5. Julie Manet
Julie Manet voit le jour en 1887,
sa mère Berthe Morisot est la
pionnière de l'impressionnisme.
Son oncle est Edouard Manet, et
ses deux protecteurs dans la vie
sont Auguste Renoir et Edgar
Degas.
Petite fille choyée, elle grandit
sous le pinceau de sa mère, de
son oncle et de la famille Manet.
À 9 ans, Renoir fait son portrait.
"On imagine bien Berthe Morisot
et son ami Auguste Renoir
discutant de la manière de
restituer la personnalité de cette
petite fille", explique Marianne
Mathieu, directrice scientifique du
musée Marmottan Monet.
6. À 16 ans, Julie pose en robe de
deuil, elle vient de perdre ses
parents. Les artistes de son temps
vont la protéger. Elle épouse
Ernest Rouart qui ne manquera
pas non plus de peindre "cette
beauté magique, le modèle idéal".
"On jouait aux fléchettes sur les
tableaux et on tirait à la carabine
sur les toiles de maître", raconte
Jean-Marie Rouart, le petit-neveu
de Julie Manet.
7. Biographie Julie Manet, née à Paris en1878 et morte
dans la même ville en1966, est une artiste
peintre et une collectionneuse française
d'œuvres d'art.
Elle posa tout le long de sa vie pour sa mère
et pour d'autres peintres impressionnistes.
Le 29 mai 1900, elle épouse Ernest Rouart,
peintre et fils du peintre Henri Rouart. Le
mariage, célébré à Passy, est une double
cérémonie au cours de laquelle sa cousine
Jeannie Gobillard épouse Paul Valéry. De
son mariage avec Rouart elle a trois enfants
: Julien (né en 1901), Clément (né en 1906)
et Denis (né en 1908).
Elle a écrit un Journal qui donne un aperçu
de la vie des peintres français de son temps
(notamment Renoir, Degas, Monet et Sisley)
ainsi que de l'affaire Dreyfus et de la visite
du tsar de Russie Nicolas II en 1896.
Elle meurt en 1966 dans l'immeuble que sa
mère a fait construire, dont elle a hérité et
que Paul Valéry a aussi habité.
8. Son visage rond et doux, sa silhouette menue
et ses longs cheveux châtains ne vous sont
certainement pas inconnus. À travers une
centaine d’œuvres signées pour la majorité par
les plus grands noms de l’impressionnisme,
l’exposition revient sur la vie de Julie Manet,
fille unique de la pionnière de
l’impressionnisme Berthe Morisot.
L’enfant grandit sous les pinceaux de sa mère
et de ses amis (Degas, Monet, Pissarro) qui
font d’elle un modèle d’exception.
Avec son mari, le peintre Ernest Rouart, Julie
Manet entame dès lors une brillante carrière
de collectionneuse, réunissant des toiles des
plus grands maîtres de l’histoire de l’art du
XVIIe à ses contemporains, de Nicolas
Poussin à Paul Gauguin en passant par
Eugène Delacroix et Camille Corot.
Gardienne de la mémoire impressionniste,
Julie reste fidèle au mouvement qui l’a vu
naître, et acquiert à l’aube de ses 80 ans, un
grand Nymphéa de Monet. Une vie entière
dictée par l’amour de l’art, tracée dans le
sillage de ses parents.
9. Julie au violon,1893-Berthe Morisot
Julie rêveuse ou lisant un livre, Julie au
violon ou la mandoline, Julie cueillant
des oranges ou cueillant des cerises,
Julie avec le lévrire Laërte ou avec sa
perruche, en robe blanche ou au
chapeau Liberty, elle prête sa
jeunesse, son délicieux visage, sa
grâce nostalgique au pinceau exigeant
de Berthe, qui la fait poser sans trêve
et trouve en elle son inspiration.
A Pris comme en vacances, sur les
rives du lac du bois de Boulogne ou
sur les hauteurs de Nice, à Mézy ou à
Bougival, seul le paysage change: une
même silhouette juvénile et tendre
semble y poursuivre le bonheur.
10. Peintre, Julie Manet le fut dès son
enfance. "Elle qui délaisse en ses jeux, le
violon pour une toile", écrit le poète
Stéphane Mallarmé, devenu le tuteur de
Julie Manet à la mort du père de celle-ci.
Avec sa touche caractéristique, Berthe
Morisot aimait rendre compte de
l'attention créative de la petite Julie,
comme dans cette scène saisie comme
un instantané, de l'enfant jouant auprès
de son père Eugène Manet dans le jardin
de Bougival. Peintre, Julie Manet le fut
dès son enfance.
"Elle qui délaisse en ses jeux, le violon
pour une toile", écrit le poète Stéphane
Mallarmé, devenu le tuteur de Julie Manet
à la mort du père de celle-ci. Avec sa
touche caractéristique, Berthe Morisot
aimait rendre compte de l'attention
créative de la petite Julie, comme dans
cette scène saisie comme un instantané,
de l'enfant jouant auprès de son père
Eugène Manet dans le jardin de Bougival.
