2. Synopsis
La nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussekine est mort à la suite d’une intervention de la police,
alors que Paris était secoué par des manifestations estudiantines contre une nouvelle réforme de
l’éducation. Le ministère de l’intérieur est d’autant plus enclin à étouffer cette affaire, qu’un autre
français d’origine algérienne a été tué la même nuit par un officier de police.
3. Rachid Bouchareb
Né de parents algériens qui s'installèrent
en France après le guerre, Rachid
Bouchareb grandit à Bobigny, où il passe
un CAP de mécanicien. Désireux de se
lancer dans le cinéma, il intègre le
Centre d'Etude et de Recherche de
l'Image et du Son. Assistant puis
réalisateur de films pour la télévision
(SFP, TF1, Antenne 2) de 1977 à 1984, il
tourne aussi des courts métrages, dont
Peut-être la mer, sélectionné à Cannes
en 1983.
Deux ans plus tard, il réalise son premier
long, Baton Rouge, autour de trois amis
qui décident de s'exiler aux Etats-Unis
pour trouver du travail. Rachid
Bouchareb, qui continue à travailler pour
le petit écran (Les Années Déchirées sur
le désarroi de deux anciens du FLN),
s'intéresse au sort d'un jeune beur
expulsé de France dans Cheb (1991) et
connaît un joli succès d'estime avec son
troisième opus, Poussières de vie
(nommé à l'Oscar du Meilleur film
étranger en 1996), l'histoire de Son, fils
d'un officier noir américain et d'une
Vietnamienne.
4. Rachid Bouchareb fait son retour derrière la
caméra en 2001 en signant une nouvelle
réflexion sur l'identité et la quête des racines,
le très remarqué Little Senegal, dans lequel
Sotigui Kouyate part en Amérique à la
recherche des descendants de ses ancêtres
esclaves. Mais la consécration viendra avec
Indigènes, film de guerre qui met à l'honneur
les soldats africains oubliés de l'armée
française en 2006. Le film fait l'évenement à
Cannes, où Jamel Debbouze, Roschdy Zem,
Sami Bouajila, Samy Naceri et Bernard
Blancan, reçoivent un Prix d'interprétation
collectif.
Avant de s'atteler à la suite de cette fresque
historique, il tourne dans des conditions plus
modestes London River, plaidoyer pour le
dialogue entre les cultures dans le monde de
l'après-11 septembre. Présenté à Berlin, le
film vaut à Sotigui Kouyate le Prix
d'interprétation masculine.
Après Indigènes, le réalisateur d'origine
algérienne entame en 2010 une nouvelle
étape dans son travail de mémoire sur les
relations entre la France et l'Afrique du Nord
avec Hors-la-loi, centré cette fois-ci sur la
guerre d'Algérie. Rachid Bouchareb retrouve
à cette occasion la plupart des acteurs du
casting d'Indigènes.
5. Présenté en compétition au Festival de
Cannes, le film ne manque pas de créer la
polémique en commençant son récit par le
massacre de Sétif de 1945. Quatre ans
plus tard, le cinéaste livre La Voie de
l'ennemi, un drame sur fond de
vengeance pour lequel il fait appel à deux
monstres sacrés du cinéma américain
: Forest Whitaker et Harvey Keitel. Le natif
de Paris change radicalement de registre
pour son nouveau film, la comédie
policière Le Flic de Belleville (2018),
avec Omar Sy et Luis Guzmán.
En 2022, Rachid Bouchareb revient au
drame avec Nos frangins, qui revient sur
l'affaire Malik Oussekine, survenue en
décembre 1986. Pour l'occasion, le
metteur en scène s'entoure des
comédiens Reda Kateb, Lyna
Khoudri, Raphaël Personnaz et Samir
Guesmi.
6.
7. Acteurs et actrices
Reda Kateb Lyna Khoudri
Raphaël
Personnaz
Samir Guesmi
Lais
Salameh
Gérard
Watkins
Wabinl
é
Nabié
8. Reda Kateb
Reda Kateb débute sa carrière d'acteur dans le
monde du théâtre et joue à la fois de grands
classiques, mais aussi des pièces contemporaines.
Après un passage dans la série Engrenages en
2008, Jacques Audiard le remarque et lui propose un
rôle dans Un prophète (2009. L'acteur enchaîne
ensuite avec le film choral Qu'un seul tienne et les
autres suivront, premier long métrage remarqué de
Léa Fehner.
