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ne cinéphilie hors norme : c’est par
cette particularité locale que Paolo
Moretti explique l’ancrage et le suc-
cès du Festival International du Film de
La Roche-sur-Yon, dont il est le directeur.
Quels sont les atouts La Roche-sur-Yon pour
accueillir un festival d’envergure interna-
tionale ?
Selon les statistiques du Centre National de la
Cinématographie, La Roche-sur-Yon est l’une
desvilleslespluscinéphilesdeFrance!C’estun
ratiobasésurlenombredefauteuils,lenombre
d’habitants et le nombre de billets vendus. La
Roche-sur-Yon est très haut placée dans cette
classification du CNC. Le festival, qui en est à sa
huitième édition,mais existe depuis les années
2000, prouve d’autant plus qu’il y a à La Roche-
sur-Yon un attachement fort au cinéma dans
cette ville. Enfin, les performances en terme de
fréquentation des salles sont inhabituelles et
hors échelle par rapport à des villes de la même
taille. Ilestdoncnormaldanscecontexted’ima-
giner un événement cinéphilique majeur,inter-
national et pas seulement local.
C’est ce qui vous a mené à venir d’Italie
pour La Roche-sur-Yon ?
Je suis passé par l’Italie mais j’ai souvent et
beaucoup travaillé à l’étranger, un peu partout
en Europe ; en Allemagne, en Espagne, en An-
gleterre et en France. Et fait effectivement un
passage, en Italie, à la Mostra de Venise. Ce
fut une période très formatrice pour imaginer
ce que peut être un festival de cinéma. Après
l’expérience à la Mostra j’ai eu envie d’expéri-
menter à la première personne certains savoirs
accumulés depuis une dizaine d’années.
Tous les ans le festival met à l’honneur une
grande figure du cinéma français. Quels
sont les arguments qui vous ont menés à
choisir Michel Gondry ?
Si on voit les travaux de Michel Gondry, à par-
tir de ses premières expérimentations avec
la vidéo, après ensuite avec les vidéo-clips et
les longs-métrages, on voit une œuvre abso-
lument protéiforme, plurielle. Il a touché à
tous les formats, à tous les genres, sans au-
cune contrainte. Il est passé de la comédie au
blockbuster,au documentaire.C’est quelqu’un
qui ne se pose pas de contrainte, qui essaie
à chaque projet de connaître une expérience
nouvelle. C’est là qu’on se retrouve avec l’es-
prit du festival parce qu’il reste accessible à
un immense public.Si on imagine tous les pu-
blics qui ont été spectateurs de ses vidéo-clips
puis de ses films mythiques comme « Eternal
Sunshine of a spotless mind» ou « Soyez sym-
pas, rembobinez», on trouve ce double esprit,
cette double nature qui appartient un peu au
festival : être ancré et aller chercher un esprit
contemporain.Cela implique de ne pas perdre
le public en chemin. Michel Gondry est une
figure fédératrice dans laquelle on retrouve
l’esprit d’ensemble du festival, dans ce qu’on
retrouve dans l’ensemble de la programma-
tion. C’était donc plutôt naturel pour nous de
le mettre à l’honneur. Il a accepté notre propo-
sition très rapidement.
la gazette
mardi 17 octobre 2017
no
1
« UN AUTRE CINÉMA EST POSSIBLE »
© PHOTOTHÈQUE FESTIVAL
• • •
8e
FESTIVAL
INTERNATIONAL
DUFILM
DE LA ROCHE-SUR-YON
CHRISTOPHE REGIN :
LE COUP D’ENVOI DU FESTIVAL
Mais qui est ce Christophe Regin, si
discret et qui était pourtant fort à l’hon-
neur hier soir avec son film « La Surface
de réparation » lors de la cérémonie
d’ouverture ?
Pour le savoir, avant de profiter de la
rediffusion du film ce soir au Manège,
à 20h30, une seule adresse :
goo.gl/zKNj1V
C’est celle du site web alimenté par les
étudiants du DUT Infocom de l’IUT de
La Roche-sur-Yon où Tiphaine vous y a
concocté une bio de Christophe Regin.
À lire pour briller dans la file d’attente ?
LE SELFIE DU JOUR
Chaque jour un selfie attrapé durant le festival :
En attendant l’arrivée des people Matthieu
Schwarz, directeur de Ouest Sécurité (qui veillera
sur vous toute la semaine à l’entrée du Cyel) a ac-
cepté hier après-midi d’être le premier « casté » !
LE RENDEZ-VOUS PRO
La Plateforme - Pôle Cinéma et audiovi-
suel des Pays de la Loire.
Rencontre salle Messiaen, au Cyel à
13h30 avec Florence Jammot en charge
de la case L’Heure D consacrée à la socié-
té contemporaine et à la culture, par le
prisme de la création documentaire. Pré-
sentation de ses critères et de ses enjeux
en termes de contenus et d’esthétique.
