Le rapport annuel 2011 d'Inria, institut public de recherche entièrement dédié aux sciences du numérique, met en lumière sa stratégie, ses recherches et ses partenariats.
Le numérique est au cœur de notre quotidien. On le trouve dans la plupart des objets et des services que nous utilisons tous les jours, qu’il s’agisse d’Internet, d’ordinateurs, de téléphones mobiles, d’appareils photo, de baladeurs audio, de téléviseurs, de consoles de jeux ou de récepteurs GPS. Mais il se niche aussi de façon parfois moins visible dans les véhicules, les outils industriels, les dispositifs médicaux, les systèmes décisionnels… Toutes ces technologies ont déjà profondément changé notre vie, au point de devenir indispensables. Et elles vont continuer de le faire à l’avenir, à travers des applications en cours de développement. C’est dans cette voie que sont engagés les chercheurs d’Inria qui inventent le monde numérique de demain.
1. 2011
RAPPORT
ANNUEL
Éducation
Médecine
Information
Transport
Logiciels
Assistance
Environnement
2. PAGE
57La recherche
PAGE
au cœur du débat
1
L’importance croissante
du numérique dans la vie
de tous les jours, de manière
visible, matérielle, ou invisible
et immatérielle, soulève
Le numérique un grand nombre de
au cœur de la vie questions.
Comme l’ont fait hier PAGE
17
l’imprimerie, le téléphone P. 58 Tous acteurs
ou le chemin de fer, de la régulation
le numérique modifie Isabelle Falque-Pierrotin,
profondément nos foyers, présidente de la Cnil.
nos entreprises, nos P. 61 Un désordre fertile
industries, nos écoles, 2011, au cœur Daniel Kaplan, délégué
en démultipliant les moyens d’Inria général de la Fing.
de communication, Le paysage de la recherche
en automatisant certaines est en perpétuelle évolution. P. 64 Laissons les
tâches pour gagner Les responsables de l’institut chercheurs chercher !
en productivité et en et les chercheurs s’expriment Henri Verdier, président
inventant de nouveaux sur l’année écoulée. du pôle de compétitivité
modèles d’échanges. P.18 En chiffres Cap Digital.
P.19 Stratégie
Vue par Michel Cosnard,
Claude Kirchner et Hervé
Mathieu.
P.23 Missions
Recherche, partenariats,
transfert et rayonnement
des sciences du numérique.
P.49 Pilotage
Les défis de la modernisation,
les huit centres de recherche.
• Les pages signalées par la pastille ci-contre sont interactives ! Photographiez l’image avec
l’application Pixee pour accéder aux contenus en ligne. Pixee est une application gratuite
disponible sur iPhone, Android et BlackBerry. • Comment ça marche ? Les téléphones mobiles
sont équipés d’une caméra embarquée pour prendre des photos... mais pas seulement.
Des formules mathématiques récemment inventées au sein d’Inria permettent aux téléphones
d’appréhender le contenu des images, comme le fait notre cerveau. Le téléphone compare alors l’image
capturée à plusieurs milliers d’images pour retrouver la plus proche et nous délivrer les informations
qui lui sont associées. À vous de jouer !
3. LE NUMÉRIQUE
AU CŒUR
DE LA Aujourd’hui
…
VIE…
et demain
Le numérique est désormais au cœur de notre quotidien.
On le trouve dans la plupart des objets et des services que nous
utilisons tous les jours, qu’il s’agisse d’Internet, d’ordinateurs,
de téléphones mobiles, d’appareils photo, de baladeurs audio,
de téléviseurs, de consoles de jeux ou de récepteurs GPS.
Mais il se niche aussi de façon parfois moins visible dans les
véhicules, les outils industriels, les dispositifs médicaux,
les systèmes décisionnels… En l’espace de quelques années
à peine, toutes ces technologies ont déjà profondément
changé notre vie, au point de devenir indispensables. Et elles
vont continuer de le faire à l’avenir, à travers des applications
en cours de développement. C’est dans cette voie que sont
engagés les chercheurs d’Inria, institut public de recherche,
qui inventent le monde numérique de demain.
1
4. Inria
Comment
gérer la surdose ?
C’est bien connu, trop d’info tue
l’info. Et il ne suffit pas d’avoir accès
à la connaissance pour en profiter
réellement. Avec le développement
des technologies numériques
et la démocratisation des outils
de communication, nous sommes
aujourd’hui submergés d’informations
de toutes sortes qu’il devient
de plus en plus difficile d’analyser,
de hiérarchiser et de mémoriser.
Sans même parler des mails, des
tweets et des autres messages
qui se déversent quotidiennement
Information à travers les réseaux, la moindre
requête dans un moteur de recherche
renvoie vers des dizaines de pages
Web, constituant autant de sources
d’information qu’il faut patiemment
explorer. Comment s’y retrouver
quand on sait que notre cerveau
ne peut pas tout assimiler ?
De nombreuses équipes d’Inria
effectuent des recherches visant
à organiser et à clarifier cette masse
de données sans cesse croissante
de façon à la rendre utilisable et
compréhensible par tous. C’est le cas
de l’équipe-projet Orpailleur , qui
développe des outils intelligents
de gestion et d’extraction des
connaissances dans des bases
de données. Ou encore d’Aviz ,
qui travaille sur de nouvelles
méthodes pour visualiser et
synthétiser des informations
en naviguant dans de grandes
masses de données, en s’attachant
à les contextualiser.
2
6. Inria
Objectif
zéro défaut
Le 4 juin 1996, Ariane 5 explosait
en plein ciel lors de son vol inaugural.
La faute à un simple bug dans un des
logiciels gérant le pilote automatique
de la fusée… De fait, en informatique,
Logiciels la moindre erreur de conception peut
avoir des conséquences humaines
ou économiques catastrophiques.
Surtout quand elle concerne un
programme embarqué critique,
comme ceux qui commandent des
systèmes aéronautiques, nucléaires,
médicaux ou automobiles.
Pour éviter que de tels accidents
se produisent, plusieurs équipes
d’Inria spécialisées en algorithmique
et en programmation se sont attelées
au problème de la sûreté des logiciels
en développant des outils destinés
à traquer les failles des programmes
dès leur conception. Abstraction
a ainsi mis au point Astrée, un
analyseur de code capable de
détecter des erreurs en réalisant
des calculs automatiques. Gallium
cherche à améliorer la fiabilité des
logiciels grâce à Objective Caml,
un langage de programmation
de haut niveau, plus sûr et plus
expressif, et grâce à CompCert, un
compilateur traduisant fidèlement
les codes sources, sans y introduire
d’erreur. De nombreux projets
en cours, exploitant de puissants
concepts informatiques et
mathématiques, visent le même
but : rendre les logiciels parfaitement
fiables, qu’il s’agisse de navigation,
de contrôle, d’automatisation
ou de communication. Pour notre
sécurité à tous !
4
8. Inria
Équipe Magrit
Le virtuel
au service
des chirurgiens
Préparer une intervention chirurgicale
grâce à une simulation informatique,
voire pratiquer une opération
en superposant des informations
supplémentaires dans le champ
de vision du chirurgien ; ces pratiques,
qui semblent sortir tout droit d’un
roman de science-fiction, pourraient
bien devenir courantes dans un
Médecine proche avenir. Et notamment grâce
à la réalité augmentée, une technique
permettant d’enrichir le champ
opératoire d’informations telles
que des modèles d’organes ou de
vaisseaux représentés en 3D, et donc
de voir au-delà du visible, pour mieux
guider les gestes du spécialiste.
