes écoles d’art
jusqu’alors réservées aux hommes. Au cours de ces éphémères
années folles, beaucoup d’entre elles séjournent à Paris, pendant
quelques semaines ou quelques années.
4. 0 Ces “femmes nouvelles” sont
les premières à pouvoir être
reconnues comme des
artistes, posséder un atelier,
une galerie ou une maison
d’édition, diriger des ateliers
dans des écoles d’art,
représenter des corps nus,
qu’ils soient masculins ou
féminins.
0 Ce sont les premières à avoir
la possibilité de s’habiller
comme elles l’entendent, de
vivre leur sexualité quelle
qu’elle soit, de choisir leur
époux ou de ne pas se marier.
5. 0 Leur vie et leur corps, dont
elles sont les premières à
revendiquer l’entière
propriété, sont les outils de
leur travail, qu’elles
réinventent dans tous les
matériaux, sur tous les
supports.
0 L’interdisciplinarité et la
performativité de leur
création ont influencé des
générations entières
d’artistes et continuent
d’influencer encore
aujourd’hui
6. A Montparnasse, l’Académie de la Grande
Chaumière, école mixte, permettait aux
femmes de bénéficier de la même éducation
artistique que leurs collègues masculins, et
de peindre d’après des modèles… y compris
de nus masculins. Les nouvelles Èves peuvent
enfin peindre Adam. Si l’École des Beaux-Arts
est ouverte aux femmes, les cours ne sont pas
mixtes et un seul atelier leur est réservé
jusqu’à la fin des années 20.
Elles sont donc nombreuses à faire le choix
des écoles et académies privées. Si Paris est le
centre névralgique des Années folles, et
encore plus le quartier de Monparnasse et ses
Montparnos, nos pionnières viennent des
quatre coins du monde.
Ces artistes ont aussi posé la question du
genre, notamment Anton Prinner, et celle de la
libération sexuelle : les œuvres érotiques de
Gerda Wegener en témoignent.
7. Suzanne Valadon
Suzanne Valadon, née en 1865 à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne) et
morte en1938 à Paris, est une artiste peintre française.
8. 0 Fille naturelle de Madeleine Valadon,
blanchisseuse, Suzanne Valadon
devient acrobate de cirque en 1880
jusqu’à ce qu’une chute mette fin
prématurément à cette activité. Dans le
quartier de Montmartre où elle habite
avec sa mère, puis avec son fils, le futur
peintre Maurice Utrillo, né en 1883, elle
a la possibilité de s’initier à l’art. Pour
aider sa mère, elle porte le linge
repassé chez les clients.
0 Son genre de beauté solide attire le
regard des artistes et, devenue leur
modèle, elle les observe en posant et
apprend ainsi leurs techniques. C’est à
cette occasion qu’elle fait la
connaissance du peintre Puvis de
Chavannes, dont elle devient le modèle.
Elle pose également pour Auguste
Renoir, qui devient aussi son amant.
0 À partir de 1881, elle fréquente le
milieu artistique de Montmartre, où
elle a vite plusieurs admirateurs : le
chansonnier Maurice Boissy et Miquel
Utrillo y Molins, un aristocrate
espagnol, homme de lettres, critique
d'art et peintre.
9. 0 À 18 ans, elle attend un fils, Maurice, qui naît
en1883. À cette époque, elle fait des dessins,
surtout des portraits, à la mine de plomb, au
fusain et à la sanguine.
0 Cela devient son activité principale jusqu'en
1909. Elle peint des natures mortes, des
bouquets et des paysages marqués par la
force de leur composition et leurs couleurs
vibrantes. Elle s'inspire aussi de son
entourage, ainsi elle brosse les portraits de
son fils et de sa mère. Elle peint également
des nus.
0 En 1886, Suzanne et sa mère déménagent rue
Tourlaque, dans la maison où Henri de
Toulouse-Lautrec loue un atelier. Très vite, ils
font connaissance. Elle devient son modèle
ainsi que sa maîtresse. Il fera d’elle le portrait
intitulé Gueule de bois. Elle l'accompagne
partout pendant ses escapades nocturnes.