BONNES ONDES
Chaque jour, de 17h à 18h, l’équipe
radio des étudiants du DUT Infocom
de l’IUT de La Roche-sur-Yon anime
durant le festival une émission sur Graf-
fiti Urban Radio (88.6 FM). Des capsules
audio de leur cru y seront aussi diffusées
le matin et sur le web.
Suivezpendant1h34minleparcoursdeladanseuse
contemporaine Bobbi Jene Smith,âgée d’une tren-
tained’années.Aprèsdixanscouronnésdesuccèsau
seindelacompagnieBatshevaDanceCompany,ba-
séeàTelAvivenIsraël,l’artistedécidedetoutquitter
pourretournerauxÉtats-Unisqu’ellealaissésdixans
auparavant . Son souhait : mener une carrière solo
et s’épanouir pleinement . Déterminée à s’imposer
sous son vrai nom dans ce monde extrêmement
compétitif,elle doit quitter son mentor ainsi que sa
vieenIsraël,ycomprissoncompagnonOrSchraiber,
plus jeune et également danseur. Découvrez l’ex-
traordinaire voyage de cette artiste contemporaine
vacillant entre ambition et amour, ponctué par des
scènes de danse intense, émouvante voire auda-
cieuse.Cedocumentairefilméàfleurdepeauetde
façonintimisteretraceunamourcaptésurlevif,une
quête de sincérité intérieure et les conséquences
inévitables de l’ambition sur l’intime. Bobbi devra
trouver son équilibre entre son avenir professionnel
etsavieprivée,ainsiquefairefaceàsesdoutes,cequi
impacterasacréationartistique.
Elvira Lind évoque également tout au long du film,
les thèmes de la nudité,du plaisir et le rapport que
l’on peut avoir avec ceux-ci dans le domaine artis-
tiquecommedanslaviedetouslesjours.Cettepro-
blématique revient plusieurs fois dans le parcours
deladanseuseBobbiJenequiirajusqu’àcomposer
une chorégraphie osée explorant le domaine de la
nudité. Présenté au Festival Tribeca 2017 de
NewYork,lefilmareçuleprixdumeilleurdocumen-
taire.
Elvira Lind
Mardi- 18h15 -
Concorde 1
Mercredi - 18h15 -
Concorde 1
Astrid biry
© FIF85
©MATTHIEU SCHWARZ
BOBBI JENE
Vous avez choisi aussi cette année de lan-
cer la catégorie hors compétition « Perspec-
tives », qu’attendez-vous d’elle ?
C’est une évolution, je pense normale, de la
programmation. Les années précédentes, on
avait une compétition qui s’appelait « Trajec-
toires », et qui était une compétition autour
du coming of age, du passage à l’âge adulte.
C’étaient des films centrés sur ces moments
très importants dans une trajectoire de vie.
Ce qu’on a vu, c’est qu’il y avait une sorte de
malentendu : on pensait que c’étaient des
films qui s’adressent uniquement à un pu-
blic adolescent, alors que c’étaient bien de
grands films. À côté de ça, on avait des films
chaque année, qu’on aimait beaucoup, qu’on
aurait beaucoup aimé partager avec le public,
mais qui ne rentraient pas vraiment dans les
cases qu’on avait prévues. Ce n’étaient pas des
séances spéciales, ce n’étaient pas des films
de la compétition, ce n’étaient pas des films
Nouvelle Vague... Alors on a fait plus avec la
question des « Trajectoires » : on a créé une
nouvelle section très accueillante, très acces-
sible dans le format et sans le contre-ordre et
le poids de la compétition, juste pour témoi-
gner qu’un autre type de cinéma est possible,
et bien vivant. Comme la programmation de
La Roche-sur-Yon veut un peu, en toute mo-
destie, offrir une image alternative à celle de
Cannes, on rappelle qu’il y a très peu de films
ici déjà présentés en France. L’idée, c’était
d’élargir davantage les spectres, l’éventail des
films proposés.
Vous allez mettre en lumière des métiers
de l’ombre tels ceux du son. Quelle est
votre démarche et son intérêt ?
C’est une tradition du festival que j’ai bien envie
d’alimenter parce qu’il y a ce grand malentendu
de la part du large public. Quand on voit un film
il y a évidemment les acteurs,et c’est la première
image du film,souvent même on dit « le film de
Tom Cruise », alors qu’en fait c’est un ensemble
immense de personnes qui rendent possible un
film,etc’estàcespersonneslàqu’ondoitsouvent
les particularités qui rendent un film inoubliable.
L’idée de mettre un peu de lumière sur les gens
qui travaillent autour est plutôt naturelle pour un
festival qui se veut vraiment de cinéma,et conçu
autourdes films et pas des vedettes.
