EXTRAIT du roman « Les Galeries hurlantes » de Jean-Marc Dhainaut
Les chroniques de l'académie von einzbern test
1. Académ rn
ie Von Einzbe
Les Chroniques de
l’Académie Von Einzbern
2. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
Les Chroniques de
l’Académie Von Einzbern
Voici une version test pour se souvenir de nos sujets favoris sur le fo-
rum. Vous pouvez me demander votre propre version. N’hésitez pas non
plus à commenter cet exemplaire, un de mes objectifs est de travailler
ma mise en page ;) . Pour tout souci contacter moi par mp. PS: vous
pouvrez cliquer sur les titres des sujets pour vous rendre au chapitre
souhaité.
Remerciements à Johann pour m’avoir fourni tous ses visuels, et à
ma chère Shamandalie pour m’avoir encouragé.
3. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
Académ rn
ie Von Einzbe
Sommaire
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. 5
Shamandalie et Shin : ça commence... 43
3
5. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
Yuuna et Leone :
Soirée avec un mafieux
Cette fois-ci le jeune homme avait enfilé une chemise
d’un sombre pourpre, dont la matière brillait assez pour
en révéler la grande valeur. Une veste noire de bonne
couture s’y était superposée, et un pantalon de même
couleur et qualité en finissait le costume. Enfin pres-
que, puisque s’étaient des chaussures d’un noir ciré qui
se trouvaient au bout du corps de Leone. La famille Martillo ne
plaisantait pas avec la bonne tenue, et avait veillé à ce que son héri-
tier soit soigné de la tête aux pieds, et ce soir là, les cheveux du jeune
homme avaient étaient repoussés de son front, afin de lui donner une
allure moins enfantine. Il avait déjà l’habitude de faire attention à
son apparence lorsqu’il réglait une affaire dans le monde de l’ombre,
où être présentable était une obligation. Parce qu’il était sûr de s’en-
nuyer , avec une femme collée à lui ce ne pouvait être que le cas, le
jeune homme avait passé sa journée à s’entraîner non avec, mais sur
ses hommes aux arts martiaux. Leone était souvent regardé comme
un monstre dans sa maisonnée, pourtant tous le respectaient et avait
même une certaine affection pour lui, cependant il était un peu trop
doué aux arts martiaux, et aimait un peu trop les combats.
Entièrement propre et habillé de beaux tissus, le jeune homme at-
tendait sa cavalière qui devait être dans une classe inférieure à la sien-
ne. Il ne l’avait jamais vraiment remarqué, et espérait qu’elle ne soit
pas trop féminine. Enfin, Leone était très étrange, il avait eu pas mal
5
6. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
d’aventures avec des femmes plus âgées, mais les jugeait superficiel-
les. Ce qui était assez pour embrouiller ses propres sentiments, et ne
plus savoir ce qu’il désirait. Surtout que sa dernière relation l’avait
marqué plus durement qu’il ne pensait pouvoir l’être. Toujours était
il que ce soir là il attendait une fille, sa cavalière pour une des fêtes
étranges de l’académie. À sa droite des couples n’arrêtaient pas d’en-
trer dans la salle de bal, l’air souriant pour certains, et anxieux pour
d’autres. Le jeune homme, lui, soupira…
~
Le grand jour était arrivé, enfin. Nerveuse comme
tout, Yuuna avait passé beaucoup de temps à choisir
sa tenue. Sur le coup elle aurait beaucoup aimé s’ha-
biller en homme pour rendre les choses plus simple
mais après un bon temps de réflexion, il n’en était pas
question! Disposant toutes les robes qu’on lui avait
commandé sur son lit, elle décida de confier le choix
au hasard, pile ou face, rien de plus simple! Cepen-
dant, bien qu’elle n’arrivait pas à se décider, Yuuna avait tout de
même quelques préférences, aussi elle lança sa pièce une bonne di-
zaine de fois, afin de voir le «destin» se mettre d’accord avec elle.
Des escarpins blancs aux pieds, la jeune fille finit alors par sortir de sa
chambre vêtue d’une robe bleu clair à bustier à bretelles, lui arrivant
jusqu’en dessous des genoux. La tenue comprenait également une
longue écharpe de la même couleur mais Yuuna estima qu’elle allait
sans doute la gêner. Et hop, un accessoire en moins égale à moins
d’encombrement! Son maquillage se voyait à peine car c’était bien le
but, faire «naturelle». Elle resta donc dans des tons clairs. Les seuls
bijoux qu’elle porta furent un collier au pendentif en jade, dit impé-
rial, rien d’extraordinaire mais elle aimait beaucoup cette pierre ainsi
qu’une paire de petites boucles d’oreille passant presque inaperçue.
Pour finir, toujours avec la pièce de monnaie, elle était tombée sur
l’option «cheveux légèrement bouclé»...
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7. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
Passant rapidement aux cuisines, Yuuna s’empara d’un petit sac en
papier qu’elle avait préparé quelques heures avant, en espérant que
cela plairait... Étant, selon le chauffeur de la famille, en retard, elle
ne put faire autrement que de monter dans la voiture de celui-ci. Dire
qu’elle pensait se rendre à l’académie à pieds! Quelle folie! Arrivée
au portail de l’établissement, elle confia un des deux petits paquets
contenus dans son sac à son chauffeur. Sa mission, le délivrer à une
certaine personne ... Yuuna se dépêcha ensuite de rejoindre la Salle
des Orchidées. Devant la foule qui se présentait à elle, il était diffi-
cile de repérer une personne en particulier, surtout qu’ils ne s’étaient
sûrement jamais vu avant. La jeune fille n’avait que quelques indica-
tions: «Cheveux verts, président du club de karaté, à peu près ta taille
et ‘mignon’ « lui avait dit une camarade de classe. Bien, la tâche ne
s’annonçait pas facile et ces informations ne l’aidaient pas beaucoup,
d’ailleurs leur notion du ‘mignon’ était souvent différente, du moins
pour les peluches, ce qui n’avait bien sûr rien à voir avec les êtres
humains!
Après cinq bonnes minutes à jouer un peu des coudes, Yuuna réussit
enfin à trouver son cavalier, du moins c’est ce qu’elle pensait. Elle
vérifia que son présent n’était pas écrabouillé puis finit par s’avancer
prudemment, espérant ne pas se tromper de personne. Question de
chance, mais justement elle n’en avait pas. Il ne restait qu’à prier et
prendre ses jambes à son cou en cas d’erreur!
«Euh ... Leone-sen... pai ?» dit-elle prête à aller se cacher dans la
foule.
~
Regrettant déjà qu’il n’y ait pas d’alcool au bal, le jeune homme
n’osait même pas pensé à sa cavalière, tant il en voyait l’image d’une
femme trop pomponnée et beaucoup trop parfumée. Une blessure
dans sa poitrine, lui rappela qu’il n’était pas encore tout à fait guérit
de sa dernière relation. Pour avoir utilisé la peur de le ‘salir’ comme
prétexte à ne pas l’embrasser, et même à le jeter, cette femme devait
7
8. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
recevoir un terrible châtiment. Enfin, c’était ce que ce disait Leone en
préférant remplacer la douleur par la colère. En réalité il avait l’in-
tention de rien en faire, simplement imaginer l’apaisait.
Ses pensées sombres, il les gardait pour lui, et souriait
d’un air angélique à tous ceux qui le saluaient, ce qui re-
présentaient tous ceux qui passaient prés de lui. Faisant
partie des riches parmi les riches, le jeune homme était
très connu dans l’école, et certains allaient même jusqu’à
lui lécher les bottes. Après tout, son air angélique favori-
sait ce genre de réaction, contrairement à l’attitude ren-
frognée de Mat.
Alors qu’il était sur une planète très lointaine, Leone sentit son es-
prit rappeler par une voix hésitante. Sans aucun doute s’était une voix
féminine, et fort probablement c’était celle de sa cavalière. Prenant
son courage à deux mains afin d’affronter la planète terre, et les ga-
mins de l’académie, il posa son regard sur la dite personne. Celle-
ci ne ressemblait pas du tout à l’idée qu’il s’en était fait. Loin d’en
avoir fait trop, la jeune fille paraissait naturelle. Ce qui faillit le laisser
boucher bée. Heureusement il se reprit avant de dévoiler son fameux
sourire joyeux et enfantin.
«Oui c’est moi, tu es Yuuna-san, n’est-ce pas ? Tu es vraiment
jolie» dit-il d’un ton enjoué.
Leone était ravi, non seulement sa cavalière n’était pas une de ces
filles de riches qui en faisaient trop, mais en plus elle était toute jolie.
