Une vision avant-gardiste du monde des RH et du recrutement.
Le Hays Journal est un magazine biannuel qui regroupe les sujets d’actualité et les tendances du monde des ressources humaines.
2. LA MAITRISE DES LANGUES
DANS LE CADRE PROFESSIONNEL
Les bonnes affaires se basent sur des relations fortes
et la maîtrise d’une même langue est souvent un facteur
essentiel à une communication efficace.
PENDANT DES ANNEES, le fournisseur espagnol
de produits alimentaires Premium Ingredients s’est
satisfait de la consolidation de son avantage sur le
marché domestique, en faisant appel de manière
occasionnelle aux compétences de son personnel
polyglotte lorsque des traductions étaient
nécessaires. Mais par la suite, la société a dévoilé
une nouvelle stratégie audacieuse impliquant le
développement de sa part de marché mondiale
pour devenir une « micro-multinationale ».
Il est rapidement apparu que la capacité à
communiquer sur le marché international serait
essentielle au succès mondial de la société. Au
départ, elle a proposé des formations linguistiques
à tous les membres de son personnel. Cependant,
la direction s’est vite aperçue que cela prendrait
trop de temps pour que son personnel atteigne
un niveau de conversation courant. Avec une
croissance de 20 à 30 % chaque année et un
chiffre d’affaires à l’étranger en hausse de 30 à
50 % du total en cinq ans, Premium avait besoin
d’une meilleure solution pour communiquer avec
ses clients à l’international.
La société a donc décidé de ne plus embaucher
que des nouvelles recrues ayant au minimum un
niveau intermédiaire en anglais. En utilisant des
méthodes de recrutement traditionnelles ainsi que
des ressources en ligne, la société a commencé
à étendre ses recherches au-delà de son vivier
de talents local, en Murcie (Espagne), en se
concentrant spécifiquement sur les anciennes
recrues de multinationales.
PARLER FACILEMENT
À la fin des années 90, un manque similaire
en interne de compétences en langues a été
identifié dans l’entreprise Rent-A-Car, la plus
grande société de location de voitures au monde,
avant son expansion programmée en Allemagne,
l’un des marchés les plus porteurs d’Europe.
Donna Miller, la Directrice des Ressources
Humaines Europe de la société, explique :
« Nous n’avions pas vraiment beaucoup
d’employés parlant allemand à un niveau
professionnel, et ceux qui le parlaient
couramment n’étaient pas suffisamment
expérimentés pour qu’on puisse leur confier
les clés de la maison. »
L’entreprise s’est développée traditionnellement
avec très peu de recrutements externes, mais pour
conquérir de nouveaux marchés, cette approche
devient plus problématique. Elle a accédé aux
marchés français et espagnol en achetant des
entreprises établies dans les deux pays, et elle se
tourne aujourd’hui vers des franchises d’autres
marchés européens ainsi que vers le Moyen-Orient
et l’Afrique, suite à son succès en Amérique latine.
Ce changement dans le processus de recrutement
ne s’est pas limité à la seule maîtrise de l’anglais.
Pour Premium, les compétences en langues font
partie du bagage d’un candidat d’envergure
internationale capable de s’adapter.
Mais le fait d’investir dans des sociétés locales
déjà fondées présente des inconvénients liés
aux différences culturelles et linguistiques. C’est
pourquoi l’entreprise a intensifié ses formations
en langues. Actuellement, seuls 10% de ses
employés au Royaume-Uni en bénéficient, et
seulement 1% aux États-Unis, bien que l’entreprise
s’attende à voir ces chiffres augmenter. C’est un
obstacle difficile à franchir, d’après Donna Miller.
« En tant qu’entreprise britannique, irlandaise
ou américaine, nous sommes confrontés à ce
genre de challenges du fait que nous privilégions
généralement la promotion interne. »
« Nous avons déterminé que, pour nous
développer plus rapidement, il nous fallait
directement nous diriger vers des personnes
sachant parler anglais couramment, où qu’elles
soient dans le monde », explique Raúl Fernández
Guillamón, le Directeur des Ressources Humaines
de la société. « Il y a trois ou quatre ans,
nous n’avions pas ces compétences en interne.
Dorénavant, nous pouvons travailler directement
en anglais de huit heures du matin à sept heures
du soir. »
LA VALEUR DE LA LANGUE
Même de modestes progrès en langue peuvent
participer à la cohésion au sein de l’entreprise.
