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Les contributions
du CODESPAR
JUILLET 2014
Les 4 scénarios imaginés
permettent d’identifier les
mutations à venir :
la transition énergétique,
l’évolution vers une
industrie plus intelligente,
l’internationalisation de
la production,
l’hybridation croissante
entre industries
et services...
Automobile,
agroalimentaire,
bâtiment et TIC : quelles
mutations faut-il anticiper ?
Phase 2 : 4 scénarios d’évolution d’ici 2030
et les préconisations stratégiques
se numérise
s’énergise
s’internationalise
se servicialise
L’industrie
2 CODESPAR JUILLET 2014
SOMMAIRE
3 Synthèse
4 La démarche du groupe-projet « Prospective économique »
6 Rappel des éléments clés du diagnostic partagé
7 Quatre scénarios sur le devenir de l’industrie en 2030
8 Scénario A - L’industrie se numérise
10 Scénario B - L’industrie s’énergise
12 Scénario C - L’industrie s’internationalise
14 Scénario D - L’industrie se servicialise
17 Les mutations de l’industrie et la stratégie d’accompagnement de ces
évolutions
18 Les mutations transversales de l’industrie
18 L’industrie à l’épreuve de la transition énergétique et écologique
18 Une évolution vers des produits à plus haute valeur ajoutée
19 L’intelligence renouvelle la chaîne de valeur
19 Une innovation centrée sur les usages reposant sur des méthodes plus collaboratives
19 La sécurisation des parcours des salariés de l’industrie
21 Les mutations des filières industrielles traditionnelles
21 Une filière véhicules et mobilité à accompagner
24 L’agroalimentaire : vers une filière compétitive et durable
27 Les TIC : le numérique dynamise les autres secteurs d’activité
29 Le bâtiment : vers un bâtiment durable avec une gestion intégrée de l’énergie
31 Les opportunités de structuration de nouvelles filières industrielles
31 Vers une filière de production de système d’autonomie énergétique ?
33 L’aéronautique : une opportunité à saisir pour structurer un réseau de sous-traitants ?
34 La rénovation ferroviaire : une activité à pérenniser ?
35 Glossaire
3Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
L’industrie du bassin rennais a été fortement
fragilisée au cours des dernières années, et
de manière plus exacerbée encore en 2013.
Des filières industrielles, sur lesquelles le
territoire avait assis son développement, se
sont trouvées dans des situations difficiles.
Le groupe a choisi d’analyser le devenir de
4 filières d’activités (automobile, agroali-
mentaire, bâtiment et TIC)*. L’industrie au-
tomobile a été particulièrement mise à mal
avec 1 400 suppressions d’emploi au niveau
du constructeur PSA et un impact sur les
équipementiers et les sous-traitants (Faure-
cia, Cooper...). De nombreuses entreprises
de l’industrie agroalimentaire ont elles aus-
si été affaiblies en Bretagne (Gad, Marine
Harvest...) même si le bassin rennais a été
moins impacté. La filière numérique a été
confrontée à une situation ambivalente avec
des difficultés de recrutement, d’une part, et
des licenciements importants (Renesas, Alca-
tel...), d’autre part. La filière du bâtiment a
elle aussi vécu une situation contrastée avec
des grosses entreprises qui ont évité les res-
tructurations grâce à des transferts de charge
et nombre de petites entreprises qui ont dû
supprimer des emplois voire cesser leur acti-
vité. L’inquiétude sur cette situation a sou-
levé plusieurs questionnements :
Comment vont évoluer les industries au-
jourd’hui structurantes pour le bassin ren-
nais ? Auront-elles le même poids ? Faut-il
anticiper des modifications de la structure de
l’emploi de ces filières ? Peut-on envisager
la création de nouvelles activités créatrices
d’emplois ?
Pour répondre à ces questionnements, le
groupe a identifié 4 scénarios d’évolution sur
le devenir de l’industrie à l’horizon 2030 :
•• L’industrie se numérise
•• L’industrie se valorise
•• L’industrie s’internationalise
•• L’industrie se servicialise
Ces 4 scénarios sont monolithiques puisqu’ils
ont été construits à partir d’une seule ten-
dance lourde. L’avenir sera probablement une
hybridation entre ces différents scénarios.
Mais, le fait de se projeter en 2030 a per-
mis d’identifier plusieurs défis transversaux
qu’aura à relever l’industrie. Ainsi, on assiste
à une porosité croissante entre industries et
services. Nombreux sont les établissements
industriels qui proposent des activités de ser-
vice. Par ailleurs, la transition énergétique et
écologique constitue un autre défi qu’auront
à relever les industries. En effet, l’industrie
s’est développée comme une production
standardisée en grande série, ce qui, dans un
monde où les ressources sont limitées, est
remis en cause. De plus, dans un monde glo-
balisé, où les plus importants foyers de crois-
sance sont hors d’Europe, se pose la question
de notre compétitivité et de notre capacité
à proposer des produits à plus forte valeur
ajoutée.
Outre ces mutations transversales, chaque
filière est concernée par des évolutions spé-
cifiques. L’industrie de l’automobile évolue
vers l’industrie des mobilités. L’agroalimen-
taire français est dépassé par les concurrents
allemands et la Bretagne est confrontée à un
risque de décrochage. Elle doit évoluer pour
restaurer sa compétitivité et rester un acteur
significatif. Le numérique qui a longtemps
constitué une spécificité du bassin rennais,
se diffuse désormais sur tous les territoires.
Pour autant, le bassin rennais a encore des
cartes à jouer, notamment en continuant de
s’appuyer sur son expertise historique dans
les télécoms, les réseaux et l’image. Le bâti-
ment doit faire évoluer ses modes de fabri-
cation et de rénovation pour respecter les
enjeux liés à la transition énergétique.
Pour accompagner l’ensemble de ces muta-
tions, le groupe a identifié des pistes d’action
à mettre en œuvre. Elles ne sont pas exhaus-
tives et devront être alimentées au fil des
échanges avec les acteurs concernés (entre-
prises, syndicats, élus...).
*
Le groupe a choisi
de travailler sur 4
filières d’activité
qui ne reflètent pas
l’intégralité de
l’industrie du bassin
rennais et encore
moins du tissu
économique. Deux
d’entre elles re-
lèvent à proprement
parler de l’indus-
trie : l’automobile
et l’agroalimentaire.
Le groupe a sou-
haité aussi analyser
le bâtiment et la
filière TIC en raison
de leur importance
dans l’économie
productive du
bassin rennais.
Synthèse
4 CODESPAR JUILLET 2014
Les étapes de la démarche
Le groupe-projet constitué en octobre 2012
a achevé ses travaux en février 2014 après
14 réunions. La démarche du groupe s’est
déroulée en 4 phases :
Note n°2
La présente
contribution
constitue la
synthèse des
phases de
prospective
et de stratégie.
La démarche du groupe-projet
« Prospective économique »
Note n°1
CODESPAR, « Auto-
mobile, agroalimen-
taire, bâtiment et
TIC – Phase 1 : dia-
gnostic de 4 filières
à enjeux pour le
bassin d’emploi
de Rennes », juin
2013.
DIAGNOSTIC
4 filières d’activité
Automobile
Agroalimentaire
TIC
Bâtiment
nov. 12 > avril 13
PROSPECTIVE
mai 13 > nov. 13
STRATEGIE
Identification des
défis transversaux
Définition des
préconisations
déc. 13 > mai 14
VALORISATION
Partage des
enseignements
auprès des acteurs
socio-économiques
mai 14 > juin. 14
Définition de 10
variables
Définition de
4 hypothèses
par variable
Construction
de 4 scénarios
5Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Le choix d’une approche
prospective
La démarche de prospective constitue un ou-
til de réflexion collective par l’échange. Elle
a pour principale vertu de s’obliger à antici-
per hors de l’urgence. Elle permet de s’ins-
crire dans la durée et de projeter la réflexion
du groupe sur une échelle de temps longue.
Elle permet en outre d’ouvrir le champ des
possibles et le cadre de pensée habituel. Le
groupe s’est enrichi de la méthodologie du
CESER Bretagne (Conseil Économique, Social
et Environnemental Régional) en matière de
prospective.
Une méthodologie
prospective appliquée
avec pragmatisme
Le groupe a d’abord identifié 10 variables
susceptibles d’influencer l’évolution de l’in-
dustrie.
Pour chacune des variables, 4 hypothèses
d’évolution ont été définies par le groupe.
Néanmoins, le périmètre de l’étude a empê-
ché une application rigoureuse de la méthode
prospective. En effet, la définition des 4 scé-
narios s’est faite à partir des hypothèses
mais sans que celles-ci soient toutes utilisées
nécessairement. La cohérence de chaque
scénario pour chaque filière a été privilégiée.
La définition de la
stratégie
Suite à l’élaboration de ces 4 scénarios, le
groupe a identifié des défis transversaux. La
stratégie et les préconisations se nourrissent
donc de la démarche de prospective, mais
également des enjeux identifiés lors de la
phase de diagnostic.
1 Facteur environnemental (disponibilité
des matières premières, coût…)
2 Ouverture à l’international (place de
l’export, échelle des marchés…)
3 Structuration des filières d’activité
4 Gouvernance du numérique
5 Modes de vie et comportements (modes
d’achat, facteurs d’arbitrage…)
6 Rôle des grands donneurs d’ordre et
centres de décisions (niveau d’implan-
tation, type d’acteurs…)
7 Réglementation (fiscalité, incitations…)
8 Structuration des différentes échelles
territoriales (rôle de l’Union européenne,
des collectivités, politiques menées…)
9 Emploi et conditions de travail (régle-
mentation, concurrence, salaire, com-
pétences, formation…)
10 Place de l’innovation (degré de diffu-
sion, résultats…)
Le groupe de prospective économique s’est mobilisé de septembre 2012 à juin 2014.
6 CODESPAR JUILLET 2014
•• Concurrence entre les territoires y
compris au niveau national.
•• Absence de stratégie commune portée
collectivement par les acteurs du terri-
toire, en dépit de la culture collaborative.
•• Absence de prise de décision en dépit de
la culture collaborative.
•• Éloignement des centres de décision avec
le départ de grands groupes.
•• Contraintes de plus en plus fortes
imposées par la réglementation.
•• Exode de la population jeune vers
d’autres territoires.
MENACES
•• Existence de marchés en forte croissance
au niveau mondial pouvant constituer des
débouchés à l’export.
•• Processus de relocalisation de certaines
activités.
•• Réglementation qui contribue à structurer
des filières d’activités pour des marchés
jusqu’ici confidentiels.
•• Croisement entre les filières.
•• Intégration du numérique dans les autres
filières.
•• Industries d’extraction offrant des poten-
tiels importants (carrières…)
•• Transition énergétique.
•• Valorisation de la biomasse.
•• Grands chantiers du territoire (LGV,
métro…) tirant certaines activités directes
(travaux publics) et indirectes (habitat,
services…).
OPPORTUNITES
•• Équilibre du territoire qui, malgré une
certaine spécialisation, demeure assez
diversifié.
•• Présence de grands groupes.
•• Présence de pôles de compétitivité impor-
tants dans les filières.
•• Formation de qualité aux différents
niveaux de qualification, présence d’uni-
versité, d’instituts.
•• Situation sociale assez favorable.
•• Culture collaborative.
•• Dynamisme démographique du territoire
avec une population jeune importante.
•• Ressources naturelles importantes (aqua-
tiques, milieux…).
•• Qualité de vie du territoire (équipements,
accès facilité à la propriété, accessibilité…
ATOUTS
•• Forte dépendance du territoire à l’écono-
mie productive et donc à la conjoncture
économique.
•• Taille des entreprises insuffisante dans
certains secteurs.
•• Éloignement des centres de décision et
dépendance vis-à-vis de quelques gros
acteurs.
•• Manque de compétitivité internationale
concernant les industries de volume.
•• Absence de certaines compétences dans
l’industrie (chaudronnier, monteur…).
•• Marchés vieillissants, saturés.
•• Visibilité insuffisante du territoire.
•• Situation logistique défavorable en raison
de la situation péninsulaire, de l’absence
de complémentarité entre les différents
modes et de faible connexion aux flux
nationaux et internationaux.
•• Valorisation insuffisante des ressources
naturelles.
•• Complexité de la réglementation.
FAIBLESSES
Rappel des éléments clés du
diagnostic partagé
Le groupe « Prospective économique »
a démarré ses travaux par un diagnostic
(octobre 2012 – juin 2013) synthétisé dans
une première contribution parue en juin 2013.
4 filières d’activité structurantes pour le
bassin rennais ont été analysées : auto-
mobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC.
Pour chacune d’entre elles, une analyse a été
menée sur la situation de la filière en 2013
avec ses atouts et ses faiblesses. L’étude des
mutations a aussi permis d’identifier des op-
portunités et des menaces en termes d’évo-
lution. La synthèse de ces analyses est pré-
sentée ci-dessous.
7Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
L’évolution de l’industrie sur le bassin ren-
nais est conditionnée par différents para-
mètres (le facteur environnemental, l’ouver-
ture à l’international, la réglementation...)
qui correspondent aux 10 variables identi-
fiées ci-dessus. En fonction de ces variables,
l’évolution de l’industrie pourrait prendre un
tournant tout à fait différent d’ici 2030. 4
scénarios ont ainsi été imaginés. Chacun est
sous-tendu par une dynamique spécifique.
Pour chaque scénario, l’évolution des 4 filières
d’activité structurantes du territoire est ana-
lysée ainsi que son impact sur les emplois.
Pour rappel, la construction de ces 4 scé-
narios permet de se projeter en 2030 pour
imaginer des évolutions possibles et anti-
ciper les mutations. Ils n’ont pas vocation
à prédire l’avenir et le futur sera probable-
ment une combinaison entre ces différents
scénarios. Il s’agit d’imaginer ce qu’il pour-
rait advenir. Ces futurs possibles, imaginés
par les membres du groupes, ne corres-
pondent pas nécessairement au futur sou-
haitable.
Pour imager les scénarios, il est fait men-
tion d’acteurs locaux ou internationaux
existants (entreprises, acteurs institu-
tionnels...). Néanmoins, les propos sont
la restitution des échanges du groupe du
Codespar et n’ont pas vocation à refléter
le positionnement de l’acteur cité à titre
d’illustration.
NOTA
Quatre scénarios sur le devenir
de l’industrie en 2030
SCENARIO A
L’industrie
se numérise
SCENARIO B
L’industrie
s’énergise
SCENARIO C
L’industrie
s’internationalise
SCENARIO D
L’industrie
se servicialise
8 CODESPAR JUILLET 2014
Le bassin rennais fait du numé-
rique un moteur pour dynamiser
son socle industriel. Il s’appuie sur
les TIC pour atteindre les objec-
tifs en matière de performance
énergétique, pour favoriser les
croisements de filières générateurs
d’innovation et pour améliorer les
gains de compétitivité dans l’indus-
trie traditionnelle. Désormais,
l’industrie constitue de nouveaux
débouchés pour la filière TIC du
territoire.
Une filière automobile recomposée : des acteurs hors de la fi-
lière automobile se positionnent sur les véhicules communi-
cants
Le tassement du marché européen a engendré la fermeture du site
de Rennes de PSA dès 2017. Dans la mesure où PSA structurait un
maillage de sous-traitants sur le bassin rennais, sa disparition entraîne
une restructuration drastique de la filière. Les sous-traitants les plus
dépendants du constructeur ont cessé leur activité ou se sont diversi-
fiés. Les véhicules deviennent de plus en plus communicants et servi-
ciels et de nouveaux acteurs apparaissent. Bolloré, fabricant de batte-
ries pour véhicules électriques et de la Bluecar d’Autolib à Paris décide
de dupliquer son système d’autopartage à Rennes et se lance dans la
fabrication de bus électriques. Des acteurs du stationnement (Citédia,
Vinci...) jouent un rôle croissant en proposant désormais une place
de stationnement combinée à un véhicule électrique pour une durée
limitée. La gestion de l’information et des systèmes d’interconnexion
devient un élément-clé dans la chaîne de valeur.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Baisse forte du nombre d’emplois résultant de la fermeture de
PSA et de plusieurs sous-traitants.
ÎÎ Création d’emplois au niveau des nouveaux acteurs de la mobi-
lité.
ÎÎ Pilotage des systèmes d’information, d’interconnexion et ges-
tion de l’énergie des véhicules apparaissant comme des fonc-
tions de plus en plus stratégiques.
AUTOMOBILE
VEHICULES ET MOBILITES
L’agroalimentaire s’appuie sur le numérique pour améliorer
ses process de fabrication et garantir une traçabilité optimale.
Les acteurs de la filière agroalimentaire se rapprochent de la filière nu-
mérique pour croiser leur savoir-faire et générer des innovations. L’in-
tégration croissante de capteurs au sein de l’agroalimentaire permet
d’améliorer le système de traçabilité (système d’information, code-
barre, RFID). Dans ces usines ultra-modernes, les TIC optimisent les
process de fabrication (automatisation...) et permettent d’améliorer
les conditions de fabrication (gestes, postures...). Pour financer ces
nouveaux outils industriels, la filière procède à un mouvement de
concentration qui permet d’augmenter la taille des entreprises ; les
usines se rapprochent et nouent des alliances industrielles fortes avec
de grands groupes. La filière agroalimentaire est recomposée avec des
unités de fabrications plus importantes.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Diminution du nombre d’emplois liée à la concentration des
acteurs.
ÎÎ Hausse des qualifications moyennes au sein des entreprises
avec l’intégration croissante des TIC.
ÎÎ Amélioration des conditions de travail.
AGROALIMENTAIRE
L’industrie
se numérise
SCENARIO A
9Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Impact sur l’emploi variable en fonction des acteurs qui se posi-
tionneront sur ce marché en émergence mais en forte accéléra-
tion.
ÎÎ Montée en compétences des acteurs en lien avec l’intégration
croissante des TIC.
BATIMENT
L’industrialisation des TIC
Le secteur des TIC développe des activités pour les filières industrielles
du territoire notamment. L’industrialisation de la filière se traduit par
le développement d’éditeurs de logiciels. Ces industriels s’émancipent
de la dépendance entre ESN (Entreprises de Service Numérique) et
donneurs d’ordre (Orange et Technicolor). Ceci génère une diversifi-
cation des compétences : les ingénieurs ne sont plus la majorité de
l’effectif, comme dans les ESN, s’y ajoutent des techniciens (vente,
logistique...). L’approche par l’usage et les croisements de filière sont
générateurs d’innovation. La collectivité favorise le rapprochement
entre différents projets du territoire sur le lien entre TIC et santé.
Alcatel-Lucent s’associe avec NSN et constitue ainsi un acteur de pre-
mier plan dans le secteur des équipements des télécoms. Le territoire
devient une référence en matière de e-commerce. En effet, la mise en
place du showroom numérique dans le centre commercial Grand Quar-
tier, qui s’est essaimé au centre Alma, est désormais une vitrine pour
de nombreux territoires.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Diminution de la forte dépendance des entreprises de services
du numérique aux donneurs d’ordre.
ÎÎ Hausse du nombre d’emplois.
ÎÎ Diversification des compétences.
TIC
Vers le bâtiment intelligent
Pour atteindre la RT 2020, le secteur du bâti-
ment s’est orienté massivement vers le bâtiment
intelligent. L’expertise du territoire en matière
de télécoms est mise au service de la gestion
des réseaux. L’utilisation de capteurs sans fil
permet une consommation optimisée et l’ex-
ploitation de sources d’énergie décentralisées
(panneaux photovoltaïques, éoliennes…). Les
opérateurs de téléphonie et de services initient
cette mutation en développant des solutions de
smart homes au sein des nouveaux quartiers en
cours d’aménagement. Orange devient le leader
de la chaîne de valeur et relègue des acteurs
de la domotique, comme Delta Dore, à un rôle
d’équipementier. En effet, c’est Orange qui cen-
tralise désormais l’ensemble des données rela-
tives à la gestion de l’énergie, que l’habitant ou
le gestionnaire commande depuis un terminal
unique : son smartphone.
Ecran de commande élaboré par Delta dore - @photo : Delta dore
10 CODESPAR JUILLET 2014
Dans un contexte de raréfaction
des ressources, de pénurie des
matières premières et de hausse
de la pollution, le territoire rennais
fait de la transition énergétique et
écologique un levier majeur d’évo-
lution de son industrie. Il favorise
l’économie circulaire c’est-à-dire
la volonté de prélever le moins
de ressources possibles, grâce à
l’écoconception, à la réutilisation
des produits et au recyclage des
déchets*. Les évolutions inter-
viennent à 2 niveaux : l’industrie
s’adapte pour diminuer sa consom-
mation d’énergie et de matières
premières et certains acteurs pro-
posent des services répondant aux
nouveaux marchés liés à la tran-
sition énergétique et écologique.
De nouvelles filières d’activités se
développent fortement autour de
la croissance verte et bleue (glaz
économie)**.
L’industrie de l’automobile se tourne vers la mobilité décarbo-
née
La filière automobile connaît un nouveau souffle. Le durcissement de
la réglementation européenne en matière d’émission de gaz à effet de
serre, conjugué à la hausse du prix de l’énergie, favorise la production
de véhicules plus écologiques. L’Union européenne soutient un vaste
programme de R&D dans ce domaine. PSA, avec son expertise acquise
dans l’hybride et dans des systèmes écologiques, s’associe à d’autres
constructeurs pour développer des véhicules très peu polluants. Il
choisit de s’appuyer sur le territoire rennais, reconnu pour sa capa-
cité d’expérimentation, pour mettre en place de nouveaux services de
mobilité. De nouveaux acteurs de la mobilité servicielle s’implantent
sur le territoire pour ces mêmes raisons.
AUTOMOBILE
VEHICULES ET MOBILITES
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Maintien de PSA sur le territoire mais diminution des emplois
après les suppressions de 2016.
ÎÎ Création d’emplois au niveau des nouveaux acteurs de la mobilité.
Une filière qui allie compétitivité et développement durable
La filière agroalimentaire est rénovée en alliant compétitivité et dé-
veloppement durable. D’une part, les consommations d’énergie sont
réduites au sein des entreprises. D’autre part, la valorisation des pro-
duits liés au processus de fabrication dit « co-produits »(produits finis
non commercialisables, partie du produit non utilisée, déchets géné-
rés...) connaît un essor important. La gestion des effluents issus de
l’élevage s’organise en lien avec la mise en place d’unités de produc-
tion d’énergie par méthanisation qui produit de l’électricité et du GNV
(Gaz Naturel pour Véhicule). La chaleur récupérée est exploitée pour
produire des micro-algues à forte valeur ajoutée. Cette activité favo-
rise la préservation de la qualité des eaux tout en préservant l’agricul-
ture, s’inscrivant pleinement dans la glaz économie.