Voilà de quoi lui remonter le moral en flèche, bien que cela n’était pas
forcement une bonne chose pour la jeune fille en question…
~
Oui, c’était bien le grand soir. Le bal original tant attendu par tous
les élèves de l’établissement, du moins la plupart, offrait un spectacle
incroyable à tous ceux qui s’y présentaient. Les décorations comme
8
9. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
les participants étaient resplendissantes. Chacun s’était fait beau
pour ce jour et tous allait enfin faire plus ample connais-
sance avec leur cavalier ou cavalière. Yuuna quant à
elle avait prévu de profiter de l’occasion pour s’amu-
ser. Il était vital pour elle de se détendre et oublier les
cours, cependant, le stresse ressenti avant de rencontrer
son cavalier improvisé avait suffi à la refaire sombrer
dans un état de panique. Un sac contenant un présent
en main, Yuuna circula tant bien que mal dans la foule
d’élèves, manquant de se faire écrabouiller à plusieurs
reprises. Mais ce n’était pas la fin de ses péripéties, car
ne sachant pas vraiment à quoi ressemblait Leone, la
jeune fille pria pour que la personne qu’elle avait interpellée était
celle qu’elle cherchait.
Heureusement pour elle, la chance avait fait en sorte qu’elle ne
se ridiculise pas et voilà que son cavalier se tenait devant elle. Tout
d’abord, Yuuna hocha vivement la tête en signe de oui à la question
de Leone puis, elle laissa échapper un petit «ouf»de soulagement.
Cependant son état se détente totale ne fit pas long feu avec Leone le
mafieux, du moins, la dernière phrase de celui-ci la transperça d’un
coup. Comme à son habitude inchangée et inchangeable1, Yuuna ne
sut quoi répondre et se mit à rougir. Elle réussit pourtant à caser un
petit merci timide dans sa panique pour enchaîner tout de suite par un
mouvement très rapide, presque automatique, comme un robot. En
effet, Yuuna avait mis en avant son sac qu’elle tenait avec ses deux
mains, le tendant à Leone. Le pauvre sac avait fini presque écrasé sur
le torse du jeune homme. Heureusement, ce n’était pas avec la force
d’hamster de Yuuna que le contenu serait endommagé.
«Euh ... J’ai fait des biscuits pour l’occasion ...J’espère que ça te
plaira ! ...» dit-elle toujours les bras tendus.
1 [j’invente des mot °°]
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10. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
Puis se rendant compte qu’elle avait oublié quelque chose de cru-
cial, Yuuna s’empressa d’ajouter en finissant par courber son dos telle
une vraie japonaise :
«Oh ! Et j’espère qu’on va passer une bonne soirée!»
~
Contrairement à un certain nombre d’élèves de l’école,
Leone avait l’habitude des fêtes privées, puisqu’il faisait
parti d’un groupe d’adolescent plutôt remuant. Il préfé-
rait largement ce genre de fête au bal officiel, en repro-
chant le manque d’alcool et le côté trop pompeux. Le
jeune home aimait s’habiller de façon classe et cool, rien
à voir avec l’apparence de prince qui était demandé lors
des bals. Il pensait que ce type de réception était bien
loin de la vérité, même riche personne ne vivait dans un
conte de fées.
Heureusement cette fois ci, il aurait une cavalière sans froufrous, ni
parfum à assommer un cheval. En plus elle était jolie, mais bon Leone
savait qu’il ne devait pas essayer de sortir avec une fille de l’école, si-
non il risquait de perdre sa bonne réputation. Sans oublier que rien ne
garantissait que la jeune demoiselle soit libre, même si cela n’aurait
pas franchement arrêté Leone2. Pour le moment, la surprise s’afficha
sur les traits du jeune homme quand un sac faillit s’écraser contre son
torse.
«Merci Yuuna-chan, c’est vraiment très gentil à toi. Dis moi je
peux t’appeler Yuuna-chan au moins ?» dit il, un sourire lumineux
et enfantin sur les lèvres.
Il prit le cadeau dans ses mains, et se demanda ce qu’il allait en faire.
Le jeter, oui il ferait cela parce qu’il se disait qu’il n’aimait pas tout ce
2 [ il doute de rien celui là mdr]
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11. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
qui était sucré. Contrairement à tout ce que ces filles pensait, Leone
n’était pas un gamin…Et puis non, il ne le jetterait pas il le donnerait
à ses hommes, c’était encore mieux ainsi, une plus belle vengeance…
Un combat intérieur faisait rage en Leone, alors qu’il essayait de se
persuader qu’il n’adorait pas ce qui était sucré et qu’il n’était pas du
tout tenter de manger ses biscuits. Pourtant, le jeune homme avait du
mal à taire sa gourmandise, et si son esprit s’inventait des faux désirs,
il avait commencé à guider sa cavalière tout tenant bien fermement
le fameux sac.
~
Peu à peu, Yuuna retrouvait son calme. Elle s’était
longtemps demandée ce qui l’attendrait à ce bal, de-
mandée si c’était vraiment une bonne idée d’y parti-
ciper. Tout le monde lui avait conseillé de s’y rendre,
elle avait longtemps craint de regretter son choix, ce-
pendant, la soirée semblait bien commencer, Yuuna se
sentait assez à l’aise à présent. Chose plutôt normale
puisqu’elle n’avait aucune idée des pensées de son cavalier !
Ses biscuits acceptés, elle se sentit plus légère et espérait que son
autre paquet avait bien été livré à son destinataire. Elle se contenta
ensuite d’hocher la tête en signe de « oui », un petit sourire aux lè-
vres elle aussi. A présent l’esprit tranquille, elle allait pouvoir profiter
du bal, ou du moins c’est ce qu’elle pensait… Tous deux avançant
vers la salle de bal, il ne fallut pas beaucoup de temps à Yuuna pour
apercevoir l’éblouissante lumière qui en provenait. Pour l’occasion,
l’établissement n’y était pas allé de main morte, c’était le moins que
l’on puisse dire ! Il y avait tellement de … « décorations » qu’il était
presque impossible d’en faire une liste complète et détaillée. Bref,
Yuuna préféra ignorer tout cela, histoire de ne pas devenir aveugle et
salua comme elle put les quelques personnes qu’elle reconnaissait.
Au loin elle vit Shamandalie et Timotee. Les voir ainsi réunis ne man-
qua pas de lui faire tirer une petite grimace, sa dernière rencontre avec
le jeune homme n’ayant pas été très agréable, même loin de là… Elle
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12. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
essaya ensuite de trouver Aiden dans la foule de couple, tournant la
tête à gauche et à droite, en vain. L’espace d’une seconde, ses sourcils
se froncèrent mais firent rapidement place à une mine déçue. Peu de
temps après, s’arrêtant net, Yuuna se tourna vers son cavalier, le re-
gardant dans les yeux comme elle le faisait avec n’importe qui.
« Et… Que sommes-nous censés faire à présent ? » questionna-t-
elle presque inquiète du programme de leur soirée.
La question pouvait paraître stupide mais c’était un fait, la jeune
fille était toujours déboussolée lors de telles occasions. Lors du pré-
cédent bal, Yuuna s’était quasiment faite traînée dans tous les sens, ne
sachant pas quoi faire...!
~
Le jeune garçon évitait de regarder les décorations de
la pièce, il y avait beaucoup trop de froufrous à son goût,
ce qui lui donnait l’impression d’étouffer. Il se surprit
même à tirer légèrement sur le col de sa chemise, comme
si cela pouvait mettre fin à cette désagréable sensation.
Leone se demandait comment les organisateurs du bal
faisaient pour être des sans gênes pareils. Et puis ce thè-
me du couple le plus beau et le plus mature c’était vrai-
ment n’importe quoi. N’importe couple était beau quand les deux
amoureux l’était l’un et l’autre. Bon pour le mature, là Leone séchait
un peu, ce n’était pas son rayon.
*Je me demande ce qu’elle en pense elle…* pensa t’il en jetant un
regard vers sa cavalière.
Son bras enlaçait toujours le fameux paquet, on aurait dit qu’il ne
voulait pas s’en séparer. Leone recevait souvent des cadeaux par les
femmes qu’il séduisait, mais jamais on n’avait cuisiné ainsi pour lui.
Malgré sa volonté d’être un cœur de pierre, l’attention de la jeune fille
l’avait touché.
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13. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
«Vu l’ambiance je suppose que je suis censé t’inviter à danser à
la manière d’un prince charmant, puis te proposer de te servir
à boire et faire de ta soirée un conte de fées…mais à vrai dire je
danse très mal, et je ne pense pas ressembler à un prince char-
mant.» répondit-il avec un sourire angélique.
