Discours de la servitude volontaire alexis gautier -b. de freminville
1. Discours de la servitude volontaire (1576) Etienne de la Boétie
2. Etienne de la Boétie Etienne de la Boétie écrit le Discours de la servitude volontaire alors qu’il est âgé seulement de 18 ans et cette œuvre surprend les élites intellectuelles par la maturité de la réflexion qu’elle propose. La Boétie devient par la suite député au parlement de Bordeaux et il noue une solide amitié avec Montaigne, impressionné par ce jeune intellectuel. Il meurt alors qu’il est âgé seulement de 32 ans de la dysenterie (ou de la peste).
3. Introduction: Nous allons analyser le contenu de cette œuvre à travers des schémas afin d’élucider les causes de l’apparition d’une tyrannie et la façon dont les tyrans parviennent à conserver le pouvoir entre leurs mains malgré leur illégitimité flagrante. Il existe en effet un certain nombre d’éléments qui expliquent une telle acceptation par les hommes d’une telle forme d’autorité, même s’il apparaît clairement qu’il s’agit d’un régime profondément mauvais et injuste, qui favorise le tyran et ses complices de rapine.
4. La question du meilleur régime Il n’y a semble t-il pas de meilleur régime pour La Boétie:
11. L’importance de la tradition et de la religion: des atouts pour le tyran Ces remarques sont très originales : la Boétie n’hésite pas à critiquer de manière directe la monarchie de droit divin sous le règne d’Henri II, critique qu’il réitère à l’égard de Charles IX quelques années plus tard.
12. Le tyran est servi par de mauvais hommes de carrure presque identique à la sienne qui assurent leur domination sur d’autres mécréants, qui à leur tour se trouvent des serviteurs Un engrenage du mal se construit… Le principe de l’asservissement des masses: une chaine solide
13. Le mal attire le mal Dès lors qu’un roi ou tout autre détenteur du pouvoir se déclare mauvais, tous les hommes mauvais se joignent à lui: le mal est institué et des mini-tyrans (et non pas de petits brigands à faible capacité de nuisance) profitent de cette situation pour prendre leur part de pouvoir. Le tyran canalise les puissances mauvaises qui n’œuvrent pas sans son concours.
15. Le tyran ne connaît pas l’amitié Le tyran n’a que des complices de carnage et de pillage: on peut en rien compter sur sa fidélité car son inconstance et son caprice mêmes le définissent. Il n’y a rien à espérer à le servir sinon sa mort en le trahissant, auquel cas un autre tyran le remplace promptement. Il est absurde de vouloir se montrer conciliant à l’égard de la tyrannie: si on essaie, on finit corrompu ou victime de l’injustice sur laquelle est fondée ce système politique.
16. Conclusion: La tyrannie est une aberration qui naît de la folie d’un homme et de la malice de ceux qui le secondent. La résignation et la peur des citoyens honnêtes est l’arme qu’il utilise pour fonder sa prétendue légitimité. L’oubli de la liberté et l’ignorance laissent les hommes à la merci de la violence et de l’avidité du tyran. L’homme sage ne doit faire aucune concession à la tyrannie: il ne doit pas chercher à gagner l’amitié du tyran qui ne manquera pas de le corrompre ou de le tuer. La Boétie ne prétend pas apporter une solution au problème du meilleur régime: il ne se soucie pas ici des formes que peut revêtir le pouvoir mais souhaite avertir ses contemporains d’un danger qui n’est jamais éloigné. Par ailleurs, la démocratie ne semble pas être un moyen plus efficace que d’autres d’éviter un tel péril: plusieurs exemples de l’Histoire démontrent que le peuple peut plébisciter un tyran. L’homme vertueux, fort des conseils de La Boétie et de sa répugnance pour le mal, saura se garder de prendre un rôle actif dans la tyrannie, qui serait synonyme de perte de sa liberté. La Boétie, pouvons nous remarquer, ne se soucie pas de la notion de résistance et n’évoque pas la rébellion. Selon lui, le mal est la cause de sa propre chute: le tyran sera à coup sûr assassiné par ses conseillers les plus proches. Nous pouvons nous interroger sur le rôle de l’homme bon, qui s’il n’est pas « paysan », trouvera peut être l’oppression trop lourde pour se complaire dans une attente pleine de résignation: La Boétie ne résout pas ici la question du droit à l’insurrection.