En 2010, Reda Kateb change de registre avec la
comédie douce-amère Pieds nus sur les limaces, où
figurent aussi Ludivine Sagnier et Diane Kruger.
L'acteur revient quelques temps à la télévision dans
Mafiosa, où il rencontre l'actrice-réalisatrice Hélène
Fillières. Il la retrouve pour le film A moi seule (2011)
de Frédéric Videau. Dans le drame policier Trois
Mondes (2012), il se voit confronté à Raphaël
Personnaz et à Clotilde Hesme.
2013 est une année affermissant encore davantage
sa notoriété puisqu'il est à l'affiche de sept long
métrages, dont Zero Dark Thirty où il campe avec
brio un terroriste torturé par Jason Clarke, et le film
choral Gare du Nord dans lequel il tombe amoureux
de Nicole Garcia à l'intérieur de la célèbre gare
parisienne. L'année suivante, Reda Kateb intègre
avec brio le difficile milieu hospitalier dans
Hippocrate pour lequel il remporte le César du
Meilleur second rôle masculin.
9. A l'aise dans de nombreux registres, le
comédien sera prochainement à l'affiche de
deux drames français, Les Chevaliers blancs
de Joachim Lafosse et Arrêtez-moi là de Gilles
Bannier, ainsi que dans Les Beaux Jours
d'Aranjuez où il est dirigé par un cinéaste de
prestige, l'Allemand Wim Wenders.
En 2017, il incarne un homme qui, à sa sortie
de prison, cherche à avoir son propre bar dans
Les Derniers Parisiens réalisé par les rappeurs
Hamé et Ekoué. Pour l'occasion, il retrouve
Slimane Dazi après Un prophète. Cette même
année, Reda Kateb se glisse dans la peau du
rôle-titre du biopic Django.
Habitué aux films de gangsters, le comédien
campe également un inspecteur de police
déterminé dans Frères ennemis en 2018, aux
côtés du Belge Matthias Schoenaerts qui lui
incarne un malfrat traqué.
Début 2019, l'acteur prolifique rejoint François
Civil, Omar Sy et Mathieu Kassovitz dans Le
Chant du loup, un film de sous-marin. Dans
Hors Normes, Reda Kateb donne la réplique à
Vincent Cassel. Dans cette comédie tendre
mise en scène par les réalisateurs
d'Intouchables (Eric Toledano et Olivier
Nakache), les deux acteurs jouent deux
éducateurs d'enfants et d'adolescents autistes.
10. Lyna Khoudri
Lyna Khoudri est née à Alger en 1992 d'un père
journaliste et d'une mère professeur de violon. Elle
grandit dans une famille qui aime la culture, chose
très mal vue par les groupes islamistes qui sévissent
durant cette époque de guerre civile.
La future comédienne se réfugie alors en France
avec ses parents. Elle se passionne pour le théâtre,
obtenant une licence en arts du spectacle. Lyna
intègre ensuite le théâtre national de Strasbourg.
Lyna fait ses premiers pas à la télévision dans des
séries TV comme Joséphine, ange gardien ou Deux
flics sur les docks. En 2017, à 25 ans, l'actrice se
révèle dans Les Bienheureux de Sofia Djama. Dans
ce film, qui fait écho à sa propre histoire, Lyna
interprète Feriel, fille du personnage campé par Sami
Bouajila. Se situant quelques années après la guerre
civile algérienne, l'oeuvre évoque la perte des
illusions d'un peuple qui se referme sur lui-même.
Grâce à sa performance, Lyna remporte le prix
Orizzonti de la meilleure actrice à la Mostra de
Venise 2017. Ce rôle engagé, qui met notamment en
avant les femmes algéroises, permet à l'actrice de
recevoir de nombreuses propositions. Entre-temps,
la jeune comédienne s'implique dans l'association
1000 visages, créée par la réalisatrice de Divines,
Houda Benyamina. Cette organisation aide les
jeunes issus de milieux défavorisés à se faire une
place dans les métiers du cinéma.
11. Après une apparition dans Luna en 2018, Lyna
décroche le premier rôle de Papicha. Lyna Khoudri
incarne Nedjma, 18 ans, étudiante habitant la cité
universitaire. Elle rêve de devenir styliste. À la nuit
tombée, elle se faufile à travers les mailles du
grillage de la Cité avec ses meilleures amies pour
rejoindre la boîte de nuit où elle vend ses créations
aux "papichas", jolies jeunes filles algéroises.
