2. Réalisatrice Française née en 1948 à Paris
Quelques mois après la naissance de sa fille à
Paris, la mère de Claire Denis retourne au
Cameroun, où son mari travaille comme
fonctionnaire. Après une enfance passée en
Afrique, la fillette, malade, est contrainte de
rentrer en France. Elle se marie très tôt à un
photographe qui lui suggère de s'inscrire à l'IDHEC,
école dont elle sort diplômée en 1972 après avoir
réalisé plusieurs courts métrages de science-
fiction.
Assistante de réalisateurs tels que Rivette -auquel
elle consacrera plus tard un documentaire-,
Rouffio, Jarmusch ou encore Wenders, Claire Denis
trouve, dans les paysages désertiques du tournage
de Paris, Texas l'inspiration pour son premier long
métrage Chocolat qui est présenté au Festival de
Cannes, nommé aux Césars et acclamé par la
critique américaine
La réalisatrice décroche le Lion d'argent à Venise
en 1996 pour Nénette et Boni, exploration de
Marseille en compagnie d'un pizzaïolo et de sa
soeur fugueuse.
3. Plus tard viendront Beau travail, portrait de la légion étrangère à
Djibouti et L'Intrus, errance entre nord et sud, inspirée d'un récit
du philosophe Jean-Luc Nancy. Après s'être consacrée à deux
projets hors-fiction , elle se lance dans deux longs métrages très
différents : 35 Rhums, évocation d'une tendre relation père/fille,
qui fait sensation à la Mostra de Venise en 2008, et White
Material, tourné dans le Cameroun de son enfance avec un couple
inédit à l'écran : Isabelle Huppert et Christophe Lambert.
L'année 2013 marque le retour de Claire Denis au cinéma et au
Festival de Cannes. Elle y présente dans la sélection Un certain
regard le très noir Les Salauds, dans lequel elle dirige Vincent
Lindon et Chiara Mastroianni.
Quatre ans plus tard, elle engage Juliette Binoche pour Un beau
soleil intérieur. L'histoire se focalise sur Isabelle, divorcée, un
enfant, cherchant un amour. Elle refait appel à l'actrice pour ses
deux prochains longs métrages : le film de science-fiction High
Life, avec la super-star américaine Robert Pattinson, puis le
drame Avec amour et acharnement, avec deux autres de ses
acteurs fétiches, Vincent Lindon et Grégoire Colin.
4.
5. C’est Paris et c’est déjà l’hiver. Sarah et Jean
s’aiment, ils vivent ensemble depuis plusieurs
années. C’est un amour qui les rend heureux
et plus forts. Ils ont confiance l’un en l’autre.
Le désir ne s’est jamais affadi. Un matin,
Sarah croise par hasard François son ancien
amant, ce François qui lui a présenté Jean, ce
François qu’elle a quitté pour Jean sans
hésiter.
7. Actrice française née en 1964 à Paris. Elle
prend ses premiers cours de théâtre avec sa
mère, puis s'installe à Paris où, parallèlement à
sa scolarité, elle s'adonne à ses deux passions
: la peinture et le théâtre. Elle monte Le Roi se
meurt dans son lycée, et s'inscrit à 17 ans au
Conservatoire du Xe arrondissement.
Juliette Binoche, qui a déjà joué Tchekhov ou
Pirandello sur les planches, fait sa première
apparition au cinéma en 1983 dans Liberty
Belle, et obtient rapidement des petits rôles
chez Godard (Je vous salue Marie) et Doillon
(La Vie de famille). En 1985, Rendez-vous de
Téchinél'impose comme l'une des actrices les
plus prometteuses de sa génération.
Récompensée par le Prix Romy-Schneider en
1986, elle donne deux ans plus tard la
réplique à Daniel Day-Lewis dans
L'Insoutenable légèreté de l'être . Egérie de
Leos Carax, qui l'initie à la cinéphilie, elle
tourne Mauvais sang puis Les Amants du
Pont-Neuf (1991).
Après deux films en anglais (Fatale, Les Hauts
de Hurlevent), Bleu de Kieslowski marque, en
1993, une nouvelle étape dans la carrière de
Binoche, qui voit sa prestation saluée par un
César et un Prix d'interprétation à Venise.
