Travail rédigé dans le cadre d'un de mes cours à l'Université de Montréal. C'est un article informatif sur le hip-hop et les jeunes issus de familles immigrées au Québec.
Article informatif sur le hip-hop et les jeunes néo-Québécois
1. Culture hip-hop et jeunes au Québec
Le hip-hop forme la jeunesse d’ailleurs
Les jeunes provenant d’autres cultures ou ethnies utilisent le hip-hop comme outil
d’intégration à la société québécoise. Aperçu de cette culture urbaine par rapport
aux jeunes immigrants et le Québec.
« Les plus touchés par la culture hip-hop, ce sont ceux qui vivent dans les ghettos
où la réalité est difficile »1, dénonce Ricky Rich$, un producteur de musique hip-hop
montréalais d’origine haïtienne. Ces propos démontrent une certaine marginalisation de
la culture hip-hop et de ses adeptes. Toutefois, est-ce qu’elle offre un espace
d’intégration dans la société québécoise pour les jeunes aux origines provenant de
minorités ethniques et culturelles? Afin de répondre à cette question, nous traiterons de
deux aspects, soit le langage multilingue utilisé dans le rap ainsi que l’appropriation de
cette culture, enfant de milieux urbains, par ces jeunes dans le but d’y développer une
identité qui leur est propre.
Un rap au langage multilingue
L’émergence du rap au Québec depuis les années 80 a donné naissance à un milieu
hip-hop spécifiquement québécois. Ce milieu a favorisé l’utilisation d’un langage
multilingue comprenant plusieurs influences linguistiques. Un de ces facteurs expliquant
1
Karine Tessier. Influence de la culture hip-hop québécoise sur les adolescents montréalais d’origine
haïtienne. Montréal, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, Faculté des Lettres, Langues
et Communication, Département de communication, 2008, p. 56
2. l’originalité de ce langage tient à l’apport de l’immigration africaine et haïtienne. Ses
jeunes (nés ici ou non) apportent des nouveaux mots au français québécois. En ce sens,
Mela Sarkar, chercheuse et professeure en linguistique à l’Université McGill, affirme
qu’ « il est nécessaire de comprendre les nombreux emprunts aux créoles haïtien et
jamaïcain qui sont couramment utilisés par les jeunes de [la] génération québécoise
francophone [actuelle] »2. En plus d’illustrer leurs origines culturelles, le langage
employé par les adeptes de la musique hip-hop témoigne de la situation unique du
Québec au sein du continent nord-américain et dans l’ensemble de la francophonie. De
fait, la Belle Province se situe à la croisée d’influences culturelles très fortes provenant
des États-Unis et de la France pour ce qui est de la composition de son rap 3. En somme,
la provenance culturelle des jeunes adeptes du hip-hop ainsi que la situation
géographique et culturelle du Québec traduisent l’originalité langagière du rap
québécois. Voyons maintenant ce qu’il en est des jeunes et de la définition de leur
propre identité culturelle, au sein de la société québécoise, à travers la musique hip-hop.
Revendiquer son identité ethnique et québécoise avec le hip-hop
Dans le but de s’intégrer à la société québécoise, des jeunes issus de minorités
ethniques utilisent le hip-hop en tant qu’outil de revendication de leur identité à mi-
chemin entre leurs origines culturelles et leur terre d’appartenance actuelle. À Montréal,
dans des quartiers à forte concentration multiethnique comme Parc-Extension, Saint-
Michel ou Côte-des-Neiges, ces jeunes se réunissent dans le cadre de programmes hip-
2
Mela Sarkar. « "Ousqu’on chill à soir?" Pratiques multilingues comme stratégies identitaires dans la
communauté hip-hop montréalaise », Diversité urbaine : Plurilinguisme et identités au Canada,
Montréal, n° hors-série (automne 2008), p. 35
3
Ibid., p. 31
3. hop ayant été mis en place dans des centres communautaires et des centres jeunesse.