Etonnant contraste qu’offrait le jeune homme entre son apparence
innocente, proche d’un personnage de fiction, et l’aveu de ses dé-
fauts. D’autant plus, que cela ne semblait pas l’embarrassé le moins
du monde. Il semblait même plus mature dans cette façon de parler,
ce qui était assez rare chez lui.
Le jeune homme faillit reprendre la parole, lorsque deux de leurs
camarades d’école les interpella avec un « Bonsoir les filles ! » qui ne
plut pas du tout au mafioso. Bon, cinq fois sur dix on se trompait sur
son sexe à cause de ses traits fins et de sa taille, et à chaque de ses fois
l’aura de Leone devenait subitement très sombre. Cette expérience-ci
n’échappa pas à la règle, Leone se retourna donc vers les impertinents
avec une élégance glaciale.
«Qui est une fille ?» demanda sa voix calme mais d’une note assez
terrifiante.
Visage d’ange mais démon à l’intérieur, le jeune homme fit vite fuir
les accosteurs. Il ne se souvint de la présence de sa cavalière juste à
côté qu’après. Non seulement, elle devait être elle aussi touchée par
son aura démoniaque, et certainement être effrayée, mais en plus elle
avait vu des garçons le prendre pour une fille…la honte complète. Les
joues de Leone se teintaient légèrement de rouge lorsqu’il fit face à
la jeune fille.
«Je suis désolé…je peux te servir quelque chose à boire si tu veux…
enfin, si tu veux bien rester avec moi…» proposa t’il, embarrassé.
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14. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
~
Yuuna était bien perdue dans ce monde beaucoup
trop éblouissant à son goût. Aussi elle préféra s’abs-
tenir de regarder trop longuement ce qui l’entourait,
mieux valait se concentrer sur les personnes. La jeune
fille en revint donc à son cavalier qui tenait encore ses
biscuits... Peut-être aurait-elle dû les lui donné plus
tard, passer la soirée avec ce paquet dans les mains
n’allait pas être commode pour Leone. Elle aurait bien
aimé les lui prendre de suite et s’expliquer ensuite
mais son cavalier ne semblait pas vouloir s’en séparer.
Cette seule pensée lui fit plaisir et lui ôta toute envie de récupérer le
petit sac.
Par la suite, comme elle s’en était doutée, Yuuna ne sut quoi faire
maintenant arrivée au bal. La réponse de son cavalier la fit cependant
esquisser un sourire. Drôle de réaction peut-être mais le fait qu’elle
ne soit pas la seule à avoir du mal avec la danse, malgré les entraine-
ments intensifs qu’elle avait subi par le passé, lui plaisait infiniment.
Ce n’était pas tous les jours qu’elle avait l’occasion de danser, aussi
elle devait sûrement être rouillée à présent, mieux valait ne pas s’y
risquer.
«Prince charmant ou pas, avec une cavalière aussi maladroite
mieux vaut éviter la piste.» dit-elle en riant, « Je préfèrerais ne
pas te faire courir de danger avec mes talons démoniaques ... Je
me demande bien comment Cendrillon a fait pour ne pas rendre
son prince handicapé ...» ajouta-t-elle, en murmurant presque cette
dernière phrase.
La pièce de théâtre vue en compagnie de «Moe-chan» l’avait plu-
tôt marqué après tout. Cendrillon avait sûrement un don inné pour
la danse, contrairement à elle et son cavalier. Alors que les choses
commençaient à s’agiter, Yuuna était perdue dans ses pensées. Elle
14
15. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
mit donc plus de temps que Leone à comprendre les propos des autres
élèves...
Fronçant les sourcils, elle voulut intervenir mais avant même qu’el-
le ait pu émettre le moindre son, Yuuna sentit comme des ondes néga-
tives émaner de son cavalier. Non c’était même plus que ça, son aura
était presque meurtrière. L’espace d’un instant, elle crut même trem-
bler de peur en entendant la voix du jeune homme. Cependant c’était
une chose qu’elle ne put vraiment confirmer, ayant presque oublié ce
qu’elle venait de ressentir dès que son cavalier s’était retourné vers
elle, embarrassé. Un vrai contraste entre ce visage angélique et l’aura
démoniaque qui l’entourait juste avant... A l’avenir elle saurait qu’il
valait mieux éviter que Leone entende des sottises pareilles, quitte à
lui boucher les oreilles elle-même ou le pousser dans une piscine pour
qu’il devienne sourd l’espace d’un instant.
«Ne t’excuse pas voyons, si tu ne l’avais pas fait je m’en serais
chargée moi-même ! Bon certes avec moins ... d’autorité je dirais
?», dit-elle presque amusée, «Bref ...! Va pour une boisson !»
Ne souhaitant pas que Leone repense à cet incident toute la soirée,
Yuuna préféra faire son possible pour lui faire oublier cette malheu-
reuse rencontre. Aussi elle s’empara d’une main libre de son cavalier,
un sourire aux lèvres, se lançant ainsi à la recherche des boissons.
Néanmoins son projet rencontra un grand obstacle : avec la foule qui
se dressait devant elle, la jeune fille perdit son sens de l’orientation...
Pas très malin dans un moment pareil, et elle qui voulait prendre les
choses en mains, c’était raté.
«Bon ... Je crois bien qu’un GPS ne serait même pas suffisant
pour me remettre sur le droit chemin. Mmh…» dit-elle en se tour-
nant vers Leone, presque l’air implorant.
~
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16. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
Leone Martillo s’accrochait toujours au fameux sac comme si sa vie
en dépendait. Quand il y pensait, le jeune homme avait
presque l’impression de flotter tant cela lui faisait plaisir.
Toutefois, ce n’était pas vraiment pratique pour la soirée,
et l’un des serviteurs en place vint lui proposer de veiller
sur ses affaires. Très réticent, le mafieux ne cessa de pas-
ser son regard du paquet à l’homme de service, de l’hom-
me de service au paquet. Il était plus qu’évident qu’il fi-
nit par céder uniquement à contre cœur. Une ombre de
regret suivit même le paquet tant précieux quand celui-
ci disparu vers les quartiers du personnel. Leo ne réalisa qu’après
coup, qu’il aurait peut être du également confié sa veste, mais ne fit
aucun commentaire pour ne pas souligner son manque de réflexion à
ce moment là.
En théorie, le couple était censé jouer les parfaits partenaires de
soirée, mais Leone n’était pas certain de visualiser ce que «parfait»
signifiait dans ces cas là. Un coup d’œil vers les membres du jury,
qu’il pu repérer, le confirma dans son idée que la sélection serait «
parfaitement » subjective. Le jeune homme ne s’amusait pas souvent
aux événements de l’école, parce qu’il ne pouvait pas s’y détendre
complètement. Contrairement aux soirées passées avec ses amis et
un bon nombre d’admiratrices, pas mal de choses manquaient à son
confort, comme par exemple avoir toujours Shun à ses côtés. Au ly-
cée ce dernier n’était que le meilleur ami du jeune homme, mais à
l’extérieur il était son bras droit, et ne le quittait que rarement. Pour-
tant, et ce, petit à petit, Leone avait commencé à se sentir à l’aise ce
soir. Il finit même par rire gentiment au commentaire de Yuuna sur les
talons démoniaques.
«Tu es vraiment une fille mignonne Yuuna, je me sens bien avec
toi.»
Un sourire sincère suivait ses paroles franches et directes. Il disait
16
17. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
ce qu’il pensait d’une façon totalement naturelle, et sans même penser
que cela pouvait mettre mal à l’aise la destinatrice. Le jeune homme
était content de se trouver là, uniquement parce que sa cavalière était
Yuuna, il venait tout juste de le réaliser. D’ailleurs, il était passé sans
y faire attention du ‘Yuuna-chan’ au ‘Yuuna’, ce qui lui donnait l’im-
pression de s’être rapproché d’elle, mais donnait également au com-
plimenteur3 une dimension plus mature. Ensuite le rouge lui monta
aux joues jusqu’à ce qu’il ressemble à une tomate en entendant le mot
« autorité », mais sourit d’un air embarrassé.
Quelque chose d’étrange se passait ce soir là : depuis quand le vi-
sage de sa cavalière était-il entouré de lumières et de fleurs?
À présent quand il la regardait, il sentait ses joues chauffées légère-
ment, et peinait à remarquer autre chose qu’elle. Quand elle lui prit la
main, il fut surprit d’avoir l’impression de sentir la douceur de Yuuna
dans sa paume, et qu’en réponse, son cœur battait très fort. Leone
était un peu paniqué à l’idée qu’elle puisse entendre la course folle
de cet organe majeur. Toutefois, il se sentait heureux aussi surpre-
nant et subit que cela lui semblait. Ils avaient beau être bloqué dans
une foule dense, il paraissait au jeune homme être seul avec sa cava-
lière. D’ailleurs, il ne réalisa la situation bloquée que lorsque Yuuna
en parla de vive voix. Alors Leone passa devant sa cavalière avec un
sourire qui ne demandait que sa confiance, et avança sans lâcher la
précieuse main.