C’est sur ce thème que travaille
l’équipe Shacra au sein de MIX-Surg,
un des trois instituts hospitalo-
universitaires (IHU) auxquels s’est
allié Inria, sur les six retenus dans
le cadre du programme Investissements
d’avenir lancé en 2010. Tandis que
l’équipe-projet Magrit travaille
sur des représentations numériques
fidèles du réseau vasculaire et
sur des simulations d’organes.
En combinant imagerie, simulation,
modélisation et même robotique
(pour automatiser et sécuriser
certains gestes techniques), ces
approches devraient sensiblement
améliorer la chirurgie mini-invasive
et contribuer à faire progresser
la médecine et le confort des patients.
6
10. Inria
Équipe Wam
Vers des villes
intelligentes
Plus de la moitié de la population
mondiale habite désormais en milieu
urbain. Et cette tendance va s’accentuer
au cours du siècle. Pour s’adapter
à cette profonde évolution et à ses
conséquences en termes sociaux
et environnementaux, les villes
doivent revoir leurs infrastructures
et leurs services en profitant
au maximum des possibilités offertes
par le numérique et les nouvelles
technologies. En s’appuyant sur
Internet, de nombreuses applications
pour smartphone montrent déjà
la voie, en permettant, par exemple,
de connaître en temps réel la position
et l’heure de passage du bus que l’on
Urbanisme attend ou de trouver instantanément
l’adresse d’un restaurant dans un
quartier inconnu. Mais il reste encore
beaucoup à faire pour rendre les villes
réellement intelligentes, notamment
en donnant aux citoyens les moyens
de nourrir des réseaux d’informations
contextuelles utiles à tous.
Inria prépare cette mutation.
L’équipe-projet Wam a ainsi développé
une application en réalité augmentée
permettant de visiter Grenoble
en profitant d’informations visuelles
et sonores complémentaires sur
smartphone. En utilisant des données
Web géolocalisées et des technologies
de communication sans fil comme
le wi-fi, la téléphonie 3G ou les
étiquettes RFID sur des équipements,
une multitude de services interactifs
verront bientôt le jour dans les
villes numériques, aussi bien pour
assister les personnes en situation
de handicap que pour guider
les automobilistes ou informer
les usagers.
8
13. Le numérique
au cœur de la vie
Équipe Coprin
Aide numérique
à domicile
En 2020, l’Europe comptera près
de 84 millions de personnes de plus
de 75 ans. Avec une espérance de vie
en hausse constante et des liens
familiaux et sociaux qui se distendent,
de plus en plus de personnes âgées
se retrouvent dans des situations
d’isolement total. Et toutes ne peuvent
Assistance pas faire appel à des aides à domicile
pour les assister dans leurs gestes
quotidiens. Un problème que
connaissent également les handicapés,
contraints de recourir à toutes sortes
d’astuces pour réaliser des tâches
banales. Et si des solutions venaient
du numérique et de la robotique ?
Dans le cadre de l’action
d’envergure PAL (Personally Assisted
Living) , Inria a mobilisé neuf équipes
réparties dans ses centres afin de
développer des solutions pour
améliorer la vie des personnes
dépendantes. Ainsi, l’équipe-
projet Coprin a mis au point
Marionet-Assist, un dispositif
automatisé permettant à une
personne à mobilité réduite
de sortir d’un fauteuil ou de se relever
après une chute (l’accident le plus
fréquent). E-motion étudie des
systèmes artificiels dotés de capacités
de perception, de décision et d’action
suffisamment évoluées pour interagir
avec des humains. Et Maia travaille
sur des machines autonomes douées
d’intelligence artificielle. De quoi
imaginer, un jour, des robots
réellement domestiques, capables
de nous aider dans notre vie
quotidienne…
11
14. Inria
L’art de partager
l’électricité
Tout le monde en est désormais
conscient : l’énergie est précieuse.
Et sa gestion constitue un enjeu
majeur du XXIe siècle, aussi bien
sur le plan économique qu’écologique.
Face aux limites intrinsèques des
ressources fossiles, de nouveaux
modes de production et de
consommation s’imposent,
favorisant et valorisant les énergies
renouvelables, qu’elles soient
solaire, hydraulique ou éolienne.
Aujourd’hui, particuliers et entreprises
Énergie peuvent produire de l’électricité
et l’utiliser pour leurs besoins propres
ou la revendre à l’opérateur national
pour la partager. Mais, pour que le
système fonctionne et se développe,
il faut de puissants outils numériques
pour gérer cette répartition en temps
réel sur des réseaux de type smart grid.
Inria travaille dans ce but à travers
l’ I-Lab Metis , une structure mixte
associant la société Artelys aux
équipes-projets Tao et Maxplus .
Au sein de ce laboratoire commun,
chercheurs et industriels combinent
leurs moyens et leurs savoir-faire
pour réaliser un système de gestion
d’énergie en mode smart grid.
Spécialisée en optimisation,
en statistique et en aide à la décision,
Artelys profite des recherches
en algorithmique et en modélisation
des équipes pour accélérer la mise
au point de solutions opérationnelles
à proposer à des clients en France
et à l’international.
12
16. Indiscrétions
sur Internet
Sur le Net, tout le monde se croit à
l’abri derrière un pseudonyme. Mais
une étude du MIT (Massachusetts
Institute of Technology), à laquelle
des chercheurs Inria ont participé,
montre que la plupart des internautes
utilisent les mêmes identifiants
sur les différents sites qu’ils visitent.
Et, avec le développement des réseaux
sociaux et du commerce en ligne,
il est relativement simple de relier
ces identités virtuelles pour cibler,
pister, voire identifier les utilisateurs
à des fins commerciales, politiques
Communi- ou… criminelles. À une époque où
cation Internet et les échanges numériques
sont au cœur de la société, la question
de la sécurité et de la confidentialité
des données personnelles est cruciale,
aussi bien pour le respect de la vie
privée que pour la bonne marche
de l’économie.
Une cinquantaine d’équipes Inria
travaillent actuellement sur ce thème,
qui constitue un enjeu majeur à l’ère
de la communication. Certaines,
comme Secsi ou Caramel ,
se concentrent sur les protocoles
et les clés de cryptage permettant
de garantir la confidentialité
des échanges d’informations.
D’autres, comme Planete , étudient
les failles de sécurité des logiciels
de communication populaires
et l’anonymat des identifiants.
L’équipe-projet Secret a participé
à l’élaboration de Shabal ,
un algorithme permettant de mettre
à l’épreuve les standards de cryptage
des données confidentielles. Autant
de pistes à explorer, de méthodes
à inventer et d’outils à développer
pour vivre le numérique en toute
sécurité.
14
18. Le numérique, un moteur de croissance
Le numérique est au cœur de notre Une étude de Coe-Rexecode, publiée
société. Dans nos foyers, bien sûr, mais en mai 2011, estime que l’économie
aussi dans nos écoles, nos entreprises numérique, de manière directe
et nos industries. Comme l’ont fait hier ou indirecte, a contribué pour 26 %
l’imprimerie, le téléphone et le chemin en moyenne à la croissance entre
de fer, le numérique modifie profondément 1980 et 2008 en France, pour 32 %
notre économie, en démultipliant en Allemagne et au Japon et pour 37 %
les moyens de communication, aux États-Unis. Preuve de son
en automatisant certaines tâches pour importance, mais aussi du potentiel
gagner en productivité, et en inventant restant à exploiter pour la croissance
de nouveaux modèles d’échanges. française.
