1. Question de synthèse étayée par un travail préparatoire
Correction du professeur
Travail préparatoire
1. Donnez la signification précise des nombres entourés. (document 1) (2 points)
Entre 1993 et 2003, en Espagne, le "facteur Travail" (évolution du nombre d'actifs occupés et
de leur productivité) est responsable d'environ 40% de la croissance annuel moyenne du PIB - à savoir
: 1,1 point sur les 2,8% de croissance.
En France, durant la même période, l'accumulation de capital (actifs immobiliers des
entreprises, machines, outils etc) due à l'investissement a engendré 0,6 point des 1,9% de croissance
annuelle moyenne du PIB, soit presque un tiers.
Le PIB finlandais s'est, quant à lui, accru de 2,5% par an en moyenne, dont l'essentiel (2,3
points) n'est imputable ni au Travail, ni au Capital, mais à ce que l'approche comptable de la
croissance nomme "facteur résiduel", ou "productivité globale des facteurs".
2. À quoi correspond le facteur résiduel ? (document 1) (1 point)
Le "facteur résiduel" est une surprise statistique pour les économistes. A priori, selon les
hypothèses néoclassiques, toute augmentation de la production devrait provenir d'une augmentation
de la quantité et de l'efficacité respective des facteurs de production (travail et capital). Or, une fois
pris en compte l'évolution de l'emploi, de la productivité du travail et de l'investissement, entre un
sixième (Espagne) et 90% (Finlande) de la croissance reste inexpliquée. A la suite des travaux de
Robert Solow, Maddison ou Carré, Dubois et Malinvaud, les économistes ont attribué au "progrès
technique" ce résidu, parfois nommé "productivité globale des facteurs". Les théoriciens modernes de
la croissance endogène (Romer, Barro, Lucas) attribuent aux investissements en capital humain,
technologiques et publics un rôle de premier plan dans ce progrès technique.
3. Comparez la contribution à la croissance économique des trois facteurs pour le Royaume-Uni et
l’Espagne. (document 1) (2 points)
La croissance espagnole entre 1993 et 2003 s'appuie, à 85%, sur l'apport des facteurs de
production, l'augmentation des actifs occupés et de leur productivité ayant sensiblement le même
poids (1,1 point sur 2,7% de croissance annuelle moyenne) que l'investissement en capital fixe (1,2
point).
En revanche, la croissance britannique ne s'explique qu'à hauteur de 40% par la contribution
des facteurs de production, principalement le capital d'ailleurs ; la "productivité glonale des facteurs"
est donc responsable de 60% de la croissance annuelle moyenne du PIB.
On peut en conclure que l'Espagne a assis sa croissance sur un modèle traditionnel
(augmentation de la population active, via sa féminisation et l'immigration, programmes
d'investissement massifs dans de nombreux secteurs économiques...), tandis que le Royaume-Uni a
privilégié une croissance par les innovations, les investissements immatériels , les nouvelles
technologies.
4. Caractérisez les principales sources de la croissance chinoise. (document 2) (2 points)
Depuis vingt ans, la croissance chinoise est très forte (9,5% par an en moyenne). Les causes
structurelles de ce développement économique sont de deux ordres :
• depuis les réformes initiées par Deng Xiaoping à la fin des années 1970 - les "Quatre
Modernisations" instaurant le "socialisme de marché" -, la Chine a progressivement adopté le
2. système de production capitaliste et s'est largement ouverte aux échanges de biens, de
services, de capitaux et de technologies. Les "zones économiques spéciales" du Sud côtier
telles que Shenzhen ont montré la voie et fait du pays "l'atelier du monde", l'intégration de la
Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce couronnant, en 2001, ce processus d'ouverture.
• les entreprises et les pouvoirs publics chinois - souvent étroitement liés - ont produit un effort
d'investissement immense dans les "équipements productifs" (doc.3) des secteurs du jouet, du
textile, de l'électronique pour assoir la compétitivité et la capacité de production du pays ;
mais ils ont également massivement investi dans les infrastructures (transports, réseaux,
énergie...) et l'éducation à tous les niveaux, pour répondre à l'urbanisation rapide et aux
besoins de qualification de la main d'oeuvre.
5. En quoi l’évolution des dépenses de recherche et de développement en Chine peut-elle modifier les
conditions de sa croissance économique ? (document 2, document 3 + connaissances
personnelles) (3 points)
En 1998, la Chine ne consacrait que 0,6% de son PIB aux dépenses de Recherche-
Développement (R&D, investissements immatériels dédiés aux innovations de produits et de
procédés), soit respectivement six et cinq fois moins que le Japon et les Etats, champions des brevets.