8. Grâce à sa composition d'infirmière
dévouée dans Le Patient anglais de
Minghella, elle décroche en 1997 un
Ours d'argent à Berlin et devient la
deuxième Française récompensée par
un Oscar.
En quête de personnages forts et
d'univers romanesques, elle multiplie
les films d'époque, du Hussard sur le
toit (1996) au Chocolat (2001) en
passant par La Veuve de Saint-Pierre.
Aussi crédible en George Sand (Les
Enfants du siècle, 1999) qu'en
esthéticienne gouailleuse (Décalage
horaire, 2002), Juliette Binoche ne
délaisse pas le cinéma d'auteur :
après des retrouvailles avec Téchiné
(Alice et Martin), elle éclaire les
œuvres dérangeantes de Haneke
(Code inconnu en 2000, puis Caché
en 2005) et Ferrara (Mary en 2005).
Curieuse et passionnée, elle prend
part à des films qui abordent des
questions politiques : les crimes de
l'Apartheid (In my country), le sort
des réfugiés (Par effraction) ou le
conflit israélo-palestinien
(Désengagement).
9. Sa stature internationale lui permet
d'apparaître dans des blockbusters (Godzilla,
Ghost in the Shell) ou de travailler avec des
maîtres du cinéma mondial tels que Hou
Hsiao Hsien (Le Voyage du ballon rouge,
2008), Abbas Kiarostami (Shirin, Copie
conforme pour lequel elle obtient le Prix
d’interprétation féminine à Cannes), David
Cronenberg (Cosmopolis, 2012) et les
Japonais Naomi Kawase (Voyage à Yoshino,
2018) et Hirokazu Kore-eda (La Vérité (…),
2019).
Toujours là où on ne l'attend pas, elle s’offre
en 2017 une parenthèse télévisée et joue
avec son image le temps d’un épisode de Dix
pour Cent aux côtés de Camille Cottin,
qu’elle retrouve la même année dans Telle
Mère, telle fille.
Malgré sa popularité hors de nos frontières,
elle démontre sa fidélité à des cinéastes
français tels que Claire Denis (la comédie Un
beau soleil intérieur et le controversé film de
SF High Life), Bruno Dumont (l’austère biopic
Camille Claudel, 1915 et l’extravagant Ma
Loute) et Olivier Assayas (L’Heure d’été, Sils
Maria, Doubles vies).
11. VINCENT LINDON
Vincent Lindon est un acteur, scénariste et
réalisateur français, né en 1959 à
Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais.
Il débute dans le cinéma comme aide-
costumier sur Mon oncle d'Amérique.
Après un séjour aux Etats-Unis et une
expérience de journaliste au quotidien "Le
Matin", il choisit la voie de la comédie.
Vincent Lindon enchaîne bientôt les
seconds rôles dans quelques oeuvres
marquantes des années 80 comme Notre
histoire de Blier en 1984, 37°2 le matin de
Beineix en 1986 ou encore Quelques jours
avec moi de Sautet, dans lequel il incarne
le petit ami de Sandrine Bonnaire, en 1988.
Cette année-là, il est pour la première fois
la tête d'affiche d'un film, L'Etudiante de
Claude Pinoteau.
L'acteur forme avec son vieux complice
Gérard Darmon un tandem de paumés
attachants dans Gaspard et Robinson de
Tony Gatlif en 1990, mais c'est une autre
histoire d'amitié sur fond de chômage qui
apporte à Vincent Lindon la consécration :
La Crise de Coline Serreau.
On le retrouve alors au générique de
plusieurs films à résonance sociale comme
ceux de Pierre Jolivet, le polar Fred et la
comédie Ma petite entreprise, pour
laquelle il est de nouveau nommé au César
en 2000, ou Chaos, nouveau succès de
Serreau.
12. A l'aube des années 2000, Vincent Lindon est l'un
des comédiens les plus sollicités du cinéma
français. En 1997, Benoît Jacquot lui ouvre les
portes du cinéma d'auteur avec Le Septieme Ciel,
radiographie d'un couple dans lequel l'acteur
donne la réplique à Sandrine Kiberlain. Acceptant
un périlleux rôle de travesti dans L'Ecole de la
chair du même Jacquot, il est dirigé par l'exigeante
Claire Denis dans Vendredi soir en 2002.