« Si on peut décrocher le téléphone simplement
pour dire « Bonjour, comment allez-vous, quel
temps fait-il à Paris aujourd’hui ? », cela montre
à nos employés francophones que l’on souhaite
vraiment apprendre leur langue et que l’on fait
des efforts », déclare Donna Miller. « Nos relations
de travail sont meilleures et cela contribue à une
plus grande adhésion dans toute la société. »
Extrait du Hays Journal N°6 - Octobre 2013
Améliorer les compétences en langues
des salariés est bénéfique tant pour leur
développement personnel que pour celui de la
société. Kenric Tsethlikai, Directeur Général de
la Lauder Institute - Wharton School, Université
de Pennsylvanie aux États-Unis, affirme que
les compétences en langues et l’intelligence
culturelle qui les accompagne généralement
sont tout aussi indispensables pour les cadres
mondiaux d’aujourd’hui que pour les sociétés
qu’ils dirigent.
« Tout particulièrement dans les marchés
émergeants - où se produit la croissance
économique - vous ne pouvez absolument pas
compter sur une approche monoculturelle et
unilingue », ajoute Kenric Tsethlikai. « Nous ne
sommes plus dans une position où nous pouvons
supposer que les autres partagent notre langue
ou notre système de valeurs. Nous devons au
moins avoir la perspicacité et la curiosité de
comprendre les gens dans leur propre langue. »
La Hongrie est un pays où la demande en
compétences en langues est continue. Elle
bénéficie d’une culture multilingue forte qui
s’avère être une vertu, sur un marché qui ne
cesse de se mondialiser. Budapest a émergé
comme une plate-forme où de nombreuses
multinationales ont établi leurs sièges sociaux
et où des centres de services partagés offrent
des bureaux administratifs à des sociétés dans
le monde entier.
« Cette industrie de services est l’une des plus
florissantes en Hongrie et dans la région »,
explique Dóra Turján, l’une des spécialistes
en marketing de Hays à Budapest. « Tous les
candidats ayant un niveau professionnel en
anglais ou en allemand sont très attractifs sur le
marché du travail. »
Bien que l’anglais reste la lingua franca mondiale
dans les affaires, les sociétés pourront tirer
grandement profit de l’embauche d’employés
parlant couramment d’autres langues, ainsi
que de l’intégration de cours de langues
dans les formations supérieures. Quant aux
demandeurs d’emploi, une approche anticipée
de l’apprentissage des langues sera un avantage
important.
3. Maintenant que le Brésil a dépassé le RoyaumeUni en devenant la sixième économie mondiale,
la maîtrise courante du portugais va devenir
de plus en plus utile, tandis que la capacité à
communiquer avec des clients et des collègues
sur le marché russe (en forte croissance) sera
un avantage. La Pologne a été le seul membre
de l’Union Européenne à éviter la récession,
et comme les liens commerciaux avec ce pays
deviennent plus précieux que jamais, 20% des
employés du Royaume-Uni estiment que des
compétences en polonais sont utiles. Quant
aux candidats parlant couramment le français,
l’allemand, l’espagnol, le mandarin ou le japonais,
ils restent très recherchés.
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CASE STUDY
INTEGRATION AISEE
LE CHINOIS MANDARIN EST une langue
notoirement difficile à maîtriser pour les
Européens. C’est donc un avantage de
commencer son apprentissage très tôt.
Un ami chinois de l’université a encouragé
Christopher Wright à se mettre au mandarin,
et depuis, il n’a cessé de s’améliorer. Il est
maintenant Directeur des ventes Chine pour
Sandvik, un fournisseur suédois de services,
d’outils et d’équipements miniers.
Quinze ans et cinq missions en Chine plus
tard, notamment pour l’Australian Air Force
et l’agence de promotion du commerce
Austrade, il pense être tout à fait en mesure
de tenir une conversation avec les locaux.
Christopher Wright est convaincu d’avoir
été engagé au moins autant pour ses
compétences en langue que pour son
expérience du management. Grâce à cela, il
peut diriger des affaires dans un mandarin
presque courant. Il s’agit d’une compétence
indispensable dans le secteur minier
extrêmement restreint qui, en sa qualité de
secteur stratégique, est étroitement surveillé
par le gouvernement chinois.
Extrait du Hays Journal N°6 - Octobre 2013
Des clients me disent souvent : « Nous
savons que vous lisez et parlez le chinois,
nous voulons donc traiter directement avec
vous », déclare-t-il. « De ce fait, en cas de
problème, ils peuvent m’en faire part et, si
cela entre dans mes compétences, je m’en
occupe personnellement. »
Être en mesure de se passer d’interprète
permet en réalité de doubler ce qu’il est
possible de dire lors de réunions ou de
dîners d’affaires, ajoute Christopher Wright,
mais l’avantage le plus important réside
dans la confiance : « En Chine, les affaires
se basent sur le relationnel. En n’étant pas
capable de dépasser le cadre professionnel
(barrière de la langue), il devient impossible
de construire une relation. »
Parler couramment une langue permet aussi
de maîtriser une négociation de A à Z : « Le
fait de traiter en direct avec une personne
(sans interprète) lui prouvera notre niveau
d’engagement et de respect. » déclare-t-il.