C'est Toulouse-Lautrec qui lui attribue le
prénom de Suzanne parce qu‘elle pose nue
pour des peintres âgés; ce sera son prénom
d'artiste .
0 Après avoir découvert par hasard quelques
dessins faits par elle, il lui conseille de les
montrer à Edgar Degas. Celui-ci est
enthousiaste, et Suzanne Valadon devient son
élève et sa protégée.
10. 0 En 1894, Suzanne Valadon expose pour la 1ère
fois au Salon de la Société nationale des beaux-
arts.
0 Elle devient la maîtresse de Paul Mousis, agent
de change et ami d'Erik Satie, qu'elle épouse en
1896. Le couple s’installe alors au 12, rue
Cortot, en haut de la butte Montmartre, son fils
est élevé par sa grand-mère.
0 Elle commence à peindre à l'huile, et par la
suite exposera principalement des portraits.
Perfectionniste, elle peut travailler plusieurs
années ses tableaux avant de les exposer.
0 Son mariage prend fin en 1909, année où elle
expose au Salon d'Automne à Paris . Elle se met
en ménage avec l'ami de son fils, le peintre
André Utter (1886-1948), qu’elle épouse en
19149. Cette union durera près de trente ans.
André Utter en Adam et elle-même en Ève
figurent sur l’une de ses toiles les plus connues
Adam et Ève .
0 Elle meurt le 7 avril 1938, entourée de ses amis
peintres André Derain, Pablo Picasso, Georges
Braque et Georges Kars, lequel dessine son
ultime portrait ce jour-là. Elle est inhumée, le 9
avril 1938, au cimetière parisien de Saint-Ouen.
12. 0 Marie Laurencin est née à Paris en 1883. Elle
fréquente (1903-1904) l’Académie Humbert et y
rencontre Georges Braque qui l’introduit auprès
des artistes du Bateau-Lavoir. Marie Laurencin
vit dans l'ambiance du milieu cubiste. Elle
expose au Salon des Indépendants à partir de
1907. Elle peint alors des portraits, des
autoportraits et des groupes de personnages.
0 Marie Laurencin devient la compagne et la muse
du poète Guillaume Apollinaire (1907-1914). En
1912, elle participe au Salon de la Section d’or et
expose un ensemble de portraits dans la «
Maison cubiste » d’André Mare. En 1914, elle
épouse le peintre Otto von Watgen ; le couple
dès la déclaration de guerre s’exile en Espagne
(1914 à 1920), d'abord à Madrid, puis à
Barcelone. Elle divorce de son mari et revient à
Paris en 1921.
0 Marie Laurencin devient portraitiste officielle
du milieu mondain féminin ; elle trouve sa
propre facture, peint des toiles poétiques,
mélancoliques, dans des couleurs pâles où
dominent le rose, le bleu et le blanc. Simplifiant
ses compositions, son style va vers un emploi
particulier de couleurs fluides et suaves. Elle
représente essentiellement des portraits de
femmes et de jeunes filles ou des scènes les
mettant en scène.
0 Marie Laurencin est morte à Paris en 1956. Elle
repose au cimetière du Père Lachaise.
13.
14.
15. Sonia Delaunay
Sonia Delaunay, née Sophie Stern ou bien Sara Illinichtna Sternnote, née
en1885 à Gradizhsk en Ukraine et morte en 1979 à Paris, est une artiste
peintre française d'origine ukrainiennenote
16. 0 Adoptée par un oncle maternel,
Henri Terk, dont elle prend le nom,
elle étudie assez peu les beaux-arts :
le dessin à Karlsruhe pendant deux
ans, puis à Paris à l'Académie de la
Palette dans le quartier du
Montparnasse. Elle a été naturalisée
française grâce à un premier mariage
avec Wilhelm Uhde en décembre
1908.