«Je vais nous mener jusqu’au buffet». annonça t’il avec un sourire
angélique, sans qu’il ait eu besoin de le préparer.
Puis ils se mirent à avancer à pas de plus en plus régulier, curieuse-
ment, grâce à l’aura naturelle de Leone la foule s’écartait légèrement
autour d’eux pour leur ouvrir le chemin. Il n’utilisait même pas son
3 [mot qui fait étrange à l’horizon, mais je le trouvais drôle ^^]
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18. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
regard noir de mafieux pour effrayer ses camarades, bien au contraire,
le jeune homme ne pouvait s’empêcher de sourire jusqu’à ce qu’ils se
trouvèrent devant le service des boissons.
«Que désires-tu ?» demanda t’il en coupant la parole de façon fla-
grante à un serveur, qui comptait s’adresser à sa cavalière.
Ce soir, il n’était pas question pour le jeune homme de partager avec
qui que ce soit Yuuna. Leone avait déjà décidé de faire de son mieux
pour rendre ce bal agréable, peu lui importait de concourir, il espérait
seulement que la jeune fille apprécierait sa compagnie autant que lui
appréciait la sienne.
«Dans quel dortoir te trouves-tu ?» posa t’il, en ajustant toute son
attention vers la réponse de sa cavalière.
~
Alors que Yuuna se demandait si sa petite inten-
tion n’allait pas gêner son cavalier toute la soirée,
un employé vint proposer ses services, libérant ainsi
les bras du jeune homme. Elle pensait que ce dernier
allait être soulagé mais l’expression qu’il affichait
était tout autre. Aussi elle dut étouffer un petit rire,
amusée par l’attention que Leone montrait pour les
biscuits.
Si le meilleur couple devait obligatoirement danser, alors le
choix était vite fait, ces deux là n’avaient aucune chance de gagner.
Mais cela était bien la dernière de leur préoccupation, le plus impor-
tant pour Yuuna était de garder Leone sain et sauf et donc, de ne pas
tenter l’impossible sur la piste de danse. Sans trop savoir pourquoi,
la jeune fille fut de nouveau complimentée et eut droit au beau sou-
rire de son interlocuteur. Elle n’allait décidément pas tenir la soirée
si elle continuait à rougir à chaque compliment que lui faisait son
cavalier…
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19. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
« Il … Il en va de même pour moi senpai! » réussit-elle à articuler
toujours embarrassée, sans oser s’adresser plus familièrement à lui.
En effet, Yuuna était plutôt heureuse chaque fois que quelqu’un
l’appelait par son nom, cela lui donnait l’impression d’être au moins
amie avec la personne. Cependant elle avait appris que ce n’était pas
le cas pour tout le monde, aussi ses parents lui ont toujours reproché
d’être impolie. De peur de lui manquer de respect, elle préféra ne rien
risquer. A présent elle commençait à comprendre pourquoi Kate avait
été aussi excitée lorsqu’elles avaient appris l’identité de son cavalier !
Quoique … elle avait surtout insisté sur le ‘mignon’. Yuuna, elle, était
plutôt captivée par la personne en elle-même, ou plutôt intriguée …
? Le jeune homme était non seulement capable d’afficher un sourire
capable de faire battre à toute vitesse le cœur de n’importe quelle
demoiselle mais aussi capable de se montrer soudainement dur et ex-
trêmement menaçant face à des assaillants. Préférant garder l’ange
à ses côtés, Yuuna entraina Leone dans sa recherche, tentant de lui
changer les idées. Ce soir là, elle avait bien l’intention de prendre son
courage à deux mains. En temps normal, se comporter avec si peu
de gêne avec une personne du sexe opposé la terrifiait. Cette soirée
ne lui appartenait pas exclusivement mais était aussi celle de Leone.
C’était aussi une bonne occasion pour elle pour s’entrainer à « com-
muniquer » car depuis la fête passée avec Tomoe, Yuuna n’avait pas
vraiment eu l’occasion « d’exploser ». Il fallait néanmoins un moyen
pour elle de tout rater, et son mauvais sens de l’orientation pointa vite
son nez. L’ange qu’était devenu son cavalier prit alors les devants,
donnant un aperçu à Yuuna de ce qu’était un sourire presque divin. Le
cœur de cette dernière se sentit comme réchauffé tout comme la main
que tenait Leone. Ce fut un des moments les plus impressionnants
auquel elle avait pu assister de toute sa vie. La foule se rangea sur les
côtés pour ouvrir un chemin au couple. Yuuna, bouche bée, suivit la
personne qui semblait être le roi auquel on faisait cet honneur. Arri-
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20. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
vée au buffet, ce fut à peine si la jeune fille avait entendu le serveur
s’adresser à elle. Encore impressionnée, elle mit un certain temps à
comprendre la question de son cavalier.
« Hé ? … Ah euh … ! Je prendrai la même chose que toi ! » dit-elle
encore abasourdie.
‘Comme tu voudras’, ‘je ne sais pas …’ … Tant de phrase dont Yuu-
na n’arrivait pas à se débarrasser, elle s’en voulait d’ailleurs souvent
de n’être jamais capable de prendre des décisions pour elle-même.
Cependant, quelque chose de plus important à ses yeux la tracassait,
et bien que cela ait pu sembler totalement futile, elle ne put s’empê-
cher d’en parler…
« Comment as-tu fait ça ?! Tout-… tout le monde s’est écarté
comme ça et … et … C’était … ! … Incroyable. » finit-elle presque
par murmurer, admirative.
Voilà. Elle l’avait fait et à présent elle le regrettait. Elle qui vou-
lait garder une image mature d’elle devant son cavalier, c’était raté.
Il fallait la comprendre, s’exciter et s’inquiéter pour un rien était sa
spécialité. Aussi sa soudaine intervention l’embarrassa plus que tout.
Son visage vira au rouge vif et alors qu’elle baissait la tête pour le
cacher, elle se rendit compte qu’elle tenait toujours la main du jeune
homme et que celui-ci ne semblait pas vouloir se séparer de la sienne,
ou du moins ne se rendait pas compte de la situation, ce qui la gêna
encore plus.
« Dé-… Désolée … C’est juste que … Ca m’a disons … impres-
sionné et … désolée … » enchaina-t-elle presque immédiatement, en
murmurant, la tête baissée et les joues brûlantes.
Par la suite, un nouveau sujet put lui faire oublier un temps soit peu
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21. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
ses agissements. Yuuna sauta sur l’occasion et tenta de répondre cal-
mement. Raté.
« The New Day House ! J’ai eu du mal à avoir la permission,
sachant que ma principale raison d’y aller était la cuisine mise
à disposition des élèves … Je fais régulièrement des fournées de
gâteaux même pour les autres dortoirs donc si tu en veux un jour
n’hésites pas ! » dit-elle un sourire radieux aux lèvres.
Parler de gâteaux, pâtisseries et biscuits en tout genre l’enchantait.
Aussi le fait que peu d’employés acceptaient de travailler dans ce dor-
toir donnait plus de libertés aux élèves et c’est ce dont Yuuna rêvait.
Disposer librement des cuisines, que demander de plus ? Bien sûr la
tâche ne fut pas de tout repos, il fallait convaincre son entourage de la
laisser s’y installer et ce fut assez éprouvant.
« Et toi … ? Si ce n’est pas indiscret bien sûr … ! » ajouta-t-elle,
curieuse de savoir si les deux dortoirs étaient trop éloignés pour que
les distributions se fassent.
~
Plus Yuuna rougissait, plus le jeune homme la trou-
vait charmante. Elle ne ressemblait en rien aux jeunes
filles qui l’approchaient habituellement. Une fraicheur
agréable émanait d’elle, cette sensation mettait Leone
en confiance. Il se fit alors la promesse de prendre soin
d’elle durant toute la soirée, si ce n’est plus. Cette pen-
sée le fit rougir un court instant avant qu’il ne la mène
au buffet. Il se servit de son aura de ‘demone’ pour
creuser un passage dans la foule, tout en prenant garde de ne pas
influencer sa cavalière. Quelque part, il craignait de la faire fuir,
alors que son seul souhait était de rendre ce moment agréable.
«Je pense que je vais prendre un jus d’ananas…humm tu es cer-
21
22. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
taine de vouloir la même chose ?» demanda-t-il d’un ton inquiet.