Et si le numérique s’appuie toujours sur
des dispositifs matériels (processeurs, Inria participe activement à cette
ordinateurs, serveurs, réseaux, etc.), mutation avec ses projets de recherche,
il donne aussi une véritable valeur de transfert de technologies, en
à l’immatériel, que ce soit pour les biens particulier à travers les I-Labs, structures
culturels (musique, cinéma…), les services mixtes associant des équipes de
ou la création intellectuelle. Il en va chercheurs et des PME-PMI au sein
ainsi des outils logiciels. De plus, le de laboratoires communs autour
numérique change la donne économique de projets industriels.
en abaissant sensiblement le coût de
l’innovation, comme le montre l’histoire
des plateformes de commerce en ligne
et des réseaux sociaux.
16
20. Inria — Rapport annuel 2011
STRATÉGIE
Profil en chiffres
• 83 %
7
start-up créées.
179
équipes-projets
(au 1er janvier 2012),
dont 83 % sont communes
avec des universités
et autres établissements
4432
de recherche.
publications de référence.
4351
106
personnes ont concouru
aux missions d’Inria, dont 68 %
de personnel scientifique.
• 68 %
logiciels déposés à l’APP
(Agence pour la protection
des programmes).
1282
23
doctorants dans les équipes
de recherche.
brevets initiaux déposés.
66
équipes associées
avec des universités
et laboratoires étrangers.
304
thèses soutenues.
18
21. 2011,
au cœur d’Inria
Interview
“ACCROÎTRE
L’IMPACT DE NOS
RECHERCHES
EST PRIMORDIAL”
Interview
“INRIA EST
PRÊT ÀCosnard,
Michel
ABORDER
LA DÉCENNIE
président-directeur général
QUI S’OUVRE”
Michel Cosnard,
Président-Directeur général
19
22. Inria — Rapport annuel 2011
STRATÉGIE
Interview
À l’échelle européenne,
notre approche globale
intègre formation, recherche,
innovation et usages.
En 2011, l’institut a construit de notre pays, au même titre que la santé,
nouveaux sites à Bordeaux, Lille et Saclay, l’énergie, l’environnement et les
et inauguré le PCRI à Saclay. Comment sciences humaines et sociales. Cette
poursuivez-vous ces développements dans alliance nous a permis de renforcer nos
un contexte de stabilisation de la dotation partenariats et de définir de façon
de l’État ? concertée les priorités nationales en
Michel Cosnard •
D’une sciences et technologies du numérique.
part, grâce à l’augmenta- Le programme Investissements d’avenir
tion de nos ressources a par ailleurs été l’occasion de lancer de
propres, liée en grande nouvelles activités partenariales, no-
partie aux succès de nos tamment dans les domaines de la san-
équipes dans les appels à té, de l’environnement ou des sciences
projets. D’autre part, grâce de l’homme et de la société. Beaucoup
à une meilleure efficacité dans leur uti- de nos équipes de recherche sont impli-
lisation avec un objectif d’excellence en quées dans des laboratoires d’excel-
matière de gestion. Notre première édi- lence (Labex) et des équipements d’ex-
tion des Prix Inria reflète d’ailleurs par- cellence (Équipex) avec des partenaires
faitement ces deux aspects. académiques locaux. Inria, en tant
qu’organisme national, est partenaire
Le paysage de la recherche de trois instituts hospitalo-universitaires
française a beaucoup évolué. Comment (Paris, Strasbourg et Bordeaux). Et, dans
l’institut vit-il ces mutations ? le cadre du programme Économie du
M. C. • 2011 a été la première année numérique ou encore des instituts de
complète d’Allistene – structure de recherche technologique (IRT), nos par-
concertation dédiée aux sciences et tenaires sont des industriels, grands
technologies du numérique, qui réunit groupes ou PME.
le CEA, le CNRS, l’Institut Mines-Télé-
com, la CPU, la CDEFI et notre institut – La recherche européenne est aus-
et l’année de lancement de nombreux si en pleine effervescence depuis la création
investissements d’avenir. La création en2010del’EITICTLabs,dontInriacoordonne
d’Allistene est la preuve que les sciences le volet recherche. Où en est-on ?
du numérique sont une priorité pour •
M. C. L ’EIT ICT Labs, une des trois com-
munautés de la connaissance et de l’in-
Nous avons un objectif novation de l’Institut européen d’inno-
d’excellence en matière vation et de technologie (EIT) dédiées
de gestion. aux sciences du numérique, se met en
place et semble très prometteuse. Elle
devrait permettre de créer le pont entre
recherche et industrie en finançant des
innovations jusqu’à leur développement
technologique – dépôt de brevet, de lo-
20
23. 2011,
au cœur d’Inria
giciel, création d’entreprise ou autres
modalités de transfert. Ses deux points
Claude Kirchner,
forts sont : une programmation délégué général à la recherche
conjointe (les 23 partenaires proposent et au transfert pour l’innovation
les sujets de recherche et les financent
avec l’aide de l’Europe) et une nouvelle Prix Inria 2011
approche globale intégrant formation,
recherche, innovation et usages, dont
“Une première édition
une des déclinaisons pourrait par emblématique de notre
exemple être la formation de nouveaux
profils d’étudiants, à la fois scientifiques
démarche”
et entrepreneurs.
« Les Prix Inria ont pour de simulation numérique.
Ces évolutions influencent-elles vocation de reconnaître Le Prix de l’innovation
et de distinguer des Inria-Dassault Systèmes
vos thématiques de recherche ?
•
scientifiques ayant a distingué Stéphane
M. C. Nos recherches restent dans une contribué de manière Donikian, créateur de la
certaine continuité et en phase avec le exceptionnelle au champ spin-off Golaem et de ses
développement fulgurant des technolo- des sciences informatiques simulateurs numériques
gies numériques. Dans ce monde en et mathématiques, ou de comportements
construction, nous sommes surtout ayant apporté des humains dans les
contributions majeures environnements 3D.
attentifs à accroître l’impact de nos au transfert ou à Le Prix du soutien à la
recherches. Nous nous intéressons de l’innovation dans ces recherche et à l’innovation a
plus en plus aux usages, une approche disciplines. Ils distinguent été décerné à Julien Wintz,
qui englobe l’étude des réseaux so- également des ingénieurs jeune ingénieur qui a mis
ciaux – que ce soit pour le respect de ou techniciens ayant eu en place et anime une
des apports remarquables plateforme de calcul
la vie privée ou le droit à l’oubli –, l’in- scientifique permettant aux
en termes de soutien ou
ternet des objets, l’interaction homme- d’appui aux recherches. chercheurs d’expérimenter
machine ou l’assistance à domicile, En 2011, le Grand Prix leurs logiciels dans leur
ainsi que les problématiques liées au a honoré Gérard Huet, domaine d’application.
développement durable. pionnier de l’école française Enfin, le Prix du service
C’est pourquoi nous nous rapprochons d’informatique, dont de support à la recherche a
les travaux ont été récompensé un formidable
des grands acteurs économiques et so- déterminants notamment travail d’équipe autour
ciaux du monde numérique. Nous avons pour garantir la qualité de la certification des
d’ailleurs demandé à trois d’entre eux des logiciels. Le Prix comptes de l’institut,
d’intervenir dans les pages suivantes. jeune chercheur a souligné première étape dans le
le talent de Bruno Lévy, un processus de simplification
passionné de géométrie et d’harmonisation des
qui bouleverse la pratiques chez Inria. »
représentation 3D, que
ce soit pour les images
de synthèse des jeux
vidéo ou les images
21
24. Inria — Rapport annuel 2011
STRATÉGIE
Rétrospective
“Une permanence dans
la stratégie et des ambitions
renouvelées”
« Premier constat : la résumées par le mot
justesse des fondamentaux d’ordre du premier plan
autour desquels s’est stratégique de l’institut,
construit l’institut, tels en 1994 : excellence
que les a posés le premier scientifique et transfert
président d’Inria, Jacques- technologique.