0 Après une période fauve que lui ont
sans doute inspirée Vincent van Gogh
et Paul Gauguin, elle invente, avec son
deuxième mari, une forme de
peinture qu'Apollinaire définit du
terme vague d'orphisme, qui ne
correspond à aucune tendance réelle.
0 Sonia et Robert Delaunay ont surtout
travaillé ensemble sur la recherche de
la couleur pure et du mouvement des
couleurs simultanées, une tendance
qui a inspiré d'autres peintres après
eux, notamment Fernand Léger et
Jasper Johns.
17. 0 De plus en plus orientée vers l'art abstrait au
fil des années, elle crée en 1946 le Salon des
réalités nouvelles uniquement pour
promouvoir l'abstraction.
0 Elle laisse derrière elle une œuvre abondante
qui comprend aussi des tissus imprimés, des
livres d'artistes, des robes de haute couture
dont la célèbre robe de Nancy Cunard. Sa
première œuvre textile étant une couverture
pour son fils Charles.
0 Les avis sont partagés sur l'appréciation de
son œuvre textile. Michel Seuphor pense
qu'on l'a peut-être trop cantonnée dans la
mode : « Je regrette personnellement que
pendant de longues années, Sonia Delaunay,
au lieu de se vouer entièrement à la peinture,
ait dispersé son talent en essayant
d'introduire dans la mode les idées
simultanéistes de sa peinture . » C'est
d'ailleurs lui qui, en ramenant l'essentiel de
l'œuvre de Sonia Delaunay à son travail
textile, a en fait disqualifié sa peinture, ainsi
que le reconnaît Anne Montfortnote
18. 0 Dans une appréciation plus récente,
Jacques Damase rappelle que les motifs
inventés sur tissus par Sonia ont induit
une inspiration nouvelle dans la
peinture : « Il n'est pas sans importance
pour l'historien que ses œuvres soient
antérieures à celles de Mondrian4. », et
que les tissus sont encore source
d'inspiration pour toute une génération
de jeunes peintres.
0 Toujours associée à son mari Robert
dans la peinture, la mode, ou des
aventures monumentales comme la
fresque destinée au Palais des chemins
de fer pour l'Exposition internationale
de 1937, elle est souvent exposée avec
lui au Centre national d'art et de culture
Georges-Pompidou, auquel elle a fait
plusieurs donations.
0 Si de nombreux musées dans le monde
possèdent ses toiles, la majorité d'entre
elles a été partagée en France entre le
musée de Grenoble, le Musée d'art
moderne de la ville de Paris, le Centre
Pompidou, et la Bibliothèque nationale
de France.
19.
20.
21.
22. Gerda Wegener est une artiste touche à tout possédant plusieurs
cordes à son arc. D'abord dessinatrice puis peintre, elle excelle aussi
dans l'art déco, la mosaïque, les vitraux… C'est une réelle passionnée
qui se fera très vite remarquée. Elle gagne notamment plusieurs prix
et expose régulièrement ses œuvres
23. 0 Gerda Wegener (15 mars 1886 - 28 juillet
1940) est une portraitiste, peintre de genre,
caricaturiste, dessinatrice et illustratrice
franco-danoise.
0 Originaire d'une famille française émigrée au
Danemark au XVIIIe siècle, Gerda Marie
Frederikke Gottlieb naît à Hammelev, près de
la cité de Grenå. En 1902, elle entre à l'école
des beaux-arts de Copenhague .
0 Elle épouse en 1904 le peintre Einar
Wegener (à présent connu sous le nom de Lili
Elbe). Elle participe à la Charlottenborg
Spring Exhibition jusqu'en 1909.
0 L'artiste danoise Gerda Wegener (1885-
1940) est la pionnière du portrait de genre :
sa muse et son modèle préféré n'est autre
que son mari, Einar, peintre également, plus
connu sous son identité trans, Lili Elbe.
