2. Sypnosis
Un village pillé, une famille en fuite et deux
enfants perdus sur les routes de l’exil...
Kyona et Adriel tentent d’échapper à ceux qui
les traquent pour rejoindre un pays au régime
plus clément.
Au cours d’un voyage initiatique qui les
mènera de l’enfance à l’adolescence, ils
traverseront de multiples épreuves, à la fois
fantastiques et bien réelles pour atteindre leur
destination.
3.
4. Florence Miailhe
Florence Miailhe (née en 1956 à
Paris) est une réalisatrice française.
En 1980, elle sort diplômée de
l'École nationale supérieure des arts
décoratifs, spécialisation gravure.
Après avoir été maquettiste pour la
presse tout en continuant la peinture
et la gravure, elle réalise son premier
court-métrage Hammam en 1991.
Elle reçoit notamment le César du
meilleur court-métrage en 2002 pour
Au premier dimanche d'août et la
mention spéciale au Festival de
Cannes en 2006 pour Conte de
quartier.
Elle réalise ses animations à base de
peinture, de pastel ou de sable,
directement sous la caméra en
procédant par recouvrement.
Ces techniques sont connues sous le
nom de peinture animée et
d'animation de sable.
5. Le mouvement et les corps sont aussi
essentiels dans son œuvre, de même
que la musique composée par Denis
Colin qu'il crée une fois l'animation
terminée. Elle a aussi travaillé avec
l'écrivaine Marie Desplechin pour
Schéhérazade et Conte de quartier.
Elle reçoit un Cristal d'honneur, à
l'occasion du 39e Festival international
du film d'animation d'Annecy 2015.
En 2007, Florence Miailhe débute
l'écriture d'un long-métrage en
résidence à l'Abbaye de Fontevraud.
Co-écrit avec Marie-Desplechin, La
Traversée reçoit en 2010 le prix du
meilleur scénario au Festival Premiers
Plans à Angers. Le scénario est
également lauréat de la Fondation Gan
pour le cinéma à la suite de sa lecture
par Isabelle Carré à Fontevraud en
2017.
9. Critiques
Florence
Miailhe :
« Je
voulais
raconter la
permanen
ce de
l’histoire
des
migrations
»
L’histoire personnelle est celle de Florence Miailhe,
héritée d’abord de ses arrière-grands-parents, juifs
d’Odessa qui, en 1905, ont fui les pogroms et
l’Ukraine, avec leurs neuf enfants. Puis de sa mère,
envoyée seule avec son jeune frère sur les routes
de France, en 1940, pour gagner la zone libre.
« Je n’avais pas réellement ressenti l’envie de
raconter cette histoire dont je ne connaissais pas les
détails, précise la réalisatrice. Et c’est en 2005,
quand on a commencé à parler des migrations
subsahariennes que l’écho s’est produit. La
permanence de l’histoire des migrations, c’est cela
que je voulais raconter. J’ai commencé à y réfléchir
en 2006, en me projetant pour la première fois dans
un format long. Etait-ce possible ? La réponse a été
oui quand m’est venue l’idée des chapitres : créer
six ambiances, comme s’il s’agissait de six courts-
métrages rassemblés. »
Le Monde
10.
11. Le Monde
Dans la lancée, elle fait appel à
l’écrivaine Marie Desplechin, complice de
longue date qui fut sa coscénariste sur
trois de ses huits courts-métrages,
Schéhérazade (1995), Histoire d’un
prince devenu borgne et mendiant
(1996), Conte de quartier (2006).
Rapidement, elles décident d’abandonner
toute référence historique et
géographique. « Nous voulions écrire
une histoire intemporelle dans des lieux
qui ne soient pas directement
identifiables. L’animation le permet. »
Elles choisissent aussi de concentrer leur
récit sur une sœur et un frère, Kyona et
Adriel, proches figures de Hansel et
Gretel. Le conte guide leur travail. « Nous
avons construit la narration sur des
“chapitres” qui correspondent chacun à
un domaine du conte et simultanément à
une situation actuelle des chemins d’exil.
Ainsi, les enfants des rues sont évoqués
comme des “frères corbeaux”, la vieille
femme qui recueille Kyona dans la forêt
comme une Baba Yaga, le couple des
12. Fruit d’une longue gestation, le premier long métrage
de Florence Miailhe dépeint l’exil de deux enfants
dans un conte migratoire tout en fluidité et en
métamorphoses.
Grande figure de l’animation, Florence Miailhe signe
depuis le début des années 90 un cinéma hyper
plastique, où le sable, le pastel et surtout la peinture
prennent vie en des courts métrages funambules,
vaporeuse exploration de bains réservés aux femmes
(Hammam, 1991) ou ronde endiablée d’un bal de
campagne (Au premier dimanche d’août, 2000).
Sa technique de peinture directe à même les plaques
de verre placées sous l’objectif d’une caméra
multiplane l’avait jusqu’alors dissuadée de faire le
saut vers le long métrage, jusqu’à cette Traversée aux
allures d’odyssée, tant le film a mis du temps à voir le
jour. Le projet trouve sa source dans le réveil d’un
souvenir. En 2006, des images de migrants tentant de
gagner l’Europe (l’époux de Miailhe est alors
photojournaliste pour l’agence Magnum) ravivent chez
la cinéaste le trauma familial de l’exode à travers
l’Europe de ses grands-parents, juifs d’Odessa.
Rapidement écrit avec Marie Desplechin, il faut dix
ans au film pour être mis en chantier, une fois les
financements réunis.
Libération
13. Aussi belle que singulière, La Traversée est avant tout
une œuvre unique conçue sur plaque de verre, une
méthode de peinture animée directement sous la
caméra qui donne au spectateur l'impression que le
dessin se réalise en direct sous ses yeux.
Le long-métrage a été conçu sur plaque de verre, une
méthode de peinture qui s'anime directement sous la
caméra, ce qui reste assez rare de nos jours dans le
milieu de l'animation. Les grands films qui mettent en
valeur cette technique aussi artisanale que poétique,
sont souvent issus du court métrage comme La Rue
(1976) réalisé par la Canadienne Caroline Leaf, ou bien
Le vieil homme et la mer (1999) du réalisateur russe
Alexandre Petrov.
Si l'intrigue du film est dure, elle est traitée sans
manichéisme. Dans ce défilé d'adultes exploitant la
détresse des petits migrants, quelques personnages
solides et bienveillants laissent toujours entrevoir
l'espoir. Et le final laisse entrevoir un coin de ciel bleu...
Le figaro