2. La Fondation Cartier, un lieu dédié à la création contemporaine. Créée en 1984 par la Maison Cartier, la
Fondation Cartier pour l’art contemporain constitue un exemple singulier de mécénat d’entreprise.
Installée à Paris depuis 1994 dans un bâtiment construit par l’architecte français Jean Nouvel, la
Fondation Cartier développe une programmation d’expositions d’art contemporain à l’identité forte et
ouvre régulièrement ses portes à des thèmes rarement traités dans les musées. Résolument
pluridisciplinaire, elle entraîne le visiteur vers des territoires inattendus et provoque des rencontres
surprenantes entre artistes, scientifiques, philosophes, musiciens et architectes.
7. Biographie
0 Mirdidingkingathi Juwarnda Sally
Gabori, née vers 1924, morte en 2015,
est une artiste australienne aborigène
qui a commencé à peindre à 81 ans,
avec des créations atypiques par
rapport aux œuvres traditionnelles ou
contemporaines des peuples
aborigènes d'Australie.
0 Sally Gabori est née vers 1924 à
Mirdidingki, sur le côté sud de l'île
Bentinck situé elle-même au sud du
golfe de Carpentarie, dans l'État
australien du Queensland.
0 Jeune femme, elle mène un mode de vie
traditionnel sur l'île Bentinck,une île
largement épargnée par l'influence des
Européens. Elle se nourrit, notamment
de coquillages, grâce au système
complexe de pièges à poissons en
pierre que son peuple a construit dans
les bas-fonds autour de l'île.
8.
9. 0 Le nom tribal de Gabori est Mirdidingkingathi
Juwarnda. Juwarnda signifie « dauphin », son
signe totémique, et Mirdidingkingathi signifie
« né à Mirdidingki », une petite crique située
sur le côté sud de l'île Bentinck. Le nom anglais
Gabori vient de son mari Pat Gabori, et est une
corruption du nom de son lieu de naissance,
Kabararrjingathi.
0 Sally Gabori, son mari et ses enfants quittent
leur île de naissance en 1948.
0 Une réinstallation partielle de la communauté
insulaire se fait sur l'île Bentinck en 1986. Mais
Sally Gabori et sa famile n'y retournent pas, car
son mari a alors une santé trop délicate et
l'offre de soins sur place n'est pas adaptée.
0 En 2005, alors qu'elle a 81 ans, Sally et Pat
Gabori vivent dans le foyer pour personnes
âgées de Gununa, sur l'île Mornington. Un
atelier, le Mornington Island Arts and Crafts
Centre est créé sur l’île pour produire et
commercialiser de l'artisanat traditionnel, dont
les tissages réalisés par Sally Gabori. Celle-ci se
voit aussi proposer de créer des peintures pour
la première fois lors d'un atelier en avril 2005.
La communauté Kaiadilt n'a aucune tradition
iconographique bidimensionnelle. Mais Sally
Gabori s'inspire librement de la mémoire et des
couleurs de son pays, un pays dont elle parle la
langue et dont elle chante les airs, en créant.
10.
11. 0 Ces œuvres n'ont rien de commun avec
l'iconographie traditionnelle
australienne aborigène . En 2013, ses
travaux sont sélectionnés pour deux
grandes expositions collectives
internationales, l’exposition sur
l’Australie à la Royal Academy of Arts à
Londres, mais aussi dans le cadre de la
55e Biennale de Venise.
0 Ses œuvres ont été décrites comme
s’apparentant à l'expressionnisme
abstrait, un mouvement artistique dont
elle n’avait pas connaissance, avec
souvent de grands aplats de couleur et
des recouvrements entre ces couleurs
dont elle joue. Par contre, lorsque
l'artiste australien indigène Melville
Escott a regardé la première peinture
de Gabori, il y discerne, pour sa part,
« la rivière, le banc de sable, les
ondulations que les poissons laissent
sur l'eau, le pays de son frère le roi
Alfred et les pièges à poissons dont elle
s'occupait ».
0 L'enthousiasme de Sally Gabori pour la
peinture s'accroît : elle peint cinq jours
par semaine, tous les jours où le centre
est ouvert, et jusqu'à six toiles, souvent
de grande taille, par jour jusqu'en 2012,
où elle se sent trop fatiguée pour
continuer à produire.
12.
13. Vers la fin de son parcours d’artiste, Sally Gabori peint avec deux de ses filles. Au cours des huit
courtes années de sa carrière de peintre, elle produit plus de 2 000 peintures, et presque toutes les
grandes institutions australiennes ont acquis certaines de ses œuvres. Ses œuvres figurent aussi dans
les collections permanentes d’institutions culturelles telles que le Musée du quai Branly, à Paris, ou,
encore, la Galerie nationale d'Australie, entre autres.
Elle meurt en 2015. En Europe, la première grande rétrospective européenne de son oeuvre est
présentée en 2022 à la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain à Paris.