0 Elle publie ses dessins dans de nombreux
journaux humoristiques de l'époque, de La
Vie parisienne, à Fantasio, au Rire, à La
Baïonnette, ou encore dans Je sais tout,
Politiken et dans les revues de mode de luxe
comme le Journal des dames et des modes,
La Guirlande, etc. Ses dessins qui dépeignent
la beauté des femmes sont parfois très
audacieux. Elle signe aussi plusieurs
créations publicitaires.
24. 0 De l'illustration de presse Gerda
Wegener passe rapidement à celle des
livres. D'abord avec quelques vignettes
et ornements, puis, répondant à la
demande des éditeurs de ce qui
devient, entre les deux guerres, l'âge
d'or du livre illustré, avec de grandes
compositions tirées hors texte.
0 Ainsi livre-t-elle 12 planches pour les
Contes de mon Père le Jars (1919), avant
d'accompagner pour "Le Livre du
bibliophile", collection créée par
Georges Briffaut, plusieurs éditions de
luxe, d'aquarelles originales qui sont
gravées sur cuivre, à l'eau-forte en
couleurs ou coloriées au pochoir.
0 Francis Carco décelait volontiers dans
les traits de l'artiste un "art d'intention
voluptueuse", qu'elle exerça
magistralement dans nombre de ses
compositions érotiques dont celles
"pour illustrer l'Œuvre du Divin Arétin"
(vers 1915-1916) et l'autre intitulée Les
Délassements d'Eros, suite parfois
accompagnée des Douze sonnets lascifs
d'Antoine de Vérineau (alias Louis
Perceau) ou (plus rarement) des Douze
quatrains de P. Bragenell.
25. 0 Einar est un de ses modèles favoris et
découvre ainsi son identité féminine qui le
pousse ensuite à entamer une transition.
Avec le soutien de Gerda dans ses
transformations physiques, elle devient
ainsi, en 1930, la première femme
transgenre bénéficiant d'une chirurgie de
réattribution sexuelle, sous le nom de Lili
Elbe. Leur mariage est annulé par Christian
X en octobre 1930, à la suite de cette
transition. Malheureusement, cette
opération crée des complications et Lili Elbe
meurt en 1931.
0 Après la mort de Lili, Gerda se remarie avec
un officier italien, le pilote de guerre
Fernando Porta, avec qui elle vit
principalement au Maroc ; elle divorce en
1936. Ruinée par son dernier mari, elle
retourne vivre à Copenhague en 1938 où
elle connaît une dernière exposition juste
avant sa mort et l'invasion de son pays par
l'Allemagne nazie.
0 Ses œuvres sont présentes dans les
collections françaises du musée du Louvre
et du Centre Georges-Pompidou.
26.
27.
28. 0 Tamara Łempicka connue en France sous le nom
Tamara de Lempicka, née Maria Górska en 1898
à Varsovie et morte en1980 à Cuernavaca
(Mexique), est une peintre polonaise
représentative du mouvement Art déco.
0 Fille de Boris Górski, un juif russe, et d'une mère
polonaise. En 1914, elle est retenue par la guerre
à Saint-Pétersbourg où elle s'inscrit à l'Académie
des Beaux-Arts. Elle épouse en 1916 Tadeusz
Łempicki (1888-1951), un jeune avocat polonais.
La révolution d'Octobre bouleverse sa vie et,
après un détour par Copenhague, elle gagne
Paris.
0 Elle est recueillie à Paris par ses cousins qui
l'ont précédée dans l'exil. Tamara commence
alors avec beaucoup de ténacité une carrière de
peintre.
0 En 1920, à l'académie Ranson, elle reçoit
l'enseignement de Maurice Denis et à l'académie
de la Grande Chaumière, celle d'André Lhote.
C'est là qu'elle forge petit à petit son style qui,
dans une synthèse inattendue de l'art maniériste
de la Renaissance et du néo-cubisme, va
correspondre parfaitement à la mode de son
époque.
29.