Louis Lions, en 1979. Plus
de quarante ans après, ils Deuxième constat : le plan
sont toujours d’actualité. ambitieux de doublement
Que ce soit le couplage en dix ans des activités
de l’informatique et des et des moyens d’Inria
mathématiques, l’importance (effectifs et budgets),
du transfert industriel, impulsé par Bernard
la structure de recherche Larrouturou (président
en équipes-projets petites de 1996 à 2003) dans le but
et réactives, la formation de porter l’institut au meilleur Hervé Mathieu,
via l’accueil de doctorants niveau mondial et concrétisé délégué général à l’administration
et de jeunes ingénieurs ou par le contrat signé en 2000
l’ouverture à l’international. avec l’État, a été une réussite des ressources et des services
Au cours des ans et des incontestable. Pour preuve, jusqu’en mars 2012
présidences successives, le dernier Visiting Committee
cela s’est traduit par la international ayant évalué
création de start-up, la l’institut fin 2008 l’a situé
participation aux divers comme leader européen de projets pour accompagner
programmes européens et parmi les meilleurs des partenariats forts avec
et la mise en place organismes de recherche les universités, les écoles
de partenariats durables mondiaux dans son domaine. et les entreprises. Et il reste
comme le groupement Autre indice révélateur : le encore beaucoup à faire
Ercim, la participation au grand nombre de Grants que pour que l’informatique soit
W3C dès les débuts du Web, nos chercheurs décrochent reconnue pas seulement
de nombreuses activités au Conseil européen de comme un outil mais comme
sous contrat, de fortes la recherche (ERC). une science à part entière. »
relations internationales
ou encore une évaluation Tout en maintenant cette
exigeante des équipes stratégie, notre ambition
de recherche. Des est d’ouvrir encore plus
orientations fort bien nos recherches vers
l’industrie et la société.
D’une part, en intégrant
dans nos recherches
les enjeux sociaux et
environnementaux, comme
nous l’avons fait dans le
passé pour les télécoms et
les sciences du vivant.
D’autre part, en jouant
le rôle de catalyseur de
recherches, de stimulateur
22
25. 2011, au cœur d’Inria
MIS-
SIONS
… VUES PAR NOS CHERCHEURS
RECHERCHE
PARTENARIATS
TRANSFERT
RAYONNEMENT DES SCIENCES
DU NUMÉRIQUE
23
26. Inria — Rapport annuel 2011
MISSIONS
… vues par nos
chercheurs
notamment dans le domaine
de l’environnement : par
exemple, pour détecter
des feux de forêt, en
Après ses études d’ingénieur utilisant des capteurs de
à l’Insa de Lyon, où elle s’est température, pour contrôler
spécialisée en réseaux et la pollution de l’air ou de
télécommunications, Nathalie l’eau, ou encore pour étudier
Mitton a travaillé dans le comportement de groupes
l’équipe-projet Pops . Chargée d’animaux en les équipant
de recherche Inria, elle dirige de capteurs. Ce que
désormais la toute nouvelle j’apprécie chez Inria, c’est
équipe Fun , qui s’intéresse aux l’ouverture : le dialogue
réseaux hétérogènes d’objets avec les autres centres
communicants. régionaux, les relations
avec de nombreux
« Étant attirée par les chercheurs dans le monde
sciences depuis mon et les contacts étroits avec
enfance, j’ai suivi des l’industrie. Nous avons
études d’ingénieur à l’Insa ainsi établi un contrat de
de Lyon. Comme j’ai choisi recherche externe (CRE)
de me spécialiser en réseaux avec France Télécom,
et télécommunications, et créé l’I-Lab EtiPops,
j’ai poursuivi avec une avec la PME locale Etineo.
thèse sur les réseaux sans Cette structure mixte, dans
fil dans le cadre du Citi, laquelle nous travaillons sur
un labo Insa qui travaillait la géolocalisation, présente
en partenariat avec Inria. plusieurs avantages : elle
Cette recherche m’a vraiment nous permet de combiner
passionnée et j’ai eu envie nos moyens, de cadrer nos
de continuer au sein d’Inria. recherches avec une feuille
En 2006, j’ai rejoint l’équipe- de route sur trois ans, et
projet Pops , dans laquelle de nous fixer des objectifs
j’ai progressivement pris industriels, avec la réalisation
des responsabilités, avant de produits. Une façon de
de monter l’équipe Fun , rendre nos recherches très
Nathalie Mitton, qui va prolonger ses travaux concrètes. »
responsable de l’équipe Fun, sur les réseaux ubiquitaires
centre Lille – Nord Europe du futur à partir de 2012.
Nous visons, en effet,
à développer et à unifier des
“Collaborer réseaux d’étiquettes RFID,
de capteurs et de robots-
avec des entreprises actionneurs qui fonctionnent
sur batterie et communiquent
sur des projets sans fil, par ondes radio.
De nombreuses applications
industriels” sont déjà envisagées,
24
27. 2011,
au cœur d’Inria
Rémi Gribonval, François-Xavier Le Dimet,
directeur de recherche Inria, professeur émérite à l’université Joseph-Fourier,
centre Rennes – Bretagne Atlantique centre Grenoble – Rhône-Alpes
“Mes recherches “Inria m’a accordé
concilient mes deux sa confiance pour avancer
passions : la musique dans mes recherches”
et les mathématiques”
« C’est ma passion pour les mathématiques qui
m’a entraîné vers l’ENS. Et celle pour la musique
qui m’a conduit à choisir un master combinant
les deux domaines. J’ai poursuivi dans la même
voie en préparant une thèse sur le traitement
du son avec l’Ircam et l’École polytechnique. Puis
je suis parti pour un post-doctorat à l’université de
Caroline du Sud, aux États-Unis, où j’ai approfondi
les aspects théoriques des algorithmes que
j’utilisais. Depuis que j’ai intégré l’équipe Metiss ,
en 2001, j’explore la notion de parcimonie, qui
permet notamment de représenter et de traiter
des signaux audio avec très peu de paramètres.
Les techniques qui en découlent permettent,
par exemple, de compresser des données audio, François-Xavier Le Dimet mène ses
d’isoler des voix ou de séparer des instruments recherches au sein de l’équipe-projet Moise ,
dans un enregistrement. Mais ces recherches vont qui succède au projet Idopt, dont il était
bien au-delà du son, avec des applications dans responsable. Il enseigne aussi à la Florida
l’imagerie médicale, la biologie, l’astronomie et, plus State University et vient d’être nommé
largement encore, dans l’apprentissage automatique Fellow of the American Meteorological
(machine learning). Certaines sont déjà étudiées Society.
dans le cadre de Small et d’Échange, deux projets
que j’ai coordonnés, l’un européen, l’autre de l’ANR « Une vie de chercheur est ordinateurs de l’époque,
(Agence nationale de la recherche). Autant de pistes faite de rencontres. Je dois mais elle a été adoptée
à explorer avec l’équipe que je serai prochainement beaucoup à Jacques-Louis depuis par la plupart des
amené à diriger… » Lions, président d’Inria centres météo dans le
au début des années 1980. monde, en contribuant
J’avais suivi ses cours, à l’amélioration de leurs
Diplômé de l’École normale supérieure, Rémi pour mon DEA en analyse prévisions. Aujourd’hui, je
Gribonval travaille actuellement sur la notion numérique, et il m’a toujours continue de la développer
de parcimonie dans le traitement de signal soutenu activement et au sein de l’équipe Moise ,
au sein de l’équipe-projet Metiss . En 2011, chaleureusement dans mes en essayant notamment
l’Académie des sciences lui a décerné le Prix
recherches. Cette dimension d’exploiter les informations
Blaise-Pascal pour récompenser ses travaux.
