2. Elle est née en 1949 à Kenadsa au sein d'une famille saharienne,
vivant modestement dans l'extrême sud de l'Algérie. Elle effectue
des études à Oran, puis à Paris. Devenue Médecin, spécialiste en
néphrologie, elle s'installe à Montpellier en 1979.
Malika Mokeddem acquière la nationalité française en 1982. Elle
arrête l'exercice de sa profession en 1985 pour se consacrer à la
littérature. Dans le sillage d’Assia Djebar, elle s'illustre parmi les
auteures d'origine algérienne et d'expression française.
3. Elle obtient le Prix Littré en 1991
pour Les hommes qui marchent édité
par Ramsey. L'héroïne de ce récit,
Leïla, aînée d'une fratrie, se bat
pour pouvoir poursuivre des études
et intégrer la faculté de médecine.
Comme Leïla, ou Sultana, l'héroïne
de son roman L'interdite, Malika
Mokeddem ne cesse de se battre
pour que toutes les femmes puissent
étudier et être libérées de
l'oppression qu'elle subissent de la
part des hommes.
Ses livres sont animés par l'amour et
la violence avec lesquels elle mène
ce combat. La transe des insoumis,
un ouvrage paru en 2003, est
également émarqué par son propre
parcours, contant la rupture avec sa
famille, qui lui préparait un avenir
de femme au foyer et un mariage, la
rupture avec l'Algérie de la décennie
noire, la rupture avec un mari après
dix-sept ans de vie commune.
4. Les Hommes qui marchent (Ramsay, 1990)
Le Siècle des sauterelles (Ramsay, 1992)
L'interdite (Grasset, 1993)
Des rêves et des assassins (Grasset, 1995)
La Nuit de la lézarde (Grasset, 1998)
N'zid (Seuil, 2001)
La transe des insoumis (Grasset, 2003)
Mes hommes (Grasset, 2005)
Je dois tout à ton oubli (Grasset, 2008)
La désirante (Grasset, 2011)
5.
6.
7.
8.
9. "Comment a-t-elle donc fait pour oublier cette scène pendant tant
d'années ? La question l'effleure à peine. Selma est déjà emportée par
ce qu'elle avait enfoui et qui resurgit soudain dans toute sa violence".
Après deux textes autobiographiques, La Transe des insoumis et Mes
Hommes, Malika Mokeddem emprunte ici la voie du roman pour explorer
un pan douloureux de sa mémoire qui a trait à la relation avec sa mère.
10. Une lecture assez agréable.
Si le début est un peu fade et déprimant,
l'histoire prend de l'ampleur au gré des
souvenirs et des réflexions de l'héroïne.
Selma est partie de chez elle, dans le
désert algérien, pour étudier, puis
travailler et envoyer comme une bonne
fille son salaire à sa famille. Mais elle
n'était déjà plus vraiment là avant de
partir, le monde où elle est née ne lui a
jamais vraiment convenu et un évènement
de son enfance, que son esprit a oublié
pendant 50 ans, va contribuer à creuser
l'écart entre elle et sa famille, notamment
sa mère.
De l'Algérie, on voit les bons et les
mauvais côtés : la vie des gens dans le
désert, l'évocation du monde macho-
musulman, mais ce sont les mets
culinaires en fin de roman qui m'ont fait
rêvé et salivé (j'essaierai de faire un
mkhalaa un jour, c'est obligé).
Un livre un peu lent, mais intéressant à
tous points de vue :)
Babelio
11. Ce livre est une réflexion sur la relation mère/fille, dans un contexte très
particulier : mère algérienne qui vit dans le désert et fille émancipée,
devenue européenne. Il est aussi prétexte à la présentation et à la critique
des us et coutûmes algériens : mariage organisé des filles, dépendance et
obéissance des femmes, ... Autant de sujets passionnants traités par
quelqu'un les connaissant bien. Malgré tout, je n'ai réussi qu'à survoler
cette histoire. Jamais, je n'ai pu y entrer. Souvent on s'identifie aux
personnages, ou l'on compatit. Ici, rien. Je ne nie pas les souffrances de
Selma et de sa famille, mais j'y suis resté insensible. Pourquoi ? Je ne
saurai vraiment le dire. Peut-être le style de l'auteure, peut-être la forme
du livre (mi-roman-mi-récit) ? Je ne doute pas cependant qu'il puisse
intéresser beaucoup de lecteurs, parce qu'il m'en reste l'idée d'un livre de
qualité à côté duquel je suis passé.
YvPol
12. « La main de la mère qui saisit un oreiller blanc et l’applique sur le visage du
nourrisson… » Cette scène d’une violence absolue obsède la narratrice, le docteur
Selma Moufid, sans qu’elle comprenne si c’est un fantasme ou si cela a eu lieu. Cette
image occultée depuis l’enfance va entraîner Selma dans son désert natal et lui faire
revivre des moments qu’elle voulait oublier. C’est avant tout la relation à sa mère que
ce roman met en question. Il s’agit de combattre de vieux fantômes et de comprendre
pourquoi la culpabilité a inhibé le souvenir pendant tant d’années. Selma raconte les
voyages qu’elle a entrepris pour enfin parler avec sa mère, pour tenter de briser le
silence. Cette confrontation la renvoie à une réalité cruelle : si sa génitrice n’est
qu’une pâle figure de Médée, d’autres femmes l’ont précédée dans ce rôle qu’elles
s’évertuent à perpétrer pour ne pas enfreindre les tabous qui les ligotent… Un roman
très fort de Malika Mokeddem où, pour la première fois, elle analyse la relation avec
sa mère dont elle fait un ressort romanesque extrêmement émouvant.
Grasset