Propos recueillIs par Jeanne Bouillenec
• • •
L
ibrement inspirée de la vie de Florence Foster Jenkins, chan-
teuse d’opéra américaine fantasque et restée célèbre pour son
exceptionnel talent dans l’asence de justesse, la réalisation de
Xavier Giannoli s’avère être drôle et émouvante.
Marguerite Dumont n’a qu’un rêve : être une chanteuse d’opéra recon-
nue. Depuis plusieurs années elle organise des concerts privés, chez
elle,devant son cercle d’amis.Recevant à chaque fois de nombreux com-
pliments, Marguerite désire plus que cela : elle veut chanter sur une
vraie scène, face à un vrai public. Mais ce que personne n’ose lui dire...
c’est qu’elle chante terriblement faux.
Protégée par son entourage, Marguerite vit comme une vraie star. Entre
séances photos plus excentriques les unes que les autres et cours de
chant à longueur de journée, elle ne semble pas entendre sa vraie voix.
Toute sa vie n’est basée que sur des mensonges et des illusions. Elle
vit comme dans un rêve, dans lequel elle est une chanteuse reconnue
dans le monde entier, où son mari l’aime et la soutient. Or, ce dernier
manque toutes ses représentations en prétextant des accidents de voi-
ture. Malgré la honte qu’il ressent, il cherche à la protéger d’une vérité
qui pourrait lui être fatale.
La relation du couple est un point central du film. Marguerite ne vit que
pour la musique,la seule personne qui pourrait lui faire arrêter le chant
est son mari.Si elle chante,c’est pour lui : pour qu’il continue de l’aimer
et de la trouver désirable. Prisonnière de ses illusions, elle ne se rend
pas compte que c’est ce qui les éloigne.
Chaque concert de Marguerite est gênant pour ses auditeurs, mais
également pour nous, spectateurs : doit-on rire ? Ou être consterné par
l’attitude de ses proches qui se moquent, mais qui reviennent l’écouter
à tous les concerts ?
L’hypocrisie de tous les proches de la chanteuse est aussi critiquable
que sa voix. Ni son mari, ni son majordome, ni même son professeur
ne sont honnêtes : au contraire ils continuent d’alimenter le mensonge
en ne lui avouant rien. Mais voilà : l’argent est au centre de la vie de la
chanteuse, et personne n’osera dire la vérité à Marguerite tant qu’elle
continuera d’être généreuse. Le son mélodieux de l’argent ?
Xiavier Giannoli
Mardi - 16h45 - Auditorium CYEL
(Film présenté dans le cadre
de la rencontre avec François Musy
qui aura lieu le mercredi 18 octobre à 18h)
© DR
FOCUS SUR
« MARGUERITE »
MARIE HERMOUET
Florence Foster Jenkins (1868 - 1944) est née dans une riche famille américaine. Très jeune, elle apprend la musique et se révèle être un
prodige du piano, et en fait son métier. Malheureusement, elle devient malentendante à cause d’une syphilis transmise par son premier
mari,puisaprèsuneblessureaubras,elledoitcessersonactivitéprofessionnelle.Maislamusiquefaitencorepartiedesavie,etaprèslamort
de son père, elle utilise la fortune familiale pour créer son propre cercle musical. La chanteuse organise des concerts devant son cercle privé,
uniquement sur invitation. Mais sa voix particulièrement fausse devient rapidement un phénomène à New-York. Réel divertissement pour
l’aristocratie, les places à son ultime récital s’arrachent uniquement pour se moquer d’elle. Deux jours après ce dernier concert, elle meurt
d’un arrêt cardiaque. Sa voix est restée culte et est devenue la source d’inspiration d’œuvres cinématographiques.
FLORENCE FOSTER JENKINS :
L ’ ART DE CHANTER MERVEILLEUSEMENT FAUX
MARIE HERMOUET
C’est l’heure de l’événement vendéen le plus
attendu au monde,j’ai nommé le Festival Inter-
national du Film ! L’agitation est à son comble,
la Roche-sur-Yon fourmille de cinéphiles déter-
minés à remplir leur emploi du temps par la
centaine de séances proposées.
On les aurait vu rôder autour du Cyel, leur nou-
veau Q.G., attendant pendant des jours que la
billetterie daigne ouvrir ses portes. Si c’est vrai,
gageons que d’ici vingt ans, des associations
seront appelées d’urgence pour distribuer cou-
vertures de survie et thermos de soupe,comme
à la sortie d’un nouvel iPhone.
Mais avant d’accueillir toute la semaine les
nombreux visiteurs, soixante étudiants béné-
voles dès le lundi matin s’improvisent en dé-
ménageurs bretons, tractant les Mac et les ca-
méras de l’IUT jusqu’au Cyel à la sueur de leur
front. « C’est la première fois que je transporte
autant d’argent » déclare l’un d’eux, essoufflé.