Il a reçu une bourse de l’ERC (European
humaine a été fondamentale, dynamiques provenant des
Research Council) pour son projet Please. au même titre que les images satellite. Mais la
échanges que j’ai pu avoir question du couplage entre
avec d’autres scientifiques des données recueillies
à travers mes voyages, via des observations et les
aux États-Unis, en Russie, modèles mathématiques
en Chine… C’est, en outre, représentant des
à partir de la théorie du phénomènes complexes
contrôle optimal de Jacques- concerne bien d’autres
Louis Lions que j’ai imaginé domaines que le climat,
une méthode d’assimilation comme l’océanographie,
de données qui a intéressé l’hydrologie, la biologie
les météorologues. ou même la recherche
Au départ, cette approche pétrolière. »
se heurtait aux limites
des capacités de calcul des
25
28. Inria — Rapport annuel 2011
MISSIONS
… vues par nos chercheurs
Michel Banâtre,
directeur de recherche Inria,
centre Rennes – Bretagne Atlantique
“Conduire des
recherches originales
en prise directe avec
le monde économique“
Michel Banâtre a mené de industrielle. Évidemment,
nombreux travaux avec les il ne faut pas hésiter
équipes LSP, Solidor et Aces , à s’immerger dans les
en concentrant ses recherches domaines applicatifs
sur les systèmes distribués,
retenus, et ne pas ignorer
les architectures tolérantes
aux fautes et l’informatique
les problèmes liés à la
ambiante. Guidé par le souci protection industrielle,
constant du transfert comme les brevets ou le
technologique, il est à l’origine prototypage. C’est ce qui a
du dépôt d’une vingtaine guidé tout mon parcours
de brevets, de la mise en place de chercheur. Et ce qui me
de nombreuses collaborations motive encore. Ma première
d’envergure avec des expérience en la matière
partenaires industriels et de remonte à la période physiques couplés
la création de deux start-up. 1979-1985, avec le système m’ont permis d’aborder
Enchère, exemple type la problématique de la
« J’ai fait mes premiers pas de mon approche. Mon but traçabilité sécurisée
dans la recherche en tant était d’appliquer le principe en logistique, avec toutes
qu’ingénieur à l’université des systèmes distribués, les applications potentielles
de Rennes 1, où j’ai suivi que j’étudiais dans dans des secteurs aussi
tout mon cursus dans le cadre de ma thèse d’État, variés que le luxe ou le
la filière informatique, qui aux ventes aux enchères médical. Mon approche
venait de se créer, au début pratiquées par les ne s’oppose pas à une
des années 1970, avant producteurs de fruits et recherche plus académique.
de devenir directeur de légumes de ma Bretagne Selon moi, elle devrait
recherche au sein d’Inria, natale. Menée en étroite même aller de soi quand
en 1986. J’aime la recherche collaboration avec des les concepts ou les outils
qui sort des sentiers battus, coopératives locales, cette proposés par les chercheurs
celle qui permet de construire réalisation a fait l’objet peuvent faire partie
les systèmes et les services d’un transfert technologique de solutions industrielles,
de demain. Mais je reste avec une PME rennaise, ou même être les produits
convaincu de la nécessité sans toutefois aboutir à une de demain… »
du transfert technologique commercialisation. C’est là
comme moyen pour valider que j’ai réellement compris
des résultats de recherche. toute la difficulté de
Pour beaucoup de transformer une belle idée
chercheurs, la promotion en solution commerciale…
d’une idée scientifique Mais j’ai persévéré dans
s’arrête souvent à la liste cette voie, dans le domaine
des publications qu’elle a des architectures et
pu engendrer. Moi, je veux des systèmes avec Bull,
aller jusqu’à sa validation Texas Instruments ou
en environnement réel, Alcatel-Lucent. De même,
voire, lorsque cela s’y prête, mes recherches sur
à son exploitation l’informatique ambiante
ont fait l’objet d’un transfert
vers le groupe JCDecaux.
Plus récemment, mes
travaux sur les objets
26
29. 2011,
au cœur d’Inria
Catherine Bonnet, Martin Hachet,
responsable de l’équipe Disco, responsable de l’équipe Potioc,
centre Saclay – Île-de-France centre Bordeaux – Sud-Ouest
“L’échange avec les autres “Rendre les technologies
nous ouvre l’esprit“ 3D interactives
Chargée de recherche Inria et
responsable de l’équipe Disco ,
de systèmes interconnectés
dans des environnements
accessibles à tous“
qui regroupe une quinzaine complexes, nous travaillons
de membres, Catherine Bonnet sur la leucémie myéloïde
travaille sur l’analyse et aiguë, une forme particulière
le contrôle de systèmes de ce cancer. Nous
interconnectés dans des collaborons avec un médecin
environnements complexes. de l’hôpital Saint-Antoine
Très attachée à la médiation
et son équipe de biologistes,
scientifique, elle fait
également partie du bureau
qui nous aident à valider
de l’association Femmes et à affiner les modèles
et mathématiques. que nous développons.
Au sein de l’institut,
« Après le bac, j’ai suivi des j’apprécie d’ailleurs
études de mathématiques, par de côtoyer toutes sortes
goût, sans trop savoir où de scientifiques, lors de
cela me mènerait. voyages, de conférences,
J’ai continué avec une ou dans les locaux de
thèse sur la modélisation Supélec, où nous sommes
d’un rotor d’hélicoptère hébergés. Car c’est l’échange
pour l’Aérospatiale. À mon qui nous ouvre l’esprit,
arrivée chez Inria, en 1994, qui nous nourrit. Et je Issu de l’université de Bordeaux,
j’ai étudié un problème participe à des actions Martin Hachet a rejoint l’institut pour
de contrôle de moteur pour de sensibilisation aux participer au projet Iparla. Chargé
Renault. Ces expériences mathématiques et à la de recherche Inria, il dirige à présent
m’ont aidée à comprendre recherche, en expliquant la toute nouvelle équipe Potioc ,
les enjeux de la recherche aux jeunes filles que qui développe des technologies 3D
théorique et des méthodes ces domaines ne sont pas interactives pour le grand public.
exactes, qui permettent incompatibles avec
de développer des modèles une vie de femme, « Tenté à l’origine par l’audiovisuel, j’ai entrepris
et des outils génériques et qu’ils n’obligent pas des études en informatique un peu par hasard. J’ai
pour résoudre des problèmes à se couper du monde, rapidement apprécié le potentiel créatif de cette
concrets. Depuis, je pense comme on le croit encore science : on part de rien, on construit tout ! Lors
toujours aux applications trop souvent… » de ma thèse, qui portait sur la réalité virtuelle, j’ai
potentielles, même quand réalisé un dispositif permettant d’agir manuellement
mes recherches paraissent avec des objets en 3D affichés sur grand écran.
très abstraites. Ainsi, dans Mais les solutions disponibles à cette époque,
le cadre de Disco , qui porte surtout développées pour les industriels de
sur l’analyse et le contrôle l’automobile et de l’aéronautique, nécessitaient
des dispositifs complexes et coûteux. Ce qui motive
mes recherches actuelles, c’est justement l’envie
de rendre ces outils accessibles au plus grand
nombre, pour que chacun puisse les utiliser
de façon intuitive. J’ai travaillé dans ce sens
au sein du projet Iparla, où nous avons exploité les
interfaces tactiles des tablettes et des smartphones
pour redéfinir les relations homme-machine dans
des contextes de mobilité. J’espère aller plus loin
avec Potioc , en explorant de nouvelles approches
pour manipuler des représentations 3D en donnant
davantage d’importance au plaisir d’utilisation,
notamment dans les domaines de l’art, de la culture,
de l’éducation ou même de l’aide à la personne. »
27
30. Inria — Rapport annuel 2011
MISSIONS
Recherche
De nouveaux défis
scientifiques et sociétaux
CONTRIBUTEURS L’institut a identifié et relevé de nouveaux défis
Pascal Guitton,
directeur de la recherche scientifiques et sociétaux. L’avancement des savoirs,
Stéphane Ubeda,
le développement de compétences technologiques
directeur du développement et leurs retombées sont primordiaux pour la
technologique
communauté des chercheurs et les industriels.