AGROALIMENTAIRE
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Maintien des emplois grâce une amélioration de la compétitivité
de la filière.
*
Astères, Économie circulaire et recyclage : vers un nouveau modèle économique, août
2013.
**
La « glaz économie » désigne l’économie liée à la mer (bleu), à la croissance verte
(vert) et au numérique, aux nouveaux modèles collaboratifs ou encore à l’économie
liée à la vieillesse dite «silver économy» (gris). En effet, le terme breton «  glaz  »
désigne une couleur qualifiant les différentes teintes de la mer lorsqu’elle se confond
avec l’horizon : vert, bleu, gris. Cette glaz économie est l’ambition que s’est donnée la
région Bretagne dans le cadre de sa stratégie régionale de développement économique
et d’innovation (SRDEII).
L’industrie
s’énergise
SCENARIO B
11Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
La recherche d’économie d’énergie renforce les usages
intelligents des biens. Les smart grids se développent
pour lisser les consommations et optimiser l’usage des
biens. Le territoire parvient à mettre ses compétences
numériques au service de la rénovation énergétique
des logements collectifs, individuels et des bâtiments
tertiaires.
L’implantation d’une filiale de Dassault permet au terri-
toire de devenir une référence en matière de modélisa-
tion de la performance énergétique.
TIC
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Diminution de la forte dépendance des entreprises de service numérique (ESN) aux donneurs d’ordre.
ÎÎ Hausse du nombre d’emplois.
ÎÎ Diversification des compétences.
Une filière soutenue par la maîtrise de l’efficacité énergétique
La filière du bâtiment dopée par les enjeux
d’efficacité énergétique
Le territoire développe une politique ambitieuse
de rénovation de l’habitat mise en œuvre avec la
RT2020 (qui impose des bâtiments à énergie posi-
tive). Cette démarche est facilitée par la mise en
place d’un guichet unique associant l’ensemble des
acteurs de la construction durable autour d’une
charte de la qualité et en mobilisant les solutions
innovantes de financement. Cette dynamique per-
met de faire apparaître de nouvelles solutions en
industrialisant les chantiers de rénovation éner-
gétique pour diminuer les coûts. Néanmoins, la
hausse du coût de l’énergie fragilise la solvabilité
des ménages qui ne peuvent pas engager des tra-
vaux de rénovation. Les constructions neuves res-
pectent les normes de la RT2030 avec des maisons
écologiques qui se font à un prix de plus en plus
abordable (constructions modulaires). Le territoire
favorise la mise en place de boucles énergétiques
à l’échelle d’une intercommunalité, d’un quartier...
pour une gestion dynamique et redistributive de
l’énergie. Delta Dore joue un rôle majeur grâce
à la mise en place d’un véritable tableau de bord
de gestion de l’énergie de la maison qui permet
de piloter l’ensemble des systèmes de production/
consommation/effacement d’énergie. Sanden de-
vient un acteur européen avec la fabrication de ses
pompes à chaleur pour le bâtiment. Par ailleurs, le
territoire soutient la construction durable à travers
son PLHD (Programme Local de l’Habitat Durable)
et facilite les expérimentations de produits et sys-
tèmes innovants.
BATIMENT
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Évolution des compétences et des modes de
collaboration entre les différents corps de
métier du bâtiment.
ÎÎ Potentiel de création d’emploi beaucoup plus
important sur la rénovation du parc existant
que sur la construction.
L’essor de solutions d’énergies renouvelables
en auto-consommation grâce à un ancrage
local fort
Pour diminuer sa dépendance énergétique, le ter-
ritoire, en plus des travaux de rénovation énergé-
tique qu’il soutient, favorise la production d’éner-
gies renouvelables au niveau local. À l’image des
pays où l’éolien est très développé (Allemagne,
Danemark...), ces infrastructures sont financées en
mobilisant l’épargne des ménages, ce qui permet
d’améliorer l’acceptation par les habitants qui sont
parties prenantes du projet (ex. ferme citoyenne de
Béganne). Un des choix faits est de s’orienter vers
le mix éolien-solaire. La hausse du prix de l’énergie
contribue au développement de l’auto-consomma-
tion car il devient plus intéressant de produire son
énergie pour sa propre consommation que de la
revendre au réseau.
Les opportunités liées à la mer
La création d’un pôle mer à l’échelle du grand ouest
a des répercussions positives sur le bassin rennais.
Il s’appuie notamment sur des coopérations renfor-
cées avec Saint-Malo (Rennes Atalante, Goëmar...)
En effet, des activités industrielles se développent
autour de la valorisation des ressources marines.
Les algues sont exploitées pour des activités phar-
maceutiques, des emballages dans l’agroalimen-
taire mais aussi comme substitut du plastique. La
culture d’algues se développe pour ne pas tarir le
gisement naturel.
L’EMERGENCE DE LA
GLAZ ECONOMIE
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Emplois liés à l’installation et à la mainte-
nance des infrastructures.
ÎÎ Difficulté à estimer le potentiel de création
d’activités industrielles.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Potentiel de création d’emplois.
12 CODESPAR JUILLET 2014
La faible croissance des marchés
locaux pousse le territoire à s’ou-
vrir pleinement à l’international.
Le centre des congrès facilite ce
rayonnement de la métropole.
Pour demeurer compétitif, le
territoire favorise des produits
innovants à haute valeur ajoutée.
Pour optimiser son positionnement
international, il a investi fortement
dans ses infrastructures (plate-
forme logistique, LGV, aéroport
international) et anime plusieurs
salons internationaux annuels.
Le site de Rennes de PSA devient un village de l’industrie,
structuré autour d’activités d’assemblage pour différents sec-
teurs d’activité
PSA s’appuie sur son alliance capitalistique avec le Chinois Dong-
feng pour développer fortement l’activité d’assemblage sur le site de
Rennes. Cette activité lui permet de devenir une plate-forme multi-
marque, issue de la mutualisation entre plusieurs constructeurs. Cette
activité d’assemblage se développe au-delà de la seule filière automo-
bile et notamment pour les activités de l’aéronautique et du machi-
nisme agricole. Si le territoire possédait déjà des entreprises dyna-
miques, désormais, il dispose d’acteurs majeurs compétitifs à l’échelle
internationale.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Maintien de l’emploi grâce au développement des activités
d’assemblage.
ÎÎ Déplacement des emplois de la filière automobile en raison
des mouvements de délocalisation opérés suite aux alliances
nouées.
AUTOMOBILE
VEHICULES ET MOBILITES
La filière s’oriente vers des produits à haute valeur ajoutée
L’industrie agroalimentaire bretonne a connu une grave crise en 2013.
Jusqu’alors, elle se caractérisait par une part élevée des produits réfri-
gérés, qui d’une part ont une faible valeur ajoutée et d’autre part sont
difficilement exportables. L’industrie agroalimentaire décide d’orienter
sa production vers des produits à haute valeur ajoutée (ex. plats cui-
sinés, produits alimentaires intermédiaires «PAI») d’une qualité sani-
taire irréprochable et issue d’une filière démédicalisée, pour pouvoir
se tourner vers les marchés en forte croissance. On assiste à un phé-
nomène de concentration et de restructuration des entreprises, pour
gagner en compétitivité. Cette concentration permet aux entreprises
concernées d’atteindre la taille critique, condition impérative pour réa-
liser des investissements en matière d’innovation-produit. Jusqu’alors,
seuls 2 % du chiffre d’affaire des industries agroalimentaires étaient
consacrés à la R&D, désormais cela représente un investissement
conséquent. En plus du développement de la R&D en interne, des par-
tenariats sont noués avec des laboratoires au niveau local pour valori-
ser la recherche. Cette activité d’innovation permet aux acteurs de la
filière de se diversifier en termes de secteurs d’activités en s’orientant
vers de nouveaux débouchés : aliment fonctionnel, cosmétique, phar-
maceutique.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Montée du niveau de compétences requis et besoin accru de
personnel en R&D.
AGROALIMENTAIRE
L’industrie
s’internationalise
SCENARIO C
13Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
La préfabrication se développe sous
l’égide d’acteurs internationaux
Le maintien du dynamisme démogra-
phique génère des besoins importants en
logements. De plus, les exigences liées à
la RT2030 incitent à trouver des modes
constructifs plus performants. La préfabri-
cation se développe : dalles précontraintes,
prémurs en béton, planchers préfabriqués,
composants standardisés à structure bois...
Elle a des atouts à faire valoir : diminution
forte du temps de construction, réduction
du coût global, économie de matériaux et
d’énergie. Des entreprises québécoises, qui
ont déjà acquis une expertise sur le pré-
fabriqué, se positionnent sur le marché
français, et implantent des usines sur le
territoire rennais en raison de son dyna-
misme démographique. La majeure partie
de la construction est effectuée en usine
-et non plus directement sur les chantiers
localement- et cette industrialisation se tra-
duit par une diminution des effectifs dans
la filière.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Évolution des compétences et des
modes de collaboration entre les dif-
férents corps de métier du bâtiment.
ÎÎ Potentiel de création d’emploi beau-
coup plus important sur la rénovation
du parc existant que sur la construc-
tion.
BATIMENT
Le numérique fait de Rennes une smart
city
La filière TIC est profondément renouvelée,
en lien avec le départ d’un acteur majeur
du territoire. Mais, elle connaît un nouvel
essor en se positionnant sur les innova-
tions d’usage (manière de faire, d’inno-
ver, de travailler...) plutôt que sur le hard
(technologies, processus de production...).
Le numérique est de plus en plus valorisé
par la collectivité elle-même qui anime une
politique d’open data. Elle y voit un moyen
d’améliorer sa relation aux usagers, et un
formidable accélérateur de sa culture col-
laborative. Après Lyon, Nice et Montpellier,
la ville s’oriente vers une smart city, large-
ment impulsée par Orange.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Développement de nouvelles activi-
tés.
ÎÎ Pas d’emplois industriels créés.
TIC
L’aéronautique apparaît comme une opportu-
nité majeure avec des carnets de commande à
8 ans, pour lesquels Airbus ne dispose pas de
capacités de production suffisante. Or, il existe
une forte proximité de compétences entre l’au-
tomobile et l’aéronautique avec une filière hori-
zontale en termes de métiers, par exemple pour
le métier de monteur. De plus, la capacité des
acteurs de l’automobile à travailler avec des
contraintes très fortes permet de convaincre les
donneurs d’ordre de l’aéronautique. Partant de
ce constat, Bretagne Ateliers a été précurseur
en intégrant dès 2013 le pôle de fournisseurs
d’Airbus. Les acteurs de la filière automobile du
grand ouest décident de nouer un partenariat
entre eux pour proposer à Airbus une offre inté-
grée pour l’assemblage d’un sous-ensemble. Ce
partenariat à l’échelle du grand ouest permet
aussi aux acteurs de s’appuyer sur l’expertise
des acteurs du nautisme en matière de compo-
site pour la transférer à l’aéronautique.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Maintien des emplois grâce à la structuration de la filière aéronautique.
Un partenariat entre les acteurs de l’ouest pour s’ouvrir à l’aéronautique
AERONAUTIQUE
14 CODESPAR JUILLET 2014
Les industries sont totalement
transformées. La possession du
produit importe moins que son
usage. Les usages évoluent très
vite ainsi que les cycles de vie des
produits. Une industrie nouvelle se
développe : elle est plus diffuse,
plus personnalisée et repose sur la
fabrication de plus petites séries.
Une filière automobile remplacée par un bouquet de services
de mobilité
La mobilité est profondément renouvelée. Les services de mobilité se
sont fortement développés dans le cadre du nouveau Plan de Dépla-
cement Urbain de la métropole. La mise en place de la plate-forme
d’autopartage à Rennes a accéléré le développement de ces services.
L’intermodalité est devenue la norme facilitée par le Korrigo ouest. La
filière automobile est bouleversée par l’apparition sur ce marché de
nouveaux acteurs issus d’autres domaines d’activité (stationnement,
données...). Le constructeur PSA a vu ses effectifs fortement réduits.
D’une part, car le marché des véhicules neufs est en diminution et
d’autre part, car les constructeurs n’ont désormais plus l’exclusivité
sur la vente de véhicules. Enfin, la filière véhicule pour s’adapter au
mieux aux besoins des usagers s’appuie sur le principe de la co-créa-
tion, c’est-à-dire sur le fait d’associer les autres acteurs de la filière
soit dès la phase amont de conception des véhicules soit pour les ser-
vices en aval.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Optimisation de l’usage des véhicules engendrant une diminu-
tion du nombre de véhicules et du nombre d’emplois.
AUTOMOBILE
VEHICULES ET MOBILITES
Une industrie agroalimentaire à la carte
L’agroalimentaire développe des produits sur-mesure au plus près
des besoins des consommateurs. Le centre culinaire contemporain,
qui décrypte les usages, joue un rôle majeur dans ces innovations.
Pour établir ce maillage, de petites unités de fabrication se mettent en
place. Ces usines valorisent les services en lien avec le consommateur
(livraison, paiement en ligne, conseil personnalisé...). Les investisse-
ments les plus importants sont mutualisés au sein de réseaux de PME.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Montée en compétences dans la filière agroalimentaire.
AGROALIMENTAIRE
L’industrie se
servicialise
SCENARIO D
15Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Une filière qui se développe autour des
services
Les entreprises du bâtiment proposent
désormais l’achat d’une maison, conju-
gué à des services adaptés aux besoins
des populations concernées (personnes
dépendantes, handicapées...). Des ser-
vices d’accessibilité, de domotique, de
surveillance et de proximité (conciergerie,
dépôt des colis...) sont proposés. De plus
en plus, les bâtiments favorisent la mixité
des populations (jeunes-personnes âgées)
et des usages. Pour permettre une évolu-
tion au gré du parcours de la personne et de
l’évolution des résidents, l’habitat lui-même
peut être adapté grâce à des constructions
modulaires.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Pas de création d’activités indus-
trielles.
ÎÎ Nouveaux modes de collaboration
entre les corps de métiers et avec
d’autres secteurs/métiers (ergo-
nome, professionnels de la santé).
BATIMENT
La filière numérique structurée autour
de sa vocation collaborative
La filière TIC se développe autour de
l’usage car elle contribue à constituer une
véritable communauté d’utilisateurs. Les
projets en open source se développent. Des
projets émergent et se font préfinancer ce
qui accélère l’innovation. Les progrès tech-
nologiques sont inspirés par la compréhen-
sion des usages. L’imprimante 3D a vu son
coût fortement diminuer ce qui favorise sa
diffusion. Certaines entreprises se spécia-
lisent dans la production à partir d’impri-
mantes 3D à destination des entreprises qui
assurent uniquement la conception et pas
la fabrication. Elle contribue à faire émerger
une industrie éphémère beaucoup plus per-
sonnalisée, en petite série. La collectivité a
mis en place un pôle de création numérique
qui facilite les liens entre les acteurs-clés à
une échelle internationale.
Quels impacts sur l’emploi ?
ÎÎ Développement de la filière à partir
d’entreprises de tailles moins impor-
tantes (types start-ups).
ÎÎ Hausse des compétences requises y
compris en matière de conception en
lien avec l’imprimante 3D.
TIC
16 CODESPAR JUILLET 2014
17Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Les mutations de l’industrie
et la stratégie d’accompagnement
de ces évolutions
Les 4 scénarios décrits précédemment
ont illustré des évolutions possibles
de l’industrie. Certaines évolutions
sont transversales c’est-à-dire com-
munes aux différentes filières tandis
que d’autres ne concernent qu’une
seule filière. Enfin, la réflexion sur le
devenir de l’industrie amène à envi-
sager d’autres activités industrielles
que les activités existantes. Elles sont
développées dans la partie intitulée
«  Les opportunités de structuration
de nouvelles filières industrielles  ».
Ce travail de définition des scénarios
a permis d’imaginer différents futurs
possibles, qui ne correspondent pas
nécessairement au futur souhaitable.
Le groupe a identifié plusieurs préco-
nisations stratégiques pour accom-
pagner ces mutations. Parce qu’elles
servent à accompagner les muta-
tions, elles sont présentées dans le
document à l’issue de chaque partie
relative aux mutations précisément.
Les préconisations s’adressent à des
acteurs variés  : collectivités, entre-
prises, syndicats de salariés... Le tra-
vail de valorisation de la note devra
aussi permettre de favoriser l’appro-
priation de ces préconisations et leur
éventuel approfondissement pour la
mise en place d’actions pour parvenir
à une concrétisation opérationnelle.
18 CODESPAR JUILLET 2014
*
Ministère de
l’Écologie (MEDDE),
Etat des lieux de
la consommation
d’énergie, janvier
2013.
**
Chambre d’agriculture
de Bretagne, Hervé
Roy et Tiphaine
Desnoux, Valorisa-
tion des coproduits
d’industries agroali-
mentaires bretonnes,
août 2013.
***
Critt Provences-Alpes
Côtes d’Azur,
Valorisation des co-
produits de l’indus-
trie agroalimentaire,
juin 2009.
Les mutations transversales de
l’industrie
L’industrie à l’épreuve de
la transition énergétique
et écologique
L’industrie est très consommatrice de res-
sources pour l’approvisionnement en ma-
tière premières, les process de fabrication,
l’acheminement des produits... Néanmoins,
son poids dans la consommation d’énergie
a considérablement diminué. Ainsi, alors
qu’elle représentait 36  % de la consomma-
tion finale d’énergie en 1973, elle ne repré-
sente plus que 21  % en 2011*. La baisse
du poids de l’industrie dans le PIB explique
en partie cette baisse. L’enjeu réside aussi
dans l’amélioration de la performance éner-
gétique de l’industrie ainsi que dans le cycle
d’exploitation des produits. Plus globalement,
l’industrie doit s’engager dans une démarche
d’écoconception globale. Dès la phase de
conception, il faut porter une attention à la
consommation de matières premières, au
poids des produits, à leur recyclabiliité, à
leur durée de vie... Les process de fabrica-
tion des produits doivent aussi évoluer pour
diminuer leur consommation en électricité,
eau et ressources. La valorisation des sous-
produits liés au processus de fabrication dit
«  co-produits  » constitue un enjeu impor-
tant. En 2008, la Bretagne a produit 91 478
tonnes de déchets organiques (hors boues
et effluents) ce qui la place au 3ème
rang des
régions françaises**. Pourtant la valorisation
des co-produits peut avoir des applications
multiples : la production d’énergie (ex. utili-
sation des déchets issus de l’agriculture pour
produire de l’énergie à partir d’un procédé
de méthanisation), l’enrichissement des sols
(ex. épandage de boues sur des sols dégra-
dés), l’utilisation des co-produits comme une
nouvelle matière première (ex. utiliser un
co-produit pour la composition d’un produit
cosmétique)***.
Consommation d’énergie finale par secteur
Source : Ministère de l’Environnement (MEDDE)
1970
200
150
100
50
0
en millions de tep
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Usages non énergétiques
Résidentiel-tertiaire
Transports
Industries (hors sidérurgie)
Agriculture
Sidérurgie
19Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Une évolution vers des
produits à plus haute
valeur ajoutée
L’industrie en organisant la production de
biens en série a permis la fabrication en masse
de produits à bas coût. Mais, dans une éco-
nomie mondialisée, où les plus forts poten-
tiels de croissance se situent hors d’Europe,
la production de produits à faible/moyenne
valeur ajoutée a tendance à se relocaliser à
proximité des marchés les plus dynamiques,
qui correspondent en outre à des pays où le
coût de la main d’œuvre est beaucoup moins
élevé. Les produits à plus haute valeur ajou-
tée constitue une opportunité à cet égard.
L’industrie allemande est parvenue à se main-
tenir en partie grâce à des produits dont la
qualité est reconnue par des consommateurs
prêts à payer un prix plus élevé. À l’inverse,
dans l’agroalimentaire, une des faiblesses de
la production bretonne réside dans la nature
de la production de produits frais à très faible
niveau de valeur ajoutée. Sur ces produits,
la concurrence est internationale. Un des
enjeux pour les filières industrielles est donc
bien d’augmenter la valeur ajoutée des pro-
duits ce qui nécessite une hausse de l’inves-
tissement dans l’industrie. La R&D permet
de monter en gamme or en France le budget
consacré à la R&D est largement inférieur à
celui observé chez ses voisins européens.
L’intelligence renouvelle
la chaîne de valeur
L’intégration croissante des TIC permet à
l’industrie de se renouveler et de devenir
«  intelligent  » ou «  smart  » au sens où le
produit interagit de plus en plus avec l’usa-
ger, avec d’autres équipements ou avec son
environnement. Dans le secteur du bâtiment,
l’habitat devient intelligent dans la mesure
où il s’adapte en fonction de l’environnement
(ex.  ouverture automatique des stores),
des besoins de l’usager (ex. surveillance du
domicile à distance par une application sur
son mobile). De même dans l’automobile, les
véhicules communicants se développent. 	
Ces évolutions nécessitent l’intégration dans
des filières industrielles traditionnelles de
compétences qui relèvent d’autres filières, et
notamment des fournisseurs d’énergie, des
acteurs de la gestion des données...
Une innovation centrée
sur les usages reposant
sur des méthodes plus
collaboratives
De plus en plus, l’innovation est alimentée
par les usages. Dans la filière automobile, les
industriels développent des dispositifs pour
se rapprocher de l’usager. La co-création per-
met d’associer les usagers tout au long de
la chaîne de fabrication depuis la conception
(appel à idées) jusqu’au retour sur l’utilisation
(systèmes de suivi). Sur le bassin rennais,
plusieurs acteurs conscients de la nécessité
de s’appuyer sur les usages pour innover ont
développé des structurés dédiées : le Centre
Culinaire contemporain (incluant un socio-
logue chargé de décrypter les usages culi-
naires), Bretagne Mobilité Augmentée (avec
des démonstrateurs chargés d’analyser les
usages en matière de mobilité)... La com-
préhension des usages, les opportunités au
croisement des filières sont des enjeux qui
doivent se traduire par une collaboration plus
forte entre acteurs de l’industrie.
