2. Le 4 octobre 2002, Sohane, 17 ans, meurt brûlée vive
dans un local à poubelle de la cité Balzac de Vitry-sur-
Seine. L’auteur du meurtre, un jeune garçon de 19 ans,
agit par « dépit amoureux ». Après plusieurs tentatives de
reconquêtes vaines, ce dernier, qui n’acceptait pas que
son ex petite amie lui résiste, l’immole après l’avoir
aspergé d’essence. Sohane meurt des suites de ses
brûlures… Spontanément, les habitants descendent dans
la rue pour dénoncer ce drame. La marche armée de la
banderole « Ni Putes Ni Soumises » prend alors
naissance.
http://www.npns.fr/
3. Rapport IGEN, juin 2004, page 12
A côté des fréquentations et des comportements, le
vêtement est souvent l’objet de prescriptions
rigoureuses : comme le maquillage, la jupe et la
robe sont interdites, le pantalon est sombre, ample,
style « jogging », la tunique doit descendre
suffisamment bas pour masquer toute rondeur.
Dans telle cité on nous dit que les filles doivent
rester le week-end en pyjama afin de ne pouvoir ne
serait-ce que sortir au pied de l’immeuble. Dans tel
lycée elles enfilent leur manteau avant d’aller au
tableau afin de n’éveiller aucune concupiscence.
4. Rapport IGEN, juin 2004, page 21
Dans beaucoup de collèges visités, le vêtement des filles,
ainsi que leurs « mœurs », sont l’objet d’un contrôle
général. Ainsi, dans certains établissements les jupes et
robes sont « interdites » depuis cinq à un an selon les
endroits, la tenue sombre et ample est imposée à toutes.
Il est fréquent que les jeunes frères et plus largement les
jeunes élèves garçons soient chargés de la surveillance
vestimentaire et morale des filles, les plus âgés se
chargeant de les punir, le plus souvent à l’extérieur de
l’établissement mais pas toujours ; ainsi nous a-t-on
signalé plusieurs cas de violences graves perpétrées dans
l’enceinte de collèges : gifles, coups de ceinture, «
tabassages ».
6. L’identité malheureuse
Finkielkraut, 2013
L’idée de La journée de la jupe est venue à Jean-
Paul Lilienfeld alors qu’il regardait les images des
émeutes urbaines de novembre 2005. Il a été
frappé alors par ce qu’il ne voyait pas. Aucune
femme sur ces images, mais des hommes jeunes
cagoulés et ultraviolents.
(page 74)
7. C’est lorsque, dans toujours plus
d’établissement, l’enseignement consiste non à
transmettre son savoir mais à savoir « tenir sa
classe » (comme il est dit officiellement) que le
vivre-ensemble entre dans la langue. La
fréquence des mots traduit le désarroi d’une
société qui voit la disparition de la chose.
(page 22)
L’identité malheureuse
Finkielkraut, 2013
8. Venons-en aux « revendicatrices », qui en appellent à deux de nos
libertés démocratiques : la liberté de se vêtir comme on le souhaite et
la liberté de conscience. Personne ne songe à les empêcher de mettre
les vêtements qu’elles veulent où elles veulent. Mais le visage n’est pas
le corps et il n’y a pas, dans la civilisation occidentale, de vêtement du
visage. Par ailleurs, la liberté qu’elles invoquent pour elles est
complètement bafouée dans les banlieues pour celles qui sont nos
sœurs, nos filles, et qui veulent vivre comme tout le monde. Vous le
savez fort bien, de trop nombreuses jeunes filles sont interdites, en
France, de robe et de jupe. Que fait-on pour elles ? Que fait-on pour
que soit respectée, pour ce qui les concerne, la liberté de se
vêtir comme elles l’entendent ? Ces jeunes filles sont déjà soumises à
de multiples pressions de la part de leur environnement familial et
social visant à ce qu’elles cachent leur corps sous des survêtements
informes, sous peine d’être traitées de « putes » et pour éviter des
agressions physiques.
Elisabeth Badinter
Assemblée Nationale, 2009
9. Elisabeth Badinter
Assemblée Nationale, 2009
Les femmes sont instrumentalisées pour être l’étendard
bien visible de l’offensive intégriste, des intégristes en
tous points hostiles aux principes démocratiques de
l’Occident et en particulier à l’égalité des sexes. Face à
cela, devons-vous détourner le regard, mettre un
mouchoir sur les principes chèrement acquis qui
fondent notre « vivre ensemble » ?
10. Enfin, si l’on ne fait rien, on abandonnera à leur sort toutes
celles qui ne rêvent que de vivre comme tout le monde mais
qui sont de plus en plus pressées de se soumettre au pouvoir
religieux ou, pire encore, aux traditions. Nous avons toujours
trop attendu pour lutter contre des pratiques traditionnelles
insupportables, telles la polygamie ou l’excision. Nous devons
rompre avec cette attitude relativiste, paresseuse et bien-
pensante selon laquelle toutes les traditions sont
respectables, alors qu’elles ne sont pas toutes respectables.
Comme Descartes, mon maître, je suis profondément
convaincue que nous devons nous plier aux us et coutumes du
pays dans lequel nous vivons. On peut certes les faire évoluer,
mais cela doit être collectivement et dans le respect du
triptyque républicain.
Elisabeth Badinter
Assemblée Nationale, 2009
12. DOSSIER : LA JOURNÉE DE LA JUPE
• Réception du film par Jean-Paul Lilienfeld
• Article de Philippe Mérieux sur le film
• Article de Geneviève Sellier sur le film
• « Plus étonnant, le film recueille aussi l’appui enthousiaste de Philippe
Meirieu, le représentant le plus connu de la « pédagogie active », alors
que le film semble prendre parti assez lourdement pour les partisans d’un
enseignement traditionnel des auteurs classiques »
• Finkielkraut s’exprime sur le film
• Fiche d’activités sur le film
• Fiche pédagogique ici
13. Textes et documents
• Rapport IGEN (Ministère de l’Éducation Nationale)
de juin 2004 sur les signes et manifestations
d’appartenance religieuse dans les établissements
scolaires : ici
• Assemblée nationale : Mission d’information sur la
pratique du port du voile intégral sur le territoire
national avec une intervention d’Élisabeth Badinter
(2009) : ici