Jean Roman,
directeur scientifique adjoint
en charge du domaine Les systèmes numériques, qui ont investi toutes les facettes
Mathématiques appliquées, de nos vies professionnelles et privées, sont au cœur de notre
calcul et simulation société actuelle. « Nous travaillons sur de nombreux aspects
Roberto Di Cosmo,
liés à cette révolution qui n’est souvent perçue que par les
directeur de l’Irill usages, rappelle Pascal Guitton, mais notre rôle est aussi de
proposer des recherches en rupture qui s’attaquent à de nou-
Jean-Pierre Banâtre, veaux défis souvent difficiles à identifier a priori. » Cette ré-
directeur des partenariats
européens
flexion sur de nouveaux sujets se mène notamment avec les
délégués scientifiques et les directeurs scientifiques adjoints,
par exemple en suscitant des rencontres entre chercheurs
autour de thématiques communes.
Susciter de nouveaux sujets de recherche
« En 2011, nous avons organisé trois séminaires nationaux
autour de thématiques transversales, ajoute-t-il. Les chercheurs
échangent leurs idées, travaillent ensemble pendant plusieurs
jours. Des connexions nouvelles émergent, parfois même de
nouveaux projets multidisciplinaires. » Ainsi, une quinzaine
de personnes se sont rencontrées pour évoquer leurs travaux
autour des interfaces cerveau-ordinateur, ces dispositifs per-
mettant de commander des ordinateurs ou des machines à
partir de mesures des activités électriques du cerveau. Encore
très exploratoires, ces recherches permettront un jour à des
personnes lourdement handicapées d’accéder à une partie
du monde numérique (jeux, musée virtuel…).
Par ailleurs, Inria organisait de façon indépendante des jour-
nées destinées à présenter le bilan des différentes actions
28
31. 2011,
au cœur d’Inria
Géométrie algorithmique :
intersection de quadriques ;
équipe Vegas.
Christine Guillemot,
directrice de recherche Inria,
centre Rennes – Bretagne Atlantique
“Normaliser est une façon
de valoriser nos expériences“
Dans la plupart des applications « Nous sommes parfois amenés
audiovisuelles et multimédias, à contribuer à leurs côtés. C’est
comme dans les télécommunications, très chronophage. Mais néanmoins
la normalisation est nécessaire stratégique. Cela permet d’être en
afin de garantir l’interopérabilité prise directe avec les défis techno-
entre les équipements développés logiques du moment et, en cas
par les industriels. Dès qu’une de succès, cela assure un impact
nouvelle technologie voit le jour, fort de nos résultats au sein
comme récemment la télévision des applications. » Le processus
3D, un groupe d’industriels de normalisation dure en général
prend l’initiative (en l’occurrence plusieurs années pendant
le groupe MPEG, Motion Picture lesquelles l’algorithme est
Experts Group) pour développer amélioré. Cela suppose des tests
des normes. « Dans le cadre de très complets. « Pour ces aspects
nos recherches sur des algorithmes de développement logiciel,
de compression et de transmission
d’images, la normalisation est
une voie naturelle et importante
pour valoriser nos résultats, même
si la publication reste un moyen
nous bénéficions pour trois ans
du financement d’un poste
d’ingénieur par le biais d’une
action de développement
technologique. Cela nous permet
42
missions de normalisation
et de standardisation ont
essentiel pour faire connaître nos de finaliser nos algorithmes et de été menées en 2011,
travaux et nos avancées auprès mettre plus de chances de notre notamment auprès
de la communauté scientifique. » côté, même si le succès n’est pas d'organismes comme IETF,
Néanmoins, compte tenu des toujours au rendez-vous. » ISO, W3C, ETSI, OGF.
enjeux économiques, ce sont avant
tout les industriels qui portent
les solutions devant les instances
de normalisation telles que l’ISO.
Les chercheurs travaillent en
général en amont, transfèrent
leur technologie à un industriel
qui dépose des brevets et défend
la solution.
Christine Guillemot est responsable de l’équipe-projet Temics ,
devenue Sirocco . Avec quatre chercheurs, deux ingénieurs
et 11 doctorants et post-doctorants, elle travaille sur le traitement
d’images et de séquences vidéo en 2D et 3D, notamment
les aspects compression et communication de ces contenus.
29
32. Inria — Rapport annuel 2011
MISSIONS
Recherche
À gauche : Robotique sociale ;
scientifiques collectives. Ces exposés n’étaient habituellement
prototype de robots en forme suivis que par un petit nombre de chercheurs. Afin d’augmen-
de lampes conçus pour interagir ter leur visibilité, des journées scientifiques regroupant l’en-
avec les humains dans leur semble des actions incitatives ont été organisées pour la
environnement quotidien ;
équipe Flowers.
première fois en novembre 2011. « Ces présentations de re-
cherches collectives, souvent très riches, ont ainsi pu profiter
À droite : Mur d’images à une centaine de chercheurs de tous les centres, explique
immersif et interactif (CadWall) Pascal Guitton. Une quarantaine de sujets regroupés en sept
d'Inria Sophia Antipolis –
Méditerranée.
thématiques ont été exposés. » Ces rencontres seront péren-
nisées en 2012.
Soutenir les projets de grande envergure
Pour encourager les synergies entre équipes et encourager
des recherches multidisciplinaires, l’institut soutient des ac-
tions d’envergure ; il s’agit de projets sur quatre ans, qui réu-
nissent plusieurs équipes-projets complémentaires autour
7
actions d’envergure
actives en 2011.
d’un défi complexe. L ’objectif est que ces recherches produisent
un impact significatif – y compris à l’extérieur d’Inria –, que ce
soit un logiciel finalisé, une démarche validée ou une avancée
théorique majeure. Ainsi, l’action d’envergure PAL (Perso-
nally Assisted Living) permet à neuf équipes-projets (Grenoble,
Sophia Antipolis, Nancy et Rennes) de concevoir et d’expéri-
menter ensemble des technologies d’assistance à la personne
(âgée, handicapée, accidentée) à domicile.
19
« L’originalité du dispositif est de combiner l’acquisition de
données, révélant par exemple une chute, à une réaction de
systèmes robotiques dotés d’autonomie, précise Stéphane
actions de recherche Ubeda, le tout à un coût abordable. Nous avons équipé deux
collaboratives (ARC) appartements (à Nancy et Grenoble) de capteurs non intrusifs
actives en 2011. et mené les premières expérimentations automatiques ainsi
que des protocoles avec une trentaine de patients. » Des uni-
versitaires et des industriels ont aussi pu partager ces expé-
riences. Pour amplifier l’impact de ces recherches, l’institut a
décidé de renforcer largement son soutien aux actions d’en-
vergure en 2012.
