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Solvency II : l’occasion de normaliser les reporting entre Sociétés de Gestion et Institutionnels
1. Par Alban Jarry
Article pour Le Cercle Les Echos
22/02/2013
Solvency II : l’occasion de normaliser les reporting entre
Sociétés de Gestion et Institutionnels
Finance / Réglementation
Solvency II est un projet européen visant à améliorer la surveillance
des assureurs par les régulateurs nationaux. Les directives
Solvabilité II et Omnibus 2 sont en cours de standardisation par la
Commission Européenne et EIOPA et doivent entrer en vigueur d'ici
à 2017. De nombreux acteurs européens réfléchissent sur la
transcription de ces directives et leur application pratique.
Les Asset Managers, et plus particulièrement leurs services reporting,
mesure de performance et relations clientèle, doivent répondre et
s’adapter aux demandes de leurs principaux clients. Ces derniers
sont de plus en plus exigeants quant aux documents qu’ils
souhaitent recevoir périodiquement (reporting, inventaires…).
Certaines de ces demandes sont automatisables rapidement tandis
que d’autres demandent une adaptation de la production ou du sur-mesure. La flexibilité des
solutions, utilisées pour produire, permet de répondre à ces sollicitations et intègre une
démarche de qualité dans la présentation des analyses et de la mesure de la performance des
fonds ou des mandats.
Les directeurs des services de la mesure de performance dans les sociétés de gestion se
réunissent régulièrement pour évoquer ces sujets de place et la réglementation. Le Club
Ampere (1) (Asset Management Performance et REporting), créé en 2007, est l’un des groupes
pivots de ces rencontres et complémentaires du groupe Solvency II de l’AFG (Association
française de Gestion) (2).
Les problématiques abordées par ces managers touchent tant la production de méthodologies
de calcul de performance (avec l’assistance d’experts), que les analyses des principaux
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moteurs de calculs de la contribution et d’attribution de performance, que la normalisation des
méthodes ou des publications réglementaires.
Historiquement, nous essayons systématiquement de parvenir à un consensus pour
homogénéiser les échanges et la communication à destination des clients de l’Asset
Management. La volonté commune est d’optimiser les traitements liés à la production (et ainsi
réduire les coûts et les délais) afin de garantir une surveillance des risques opérationnels. Jusqu’à
l’année dernière, il avait souvent été compliqué de réunir les différents acteurs (Asset Managers
et représentants des clients) dans une démarche commune pour réfléchir sur des solutions
standardisées.
Dans le cadre des discussions pour la mise en œuvre des échanges liées aux précédentes
règlementations (en particulier pour Bale II), ce processus n'avait malheureusement pu être mis
en place. À défaut, les services de reporting clientèle et de mesure de performance des
sociétés de gestion se sont adaptés aux différentes interprétations de Bale 2 et produisent des
formats de reporting disparates pour répondre aux demandes des clients bancaires de l'Asset
Management.
Cette expérience est surnommée, dans la profession, le "syndrome Bale 2". Elle a accentué la
volonté commune d’éviter, à l’avenir, une absence de standardisation dans l’interprétation des
nouvelles réglementations. Ainsi les services reporting et leur support informatique pourront
arriver à optimiser la mise en place et le suivi de la production de ce type de reporting.
Parmi toutes les réglementations présentées ces dernières années, par les régulateurs, Solvency
II est certainement la plus complexe en termes calculatoires et en besoin de données
financières. Solvency II touche à la fois les Assureurs-Mutualistes, qui sont directement concernés
par son application, et les principaux acteurs de leur gestion de fonds et mandats. Dans le
cadre de la gestion de type assurantielle, les reporting produits devront présenter une
information adaptée et détaillant les particularités de cette gestion sous contrainte.
Concernant les données financières, une étude EFAMA-KPMG (3) a mesuré et comparé les
difficultés pour collecter les données requises à la mise en place des principales réglementations
actuelles : EMIR, FATCA, MIFID, UCIT, AIFM AIFMD et SOLVENCY. Solvency II y apparait comme
étant la réglementation qui regroupe les plus importantes difficultés. Sur une échelle de 4
niveaux allant de "no impact" à "High impact", pour l’ensemble des champs étudiés (instruments,
émetteurs, ratings, type d’instruments, transparisation, pricing, historiques de données), Solvency
II est essentiellement classée dans les catégories "High Impact".
Travailler sur Solvency II est une importante contrainte, mais c’est également une formidable
opportunité d’optimisation globale de l’industrie du reporting en Asset Management et de
structuration des échanges avec les clients. Le métier de reporting devait donc s’adapter et
montrer sa capacité à standardiser une nouvelle réglementation.
Solvency II permettra ensuite d’appréhender plus facilement les autres réglementations,
l’ensemble des travaux étant réutilisable et donnant une base solide.
