Présentation lors du forum de la SFSHP durant les JDP 2014 à Paris
L’industrie du film adulte (IFA) constitue un business légal pesant plusieurs milliards de dollars. Les risques médicaux pour les acteurs et actrices de cette industrie sont bien établis. Ils comprennent principa-lement la transmission d’infections sexuellement transmissibles (HIV, hépatites, gonococcie, chlamydiose, herpès ou condylomes...). Malgré un dépistage régulier, la fréquence des IST dans cette population à risque reste importante, une partie de l’industrie refusant toujours le port du préservatif systématique. De plus, les acteurs sont également exposés à d’autres risques sur le plan physique et psychique moins connu. Cet article refait le point principalement sur l’état sur les risques de transmission des IST et les autres risques auxquels sont exposés les acteurs de l’IFA.
Visitez le site de la Société Francaise des Sciences Humaines sur la Peau (SFSHP) https://sfshp.wordpress.com
Les risques de santé dans l'industrie du film adulte
1. Les risques de santé dans
l’industrie du film adulte
Nicolas Kluger
Helsinki & Paris
2. La pornographie
• « matériel (ou média) sexuellement explicite »
• « tout matériel/support contenant la description ou la révélation
d’organes génitaux et d’actes sexuels explicites telles une pénétration
vaginale ou anale, le sexe oral, la masturbation, etc., et ayant pour
but de susciter ou d’améliorer une excitation sexuelle, physique ou
psychique, chez le spectateur »
3. • Sexualité récréative et intime
• Infidélité
• Prostitution
• Pornographie picturale
• Livres
• Bains publics / Harems
• Masturbation
L’accès à la sexualité
• Pornographie photographique
• Films XXX
• Bains publics
• Strip-clubs
• Sex-shops
• Vidéos (VHS, Betacam)
• Phone sex, minitel
• TV: Films érotiques « softcore »
• Annonces dans les journaux
• TV Films X
• Internet
• Chat
• Webcams /Interactive
• Téléphonie mobile : sexting
• Smartphone: video streamings;
« hook-up » apps
• Réseaux sociaux
• Mondes virtuels / Jeux-vidéo
Adapté de http://slideplayer.us/slide/219775/
Préhistoire - 1890 1890 - 1970 1970-1980 1990-2004 2004-
4. • 9 et 13 milliards de $ / an
Film adulte, Film X, Film ”porno”:
Une industrie florissante
5. La ”porn valley”
(”Silicone valley” ou ”San Pornando valley”)
• Vallée de San Fernando depuis 1988 (légalisation de l’IFA en Californie)
• Jusqu’à 90% des films légaux US, tournés ou produits
• 6000 personnes employées (2005)
• 1200 acteurs ”actifs”, probablement 2000 à 3000
• 75% sont des femmes
• 200 compagnies de production sur L.A.
6. Le numérique et Internet
• Passage du stade « professionnel » à celui d’« amateur »
• À la fin des années 1990, près de 60 000 sites Internet sur le web
• 300 nouveaux sites par jour
• En 1995, la moitié des recherches non académiques sur Internet était des
recherches à caractère pornographique.
• En 2000, 30 % du trafic sur Internet et aurait généré 900 millions $ de
revenus (13 % du revenu généré par Internet).
• En 2011, 12 % des sites web (soit 4,2 millions de sites et 420 millions de
pages) contenaient du matériel pornographique.
• Extraits ou films entiers, sous réserve de paiement .... ou en accès libre !
1http://techland.time.com/2011/09/13/how-much-of-the-internet-is-porn-less-than-youd-expect/
13%: recherches érotiques (2009-10)
4%: 42,337/1 M des sites les plus visités (2010)
7. La précarité du milieu du X
• Carrière courte: 3 mois à 3 ans
• Les actrices aux États-unis
• Agressions sexuelles (enfance ou âge adulte), pauvreté, vie en foyer, violences
conjugales
• Salaire plus élevé mais compétition +++
• Les hommes ont un salaire plus bas, mais une carrière plus longue.
• Cachet à la scène
• 400 à 1000 $ (USA) et salaire annuel moyen entre 80 000 et 90 000 $
• 4000 euros par mois (France)
8. La précarité entraine une prise de risque
• Multiplication des scènes, rapports non protégés, partenaires multiples
• Promotion canapé
• Prostitution hors tournage
• Autres risques (médicaments pour maintenir une érection…)
• Manque d’informations sur les IST
9. • Diminution de l’activité: tournage 1 j/sem au lieu de 4-5 j/sem
• Diminution des cachets (”30% de réduction”), multiplication des scènes
• En 2007, diminution des revenus de l’IFA de 30 à 50%
• Chute du marché des DVD
• La pornographie gratuite sur internet +++
• Utilisée pour augmenter le traffic vers un site et d’autres acces payant
• Adaptation des actrices: propre site internet, autres activités (strip tease
etc…)
http://www.latimes.com/local/la-fi-ct-porn10-2009aug10-story.html#page=1
10. Des rapports très peu protégés
• Taux faibles dans l’IFA « hétérosexuelle »
• 18 % des films aux États-Unis (2001) / 50% des productions (2006)
• 2 compagnies/200 exigeaient aux USA port d’un préservatif lors de rapport vaginaux
ou anaux (2004).