La sécurisation des
parcours des salariés
de l’industrie
L’industrie connaît des mutations impor-
tantes qui se sont traduites par des suppres-
sions d’emplois drastiques en 2013. Les sala-
riés concernés ont, pour certains, dû quitter
une entreprise dans laquelle ils avaient ef-
fectué la totalité de leur carrière. Au-delà de
la souffrance personnelle, le reclassement
peut s’avérer complexe. En effet, certains
salariés ne sont pas du tout familiarisés avec
le marché du travail actuel, les techniques
de recherche d’emploi et peuvent avoir des
difficultés à s’adapter dans une entreprise
de plus petite taille qui nécessite une plus
grande polyvalence, même si pour d’autres
cela constitue une source d’intérêt. Par ail-
leurs, malgré les difficultés rencontrées par
certains acteurs, l’industrie continue de re-
cruter et même d’avoir des difficultés pour
recruter. Un travail sur la valorisation de ces
métiers peut être nécessaire. De plus, les
emplois seront globalement plus qualifiés.
En effet, on observe dans tous les secteurs
une montée en qualification, avec des com-
pétences différentes à croiser. L’ensemble de
ces mutations poussent à mettre en œuvre
une sécurisation des parcours professionnels
des salariés.
*
ONU, « World
population prospects :
The 2012
Revision », 2012.
20 CODESPAR JUILLET 2014
3
5
6
8
7
2
PRECONISATIONS TRANSVERSALES
1
Accroître la visibilité du territoire pour attirer de nouvelles entreprises
et de nouveaux talents : il s’agit de valoriser et de renouveler l’image du bassin
rennais à l’extérieur en s’appuyant sur l’excellence de ses acteurs, sur le dynamisme
de son territoire et sur la qualité de son environnement. Cette visibilité suppose que
des choix stratégiques soit effectués, portés par les élus, connus de l’ensemble des
acteurs du bassin rennais et diffusés au-delà du territoire.
Faire de la transition énergétique et écologique un levier de renouvel-
lement de l’industrie : la transition énergétique apparaît comme un défi de com-
pétitivité majeur à relever par l’industrie. Il s’agit de parvenir à produire mieux en opti-
misant les process de production, minimisant les ressources consommées, valorisant
les co-produits. De plus, des potentialités de marchés importantes s’ouvrent pour de
nombreuses filières encore peu structurées (énergies renouvelables, éco-industries...).
Développer des filières industrielles «  intelligentes  » au service de
l’emploi productif : l’enjeu est d’évoluer vers des produits et des services «intel-
ligents». Pour le territoire, il ne s’agit pas seulement de développer des solutions de
ce type mais d’en capter la valeur marchande et de créer de l’activité et des emplois
productifs.
Favoriser les croisements entre les filières pour générer de l’innova-
tion : il s’agit de favoriser les rapprochements entre filières d’activités, pour dépasser
la logique de silo, et générer de l’innovation (agroalimentaire-numérique, santé-numé-
rique, automobile-nautisme...). Ces rapprochements impliquent aussi un décloisonne-
ment entre les sciences exactes et les sciences humaines.
S’engager résolument dans une logique de développement à l’inter-
national avec une offre de produits à développer : les filières industrielles
rennaises ont un taux d’export plutôt inférieur à celui observé au niveau national. Pour-
tant, des opportunités considérables existent. Il s’agit de mieux identifier ces oppor-
tunités et de développer des produits adaptés à cette ambition en s’appuyant sur un
investissement plus important au niveau des entreprises.
Mettre en place une démarche de Gestion Prévisionnelle des Emplois
et des Compétences à une échelle territoriale (GPEC-T) : pour accompa-
gner les mutations importantes qui touchent des filières structurantes du bassin d’em-
ploi et qui se traduisent par des coûts importants d’ajustement du marché du travail, il
faut mettre en œuvre une démarche de GPEC-T en intervenant sur différents leviers :
•• Mieux articuler les différentes démarches de prospective économique existantes
aux différents échelons territoriaux (stratégie économique de la région Bretagne
(SRDEII), de Rennes métropole, Pacte d’avenir...).
•• Développer la formation tout au long de la vie pour faciliter les éventuels transferts
de compétences, permettre aux salariés d’acquérir des doubles compétences, faci-
liter l’adaptation à la hausse globale du niveau de compétences.
Continuer à promouvoir la vocation d’expérimentation du bassin d’em-
ploi rennais : le bassin rennais, grâce à une dynamique collaborative forte, assume
souvent territoire d’expérimentation. Il faut valoriser cette dynamique en associant
l’ensemble des forces vives du territoire (collectivités, entreprises, clusters, associa-
tions...). Les nouveaux quartiers qui se développent (ex. Viasilva), peuvent constituer
des territoires d’expérimentation pertinents.
Appréhender les filières d’activité selon une analyse de la chaîne de
valeur : l’analyse des filières industrielles nécessite de prendre en compte tous les
maillons de la chaîne de valeur en amont et en aval de la transformation industrielle
et de se positionner sur les maillons qui permettent de capter la valeur. L’enjeu est de
se repositionner dans le cadre des relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants,
pour conquérir des positionnements gagnants.
4
21Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Les mutations des filières
industrielles traditionnelles
*
Pierrick Baudais et
François Macquaire,
Les roues de
l’infortune – PSA
Rennes : la réalité
d’un plan social
vécu de l’intérieur,
novembre 2013.
Une filière en pleine recomposition
et une absence de visibilité pour le
site de Rennes
La géographie mondiale de la filière automo-
bile est en pleine recomposition. La Chine oc-
cupe une place de plus en plus importante, qui
explique que les constructeurs automobiles se
ruent vers ce marché*. PSA a lui-même pro-
duit 500 000 véhicules en Chine, où il dispose
de 3 usines de montage et d’une usine de
fabrication de moteurs. Le marché européen
est, quant à lui, atone. L’industrie automo-
bile y est confrontée à une problématique de
surcapacité de production qui se traduit par
des restructurations. Le bassin rennais n’est
pas épargné. Ainsi, le site de Rennes de PSA
est passé de 12 000 à 4 000 emplois en une
décennie. Au cours de la seule année 2013,
le site de Rennes a perdu un quart de ses ef-
fectifs soit 1 400 personnes concernées. Pour
massifier la production et baisser les coûts,
les constructeurs internationaux nouent de
plus en plus de partenariats techniques et/
ou capitalistiques. Après l’alliance avec Gene-
ral Motors, la recapitalisation du groupe PSA
a été effectuée avec l’entrée au capital social
à part égale de DongFeng, de l’Etat français
et de la famille Peugeot. À ce jour, le site de
Rennes n’a aucune visibilité sur le devenir de
sa production à moyen terme. La suppres-
sion des 1 400 postes n’empêche pas une
situation de surcapacité de se maintenir en
lien avec la faiblesse de la production, qui se
traduit par un recours au chômage technique
important. Si aucune fermeture d’usine ne
devrait intervenir d’ici 2016 au sein de PSA
en France, la question de la période de tran-
sition et de la période suivante, reste posée.
De plus, ce site d’assemblage structure un
maillage d’équipementiers et de sous-trai-
tants qui, pour certains d’entre eux, devront
se diversifier. L’écosystème autour de PSA
qui conditionne aussi sa compétitivité se
recompose. Faurecia a réduit ses effectifs
sur le site de Bains sur Oust (licenciement
de 34 salariés), de Crevin (plan de départ
de 52 personnes). Pour le futur véhicule, les
fournisseurs synchrones seront situés à une
distance plus éloignée, ce qui contribuera à
renchérir le coût et à affaiblir la compétitivité
du site. Par ailleurs, PSA dispose désormais
d’un pôle carrosserie innovant Excelcar dans
lequel travaillent 85 personnes. Il comprend
un atelier-réalisateur et un pôle d’innovation.
Récemment, un projet mené dans le cadre
du plan «  Usine du futur  » a été annoncé.
Intégré au pôle Excelcar, il s’agit de réaliser
une ligne pilote destinée à fabriquer des pro-
totypes de pièces de structures en composite
pour l’automobile. Ce démonstrateur recourt
à une technologie développée par Fives et
associe Coriolis, une entreprise du Finistère
spécialisée dans les matériaux composites.
De l’automobile à la mobilité : des
changements d’usages
Le rapport à l’automobile évolue. La fonction
de marqueur social du véhicule a tendance
à s’effacer. Ainsi, on voit que les plus jeunes
sont désormais beaucoup moins attachés au
fait de posséder un véhicule que les géné-
rations précédentes. D’autant que ce véhi-
cule représente un coût important en lien
avec la hausse du prix des carburants. Ils
se reportent sur d’autres solutions pour se
déplacer : train, covoiturage, autopartage...
Ces évolutions optimisent l’usage du véhicule
qui, jusqu’alors était immobilisé 80 % de son
temps. Ces services de mobilité sont dévelop-
pés par des acteurs qui ne relèvent pas de la
filière automobile mais qui sont souvent des
start-ups. Actuellement, on recense 170 000
covoitureurs adhérents des différents sites
existants. Ce chiffre devrait croître à une
vitesse exponentielle. Par ailleurs, le déve-
loppement de l’autopartage connaît aussi un
essor important. Ainsi, Autolib, le système
d’autopartage en véhicule électrique dévelop-
pé à Paris est désormais en fonctionnement
dans d’autres villes en France (Lyon, Bor-
deaux...). Les constructeurs ne seront plus
systématiquement les leaders de la chaîne de
valeur de la mobilité. Ils peuvent être concur-
rencés par d’autres acteurs, comme Google
qui joue un rôle croissant avec sa Google car,
véhicule intelligent sans conducteur.
Une filière véhicules et
mobilité à accompagner
22 CODESPAR JUILLET 2014
*
Ademe, Évolution
du marché, caracté-
ristiques environne-
mentales et tech-
niques, véhicules
particuliers neufs
vendus en France –
édition 2013.
**
AVERE France,
Baromètre Avere-
France des ventes de
véhicules électriques
et hybrides - bilan
2013, 2014.
***
Dispositif d’arrêt
et de redémarrage
automatique d’un
moteur automobile
destiné à économi-
ser le carburant et
réduire la pollution
essentiellement dans
les bouchons (Wiki-
pedia).
****
Renault, Fiche n° 4
Vers le e-véhicule :
le véhicule commu-
nicant, « Voiture
communicante ».
Link&Go 2.0 la voiture
connectée
Link&Go 2.0 est une plate-forme d’in-
novation développée par l’ingénieriste
français Akka. C’est un véhicule auto-
nome qui, muni de capteurs laser et de
caméras, peut analyser son environne-
ment et se déplacer sans conducteur. Le
véhicule est équipé d’un moteur élec-
trique à chaque roue et d’un système
de récupération de l’énergie. Véhicule
communicant, il offre différents services
pour le conducteur ou les passagers
(informations touristiques, visioconfé-
rences...).
www.akka.eu
Des véhicules plus écologiques
Les véhicules vont devoir s’adapter à des ob-
jectifs de plus en plus ambitieux en termes
de niveau de performance environnementale
(émission de gaz à effet de serre, particules
fines, consommation de carburants...). En
effet, la norme Euro qui définit les seuils de
pollution à respecter va se renforcer. À l’hori-
zon 2021, tous les véhicules neufs devront
respecter le seuil maximum de 95 grammes
de CO2
par kilomètre. En France, les voitures
neuves affichent un taux moyen de 124g de
CO2
par kilomètre*. Pour parvenir à diminuer
ce taux, différentes technologies vont se
développer en parallèle : véhicule tout élec-
trique, hybride, à hydrogène... En France,
en 2013, 14  494 véhicules électriques ont
été vendus, soit 0,8 % des ventes**. Si on
ajoute aux véhicules électriques les hybrides,
cela représente 3,1 % du marché global des
particuliers. Ainsi, les constructeurs adoptent
des stratégies différentes, qu’ils sont parfois
contraints de réorienter au gré de l’évolu-
tion du marché. Renault qui avait fortement
misé sur sa gamme de véhicules électriques
constate une progression du marché plus
faible qu’espérée. Par ailleurs, pour améliorer
la performance des véhicules et notamment
leur autonomie, l’allègement des véhicules
constitue un enjeu majeur. Les matériaux
constituent un vecteur d’innovation impor-
tant. L’IRT b<>com et l’IRT Jules Vernes
ont des savoir-faire respectivement dans le
domaine des télécoms et des composites
qui mériteraient d’être mieux croisés. Outre
l’évolution des motorisations, des systèmes
d’optimisation de la performance sont mis en
place. Ainsi, le système stop & start*** ob-
tient des gains de consommation de 10 % en
usage urbain. Ces véhicules sont plus com-
plexes avec une intégration encore plus forte
en matière d’électronique.
Des véhicules communicants et per-
sonnalisés
Les véhicules sont de plus en plus commu-
nicants. On parle parfois même de e-véhi-
cule****. Les enjeux sont multiples. Il s’agit
d’abord d’apporter au conducteur un environ-
nement confortable où il va pouvoir utiliser
toutes les technologies de son quotidien : té-
léphonie, internet, vidéo... Renault a dévelop-
pé une tablette tactile connectée intégrée à la
console centrale de la Clio IV sous l’appella-
tion Renault R-Link. Cette utilisation devra se
faire en respectant les exigences de conduite
et de sécurité. Par ailleurs, le véhicule com-
municant peut effectuer une gestion à dis-
tance pour veiller en permanence sur l’état
du véhicule . Tesla, à la pointe de l’innovation
dans ce domaine, propose à l’automobiliste
de s’occuper directement des problèmes de
maintenance éventuels. Alors que le conces-
sionnaire faisait office d’interlocuteur avec le
client, désormais, le constructeur lui-même
est en lien direct avec l’usager. Cela néces-
site de combiner les télécommunications,
l’interconnexion des produits électroniques
et la gestion des priorités des informations.
Ces évolutions ne révolutionnent pas les
process de fabrication mais renouvellent la
chaîne de valeur. Chaque acteur (opérateur
de télécommunication, constructeur, loueur,
réparateur...) cherche à capter cette valeur.
Ainsi, PSA a signé avec Bouygues un parte-
nariat pour la mise en place d’un véhicule
communicant. Néanmoins, ces évolutions ne
remettent pas en cause les services d’entre-
tien des véhicules (pneus, freins...). Parce
que chaque équipement communique avec
d’autres interfaces, on assiste à un essor
considérable des données massives aussi
appelées « big data ». Ces données ont de
la valeur pour le constructeur mais peuvent
aussi avoir d’autres finalités commerciales.
Or, les cyberattaques des systèmes connec-
tés constituent un risque qui explique la vo-
lonté du territoire de se positionner sur les
enjeux de cyberdéfense.
23Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
3
2
PRECONISATIONS
1
Adapter l’écosystème autour du site de PSA pour préserver sa com-
pétitivité
Intensifier les démarches de diversification pour maintenir une densité d’équipe-
mentiers suffisante, condition importante à la compétitivité du site d’assemblage
de PSA.
Renforcer les démarches de (ré)industrialisation pour valoriser les actifs existants
(foncier, compétences...) en mutualisant davantage les ressources et en favori-
sant la création de grappes d’entreprise.
Renforcer le pôle Excelcar pour accroître l’expertise du territoire sur les enjeux
stratégiques des nouvelles mobilités : allègement des véhicules, matériaux com-
posites, qualité perçue.
Renforcer les collaborations entre l’ensemble des acteurs (pôles ID4CAR, EMC2
l’entreprise Corialis, l’institut Maupertuis, IRT b<>com, IRT Jules Verne...), en
s’appuyant éventuellement sur le modèle de structuration de la filière agroali-
mentaire qui réussit ce maillage entre centre de recherche, entreprises et pôles
de compétitivité.
Faire évoluer la filière automobile vers une filière véhicules et mobi-
lité qui soit plus décarbonée
Promouvoir le développement de véhicules de petites séries serviciels par l’hy-
bridation avec d’autres filières et en intégrant des acteurs qui ne relèvent pas
nécessairement de la filière automobile traditionnelle, et qui peuvent avoir une
envergure internationale (ex. Dassault systèmes).
Faire de la question des matériaux un axe fort de la coopération entre l’IRT
b<>com de Rennes et l’IRT Jules Verne de Nantes : l’IRT Jules Verne est spé-
cialisé dans les technologies avancées de production composite pour 4 filières
(aéronautique, construction navale, énergie et transports terrestres). On pourrait
s’appuyer sur l’expertise acquise dans les petites séries du nautisme pour l’aéro-
nautique ou l’automobile.
Favoriser les croisements de filière entre l’automobile et les TIC pour développer
un véhicule intelligent en organisant les passerelles entre le savoir-faire détenu à
Bruz sur la protection des données et la production de données croissante géné-
rée par les véhicules.
Se donner les moyens de faire véritablement du bassin rennais un
territoire-pilote en matière de mobilité
Capitaliser les expérimentations menées par l’ensemble des 18 démonstrateurs
du programme Bretagne Mobilité Augmentée et les expériences de la SCNF pour
essaimer certaines démarches.
Développer les modes de transport doux et l’intermodalité: il s’agit de s’appuyer
sur les investissements autour de la deuxième ligne de métro et sur l’expertise
de Siemens pour identifier des opportunités d’expérimentation ou de création
d’activités en lien avec les différents modes de transport doux (fabrication de bus
électriques, de rames...).
Essaimer certaines expérimentations en matière de services de mobilité (auto-
partage, covoiturage, location en milieu urbain, plan de déplacement interentre-
prise...) en veillant à ce que ces démarches soient inclusives, et pas seulement
limitées à des pionniers privilégiés.
Développer un marketing territorial pour faire connaître les compétences pré-
sentes sur le bassin rennais en matière de mobilité (constructeur PSA doté de son
pôle Excelcar avec sa ligne pilote, expérimentations menées...).
24 CODESPAR JUILLET 2014
*
Agreste, Commerce
extérieur agroali-
mentaire, 2013.
**
Sénat, L’agroalimen-
taire français face
au défi de l’export :
pour une réforme
ambitieuse du dispo-
sitif public de soutien
n°736, 10 juillet
2013.
***
Syndex Bretagne,
Intervention de
Catherine Bienvenu
lors de la réunion du
groupe-projet du 14
février 2013.
#
Les Echos, Des
usines françaises en
retard sur la roboti-
sation, n°21622, 7
février 2014.
##
La Tribune, Pourquoi
les robots enva-
hissent nos cam-
pagnes ?, 24 février
2014.
###
MEITO mag, n°269,
septembre 2013.
####
Agreste Bretagne,
L’agroalimentaire en
Bretagne : 40 % des
emplois industriels,
mars 2013.
Une filière industrielle qui doit mu-
ter pour ne pas décrocher
La France dispose d’une filière agroalimen-
taire puissante qui a généré 11,9 milliards
d’euros en 2012*. Cette filière représente
la deuxième plus importante contribution à
la balance commerciale de la France. Mais,
la France ne cesse de perdre des parts de
marché. Elle, qui était le 2ème exportateur
mondial à la fin des années 90 (après les
États-Unis), se retrouve aujourd’hui au 5ème
rang (après les États-Unis, les Pays-Bas,
l’Allemagne et le Brésil)**. En effet, depuis
quelques années, les exportations agroali-
mentaires françaises progressent moins vite
(4 % par an) que celles des autres pays,
comme les Pays-Bas (5 %) ou encore l’Alle-
magne (7 %). Ce décrochage est particulière-
ment marqué pour la filière porcine. L’écart du
coût du travail entre la France et l’Allemagne
est un des facteurs d’explication mais il n’est
pas le seul. L’Allemagne a des outils d’abat-
tage à forte capacité. En Europe, 6 abattoirs
ont une capacité de plus de 3 millions de
porcs ; 4 d’entre eux sont en Allemagne et ils
représentent 70 % de la capacité globale des
6 abattoirs***. Il faut dire que l’Allemagne a
fortement investi pour moderniser ses outils
de transformation. En revanche, en France,
très peu d’investissements de modernisation
et de robotisation sont faits dans l’industrie
agroalimentaire. Ces investissements sont
pourtant des leviers de compétitivité majeurs
pour l’agroalimentaire.
La robotisation comme facteur d’ac-
croissement de la compétitivité
La robotique peut apporter des gains de pro-
ductivité significatifs sur l’ensemble de la
chaîne. Or, la France est sous-robotisée#. Elle
possède 34 500 robots, soit 4 fois moins que
l’Allemagne (157 000) et presque deux fois
moins que l’Italie (62 300). Certes, la France
a moins d’usines que l’Allemagne, mais même
en proportion, la densité demeure inférieure
en France : 122 robots pour 10 000 usines
contre 261 en Allemagne. Le secteur agri-
cole est devenu le premier marché mondial
de la robotique de services professionnels##.
L’intégration de robots peut intervenir à dif-
férents niveaux. Dans l’élevage, les robots
peuvent automatiser la traite des vaches,
l’alimentation du bétail. Pour les cultures,
des systèmes de désherbage mécanique, de
cueillette de fruits sont aussi mis en place.
Des acteurs locaux se positionnent progres-
sivement sur ces marchés. Ainsi, l’entreprise
Jeantil propose un robot Jeantil Automatic
Feeding qui embarque un mélangeur, prépare
les rations et les distribue aux animaux. BA
Systèmes, basée à Mordelles, a développé
un robot Robagro qui va rechercher du four-
rage et des céréales dans des conteneurs et
qui les dépose auprès des animaux. Dans le
secteur agroalimentaire, la robotique contri-
bue à améliorer la sécurité, les conditions de
travail, la traçabilité, la flexibilité ou la com-
pétitivité###. En France, 2 200 robots sont
implantés dans le secteur agroalimentaire.
Une évolution nécessaire vers des
produits à plus haute valeur ajoutée
La Bretagne est la première région agroa-
limentaire française en termes de nombre
d’entreprises et de chiffre d’affaires. Avec
57 000 salariés, cette filière regroupe 40 %
des emplois industriels bretons. Mais, malgré
ce dynamisme, la filière est confrontée à cer-
taines faiblesses. Son taux d’exportation est
de 14,7 %, contre 19,8 % au niveau natio-
nal####.De plus, le taux de valeur ajoutée
des industries bretonnes est de 16,5 %, soit
un taux inférieur à celui observé au niveau
national. Cela s’explique notamment par la
nature des activités. La Bretagne a une spé-
cialisation forte sur la fabrication de pro-
duits laitiers ou d’aliments pour animaux, qui
constituent des secteurs à faible valeur ajou-
tée, respectivement 12 % et 11 %. Ces fai-
blesses des marges soulèvent des problèmes
importants en termes de revenus des agricul-
teurs. Ainsi, on voit émerger un risque d’af-
faiblissement du gisement en viande. Les re-
venus des éleveurs sont largement inférieurs
à ceux des céréaliers. Au niveau national, le
revenu moyen des céréaliers est de 72 800 €
alors qu’il est de 24 700  € pour les exploi-
tants laitiers. Cet écart présente un risque de
céréalisation c’est-à-dire que les exploitants
réorientent leur élevage vers de la production
céréalière.