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Début 2012, le Club Ampere a entamé sa réflexion sur l’interprétation de la réglementation
Solvency II. Les représentants de ses 14 sociétés de gestion membres souhaitaient ainsi trouver
une solution pour normaliser les échanges avec les institutionnels. Suite à des discussions avec
des assureurs et mutualistes, qui avaient également la volonté de travailler sur une normalisation,
9 d’entre eux ont accepté de créer un groupe de travail commun. L’objectif de ces
institutionnels était de faciliter l'intégration et l'homogénéité des données dans leurs systèmes
d'informations.
Pour la première fois, dans le domaine du reporting et de la mesure de performance des fonds
et mandats, des Asset Managers et des clients ont travaillé main dans la main sur une
normalisation de l'interprétation de normes (en particulier sur les publications d'EIOPA [4]).
Ce groupe de travail Solvency II se réunit, depuis, une fois par mois. Il réfléchit et normalise des
matrices de données nécessaires aux calculs des SCR et QRT (5). Dans ces discussions,
rapidement, quelques règles encadrèrent les réflexions : les champs présentés dans les matrices
devraient être optimisés et non redondants, les données standardisées et dans la mesure du
possible libres de droits, les traitements simplifiés et, par des tests, la pertinence des choix serait
démontrée (par exemple sur la transparisation). En complément, la réflexion fut complétée par
des optimisations des flux et la définition d’agrégats simplificateurs… (6)
En parallèle de ces réflexions, un travail de coordination sur la place a été réalisé. Des réflexions
communes et complémentaires ont été traitées dans le cadre du groupe Solvency II de l’AFG
(Association Française de Gestion) organisé par Frédéric Bompaire. Dans le cadre de cette
thématique, des représentants de l’AFG ont rencontré des représentants de l’ACP (Autorité de
Contrôle Prudentiel). D’autres groupes de place traitent également du sujet (AF2i, AFTI, Cossiom,
Fundsxml) (7).
Les travaux du Club Ampere ont donné lieu à différentes publications. En juin 2012, une première
version de la matrice de référence a été rendue publique avec une analyse sur les titres. En
février 2013, une deuxième publication intègre les dérivés. Cette nouvelle version de la matrice
est
complétée
par
la
détermination
d'agrégats.
Les différentes parutions seront susceptibles d'évoluer marginalement dans l’avenir en fonction
des éventuels compléments de la réglementation, des retours d'expériences ou de l’impact
d’autres réglementations comme, par exemple, EMIR (8).
Afin de valider le périmètre de la matrice normalisatrice, des rencontres avec les 8 principaux
Market Data Vendors mondiaux ont été organisées (Bloomberg, Factset, Interactive Data,
Moody’s, Morningstar, Six Telekurs, S&P Capital IQ , Thomson Reuters). Une analyse complète de
leur positionnement sur le sujet a été publiée en février 2013 (9) en complément des travaux du
groupe d’Ampere.
Sur les données financières, dans le cadre des travaux, il a été déterminé que 4 nouvelles
caractéristiques (codes CIC, LEI, NACE et CQS) devaient enrichir les offres traditionnelles afin de
couvrir le périmètre complet des données nécessaires. Les Market Data Vendors ont, dans
l’ensemble, affiché leur volonté d’implémenter progressivement ces nouvelles notions dans leurs
flux traditionnels.
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4. Article pour Le Cercle Les Echos
Prochainement, une seconde étude, sur les prestataires de l’Asset Management, viendra
enrichir la connaissance sur les prestataires de services et les éditeurs de progiciels.
Après avoir répondu à une démarche commune avec les institutionnels, la profession va essayer
de capitaliser sur ses relations avec les autres clients de l’Asset Management en travaillant dans
les années à venir sur d’autres problématiques et en étendant ses normalisations aux autres
supports habituels du reporting clientèle.
Lien vers l’article source :
http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/international/europe/221166313/solvency-iioccasion-normaliser-reporting-societes-g
Blog :
http://albanjarry.wordpress.com/
Twitter :
https://twitter.com/Alban_Jarry
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5. Article pour Le Cercle Les Echos
Auteur :
Alban Jarry est Directeur du programme Solvency 2 dans une mutuelle
Dans le domaine de l’Assurance, la Mutuelle, l’Asset Management et la Banque privée depuis
1995, il préside les Groupes de Travail « Reporting AIFM-EMSA » et « LEI » de l’AFG (Association
Française de Gestion), est Membre du Bureau du Club AMPERE (Asset Management
Performance et Reporting) et participe au livre blanc sur « les nouveaux visages du risque en
assurance » de Finance Innovation. Depuis 2012, il a développé des groupes de travail entre
Asset Managers et Assureurs pour normaliser les échanges dans le cadre notamment de
Solvency II.
Spécialiste de la mise en œuvre des réglementations financières (AIFM, UCIT, Solvency 2, LEI,
EMIR, BALE, …) et des réseaux sociaux professionnels, il est l’auteur d’articles pour La Nouvelle
Revue de Géopolitique (Rubrique Le Monde Selon Twitter), Le Cercle Les Echos, L'Agefi
Communautés, Culture Banque, et anime un blog. Il est intervenant à HEC Executive Education.
Il est titulaire d’une MIAGE et du MGA d’HEC.
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