Ce remue-ménage est observé par un vieux
monsieur, songeant sûrement à sa lointaine
jeunesse et à son dos douloureux.
Les gens affluent par petits groupes au ciné-
ma Le Concorde, alléchés par la séance de
l’après-midi dédiée à Michel Gondry, invité
d’honneur cette année. Grand désespoir, le dé-
licieux cinéaste ne sera présent que vendredi.Il
se fait attendre, c’est l’avantage de la célébrité.
Quelques personnes en avance patientent
sur les poufs du cinéma, l’oeil rivé sur le pro-
gramme. Des dames feuillettent le journal,
parées de leurs atours du dimanche tandis
que leurs maris, droits, s’appliquent à ne fixer
personne. Le hall se remplit petit à petit alors
que tourne l’heure, mélange de personnages
âgés dont la retraite facilite la présence et d’étu-
diants qui se découvrent une passion pour les
films de Gondry.
Des jeunes lycéens se pressent afin de prendre
d’assaut les places du fond. Serait-ce une tech-
nique pour s’enfuir discrètement, loin des re-
gardsaccusateurs? Unairdesalsaretentitdans
la salle, des sourires apparaissent et quelques
personnes se plaisent à battre la mesure. La
salle devient festive jusqu’à ce que les lumières
s’éteignent, sonnant le début de la semaine du
cinéma… Ce festival sera-t-il caliente ?
CASSANDRE DUMOULIN
Directrice de publication
Claudine Paque
Encadrement éditorial
Francis Mizio et Louise Vuillemenot
Rédaction
étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon,
département Information et Communication
Maquette et PAO
Marie Fonteneau et Margaux Daniaud
Tout le programme du festival
sur www.fif-85.com
Sur le web : articles, reportages vidéos,
capsules audio, fantaisies des rézos
goo.gl/zKNj1V
Festival international
du film de La Roche-sur-Yon
@Festival_Film85
#FestFilmLRSY
Impression: Belz, La Roche-sur-Yon
Une salle remplie de « bout’choux » un peu turbu-
lents,mais dès que la lumière s’estompe,le silence
sefait.LeFIFleurprésente à10h30ungroupement
decourtsmétragesvenusd’horizonsetd’universdif-
férents:uncrocoquiveutdevenirgrand,uneamitié
entre un tigre et une tortue, un faon qui cherche à
toutprixàfairedelamusiqueavecsesparents,une
petite fille qui s’occupe d’un loup blessé,et un pin-
gouin qui part en voyage sous les cocotiers ; autant
d’histoiresétonnantesquilesemmènentauxquatre
coinsdumonde.Des« Oh!»,des« Ah!»,etdesrires
pourleurpremièrefoisaucinéma…Cescourtsmé-
tragesplairontauxpetitscommeauxgrandsenfants.
Collectif d’auteurs
Mardi - 10h30 - Concorde 2
Dès 2 ans
Michel Gondry
Les films de l’invité d’honneur
LAURIE DZIMIRA
COURTS
MÉTRAGES
© FIF85©DR
FLORINE BAUDRY
LES ANIM’AILLEURS
M
ichel Gondry est l’invité d’honneur
de cette année, et une partie de son
œuvre est diffusée durant toute
cette semaine cinématographique. Cela a
commencé hier à 14h avec « L’Écume des
jours ».
70 ans cette année que Boris Vian a publié
son roman culte, L’Écume des jours. Adapté du
roman paru en 1947,Michel Gondry a transpo-
sé l’œuvre au cinéma en 2013. Il fait le choix
d’un casting riche en acteurs connus : Audrey
Tautou, Kad Elmaleh, Omar Sy ou encore
Romain Duris.
Sur le tournage, Michel Gondry confiait : « il y a
un mélange de nouveau et d’ancien qui donne
un côté un peu Jacques Tati », car le bricoleur
qu’est le réalisateur préfère les effets visuels et
sonores inventifs et adaptés à chaque tournage
à ceux imposés par le monde du numérique.
En effet, le film est un mélange d’une réali-
té parfois cruelle et frappante où se mêlent
le fantastique et les métaphores oniriques,
propres à Vian.Le rêve,sujet décidément récur-
rent chez Gondry, est par ailleurs l’un des fils
conducteurs de l’œuvre : peu après le début
de l’histoire, les deux personnages s’envolent
dans un nuage au dessus de Paris, soulevés
par une grue. Les effets spéciaux sont totale-
ment ancrés dans le quotidien du couple que
joue Romain Duris et Audrey Tautou et ce
qui pourrait paraître irréel devient normal et
presque banal. Les thèmes de l’amour, des
passions destructrices et de la maladie sont
traités avec humour aussi bien qu’avec un
réalisme écrasant. L’adaptation de ce classique
de la littérature était un pari risqué et osé qui
a souvent été critiqué pour son manque de
richesse comparé au livre. Mais malgré l’his-
toire qui démarre doucement et le film un peu
long, L’Écume des jours est une œuvre à la fois
poétique et surprenante,qui révèle l’originalité
créatrice de Gondry.
