1. Issa NDIAYE, Formateur en Travail social, spécialisé en FRPH
Tél : 77 558 28 23 Mail : iissaa.ndiaye@gmail.com Page 1
REPUBLIQUE DU SENEGAL
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Ministère de la Santé et de l’Action sociale
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ECOLE NATIONALE DES TRAVAILLEURS
SOCIAUX SPECIALISES (ENTSS)
Communication de l’ENTSS
Monsieur le représentant du Maire de Dakar,
Monsieur le président du CHIFE,
Monsieur le chef du centre socioculturel de Hann Bel Air,
Mesdames, messieurs les séminaristes
Permettez-moi avant de faire l’économie de la communication de l’ENTSS,
d’exprimer toute la gratitude et la reconnaissance du Directeur de l’ENTSS, M.
Abdoulaye Thiam à l’égard du CHIFE.
A propos du thème retenu pour ce séminaire : « accessibilité et utilisation des
édifices socioculturels de la Ville de Dakar par des personnes en situation de
handicap », il pose en somme le problème de la participation sociale des personnes
handicapées dans le cadre de la décentralisation et dans le contexte de l’Action sociale.
Vous n’êtes pas sans savoir que l’Action sociale est l’entreprise d’une action collective
pour diminuer ou résoudre un problème social si l’on se réfère à Kotler (Muller,
2000).Par conséquent, la décentralisation, composante majeure des réformes de l’Etat et
contexte normalement favorable aux actions collectives organisées, doit avoir la vertu
d’accroître la participation des populations sans distinction dans le développement.
Dès lors, dérouler une politique d’Action sociale sans égaliser les chances pour
tous d’être impliqués peut relever d’un mirage pour emprunter le mot à Johan PRIOU
(2006).
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Pour l’honnêteté scientifique, je vous fais savoir que mes propos sont inspirés par
une étude faite à l’ENTSS et qui a fait l’objet d’une soutenance avec succès en juillet
2011. La DASS (actuellement Direction de l’Action sanitaire et des services aux
personnes) de la mairie de Dakar par son Directeur et la Division du Développement
Social (DDS) y ont contribué en permettant la cueillette des données.
Au regard de l’état des lieux concernant la participation sociale des personnes
handicapées, nous remarquons l’existence de programmes de prise en charge des
personnes handicapées et un arsenal juridique qui s’enrichit (exemples : la Loi
d’orientation sociale 2010-15 du 6juillet 2010 relative à la promotion et à la protection
des droits des personnes handicapées, les décrets d’application adoptés par le
gouvernement en 2012 et la Convention internationale relative aux droits des personnes
handicapées, ratifiée en 20 janvier 2010 par le Sénégal), nous avons éprouvé le besoin
de savoir au niveau local: est-ce que les stratégies d’Action sociale développées par la
Collectivité locale de Dakar ville, permettent la participation sociale des personnes
handicapées ?
Cela pose d’une autre manière le thème de votre séminaire. Pour l’occasion, le
CHIFE en collaboration avec la Mairie de Dakar peut solliciter l’ENTSS pour la restitution
des résultats de cette étude. Nous sommes à votre disposition pour cela.
Mesdames, messieurs les séminaristes,
Les objectifs de l’étude étaient :
OG : Etudier si les stratégies d’action sociale développées par la Commune de Dakar,
permettent la participation sociale des personnes handicapées.
OS1 : Décrire le profil socio-économique des personnes handicapées membres des OPH
cibles de la Mairie de Dakar.
OS2 : Analyser le degré de participation sociale des personnes handicapées en rapport
avec les stratégies d’action sociale développées par la Commune en leur faveur.
Au regard de l’hypothèse posée à savoir : les stratégies d’action sociale
développées par la DASS de la Collectivité locale de Dakar ville, limitent la
participation sociale des personnes handicapées ; les résultats révèlent effectivement
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une restriction de cette participation malgré les efforts fournis par les techniciens de la
Division du développement social. Il est clair que L’arrière plan qui sous tend les
stratégies développées par la Mairie sont en cause car adossées à un axiome assistanciel
qui a survécu. Or ce paradigme ne favorise pas l’autonomie et donc subsidiairement la
participation sociale des PH ; car, autonomiser une personne serait utopique sans sa
participation, sa collaboration active ; cela demande un axiome qui le permet. Toutefois
des efforts sont notés à la DDS à travers par exemple le crédit « revolving » du PAFSEP.
Bref, l’approfondissement de la décentralisation en 1996 n’a pas empêché la
focalisation des actes institutionnels dans un système hérité de la colonisation qui ne
gérait que l’exclusion sociale. C’est à ce titre que J.PRIOU souligne d’ailleurs les limites des
politiques d’aide sociale fondées sur l’assistance. Par conséquent, se pose alors la question
de l’utilité d’un diagnostic comme cela a été le cas lors des Assises de l’action sociale en
2008. Il est donc nécessaire pour donner des recommandations, de s’appuyer sur une
étude scientifique à dérouler par CHIFE.
Nous ne manquerons pas toutefois de vous livrer quelques suggestions et
recommandations émises lors de la soutenance de ce travail.