30. 0 L'envol de sa carrière coïncide avec
sa première exposition personnelle
à Milan en 1925. C'est là qu'elle fait
la connaissance de Gabriele
D'Annunzio et de son entourage,
aussi aristocratique qu'excentrique.
0 De retour en France, elle participe
pleinement à la vie artistique et
mondaine parisienne où elle
rencontre de nouveaux modèles :
André Gide, Suzy Solidor, de riches
industriels, des princes russes
émigrés, etc. En 1929, elle installe
sa maison-atelier dans le 14e
arrondissement de Paris, conçue
par l'architecte Robert .
0 Cet atelier fait partie en effet du seul
immeuble d'habitat collectif conçu
par Mallet-Stevens, dont le travail
porte habituellement sur des villas
et hôtels particuliers. Il est inscrit à
l'inventaire supplémentaire des
monuments historiques depuis
1984.
31.
32. Biographie
0 Mela Muter, pseudonyme de
Maria Mélania Mutermilch, née
en1876 à Varsovie en Pologne, et
morte en 1967 à Paris, est une
artiste-peintre française d'origine
polonaise.
0 Mela Muter grandit dans une
famille aisée et cultivée de
Varsovie.
0 En 1899, elle épouse Michal
Muttermilch, écrivain, critique et
militant socialiste polonais. En
1901, après une année de cours
dans une école de dessin pour
femmes de J.Kotarbinski, elle
arrive avec son mari à Paris et
s’inscrit à l'Académie Colarossi
puis à l'Académie de la Grande
Chaumière , décidé à devenir une
peintre professionnelle.
34. 0 En 1914, le début de la Première Guerre
mondiale la fait s'installer à Concarneau.
0 Entre 1917 et 1920, Mela Muter devient la
compagne de l'écrivain Raymond
Lefebvre, militant pacifiste socialiste puis
communiste. Mais Raymond Lefebvre
meurt en 1920 en Russie dans des
circonstances inexpliquées lors d'une
croisière en mer Blanche . Elle expose à de
multiple reprises à Paris dans l'entre-deux
guerres. En 1921, elle est invitée à faire
partie du jury du Salon d'automne.
0 Elle est aussi en contact avec des écrivains
tels que Henri Barbusse et Romain
Rolland, ou l'architecte Auguste Perret, les
compositeurs Maurice Raval et Erik Satie .
Elle se lie d'une forte amitié avec Rainer
Maria Rilke . Elle se fait aussi naturaliser
Française en 1927 .
35. 0 À l'étranger, elle fait de grandes
expositions à Barcelone, en Allemagne, et
à Washington au Carnegie Institute. Elle
est reconnue particulièrement comme
portraitiste . Elle brosse notamment le
portrait de ses amis : Clemenceau, Ravel,
Satie, ainsi que de Rainer Maria Rilke.
0 Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle
se sent menacée du fait de ses origines, et
de ses idées politiques. Elle quitte Paris
pour Avignon et y enseigne le dessin,
l'histoire de l'art et la littérature. Elle
reçoit des autorités de la ville un petit
appartement . Après la guerre, elle a des
problèmes de vue, qui s'améliorent après
une opération de la cataracte en 1965, ce
qui lui permet de retravailler la peinture.
Elle meurt dans son atelier le 14 mai
19672. Elle est inhumée au cimetière
parisien de Bagneux, dans la 94e division.
37. Biographie
0 Tarsila do Amaral est née en 1886 dans une
famille aisée de la région de São Paulo. Elle
va suivre les cours des artistes comme
Fernand Léger, Albert Gleizes et André Lhote.
0 Elle développe peu à peu un style particulier
et coloré, mêlant sa culture brésilienne avec
les techniques apprises à Paris comme les
dessins préparatoires et la mise en valeur
des compositions.
0 Avec ses amis Oswald de Andrade — qui
deviendra son mari — et Blaise Cendrars,
elle accède au monde des arts parisiens,
mais retourne souvent dans son pays natal
où avec ses amis Anita Malfatti, Mário de
Andrade et Menotti Del Picchia, elle va être
initiatrice de l'art moderniste au Brésil.