Six ans plus tard, la part de la R&D dans le PIB chinois a plus que doublé et se rapproche du niveau
européen.
Cette évolution indique que la Chine ne veut plus se contenter d'être "l'atelier du monde" - et
principalement des Etats-Unis : elle compte désormais, à l'instar de la Corée du Sud ou de Taïwan,
"remonter les filières" pour monter en gamme vers des produits de haute technologie (automobile,
électronique, aérospatiale...). Pour cela, elle doit développer son capital technologique et innover, ce
qui passe par un investissement massif dans la R&D.
Question de synthèse
Après avoir présenté la contribution du travail et du capital à la croissance économique, vous
montrerez que ces deux facteurs ne suffisent pas à l’expliquer.
I - Travail et Capital contribuent à la croissance économique...
Prologue : on explique brièvement l'approche comptable de la croissance, selon laquelle, à long terme
et du point de vue de la production, tout accroissement du PIB provient d'un recours aux facteurs de
production. Exemple : Espagne (q3).
A) L'évolution de la population active et de la productivité du travail
Idée-force : on explique que la production, c'est avant tout du travail humain.
Arguments : pour produire plus, soit on travaille plus (durée hebdomadaire ou annuelle du travail,
allongement de la vie active), soit on est plus nombreux à travailler (allongement de la vie active,
féminisation, immigration, accroissement naturel...), soit on produit mieux (hausse de la productivité
du travail grâce à des innovations de procédés, organisationnelles ou tout autre dispositif). Si un pays
augmente principalement la quantité de travail utilisé, on parle de croissance extensive ; si le recours
au facteur travail s'appuie surtout sur des gains de productivité du travail, on parle de croissance
intensive.
Illustrations statistiques : la croissance espagnole entre 1993 et 2003 s'appuie à hauteur de 40% sur
le facteur travail (doc. 1, q3) ; à l'inverse, le Travail a contribué négativement à la croissance en
France, ce qui signifie que le nombre d'heures travaillées a dû beaucoup baisser (RTT, chômage).
Transition : la "combinaison productive" associe deux facteurs : Travail et... Capital.
3. B) L'accumulation de capital, à travers l'investissement
Idée-force : pour produire plus et mieux, il faut également des actifs immobiliers, des machines, des
outils, des véhicules... bref, du capital fixe.
Arguments : l'investissement en capital fixe (FBCF) permet de renouveler et/ou d'augmenter le stock
de capital productif. Les entreprises peuvent ainsi produire davantage (investissement de capacité, par
exemple l'extension de la surface d'exploitation logistique de la SCA Normande à Lisieux), ou produire
mieux et plus vite (investissement de productivité, par exemple l'installation d'une nouvelle ligne de
production dans une industrie, ou d'une stabulation dans un élevage laitier).
Illustrations statistiques : lplus de la moitié de la croissance danoise (1,1 point sur 2,1% de croissance
annuelle moyenne) est imputable à l'investissement en capital fixe (doc.1) ; à l'inverse, cette part est
faible en Finlande (doc.1).
Transition vers le II : mais en Finlande, la part du résidu est très importante (q1). D'autres causes
structurelles à la croissance sont en jeu.
II - .... mais une large part de la croissance reste à expliquer
Prologue : l'approche comptable de la croissance a des limites, notamment dues à la montée des
investissements immatériels - non pris en compte dans la FBCF.
A) Le rôle crucial du progrès technique
Idée-force : le "facteur résiduel" mesure, en fait, les effets du progrès technique, entendu comme
l'ensemble des innovations permettant d'améliorer la productivité, la compétitivité et les conditions de
vie.
Arguments/faits/illustrations : le développement économique chinois, indien, taïwanais ou sud-coréen
indique que le moteur à long terme de la croissance n'est pas seulement l'augmentation des facteurs
de production, mais plutôt l'accumulation de capital humain et technologique. A ce titre, les
investissements immatériels dans la R&D et l'enseignement supérieur sont cruciaux pour la capacité
d'innovation et d'adaptation du pays au marché mondial (q5). Prolongeant les travaux de Robert
Solow, les théoriciens de la croissance endogène ont intégré ce facteur à leurs modèles (q2) et
justifient la croissance par le progrès technique.
Transition : toute politique d'investissement et d'innovation s'inscrit aujourd'hui dans un
environnement économique mondialisé.
B) Ouverture et intégration à l'économie mondiale
Idée-force : à long terme, dans un environnement mondialisé, la croissance économique s'appuie sur
une ouverture économique maîtrisée, qui accompagne les politiques de compétitivité et d'innovation.