Pour synthétiser, nous dirons que l’étude de la participation sociale des PH dans un
contexte de décentralisation a été un prétexte pour poser un diagnostic. Comme résultat
de fond, c’est le paradigme assistanciel qui limite en définitive la participation sociale
des personnes handicapées et aussi l’approche programme. Dès lors, il revient aux
personnes handicapées et aux OPH de se positionner et se battre au sein des cercles de
pouvoir pour impulser une révolution copernicienne afin de placer en position haute le
paradigme de la participation sociale.
Mesdames, messieurs les séminaristes,
Cet exercice de recherche, nous a poussés à tenter de proposer des solutions. En
somme l’étude de la participation sociale des personnes handicapées dans le cadre de la
Collectivité locale de Dakar ville pose aussi le problème de centration du handicap sur la
personne dite déficiente. Sans être nihiliste, la déficience est à chercher du côté de la
société, de son organisation, de ses institutions, du cadre environnemental qui empêche
l’égalité des chances et la participation de tous au développement car si, tous les droits
s’appliquent à tous, l’inclusion des personnes handicapées coulerait de source. Il va
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falloir donc pour les centres socioculturels, une approche très inclusive de l’accessibilité,
de la définition des services à offrir et de l’utilisation des services.
Voilà succinctement quelques constats auxquels nous avons abouti. Nous
terminons cet exposé avec d’abord ces mots de Péguy « Nul n’a le droit d’être laissé à la
porte de la cité ». Permettez-nous pour finir de vous lire quelques suggestions et
recommandations tirées de l’étude et utiles pour ce séminaire :
Pour la Mairie de Dakar et ses services techniques :
s’informer et se former sur le handicap et les spécificités de chaque
type de handicap ;
renforcer le service de l’Action sociale avec des moyens
conséquents, une politique adaptée à un axiome d’autonomisation
des populations, en particulier les personnes handicapées ;
accroître la responsabilité de tous les acteurs de l’Action sociale
(personnel technique de la Mairie, partenaires techniques,
partenaires clients) ;
faire ou faire faire le diagnostic communicationnel de la Mairie, de
la DASS et du Service du Développement Social chargé de l’Action
sociale et de ses démembrements (centres socioculturels,…);
laisser plus d’initiatives techniques au personnel technique de la
DASS ;
définir les services à offrir avec les cibles concernées en s’appuyant
sur leurs projets de vie, leurs potentialités, et les possibilités
institutionnelles.
Au plan de l’accessibilité :
installer des rampes ;
réparer l’ascenseur ;
installer des barrières guides ;
installer des points sonores d’information pour sourds et aveugles.
implication et coopération sociale avec les PH pour tout ce qui les
concerne ;
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faire une discrimination positive pour la réalisation des projets de
vie des PH et de leurs OPH ;
inclusion scolaire de tous les enfants handicapés ;
pour les cas de handicap très lourd, intégration dans une école
spéciale.
disposer d’institutions d’éducation et de formation communales
pour adultes et enfants ;
disposer d’une approche communicationnelle adéquate pour les
cibles en situation de handicap.
Au plan des appuis en auxiliaires d’assistance :
pour les Sourds : vulgariser la langue des signes.
pour les Aveugles : dotation en cannes blanches, ordinateurs avec
logiciel JAWS, cubarithmes, tablettes, poinçons, livres en braille,
imprimantes en braille, feuilles d’écriture de braille.
pour les Albinos, des crèmes solaires, assistance médicale en
ophtalmologie et dans les traitements de cancer de la peau.
pour les Moteurs, des chaises roulantes, des béquilles, des
prothèses.
Sur d’autres plans : assistance et couverture médicale accessibles,
cartes de transport, …
L’étude de la participation sociale des personnes handicapées, dans le cadre de
la Commune de Dakar à travers les stratégies développées en matière d’action sociale
par son service technique concerné (DASS), nous révèle une restriction de cette
participation.
Ce qui est en cause c’est moins les stratégies développées que l’arrière plan de la
politique d’action sociale fondée sur un axiome ou paradigme assistanciel dont peine à
se démarquer le Sénégal indépendant.
Somme toute, il est temps de souligner que l’intervention sociale ne peut plus se
satisfaire d’une démarche ré adaptative et d’aide simple visant la survie et le retour à la
« norme », mais se doit de « permettre aux personnes atteintes d’une déficience d’être à
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même d’être ces coopérateurs » qui œuvrent à la cohésion de la société et à son
développement par une participation effective.
Monsieur le représentant du Maire de Dakar,
Monsieur le président du CHIFE,
Monsieur le chef du centre socioculturel de Hann Bel Air,
Mesdames, messieurs les séminaristes,
Voilà brièvement la modeste contribution de l’ENTSS au nom de son Directeur qui vous
renouvelle toute sa disponibilité et celle de l’Institution qu’il dirige, à accompagner les
personnes handicapées.
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ANNEXES A CONSULTER
Pour le thème :
Se référer à la Convention internationale relative aux droits des personnes
handicapées (ratifiée par le Sénégal le 20 janvier 2010) qui ne crée pas de
nouveaux droits mais positionne les PH comme des sujets de droit.
S’approprier aussi la loi d’orientation sociale relative à la promotion et à la
protection des droits des personnes handicapées (2010-15 du 6 juillet 2010) et
ses décrets d’application adoptés.