Aussitôt son choix avoué, le jeune homme se demanda s’il ne faisait
pas trop immature. En même temps, peu de boissons sur les tables
permettaient de jouer les hommes mûrs. Il n’était pas question de
servir de l’alcool à un bal officiel organisé au sein de l’école, si ce
n’était un champagne doux et peu alcoolisé. De toute façon, il n’était
pas très conseillé de laisser Leone boire en vue des conséquences que
cela pouvait avoir. L’ananas risquait d’être un peu acide, mais il ne
pouvait être que de bonne qualité, comme tous les jus divins que seuls
de riches familles avaient les moyens de s’offrir.
«Et bien, je suppose que ça doit être mon côté démoniaque qui
leur à fait peur… J’ai du t’embarrasser, je n’ai pas réfléchi avant
de…» dit-il avec un rire gêné, comme s’il essayait de plaisanter.
L’admiration qu’il lisait dans les yeux de sa cavalière, plus que sa
remarque le mit mal à l’aise, et le fit rougir. Leone ne savait pas vrai-
ment comment gérer son ‘mauvais’ côté. Il n’avait aucune envie que
Yuuna le connaisse, ainsi elle ne pourrait le détester. Et pourtant il lui
répugnait de devoir lui mentir. Soucieux de la voir s’échapper, pres-
que inconsciemment, le jeune homme tenait fermement mais avec
douceur la main de la jeune fille.
«Ce n’est rien…je…j’espère seulement que ce n’est pas une mau-
vaise chose…» ajouta le jeune homme quand Yunna se révéla déso-
lée.
Elle aussi avait les joues rouges, mais sa tête restait baissée tandis
que lui l’observait. Etrangement, il la voyait toujours avec des fleurs
autour du visage, et une lumière bordant ses cheveux comme si elle
avait été un ange. Il tenta alors de lancer une conversation un peu plus
neutre, une façon également de mieux connaître sa cavalière.
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23. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
«Je viendrais avec plaisir ! » répondit-il immédiatement avec un
sourire innocent.
Il lui tardait de rendre visite à Yuuna après le bal, et de la voir en
dehors des tralalas de l’académie. Bien sûr, il aurait pu s’étonner de
son choix de résidence, après tout seuls les plus pauvres d’entre les
élèves allaient à la New Day House, mais il était bien trop heureux
d’avoir reçu l’invitation de la jeune fille pour cela.
«Moi ? Je suis au Palais de Gahan Antarjyoti...»
Les rumeurs au sujet de son propre dortoir lui traversèrent l’esprit.
Parfois, on disait que seuls les élèves un peu étranges se trouvaient
dans cette residence. Leone espérait que sa cavalière n’en avait pas
entendu parler. La joie à l’évocation de se revoir après le bal lui avait
fait oublier durant un moment le plus important. Le jeune homme
aimait bien Yuuna, elle lui plaisait même sincérement, ce pourquoi il
posa ses deux mains sur les bras de sa cavaliére pour capter toute son
attention.
«Yuuna, si jamais un jour je te semble agir étrangement ne viens
surtout pas me voir. S’il-te-plait, éloignes toi le plus possible de
moi. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi mais il faut que tu fasses
ce que je te demande, tu veux bien?» demanda-t-il d’un air sérieux
en plongeant son regard doré dans celui de la jeune fille.
Leone comptait bien prévenir sa cavalière, et faire en sorte qu’elle
ne voit jamais son côté démoniaque s’il pouvait empêcher cette catas-
trophe d’arriver. Il ne pensait pas pouvoir supporter qu’elle finisse par
le haïr à cause de sa part d’ombre.
~
Yuuna était heureuse, heureuse de pouvoir rencontrer des personnes
23
24. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
si étonnantes et sympathiques dans cette académie.
Ce soir là ne faisait pas exception, et c’est avec bon-
ne humeur qu’elle tenta de s’ouvrir et profiter du
bal en compagnie d’un cavalier pour qui certaines
seraient prêtes à tout … Elle se demandait d’ailleurs
si une photo souvenir ferait plaisir à Kate, elle qui
raffolait des beaux garçons …
Toujours aussi indécise, la jeune fille laissa son
cavalier décider des boissons, de toute façon, elle
n’était pas très difficile. Elle fut alors agréablement surprise par son
choix qui la fit esquisser un petit sourire.
« Oui ça me convient parfaitement ! » dit-elle amusée, « J’adore
les jus fruits en plus ! Je vois que nous avons un point commun !
»
Règle numéro 1 pour s’entendre avec les autres : avoir des inté-
rêts/goûts semblables ! Ou du moins c’est ce que racontait un de ses
magasines, bidons pour certains mais indispensables à Yuuna qui les
considérait comme ses bibles. Aussi cela lui donnait l’impression
d’être plus proche des personnes qu’elle fréquentait, ce qui ne lui
déplaisait pas à cet instant !
Peu importe le temps qu’ils passeraient ensemble, le charisme de
Leone laisserait toujours la jeune Ashford bouche bée. Elle avait
d’ailleurs bien du mal à contenir son admiration et c’est ainsi qu’elle
réussit à embarrasser son cavalier sans le vouloir. Alors que le jeune
homme semblait s’excuser, Yuuna se mit à hocher la tête de gauche
à droite en signe de « non » et s’excusa à son tour, désolée de s’être
laissée emporter.
« Ton côté démoniaque qui leur a fait peur ? … Vu sous cet angle
là c’est encore plus impressionnant … » finit-elle par murmurer.
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25. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
En effet, curieuse, elle tenta d’imaginer un ‘dark Leone’ mais la tâ-
che fut plutôt complexe. De plus, penser que ce qu’elle avait admiré
avait pu effrayé les autres rendait tout cela presque fascinant …
Gênée par ses propres paroles et sa main prisonnière, elle ne mit pas
longtemps à se débarrasser de son teint rougeâtre, heureuse comme
tout que le coup des gâteaux ait à nouveau fonctionné. Elle remerciait
le ciel de lui avoir accordé la capacité de cuisiner des choses que la
plupart des gens acceptaient de consommer.
« Oooh ! Le Palais c’est tout un autre univers d’après ce que j’ai
entendu dire ! Ca me gênerait presque de te faire venir à mon
dortoir … Peut-être que je devrais commencer à livrer ? » dit-
elle, pensant déjà au bazar qu’elle créerait durant la confection de ses
pâtisseries en tout genre.
En effet, à ses yeux, le Palais de Gahan Antarjyotiétait était surtout
réputée pour son exotisme, sa beauté et ses masseurs ! Rien à voir
avec le New Day House ... Yuuna s’était de son côté habituée aux
conditions de vie de son dortoir, voulant à tout prix l’accès à ses cui-
sines. Mais cela risquait de ne pas être évident pour les visiteurs, en
sachant qu’ils faisaient régulièrement face à des pannes en tout genre
dans ce modeste dortoir ...
Par la suite, prise par surprise, Yuuna fut soudainement noyée dans
le beau regard de Leone. Ne comprenant pas vraiment la requête de
celui-ci, elle se contenta d’hocher la tête de bas en haut, trop débous-
solée par les yeux de son cavalier pour réfléchir. L’inquiétude ne mit
cependant pas longtemps à s’emparer d’elle, qui pensait qu’il allait
prochainement faire face à des évènements douloureux.
« Je veux bien mais … En es-tu sûr ? Je pourrais peut-être t’aider
si tu en as besoin ou juste être là pour toi ou … » dit-elle agitée,
osant enfin affronter le regard de son cavalier.
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26. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
L’art d’exagérer, sa spécialité ! Aussi la situation de Leone tourna
vite en un scénario dramatique. Yuuna envisagea toutes les possibili-
tés qui lui semblaient plausibles et bien sûr, elle ne pensa pas au côté
démoniaque pourtant mentionné plus tôt !
« Si tu y tiens vraiment je suppose que les gâteaux seront tout
aussi bons froids … » ajouta-t-elle, le regard vers le sol.
Peut-être préférait-il qu’elle ne se mêle pas de ses affaires ? Après
tout, ils se connaissaient à peine, elle n’était donc pas la mieux placée
pour l’aider en temps de crise ... Yuuna et l’art de s’inquiéter pour tout
et rien !
~
Leone avait longuement hésité avant d’avouer son choix de bois-
son, torturé par l’idée de paraitre trop enfantin. Il finis-
sait même par se demander si un jus d’orange n’aurait
pas fait plus mature, seulement le jeune garçon préférait
l’ananas. Ses sourcils se froncèrent à force de réfléchir à
ce qu’il aurait pu dire ou ne pas dire. Heureusement l’in-
tervention de sa cavalière changea instantanément son
expression en un étonnement heureux.
«Je suis ravi que nous ayons un point en commun»
commenta-t-il avec un sourire aux anges.