L’agroalimentaire :
vers une filière
compétitive et durable
25Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Des modes de consommation qui
évoluent tous azimuts
Les tendances en matière de consommation
de produits alimentaires évoluent mais avec
des orientations différentes et parfois oppo-
sées.
•• Proximité / e-commerce : D’une part,
pour des questions de praticité, les
consommateurs plébiscitent l’achat en
ligne de produits dont ils ignorent l’origine.
D’autre part, les clients portent une atten-
tion de plus en plus forte à l’origine de la
production. Les scandales sanitaires (ex.
lasagnes à la viande de cheval chez Span-
ghero) ont montré la nécessaire traçabilité
des produits. De plus, les difficultés ren-
contrées par les acteurs de la filière (condi-
tions de travail des agriculteurs difficiles,
plans sociaux chez Doux, Tilly-Sabco...)
peuvent inciter les consommateurs à privi-
légier des produits locaux.
•• Qualité / Low-cost : D’une part, les
marques d’identification de la qualité des
produits se multiplient. L’attention portée
à l’agriculture biologique en témoigne, cré-
neau sur lequel surfe aussi la grande dis-
tribution. D’autre part, dans un contexte
de crise et de pouvoir d’achat dégradé des
ménages, on voit le facteur-prix jouer un
rôle prépondérant ce qui se traduit par un
essor du low-cost.
Des débouchés pour les produits
agricoles dans d’autres secteurs que
l’alimentaire
Actuellement, la transformation des pro-
duits agricoles est essentiellement destinée
à l’alimentation. Mais, on pourrait s’orienter
vers de nouveaux débouchés non alimen-
taires. Ainsi, les produits agricoles peuvent
être transformés par d’autres industries :
pharmaceutique, cosmétique, chimique... En
matière de cosmétique, le projet Catiomerc,
labellisé par le pôle mer Bretagne prévoit de
valoriser les carapaces de crustacés pour uti-
liser la quitine, qui donnerait au shampooing
des vertus démêlantes. Ces produits qui sont
développés grâce à une innovation impor-
tante, présentent des taux de valeur ajoutée
beaucoup plus élevés.
 
Revenus annuels moyens des exploitants agricoles en fonction de l’activité en France
Source : Agreste, Une année contrastée entre régions et orientations, juillet 2013
72 800
Céréaliers
Eleveursporcins
Viticulteurs
Exploitantslaitiers
Producteursde
bovinsàviande
Producteursd’ovins
52 900
24 700
17 000 15 500
80 000
70 000
60 000
50 000
40 000
30 000
20 000
10 000
0
38 300 €
revenu
moyen
en euros
32 800
26 CODESPAR JUILLET 2014
PRECONISATIONS
3
2
1
Maintenir localement une production agricole importante qui s’adapte
à la transition énergétique et écologique
Maintenir un équilibre entre production céréalière et élevage, pour préserver la
proximité du gisement et aller vers l’indépendance protéique c’est-à-dire notam-
ment une moindre dépendance vis-à-vis des tourteaux.
Favoriser le développement d’une filière démédicalisée au niveau de l’élevage
pour lutter contre l’antibiorésistance.
Favoriser la réduction des pesticides dans les cultures.
Améliorer la compétitivité de l’industrie agroalimentaire en fonction
des différentes entreprises composant la filière
Intégrer les solutions technologiques (ex.utilisation de capteurs) en nouant des
partenariats entre acteurs industriels et acteurs de l’agroalimentaire, en s’ap-
puyant notamment sur les compétences disponibles en matière de numérique.
Accélérer la robotisation des entreprises de l’agroalimentaire, en s’appuyant sur
les compétences de la filière automobile en matière de conception, robotisation,
maintenance, sur les équipements présents sur le site de PSA et sur l’expertise
détenue au niveau de l’institut Maupertuis et de plusieurs entreprises du bassin
rennais.
Favoriser l’évolution vers des produits à plus haute valeur ajoutée en s’appuyant
sur l’expertise développée localement par le pôle de compétitivité Valorial, les
centres de recherche et organismes de formation (Agrocampus, INRA, Faculté
des métiers, IFOR, IFOP...) et orienter la recherche vers la production d’activités
économiques.
Optimiser les process de fabrications et valoriser les co-produits.
Améliorer l’attractivité de la filière agroalimentaire
Valoriser la filière élevage du territoire en s’appuyant sur la vitrine offerte par le
SPACE qui constitue un salon de l’élevage au rayonnement international : faire
connaître les savoir-faire de l’Ille-et-Vilaine (1er département laitier de France).
Améliorer les conditions de travail au sein des entreprises de l’agroalimentaire
en agissant sur l’ergonomie des postes de travail, en s’appuyant notamment sur
l’expertise de la filière automobile dans ce domaine.
27Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Une filière numérique présente
sur tous les territoires désormais
confrontée à un enjeu d’attractivité
Pendant plusieurs décennies, Rennes s’est
appuyé sur sa filière des télécoms pour as-
seoir son développement et une partie de son
rayonnement. Le territoire doit renouveler
son image, dans un contexte où l’intégration
croissante des TIC dans la société fait que
cette filière n’apparaît plus comme une spé-
cificité du territoire rennais. Le bassin ren-
nais doit doper son attractivité désormais.
Actuellement, le quartier des champs blancs,
qui doit accueillir de nouveaux acteurs de la
filière, ne regroupe que des entreprises déjà
présentes à Rennes, hormis l’IRT b<>com.
Or, il est essentiel d’attirer de grandes en-
treprises du numérique sur le territoire pour
qu’elles assurent un rôle d’entrainement sur
la filière et ce futur quartier. L’IRT b<>com
peut avoir cette capacité de mise en synergie
et de développement de la filière en impul-
sant des dynamiques créatives auprès des
acteurs du territoire.
Des innovations de plus en plus cen-
trées sur les usages
Le territoire rennais se distingue par de fortes
aptitudes sur le plan technologique. Les com-
pétences techniques des ingénieurs sont
avérées et reconnues. Néanmoins, la filière
souffre d’un déficit commercial et marketing
qui se traduit par le fait que la R&D et les
innovations sont assez mal promues hors du
territoire. Il s’agit donc d’orienter les tech-
nologies vers les usages finaux des produits.
L’IRT b<>com a intégré cette problématique
de commercialisation dès la phase amont du
projet en s’orientant prioritairement vers les
usages. De même, le projet Bionico présenté
dans l’encadré illustre les enjeux d’une inno-
vation partant des usages.
Croiser le numérique avec d’autres
filières d’activité
Pour que le numérique soit un moteur de dé-
veloppement de l’industrie, il faut qu’il consi-
dère que les filières industrielles constituent
des débouchés pour l’industrie numérique or
ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les croise-
ments avec les autres filières sont généra-
teurs d’innovations importantes*. Ainsi, dans
le domaine de la défense, la cybersécurité
apparaît comme un instrument de la guerre
moderne pour lutter contre les nouvelles
menaces : attaques criminelles sur internet
«  cybercriminalité  », piratage des réseaux
informatiques... La DGA-MI** à Bruz se po-
sitionne comme un site emblématique dans
ce domaine grâce à son expertise (missiles,
radars, systèmes de navigation...). Dans le
domaine de l’agriculture, l’intégration des
nouvelles technologies a des applications
multiples. Ainsi, l’agriculture de précision
assistée par satellite permet la surveillance
des champs (humidité, ensoleillement...).
L’arrivée des drones dans les champs permet
même d’ensemencer les champs. Dans le do-
maine du commerce, l’intégration des tech-
nologies contribue à l’essor du e-commerce
(commerce électronique) ou du m-commerce
(commerce mobile).
Bionico, une prothèse de
main en open source
Ce projet est né du besoin d’une per-
sonne amputée d’une main suite à un
accident de travail. Son ambition est
de lancer une prothèse de main pilotée
par les muscles à moins de 1000 dol-
lars (quand elle est venue sur le mar-
ché entre 30 000 et 60 000 dollars). Ce
projet doit être réplicable à bas coût car
il pourrait avoir des applications dans
les pays en guerre notamment. Ce pro-
jet est initié par le FabLab de Rennes.
Développé en open source, il permet de
relier toutes les personnes disposant
d’une brique technologique nécessaire à
la réalisation de cette prothèse partout
dans le monde.
bionicohand.wordpress.com
*
Voir aussi la note du
CODESPAR, Situation
économique et de
l’emploi du bassin
rennais au 3ème
trimestre 2013 et
focus sur la filière
numérique, janvier
2014.
**
DGA-MI : Délégation
Générale de l’Arme-
ment – Maîtrise de
l’Information (ex-
Celar).
Les TIC : le numérique
dynamise les autres
secteurs d’activité
28 CODESPAR JUILLET 2014
Construire une véritable stratégie
numérique pour le territoire
La visibilité du territoire passe par sa capa-
cité à faire du numérique une approche dis-
tinctive. L’expertise historique (télécoms,
réseaux, images) du bassin rennais constitue
un facteur de différenciation. En effet, le bas-
sin rennais dispose d’une expertise reconnue
dans la gestion des réseaux, activité straté-
gique pour le développement des smartgrids.
Le territoire doit se positionner sur cet en-
jeu. La filière doit se doter d’une véritable
stratégie numérique, en s’appuyant sur les
structures existantes telles que la technopole
Rennes Atalante : définir une position tech-
nologique et axer ses choix de développe-
ment vers des secteurs et marchés porteurs.
Dans ce cadre, l’appel à projet quartier nu-
mérique (French Tech) dont l’objet est de fé-
dérer l’ensemble des acteurs du secteur pour
stimuler, mais également mettre en valeur au
niveau international, le dynamisme de l’éco-
nomie numérique française est une opportu-
nité. Si la métropole rennaise est labellisée,
cela pourrait permettre de donner davantage
de lisibilité à la filière, mais aussi de fédérer
un certain nombre de micro initiatives locales
qui sont aujourd’hui dispersées. En outre,
cela permettrait de créer du lien entre les en-
treprises motrices (Tech champions) et celles
en devenir.
PRECONISATIONS
2
1
Mieux identifier la stratégie de développement de la filière numérique
rennaise et en accroître sa visibilité
Utiliser nos centres d’expertise historique (télécoms, réseaux, images) comme
des éléments de différenciation.
Se positionner sur les marchés relevant du domaine du générique : éditeurs de
logiciel, web, système.
Favoriser les croisements de filière entre le numérique et les autres secteurs d’ac-
tivités, et notamment l’industrie : agro, auto (véhicule communicant, big data),
énergie (smartgrids).
Se doter d’une approche commerciale plus collective afin de « chasser en meute »
et prospecter de nouveaux marchés.
Mieux faire savoir que le bassin rennais dispose d’une filière d’excellence dans le
domaine du numérique avec la présence de grands groupes, d’un réseau de PME
et de start-ups, notamment à Rennes Atalante, de l’IRT b<>com, en s’appuyant
notamment sur la French Tech.
Soutenir le dynamisme de la filière en accompagnant la croissance
des entreprises et en améliorant l’attractivité du territoire
Permettre aux entreprises d’atteindre une taille critique.
Mettre en place les conditions favorables à l’accueil d’entreprises d’envergure
internationale.
Développer des outils de financement des entreprises du numérique qui leur per-
mettent de financer le haut de bilan.
29Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
*
Formation aux Éco-
nomies d’Energie des
Entreprises et Arti-
sans du Bâtiment.
**
Smart Grid,
Dossier « Le bâti-
ment intelligent »,
http://www.smar-
tgrids-cre.fr/index.
php?p=smarthome-
maison-batiment-
intelligent.
Delta Dore, l’expertise de la
domotique
Delta Dore, entreprise basée à
Bonnemain, dispose d’une expertise
particulière en matière de domotique
et de systèmes de gestion de l’énergie.
Avec Saint Gobain, elle est d’ailleurs
référente pour le plan de reconquête
industrielle consacré à la rénovation
thermique des bâtiments. Si 98 % des
produits qu’elle vend sont fabriqués en
France, 20 % de son chiffre d’affaire
(estimé à 150 millions d’euros) est ef-
fectué à l’international.
www.deltadore.com/fr
Nice grid, un quartier solaire intelligent
Les Alpes-Maritimes (comme la Bretagne) sont en situa-
tion de péninsule électrique. Le territoire a décidé de lan-
cer un projet de quartier solaire intelligent. Il s’agit de
coupler une production d’énergie décentralisée à base
de photovoltaïque avec des systèmes de stockage et des
compteurs intelligents à l’échelle d’un quartier qui re-
groupe 1  500 clients (professionnels, particuliers...). Le
budget est de 30 millions d’euros sur une durée de 4 ans,
financé par l’Ademe, la Commission européenne et les
membres du consortium (ERDF, Alstom...).
www.nicegrid.fr
La construction durable : entre
adaptation contrainte et potentiel à
explorer
Le bâtiment doit relever le défi de la tran-
sition énergétique. En Bretagne, le bâtiment
consomme 44 % de la consommation d’éner-
gie finale de la région soit une part plus éle-
vée que les transports (35 %). Le Grenelle de
l’environnement impose de réduire de 38 %
la consommation énergétique moyenne des
bâtiments. Un levier d’évolution concerne la
construction neuve. À cet égard, les évolu-
tions en matière de préfabrication peuvent
constituer des solutions intéressantes. Elles
permettent une diminution des coûts de fa-
brication, de main-d’œuvre et un gain envi-
ronnemental par la diminution des matériaux
utilisés. Mais, au vu de l’inertie du parc, les
leviers d’amélioration les plus importants
portent sur le parc existant. Le plan de réno-
vation énergétique des logements doit per-
mettre de rénover 500 000 logements par an
d’ici 2017. Sa déclinaison se traduit locale-
ment par un Plan Bâtiment durable breton.
Pour accompagner ces évolutions, le disposi-
tif FEE-Bat* a été mis en place. Néanmoins, il
va falloir une mobilisation accrue pour que les
professionnels soient en mesure de répondre
aux objectifs. Un autre enjeu-clé est le finan-
cement des travaux de rénovation énergé-
tique que ce soit au niveau du logement indi-
viduel ou collectif, des bâtiments tertiaires.
Vers un bâtiment intelligent pour
une gestion dynamique et redistri-
butive de l’énergie
Le bâtiment devient plus intelligent : il com-
prend une gestion automatique et optimale
des différents systèmes (alimentation en
énergie, éclairage, chauffage, vidéosur-
veillance...)**. Outre l’automatisation des
différentes fonctions, le bâtiment intelli-
gent repose sur un réseau de distribution
de l’électricité intelligent (smart grid). Il est
ainsi capable de gérer les énergies en fonc-
tion des différentes sources de production
(ex. panneaux photovoltaïques sur le toit),
de consommation (ex. machine à laver) et de
stockage éventuel (ex. batterie du véhicule
électrique) et d’effacement de consommation
électrique (ex. report de l’utilisation du lave-
vaisselle). Ces problématiques de gestion de
l’énergie constituent des enjeux économiques
majeurs à tel point que de nombreux acteurs
entendent se positionner sur ce marché : les
opérateurs de téléphonie qui, avec leur box
ont déjà la partie téléphonie-télé-internet,
les acteurs de la domotique, et les acteurs de
la gestion des données.
Le bâtiment : vers un
bâtiment durable avec
une gestion intégrée
de l’énergie
30 CODESPAR JUILLET 2014
PRECONISATIONS
3
2
1 Accompagner les évolutions liées à la RT 2012
Former les professionnels de la filière du bâtiment à la RT 2012.
Structurer une filière locale de matériaux de construction durable (bois, chanvre...).
Informer les acteurs (particuliers, bailleurs, entreprises...) des enjeux de la RT
2012, dans le choix de la construction/d’achat, de rénovation, et dans leur utili-
sation des locaux.
Mener une politique volontariste en matière de rénovation des loge-
ments
Industrialiser les chantiers de rénovation thermique pour diminuer leurs coûts.
Mettre en place des modes de financement innovants avec des prêts à long terme
de type prêt immobilier pour les rénovations les plus importantes et intégrer le
bâti et les équipements pour un meilleur retour sur investissement.	
Développer les opportunités liées à la préfabrication (béton, bois...)
dans le domaine du bâtiment pour la construction neuve
Identifier dans quelle mesure il est possible de construire des maisons passives à
moins de 1 200 € du m², accessibles au plus grand nombre en s’appuyant sur un
benchmarking dans les pays dotés d’une expertise (Chine, Québec...).
Définir les modalités d’industrialisation de la chaine de production de la préfabri-
cation.
Positionner le territoire sur les enjeux liés au bâtiment intelligent
pour un développement à l’international
Faire des réseaux électriques intelligents (smartgrids) un axe stratégique pour
l’IRT b<>com, et mobiliser des entreprises du territoire, à l’image de Delta Dore.
Mieux faire connaître les projets menés sur le territoire en matière de rénovation
énergétique ou de bâtiment intelligent.
4
31Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?
Les opportunités de
structuration de nouvelles
filières industrielles
Un enjeu majeur d’autonomie éner-
gétique
La Bretagne est en situation de très forte dé-
pendance énergétique. En effet, malgré une
hausse sensible depuis une dizaine d’années,
elle ne produit encore que 8,9 % de l’éner-
gie qu’elle consomme*. Pourtant, le paquet
énergie-climat de l’Union européenne prévoit
qu’en 2020, 25 % de la consommation natio-
nale d’électricité soit assurée par des éner-
gies renouvelables. En Bretagne, en 2012,
les énergies renouvelables ont pourvu à 9 %
de la consommation d’énergie finale régio-
nale**. Pourtant, il n’y a pas de problèmes
de ressources par rapport aux énergies re-
nouvelables, le gisement est largement supé-
rieur aux besoins. L’enjeu des smartgrids est
de faire cohabiter ces énergies intermittentes
avec une énergie de base en fonction des be-
soins de consommation. Il faut donc agir sur
le levier de la production ainsi que sur celui
de la consommation. Le coût de l’énergie est
un facteur d’évolution-clé. La dérégulation de
la tarification va faire évoluer les comporte-
ments (smartgrids, boucles locales d’énergie,
autoconsommation...).
Vers un mix énergétique, potentiel-
lement créateur d’activités
L’enjeu pour la Bretagne est donc de dévelop-
per un mix énergétique qui permette d’amé-
liorer son autonomie énergétique et qui soit
créateur d’activités. Le mix éolien-solaire est
une piste intéressante. En effet, il existe une
complémentarité entre les énergies éoliennes
et solaires, entre les saisons. Alors qu’en été
le solaire joue un rôle plus important, en hi-
ver, c’est l’éolien qui prend le relais.
Le grand éolien terrestre représente au-
jourd’hui l’énergie la moins chère et donc
une ressource potentielle considérable. En
France, moins de 1  % du potentiel éolien
est utilisé***. Outre la production d’énergie,
l’enjeu est de structurer une filière indus-
trielle. Actuellement, 60 % de la valeur des
éoliennes sont importés. Cette filière emploie
déjà 10 000 personnes réparties dans 3 types
d’activités : études-installations, fabrication
et production d’électricité. De plus, le déve-
loppement d’une filière industrielle peut aussi
être l’occasion de se consolider l’expertise en
matière de composite. En effet, la fabrication
des pales s’effectue à partir des composites.
Or, l’éolien qui a un taux de croissance de 10
% représente à lui-seul 5 % du marché des
composites#. Néanmoins, pour pallier cette
question de l’acceptabilité, émergent d’autres
types d’éoliennes. Les éoliennes en mer dites
«  off shore  » se développent fortement en
Bretagne, avec un projet d’implantation de
100 éoliennes en 2016 dans la baie de St-
Brieuc. Par ailleurs, une autre piste concerne
les petites éoliennes terrestres dont la puis-
sance est comprise entre 0,1 et 36 kilowatts
qui peuvent alimenter des bâtiments non
reliés au réseau ou raccordés au réseau pour
une revente de la production##.
Le photovoltaïque constitue aussi un potentiel
important. Actuellement, du côté des particu-
liers, il existe aussi un frein lié au fait que les
panneaux ne peuvent pas être posés sur le
toit mais doivent être intégrés à la structure
du toit ce qui nécessite des travaux considé-
rables (alors que ce n’est pas le cas dans la
réglementation des autres pays européens :
Italie, Allemagne...). Il est opportun de cou-
vrir le plus possible la toiture (au moins l’in-
tégralité des pans bien exposés) pour ne pas
gâcher le potentiel de production. D’ici 2020,
*
Pacte électrique
breton, signé le
14 décembre 2010.
**
GIP Bretagne envi-
ronnement OREGES
– « Chiffres clés de
l’énergie en Bretagne
- édition 2013 ».
***
Ademe, La produc-
tion éolienne d’élec-
tricité, novembre
2013.
#
Direccte Haute-
Normandie-Afpa
Transitions, Diagnos-
tic emploi/formation
dans les métiers liés
à la fabrication des
pales d’éoliennes en
composites, 2013.
##
Ademe, L’énergie éo-
lienne – Les enjeux,
novembre 2012.
Vers une filière de
production de système
d’autonomie énergétique ?
32 CODESPAR JUILLET 2014
Locminé : l’autonomie
énergétique au cœur de son
développement
Cette commune de 4 200 habitants du
Morbihan fait de la transition énergé-
tique un défi pour soutenir son déve-
loppement économique autour de son
projet LIGER*. Elle dispose d’une chau-
dière à bois de 1,5MW. Alimentée par
le bois local elle permet de chauffer un
centre aquatique, une salle de sport, un
collège, un équipement multifonctions
ainsi qu’une conserverie. Actuellement,
la commune envisage la mise en place
d’une unité de méthanisation. Elle serait
alimentée par les déchets des usines
agroalimentaires, des exploitations
agricoles et des stations d’épuration.
L’objectif serait d’utiliser le biogaz GNV
(Gaz Naturel Véhicule) comme carbu-
rant pour les bus, véhicules, camions-
bennes.