« Ces ateliers, workshops ou drop-in articulés autour de la culture hip-hop ont pour
principal objectif de permettre aux jeunes [Québécois d’origines ethniques différentes]
en situation [potentielle] de marginalisation de s’exprimer, de prendre conscience de leur
identité »4, soulignent Alexandrine Boudreault-Fournier, Gabriella Djerrahian et Marie-
Nathalie LeBlanc, chercheuses en sociologie et en anthropologie. Par conséquent, en
s’appropriant leur identité culturelle, ces jeunes sont davantage enclins à le montrer, et
ce, tout en revendiquant leur appartenance au hip-hop et en affichant leur sentiment
d’appartenance au peuple québécois. Myriam Laabidi, sociologue et professeure de
sociologie au Cégep de Saint-Laurent, affirme : « Certains jeunes utilisent le hip-hop
[…] pour s’affirmer comme Néo-Québécois au sein de la société québécoise » 5. En bref,
le rap permet aux jeunes de s’identifier à la fois par rapport à leur communauté ethnique
d’origine et par rapport à la société québécoise.
Finalement, grâce à la spécificité multilinguistique du rap ainsi qu’à l’utilisation
du hip-hop dans l’affirmation l’identité de ses jeunes adeptes comme Québécois n’étant
pas « de souche », la culture hip-hop offre un espace d’intégration à la société
québécoise pour les jeunes provenant de minorités culturelles à prédominance haïtienne
et africaine. Toutefois, le prochain défi de ces jeunes est de s’affranchir d’une image
négative du hip-hop dépeinte dans les médias de masse (le gangsta rap, les gangs de rue,
etc.). Peuvent-ils faire en sorte que le rap de la Belle Province puisse se hisser au-dessus
4
Alexandrine Boudreault-Fournier, Gabriella Djerrahian et Marie-Nathalie LeBlanc. « Les jeunes et la
marginalisation à Montréal : la culture hip-hop francophone et les enjeux de l’intégration », Diversité
urbaine, Montréal, vol. 7, n° 1 (été 2007), p. 13
5
Myriam Laabidi. « Culture hip-hop québécoise et francophone », dans Patrick Roy et Serge Lacasse
(dir.), Groove : Enquêtes sur les phénomènes musicaux contemporains. Québec, Presses de l’Université
Laval, 2006, p. 174
4. de la marginalité et faire en sorte que ses artisans puissent bénéficier d’une
reconnaissance populaire?
818 mots
Bibliographie
5. BOUDREAULT-FOURNIER, Alexandrine, Gabriella DJERRAHIAN et Marie-Nathalie
LeBLANC. « Les jeunes et la marginalisation à Montréal : la culture hip-hop
francophone et les enjeux de l’intégration », Diversité urbaine, Montréal, vol. 7, n° 1
(été 2007), p. 9-29
LAABIDI, Myriam. « Culture hip-hop québécoise et francophone », dans Patrick Roy et
Serge Lacasse (dir.), Groove : Enquêtes sur les phénomènes musicaux contemporains.
Québec, Presses de l’Université Laval, 2006, p. 167-178
SARKAR, Mela. « "Ousqu’on chill à soir?" Pratiques multilingues comme stratégies
identitaires dans la communauté hip-hop montréalaise », Diversité urbaine :
Plurilinguisme et identités au Canada, Montréal, n° hors-série (automne 2008), p. 27-44
TESSIER, Karine. Influence de la culture hip-hop québécoise sur les adolescents
montréalais d’origine haïtienne. Montréal, mémoire de maîtrise, Université du Québec à
Montréal, Faculté des Lettres, Langues et Communication, Département de
communication, 2008, 108 p.
6. BOUDREAULT-FOURNIER, Alexandrine, Gabriella DJERRAHIAN et Marie-Nathalie
LeBLANC. « Les jeunes et la marginalisation à Montréal : la culture hip-hop
francophone et les enjeux de l’intégration », Diversité urbaine, Montréal, vol. 7, n° 1
(été 2007), p. 9-29
LAABIDI, Myriam. « Culture hip-hop québécoise et francophone », dans Patrick Roy et
Serge Lacasse (dir.), Groove : Enquêtes sur les phénomènes musicaux contemporains.
Québec, Presses de l’Université Laval, 2006, p. 167-178
SARKAR, Mela. « "Ousqu’on chill à soir?" Pratiques multilingues comme stratégies
identitaires dans la communauté hip-hop montréalaise », Diversité urbaine :
Plurilinguisme et identités au Canada, Montréal, n° hors-série (automne 2008), p. 27-44
TESSIER, Karine. Influence de la culture hip-hop québécoise sur les adolescents
montréalais d’origine haïtienne. Montréal, mémoire de maîtrise, Université du Québec à
Montréal, Faculté des Lettres, Langues et Communication, Département de
communication, 2008, 108 p.