La coordination zonale des "crises" inondations en zone sud : deux exemples e...
La coordination zonale de la "crise" hydrocarbure d'octobre 2010, par Francis mené
1. La crise énergétique d’octobre 2010
Témoignage de la préfecture de zone sud
Francis Mené, chef d’état-major interministériel de la de défense et de sécurité sud
Préfecture de la
zone sud
2. Assisté du PDDS et de son
état-major
Rôle du préfet de zone en situation de crise
3. Stock stratégique
souterrain de
Manosque
MANOSQUE
1er
port de France et de Méditerranée
4ème
port européen
3ème
port mondial pétrochimie
Chiffre d’affaires : 172 millions € en 2009
1500 employés
Plus de 40 000 emplois directs et indirects
dans la région (17 000 emplois industriels,
23 000 dans les autres secteurs)
10. Cinquième phase :
début novembre retour à la normale
dimanche17octobre2010
lundi18octobre2010
mardi19octobre2010
mercredi20octobre2010
jeudi21octobre2010
vendredi22octobre2010
samedi23octobre2010
dimanche24octobre2010
lundi25octobre2010
mardi26octobre2010
mercredi27octobre2010
jeudi28octobre2010
vendredi29octobre2010
samedi30octobre2010
dimanche31octobre2010
lundi1novembre2010
mardi2novembre2010
mercredi3novembre2010
jeudi4novembre2010
A sec
Total
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Pourcentage de stations
Date
Evolution de la pénurie de carburant à la pompe en zone sud du 17 octobre au 4 novembre 2010
A sec
En difficulté
Total
Editor's Notes
J’exerce donc la fonction de chef de l’état-major interministériel de la zone de défense et de sécurité sud et à ce titre j’assiste le préfet de zone et son préfet délégué, dans la gestion des crises de toute nature. Dans ce cadre, j’ai été amené à coordonner l’action des préfectures de la zone, en interface avec l’administration centrale et en liaison avec les opérateurs pétroliers concernés, pendant toute la durée de la crise , entre le 27 septembre et le début du mois de novembre 2010. Je vais m’attacher dans ce qui suit à vous présenter la manière dont a été perçu cet évènement en zone sud, les modes d’action qui ont été les nôtres et les enseignements que nous en avons tiré.
Pour situer ceux qui connaitraient mal l’échelon zonal, voici sur cette carte, le découpage territorial des sept zones de défense et de sécurité en métropole. Le préfet de zone est chargé de la préparation et de la mise en œuvre des mesures de sécurité nationale , dans ce cadre il est le délégué de tous les ministres , il dirige l’action des préfets des départements et des régions, celle des chefs de services déconcentrés de l’Etat et par ailleurs coordonne les opérateurs de service public de la zone. Le préfet de zone dispose d'un état-major de zone sous la direction du préfet délégué, au sein duquel est armé un centre opérationnel de zone fonctionnant H24.
Afin de mieux comprendre l’évolution des évènements, cette diapositive extraite du plan ressource hydrocarbures de la zone, représente les infrastructures principales d’importation, de raffinage et de stockage de produits pétroliers, qui sont nombreuses en zone sud. Vous noterez bien sûr le grand port maritime de Marseille , mais également quatre des 11 raffineries nationales, situées autour de l’Etang de Berre. Si l’on y ajoute la raffinerie de Feyzin et de Reistett, alimentées depuis le grand port de Marseille par pipe, cela représente sauf erreur de ma part 50 % des produits bruts importés en France. Une situation plutôt privilégiée en zone sud avec 7 dépôts principaux , mais également une vulnérabilité importante , liée au climat social au grand port de Marseille , mais qui attire également d’autres corporations comme les agriculteurs, les marins pécheurs et autres transporteurs routiers.
Le point de départ en zone sud des mouvements a été la grève déclenchée le 27 septembre 2011, par les agents des terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer, sur le thème de la réforme portuaire. Il s’agissait de la problématique du transfert programmé des terminaux pétroliers vers une filiale « FLUXEL
Compte tenu de la faiblesse des stocks, c’est en Corse au bout d’une semaine que les premiers effets se sont fait sentir dès la semaine du 4 au 8 octobre, entrainant des mesures de réquisition de stations et de déblocage de stocks SAGESS. Dans le même temps un ravitaillement alternatif était organisé par les opérateurs pétroliers pour le 7 octobre, via la Sardaigne (Gazole), puis l’Espagne (SP95). A ce stade du mouvement, le mode d’action du préfet de zone a consisté à apporter un appui aux préfets de la Corse , mais également dès le 6 octobre ; à activer une cellule de suivi ; à mettre ses réseaux en vigilance par une première conférence téléphonique avec les préfectures et à communiquer au niveau zonal.