*Locminé Innovation et Gestion des Énergies
renouvelables
www.liger.fr
il existe un vrai potentiel de développement
pour le photovoltaïque qui peut être implanté
sur différents supports (sur un toit de bâti-
ment, dans un parking avec ombrières), ce
qui le rend propice à l’auto-consommation
(qui permet d’éviter les coûts économiques
et environnementaux liés au transport).
De plus, en fonction des territoires ce mix
pourra être complété par d’autres sources
d’énergies renouvelables : méthanisation,
géothermie... La valorisation de la biomasse
(méthanisation, gazéification...) a des poten-
tiels importants en Bretagne. La méthani-
sation permet la production d’électricité et
de chaleur (cogénération). En Bretagne, en
2011, on recensait 24 installations de mé-
thanisation (dont 7 en Ille-et-Vilaine) pour
une production de chaleur de 142 GWh et
une production d’électricité de 14  GWh par
valorisation du biogaz généré par les métha-
niseurs industriels, les stations d’épuration
des eaux grises et agricoles. Les applications
principales du Gaz Naturel de Ville (GNV) ou
biogaz concernent surtout les transports (vé-
hicule, tracteur...). Les unités de fabrication
ne seront pas nécessairement implantées
sur le bassin rennais. En revanche, le bassin
rennais peut développer une expertise dans
ce domaine en s’appuyant sur les centres de
recherche présents.
PRECONISATIONS
Développer une filière de production de système d’autonomie énergétique
Développer une production d’énergie locale, à partir d’un mix entre les différentes éner-
gies (photovoltaïque, éolien, méthanisation, turbine...) en s’appuyant sur une expéri-
mentation locale en lien avec les centres de recherche pour ensuite proposer cette solu-
tion à l’international notamment au sein des pays confrontés à des réseaux électriques
peu performants.
Utiliser les ressources liées à l’épargne des ménages pour financer des projets d’autono-
mie énergétique : parce que les projets de production d’énergie doivent avoir un ancrage
local fort, la mobilisation de l’épargne des ménages peut constituer un levier de finance-
ment et d’amélioration de l’acceptabilité intéressant.
Informer les consommateurs sur les problématiques d’autonomie énergétique : il s’agit
d’optimiser les ressources en matière de conseil (espace info énergie association...) et en
sensibilisant le public aux enjeux d’efficacité et d’autonomie énergétiques, pour favoriser
l’acceptabilité sociale.
5 codespar contribution-auto-agro-batiment-tic-quelles-mutations-07-2014
5 codespar contribution-auto-agro-batiment-tic-quelles-mutations-07-2014
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  • 1. Les contributions du CODESPAR JUILLET 2014 Les 4 scénarios imaginés permettent d’identifier les mutations à venir : la transition énergétique, l’évolution vers une industrie plus intelligente, l’internationalisation de la production, l’hybridation croissante entre industries et services... Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Phase 2 : 4 scénarios d’évolution d’ici 2030 et les préconisations stratégiques se numérise s’énergise s’internationalise se servicialise L’industrie
  • 2. 2 CODESPAR JUILLET 2014 SOMMAIRE 3 Synthèse 4 La démarche du groupe-projet « Prospective économique » 6 Rappel des éléments clés du diagnostic partagé 7 Quatre scénarios sur le devenir de l’industrie en 2030 8 Scénario A - L’industrie se numérise 10 Scénario B - L’industrie s’énergise 12 Scénario C - L’industrie s’internationalise 14 Scénario D - L’industrie se servicialise 17 Les mutations de l’industrie et la stratégie d’accompagnement de ces évolutions 18 Les mutations transversales de l’industrie 18 L’industrie à l’épreuve de la transition énergétique et écologique 18 Une évolution vers des produits à plus haute valeur ajoutée 19 L’intelligence renouvelle la chaîne de valeur 19 Une innovation centrée sur les usages reposant sur des méthodes plus collaboratives 19 La sécurisation des parcours des salariés de l’industrie 21 Les mutations des filières industrielles traditionnelles 21 Une filière véhicules et mobilité à accompagner 24 L’agroalimentaire : vers une filière compétitive et durable 27 Les TIC : le numérique dynamise les autres secteurs d’activité 29 Le bâtiment : vers un bâtiment durable avec une gestion intégrée de l’énergie 31 Les opportunités de structuration de nouvelles filières industrielles 31 Vers une filière de production de système d’autonomie énergétique ? 33 L’aéronautique : une opportunité à saisir pour structurer un réseau de sous-traitants ? 34 La rénovation ferroviaire : une activité à pérenniser ? 35 Glossaire
  • 3. 3Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? L’industrie du bassin rennais a été fortement fragilisée au cours des dernières années, et de manière plus exacerbée encore en 2013. Des filières industrielles, sur lesquelles le territoire avait assis son développement, se sont trouvées dans des situations difficiles. Le groupe a choisi d’analyser le devenir de 4 filières d’activités (automobile, agroali- mentaire, bâtiment et TIC)*. L’industrie au- tomobile a été particulièrement mise à mal avec 1 400 suppressions d’emploi au niveau du constructeur PSA et un impact sur les équipementiers et les sous-traitants (Faure- cia, Cooper...). De nombreuses entreprises de l’industrie agroalimentaire ont elles aus- si été affaiblies en Bretagne (Gad, Marine Harvest...) même si le bassin rennais a été moins impacté. La filière numérique a été confrontée à une situation ambivalente avec des difficultés de recrutement, d’une part, et des licenciements importants (Renesas, Alca- tel...), d’autre part. La filière du bâtiment a elle aussi vécu une situation contrastée avec des grosses entreprises qui ont évité les res- tructurations grâce à des transferts de charge et nombre de petites entreprises qui ont dû supprimer des emplois voire cesser leur acti- vité. L’inquiétude sur cette situation a sou- levé plusieurs questionnements : Comment vont évoluer les industries au- jourd’hui structurantes pour le bassin ren- nais ? Auront-elles le même poids ? Faut-il anticiper des modifications de la structure de l’emploi de ces filières ? Peut-on envisager la création de nouvelles activités créatrices d’emplois ? Pour répondre à ces questionnements, le groupe a identifié 4 scénarios d’évolution sur le devenir de l’industrie à l’horizon 2030 : •• L’industrie se numérise •• L’industrie se valorise •• L’industrie s’internationalise •• L’industrie se servicialise Ces 4 scénarios sont monolithiques puisqu’ils ont été construits à partir d’une seule ten- dance lourde. L’avenir sera probablement une hybridation entre ces différents scénarios. Mais, le fait de se projeter en 2030 a per- mis d’identifier plusieurs défis transversaux qu’aura à relever l’industrie. Ainsi, on assiste à une porosité croissante entre industries et services. Nombreux sont les établissements industriels qui proposent des activités de ser- vice. Par ailleurs, la transition énergétique et écologique constitue un autre défi qu’auront à relever les industries. En effet, l’industrie s’est développée comme une production standardisée en grande série, ce qui, dans un monde où les ressources sont limitées, est remis en cause. De plus, dans un monde glo- balisé, où les plus importants foyers de crois- sance sont hors d’Europe, se pose la question de notre compétitivité et de notre capacité à proposer des produits à plus forte valeur ajoutée. Outre ces mutations transversales, chaque filière est concernée par des évolutions spé- cifiques. L’industrie de l’automobile évolue vers l’industrie des mobilités. L’agroalimen- taire français est dépassé par les concurrents allemands et la Bretagne est confrontée à un risque de décrochage. Elle doit évoluer pour restaurer sa compétitivité et rester un acteur significatif. Le numérique qui a longtemps constitué une spécificité du bassin rennais, se diffuse désormais sur tous les territoires. Pour autant, le bassin rennais a encore des cartes à jouer, notamment en continuant de s’appuyer sur son expertise historique dans les télécoms, les réseaux et l’image. Le bâti- ment doit faire évoluer ses modes de fabri- cation et de rénovation pour respecter les enjeux liés à la transition énergétique. Pour accompagner l’ensemble de ces muta- tions, le groupe a identifié des pistes d’action à mettre en œuvre. Elles ne sont pas exhaus- tives et devront être alimentées au fil des échanges avec les acteurs concernés (entre- prises, syndicats, élus...). * Le groupe a choisi de travailler sur 4 filières d’activité qui ne reflètent pas l’intégralité de l’industrie du bassin rennais et encore moins du tissu économique. Deux d’entre elles re- lèvent à proprement parler de l’indus- trie : l’automobile et l’agroalimentaire. Le groupe a sou- haité aussi analyser le bâtiment et la filière TIC en raison de leur importance dans l’économie productive du bassin rennais. Synthèse
  • 4. 4 CODESPAR JUILLET 2014 Les étapes de la démarche Le groupe-projet constitué en octobre 2012 a achevé ses travaux en février 2014 après 14 réunions. La démarche du groupe s’est déroulée en 4 phases : Note n°2 La présente contribution constitue la synthèse des phases de prospective et de stratégie. La démarche du groupe-projet « Prospective économique » Note n°1 CODESPAR, « Auto- mobile, agroalimen- taire, bâtiment et TIC – Phase 1 : dia- gnostic de 4 filières à enjeux pour le bassin d’emploi de Rennes », juin 2013. DIAGNOSTIC 4 filières d’activité Automobile Agroalimentaire TIC Bâtiment nov. 12 > avril 13 PROSPECTIVE mai 13 > nov. 13 STRATEGIE Identification des défis transversaux Définition des préconisations déc. 13 > mai 14 VALORISATION Partage des enseignements auprès des acteurs socio-économiques mai 14 > juin. 14 Définition de 10 variables Définition de 4 hypothèses par variable Construction de 4 scénarios
  • 5. 5Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Le choix d’une approche prospective La démarche de prospective constitue un ou- til de réflexion collective par l’échange. Elle a pour principale vertu de s’obliger à antici- per hors de l’urgence. Elle permet de s’ins- crire dans la durée et de projeter la réflexion du groupe sur une échelle de temps longue. Elle permet en outre d’ouvrir le champ des possibles et le cadre de pensée habituel. Le groupe s’est enrichi de la méthodologie du CESER Bretagne (Conseil Économique, Social et Environnemental Régional) en matière de prospective. Une méthodologie prospective appliquée avec pragmatisme Le groupe a d’abord identifié 10 variables susceptibles d’influencer l’évolution de l’in- dustrie. Pour chacune des variables, 4 hypothèses d’évolution ont été définies par le groupe. Néanmoins, le périmètre de l’étude a empê- ché une application rigoureuse de la méthode prospective. En effet, la définition des 4 scé- narios s’est faite à partir des hypothèses mais sans que celles-ci soient toutes utilisées nécessairement. La cohérence de chaque scénario pour chaque filière a été privilégiée. La définition de la stratégie Suite à l’élaboration de ces 4 scénarios, le groupe a identifié des défis transversaux. La stratégie et les préconisations se nourrissent donc de la démarche de prospective, mais également des enjeux identifiés lors de la phase de diagnostic. 1 Facteur environnemental (disponibilité des matières premières, coût…) 2 Ouverture à l’international (place de l’export, échelle des marchés…) 3 Structuration des filières d’activité 4 Gouvernance du numérique 5 Modes de vie et comportements (modes d’achat, facteurs d’arbitrage…) 6 Rôle des grands donneurs d’ordre et centres de décisions (niveau d’implan- tation, type d’acteurs…) 7 Réglementation (fiscalité, incitations…) 8 Structuration des différentes échelles territoriales (rôle de l’Union européenne, des collectivités, politiques menées…) 9 Emploi et conditions de travail (régle- mentation, concurrence, salaire, com- pétences, formation…) 10 Place de l’innovation (degré de diffu- sion, résultats…) Le groupe de prospective économique s’est mobilisé de septembre 2012 à juin 2014.
  • 6. 6 CODESPAR JUILLET 2014 •• Concurrence entre les territoires y compris au niveau national. •• Absence de stratégie commune portée collectivement par les acteurs du terri- toire, en dépit de la culture collaborative. •• Absence de prise de décision en dépit de la culture collaborative. •• Éloignement des centres de décision avec le départ de grands groupes. •• Contraintes de plus en plus fortes imposées par la réglementation. •• Exode de la population jeune vers d’autres territoires. MENACES •• Existence de marchés en forte croissance au niveau mondial pouvant constituer des débouchés à l’export. •• Processus de relocalisation de certaines activités. •• Réglementation qui contribue à structurer des filières d’activités pour des marchés jusqu’ici confidentiels. •• Croisement entre les filières. •• Intégration du numérique dans les autres filières. •• Industries d’extraction offrant des poten- tiels importants (carrières…) •• Transition énergétique. •• Valorisation de la biomasse. •• Grands chantiers du territoire (LGV, métro…) tirant certaines activités directes (travaux publics) et indirectes (habitat, services…). OPPORTUNITES •• Équilibre du territoire qui, malgré une certaine spécialisation, demeure assez diversifié. •• Présence de grands groupes. •• Présence de pôles de compétitivité impor- tants dans les filières. •• Formation de qualité aux différents niveaux de qualification, présence d’uni- versité, d’instituts. •• Situation sociale assez favorable. •• Culture collaborative. •• Dynamisme démographique du territoire avec une population jeune importante. •• Ressources naturelles importantes (aqua- tiques, milieux…). •• Qualité de vie du territoire (équipements, accès facilité à la propriété, accessibilité… ATOUTS •• Forte dépendance du territoire à l’écono- mie productive et donc à la conjoncture économique. •• Taille des entreprises insuffisante dans certains secteurs. •• Éloignement des centres de décision et dépendance vis-à-vis de quelques gros acteurs. •• Manque de compétitivité internationale concernant les industries de volume. •• Absence de certaines compétences dans l’industrie (chaudronnier, monteur…). •• Marchés vieillissants, saturés. •• Visibilité insuffisante du territoire. •• Situation logistique défavorable en raison de la situation péninsulaire, de l’absence de complémentarité entre les différents modes et de faible connexion aux flux nationaux et internationaux. •• Valorisation insuffisante des ressources naturelles. •• Complexité de la réglementation. FAIBLESSES Rappel des éléments clés du diagnostic partagé Le groupe « Prospective économique » a démarré ses travaux par un diagnostic (octobre 2012 – juin 2013) synthétisé dans une première contribution parue en juin 2013. 4 filières d’activité structurantes pour le bassin rennais ont été analysées : auto- mobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC. Pour chacune d’entre elles, une analyse a été menée sur la situation de la filière en 2013 avec ses atouts et ses faiblesses. L’étude des mutations a aussi permis d’identifier des op- portunités et des menaces en termes d’évo- lution. La synthèse de ces analyses est pré- sentée ci-dessous.
  • 7. 7Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? L’évolution de l’industrie sur le bassin ren- nais est conditionnée par différents para- mètres (le facteur environnemental, l’ouver- ture à l’international, la réglementation...) qui correspondent aux 10 variables identi- fiées ci-dessus. En fonction de ces variables, l’évolution de l’industrie pourrait prendre un tournant tout à fait différent d’ici 2030. 4 scénarios ont ainsi été imaginés. Chacun est sous-tendu par une dynamique spécifique. Pour chaque scénario, l’évolution des 4 filières d’activité structurantes du territoire est ana- lysée ainsi que son impact sur les emplois. Pour rappel, la construction de ces 4 scé- narios permet de se projeter en 2030 pour imaginer des évolutions possibles et anti- ciper les mutations. Ils n’ont pas vocation à prédire l’avenir et le futur sera probable- ment une combinaison entre ces différents scénarios. Il s’agit d’imaginer ce qu’il pour- rait advenir. Ces futurs possibles, imaginés par les membres du groupes, ne corres- pondent pas nécessairement au futur sou- haitable. Pour imager les scénarios, il est fait men- tion d’acteurs locaux ou internationaux existants (entreprises, acteurs institu- tionnels...). Néanmoins, les propos sont la restitution des échanges du groupe du Codespar et n’ont pas vocation à refléter le positionnement de l’acteur cité à titre d’illustration. NOTA Quatre scénarios sur le devenir de l’industrie en 2030 SCENARIO A L’industrie se numérise SCENARIO B L’industrie s’énergise SCENARIO C L’industrie s’internationalise SCENARIO D L’industrie se servicialise
  • 8. 8 CODESPAR JUILLET 2014 Le bassin rennais fait du numé- rique un moteur pour dynamiser son socle industriel. Il s’appuie sur les TIC pour atteindre les objec- tifs en matière de performance énergétique, pour favoriser les croisements de filières générateurs d’innovation et pour améliorer les gains de compétitivité dans l’indus- trie traditionnelle. Désormais, l’industrie constitue de nouveaux débouchés pour la filière TIC du territoire. Une filière automobile recomposée : des acteurs hors de la fi- lière automobile se positionnent sur les véhicules communi- cants Le tassement du marché européen a engendré la fermeture du site de Rennes de PSA dès 2017. Dans la mesure où PSA structurait un maillage de sous-traitants sur le bassin rennais, sa disparition entraîne une restructuration drastique de la filière. Les sous-traitants les plus dépendants du constructeur ont cessé leur activité ou se sont diversi- fiés. Les véhicules deviennent de plus en plus communicants et servi- ciels et de nouveaux acteurs apparaissent. Bolloré, fabricant de batte- ries pour véhicules électriques et de la Bluecar d’Autolib à Paris décide de dupliquer son système d’autopartage à Rennes et se lance dans la fabrication de bus électriques. Des acteurs du stationnement (Citédia, Vinci...) jouent un rôle croissant en proposant désormais une place de stationnement combinée à un véhicule électrique pour une durée limitée. La gestion de l’information et des systèmes d’interconnexion devient un élément-clé dans la chaîne de valeur. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Baisse forte du nombre d’emplois résultant de la fermeture de PSA et de plusieurs sous-traitants. ÎÎ Création d’emplois au niveau des nouveaux acteurs de la mobi- lité. ÎÎ Pilotage des systèmes d’information, d’interconnexion et ges- tion de l’énergie des véhicules apparaissant comme des fonc- tions de plus en plus stratégiques. AUTOMOBILE VEHICULES ET MOBILITES L’agroalimentaire s’appuie sur le numérique pour améliorer ses process de fabrication et garantir une traçabilité optimale. Les acteurs de la filière agroalimentaire se rapprochent de la filière nu- mérique pour croiser leur savoir-faire et générer des innovations. L’in- tégration croissante de capteurs au sein de l’agroalimentaire permet d’améliorer le système de traçabilité (système d’information, code- barre, RFID). Dans ces usines ultra-modernes, les TIC optimisent les process de fabrication (automatisation...) et permettent d’améliorer les conditions de fabrication (gestes, postures...). Pour financer ces nouveaux outils industriels, la filière procède à un mouvement de concentration qui permet d’augmenter la taille des entreprises ; les usines se rapprochent et nouent des alliances industrielles fortes avec de grands groupes. La filière agroalimentaire est recomposée avec des unités de fabrications plus importantes. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Diminution du nombre d’emplois liée à la concentration des acteurs. ÎÎ Hausse des qualifications moyennes au sein des entreprises avec l’intégration croissante des TIC. ÎÎ Amélioration des conditions de travail. AGROALIMENTAIRE L’industrie se numérise SCENARIO A
  • 9. 9Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Impact sur l’emploi variable en fonction des acteurs qui se posi- tionneront sur ce marché en émergence mais en forte accéléra- tion. ÎÎ Montée en compétences des acteurs en lien avec l’intégration croissante des TIC. BATIMENT L’industrialisation des TIC Le secteur des TIC développe des activités pour les filières industrielles du territoire notamment. L’industrialisation de la filière se traduit par le développement d’éditeurs de logiciels. Ces industriels s’émancipent de la dépendance entre ESN (Entreprises de Service Numérique) et donneurs d’ordre (Orange et Technicolor). Ceci génère une diversifi- cation des compétences : les ingénieurs ne sont plus la majorité de l’effectif, comme dans les ESN, s’y ajoutent des techniciens (vente, logistique...). L’approche par l’usage et les croisements de filière sont générateurs d’innovation. La collectivité favorise le rapprochement entre différents projets du territoire sur le lien entre TIC et santé. Alcatel-Lucent s’associe avec NSN et constitue ainsi un acteur de pre- mier plan dans le secteur des équipements des télécoms. Le territoire devient une référence en matière de e-commerce. En effet, la mise en place du showroom numérique dans le centre commercial Grand Quar- tier, qui s’est essaimé au centre Alma, est désormais une vitrine pour de nombreux territoires. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Diminution de la forte dépendance des entreprises de services du numérique aux donneurs d’ordre. ÎÎ Hausse du nombre d’emplois. ÎÎ Diversification des compétences. TIC Vers le bâtiment intelligent Pour atteindre la RT 2020, le secteur du bâti- ment s’est orienté massivement vers le bâtiment intelligent. L’expertise du territoire en matière de télécoms est mise au service de la gestion des réseaux. L’utilisation de capteurs sans fil permet une consommation optimisée et l’ex- ploitation de sources d’énergie décentralisées (panneaux photovoltaïques, éoliennes…). Les opérateurs de téléphonie et de services initient cette mutation en développant des solutions de smart homes au sein des nouveaux quartiers en cours d’aménagement. Orange devient le leader de la chaîne de valeur et relègue des acteurs de la domotique, comme Delta Dore, à un rôle d’équipementier. En effet, c’est Orange qui cen- tralise désormais l’ensemble des données rela- tives à la gestion de l’énergie, que l’habitant ou le gestionnaire commande depuis un terminal unique : son smartphone. Ecran de commande élaboré par Delta dore - @photo : Delta dore
  • 10. 10 CODESPAR JUILLET 2014 Dans un contexte de raréfaction des ressources, de pénurie des matières premières et de hausse de la pollution, le territoire rennais fait de la transition énergétique et écologique un levier majeur d’évo- lution de son industrie. Il favorise l’économie circulaire c’est-à-dire la volonté de prélever le moins de ressources possibles, grâce à l’écoconception, à la réutilisation des produits et au recyclage des déchets*. Les évolutions inter- viennent à 2 niveaux : l’industrie s’adapte pour diminuer sa consom- mation d’énergie et de matières premières et certains acteurs pro- posent des services répondant aux nouveaux marchés liés à la tran- sition énergétique et écologique. De nouvelles filières d’activités se développent fortement autour de la croissance verte et bleue (glaz économie)**. L’industrie de l’automobile se tourne vers la mobilité décarbo- née La filière automobile connaît un nouveau souffle. Le durcissement de la réglementation européenne en matière d’émission de gaz à effet de serre, conjugué à la hausse du prix de l’énergie, favorise la production de véhicules plus écologiques. L’Union européenne soutient un vaste programme de R&D dans ce domaine. PSA, avec son expertise acquise dans l’hybride et dans des systèmes écologiques, s’associe à d’autres constructeurs pour développer des véhicules très peu polluants. Il choisit de s’appuyer sur le territoire rennais, reconnu pour sa capa- cité d’expérimentation, pour mettre en place de nouveaux services de mobilité. De nouveaux acteurs de la mobilité servicielle s’implantent sur le territoire pour ces mêmes raisons. AUTOMOBILE VEHICULES ET MOBILITES Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Maintien de PSA sur le territoire mais diminution des emplois après les suppressions de 2016. ÎÎ Création d’emplois au niveau des nouveaux acteurs de la mobilité. Une filière qui allie compétitivité et développement durable La filière agroalimentaire est rénovée en alliant compétitivité et dé- veloppement durable. D’une part, les consommations d’énergie sont réduites au sein des entreprises. D’autre part, la valorisation des pro- duits liés au processus de fabrication dit « co-produits »(produits finis non commercialisables, partie du produit non utilisée, déchets géné- rés...) connaît un essor important. La gestion des effluents issus de l’élevage s’organise en lien avec la mise en place d’unités de produc- tion d’énergie par méthanisation qui produit de l’électricité et du GNV (Gaz Naturel pour Véhicule). La chaleur récupérée est exploitée pour produire des micro-algues à forte valeur ajoutée. Cette activité favo- rise la préservation de la qualité des eaux tout en préservant l’agricul- ture, s’inscrivant pleinement dans la glaz économie. AGROALIMENTAIRE Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Maintien des emplois grâce une amélioration de la compétitivité de la filière. * Astères, Économie circulaire et recyclage : vers un nouveau modèle économique, août 2013. ** La « glaz économie » désigne l’économie liée à la mer (bleu), à la croissance verte (vert) et au numérique, aux nouveaux modèles collaboratifs ou encore à l’économie liée à la vieillesse dite «silver économy» (gris). En effet, le terme breton «  glaz  » désigne une couleur qualifiant les différentes teintes de la mer lorsqu’elle se confond avec l’horizon : vert, bleu, gris. Cette glaz économie est l’ambition que s’est donnée la région Bretagne dans le cadre de sa stratégie régionale de développement économique et d’innovation (SRDEII). L’industrie s’énergise SCENARIO B
  • 11. 11Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? La recherche d’économie d’énergie renforce les usages intelligents des biens. Les smart grids se développent pour lisser les consommations et optimiser l’usage des biens. Le territoire parvient à mettre ses compétences numériques au service de la rénovation énergétique des logements collectifs, individuels et des bâtiments tertiaires. L’implantation d’une filiale de Dassault permet au terri- toire de devenir une référence en matière de modélisa- tion de la performance énergétique. TIC Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Diminution de la forte dépendance des entreprises de service numérique (ESN) aux donneurs d’ordre. ÎÎ Hausse du nombre d’emplois. ÎÎ Diversification des compétences. Une filière soutenue par la maîtrise de l’efficacité énergétique La filière du bâtiment dopée par les enjeux d’efficacité énergétique Le territoire développe une politique ambitieuse de rénovation de l’habitat mise en œuvre avec la RT2020 (qui impose des bâtiments à énergie posi- tive). Cette démarche est facilitée par la mise en place d’un guichet unique associant l’ensemble des acteurs de la construction durable autour d’une charte de la qualité et en mobilisant les solutions innovantes de financement. Cette dynamique per- met de faire apparaître de nouvelles solutions en industrialisant les chantiers de rénovation éner- gétique pour diminuer les coûts. Néanmoins, la hausse du coût de l’énergie fragilise la solvabilité des ménages qui ne peuvent pas engager des tra- vaux de rénovation. Les constructions neuves res- pectent les normes de la RT2030 avec des maisons écologiques qui se font à un prix de plus en plus abordable (constructions modulaires). Le territoire favorise la mise en place de boucles énergétiques à l’échelle d’une intercommunalité, d’un quartier... pour une gestion dynamique et redistributive de l’énergie. Delta Dore joue un rôle majeur grâce à la mise en place d’un véritable tableau de bord de gestion de l’énergie de la maison qui permet de piloter l’ensemble des systèmes de production/ consommation/effacement d’énergie. Sanden de- vient un acteur européen avec la fabrication de ses pompes à chaleur pour le bâtiment. Par ailleurs, le territoire soutient la construction durable à travers son PLHD (Programme Local de l’Habitat Durable) et facilite les expérimentations de produits et sys- tèmes innovants. BATIMENT Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Évolution des compétences et des modes de collaboration entre les différents corps de métier du bâtiment. ÎÎ Potentiel de création d’emploi beaucoup plus important sur la rénovation du parc existant que sur la construction. L’essor de solutions d’énergies renouvelables en auto-consommation grâce à un ancrage local fort Pour diminuer sa dépendance énergétique, le ter- ritoire, en plus des travaux de rénovation énergé- tique qu’il soutient, favorise la production d’éner- gies renouvelables au niveau local. À l’image des pays où l’éolien est très développé (Allemagne, Danemark...), ces infrastructures sont financées en mobilisant l’épargne des ménages, ce qui permet d’améliorer l’acceptation par les habitants qui sont parties prenantes du projet (ex. ferme citoyenne de Béganne). Un des choix faits est de s’orienter vers le mix éolien-solaire. La hausse du prix de l’énergie contribue au développement de l’auto-consomma- tion car il devient plus intéressant de produire son énergie pour sa propre consommation que de la revendre au réseau. Les opportunités liées à la mer La création d’un pôle mer à l’échelle du grand ouest a des répercussions positives sur le bassin rennais. Il s’appuie notamment sur des coopérations renfor- cées avec Saint-Malo (Rennes Atalante, Goëmar...) En effet, des activités industrielles se développent autour de la valorisation des ressources marines. Les algues sont exploitées pour des activités phar- maceutiques, des emballages dans l’agroalimen- taire mais aussi comme substitut du plastique. La culture d’algues se développe pour ne pas tarir le gisement naturel. L’EMERGENCE DE LA GLAZ ECONOMIE Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Emplois liés à l’installation et à la mainte- nance des infrastructures. ÎÎ Difficulté à estimer le potentiel de création d’activités industrielles. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Potentiel de création d’emplois.
