Dans ces temps troubles, avec la mort possible du modèle de la zone euro, les États-Unis sont loin de la récession et son économie va continuer à croître en 2012. Les statistiques économiques que nous considérons être les meilleurs indicateurs avancés de la croissance américaine, sont les indices d’activité ISM manufacturier et non-manufacturier.
Gérant du fonds Nemesis Investment Sicav, Semper Gestion MANUEL DE ACEVEDO
Semper gestion - Perspectives 2012 marché américain
1. Gérant du fonds Nemesis Investment Sicav, Semper
MANUEL DE ACEVEDO
D
ans ces temps troubles,
avec la mort possible du
modèle de la zone euro,
les États-Unis sont loin
de la récession et son
économie va continuer
à croître en 2012. Les statistiques éco-
nomiques que nous considérons être les
meilleurs indicateurs avancés de la crois-
sance américaine, sont les indices d’activité
ISM manufacturier et non-manufacturier.
Ceux-ci, publiés tous les mois, sont basés
sur une enquête réalisée auprès de respon-
sables des achats de plus de 400 entreprises
pour chacun des deux segments. Combi-
nant les indicateurs spécifiques du niveau
des prises de commandes, de la production,
de l’emploi, des livraisons et des stocks, les
chiffres ISM montrent une expansion de
l’activité lorsqu’ils sont au-dessus de 50,
et à l’inverse, une contraction en deçà de
50. A titre d’exemple, la pertinence de ces
indices a été prouvée dès la fin 2007, juste
avant la récession mondiale et l’effondre-
ment des indices boursiers. De fait, en
décembre 2007, l’ISM manufacturier est
passé sous la barre des 50 (à 49) pour la
première fois depuis juin 2003; idem pour
l’ISM non-manufacturier, tombé à 45,3 en
janvier 2008, alors qu’il était toujours au-
dessus de 50 depuis mars 2003.
Actuellement, l’indice ISM manufacturier
està50,8,montranttoujoursuneexpansion
de l’activité industrielle. Lorsqu’on analyse
cet indicateur, l’emploi résiste (53,5) et les
nouvelles commandes ont progressé (52,4).
Le secteur non-manufacturier représente
90% de l’activité aux états-Unis: l’ISM pour
ce segment est donc primordial. Or, pour le
mois d’octobre, celui-ci est à un niveau de
52,9, laissant une marge confortable avant
un ralentissement de l’économie. Il est in-
téressant de noter que les équivalents des
indices ISM pour la zone euro, les chiffres
PMI, sont respectivement à 47,1 et 46,4
(manufacturier et services). Au-delà des
problèmes touchant les dettes souveraines,
ces différences des deux côtés de l’Atlanti-
que sont reflétées par les marchés: l’indice
Eurostoxx 50 est en baisse de 24% depuis
le début de l’année contre 7% pour le S&P
500. Nous croyons que cette tendance de-
vrait s’accentuer en 2012, avec comme
élément amplificateur, l’activité allemande
qui amorce depuis peu un mouvement de
contraction (PMI dans l’industrie à 49,1).
Vertueux.Qu’en est-il du marché du
travail? A fin octobre 2011, l’économie
américaine a créé 1,25 millions d’emplois
pour l’année en cours, soit en moyenne
125000 postes supplémentaires par mois.
Pour que la job machine soit à plein ré-
gime, ce chiffre devrait être de 200000.
C’est la raison pour laquelle, depuis le
début de l’année, le taux de chômage n’a
fait que sensiblement baisser (de 9,4% à
9% actuellement). L’axe vertueux inves-
tissement-consommation n’est pas encore
totalement en place. Le marché du travail
progresse doucement mais sûrement, et si
le taux de chômage reste toujours élevé, il
devrait reculer à 8,5% pour 2012.
La croissance américaine pour le 3e
trimes-
tre confirme aussi l’amélioration de l’éco-
nomie. En effet, le PIB a progressé de 2%
en rythme annualisé contre 1,3% pour le
2e
trimestre. Les principaux moteurs de la
croissance se sont redressés, à l’image de
la consommation des ménages (+2,3%) et
l’investissement des entreprises (+4,1%).
Notons que les stocks des entreprises ont
fortement reculé, amputant ainsi la crois-
sance: la hausse du PIB hors stocks est ras-
surante à +3,5%.
Incidence. L’économie résiste donc
bien et on est loin d’une récession. Bien
que le PIB n’ait pas encore le même dyna-
misme qu’en phase de reprise (+4%/an), ce-
lui-ci devrait croître de 1,8% cette année et
progresser plus encore en 2012, autour de
2,5%. De plus, mettons en avant que l’éco-
nomie américaine serait plus imperméable
qu’on le croit au ralentissement européen.
En effet, la consommation des ménages re-
présente à elle seule 70% du PIB. Le com-
merce extérieur, contrairement par exem-
ple au Japon, a finalement peu d’incidence
sur la croissance. Depuis le début de l’an-
née, la hausse de 7,2% des ventes au détail
(en glissement annuel), montrent que la
consommation est loin de s’effondrer.
Pour conclure, le marché américain est ac-
tuellement le plus intéressant pour investir
dans les actions. Son économie est à la fois
plus solide que celle de la zone euro et le
marché des actions plus accessible et trans-
parent que son rival chinois. Deux secteurs
sont à privilégier pour 2012. Le secteur
pétrolier, qui malgré le risque de ralentis-
sement mondial, pourra bénéficier de la
haussedescoursdupétroleaveclestensions
persistantes au Moyen-Orient, notamment
entre l’Iran et Israël. Il faudra cependant
privilégier les services type Schlumberger
sur les majors comme Exxon, ces dernières
générant moins de croissance. Enfin, les
valeurs technologiques comme Google et
Apple, qui ont un leadership incontesté et
ont montré leur résistance aux crises. ///
Perspectives 2012 du marché américain
Les États-Unis sont loin de la récession. Son économie devrait même continuer à croître en 2012.
38 / STRATÉGIES 2012
DR
Le secteur pétrolier pourra
bénéficier de la hausse des cours
du pétrole avec les tensions
persistantes au Moyen-Orient
malgré le risque de
ralentissement mondial.
AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2012 | DÉCEMBRE 2011