L’ÉCUME DES JOURS
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Dossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelle
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Festival de luchon dossier de presse 2014
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Gazette du 25 mai au 1er juillet 2010
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Programmation du 22 avril au 3 juin 2014
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Gazette-Festival-Mardi

  • 1. U ne cinéphilie hors norme : c’est par cette particularité locale que Paolo Moretti explique l’ancrage et le suc- cès du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon, dont il est le directeur. Quels sont les atouts La Roche-sur-Yon pour accueillir un festival d’envergure interna- tionale ? Selon les statistiques du Centre National de la Cinématographie, La Roche-sur-Yon est l’une desvilleslespluscinéphilesdeFrance!C’estun ratiobasésurlenombredefauteuils,lenombre d’habitants et le nombre de billets vendus. La Roche-sur-Yon est très haut placée dans cette classification du CNC. Le festival, qui en est à sa huitième édition,mais existe depuis les années 2000, prouve d’autant plus qu’il y a à La Roche- sur-Yon un attachement fort au cinéma dans cette ville. Enfin, les performances en terme de fréquentation des salles sont inhabituelles et hors échelle par rapport à des villes de la même taille. Ilestdoncnormaldanscecontexted’ima- giner un événement cinéphilique majeur,inter- national et pas seulement local. C’est ce qui vous a mené à venir d’Italie pour La Roche-sur-Yon ? Je suis passé par l’Italie mais j’ai souvent et beaucoup travaillé à l’étranger, un peu partout en Europe ; en Allemagne, en Espagne, en An- gleterre et en France. Et fait effectivement un passage, en Italie, à la Mostra de Venise. Ce fut une période très formatrice pour imaginer ce que peut être un festival de cinéma. Après l’expérience à la Mostra j’ai eu envie d’expéri- menter à la première personne certains savoirs accumulés depuis une dizaine d’années. Tous les ans le festival met à l’honneur une grande figure du cinéma français. Quels sont les arguments qui vous ont menés à choisir Michel Gondry ? Si on voit les travaux de Michel Gondry, à par- tir de ses premières expérimentations avec la vidéo, après ensuite avec les vidéo-clips et les longs-métrages, on voit une œuvre abso- lument protéiforme, plurielle. Il a touché à tous les formats, à tous les genres, sans au- cune contrainte. Il est passé de la comédie au blockbuster,au documentaire.C’est quelqu’un qui ne se pose pas de contrainte, qui essaie à chaque projet de connaître une expérience nouvelle. C’est là qu’on se retrouve avec l’es- prit du festival parce qu’il reste accessible à un immense public.Si on imagine tous les pu- blics qui ont été spectateurs de ses vidéo-clips puis de ses films mythiques comme « Eternal Sunshine of a spotless mind» ou « Soyez sym- pas, rembobinez», on trouve ce double esprit, cette double nature qui appartient un peu au festival : être ancré et aller chercher un esprit contemporain.Cela implique de ne pas perdre le public en chemin. Michel Gondry est une figure fédératrice dans laquelle on retrouve l’esprit d’ensemble du festival, dans ce qu’on retrouve dans l’ensemble de la programma- tion. C’était donc plutôt naturel pour nous de le mettre à l’honneur. Il a accepté notre propo- sition très rapidement. la gazette mardi 17 octobre 2017 no 1 « UN AUTRE CINÉMA EST POSSIBLE » © PHOTOTHÈQUE FESTIVAL • • • 8e FESTIVAL INTERNATIONAL DUFILM DE LA ROCHE-SUR-YON
  • 2. CHRISTOPHE REGIN : LE COUP D’ENVOI DU FESTIVAL Mais qui est ce Christophe Regin, si discret et qui était pourtant fort à l’hon- neur hier soir avec son film « La Surface de réparation » lors de la cérémonie d’ouverture ? Pour le savoir, avant de profiter de la rediffusion du film ce soir au Manège, à 20h30, une seule adresse : goo.gl/zKNj1V C’est celle du site web alimenté par les étudiants du DUT Infocom de l’IUT de La Roche-sur-Yon où Tiphaine vous y a concocté une bio de Christophe Regin. À lire pour briller dans la file d’attente ? LE SELFIE DU JOUR Chaque jour un selfie attrapé durant le festival : En attendant l’arrivée des people Matthieu Schwarz, directeur de Ouest Sécurité (qui veillera sur vous toute la semaine à l’entrée du Cyel) a ac- cepté hier après-midi d’être le premier « casté » ! LE RENDEZ-VOUS PRO La Plateforme - Pôle Cinéma et audiovi- suel des Pays de la Loire. Rencontre salle Messiaen, au Cyel à 13h30 avec Florence Jammot en charge de la case L’Heure D consacrée à la socié- té contemporaine et à la culture, par le prisme de la création documentaire. Pré- sentation de ses critères et de ses enjeux en termes de contenus et d’esthétique. BONNES ONDES Chaque jour, de 17h à 18h, l’équipe radio des étudiants du DUT Infocom de l’IUT de La Roche-sur-Yon anime durant le festival une émission sur Graf- fiti Urban Radio (88.6 FM). Des capsules audio de leur cru y seront aussi diffusées le matin et sur le web. Suivezpendant1h34minleparcoursdeladanseuse contemporaine Bobbi Jene Smith,âgée d’une tren- tained’années.Aprèsdixanscouronnésdesuccèsau seindelacompagnieBatshevaDanceCompany,ba- séeàTelAvivenIsraël,l’artistedécidedetoutquitter pourretournerauxÉtats-Unisqu’ellealaissésdixans auparavant . Son souhait : mener une carrière solo et s’épanouir pleinement . Déterminée à s’imposer sous son vrai nom dans ce monde extrêmement compétitif,elle doit quitter son mentor ainsi que sa vieenIsraël,ycomprissoncompagnonOrSchraiber, plus jeune et également danseur. Découvrez l’ex- traordinaire voyage de cette artiste contemporaine vacillant entre ambition et amour, ponctué par des scènes de danse intense, émouvante voire auda- cieuse.Cedocumentairefilméàfleurdepeauetde façonintimisteretraceunamourcaptésurlevif,une quête de sincérité intérieure et les conséquences inévitables de l’ambition sur l’intime. Bobbi devra trouver son équilibre entre son avenir professionnel etsavieprivée,ainsiquefairefaceàsesdoutes,cequi impacterasacréationartistique. Elvira Lind évoque également tout au long du film, les thèmes de la nudité,du plaisir et le rapport que l’on peut avoir avec ceux-ci dans le domaine artis- tiquecommedanslaviedetouslesjours.Cettepro- blématique revient plusieurs fois dans le parcours deladanseuseBobbiJenequiirajusqu’àcomposer une chorégraphie osée explorant le domaine de la nudité. Présenté au Festival Tribeca 2017 de NewYork,lefilmareçuleprixdumeilleurdocumen- taire. Elvira Lind Mardi- 18h15 - Concorde 1 Mercredi - 18h15 - Concorde 1 Astrid biry © FIF85 ©MATTHIEU SCHWARZ BOBBI JENE Vous avez choisi aussi cette année de lan- cer la catégorie hors compétition « Perspec- tives », qu’attendez-vous d’elle ? C’est une évolution, je pense normale, de la programmation. Les années précédentes, on avait une compétition qui s’appelait « Trajec- toires », et qui était une compétition autour du coming of age, du passage à l’âge adulte. C’étaient des films centrés sur ces moments très importants dans une trajectoire de vie. Ce qu’on a vu, c’est qu’il y avait une sorte de malentendu : on pensait que c’étaient des films qui s’adressent uniquement à un pu- blic adolescent, alors que c’étaient bien de grands films. À côté de ça, on avait des films chaque année, qu’on aimait beaucoup, qu’on aurait beaucoup aimé partager avec le public, mais qui ne rentraient pas vraiment dans les cases qu’on avait prévues. Ce n’étaient pas des séances spéciales, ce n’étaient pas des films de la compétition, ce n’étaient pas des films Nouvelle Vague... Alors on a fait plus avec la question des « Trajectoires » : on a créé une nouvelle section très accueillante, très acces- sible dans le format et sans le contre-ordre et le poids de la compétition, juste pour témoi- gner qu’un autre type de cinéma est possible, et bien vivant. Comme la programmation de La Roche-sur-Yon veut un peu, en toute mo- destie, offrir une image alternative à celle de Cannes, on rappelle qu’il y a très peu de films ici déjà présentés en France. L’idée, c’était d’élargir davantage les spectres, l’éventail des films proposés. Vous allez mettre en lumière des métiers de l’ombre tels ceux du son. Quelle est votre démarche et son intérêt ? C’est une tradition du festival que j’ai bien envie d’alimenter parce qu’il y a ce grand malentendu de la part du large public. Quand on voit un film il y a évidemment les acteurs,et c’est la première image du film,souvent même on dit « le film de Tom Cruise », alors qu’en fait c’est un ensemble immense de personnes qui rendent possible un film,etc’estàcespersonneslàqu’ondoitsouvent les particularités qui rendent un film inoubliable. L’idée de mettre un peu de lumière sur les gens qui travaillent autour est plutôt naturelle pour un festival qui se veut vraiment de cinéma,et conçu autourdes films et pas des vedettes. Propos recueillIs par Jeanne Bouillenec • • •