0 Sa production est la plus féconde entre 1923
à 1929, mais son succès fut limité, car les
débuts du surréalisme attiraient toutes les
attentions du public. Puis elle se tourne vers
le Parti communiste et l'art réaliste et ce
n'est que beaucoup plus tard, vers sa
vieillesse, qu'elle reviendra à l'imagination et
aux fantasmes.
0 Deux expositions consacrées à cette artiste
se sont tenues à Paris, la première en 1926 et
la seconde en 2006 à la Maison de
l'Amérique latine. Selon Paulo Herkenhoff,
directeur du Musée des Beaux-Arts de Rio de
Janeiro, elle est le « baromètre de la société
brésilienne des premières décennies du xxe
siècle. »
40. Chana Orloff
Une femme libre et moderne
Chana Orloff figure parmi les plus grands sculpteurs du XXème siècle.
La traversée d'épreuves exceptionnelles ont fait de cette artiste une
femme libre, courageuse et généreuse.
41.
42. Biographie
0 Chana Orloff nait en1888 à Tsaré-Constantinovska,
petite ville d'Ukraine. Elle est la huitième d'une
famille de neuf enfants. Sa mère et sa grand-mère
sont sages-femmes. Son père est instituteur, puis
suite à l'interdiction pour les juifs d'exercer ce
métier, il devient commerçant.
0 En 1905 sa famille émigre en Palestine. Son père
devient ouvrier agricole. Chana aide ses parents en
faisant des travaux de couture.
0 En 1910 Chana arrive à Paris et trouve une place
d’apprentie-couturière dans la maison de haute
couture Paquin.
0 En 1911 elle réalise sa première sculpture, un
portrait de sa grand-mère, d'après photo. Elle
fréquente également l'Académie Marie Vassilief où
elle rencontre de nombreux artistes de
Montparnasse dont Picasso, Foujita, Apollinaire... En
1912 elle rencontre Modigliani et lui présente celle
qui deviendra sa compagne : Jeanne Hébuterne.
Modigliani dessine le portrait de Chana Orloff sur
lequel est écrit en hébreu : Chana, fille de Raphaël.
43. 0 En 1916 Chana épouse Ary Justman,
poète polonais. Elle expose aux côtés de
Matisse, Rouault, Van Dongen. En 1918
Chana a un petit garçon, Elie, surnommé
"Didi" dans ses portraits. En 1919 alors
qu'il intervient comme infirmier dans la
Croix Rouge américaine, Ary meurt de la
grippe espagnole.
0 Chana Orloff devient une portraitiste
reconnue de l'élite parisienne. Le
portrait restera l'un de ses thèmes de
prédilection. Chana obtient la nationalité
française, la Légion d’Honneur lui est
remise. Elle devient sociétaire du Salon
d'Automne et expose à Paris et à
Amsterdam. Elle fait construire sa
maison-atelier par Auguste Perret, villa
Seurat.
0 En 1928 elle fait son premier voyage aux
Etats-Unis. La galerie d'avant-garde
Weyhe Gallery à New-York organise une
exposition particulière reprise par de
nombreuses galeries de la côte Est à la
côte Ouest.
0 En 1935 sa première exposition au
musée de Tel-Aviv remporte un grand
succès.
44. En 1942 elle quitte son atelier et s'enfuit, avec son
fils, à Grenoble, puis à Lyon où ils retrouvent le
peintre Georges Kars. C'est ensemble qu'ils
réussiront à franchir la frontière franco-suisse.
En 1945 elle revient à Paris à la Libération. Elle
retrouve son atelier saccagé et pillé par les nazis et
se remet au travail.
En 1948 Chana Orloff raconte la fin de Georges Kars
: incapable après la guerre de reprendre une vie
normale, le peintre se suicide au lendemain de la
Libération, sautant du deuxième étage de l'hôtel
genevois où Chana Orloff l'avait installé la veille.