De part son statut d’aîné, le jeune homme connaissait un nombre
important d’élèves au sein du lycée. Il ne se réjouissait que rarement
de se trouver un point commun avec l’un d’entre eux. En effet, mal-
gré son apparence aimable, Leone restait la plupart du temps avec
son groupe d’amis. Le jeune homme n’était pas de ceux à apprécier
les nouvelles rencontres, parce que généralement, elles le décevaient.
Cette fois-ci était différente, Yuuna ressemblait à ses yeux à un trésor
inespéré. Plus il passait de temps avec elle, plus l’héritier mafieux
oubliait tout le reste.
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27. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
« Tu sais…il n’y a rien d’admirable à faire peur aux autres…»
murmura-t-il à son tour, sans oser la regarder.
Son ton avait une note de regret, malheureusement sa nature reve-
nait au galop lorsqu’il avait cru pouvoir l’oublier. Tandis que dans sa
famille son côté démoniaque le plaçait à un rang quasi divin, Leone
aurait aimé être normal. Ainsi il ne pousserait pas sans le vouloir ses
amis dans des bagarres stupides. Pourtant, cette facette sombre était
certainement ce qui l’avait rapproché de ceux qu’il fréquentait. Il se
demanda alors comment Yuuna réagirait s’il la présentait à ses pro-
ches. Son idée soudaine le fit brusquement rougir. Il pensait presque
à elle comme à une petite amie, ce qu’elle n’était pas.
« Au contraire cela me ferait plaisir de venir te voir à la New Day
House, le Palais a une réputation un peu bizarre, sans compter
qu’il est facile de s’y perdre…je n’aurais peut être pas du dire
ça…» réalisa-t-il en rougissant à nouveau.
Et si Yuuna associait la bizarrerie de son dortoir à la sienne ? Curieu-
sement il craignait que la jeune fille n’ait une mauvaise image de lui.
D’habitude Leone ne se souciait pas autant de ce qu’on pensait de lui.
Cette impression de marcher sur un fil au dessus du vide commençait
à lui donner le vertige.
*Elle ne doit pas connaître mon mauvais côté, sinon elle finira par
me détester…* se dit-il.
Le jeune homme finit par craquer et par mettre en garde sa cavalière
contre lui-même, sans pour autant rien lui expliquer. Il s’attendait
presque à la voir s’effrayer de son comportement un peu fou, mais il
espérait ainsi la pousser à la prudence.
Voilà qui pourquoi la réaction de Yuuna le figea un long moment.
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28. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
Son cœur sembla s’arrêter de battre. Ses poumons interrompirent bru-
talement leur respiration, comme s’il avait reçu un coup de poing
violent. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais il refusa de les lais-
ser couler. Brusquement mais avec la douceur de celui qui manipule
une porcelaine, Leone enlaça sa cavalière. Heureusement l’heure était
au slow, alors son épanchement ne serait pas trop remarqué. Sans
oublier qu’il ne dura qu’un instant, le temps pour le jeune homme
de réaliser ce qu’il faisait. Alors il relâcha la jeune fille qui semblait
briller plus fort que n’importe qui à cet instant, et détourna le regard.
Leone espérait cacher ses yeux rougis à cause de l’émotion. Personne
ne lui avait jamais dit ce qu’il venait d’entendre. Même si ses amis et
ses hommes de clan seraient toujours là pour lui, il n’avait jamais lu
en eux ce genre de sollicitude. Yuuna paraissait inquiète de ce qu’il
pouvait ressentir, alors que lui-même se voyait, quelque part, comme
un monstre. Visiblement, le jeune homme s’était aussi laissé emporter
par le côté dramatique de la scène.
« Je serais ravi de les manger chauds…de te voir les faire…ou
même de t’aider si tu le veux bien…» dit-il après un moment de
silence, la voix un peu tremblante.
~
Se réjouir devant du jus d’ananas, qui l’aurait cru ?
C’était pourtant ce qu’il se passait et Yuuna en était
plus que ravie. Elle se sentait de plus en plus chan-
ceuse d’être tombée sur un cavalier aussi sympathi-
que et de pouvoir passer une si agréable soirée en sa
compagnie. Elle avait cependant toujours du mal à
contenir son admiration envers lui, et était toujours
abasourdie par son sourire, ce qui déclenchait auto-
matiquement une réaction en chaine menant au teint
rouge pivoine qu’elle arborait si souvent. Ce fut en-
suite avec rapidité qu’elle s’empara des deux verres de jus qu’un
serveur leur avait amené, remerciant ce dernier en inclinant légère-
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29. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
ment la tête. Yuuna tendit ensuite la boisson à Leone, tentant de redi-
riger l’attention du jeune homme sur le verre plutôt que sur son visage
rouge.
« Et si nous trinquions ? Je ne sais pas à quoi mais ce n’est pas
tous les jours qu’on assiste à un bal ! »
En effet, bien qu’étant issue d’une famille adepte de soirées chics,
Yuuna n’avait jamais réussi à s’habituer aux occasions de ce genre.
C’était dans un sens, une bonne chose puisqu’il était presque impos-
sible de ne pas l’impressionner. Toute personne sortant quelque peu
de l’ordinaire en était aussi capable, et dans le cas de Leone qui était
tout sauf ordinaire, Yuuna ne put s’empêcher de réagir.
« C’est sûrement vrai … Mais tu ne fais pas peur ! Ou du moins je
n’ai pas peur de toi ! Je suis juste intimidée … » dit-elle un sourire
aux lèvres.
Craignant d’avoir mis Leone mal à l’aise, elle tenta de mettre les
choses au clair. A ses yeux, il était presque impossible d’être effrayé
par le jeune homme et son sourire angélique ravageur. Il faisait sûre-
ment partie des personnes les plus gentilles qu’elle avait eu la chance
de rencontrer. Yuuna ne voyait habituellement que le ‘bon’ en chacun,
ce qui la rendait d’ailleurs un peu trop naïve et facile à berner si ja-
mais elle devait faire face à quelqu’un de rusé. Aussi, elle ne se serait
jamais doutée que des doubles facettes comme celles de son cavalier
pouvaient exister.
« Ah … En effet, si c’est un labyrinthe qui m’attend mieux vaut
que je m’abstienne ! » dit-elle en riant, « Et qu’entends-tu par
‘bizarre’ ? Aussi étrange que les plats qu’on nous sert parfois au
réfectoire ? »4
4 [Yuuna, traumatisée par la nouvelle recette de Yuki Kamiku haha …]
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30. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
Etant entourée de beaucoup de personnes pouvant être qualifiées de
‘bizarres’, le bon sens de la jeune fille en avait pris un coup. Entre sa
camarade de classe qui concoctait des plats douteux avec des ingré-
dients banals, Aiden qui avait été piqué par une mouche ralentisseuse,
Kate qui était capable de repérer des beaux garçons à des kilomètres
à la ronde … De la diversité, il y en avait ! Aussi Yuuna avait de plus
en plus de mal à interpréter ce mot.
Par la suite, inquiète pour Leone, elle ne put s’empêcher de s’inté-
resser à sa situation. Si quelque chose la tracassait, elle aurait aimé
que quelqu’un soit là pour elle, elle appliqua donc cette logique à son
cavalier. La réponse de ce dernier fut des plus surprenantes ! Yuuna
eut à peine le temps d’apercevoir l’émotion sur le visage du jeune
homme qu’elle atterrit dans ses bras. Relâchée presque de suite après,
elle voulut être forte, pour elle et surtout pour lui, mais il lui était dif-
ficile de ne pas réagir à pareille action. Aussi, ses jambes flanchèrent
l’espace d’une seconde. Elle réussit heureusement à se rattraper, mais
son cerveau était déjà entré en éruption, et elle se mit à rougir comme
jamais.
« Ca … Ca serait … Super. » balbutia-t-elle encore perturbée.
A ce moment précis, il lui était impossible de remettre de l’ordre
dans ses pensées. Le geste de son cavalier l’avait certes déboussolé,
mais ce qui la perturbait le plus c’était sa propre réaction, ce qu’elle
avait pu ressentir. La réponse de Leone sous entendait qu’elle pouvait
l’aider, ce qui lui fit plaisir, même beaucoup trop. Etait-ce si facile de
faire battre son cœur de cette façon ? Entre honte et bonheur, Yuuna
s’empressa de boire plusieurs gorgées de jus, espérant que cela la
calmerait. Voulant rester ‘normale’, elle tenta de reprendre la conver-
sation.
« Tu as des préférences ? Une allergie au chocolat ou autre … ?
Il faudrait que j’évite de t’empoisonner ... » articula-t-elle, la tête à
30
31. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
moitié baissée osant à peine le regarder dans les yeux.