Après cette expérience, Lyna retourne du côté du
petit écran en intégrant le prestigieux casting de la
série politique Les Sauvages, créée par Rebecca
Zlotowski. L'histoire est centrée sur deux familles
issues de l'immigration algérienne. L'une est menée
par Idder (Roschdy Zem), élu président de la
République, et l'autre, prolétaire, par la matriarche
Rabia (Carima Amarouche). Lyna y interprète Louna,
la fille de Rabia, s'associant dangereusement avec
des identitaires.
Lyna Khoudri rejoint par la suite le casting de Hors
Normes, nouveau long-métrage des réalisateurs
d'Intouchables, Eric Toledano et Olivier Nakache.
Elle y donne la réplique à Vincent Cassel et Reda
Kateb. Elle sera également à l'affiche du prochain
film d'Abdel Raouf Dafri baptisé Qu'un sang impur.
Lyna côtoiera aussi Bill Murray et Timothée
Chalamet dans The French Dispatch, le nouveau
Wes Anderson.
12. Critiques
« Un assassinat peut en cacher un autre ... Dans la nuit du 5 au 6 décembre
1986, Malik Oussekine est battu à mort par les forces de l'Ordre. La même
nuit, à Pantin, Abdel Benyahia est abattu par un policier ivre. Deux affaires
qui n'ont rien à voir mais qui se situent au moment des grandes
manifestations contre le projet de loi Devaquet. Montrer pourquoi l'un de ces
meurtres provoque un scandale national alors que l'autre n'est révélé que
tardivement, pour éviter un fâcheux amalgame pour le ministère de l'intérieur
est l'idée de départ de Nos frangins et, ne serait-ce que le devoir de
mémoire mérite de la saluer. Le réalisateur, Rachid Bouchareb, tient d'abord
à contextualiser le film, avec force images d'archives (qui ne sont vraiment
pas à l'avantage du gouvernement de l'époque, et pour cause), tout en
s'attachant à la douleur et à l'incompréhension des familles meurtries.
Certains pourront reprocher au film de ne pas avoir de réel point de vue
mais celui-ci existe pourtant, sous-jacent et pleinement exprimé par les
dernières images et la chanson de Renaud qui a donné son titre au long-
métrage. Certes, cette sorte d’œuvre chorale semble parfois avoir du mal à
trouver son unité (le personnage du membre de l'IGS, interprété par
Raphaël Personnaz, n'a pas suffisamment de temps pour exister vraiment)
mais la force du jeu de Reda Kateb, Samir Guesmi et Lyna Khoudri est
suffisante pour pallier une mise en scène que l'on pouvait attendre plus vive.
Et l'hommage à ces deux martyrs de la violence policière reste un geste
nécessaire et salutaire dans une démocratie telle que la notre. »
Allociné Traversay 1
13.
14. « Un grand film, un hommage
magnifique et bouleversant à Malik et
Abdel
Les acteurs sont d'une justesse totale
et la mise en scène de Rachid
Bouchareb est d'une grande
élégance »
Alice L Alociné
« Film émouvant et réussi qui nous
permet de découvrir les deux drames
qui ont enflammé la France à juste titre
Hier comme aujourd’hui, les violences
policières sont toujours dirigées vers
les mêmes victimes »
Jean L.
« Nos frangins raconte les deux drames qui
se produisent une nuit de décembre en 1986.
Une nuit où à deux reprises, la police dérape
et commet une bavure. Cet épisode survient
alors en plein mouvement social et va mettre
le feu aux poudres. Cette affaire, aussi
connue sous le nom de Malik Oussekine est
donc racontée. C’est brillant. C’est
bouleversant. «
Arthur Boudry
15.
16.
17. Tourné à Bordeaux, « Nos Frangins », le film sur l’affaire
Malik Oussekine, représentera l’Algérie aux Oscars
Le réalisateur a tourné une
grande partie du film, soutenu par
la Région Nouvelle-Aquitaine et
le Département de la Gironde, à
Bordeaux et Sainte-Foy-la-
Grande
En novembre 2021, le cinéaste
Rachid Bouchareb a planté ses
caméras pendant plusieurs
semaines à Bordeaux, pour une
reconstitution d’un fait divers qui
a marqué la France des années
1980 : « Nos Frangins » relate
l’affaire Malik Oussekine, du nom
de cet étudiant de 22 ans qui, le
6 décembre 1986, en marge de
manifestations, a été bastonné et
tué par un escadron de la police
motorisée envoyé par le ministre
de l’Intérieur de l’époque, Charles
Pasqua.