La deuxième phase significative, s’est étalée du 9 au 15 octobre et a consacré l’arrêt des raffineries (Sauf ESSO FOS). Au cours de cette période, la grève, s’est étendue aux dockers et agents portuaires des terminaux marchandises, ainsi qu’à la raffinerie Lyondell Basel. Les blocages des dépôts ont débuté et on a vu apparaitre la thématique « pénibilité » et « réforme des retraites » dans les revendications. Le jeudi 14 octobre, des instructions étaient données aux préfets de zone, lors d’une visio conférence avec le MEDDM, de ne pas prendre de mesures de rationnement .
Le week-end des 16 et 17 octobre a constitué un tournant dans l’évolution de la crise, par la coïncidence de la déclaration contestée de Dominique Bussereau sur l’absence de risque de pénurie et le constat sur le terrain d’une « sur consommation », de l’ordre de 500 % le WE des 16 et 17
Après ce Week-End déterminant, une troisième phase du 18 au 22 octobre a vu le mouvement initial entrer en synergie avec la réforme des retraites » , entrainant notamment le mouvement des étudiants et lycéens. Les préoccupations nationales se sont alors déplacées de la zone sud et de son grand port de Marseille, vers l’embrasement national redouté et notamment la manifestation du 19 octobre , qui a eu notamment pour effet de diminuer les ressources disponible en force de l’ordre pour le niveau zonal. En zone sud, outre le blocage des dépôts, d’autres enjeux ont été pris pour cible par les manifestants, comme l’aéroport de Marignane ou la plateforme alimentaire de la grande distribution de l’enseigne Leclerc au Luc. C’est à partir de ce changement de dimension de la crise, que le pilotage a été confié au ministère de l’intérieur , même si des interprétations divergentes avec le ministère de l’écologie ont rendu les choses un peu compliquées pour les préfectures de zone. Les préfectures de département sous pilotage zonal ont été mises à contribution dès le Week-end du 17/18 octobre, pour fournir quotidiennement l’état des stations services au COGIC. En zone sud , dès le lundi 18 octobre, on notait 17 % de stations en rupture d’au moins un produit. Du 9 au 22 octobre, pendant les deuxième et troisième phases de montée en puissance des mouvements sociaux, le mode d’action zonal a consisté notamment à : réaliser des points de situation ; assurer la coordination des informations entre l’échelon central, les préfectures et les opérateurs pétroliers ; définir les priorités de dégagement des dépôts ; faciliter les convois ferroviaires ; prendre des arrêtés de dérogation de circulations pour les transports de matières dangereuses jusque 44 tonnes etc.
A partir du samedi 23 octobre et jusqu’au week-end de la Toussaint, nous sommes entrés dans la phase pleine de « gestion de la pénurie », même si la fin de la grève a été déclarée le vendredi 29 octobre. La sensibilité de cette période s’est traduite le dimanche 24 octobre, par la présidence, par Jean-Louis Borloo lui même, de deux visioconférence avec les préfets de zone. Une cellule de coordination avec les pétroliers a été mise en place le lundi 25 octobre au COGIC et les préoccupations au niveau zonal se sont portées notamment sur un nouveau blocage du dépôt de FOS sur mer le lundi 25 octobre, mais également sur les conséquences de la déclaration du « cas de force majeure » pour les contrats GPL de SHELL/BUTAGAZ, le mardi 26 octobre. Enfin, les préoccupations nationales relatives au long week-end du 1er novembre , ont nécessité la mise au point d’un plan spécifique, dit « plan Toussaint », pour assurer le ravitaillement des stations d’autoroutes. Durant cette quatrième phase, l’action supplémentaire du préfet de zone, a consisté à faire l’inventaire des difficultés d’approvisionnement sur la zone sud et à définir les priorités de ravitaillement, communiquées aux correspondants zonaux des opérateurs pétroliers et à la cellule de coordination nationale du COGIC (à compter du 25/10).
C’est début novembre que la cinquième phase de retour à la normale s’est trouvée consolidé, même si l’amorce d’amélioration dans le nombre de stations en difficultés a été constatée en zone sud à partir du 28 octobre . Il faut cependant noter que la situation a été contrastée selon les régions , la Corse ayant été la plus touchée au début, puis PACA, sachant que le Languedoc Roussillon a été dans une situation plus favorable. Les enseignements Il nous est apparu au plan national, d’une part une sorte de leadership « partagé » entre deux ministères pour le pilotage de la crise, à partir du 12 octobre et en même temps une coordination efficace avec les pétroliers pour pallier l’arrêt des raffineries. Les options prises dès le début de la crise en matière d’absence de communication institutionnelle d’une part et le parti pris de ne pas contingenter la distribution à la pompe d’autre part ont fait débat avec les différentes préfectures de la zone. Au plan zonal, cet évènement à confirmé le rôle de point focal du préfet de zone en matière de mesures de coordination et d’arbitrage , rôle désormais reconnu par les interlocuteurs publics et privés. Les réponses aux sollicitations de la zone par les opérateurs pétroliers ont cependant été inégales selon les enseignes.