11. Contrairement à Berthe Morisot
qui reçut une formation artistique
classique, Julie Manet est initiée
à la peinture par sa seule mère,
posant son chevalet à ses côtés
pour imiter sa touche et
reprendre ses motifs.
Julie Manet bénéficie également
des leçons particulières
d'Auguste Renoir. Le maître
guide son regard et l'éveille à
l'art de la composition : "Ne pas
placer la ligne d’horizon trop
haute dans une toile, mais au
milieu comme étant le point qui
attire le regard…"
Dans le journal intime dont elle
commence la rédaction à l'âge
de dix ans, Julie s'enthousiasme
:
"Je suis contente que M. Renoir
m'ait dit de recommencer. Cela
vous aide de recevoir ses
conseils."
12. L’enfance se ternit lorsque Julie
Manet entre dans l'adolescence. Les
décès successifs de l’oncle
Edouard, de son père Eugène
Manet et de Jules de Jouy, son
parrain, font de Julie "la dernière des
Manet".
En 1895, Berthe Morisot s'éteint à
son tour. Orpheline, Julie Manet ne
connaîtra cependant pas la solitude.
Elle emménage dans un immeuble
construit par ses parents avec ses
cousines Jeannie et Paule Gobillard
qui, comme elle, ont perdu leurs
parents.
Le trio surnommé "l'escadron volant"
entretient une relation fusionnelle,
allant dans tout Paris, des cours de
musique aux ateliers de copie au
Louvre.
13. C’est à cette période que Julie pratique la peinture avec le plus d’assiduité,
sous le regard bienveillant de Renoir. Le double portrait de ses cousines,
Portraits de Jeannie au piano et de Paule l’écoutant, exposé à Marmottan
Monet, est "l’une de ses toiles les plus ambitieuses et les plus accomplies",
estime Marianne Mathieu, directrice scientifique du musée. Plusieurs œuvres
de Julie Manet seront exposées, notamment au Salon des Indépendants en
1896 et 1898.
14. Au tournant du siècle, Julie Manet
épouse Ernest Rouart que lui a
présenté Degas, et sa cousine
Jeannie, Paul Valéry, rencontré par
l'intermédiaire de Mallarmé. Mariée,
Julie, tout en continuant de peindre,
n'a plus l'ambition d'exposer ses
toiles. Celles-ci, toujours discrètes
par leurs sujets intimes, sont
d'ailleurs souvent non signées. Unis
par les liens du mariage et de l'art,
elle et son mari se lancent dans une
autre aventure artistique : celle de la
collection et promotion des œuvres
impressionnistes.
15. Julie Manet entame alors une
brillante carrière de collectionneuse,
réunissant avec son mari, le peintre
Ernest Rouart, des toiles des plus
grands maîtres de l’histoire de l’art du
XVIIe à ses contemporains, de
Nicolas Poussin à Paul Gauguin en
passant par Eugène Delacroix et
Camille Corot.
Surtout, la protégée des
impressionnistes va rester fidèle au
mouvement qui a éveillé en elle
l'amour de la peinture.
Pour en fixer la mémoire, Julie Manet
rassemble les œuvres "dans le goût"
de celles de sa mère et de son oncle,
rachète certains tableaux vendus par
sa famille, organise des expositions,
et offre plusieurs chefs-d'œuvre à
des institutions afin qu'ils soient mis
en valeur.
C'est notamment ce précieux fonds
impressionniste constitué par les
époux Rouart que met en lumière le
musée Marmottan Monet.
16.
17. Méticuleuse et prévoyante, Julie Manet parvient à convaincre les musées français, du
Louvre parisien aux institutions des beaux-arts lyonnais ou toulousains, d'accepter le don
de toiles de Berthe Morisot. Ce faisant, elle veillait à ce que l'apport de sa mère, essentiel
au développement du mouvement impressionniste, ne soit jamais oublié. Peu de temps
avant sa mort, Julie Manet fait d'ailleurs publier le premier catalogue raisonné dédié à la
peinture de Berthe Morisot. Sa vie durant, Julie Manet s'est ainsi fait l'ange gardien des
impressionnistes, acquérant, quelques années avant sa mort, un grand Nymphéa de
Monet, que la postérité élira comme l'une des œuvres les plus populaires du courant.
18. Aussi, si elle n'en était pas
l'une des principales
créatrices, Julie Manet a eu
un rôle déterminant dans la
visibilité des impressionnistes
et leur inscri
ption dans l'histoire de l'art.
En particulier celle de sa
mère, longtemps négligée -
reconnaissant son talent,
Edouard Manet avait même
écrit, dans une lettre
adressée à Fantin-Latour,
regretter que Berthe Morisot
ne soit pas un homme pour
contribuer au retentissement
du nouveau mouvement.
Grâce au dévouement de sa
fille, son œuvre n'est
heureusement pas totalement
restée dans l'ombre de celle
du peintre du Déjeuner sur
l'herbe.