30
33. 2011,
au cœur d’Inria
Anne Canteaut,
directrice de recherche Inria,
centre Paris – Rocquencourt
“Nous évaluons
la sécurité
des algorithmes
cryptographiques“
C’est à un drôle de jeu que s’attellent
les chercheurs en cryptographie :
d’un côté, inventer des algorithmes
pour authentifier des fichiers
confidentiels ; de l’autre, attaquer
les algorithmes concurrents pour
trouver leurs failles. C’est ainsi que,
depuis 2004, la petite dizaine de
standards de « hachage » – des
fonctions indispensables qui créent
une sorte d’empreinte des fichiers –
Favoriser le développement technologique a été mise en défaut. L ’institut
Le développement logiciel fait partie du quotidien de toutes américain NIST (National Institute
les équipes Inria, dans le cadre de projets européens ou de of Standards andTechnology) a lancé
une compétition pour définir fin
l’Agence nationale de la recherche (ANR) ou tout simplement 2012 un nouveau standard plus
pour illustrer ou démontrer un travail de recherche. Pour que robuste. « Après avoir atteint les
toutes les équipes puissent développer du code de qualité demi-finales avec notre algorithme
ou pour mettre en place des plateformes matérielles (comme baptisé Shabal, depuis 2009, nous
les chaises roulantes ou bras articulés développés dans PAL), évaluons la sécurité des cinq finalistes
Inria a créé une organisation dédiée. encore en lice. Rechercher de
nouvelles attaques nous donne
Les ingénieurs des services d’expérimentation et de déve- aussi de nouvelles idées de fonctions.
loppement (SED) de chaque centre Inria – tous scientifiques Par exemple, sachant que le degré
et la plupart docteurs – et la cinquantaine de jeunes ingé- élevé des polynômes de hachage
nieurs sous contrat qui leur prêtent main-forte chaque année est un des critères pertinents de
viennent épauler les chercheurs. sécurité, nous avons développé
Dans le cadre des actions de développement technologique un outil mathématique inédit pour
l’évaluer correctement. Cela a
(ADT), les ingénieurs intègrent les équipes de recherche conduit à éliminer l’algorithme
pendant au moins deux ans. Ces ADT, lancées via des appels japonais Luffa des finalistes. » C’est
à projets internes, se développent : on en compte 30 à 50 nou- devenu la base d’un travail
velles chaque année. théorique plus général. « Et pour
parvenir à quantifier la sécurité des
fonctions de hachage, nous avons
Multiplier les collaborations fructueuses développé de nouvelles techniques
L’ADT Mobsim regroupe par exemple trois ingénieurs dans qui évaluent précisément la qualité
le cadre du développement du simulateur de réseaux de la construction de l’algorithme
radio NS3 qui, promu par Inria, est en passe de devenir le et l’impact des imperfections. »
standard mondial.
Dans le cadre de l’équipement d’excellence (Équipex) FIT
(Future Internet of Things) qui a démarré en 2011, c’est la Anne Canteaut est responsable de
communication par Internet de réseaux de plusieurs l'équipe-projet Secret depuis 2008.
Dans son équipe, avec trois chercheurs
centaines de capteurs de mesures physiques implantés dans permanents et une dizaine de doctorants
cinq sites (Grenoble, Lyon, Rennes, Lille, Paris) qui est testée et post-doctorants, elle s’intéresse
grâce aux technologies développées par une dizaine d’ingé- à la protection de l’information,
nieurs. Des équipements mis à la disposition de tous les notamment à la sécurité d’algorithmes
cryptographiques. En 2012, elle présidera
chercheurs français. le comité de programme de la conférence
Enfin, dans le cadre de la plateforme de recherche Sofa qui internationale du domaine : Fast Software
réunissait cinq équipes-projets autour de la simulation Encryption (FSE) à Washington.
31
34. Inria — Rapport annuel 2011
MISSIONS
Recherche
À gauche : ANG, déambulateur
réaliste des organes, quatre ingénieurs ont terminé en 2011
intelligent expérimental ; le développement d’une suite logicielle de simulation médi-
équipe Coprin. cale en temps réel (Mix-Surg), qui sera utilisée dans le futur
institut hospitalo-universitaire (IHU) de Strasbourg.
À droite : Robots tout-terrain
guidés wifibot ; équipe Pops.
Le développement peut aussi ignorer les frontières : « Des
ingénieurs d’Inria et de l’institut Fraunhofer de Darmstadt
(Allemagne) vont construire pendant trois ou quatre ans un
environnement générique complètement interopérable pour
piloter des systèmes de réalité virtuelle ou augmentée ap-
plicables à tous les domaines, avec un focus sur le télé-
enseignement de gestes chirurgicaux et la télémaintenance
industrielle », précise Stéphane Ubeda.
Créer des plateformes expérimentales
400
ingénieurs
de développement.
Dédiées à l’expérimentation scientifique, par exemple pour
évaluer des algorithmes, les plateformes expérimentales,
en général développées avec des partenaires territoriaux,
sont gérées par les chercheurs et surtout par les ingénieurs
de développement. Elles sont ouvertes aux scientifiques et
aux entreprises dans des domaines de recherche et d’appli-
cation très variés.
« Ainsi, Num3sis à Sophia Antipolis est une architecture
modulaire dédiée au calcul scientifique et à la simulation
numérique, explique Jean Roman. Elle permet d’intégrer
rapidement des logiciels, de lancer des simulations com-
plexes, de visualiser des résultats. Grâce au travail mené par
le SED, elle est déclinable potentiellement à toutes les appli-
cations, que ce soit l’imagerie médicale ou la dynamique des
fluides. »
Jean Roman cite aussi PlaFRIM (Bordeaux), plateforme fé-
dérative de calcul haute performance pour la recherche en
informatique et mathématiques. Opérationnelle depuis
mai 2010, elle permet de tester des algorithmes et des codes
de calcul scientifique avant de les déployer sur les grands
centres nationaux de calcul.
32
36. Inria — Rapport annuel 2011
MISSIONS
Recherche
À gauche : Faisceau
de matière blanche
du cerveau humain
(coupe coronale) ;
équipe Asclepios.
À droite : Manipulation
moléculaire via écran mul-
ti-touch ; équipe Mint.
L’Irill ou le logiciel libre
comme sujet de recherche
6%
de part de marché pour le
logiciel libre et les services
L’Initiative pour la recherche et l’innovation sur le
logiciel libre (Irill) a été lancée en octobre 2010 par
Inria, l’université Pierre-et-Marie-Curie et l’université
Paris-Diderot. Le centre accueille des chercheurs
associés en France
(2,5 milliards d’euros sur intéressés par les nouveaux problèmes posés par
un marché national des
logiciels et services
le développement des logiciels libres, prêts à construire
de 40 milliards d’euros). des outils pour les résoudre, et à les promouvoir auprès
des développeurs. C’est une démarche particulièrement
innovante tant sur la forme que sur le fond.