Arguments/faits/illustrations : encore une fois, le cas chinois est exemplaire. Pour bénéficier
pleinement des fruits de ses investissements, la Chine a progressivement intégré l'économie mondiale
("zones économiques spéciales" ouvertes aux investisseurs étrangers et tournées vers les
exportations, puis adhésion à l'OMC en 2001, q5), pour trouver des débouchés à ses exportations,
accélérer les transferts de technologie, former ses ingénieurs et managers à l'étranger (avant de
disposer d'universités aujourd'hui très performantes). L'Inde assoit également sa croissance sur des
villes (Bangalore, par exemple) et des secteurs (informatique, laboratoires pharmaceutiques etc)
innovants et orientés vers les échanges extérieurs (biens et services, investissements, technologie).
4. Question de synthèse étayée par un travail préparatoire
Consignes : rédigez une réponse complète au travail préparatoire, puis rendez un plan
détaillé de la synthèse (non rédigée !).
Le barème du TP offre 10 points en tout (comme dans tout sujet de bac), mais sera ramené
sur 15 points (donc, 5 points pour le plan détaillé de la synthèse).
Travail préparatoire
Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.
1. Donnez la signification précise des nombres entourés. (document 1) (2 points)
2. À quoi correspond le facteur résiduel ? (document 1) (1 point)
3. Comparez la contribution à la croissance économique des trois facteurs pour le Royaume-
Uni et l’Espagne. (document 1) (2 points)
4. Caractérisez les principales sources de la croissance chinoise. (document 2) (2 points)
5. En quoi l’évolution des dépenses de recherche et de développement en Chine peut-elle
modifier les conditions de sa croissance économique ? (document 2, document 3 +
connaissances personnelles) (3 points)
Question de synthèse
Après avoir présenté la contribution du travail et du capital à la croissance
économique, vous montrerez que ces deux facteurs ne suffisent pas à l’expliquer.
DOCUMENT 1
Comparaison internationale des contributions des facteurs de production à la
croissance économique 1993-2003 1
Taux de Contribution à la croissance en points de %
croissance
PAYS Facteur Facteur Facteur
annuel moyen
du PIB en % Travail Capital Résiduel
Danemark 2,1 0,4 1,1 0,7
Espagne 2,8 1,1 1,2 0,5
Etats-Unis 3,1 0,9 0,9 1,3
Finlande 2,5 0,0 0,2 2,3
France 1,9 - 0,1 0,6 1,4
Italie 1,4 0,0 0,8 0,6
Japon 0,9 - 0,7 1,0 0,7
Pays-Bas 2,3 0,9 0,7 0,7
Royaume-Uni 2,7 0,1 0,9 1,7
Suède 2,0 - 0,2 0,8 1,4
Note : Les résultats sont arrondis. Il se peut donc que les montants totaux s’écartent légèrement de la
somme des différentes valeurs qui les composent.
Source : d’après Office Fédérale de la Statistique Suisse, Actualités OFS, octobre 2006
(1) 1991-2002 pour le Japon
5. DOCUMENT 2
La mutation économique de la Chine a été extrêmement rapide depuis le lancement
des premières réformes il y a à peine plus de 25 ans. Au cours des deux dernières
décennies, la croissance économique s’est établie en moyenne à 9,5% et devrait continuer
sur sa lancée pour quelques temps encore. […] Cette extraordinaire performance est à
mettre à l’actif des réformes économiques mises en œuvre par les autorités, qui ouvrent
progressivement l’économie aux mécanismes du marché. […] Ces réformes ont amélioré les
conditions propres à la mobilisation des ressources générées par un taux d’épargne parmi
les plus élevés du monde […]. Par ailleurs, l’investissement a contribué à relever le niveau
d’équipement par travailleur dans le secteur des entreprises, ce qui a porté l’accroissement
annuel de la productivité du travail à 8,5% en 2003. L’investissement a également été un
vecteur d’urbanisation de la société, phénomène qui est allé de pair avec un afflux de
travailleurs ruraux vers les secteurs manufacturiers et de services. Etant donné la faible
productivité des travailleurs du secteur agricole, ce phénomène a considérablement dopé la
croissance. Concomitamment à cet accroissement des actifs physiques, les autorités se sont
appliquées à améliorer le niveau de qualification des jeunes.
Source : OCDE, « Etude économique de la Chine, 2005 », Synthèses, septembre 2005
DOCUMENT 3
Dépenses de recherche et de développement (R&D en % du PIB)
3,5
3
2,5 Japon
2 Etats-Unis
1,5 UE-25
1 Chine
0,5
0
96
98
02
04
94
00
19
19
19
20
20
20
Source : d’après Eurostat/Statistiques de la R&D, OCDE, MSTI 2006/1
septembre 1998