Pour relancer une conversation après autant d’émotion, ce n’était,
comme qui dirait, pas top …
~
Leone avait l’impression de flotter sur un nuage. Les visages autour
d’eux paraissaient flous, si bien que le jeune homme ne reconnais-
sait plus personne à part sa cavalière. Lorsqu’il prit le
verre que lui tendait Yunna, ses doigts frôlèrent légè-
rement ceux de la jeune fille. Ce contact imprévu res-
semblait à la scène d’un manga pour filles à ses yeux,
pourtant il fit curieusement plaisir au garçon.
« Merci. C’est une bonne idée ! Nous pouvons trin-
quer à notre rencontre ! », s’exclama-t-il, les joues
légèrement rouges, le sourire toujours sur les lèvres.
Contrairement à Yunna, le jeune homme était un habitué des évé-
nements chics et des bals grandioses. Cependant, s’il proposa autre
chose c’est parce que ce soir-là il ne voyait plus que sa cavalière. Le
reste des invités, y compris ses amis, n’existaient plus. Petit à petit et
pourtant si vite, Leone oubliait toute méfiance pour un sentiment bien
différent.
« Si tu n’as pas peur, alors j’en suis heureux.» commenta-t-il avec
un sourire en conséquence.
Il sautillait presque de joie, mais se retenait à grand peine. En effet,
il était important pour lui de paraitre mature aux yeux de la jeune fille.
Yunna n’avait pas peur de lui, bon il l’intimidait, mais pas de peur à
l’horizon ! Des ailes auraient pu lui pousser dans le dos qu’il ne se
serait pas déplacé avec plus de légèreté. Son cœur battait fort dans sa
poitrine quand il la regardait, pourtant il aimait la façon dont ses che-
veux lui tombaient sur les épaules, ses yeux gris comme des perles, sa
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32. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
peau blanche qui avait l’air si douce…
« Oui…oui…très… » répliqua-t-il un peu rapidement.
Le jeune homme paniqua. Il venait de se rendre compte qu’il fixait
la jeune fille depuis un petit moment. Perdu dans ses pensées, il avait
complètement décroché de la conversation. Heureusement, Leone
parvint à revenir sur terre, même s’il commençait à se persuader
d’avoir un ange à ses côtés.
Suivant une envie irrésistible, le jeune homme prit un instant Yunna
dans ses bras. Il n’avait pu réprimer ce geste tendre, toutefois il par-
vint à y mettre un terme. Afin d’être sur de ne pas recommencer, mais
aussi de cacher ses yeux encore rouges, il évita de poser à nouveau
son regard sur sa cavalière.
« Parfait ! Si nous nous retrouvions ce week end ? J’aime beau-
coup les pommes, le café et le chocolat. Je ne suis allergique qu’au
gingembre… » répondit-il.
Quand Leone constata que la jeune fille osait à peine le regarder dans
les yeux, tout comme lui-même avec elle. Il se rendit soudain compte
qu’il avait plus que tout envie de revoir Yunna après ce bal. Non pas
uniquement une fois, mais plusieurs fois et le plus souvent possible.
Ses désirs lui faisaient un peu peur, le jeune homme connaissait bien
la douleur de se faire rejeter. Il ne résista pas longtemps, et finit par
demander d’une voix hésitante :
« Yunna, est-ce qu’ensuite… tu aurais envie d’aller avec moi au
cinéma ? Ou… autre part si tu préfères ? »
Quand il comprit les mots sortant de ses lèvres, Leone sentit la cha-
leur envahir son visage. Affligé, il réalisa que son visage devait avoir
pris une couleur rouge tandis que la nervosité le faisait trembler lé-
gèrement.
32
33. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
~
Décidément, la chance souriait à Yuuna ! Elle remerciait le ciel de
l’avoir faite rencontrer quelqu’un d’aussi « angélique
» que Leone. Pour être honnête, elle avait longtemps
été angoissée par ce bal, l’académie regorgeant d’élè-
ves aussi farfelus les uns que les autres. Aussi, le fait
qu’elle s’entende plutôt bien avec son cavalier lui sau-
va la soirée. Avançant son verre de jus, ce dernier entra
brièvement en collision avec celui de Leone, laissant
échapper un son presque divin. Rien d’impressionnant
venant de cet établissement richissime mais Yuuna
eut l’impression de le redécouvrir. Dire que son verre
contenait du jus d’ananas ! Ses parents auraient sûre-
ment fait une crise à la vue du liquide !
« Je devrais prendre exemple sur toi ! Ca m’éviterait de me faire
écrabouiller par la foule … » murmura-t-elle les sourcils froncés.
La jeune fille n’était pas bien costaude et sa nature timide n’arran-
geait pas les choses. Pouvoir s’imposer, elle en rêvait. Cependant
c’est grâce à ce rôle passif qu’elle était devenue plus réceptive à ce
qui l’entourait, aussi elle ne mit pas longtemps à ce rendre compte
que l’esprit de son cavalier s’envolait parfois on ne sait où. Elle avait
beau l’avoir remarqué, restait à en trouver la raison et c’était bien ça
le plus dur car elle était tout sauf perspicace ! Ce fut donc avec un air
inquiet qu’elle approcha sa main libre du front du jeune homme.
« Est-ce que ça va ? Tu veux prendre un peu l’air ? » demanda-t-
elle en retirant progressivement sa main.
Les seules possibilités auxquelles Yuuna avait pensées : fièvre, ma-
laise … Elle ne constata néanmoins pas d’anomalie concernant la
température de Leone, ce qui ne suffit pourtant pas à la convaincre.
33
34. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
Comme pour fuir la réalité, elle commença à se dire qu’il était étran-
ge que quelqu’un soit aussi chaleureux avec elle (bien que beaucoup
l’était) et que le teint rouge du jeune homme était inquiétant. A croire
qu’elle ne se rendait pas compte de l’état de son propre visage !
« Ca me va ! Je peux aussi faire du porridge si tu te sens mal !
Mais je ne pense pas pouvoir y ajouter du chocolat … » répondit-
elle à la fois encore inquiète de l’état de santé de son cavalier et toute
retournée par les péripéties de la soirée.
Il devenait de plus en plus dur pour la jeune Ashford de faire face à
son rythme cardiaque irrégulier. Quelle en était la cause ? La réponse
lui faisait peur. Le visage d’Aiden ne cessait d’apparaitre dans sa tête.
Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu ni même eu au télé-
phone5. Elle l’aimait encore, restait à savoir à quel point, et c’était
bien ça qui la tracassait. Comment pouvait-elle se demander une telle
chose ? Plus elle y pensait, plus elle culpabilisait. Fille facile, elle ?
Rien que cette pensée lui donna mal au crâne. Bien sûr elle faisait de
son mieux pour ne rien laisser paraitre, mieux valait que son cavalier
ignore le débat qui faisait rage dans son cerveau. Elle tenta de se
rassurer, se persuader qu’elle n’avait trahi personne et qu’elle n’allait
trahir personne… quitte à se mentir à elle-même. Ainsi, bien qu’elle
perçut l’invitation de Leone comme un cadeau du ciel l’espace d’un
instant, elle s’efforça de considérer cela comme une sortie entre «
amis ».
« Euh … Bien sûr ! Ca fait longtemps que je n’y ai pas mis les
pieds en plus ! » dit-elle un petit sourire aux lèvres.
Sa réponse n’avait pas du tout l’air de celle d’une simple amie. Ses
joues étaient automatiquement devenues rouges et elle avait éprouvé
une certaine joie à accepter. Mais … Et si elle avait mal interprété la
5 [HS : je ne sais pas si le perso va rester donc j’improvise pour avancer ! Ca fera du
drame XD]
34
35. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
demande de Leone ? Et si elle se tourmentait pour rien ? Yuuna eut
un petit pincement au cœur à cette pensée, puis la culpabilité reprit
vite le dessus. Cela devenait impossible à gérer pour elle, c’est donc
sans trop réfléchir qu’elle saisit une des mains du jeune homme pour
l’emmener un peu plus à l’écart, là où il n’y aurait pas d’oreilles in-
discrètes.
« Je dois savoir. Je dois en être sûre. A tes yeux, suis-je une amie
ou … plus ? » murmura-t-elle.
Elle ne mit pas bien longtemps à regretter ses paroles. Paniquée et
tremblotante, elle n’arrivait pas à croire qu’elle ait pu demander une
chose pareille. D’où était sorti ce courage ?! Aussi elle s’empressa
d’ajouter :
« Euh non ! Ce n’est pas ce que je voulais dire … je suis censée
être en couple et … Ca me ferait vraiment vraiment vraiment
plaisir d’y aller avec toi, plus que tu ne l’imagines mais … ce n’est
peut-être pas une bonne idée et … arrgh je sens que ma tête va
exploser … » balbutia-t-elle, cachant son visage entre ses mains.