• Taux un peu meilleur dans l’IFA gay
• Sensibilisation au VIH
• 40-50% des acteurs VIH +
• Arguments de l’IFA contre le port du préservatif
• le statut d’acteur « indépendants » pas d’obligation de garantir la sécurité des
conditions de travail de leurs employés
• la perte de profit et des parts de marché
• l’existence d’un dépistage régulier des IST, le plus souvent mensuel
• la demande du public
• la liberté individuelle des acteurs et des actrices, seule responsabilité.
• Rapports péno-anaux > péno-vaginaux > sexe oral
11. Les enjeux du port du préservatif
• Infection par le VIH
• Autres IST : portage de Neisseria gonorrhae, chlamydia trachomatis
• Sexualité dans la vie privée des acteurs
• Image véhiculée auprès des spectateurs
12. Infection par le VIH
• Prévalence chez les acteurs gay (40-50%, 2005)
• ? chez les acteurs « hétérosexuels »
• 80 000 tests réalisés par l’AIM depuis 1988
• Dépistage mensuel
• 14 infections diagnostiquées
• Entre 2004 et 2009, le nombre de cas non rapporté serait de 22
13. Taylor MM, et al. Epidemiologic investigation of a cluster of workplace HIV infections in the adult film industry: Los Angeles, California, 2004. Clin Infect Dis. 2007;44:301-5.
+ +
+
14. Chlamydiose et gonococcie
• Incidence annuelle 14,3% (CT) et 5,1% (NG)1
• CT (57%) > NG (35%) > CT + NG (8%)
• Acteurs et actrices 18 et 29 ans +++: 75% des cas
• Taux de réinfection annuel: 26%
• Problème du portage asymptomatique: oro-pharyngé, vaginal, rectal2
• NG ou CT: 28% des acteurs
• NG (83%) > CT (11%) > NG+CT (6%, hommes uniquement)
• Test urinaire insuffisant, notamment pour NG
• Nécessité d’écouvillons multiples
• Refus des acteurs ”hétérosexuels” pour les écouvillons rectaux
• Automédication ? Antibiorésistance ?
1 Goldstein BY, et al. Sex Transm Dis. 2011;38:644-8.
2 Rodriguez-Hart C, et al. Sex Transm Dis. 2012;39:989-94.
15. Peu d’informations
Sur les autres IST
• Urétrite non spécifique (traumatique,
infectieuse)
• Herpès génital
• HPV
• Molluscum contagiosum
• Pédiculose pubienne
• Syphilis
• Hépatites A, B, C
• Autres: vaginose, trichomonose, gale,…
1 Goldstein BY, et al. Sex Transm Dis. 2011;38:644-8.
2 Rodriguez-Hart C, et al. Sex Transm Dis. 2012;39:989-94.
Sur la santé gynécologique des actrices
• Douleurs pelviennes chroniques
• Fertilité / Stérilité tubaire
• Grossesse extra-utérine
• Cancer du col
Sex toys et IST
• Désinfection
16. Autres risques
Traumatismes physiques
• Brûlures chimiques
• Brûlures par les préservatifs
• Blessures de la muqueuse anale
• Traumatismes lors de rapports
violents
Modifications corporelles
• Chirurgie plastique
• Reconstruction vaginale
• Produits de comblements
• Blanchiment anal
• Bronzage artificiel
• Régime
Automédication
• Abus de stéroïdes
• Traitement contre les dysfonctions
érectiles
Troubles mentaux
• Addictions: alcool, toxicomanie, sexe
• Troubles anxieux, stress, dépression,
suicide
• Désinsertion sociale
17. Prévention
• Port systématique du préservatif +++
• le dépistage sérologique et PCR du VIH est insuffisant
• Digues dentaires
• Simulation de certains actes
• Ejaculation hors du corps du/de la partenaire
• Prophylaxie post-exposition contre le VHB ou le VIH
• Prise en charge du suivi médical des acteurs par l’employeur
• Education des acteurs (risques de transmission des IST, moyens de prévention et
conduite à tenir en cas d’exposition).
• Autres suggestions: système de classification des films en fonction du respect des
critères de sécurité, la vaccination contre le virus HPV et l’hépatite B, le
financement des tests de dépistage et de vaccination par l’IFA, la délivrance d’un
permis d’exercice ou le passage de l’âge légal de 18 à 21 ans pour les acteurs. . .
Editor's Notes
Cas index acteur 40 ans
Rapports non protégés avec 13 actrices
3 séroconversion
59/61 autres cas (contact primaire et secondaire) VIH – à 1 mois