En 1968 Chana Orloff arrive en Israël pour une
exposition rétrospective au musée de Tel-Aviv, à
l'occasion de son 80ème anniversaire. Tombée
malade, elle s'éteint à l'hôpital de Tel Hashomer, près
de Tel-Aviv, le 18 décembre 1968. Elle sera enterrée
au cimetière Kriat Shaul à Tel-Aviv. Elie, son fils, fera
poser sur sa tombe un monument funéraire sur
lequel elle travaillait.
45.
46. Anton Prinner
Anton Prinner, pseudonyme d'Anna Prinner, née en1902 à Budapest et mort
en1983 à Paris est un peintre, graveur et sculpteur français d'origine hongroise.
Prinner s'installe en France en 1928. C'est à son arrivée qu'elle prend un
pseudonyme masculin et utilise le pronom « il ».
47. Biographie
0 Anna Prinner naît à Budapest d'un
père chef comptable. En 1920, elle
s'inscrit à l'École des beaux-arts de
Budapest et son surnom à l'époque
est « l'Étrange ». En 1926, deux de
ses toiles sont accrochées par
erreur dans l'exposition « Les
grands maîtres contemporains » au
musée des Beaux-Arts de Budapest
et obtiennent un beau succès.
0 Prinner arrive en France en 1928
et fait différents métiers pour
survivre : peintre d'objets de style
sulpicien, caricaturiste dans les
cabarets et boites de nuit aux côtés
de l'artiste hongrois Árpád Szenes
qu'il rencontre à l'académie de la
Grande Chaumière et avec lequel il
voyage à Marseille à la même
époque.
48. Période dite
« constructiviste »
(1932-1937)
0 Anton Prinner entame sa
période dite «
constructiviste» en 1932 et
entre dans l'atelier de
Stanley William Hayter pour
y apprendre la gravure, le
burin et l'eau-forte. Il
fréquente le milieu des
Montparnos, artistes vivant
à Montparnasse. Il a d'abord
un atelier au 4, rue Belloni,
puis au 9, rue Campagne-
Première et à partir de 1942
au 10, rue Pernety).
0 Sa période figurative commence
en 1937 avec La Femme taureau
en granit. Il réalise sa première
sculpture en bois en 1940 (La
Femme à la natte).
0 Le peintre et photographe
Émile Savitry fait un reportage
sur lui dans son atelier au 10,
de la rue Pernety, en 1946. En
1947, il réalise pour l'éditeur
Robert J.Godet l'illustration du
Livre des Morts des anciens
Égyptiens. Son intérêt pour
l'Égypte le pousse à inventer en
1934-35 la « papyrogravure »,
procédé à l'aide duquel il tire
lui-même ses Gravures de
l'Apocalypse. Il s'agit au début
d'un procédé économique avec
des matrices en carton.
Période figurative
49. Identité de genre
0 Anton Prinner est née Anna Prinner mais se fait connaître en tant
qu’artiste sous le prénom d’Anton. Son ambiguïté de genre était
connue ; par exemple Pablo Picasso l'appelait souvent «
Monsieur Madame », cependant il est difficile de savoir si cette
identité était utilisée principalement dans le but d'échapper au
machisme ambiant ou si elle s'identifiait réellement en tant
qu'homme.
0 C'est peu après son arrivée à Paris que Prinner change de nom et
troque ses longues nattes pour un béret et une pipe. Selon Benoit
Decron, « s’habiller en homme était un choix personnel, social,
artistique. À qui l’interrogeait sur ce point, Prinner affirmait que
“sculpteur” n’avait pas de féminin. »
0 Dans un carnet daté de 1948-1959, Prinner écrit : « On dit que
l’artiste doit chercher à se connaître. Je fais tout pour pouvoir
chercher à ne pas me connaître. C’est beaucoup plus riche et
beaucoup plus difficile. Je suis inexistantialiste [sic]. Je ne suis
pas moi-même : je suis tout le monde. »