  • 3. L ibrement inspirée de la vie de Florence Foster Jenkins, chan- teuse d’opéra américaine fantasque et restée célèbre pour son exceptionnel talent dans l’asence de justesse, la réalisation de Xavier Giannoli s’avère être drôle et émouvante. Marguerite Dumont n’a qu’un rêve : être une chanteuse d’opéra recon- nue. Depuis plusieurs années elle organise des concerts privés, chez elle,devant son cercle d’amis.Recevant à chaque fois de nombreux com- pliments, Marguerite désire plus que cela : elle veut chanter sur une vraie scène, face à un vrai public. Mais ce que personne n’ose lui dire... c’est qu’elle chante terriblement faux. Protégée par son entourage, Marguerite vit comme une vraie star. Entre séances photos plus excentriques les unes que les autres et cours de chant à longueur de journée, elle ne semble pas entendre sa vraie voix. Toute sa vie n’est basée que sur des mensonges et des illusions. Elle vit comme dans un rêve, dans lequel elle est une chanteuse reconnue dans le monde entier, où son mari l’aime et la soutient. Or, ce dernier manque toutes ses représentations en prétextant des accidents de voi- ture. Malgré la honte qu’il ressent, il cherche à la protéger d’une vérité qui pourrait lui être fatale. La relation du couple est un point central du film. Marguerite ne vit que pour la musique,la seule personne qui pourrait lui faire arrêter le chant est son mari.Si elle chante,c’est pour lui : pour qu’il continue de l’aimer et de la trouver désirable. Prisonnière de ses illusions, elle ne se rend pas compte que c’est ce qui les éloigne. Chaque concert de Marguerite est gênant pour ses auditeurs, mais également pour nous, spectateurs : doit-on rire ? Ou être consterné par l’attitude de ses proches qui se moquent, mais qui reviennent l’écouter à tous les concerts ? L’hypocrisie de tous les proches de la chanteuse est aussi critiquable que sa voix. Ni son mari, ni son majordome, ni même son professeur ne sont honnêtes : au contraire ils continuent d’alimenter le mensonge en ne lui avouant rien. Mais voilà : l’argent est au centre de la vie de la chanteuse, et personne n’osera dire la vérité à Marguerite tant qu’elle continuera d’être généreuse. Le son mélodieux de l’argent ? Xiavier Giannoli Mardi - 16h45 - Auditorium CYEL (Film présenté dans le cadre de la rencontre avec François Musy qui aura lieu le mercredi 18 octobre à 18h) © DR FOCUS SUR « MARGUERITE » MARIE HERMOUET Florence Foster Jenkins (1868 - 1944) est née dans une riche famille américaine. Très jeune, elle apprend la musique et se révèle être un prodige du piano, et en fait son métier. Malheureusement, elle devient malentendante à cause d’une syphilis transmise par son premier mari,puisaprèsuneblessureaubras,elledoitcessersonactivitéprofessionnelle.Maislamusiquefaitencorepartiedesavie,etaprèslamort de son père, elle utilise la fortune familiale pour créer son propre cercle musical. La chanteuse organise des concerts devant son cercle privé, uniquement sur invitation. Mais sa voix particulièrement fausse devient rapidement un phénomène à New-York. Réel divertissement pour l’aristocratie, les places à son ultime récital s’arrachent uniquement pour se moquer d’elle. Deux jours après ce dernier concert, elle meurt d’un arrêt cardiaque. Sa voix est restée culte et est devenue la source d’inspiration d’œuvres cinématographiques. FLORENCE FOSTER JENKINS : L ’ ART DE CHANTER MERVEILLEUSEMENT FAUX MARIE HERMOUET
  • 4. C’est l’heure de l’événement vendéen le plus attendu au monde,j’ai nommé le Festival Inter- national du Film ! L’agitation est à son comble, la Roche-sur-Yon fourmille de cinéphiles déter- minés à remplir leur emploi du temps par la centaine de séances proposées. On les aurait vu rôder autour du Cyel, leur nou- veau Q.G., attendant pendant des jours que la billetterie daigne ouvrir ses portes. Si c’est vrai, gageons que d’ici vingt ans, des associations seront appelées d’urgence pour distribuer cou- vertures de survie et thermos de soupe,comme à la sortie d’un nouvel iPhone. Mais avant d’accueillir toute la semaine les nombreux visiteurs, soixante étudiants béné- voles dès le lundi matin s’improvisent en dé- ménageurs bretons, tractant les Mac et les ca- méras de l’IUT jusqu’au Cyel à la sueur de leur front. « C’est la première fois que je transporte autant d’argent » déclare