  • 12. 12 CODESPAR JUILLET 2014 La faible croissance des marchés locaux pousse le territoire à s’ou- vrir pleinement à l’international. Le centre des congrès facilite ce rayonnement de la métropole. Pour demeurer compétitif, le territoire favorise des produits innovants à haute valeur ajoutée. Pour optimiser son positionnement international, il a investi fortement dans ses infrastructures (plate- forme logistique, LGV, aéroport international) et anime plusieurs salons internationaux annuels. Le site de Rennes de PSA devient un village de l’industrie, structuré autour d’activités d’assemblage pour différents sec- teurs d’activité PSA s’appuie sur son alliance capitalistique avec le Chinois Dong- feng pour développer fortement l’activité d’assemblage sur le site de Rennes. Cette activité lui permet de devenir une plate-forme multi- marque, issue de la mutualisation entre plusieurs constructeurs. Cette activité d’assemblage se développe au-delà de la seule filière automo- bile et notamment pour les activités de l’aéronautique et du machi- nisme agricole. Si le territoire possédait déjà des entreprises dyna- miques, désormais, il dispose d’acteurs majeurs compétitifs à l’échelle internationale. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Maintien de l’emploi grâce au développement des activités d’assemblage. ÎÎ Déplacement des emplois de la filière automobile en raison des mouvements de délocalisation opérés suite aux alliances nouées. AUTOMOBILE VEHICULES ET MOBILITES La filière s’oriente vers des produits à haute valeur ajoutée L’industrie agroalimentaire bretonne a connu une grave crise en 2013. Jusqu’alors, elle se caractérisait par une part élevée des produits réfri- gérés, qui d’une part ont une faible valeur ajoutée et d’autre part sont difficilement exportables. L’industrie agroalimentaire décide d’orienter sa production vers des produits à haute valeur ajoutée (ex. plats cui- sinés, produits alimentaires intermédiaires «PAI») d’une qualité sani- taire irréprochable et issue d’une filière démédicalisée, pour pouvoir se tourner vers les marchés en forte croissance. On assiste à un phé- nomène de concentration et de restructuration des entreprises, pour gagner en compétitivité. Cette concentration permet aux entreprises concernées d’atteindre la taille critique, condition impérative pour réa- liser des investissements en matière d’innovation-produit. Jusqu’alors, seuls 2 % du chiffre d’affaire des industries agroalimentaires étaient consacrés à la R&D, désormais cela représente un investissement conséquent. En plus du développement de la R&D en interne, des par- tenariats sont noués avec des laboratoires au niveau local pour valori- ser la recherche. Cette activité d’innovation permet aux acteurs de la filière de se diversifier en termes de secteurs d’activités en s’orientant vers de nouveaux débouchés : aliment fonctionnel, cosmétique, phar- maceutique. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Montée du niveau de compétences requis et besoin accru de personnel en R&D. AGROALIMENTAIRE L’industrie s’internationalise SCENARIO C
  • 13. 13Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? La préfabrication se développe sous l’égide d’acteurs internationaux Le maintien du dynamisme démogra- phique génère des besoins importants en logements. De plus, les exigences liées à la RT2030 incitent à trouver des modes constructifs plus performants. La préfabri- cation se développe : dalles précontraintes, prémurs en béton, planchers préfabriqués, composants standardisés à structure bois... Elle a des atouts à faire valoir : diminution forte du temps de construction, réduction du coût global, économie de matériaux et d’énergie. Des entreprises québécoises, qui ont déjà acquis une expertise sur le pré- fabriqué, se positionnent sur le marché français, et implantent des usines sur le territoire rennais en raison de son dyna- misme démographique. La majeure partie de la construction est effectuée en usine -et non plus directement sur les chantiers localement- et cette industrialisation se tra- duit par une diminution des effectifs dans la filière. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Évolution des compétences et des modes de collaboration entre les dif- férents corps de métier du bâtiment. ÎÎ Potentiel de création d’emploi beau- coup plus important sur la rénovation du parc existant que sur la construc- tion. BATIMENT Le numérique fait de Rennes une smart city La filière TIC est profondément renouvelée, en lien avec le départ d’un acteur majeur du territoire. Mais, elle connaît un nouvel essor en se positionnant sur les innova- tions d’usage (manière de faire, d’inno- ver, de travailler...) plutôt que sur le hard (technologies, processus de production...). Le numérique est de plus en plus valorisé par la collectivité elle-même qui anime une politique d’open data. Elle y voit un moyen d’améliorer sa relation aux usagers, et un formidable accélérateur de sa culture col- laborative. Après Lyon, Nice et Montpellier, la ville s’oriente vers une smart city, large- ment impulsée par Orange. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Développement de nouvelles activi- tés. ÎÎ Pas d’emplois industriels créés. TIC L’aéronautique apparaît comme une opportu- nité majeure avec des carnets de commande à 8 ans, pour lesquels Airbus ne dispose pas de capacités de production suffisante. Or, il existe une forte proximité de compétences entre l’au- tomobile et l’aéronautique avec une filière hori- zontale en termes de métiers, par exemple pour le métier de monteur. De plus, la capacité des acteurs de l’automobile à travailler avec des contraintes très fortes permet de convaincre les donneurs d’ordre de l’aéronautique. Partant de ce constat, Bretagne Ateliers a été précurseur en intégrant dès 2013 le pôle de fournisseurs d’Airbus. Les acteurs de la filière automobile du grand ouest décident de nouer un partenariat entre eux pour proposer à Airbus une offre inté- grée pour l’assemblage d’un sous-ensemble. Ce partenariat à l’échelle du grand ouest permet aussi aux acteurs de s’appuyer sur l’expertise des acteurs du nautisme en matière de compo- site pour la transférer à l’aéronautique. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Maintien des emplois grâce à la structuration de la filière aéronautique. Un partenariat entre les acteurs de l’ouest pour s’ouvrir à l’aéronautique AERONAUTIQUE
  • 14. 14 CODESPAR JUILLET 2014 Les industries sont totalement transformées. La possession du produit importe moins que son usage. Les usages évoluent très vite ainsi que les cycles de vie des produits. Une industrie nouvelle se développe : elle est plus diffuse, plus personnalisée et repose sur la fabrication de plus petites séries. Une filière automobile remplacée par un bouquet de services de mobilité La mobilité est profondément renouvelée. Les services de mobilité se sont fortement développés dans le cadre du nouveau Plan de Dépla- cement Urbain de la métropole. La mise en place de la plate-forme d’autopartage à Rennes a accéléré le développement de ces services. L’intermodalité est devenue la norme facilitée par le Korrigo ouest. La filière automobile est bouleversée par l’apparition sur ce marché de nouveaux acteurs issus d’autres domaines d’activité (stationnement, données...). Le constructeur PSA a vu ses effectifs fortement réduits. D’une part, car le marché des véhicules neufs est en diminution et d’autre part, car les constructeurs n’ont désormais plus l’exclusivité sur la vente de véhicules. Enfin, la filière véhicule pour s’adapter au mieux aux besoins des usagers s’appuie sur le principe de la co-créa- tion, c’est-à-dire sur le fait d’associer les autres acteurs de la filière soit dès la phase amont de conception des véhicules soit pour les ser- vices en aval. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Optimisation de l’usage des véhicules engendrant une diminu- tion du nombre de véhicules et du nombre d’emplois. AUTOMOBILE VEHICULES ET MOBILITES Une industrie agroalimentaire à la carte L’agroalimentaire développe des produits sur-mesure au plus près des besoins des consommateurs. Le centre culinaire contemporain, qui décrypte les usages, joue un rôle majeur dans ces innovations. Pour établir ce maillage, de petites unités de fabrication se mettent en place. Ces usines valorisent les services en lien avec le consommateur (livraison, paiement en ligne, conseil personnalisé...). Les investisse- ments les plus importants sont mutualisés au sein de réseaux de PME. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Montée en compétences dans la filière agroalimentaire. AGROALIMENTAIRE L’industrie se servicialise SCENARIO D
  • 15. 15Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Une filière qui se développe autour des services Les entreprises du bâtiment proposent désormais l’achat d’une maison, conju- gué à des services adaptés aux besoins des populations concernées (personnes dépendantes, handicapées...). Des ser- vices d’accessibilité, de domotique, de surveillance et de proximité (conciergerie, dépôt des colis...) sont proposés. De plus en plus, les bâtiments favorisent la mixité des populations (jeunes-personnes âgées) et des usages. Pour permettre une évolu- tion au gré du parcours de la personne et de l’évolution des résidents, l’habitat lui-même peut être adapté grâce à des constructions modulaires. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Pas de création d’activités indus- trielles. ÎÎ Nouveaux modes de collaboration entre les corps de métiers et avec d’autres secteurs/métiers (ergo- nome, professionnels de la santé). BATIMENT La filière numérique structurée autour de sa vocation collaborative La filière TIC se développe autour de l’usage car elle contribue à constituer une véritable communauté d’utilisateurs. Les projets en open source se développent. Des projets émergent et se font préfinancer ce qui accélère l’innovation. Les progrès tech- nologiques sont inspirés par la compréhen- sion des usages. L’imprimante 3D a vu son coût fortement diminuer ce qui favorise sa diffusion. Certaines entreprises se spécia- lisent dans la production à partir d’impri- mantes 3D à destination des entreprises qui assurent uniquement la conception et pas la fabrication. Elle contribue à faire émerger une industrie éphémère beaucoup plus per- sonnalisée, en petite série. La collectivité a mis en place un pôle de création numérique qui facilite les liens entre les acteurs-clés à une échelle internationale. Quels impacts sur l’emploi ? ÎÎ Développement de la filière à partir d’entreprises de tailles moins impor- tantes (types start-ups). ÎÎ Hausse des compétences requises y compris en matière de conception en lien avec l’imprimante 3D. TIC
  • 17. 17Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Les mutations de l’industrie et la stratégie d’accompagnement de ces évolutions Les 4 scénarios décrits précédemment ont illustré des évolutions possibles de l’industrie. Certaines évolutions sont transversales c’est-à-dire com- munes aux différentes filières tandis que d’autres ne concernent qu’une seule filière. Enfin, la réflexion sur le devenir de l’industrie amène à envi- sager d’autres activités industrielles que les activités existantes. Elles sont développées dans la partie intitulée «  Les opportunités de structuration de nouvelles filières industrielles  ». Ce travail de définition des scénarios a permis d’imaginer différents futurs possibles, qui ne correspondent pas nécessairement au futur souhaitable. Le groupe a identifié plusieurs préco- nisations stratégiques pour accom- pagner ces mutations. Parce qu’elles servent à accompagner les muta- tions, elles sont présentées dans le document à l’issue de chaque partie relative aux mutations précisément. Les préconisations s’adressent à des acteurs variés  : collectivités, entre- prises, syndicats de salariés... Le tra- vail de valorisation de la note devra aussi permettre de favoriser l’appro- priation de ces préconisations et leur éventuel approfondissement pour la mise en place d’actions pour parvenir à une concrétisation opérationnelle.
  • 18. 18 CODESPAR JUILLET 2014 * Ministère de l’Écologie (MEDDE), Etat des lieux de la consommation d’énergie, janvier 2013. ** Chambre d’agriculture de Bretagne, Hervé Roy et Tiphaine Desnoux, Valorisa- tion des coproduits d’industries agroali- mentaires bretonnes, août 2013. *** Critt Provences-Alpes Côtes d’Azur, Valorisation des co- produits de l’indus- trie agroalimentaire, juin 2009. Les mutations transversales de l’industrie L’industrie à l’épreuve de la transition énergétique et écologique L’industrie est très consommatrice de res- sources pour l’approvisionnement en ma- tière premières, les process de fabrication, l’acheminement des produits... Néanmoins, son poids dans la consommation d’énergie a considérablement diminué. Ainsi, alors qu’elle représentait 36  % de la consomma- tion finale d’énergie en 1973, elle ne repré- sente plus que 21  % en 2011*. La baisse du poids de l’industrie dans le PIB explique en partie cette baisse. L’enjeu réside aussi dans l’amélioration de la performance éner- gétique de l’industrie ainsi que dans le cycle d’exploitation des produits. Plus globalement, l’industrie doit s’engager dans une démarche d’écoconception globale. Dès la phase de conception, il faut porter une attention à la consommation de matières premières, au poids des produits, à leur recyclabiliité, à leur durée de vie... Les process de fabrica- tion des produits doivent aussi évoluer pour diminuer leur consommation en électricité, eau et ressources. La valorisation des sous- produits liés au processus de fabrication dit «  co-produits  » constitue un enjeu impor- tant. En 2008, la Bretagne a produit 91 478 tonnes de déchets organiques (hors boues et effluents) ce qui la place au 3ème rang des régions françaises**. Pourtant la valorisation des co-produits peut avoir des applications multiples : la production d’énergie (ex. utili- sation des déchets issus de l’agriculture pour produire de l’énergie à partir d’un procédé de méthanisation), l’enrichissement des sols (ex. épandage de boues sur des sols dégra- dés), l’utilisation des co-produits comme une nouvelle matière première (ex. utiliser un co-produit pour la composition d’un produit cosmétique)***. Consommation d’énergie finale par secteur Source : Ministère de l’Environnement (MEDDE) 1970 200 150 100 50 0 en millions de tep 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 Usages non énergétiques Résidentiel-tertiaire Transports Industries (hors sidérurgie) Agriculture Sidérurgie
  • 19. 19Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Une évolution vers des produits à plus haute valeur ajoutée L’industrie en organisant la production de biens en série a permis la fabrication en masse de produits à bas coût. Mais, dans une éco- nomie mondialisée, où les plus forts poten- tiels de croissance se situent hors d’Europe, la production de produits à faible/moyenne valeur ajoutée a tendance à se relocaliser à proximité des marchés les plus dynamiques, qui correspondent en outre à des pays où le coût de la main d’œuvre est beaucoup moins élevé. Les produits à plus haute valeur ajou- tée constitue une opportunité à cet égard. L’industrie allemande est parvenue à se main- tenir en partie grâce à des produits dont la qualité est reconnue par des consommateurs prêts à payer un prix plus élevé. À l’inverse, dans l’agroalimentaire, une des faiblesses de la production bretonne réside dans la nature de la production de produits frais à très faible niveau de valeur ajoutée. Sur ces produits, la concurrence est internationale. Un des enjeux pour les filières industrielles est donc bien d’augmenter la valeur ajoutée des pro- duits ce qui nécessite une hausse de l’inves- tissement dans l’industrie. La R&D permet de monter en gamme or en France le budget consacré à la R&D est largement inférieur à celui observé chez ses voisins européens. L’intelligence renouvelle la chaîne de valeur L’intégration croissante des TIC permet à l’industrie de se renouveler et de devenir «  intelligent  » ou «  smart  » au sens où le produit interagit de plus en plus avec l’usa- ger, avec d’autres équipements ou avec son environnement. Dans le secteur du bâtiment, l’habitat devient intelligent dans la mesure où il s’adapte en fonction de l’environnement (ex.  ouverture automatique des stores), des besoins de l’usager (ex. surveillance du domicile à distance par une application sur son mobile). De même dans l’automobile, les véhicules communicants se développent. Ces évolutions nécessitent l’intégration dans des filières industrielles traditionnelles de compétences qui relèvent d’autres filières, et notamment des fournisseurs d’énergie, des acteurs de la gestion des données... Une innovation centrée sur les usages reposant sur des méthodes plus collaboratives De plus en plus, l’innovation est alimentée par les usages. Dans la filière automobile, les industriels développent des dispositifs pour se rapprocher de l’usager. La co-création per- met d’associer les usagers tout au long de la chaîne de fabrication depuis la conception (appel à idées) jusqu’au retour sur l’utilisation (systèmes de suivi). Sur le bassin rennais, plusieurs acteurs conscients de la nécessité de s’appuyer sur les usages pour innover ont développé des structurés dédiées : le Centre Culinaire contemporain (incluant un socio- logue chargé de décrypter les usages culi- naires), Bretagne Mobilité Augmentée (avec des démonstrateurs chargés d’analyser les usages en matière de mobilité)... La com- préhension des usages, les opportunités au croisement des filières sont des enjeux qui doivent se traduire par une collaboration plus forte entre acteurs de l’industrie. La sécurisation des parcours des salariés de l’industrie L’industrie connaît des mutations impor- tantes qui se sont traduites par des suppres- sions d’emplois drastiques en 2013. Les sala- riés concernés ont, pour certains, dû quitter une entreprise dans laquelle ils avaient ef- fectué la totalité de leur carrière. Au-delà de la souffrance personnelle, le reclassement peut s’avérer complexe. En effet, certains salariés ne sont pas du tout familiarisés avec le marché du travail actuel, les techniques de recherche d’emploi et peuvent avoir des difficultés à s’adapter dans une entreprise de plus petite taille qui nécessite une plus grande polyvalence, même si pour d’autres cela constitue une source d’intérêt. Par ail- leurs, malgré les difficultés rencontrées par certains acteurs, l’industrie continue de re- cruter et même d’avoir des difficultés pour recruter. Un travail sur la valorisation de ces métiers peut être nécessaire. De plus, les emplois seront globalement plus qualifiés. En effet, on observe dans tous les secteurs une montée en qualification, avec des com- pétences différentes à croiser. L’ensemble de ces mutations poussent à mettre en œuvre une sécurisation des parcours professionnels des salariés. * ONU, « World population prospects : The 2012 Revision », 2012.