x2
Le nombre de logiciels
libres a presque doublé
« Aujourd’hui, pratiquement tous les utilisateurs de logiciel
ont recours à des logiciels libres », affirme Roberto Di Cosmo,
directeur de l’Irill. C’est dire si ce mouvement initié dans les
années 1980 s’est étendu. « On peut ne pas partager l’idée que
tous les logiciels doivent être libres, mais cela deviendra la
tous les deux ans dans
la distribution Debian
règle pour des raisons techniques : il faudra avoir accès à tout
(utilisée par Ubuntu). le code pour construire et faire évoluer des systèmes infor-
matiques de plus en plus complexes, soumis à des exigences
de qualité de plus en plus fortes. »
Ainsi les outils de suivi, de gestion et d’échange qu’utilisent
les développeurs de logiciels libres doivent évoluer : la taille
de ces « objets techniques » s’étend au fur et à mesure que
croît le nombre de logiciels et que s’étendent les commu-
nautés qui les développent. C’est la première mission de
l’Irill : devenir un centre de compétences unique au monde,
attirant des chercheurs capables d’identifier les probléma-
tiques de ces bases de code grandissantes et de finaliser des
solutions et des outils permettant ce développement colla-
boratif. « De tels profils sont encore assez rares. Dans le
monde de l’informatique, les chercheurs, qui publient des
articles, et les développeurs de code se parlent peu. Notre
34
37. 2011,
au cœur d’Inria
Julia Lawall,
directrice de recherche Inria,
centre Paris – Rocquencourt
“C’est l’opportunité
d’interagir
étroitement avec
cette communauté“
Julia Lawall est une militante
discrète du logiciel libre. Ses
recherches ont pourtant déjà
contribué à bouleverser les
pratiques dans la communauté Linux,
objectif est de connecter ces communautés entre elles et ce système d’exploitation libre
avec les industriels, en particulier les PME, qui utilisent du développé en 1991, aujourd’hui parmi
logiciel libre. » les plus fiables et les plus utilisés.
Elle s’est intéressée au logiciel libre
Le libre bouleverse les lignes… de code un peu par hasard, en 2005, en
Les efforts de l’Irill, qui accueille une vingtaine de personnes, étudiant les problèmes de passage
d’une version de Linux à une autre,
commencent à porter leurs fruits. Une quinzaine de réunions ont avec Gilles Muller alors à l’École
été organisées en 2011 pour rassembler pendant plusieurs jours des mines de Nantes (aujourd’hui
des dizaines de développeurs de différentes communautés (GNU, au centre Inria Paris – Rocquencourt).
Debian, suite bureautique LibreOffice) et favoriser les contacts. Ils ont identifié un problème clé
« Nous ne proposons pas de postes permanents, mais accueillons pour lequel ils ont développé un
langage capable de repérer dans
des chercheurs en poste chez nos partenaires. Notre pari est de les millions de lignes de code
soutenir des projets qui réunissent des chercheurs qui partagent de Linux les transformations, de les
notre conception, pour les rendre plus visibles, leur faire profiter spécifier et même de rechercher
de notre dynamique pendant quelques années. Ils laisseront les erreurs, un outil générique unique.
ensuite la place à d’autres chercheurs et à d’autres projets et Un beau cadeau pour Linux, intégré
garderont le contact en construisant une large communauté. » depuis 2010 au noyau du système
et désormais utilisé par la plupart
Pour l’instant, l’Irill héberge trois projets phares de recherche, des développeurs. « Travailler dans
tous destinés à améliorer la qualité du code et programmés dans le domaine du logiciel libre,
le langage OCaml issu d’Inria : Coccinelle , sur l’évolution du exceptionnel en termes de qualité et
code du noyau Linux, dirigé par Julia Lawall ; Mancoosi , sur la de fonctionnalité, est une formidable
qualité des distributions de logiciel libre, avec notamment Ste- occasion d’interagir directement
fano Zacchiroli, leader du projet Debian ; Ocsigen , sur une nou- avec les développeurs, de découvrir
de nouveaux problèmes de recherche.
velle façon de programmer des applications Web riches. C’est aussi la garantie d’un impact
Deuxième vocation de l’Irill : aider à moderniser la formation immédiat de nos travaux. » Si Julia
pour préparer les étudiants en informatique à ces nouvelles Lawall reste un cas à part dans
formes de travail collaboratif, tant du point de vue technique la communauté Linux, en ayant
qu’humain. Le cadre de travail peut être en effet déroutant, les rejoint l’Irill pour poursuivre son
projet, elle est désormais entourée
échanges étant parfois vifs entre contributeurs. « Nous avons de scientifiques engagés dans
commencé par réunir des enseignants-chercheurs en informa- des recherches similaires.
tique pour échanger expériences et bonnes pratiques. À terme,
cela pourrait donner lieu à un modèle commun pour des cours,
voire des masters spécialisés en logiciel libre. » Après des études en mathématiques et
Troisième vocation : le transfert technologique et la valorisation. informatique dans l’Ohio (États-Unis), une
thèse à l’université d’Indiana sur les langages
« C’est ce qui prendra le plus de temps », reconnaît Roberto Di de programmation suivie d’un post-doc au
Cosmo. L ’économie des logiciels est basée depuis quarante ans centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique sur
sur la vente de licences, un modèle qui connaît aujourd’hui ses l’optimisation de programmes, Julia Lawall a
limites, comme pour la musique et la vidéo. Il faut désormais été pendant onze ans maître de conférences à
l’université de Copenhague (Danemark) pour
valoriser l’adaptation des logiciels, leur qualification, leur certifi- travailler sur la robustesse des systèmes
cation, la formation, et les autres services associés ; autant de d’exploitation. Elle est aujourd'hui
domaines émergents qui demandent de nouvelles compétences. responsable du projet Coccinelle à l'Irill.
35
38. Inria — Rapport annuel 2011
MISSIONS
Partenariats
Des partenariats toujours
plus structurés
CONTRIBUTEURS Les projets de structuration de la recherche en sciences
Antoine Petit,
directeur général adjoint du numérique continuent de porter leurs fruits.
Hélène Kirchner,
En parallèle, les nombreux appels du programme
directrice des relations d’investissements d’avenir qui ont jalonné l’année 2011
internationales
ont permis de conforter les politiques partenariales
Olivier Festor,
directeur de la recherche
et de transfert, qui sont des priorités de l’institut.
d’EIT ICT Labs
« Les partenariats, en France ou à travers le monde, sont indis-
Thierry Priol,
ancien directeur de la
pensables pour être à la pointe dans nos domaines de recherche
recherche d’EIT ICT Labs et être connus et reconnus sur la scène internationale », pose
Antoine Petit, directeur général adjoint d’Inria. Cette vision anime
la politique de partenariats de l’institut à tous les niveaux. C’est
ainsi qu’Inria a signé cette année un accord-cadre de coopération
avec le CNRS. « Cet accord souligne la complémentarité de nos
actions et notre volonté de travailler ensemble, explique Antoine
Petit. Il acte aussi notre contribution conjointe à la mise en place
de politiques de site dans le domaine des sciences du numérique,
en collaboration étroite avec les universités et les écoles. » Ainsi,
la tenue d’un comité de site annuel permettra aux deux orga-
nismes, aux universités et aux écoles d’échanger sur leurs prio-
rités et de mettre en place une véritable politique coordonnée.
Des investissements qui consolident la politique d’Inria
Dans le cadre des appels d’offres du programme d’investisse-
ments d’avenir (PIA), Inria a accompagné les universités et les
écoles en participant à 17 laboratoires d’excellence (Labex) et
à trois initiatives d’excellence (Idex) sélectionnés. « Ce pro-
gramme a également été l’occasion pour l’institut d’affirmer
sa présence dans les sciences de la vie et de l’environnement »,
explique Antoine Petit. Par exemple, l’institut participe à trois
des six instituts hospitalo-universitaires sélectionnés, à plusieurs
projets en bio-informatique et à deux projets d’institut d’excel-
lence sur les énergies décarbonées (IEED). « Le PIA nous a
36