l’un d’eux, essoufflé. Ce remue-ménage est observé par un vieux monsieur, songeant sûrement à sa lointaine jeunesse et à son dos douloureux. Les gens affluent par petits groupes au ciné- ma Le Concorde, alléchés par la séance de l’après-midi dédiée à Michel Gondry, invité d’honneur cette année. Grand désespoir, le dé- licieux cinéaste ne sera présent que vendredi.Il se fait attendre, c’est l’avantage de la célébrité. Quelques personnes en avance patientent sur les poufs du cinéma, l’oeil rivé sur le pro- gramme. Des dames feuillettent le journal, parées de leurs atours du dimanche tandis que leurs maris, droits, s’appliquent à ne fixer personne. Le hall se remplit petit à petit alors que tourne l’heure, mélange de personnages âgés dont la retraite facilite la présence et d’étu- diants qui se découvrent une passion pour les films de Gondry. Des jeunes lycéens se pressent afin de prendre d’assaut les places du fond. Serait-ce une tech- nique pour s’enfuir discrètement, loin des re- gardsaccusateurs? Unairdesalsaretentitdans la salle, des sourires apparaissent et quelques personnes se plaisent à battre la mesure. La salle devient festive jusqu’à ce que les lumières s’éteignent, sonnant le début de la semaine du cinéma… Ce festival sera-t-il caliente ? CASSANDRE DUMOULIN Directrice de publication Claudine Paque Encadrement éditorial Francis Mizio et Louise Vuillemenot Rédaction étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon, département Information et Communication Maquette et PAO Marie Fonteneau et Margaux Daniaud Tout le programme du festival sur www.fif-85.com Sur le web : articles, reportages vidéos, capsules audio, fantaisies des rézos goo.gl/zKNj1V Festival international du film de La Roche-sur-Yon @Festival_Film85 #FestFilmLRSY Impression: Belz, La Roche-sur-Yon Une salle remplie de « bout’choux » un peu turbu- lents,mais dès que la lumière s’estompe,le silence sefait.LeFIFleurprésente à10h30ungroupement decourtsmétragesvenusd’horizonsetd’universdif- férents:uncrocoquiveutdevenirgrand,uneamitié entre un tigre et une tortue, un faon qui cherche à toutprixàfairedelamusiqueavecsesparents,une petite fille qui s’occupe d’un loup blessé,et un pin- gouin qui part en voyage sous les cocotiers ; autant d’histoiresétonnantesquilesemmènentauxquatre coinsdumonde.Des« Oh!»,des« Ah!»,etdesrires pourleurpremièrefoisaucinéma…Cescourtsmé- tragesplairontauxpetitscommeauxgrandsenfants. Collectif d’auteurs Mardi - 10h30 - Concorde 2 Dès 2 ans Michel Gondry Les films de l’invité d’honneur LAURIE DZIMIRA COURTS MÉTRAGES © FIF85©DR FLORINE BAUDRY LES ANIM’AILLEURS M ichel Gondry est l’invité d’honneur de cette année, et une partie de son œuvre est diffusée durant toute cette semaine cinématographique. Cela a commencé hier à 14h avec « L’Écume des jours ». 70 ans cette année que Boris Vian a publié son roman culte, L’Écume des jours. Adapté du roman paru en 1947,Michel Gondry a transpo- sé l’œuvre au cinéma en 2013. Il fait le choix d’un casting riche en acteurs connus : Audrey Tautou, Kad Elmaleh, Omar Sy ou encore Romain Duris. Sur le tournage, Michel Gondry confiait : « il y a un mélange de nouveau et d’ancien qui donne un côté un peu Jacques Tati », car le bricoleur qu’est le réalisateur préfère les effets visuels et sonores inventifs et adaptés à chaque tournage à ceux imposés par le monde du numérique. En effet, le film est un mélange d’une réali- té parfois cruelle et frappante où se mêlent le fantastique et les métaphores oniriques, propres à Vian.Le rêve,sujet décidément récur- rent chez Gondry, est par ailleurs l’un des fils conducteurs de l’œuvre : peu après le début de l’histoire, les deux personnages s’envolent dans un nuage au dessus de Paris, soulevés par une grue. Les effets spéciaux sont totale- ment ancrés dans le quotidien du couple que joue Romain Duris et Audrey Tautou et ce qui pourrait paraître irréel devient normal et presque banal. Les thèmes de l’amour, des passions destructrices et de la maladie sont traités avec humour aussi bien qu’avec un réalisme écrasant. L’adaptation de ce classique de la littérature était un pari risqué et osé qui a souvent été critiqué pour son manque de richesse comparé au livre. Mais malgré l’his- toire qui démarre doucement et le film un peu long, L’Écume des jours est une œuvre à la fois poétique et surprenante,qui révèle l’originalité créatrice de Gondry. L’ÉCUME DES JOURS DRÔLE DE BOBINE