Avec La Moustache d'Emmanuel Carrère (2005), il
incarne un homme en quête d'identité après avoir
rasé la moustache qu'il a toujours portée. Il campe
de nouveau un personnage sensible avec Selon
Charlie de Nicole Garcia, où il interprète le
séducteur d'un village parmi six autres destins
entrecroisés. Il retrouve l'année suivante Sandrine
Bonnaire pour Je crois que je l'aime, de l'un de ses
réalisateurs fétiches, Pierre Jolivet.
En 2007, il donne à nouveau la réplique à
Emmanuelle Devos (après La Moustache) pour
Ceux qui restent, où tous deux incarnent les
conjoints de personnes malades. Il aborde un
registre plus léger en 2008 en donnant de la voix
pour le film d'animation Chasseurs de dragons, et
traverse ensuite la Manche pour interpréter un
jeune divorcé tombant amoureux de Virginie
Ledoyen dans la comédie romantique Mes amis,
mes amours.
13. L'acteur retrouve Stéphane Brizé en 2018
pour un nouveau film social, En Guerre,
dans lequel il prête sa carrure à un ouvrier
menant son équipe à la grève générale
pour protester contre la fermeture de leur
entreprise. Comédien caméléon, il se glisse
aussi dans le costume du sculpteur Rodin
dans le film de Jacques Doillon. Il reste
dans le registre du film en costumes en
2019 dans Dernier amour de Benoît
Jacquot. Lindon y incarne le célèbre
séducteur Casanova.
Après la comédie Mon cousin où il donne
la réplique à François Damiens, l'acteur fait
une incursion inédite dans le cinéma de
genre avec Titane de Julia Ducournau. Il y
est un pompier adepte de stéroïdes qui
retrouve celui qu'il pense être son fils,
disparu dix ans plus tôt. Échappant aux
étiquettes, Titane fait l'effet d'une bombe
au Festival de Cannes 2021 où il est
présenté en compétition et d'où il repart
avec l'ultime récompense : la Palme d'Or.
Un an après le sacre de Titane, Vincent
Lindon revient sur la Croisette en tant que
président du jury de la 75ème édition.
Entre temps, le comédien a retrouvé
Stéphane Brizé et Sandrine Kiberlain pour
le drame social Un autre monde, qui
observe cette fois l'univers du travail du
côté des cadres financiers. Il campe
ensuite le chef de l’Office central pour la
répression du trafic illicite des stupéfiants
dans Enquête sur un scandale d'état,
inspiré de l'affaire François Thierry.
14. Grégoire Colin
Dès 12 ans, Grégoire Colin se produit sur scène dans
les pièces Hécube d'Euripide et Brûle, rivière, brûle. Il
décroche ses premiers rôles à la télévision mais c'est
L' Année de l'éveil de Gérard Corbiau qui le révèle au
grand public.
Jeune moine orthodoxe dans Before the rain, Lion d'or
à la Mostra de Venise 1991, Grégoire entame avec
Claire Denis une fructueuse collaboration qui
débutera par le téléfilm US Go Home (1994) diffusé
sur Arte et se poursuivra avec les drames Nénette et
Boni (1996), film pour lequel il reçoit le grand prix
d'interprétation masculine au Festival de Locarno,
Beau travail (1999), Vendredi soir (2002) et L'Intrus
(2005).
Dès lors, Grégoire Colin, impose son regard noir et
son physique de jeune premier tourmenté dans bon
nombre de films d'auteur, parmi lesquels Fiesta
(1995) de Pierre Boutron, Secret défense (1998) de
Jacques Rivette, La Vie rêvée des anges (id.) d'Erick
Zonca ou encore Sex is comedy (2002) de Catherine
Breillat.