  • 20. 20 CODESPAR JUILLET 2014 3 5 6 8 7 2 PRECONISATIONS TRANSVERSALES 1 Accroître la visibilité du territoire pour attirer de nouvelles entreprises et de nouveaux talents : il s’agit de valoriser et de renouveler l’image du bassin rennais à l’extérieur en s’appuyant sur l’excellence de ses acteurs, sur le dynamisme de son territoire et sur la qualité de son environnement. Cette visibilité suppose que des choix stratégiques soit effectués, portés par les élus, connus de l’ensemble des acteurs du bassin rennais et diffusés au-delà du territoire. Faire de la transition énergétique et écologique un levier de renouvel- lement de l’industrie : la transition énergétique apparaît comme un défi de com- pétitivité majeur à relever par l’industrie. Il s’agit de parvenir à produire mieux en opti- misant les process de production, minimisant les ressources consommées, valorisant les co-produits. De plus, des potentialités de marchés importantes s’ouvrent pour de nombreuses filières encore peu structurées (énergies renouvelables, éco-industries...). Développer des filières industrielles «  intelligentes  » au service de l’emploi productif : l’enjeu est d’évoluer vers des produits et des services «intel- ligents». Pour le territoire, il ne s’agit pas seulement de développer des solutions de ce type mais d’en capter la valeur marchande et de créer de l’activité et des emplois productifs. Favoriser les croisements entre les filières pour générer de l’innova- tion : il s’agit de favoriser les rapprochements entre filières d’activités, pour dépasser la logique de silo, et générer de l’innovation (agroalimentaire-numérique, santé-numé- rique, automobile-nautisme...). Ces rapprochements impliquent aussi un décloisonne- ment entre les sciences exactes et les sciences humaines. S’engager résolument dans une logique de développement à l’inter- national avec une offre de produits à développer : les filières industrielles rennaises ont un taux d’export plutôt inférieur à celui observé au niveau national. Pour- tant, des opportunités considérables existent. Il s’agit de mieux identifier ces oppor- tunités et de développer des produits adaptés à cette ambition en s’appuyant sur un investissement plus important au niveau des entreprises. Mettre en place une démarche de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences à une échelle territoriale (GPEC-T) : pour accompa- gner les mutations importantes qui touchent des filières structurantes du bassin d’em- ploi et qui se traduisent par des coûts importants d’ajustement du marché du travail, il faut mettre en œuvre une démarche de GPEC-T en intervenant sur différents leviers : •• Mieux articuler les différentes démarches de prospective économique existantes aux différents échelons territoriaux (stratégie économique de la région Bretagne (SRDEII), de Rennes métropole, Pacte d’avenir...). •• Développer la formation tout au long de la vie pour faciliter les éventuels transferts de compétences, permettre aux salariés d’acquérir des doubles compétences, faci- liter l’adaptation à la hausse globale du niveau de compétences. Continuer à promouvoir la vocation d’expérimentation du bassin d’em- ploi rennais : le bassin rennais, grâce à une dynamique collaborative forte, assume souvent territoire d’expérimentation. Il faut valoriser cette dynamique en associant l’ensemble des forces vives du territoire (collectivités, entreprises, clusters, associa- tions...). Les nouveaux quartiers qui se développent (ex. Viasilva), peuvent constituer des territoires d’expérimentation pertinents. Appréhender les filières d’activité selon une analyse de la chaîne de valeur : l’analyse des filières industrielles nécessite de prendre en compte tous les maillons de la chaîne de valeur en amont et en aval de la transformation industrielle et de se positionner sur les maillons qui permettent de capter la valeur. L’enjeu est de se repositionner dans le cadre des relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants, pour conquérir des positionnements gagnants. 4
  • 21. 21Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Les mutations des filières industrielles traditionnelles * Pierrick Baudais et François Macquaire, Les roues de l’infortune – PSA Rennes : la réalité d’un plan social vécu de l’intérieur, novembre 2013. Une filière en pleine recomposition et une absence de visibilité pour le site de Rennes La géographie mondiale de la filière automo- bile est en pleine recomposition. La Chine oc- cupe une place de plus en plus importante, qui explique que les constructeurs automobiles se ruent vers ce marché*. PSA a lui-même pro- duit 500 000 véhicules en Chine, où il dispose de 3 usines de montage et d’une usine de fabrication de moteurs. Le marché européen est, quant à lui, atone. L’industrie automo- bile y est confrontée à une problématique de surcapacité de production qui se traduit par des restructurations. Le bassin rennais n’est pas épargné. Ainsi, le site de Rennes de PSA est passé de 12 000 à 4 000 emplois en une décennie. Au cours de la seule année 2013, le site de Rennes a perdu un quart de ses ef- fectifs soit 1 400 personnes concernées. Pour massifier la production et baisser les coûts, les constructeurs internationaux nouent de plus en plus de partenariats techniques et/ ou capitalistiques. Après l’alliance avec Gene- ral Motors, la recapitalisation du groupe PSA a été effectuée avec l’entrée au capital social à part égale de DongFeng, de l’Etat français et de la famille Peugeot. À ce jour, le site de Rennes n’a aucune visibilité sur le devenir de sa production à moyen terme. La suppres- sion des 1 400 postes n’empêche pas une situation de surcapacité de se maintenir en lien avec la faiblesse de la production, qui se traduit par un recours au chômage technique important. Si aucune fermeture d’usine ne devrait intervenir d’ici 2016 au sein de PSA en France, la question de la période de tran- sition et de la période suivante, reste posée. De plus, ce site d’assemblage structure un maillage d’équipementiers et de sous-trai- tants qui, pour certains d’entre eux, devront se diversifier. L’écosystème autour de PSA qui conditionne aussi sa compétitivité se recompose. Faurecia a réduit ses effectifs sur le site de Bains sur Oust (licenciement de 34 salariés), de Crevin (plan de départ de 52 personnes). Pour le futur véhicule, les fournisseurs synchrones seront situés à une distance plus éloignée, ce qui contribuera à renchérir le coût et à affaiblir la compétitivité du site. Par ailleurs, PSA dispose désormais d’un pôle carrosserie innovant Excelcar dans lequel travaillent 85 personnes. Il comprend un atelier-réalisateur et un pôle d’innovation. Récemment, un projet mené dans le cadre du plan «  Usine du futur  » a été annoncé. Intégré au pôle Excelcar, il s’agit de réaliser une ligne pilote destinée à fabriquer des pro- totypes de pièces de structures en composite pour l’automobile. Ce démonstrateur recourt à une technologie développée par Fives et associe Coriolis, une entreprise du Finistère spécialisée dans les matériaux composites. De l’automobile à la mobilité : des changements d’usages Le rapport à l’automobile évolue. La fonction de marqueur social du véhicule a tendance à s’effacer. Ainsi, on voit que les plus jeunes sont désormais beaucoup moins attachés au fait de posséder un véhicule que les géné- rations précédentes. D’autant que ce véhi- cule représente un coût important en lien avec la hausse du prix des carburants. Ils se reportent sur d’autres solutions pour se déplacer : train, covoiturage, autopartage... Ces évolutions optimisent l’usage du véhicule qui, jusqu’alors était immobilisé 80 % de son temps. Ces services de mobilité sont dévelop- pés par des acteurs qui ne relèvent pas de la filière automobile mais qui sont souvent des start-ups. Actuellement, on recense 170 000 covoitureurs adhérents des différents sites existants. Ce chiffre devrait croître à une vitesse exponentielle. Par ailleurs, le déve- loppement de l’autopartage connaît aussi un essor important. Ainsi, Autolib, le système d’autopartage en véhicule électrique dévelop- pé à Paris est désormais en fonctionnement dans d’autres villes en France (Lyon, Bor- deaux...). Les constructeurs ne seront plus systématiquement les leaders de la chaîne de valeur de la mobilité. Ils peuvent être concur- rencés par d’autres acteurs, comme Google qui joue un rôle croissant avec sa Google car, véhicule intelligent sans conducteur. Une filière véhicules et mobilité à accompagner
  • 22. 22 CODESPAR JUILLET 2014 * Ademe, Évolution du marché, caracté- ristiques environne- mentales et tech- niques, véhicules particuliers neufs vendus en France – édition 2013. ** AVERE France, Baromètre Avere- France des ventes de véhicules électriques et hybrides - bilan 2013, 2014. *** Dispositif d’arrêt et de redémarrage automatique d’un moteur automobile destiné à économi- ser le carburant et réduire la pollution essentiellement dans les bouchons (Wiki- pedia). **** Renault, Fiche n° 4 Vers le e-véhicule : le véhicule commu- nicant, « Voiture communicante ». Link&Go 2.0 la voiture connectée Link&Go 2.0 est une plate-forme d’in- novation développée par l’ingénieriste français Akka. C’est un véhicule auto- nome qui, muni de capteurs laser et de caméras, peut analyser son environne- ment et se déplacer sans conducteur. Le véhicule est équipé d’un moteur élec- trique à chaque roue et d’un système de récupération de l’énergie. Véhicule communicant, il offre différents services pour le conducteur ou les passagers (informations touristiques, visioconfé- rences...). www.akka.eu Des véhicules plus écologiques Les véhicules vont devoir s’adapter à des ob- jectifs de plus en plus ambitieux en termes de niveau de performance environnementale (émission de gaz à effet de serre, particules fines, consommation de carburants...). En effet, la norme Euro qui définit les seuils de pollution à respecter va se renforcer. À l’hori- zon 2021, tous les véhicules neufs devront respecter le seuil maximum de 95 grammes de CO2 par kilomètre. En France, les voitures neuves affichent un taux moyen de 124g de CO2 par kilomètre*. Pour parvenir à diminuer ce taux, différentes technologies vont se développer en parallèle : véhicule tout élec- trique, hybride, à hydrogène... En France, en 2013, 14  494 véhicules électriques ont été vendus, soit 0,8 % des ventes**. Si on ajoute aux véhicules électriques les hybrides, cela représente 3,1 % du marché global des particuliers. Ainsi, les constructeurs adoptent des stratégies différentes, qu’ils sont parfois contraints de réorienter au gré de l’évolu- tion du marché. Renault qui avait fortement misé sur sa gamme de véhicules électriques constate une progression du marché plus faible qu’espérée. Par ailleurs, pour améliorer la performance des véhicules et notamment leur autonomie, l’allègement des véhicules constitue un enjeu majeur. Les matériaux constituent un vecteur d’innovation impor- tant. L’IRT b<>com et l’IRT Jules Vernes ont des savoir-faire respectivement dans le domaine des télécoms et des composites qui mériteraient d’être mieux croisés. Outre l’évolution des motorisations, des systèmes d’optimisation de la performance sont mis en place. Ainsi, le système stop & start*** ob- tient des gains de consommation de 10 % en usage urbain. Ces véhicules sont plus com- plexes avec une intégration encore plus forte en matière d’électronique. Des véhicules communicants et per- sonnalisés Les véhicules sont de plus en plus commu- nicants. On parle parfois même de e-véhi- cule****. Les enjeux sont multiples. Il s’agit d’abord d’apporter au conducteur un environ- nement confortable où il va pouvoir utiliser toutes les technologies de son quotidien : té- léphonie, internet, vidéo... Renault a dévelop- pé une tablette tactile connectée intégrée à la console centrale de la Clio IV sous l’appella- tion Renault R-Link. Cette utilisation devra se faire en respectant les exigences de conduite et de sécurité. Par ailleurs, le véhicule com- municant peut effectuer une gestion à dis- tance pour veiller en permanence sur l’état du véhicule . Tesla, à la pointe de l’innovation dans ce domaine, propose à l’automobiliste de s’occuper directement des problèmes de maintenance éventuels. Alors que le conces- sionnaire faisait office d’interlocuteur avec le client, désormais, le constructeur lui-même est en lien direct avec l’usager. Cela néces- site de combiner les télécommunications, l’interconnexion des produits électroniques et la gestion des priorités des informations. Ces évolutions ne révolutionnent pas les process de fabrication mais renouvellent la chaîne de valeur. Chaque acteur (opérateur de télécommunication, constructeur, loueur, réparateur...) cherche à capter cette valeur. Ainsi, PSA a signé avec Bouygues un parte- nariat pour la mise en place d’un véhicule communicant. Néanmoins, ces évolutions ne remettent pas en cause les services d’entre- tien des véhicules (pneus, freins...). Parce que chaque équipement communique avec d’autres interfaces, on assiste à un essor considérable des données massives aussi appelées « big data ». Ces données ont de la valeur pour le constructeur mais peuvent aussi avoir d’autres finalités commerciales. Or, les cyberattaques des systèmes connec- tés constituent un risque qui explique la vo- lonté du territoire de se positionner sur les enjeux de cyberdéfense.
  • 23. 23Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? 3 2 PRECONISATIONS 1 Adapter l’écosystème autour du site de PSA pour préserver sa com- pétitivité Intensifier les démarches de diversification pour maintenir une densité d’équipe- mentiers suffisante, condition importante à la compétitivité du site d’assemblage de PSA. Renforcer les démarches de (ré)industrialisation pour valoriser les actifs existants (foncier, compétences...) en mutualisant davantage les ressources et en favori- sant la création de grappes d’entreprise. Renforcer le pôle Excelcar pour accroître l’expertise du territoire sur les enjeux stratégiques des nouvelles mobilités : allègement des véhicules, matériaux com- posites, qualité perçue. Renforcer les collaborations entre l’ensemble des acteurs (pôles ID4CAR, EMC2 l’entreprise Corialis, l’institut Maupertuis, IRT b<>com, IRT Jules Verne...), en s’appuyant éventuellement sur le modèle de structuration de la filière agroali- mentaire qui réussit ce maillage entre centre de recherche, entreprises et pôles de compétitivité. Faire évoluer la filière automobile vers une filière véhicules et mobi- lité qui soit plus décarbonée Promouvoir le développement de véhicules de petites séries serviciels par l’hy- bridation avec d’autres filières et en intégrant des acteurs qui ne relèvent pas nécessairement de la filière automobile traditionnelle, et qui peuvent avoir une envergure internationale (ex. Dassault systèmes). Faire de la question des matériaux un axe fort de la coopération entre l’IRT b<>com de Rennes et l’IRT Jules Verne de Nantes : l’IRT Jules Verne est spé- cialisé dans les technologies avancées de production composite pour 4 filières (aéronautique, construction navale, énergie et transports terrestres). On pourrait s’appuyer sur l’expertise acquise dans les petites séries du nautisme pour l’aéro- nautique ou l’automobile. Favoriser les croisements de filière entre l’automobile et les TIC pour développer un véhicule intelligent en organisant les passerelles entre le savoir-faire détenu à Bruz sur la protection des données et la production de données croissante géné- rée par les véhicules. Se donner les moyens de faire véritablement du bassin rennais un territoire-pilote en matière de mobilité Capitaliser les expérimentations menées par l’ensemble des 18 démonstrateurs du programme Bretagne Mobilité Augmentée et les expériences de la SCNF pour essaimer certaines démarches. Développer les modes de transport doux et l’intermodalité: il s’agit de s’appuyer sur les investissements autour de la deuxième ligne de métro et sur l’expertise de Siemens pour identifier des opportunités d’expérimentation ou de création d’activités en lien avec les différents modes de transport doux (fabrication de bus électriques, de rames...). Essaimer certaines expérimentations en matière de services de mobilité (auto- partage, covoiturage, location en milieu urbain, plan de déplacement interentre- prise...) en veillant à ce que ces démarches soient inclusives, et pas seulement limitées à des pionniers privilégiés. Développer un marketing territorial pour faire connaître les compétences pré- sentes sur le bassin rennais en matière de mobilité (constructeur PSA doté de son pôle Excelcar avec sa ligne pilote, expérimentations menées...).
  • 24. 24 CODESPAR JUILLET 2014 * Agreste, Commerce extérieur agroali- mentaire, 2013. ** Sénat, L’agroalimen- taire français face au défi de l’export : pour une réforme ambitieuse du dispo- sitif public de soutien n°736, 10 juillet 2013. *** Syndex Bretagne, Intervention de Catherine Bienvenu lors de la réunion du groupe-projet du 14 février 2013. # Les Echos, Des usines françaises en retard sur la roboti- sation, n°21622, 7 février 2014. ## La Tribune, Pourquoi les robots enva- hissent nos cam- pagnes ?, 24 février 2014. ### MEITO mag, n°269, septembre 2013. #### Agreste Bretagne, L’agroalimentaire en Bretagne : 40 % des emplois industriels, mars 2013. Une filière industrielle qui doit mu- ter pour ne pas décrocher La France dispose d’une filière agroalimen- taire puissante qui a généré 11,9 milliards d’euros en 2012*. Cette filière représente la deuxième plus importante contribution à la balance commerciale de la France. Mais, la France ne cesse de perdre des parts de marché. Elle, qui était le 2ème exportateur mondial à la fin des années 90 (après les États-Unis), se retrouve aujourd’hui au 5ème rang (après les États-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Brésil)**. En effet, depuis quelques années, les exportations agroali- mentaires françaises progressent moins vite (4 % par an) que celles des autres pays, comme les Pays-Bas (5 %) ou encore l’Alle- magne (7 %). Ce décrochage est particulière- ment marqué pour la filière porcine. L’écart du coût du travail entre la France et l’Allemagne est un des facteurs d’explication mais il n’est pas le seul. L’Allemagne a des outils d’abat- tage à forte capacité. En Europe, 6 abattoirs ont une capacité de plus de 3 millions de porcs ; 4 d’entre eux sont en Allemagne et ils représentent 70 % de la capacité globale des 6 abattoirs***. Il faut dire que l’Allemagne a fortement investi pour moderniser ses outils de transformation. En revanche, en France, très peu d’investissements de modernisation et de robotisation sont faits dans l’industrie agroalimentaire. Ces investissements sont pourtant des leviers de compétitivité majeurs pour l’agroalimentaire. La robotisation comme facteur d’ac- croissement de la compétitivité La robotique peut apporter des gains de pro- ductivité significatifs sur l’ensemble de la chaîne. Or, la France est sous-robotisée#. Elle possède 34 500 robots, soit 4 fois moins que l’Allemagne (157 000) et presque deux fois moins que l’Italie (62 300). Certes, la France a moins d’usines que l’Allemagne, mais même en proportion, la densité demeure inférieure en France : 122 robots pour 10 000 usines contre 261 en Allemagne. Le secteur agri- cole est devenu le premier marché mondial de la robotique de services professionnels##. L’intégration de robots peut intervenir à dif- férents niveaux. Dans l’élevage, les robots peuvent automatiser la traite des vaches, l’alimentation du bétail. Pour les cultures, des systèmes de désherbage mécanique, de cueillette de fruits sont aussi mis en place. Des acteurs locaux se positionnent progres- sivement sur ces marchés. Ainsi, l’entreprise Jeantil propose un robot Jeantil Automatic Feeding qui embarque un mélangeur, prépare les rations et les distribue aux animaux. BA Systèmes, basée à Mordelles, a développé un robot Robagro qui va rechercher du four- rage et des céréales dans des conteneurs et qui les dépose auprès des animaux. Dans le secteur agroalimentaire, la robotique contri- bue à améliorer la sécurité, les conditions de travail, la traçabilité, la flexibilité ou la com- pétitivité###. En France, 2 200 robots sont implantés dans le secteur agroalimentaire. Une évolution nécessaire vers des produits à plus haute valeur ajoutée La Bretagne est la première région agroa- limentaire française en termes de nombre d’entreprises et de chiffre d’affaires. Avec 57 000 salariés, cette filière regroupe 40 % des emplois industriels bretons. Mais, malgré ce dynamisme, la filière est confrontée à cer- taines faiblesses. Son taux d’exportation est de 14,7 %, contre 19,8 % au niveau natio- nal####.De plus, le taux de valeur ajoutée des industries bretonnes est de 16,5 %, soit un taux inférieur à celui observé au niveau national. Cela s’explique notamment par la nature des activités. La Bretagne a une spé- cialisation forte sur la fabrication de pro- duits laitiers ou d’aliments pour animaux, qui constituent des secteurs à faible valeur ajou- tée, respectivement 12 % et 11 %. Ces fai- blesses des marges soulèvent des problèmes importants en termes de revenus des agricul- teurs. Ainsi, on voit émerger un risque d’af- faiblissement du gisement en viande. Les re- venus des éleveurs sont largement inférieurs à ceux des céréaliers. Au niveau national, le revenu moyen des céréaliers est de 72 800 € alors qu’il est de 24 700  € pour les exploi- tants laitiers. Cet écart présente un risque de céréalisation c’est-à-dire que les exploitants réorientent leur élevage vers de la production céréalière. L’agroalimentaire : vers une filière compétitive et durable
  • 25. 25Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Des modes de consommation qui évoluent tous azimuts Les tendances en matière de consommation de produits alimentaires évoluent mais avec des orientations différentes et parfois oppo- sées. •• Proximité / e-commerce : D’une part, pour des questions de praticité, les consommateurs plébiscitent l’achat en ligne de produits dont ils ignorent l’origine. D’autre part, les clients portent une atten- tion de plus en plus forte à l’origine de la production. Les scandales sanitaires (ex. lasagnes à la viande de cheval chez Span- ghero) ont montré la nécessaire traçabilité des produits. De plus, les difficultés ren- contrées par les acteurs de la filière (condi- tions de travail des agriculteurs difficiles, plans sociaux chez Doux, Tilly-Sabco...) peuvent inciter les consommateurs à privi- légier des produits locaux. •• Qualité / Low-cost : D’une part, les marques d’identification de la qualité des produits se multiplient. L’attention portée à l’agriculture biologique en témoigne, cré- neau sur lequel surfe aussi la grande dis- tribution. D’autre part, dans un contexte de crise et de pouvoir d’achat dégradé des ménages, on voit le facteur-prix jouer un rôle prépondérant ce qui se traduit par un essor du low-cost. Des débouchés pour les produits agricoles dans d’autres secteurs que l’alimentaire Actuellement, la transformation des pro- duits agricoles est essentiellement destinée à l’alimentation. Mais, on pourrait s’orienter vers de nouveaux débouchés non alimen- taires. Ainsi, les produits agricoles peuvent être transformés par d’autres industries : pharmaceutique, cosmétique, chimique... En matière de cosmétique, le projet Catiomerc, labellisé par le pôle mer Bretagne prévoit de valoriser les carapaces de crustacés pour uti- liser la quitine, qui donnerait au shampooing des vertus démêlantes. Ces produits qui sont développés grâce à une innovation impor- tante, présentent des taux de valeur ajoutée beaucoup plus élevés.   Revenus annuels moyens des exploitants agricoles en fonction de l’activité en France Source : Agreste, Une année contrastée entre régions et orientations, juillet 2013 72 800 Céréaliers Eleveursporcins Viticulteurs Exploitantslaitiers Producteursde bovinsàviande Producteursd’ovins 52 900 24 700 17 000 15 500 80 000 70 000 60 000 50 000 40 000 30 000 20 000 10 000 0 38 300 € revenu moyen en euros 32 800
  • 26. 26 CODESPAR JUILLET 2014 PRECONISATIONS 3 2 1 Maintenir localement une production agricole importante qui s’adapte à la transition énergétique et écologique Maintenir un équilibre entre production céréalière et élevage, pour préserver la proximité du gisement et aller vers l’indépendance protéique c’est-à-dire notam- ment une moindre dépendance vis-à-vis des tourteaux. Favoriser le développement d’une filière démédicalisée au niveau de l’élevage pour lutter contre l’antibiorésistance. Favoriser la réduction des pesticides dans les cultures. Améliorer la compétitivité de l’industrie agroalimentaire en fonction des différentes entreprises composant la filière Intégrer les solutions technologiques (ex.utilisation de capteurs) en nouant des partenariats entre acteurs industriels et acteurs de l’agroalimentaire, en s’ap- puyant notamment sur les compétences disponibles en matière de numérique. Accélérer la robotisation des entreprises de l’agroalimentaire, en s’appuyant sur les compétences de la filière automobile en matière de conception, robotisation, maintenance, sur les équipements présents sur le site de PSA et sur l’expertise détenue au niveau de l’institut Maupertuis et de plusieurs entreprises du bassin rennais. Favoriser l’évolution vers des produits à plus haute valeur ajoutée en s’appuyant sur l’expertise développée localement par le pôle de compétitivité Valorial, les centres de recherche et organismes de formation (Agrocampus, INRA, Faculté des métiers, IFOR, IFOP...) et orienter la recherche vers la production d’activités économiques. Optimiser les process de fabrications et valoriser les co-produits. Améliorer l’attractivité de la filière agroalimentaire Valoriser la filière élevage du territoire en s’appuyant sur la vitrine offerte par le SPACE qui constitue un salon de l’élevage au rayonnement international : faire connaître les savoir-faire de l’Ille-et-Vilaine (1er département laitier de France). Améliorer les conditions de travail au sein des entreprises de l’agroalimentaire en agissant sur l’ergonomie des postes de travail, en s’appuyant notamment sur l’expertise de la filière automobile dans ce domaine.