Grégoire Colin se tourne définitivement vers le cinéma
d'auteur, participant à La Guerre à Paris de Yolande
Zauberman, plongeant dans l'univers surréaliste de
Raoul Ruiz (Le Domaine perdu, 2004), jouant les
Voleurs de chevaux aux côtés d'Adrien Jolivet et
incarnant des personnages des plus inquiétants dans
Exes (2005) et Le Tueur (2007).
15. Il poursuit avec 35 rhums de sa cinéaste
fétiche Claire Denis, qu'il retrouve
dans Les Salauds (2013). Il collabore
aussi trois fois avec Alice Winocour,
pour Augustine (2012), Proxima (2019)
et Revoir Paris (2022).
Menant une carrière discrète et
privilégiant le cinéma d'auteur, Grégoire
Colin incarne Jean
Cocteau Opium d'Arielle Dombasle, puis
apparaît, par le biais de rôles
secondaires, dans Le Prix du
succès, Barbara, L'État
sauvage, Camille, Si le vent
tombe, Passion simple et Mon
légionnaire.
En 2022, Grégoire Colin tourne à
nouveau pour Claire Denis dans Avec
amour et acharnement et se retrouve,
pour l'occasion, pris dans un triangle
amoureux en compagnie de Vincent
Lindon et Juliette Binoche. Cette même
année, il est à l'affiche de Revoir Paris, un
drame sur la mémoire post-traumatique
liée aux attentats signé Alice Winocour,
avec Virginie Efira et Benoît Magimel.
16. Claire Denis est une cinéaste particulière à la filmographie
éclectique au niveau des genres abordés (social, horreur,
science-fiction, drame, ...) mais toujours à sa manière :
singulière, âpre, peu accessible et très exigeante. Il n’est donc
guère étonnant de voir que la plupart de ses films ne plaisent
pas au grand public et n’ont pas de succès en salles. Mais elle a
certainement une base de fans, comme un public de niche, qui
lui permet de continuer à tourner de manière régulière malgré
tout. D’ailleurs, alors que sort « Avec amour et acharnement »,
un autre de ses films, « Stars at noon » était présenté à Cannes
en Compétition en mai dernier. Ici, elle retrouve deux acteurs
avec qui elle a déjà tourné, Juliette Binoche (dans « Un beau soleil
intérieur ») et Vincent Lindon (dans « Les Salauds », entre autres)
qui forme un duo inédit et incandescent auquel on croit. Comme
souvent les deux acteurs sont magistraux et leur association à
l’écran fonctionne très bien et figure la qualité essentielle la plus
évidente de cette œuvre.
Jorik V.Allociné.
17. …Mais ce n’est pas une émotion facile qui
parcourt Avec amour et acharnement. On est
parfois sonné par ce long métrage violent,
dont la caméra est électrique (avec une
photo signée cette fois Eric Gautier) et où
l’on ne craint jamais le ridicule. Le film est
très dialogué, servi à la perfection par
l’ensemble du casting. Mais il laisse
paradoxalement toute une place au non-dit,
au mal dit, aux pointillés et aux mensonges.
Denis et sa co-scénariste Christine Angot
(qui ensemble adaptent un livre de cette
dernière) délivrent une passionnante étude
de couples et de caractères qui ne ménage
jamais ses protagonistes. Ils sont attachants,
ils peuvent être beaux, ils sont aussi
médiocres et décevants. « On est enfermé
dans nos identités », vocifère Jean, ce
dernier ne se rendant même pas compte
qu’il est une caricature de papa universaliste
« qui ne voit pas les couleurs ». Sara, au
micro de la radio où elle travaille, est à
l’écoute du monde, comme une vigie, mais
se retrouve totalement centrée sur elle-
même lorsque ses sentiments débordent.
Il y a pourtant bien un monde autour, que
Denis suggère. Là aussi, difficile de réduire
le long métrage : c’est un film qui peut
parler du monde ou de la France sans que ça
ne soit jamais le propos, c’est un film dont
les protagonistes sont tournés sur eux-
mêmes mais qui dépeint une humanité
comme on ne la voit jamais ailleurs. Et on
sort KO de ce nouveau long métrage par une
cinéaste qui décidément ne ressemble qu’à
elle.
Le Polyester
18.
19. Le tournage a principalement lieu à Paris
Les locaux de la radio RFI