  • 27. 27Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Une filière numérique présente sur tous les territoires désormais confrontée à un enjeu d’attractivité Pendant plusieurs décennies, Rennes s’est appuyé sur sa filière des télécoms pour as- seoir son développement et une partie de son rayonnement. Le territoire doit renouveler son image, dans un contexte où l’intégration croissante des TIC dans la société fait que cette filière n’apparaît plus comme une spé- cificité du territoire rennais. Le bassin ren- nais doit doper son attractivité désormais. Actuellement, le quartier des champs blancs, qui doit accueillir de nouveaux acteurs de la filière, ne regroupe que des entreprises déjà présentes à Rennes, hormis l’IRT b<>com. Or, il est essentiel d’attirer de grandes en- treprises du numérique sur le territoire pour qu’elles assurent un rôle d’entrainement sur la filière et ce futur quartier. L’IRT b<>com peut avoir cette capacité de mise en synergie et de développement de la filière en impul- sant des dynamiques créatives auprès des acteurs du territoire. Des innovations de plus en plus cen- trées sur les usages Le territoire rennais se distingue par de fortes aptitudes sur le plan technologique. Les com- pétences techniques des ingénieurs sont avérées et reconnues. Néanmoins, la filière souffre d’un déficit commercial et marketing qui se traduit par le fait que la R&D et les innovations sont assez mal promues hors du territoire. Il s’agit donc d’orienter les tech- nologies vers les usages finaux des produits. L’IRT b<>com a intégré cette problématique de commercialisation dès la phase amont du projet en s’orientant prioritairement vers les usages. De même, le projet Bionico présenté dans l’encadré illustre les enjeux d’une inno- vation partant des usages. Croiser le numérique avec d’autres filières d’activité Pour que le numérique soit un moteur de dé- veloppement de l’industrie, il faut qu’il consi- dère que les filières industrielles constituent des débouchés pour l’industrie numérique or ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les croise- ments avec les autres filières sont généra- teurs d’innovations importantes*. Ainsi, dans le domaine de la défense, la cybersécurité apparaît comme un instrument de la guerre moderne pour lutter contre les nouvelles menaces : attaques criminelles sur internet «  cybercriminalité  », piratage des réseaux informatiques... La DGA-MI** à Bruz se po- sitionne comme un site emblématique dans ce domaine grâce à son expertise (missiles, radars, systèmes de navigation...). Dans le domaine de l’agriculture, l’intégration des nouvelles technologies a des applications multiples. Ainsi, l’agriculture de précision assistée par satellite permet la surveillance des champs (humidité, ensoleillement...). L’arrivée des drones dans les champs permet même d’ensemencer les champs. Dans le do- maine du commerce, l’intégration des tech- nologies contribue à l’essor du e-commerce (commerce électronique) ou du m-commerce (commerce mobile). Bionico, une prothèse de main en open source Ce projet est né du besoin d’une per- sonne amputée d’une main suite à un accident de travail. Son ambition est de lancer une prothèse de main pilotée par les muscles à moins de 1000 dol- lars (quand elle est venue sur le mar- ché entre 30 000 et 60 000 dollars). Ce projet doit être réplicable à bas coût car il pourrait avoir des applications dans les pays en guerre notamment. Ce pro- jet est initié par le FabLab de Rennes. Développé en open source, il permet de relier toutes les personnes disposant d’une brique technologique nécessaire à la réalisation de cette prothèse partout dans le monde. bionicohand.wordpress.com * Voir aussi la note du CODESPAR, Situation économique et de l’emploi du bassin rennais au 3ème trimestre 2013 et focus sur la filière numérique, janvier 2014. ** DGA-MI : Délégation Générale de l’Arme- ment – Maîtrise de l’Information (ex- Celar). Les TIC : le numérique dynamise les autres secteurs d’activité
  • 28. 28 CODESPAR JUILLET 2014 Construire une véritable stratégie numérique pour le territoire La visibilité du territoire passe par sa capa- cité à faire du numérique une approche dis- tinctive. L’expertise historique (télécoms, réseaux, images) du bassin rennais constitue un facteur de différenciation. En effet, le bas- sin rennais dispose d’une expertise reconnue dans la gestion des réseaux, activité straté- gique pour le développement des smartgrids. Le territoire doit se positionner sur cet en- jeu. La filière doit se doter d’une véritable stratégie numérique, en s’appuyant sur les structures existantes telles que la technopole Rennes Atalante : définir une position tech- nologique et axer ses choix de développe- ment vers des secteurs et marchés porteurs. Dans ce cadre, l’appel à projet quartier nu- mérique (French Tech) dont l’objet est de fé- dérer l’ensemble des acteurs du secteur pour stimuler, mais également mettre en valeur au niveau international, le dynamisme de l’éco- nomie numérique française est une opportu- nité. Si la métropole rennaise est labellisée, cela pourrait permettre de donner davantage de lisibilité à la filière, mais aussi de fédérer un certain nombre de micro initiatives locales qui sont aujourd’hui dispersées. En outre, cela permettrait de créer du lien entre les en- treprises motrices (Tech champions) et celles en devenir. PRECONISATIONS 2 1 Mieux identifier la stratégie de développement de la filière numérique rennaise et en accroître sa visibilité Utiliser nos centres d’expertise historique (télécoms, réseaux, images) comme des éléments de différenciation. Se positionner sur les marchés relevant du domaine du générique : éditeurs de logiciel, web, système. Favoriser les croisements de filière entre le numérique et les autres secteurs d’ac- tivités, et notamment l’industrie : agro, auto (véhicule communicant, big data), énergie (smartgrids). Se doter d’une approche commerciale plus collective afin de « chasser en meute » et prospecter de nouveaux marchés. Mieux faire savoir que le bassin rennais dispose d’une filière d’excellence dans le domaine du numérique avec la présence de grands groupes, d’un réseau de PME et de start-ups, notamment à Rennes Atalante, de l’IRT b<>com, en s’appuyant notamment sur la French Tech. Soutenir le dynamisme de la filière en accompagnant la croissance des entreprises et en améliorant l’attractivité du territoire Permettre aux entreprises d’atteindre une taille critique. Mettre en place les conditions favorables à l’accueil d’entreprises d’envergure internationale. Développer des outils de financement des entreprises du numérique qui leur per- mettent de financer le haut de bilan.
  • 29. 29Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? * Formation aux Éco- nomies d’Energie des Entreprises et Arti- sans du Bâtiment. ** Smart Grid, Dossier « Le bâti- ment intelligent », http://www.smar- tgrids-cre.fr/index. php?p=smarthome- maison-batiment- intelligent. Delta Dore, l’expertise de la domotique Delta Dore, entreprise basée à Bonnemain, dispose d’une expertise particulière en matière de domotique et de systèmes de gestion de l’énergie. Avec Saint Gobain, elle est d’ailleurs référente pour le plan de reconquête industrielle consacré à la rénovation thermique des bâtiments. Si 98 % des produits qu’elle vend sont fabriqués en France, 20 % de son chiffre d’affaire (estimé à 150 millions d’euros) est ef- fectué à l’international. www.deltadore.com/fr Nice grid, un quartier solaire intelligent Les Alpes-Maritimes (comme la Bretagne) sont en situa- tion de péninsule électrique. Le territoire a décidé de lan- cer un projet de quartier solaire intelligent. Il s’agit de coupler une production d’énergie décentralisée à base de photovoltaïque avec des systèmes de stockage et des compteurs intelligents à l’échelle d’un quartier qui re- groupe 1  500 clients (professionnels, particuliers...). Le budget est de 30 millions d’euros sur une durée de 4 ans, financé par l’Ademe, la Commission européenne et les membres du consortium (ERDF, Alstom...). www.nicegrid.fr La construction durable : entre adaptation contrainte et potentiel à explorer Le bâtiment doit relever le défi de la tran- sition énergétique. En Bretagne, le bâtiment consomme 44 % de la consommation d’éner- gie finale de la région soit une part plus éle- vée que les transports (35 %). Le Grenelle de l’environnement impose de réduire de 38 % la consommation énergétique moyenne des bâtiments. Un levier d’évolution concerne la construction neuve. À cet égard, les évolu- tions en matière de préfabrication peuvent constituer des solutions intéressantes. Elles permettent une diminution des coûts de fa- brication, de main-d’œuvre et un gain envi- ronnemental par la diminution des matériaux utilisés. Mais, au vu de l’inertie du parc, les leviers d’amélioration les plus importants portent sur le parc existant. Le plan de réno- vation énergétique des logements doit per- mettre de rénover 500 000 logements par an d’ici 2017. Sa déclinaison se traduit locale- ment par un Plan Bâtiment durable breton. Pour accompagner ces évolutions, le disposi- tif FEE-Bat* a été mis en place. Néanmoins, il va falloir une mobilisation accrue pour que les professionnels soient en mesure de répondre aux objectifs. Un autre enjeu-clé est le finan- cement des travaux de rénovation énergé- tique que ce soit au niveau du logement indi- viduel ou collectif, des bâtiments tertiaires. Vers un bâtiment intelligent pour une gestion dynamique et redistri- butive de l’énergie Le bâtiment devient plus intelligent : il com- prend une gestion automatique et optimale des différents systèmes (alimentation en énergie, éclairage, chauffage, vidéosur- veillance...)**. Outre l’automatisation des différentes fonctions, le bâtiment intelli- gent repose sur un réseau de distribution de l’électricité intelligent (smart grid). Il est ainsi capable de gérer les énergies en fonc- tion des différentes sources de production (ex. panneaux photovoltaïques sur le toit), de consommation (ex. machine à laver) et de stockage éventuel (ex. batterie du véhicule électrique) et d’effacement de consommation électrique (ex. report de l’utilisation du lave- vaisselle). Ces problématiques de gestion de l’énergie constituent des enjeux économiques majeurs à tel point que de nombreux acteurs entendent se positionner sur ce marché : les opérateurs de téléphonie qui, avec leur box ont déjà la partie téléphonie-télé-internet, les acteurs de la domotique, et les acteurs de la gestion des données. Le bâtiment : vers un bâtiment durable avec une gestion intégrée de l’énergie
  • 30. 30 CODESPAR JUILLET 2014 PRECONISATIONS 3 2 1 Accompagner les évolutions liées à la RT 2012 Former les professionnels de la filière du bâtiment à la RT 2012. Structurer une filière locale de matériaux de construction durable (bois, chanvre...). Informer les acteurs (particuliers, bailleurs, entreprises...) des enjeux de la RT 2012, dans le choix de la construction/d’achat, de rénovation, et dans leur utili- sation des locaux. Mener une politique volontariste en matière de rénovation des loge- ments Industrialiser les chantiers de rénovation thermique pour diminuer leurs coûts. Mettre en place des modes de financement innovants avec des prêts à long terme de type prêt immobilier pour les rénovations les plus importantes et intégrer le bâti et les équipements pour un meilleur retour sur investissement. Développer les opportunités liées à la préfabrication (béton, bois...) dans le domaine du bâtiment pour la construction neuve Identifier dans quelle mesure il est possible de construire des maisons passives à moins de 1 200 € du m², accessibles au plus grand nombre en s’appuyant sur un benchmarking dans les pays dotés d’une expertise (Chine, Québec...). Définir les modalités d’industrialisation de la chaine de production de la préfabri- cation. Positionner le territoire sur les enjeux liés au bâtiment intelligent pour un développement à l’international Faire des réseaux électriques intelligents (smartgrids) un axe stratégique pour l’IRT b<>com, et mobiliser des entreprises du territoire, à l’image de Delta Dore. Mieux faire connaître les projets menés sur le territoire en matière de rénovation énergétique ou de bâtiment intelligent. 4
  • 31. 31Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Les opportunités de structuration de nouvelles filières industrielles Un enjeu majeur d’autonomie éner- gétique La Bretagne est en situation de très forte dé- pendance énergétique. En effet, malgré une hausse sensible depuis une dizaine d’années, elle ne produit encore que 8,9 % de l’éner- gie qu’elle consomme*. Pourtant, le paquet énergie-climat de l’Union européenne prévoit qu’en 2020, 25 % de la consommation natio- nale d’électricité soit assurée par des éner- gies renouvelables. En Bretagne, en 2012, les énergies renouvelables ont pourvu à 9 % de la consommation d’énergie finale régio- nale**. Pourtant, il n’y a pas de problèmes de ressources par rapport aux énergies re- nouvelables, le gisement est largement supé- rieur aux besoins. L’enjeu des smartgrids est de faire cohabiter ces énergies intermittentes avec une énergie de base en fonction des be- soins de consommation. Il faut donc agir sur le levier de la production ainsi que sur celui de la consommation. Le coût de l’énergie est un facteur d’évolution-clé. La dérégulation de la tarification va faire évoluer les comporte- ments (smartgrids, boucles locales d’énergie, autoconsommation...). Vers un mix énergétique, potentiel- lement créateur d’activités L’enjeu pour la Bretagne est donc de dévelop- per un mix énergétique qui permette d’amé- liorer son autonomie énergétique et qui soit créateur d’activités. Le mix éolien-solaire est une piste intéressante. En effet, il existe une complémentarité entre les énergies éoliennes et solaires, entre les saisons. Alors qu’en été le solaire joue un rôle plus important, en hi- ver, c’est l’éolien qui prend le relais. Le grand éolien terrestre représente au- jourd’hui l’énergie la moins chère et donc une ressource potentielle considérable. En France, moins de 1  % du potentiel éolien est utilisé***. Outre la production d’énergie, l’enjeu est de structurer une filière indus- trielle. Actuellement, 60 % de la valeur des éoliennes sont importés. Cette filière emploie déjà 10 000 personnes réparties dans 3 types d’activités : études-installations, fabrication et production d’électricité. De plus, le déve- loppement d’une filière industrielle peut aussi être l’occasion de se consolider l’expertise en matière de composite. En effet, la fabrication des pales s’effectue à partir des composites. Or, l’éolien qui a un taux de croissance de 10 % représente à lui-seul 5 % du marché des composites#. Néanmoins, pour pallier cette question de l’acceptabilité, émergent d’autres types d’éoliennes. Les éoliennes en mer dites «  off shore  » se développent fortement en Bretagne, avec un projet d’implantation de 100 éoliennes en 2016 dans la baie de St- Brieuc. Par ailleurs, une autre piste concerne les petites éoliennes terrestres dont la puis- sance est comprise entre 0,1 et 36 kilowatts qui peuvent alimenter des bâtiments non reliés au réseau ou raccordés au réseau pour une revente de la production##. Le photovoltaïque constitue aussi un potentiel important. Actuellement, du côté des particu- liers, il existe aussi un frein lié au fait que les panneaux ne peuvent pas être posés sur le toit mais doivent être intégrés à la structure du toit ce qui nécessite des travaux considé- rables (alors que ce n’est pas le cas dans la réglementation des autres pays européens : Italie, Allemagne...). Il est opportun de cou- vrir le plus possible la toiture (au moins l’in- tégralité des pans bien exposés) pour ne pas gâcher le potentiel de production. D’ici 2020, * Pacte électrique breton, signé le 14 décembre 2010. ** GIP Bretagne envi- ronnement OREGES – « Chiffres clés de l’énergie en Bretagne - édition 2013 ». *** Ademe, La produc- tion éolienne d’élec- tricité, novembre 2013. # Direccte Haute- Normandie-Afpa Transitions, Diagnos- tic emploi/formation dans les métiers liés à la fabrication des pales d’éoliennes en composites, 2013. ## Ademe, L’énergie éo- lienne – Les enjeux, novembre 2012. Vers une filière de production de système d’autonomie énergétique ?
  • 32. 32 CODESPAR JUILLET 2014 Locminé : l’autonomie énergétique au cœur de son développement Cette commune de 4 200 habitants du Morbihan fait de la transition énergé- tique un défi pour soutenir son déve- loppement économique autour de son projet LIGER*. Elle dispose d’une chau- dière à bois de 1,5MW. Alimentée par le bois local elle permet de chauffer un centre aquatique, une salle de sport, un collège, un équipement multifonctions ainsi qu’une conserverie. Actuellement, la commune envisage la mise en place d’une unité de méthanisation. Elle serait alimentée par les déchets des usines agroalimentaires, des exploitations agricoles et des stations d’épuration. L’objectif serait d’utiliser le biogaz GNV (Gaz Naturel Véhicule) comme carbu- rant pour les bus, véhicules, camions- bennes. *Locminé Innovation et Gestion des Énergies renouvelables www.liger.fr il existe un vrai potentiel de développement pour le photovoltaïque qui peut être implanté sur différents supports (sur un toit de bâti- ment, dans un parking avec ombrières), ce qui le rend propice à l’auto-consommation (qui permet d’éviter les coûts économiques et environnementaux liés au transport). De plus, en fonction des territoires ce mix pourra être complété par d’autres sources d’énergies renouvelables : méthanisation, géothermie... La valorisation de la biomasse (méthanisation, gazéification...) a des poten- tiels importants en Bretagne. La méthani- sation permet la production d’électricité et de chaleur (cogénération). En Bretagne, en 2011, on recensait 24 installations de mé- thanisation (dont 7 en Ille-et-Vilaine) pour une production de chaleur de 142 GWh et une production d’électricité de 14  GWh par valorisation du biogaz généré par les métha- niseurs industriels, les stations d’épuration des eaux grises et agricoles. Les applications principales du Gaz Naturel de Ville (GNV) ou biogaz concernent surtout les transports (vé- hicule, tracteur...). Les unités de fabrication ne seront pas nécessairement implantées sur le bassin rennais. En revanche, le bassin rennais peut développer une expertise dans ce domaine en s’appuyant sur les centres de recherche présents. PRECONISATIONS Développer une filière de production de système d’autonomie énergétique Développer une production d’énergie locale, à partir d’un mix entre les différentes éner- gies (photovoltaïque, éolien, méthanisation, turbine...) en s’appuyant sur une expéri- mentation locale en lien avec les centres de recherche pour ensuite proposer cette solu- tion à l’international notamment au sein des pays confrontés à des réseaux électriques peu performants. Utiliser les ressources liées à l’épargne des ménages pour financer des projets d’autono- mie énergétique : parce que les projets de production d’énergie doivent avoir un ancrage local fort, la mobilisation de l’épargne des ménages peut constituer un levier de finance- ment et d’amélioration de l’acceptabilité intéressant. Informer les consommateurs sur les problématiques d’autonomie énergétique : il s’agit d’optimiser les ressources en matière de conseil (espace info énergie association...) et en sensibilisant le public aux enjeux d’efficacité et d’autonomie énergétiques, pour favoriser l’acceptabilité sociale.