Pour la première fois de la soirée, Yuuna aurait voulu avoir un autre
cavalier. Quelqu’un d’arrogant, orgueilleux et détestable. Au moins
elle ne se serait pas sentie aussi perdue …
~
C’était bien la première fois que quelqu’un pensait devoir prendre
exemple sur lui, et d’autant plus une fille. Leone restait sans voix,
comme s’il n’avait pas entendu ce murmure si surprenant. Il ne pou-
vait se cacher que ces paroles lui faisaient plaisir. Le jeune homme ne
pensait pas être un modèle à suivre, et avait même souvent honte de
son côte sombre qu’il ne contrôlait pas très bien.
« Je pense que tu es très bien comme tu es…» murmura-t-il en retour.
35
36. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
Il avait du mal à imaginer une foule osant écrabouiller
une jeune fille aussi adorable, mais n’osa pas en faire
le commentaire. Si jamais Yuuna venait à connaître son
autre lui-même que dirait-elle alors ? En viendrait-elle
à le détester ? Devenu blanc comme un linge le garçon
ne pouvait empêcher la peur le submerger. Sa cavalière
pourrait-elle accepter la partie de sa personnalité liée au
monde de la mafia ? Étrangement, cela lui semblait très
important pour lui alors qu’ils ne venaient que de se ren-
contrer.
La prochaine question lui parvient aux oreilles d’une façon loin-
taine, sans qu’il ne sache vraiment quoi répondre. La main douce de
la jeune fille sur son front le fit légèrement sursauter. Il ne s’attendait
pas à un geste attentionné et encore moins un nouveau contact. Sans
vraiment y réfléchir il recouvrit les doigts posés sur sa peau par les
siens. Son cœur s’était de nouveau engagé dans une course folle, lui
donnant l’impression d’être essoufflé. Ses traits dessinaient l’étonne-
ment, mais aussi un soupçon de crainte.
« Je vais bien ne t’inquiètes pas. Je goûterais avec plaisir tout ce
que tu désireras me préparer.» dit-il d’une voix faible.
Le rouge venait d’envahir de nouveau ses joues tandis qu’il prenait
conscience du sens de ses propres paroles. Après coup, il craignait
s’être montrer trop fleur bleue comme ces princes de contes de fées.
Pour la première fois, il regretta d’avoir critiqué leurs mots suaves et
belles paroles. Finalement, peut être que ce genre de phrases naissait
toutes seules, se nourrissant de sincérité, sans se soucier de le faire
paraitre niais.
Cette impression disparut vite quand elle accepta la sortie à ses cô-
36
37. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
tés. Brusquement, le visage de Leone s’illumina d’un sourire heu-
reux. Il ne pouvait plus empêcher ses lèvres de révéler à quel point
cette réponse lui faisait plaisir. Tout son corps semblait flotter dans un
nuage doux et tiède de bonheur. De peu, il parvint à ne pas exprimer
sa joie en sautillant ou en la prenant dans ses bras. Heureusement, sa
cavalière le guida à l’écart quand il eu plus de mal à se contenir. La
surprise lui permit de retrouver un peu de calme, et d’enregistrer la
suite des événements.
Les murmures de la jeune fille lui parvint aux oreilles sans provo-
quer chez lui la moindre réaction. On voyait sur son visage que le
garçon avait besoin d’un moment pour en comprendre le sens. Puis
son esprit se vida tel un ordinateur qui aurait laissé qu’un seul mes-
sage énigmatique, du genre « error 504 ». Sa cavalière enchaina alors,
avant même que les mots « je ne sais pas » puissent se former sur
les lèvres du garçon. À présent, elle cachait son visage derrière ses
mains, il semblait à Leone que réfléchir se faisait plus aisé. Tandis
qu’il intégrait les informations et acceptait enfin de les comprendre, il
réalisa que l’une d’elle le blessait. L’air devenait plus difficile à res-
pirer, un poids dans sa poitrine le faisait souffrir, lui ôtant tout envie
de sautiller. Imaginer Yuuna dans les bras d’un autre garçon lui parut
alors insupportable. Cela le mit en colère jusqu’à ce qu’il parvienne à
identifier ce sentiment : la jalousie. Il était jaloux.
Doucement, mais avec fermeté, il captura les mains de la jeune fille
des siennes pour les faire glisser de chaque côté de son visage. Rete-
nant celui-ci entre ses paumes, il plongea son regard doré dans celui
de sa cavalière.
« Yuuna, si tu me demande d’être sincère alors je ne veux pas que
tu sois mon amie »
Leone se montrait direct, il voulait éviter de parler longtemps pour
cacher à quel point il avait peur. Plus que cela il était terrifié par la
37
38. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
réaction que pourrait avoir la jeune fille face à son comportement.
Mais la boule au ventre, qui le tiraillait cruellement, ne l’avait pas
dissuadé de se montrer honnête. Yuuna méritait la vérité, et il le lui
devait. Alors soudainement, il l’embrassa tendrement sans oser s’at-
tarder sur les lèvres de la jeune fille par crainte qu’elle ne cherche
à s’enfuir. Le garçon n’était pas certain de pouvoir supporter d’être
violemment rejeté. Alors, il interrompit vite son geste. Toutefois, il ne
parvint pas à cacher par son expression le regret de devoir se retenir.
Une partie de lui sentait qu’il venait de manquer sa dernière chance
de profiter de ce contact. À cette pensée son cœur se serra, avant de
tambouriner à nouveau contre sa poitrine. Leone n’entendait plus la
musique, seule la sensation des lèvres de Yuuna sur les siennes lui
parvenait encore. Puis, toujours avec douceur, il la relâcha complè-
tement.
«Je ne peux pas m’imaginer ne plus te revoir après le bal, cela me
semble trop douloureux. Demande moi de ne plus te toucher, si
c’est la condition pour laquelle tu serais d’accord pour me laisser
t’approcher. Je le ferai. S’il-te-plait, passe du temps avec moi. Si
c’est ce que tu préfères alors accepte de le faire comme avec... un
ami » ajouta-t-il d’une voix légèrement tremblante, avant de pronon-
cer difficilement ce dernier mot comme s’il était dernier douloureux
à prononcer.
Il venait de baisser les yeux en s’apercevant qu’il voyait flou. Si ja-
mais des larmes devait couler, alors il ne voulait pas que la jeune fille
puisse voir à qu’il était si sensible. Ce n’était vraiment pas viril de
pleurer. Malgré ça, Leone ne parvenait pas à cacher sa tristesse et sa
crainte. Il avait tellement peur de perdre Yuuna. Cela aurait pu lui pa-
raitre ridicule parce qu’il venait juste de la rencontrer, et pourtant ce
qu’il ressentait lui semblait à cet instant si naturel, si évident. Glacé
par la peur, il tremblait. Une seule pensée cohérente demeurait dans
son esprit, il ne voulait pas qu’elle s’enfuit.
38
39. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
~
Sur son petit nuage, Yuuna passait une soirée plus qu’agréable. Son
rythme cardiaque avait ses hauts et ses bas, pour le meilleur comme
pour le pire ... Perturbée par ses propres réactions et
malgré ses efforts pour agir normalement, elle sombra
progressivement dans une spirale infernale où joie et
culpabilité ne cessaient de se combattre jusqu’à anéan-
tir ce qui lui restait de retenue.
Sa nature timide s’éclipsa l’espace de quelques se-
condes, secondes qui suffirent à détruire toute chance
de revenir en arrière. Ces quelques instants de fran-
chise lui valurent une réponse qui la laissa bouche
bée. Confuse, inquiète, voire blessée, ses sourcils se
froncèrent et elle osa à peine regarder son cavalier dans les yeux,
l’idée qu’elle ne méritait même pas d’être son amie s’insinuait en
elle. Le baiser surprise de Leone la sortit rapidement de sa confusion,
mais provoqua un chaos total dans son esprit. D’abord pétrifiée, une
de ses mains tremblantes vint lentement effleurer ses lèvres pendant
qu’elle écoutait la réelle réponse du jeune homme. La déclaration de
Leone la touchait beaucoup, et plus que nécessaire … Yuuna eut des
pincements au cœur en entendant les derniers mots de Leone, elle
était cependant consciente qu’il était lui aussi loin de pouvoir sourire
gaiement. Elle regretta amèrement son élan de bravoure qui n’avait
fait que compliquer les choses. Les larmes ne mirent pas longtemps
à pointer le bout de leur nez, elle s’approcha alors de son cavalier et
le prit dans ses bras sans réfléchir, l’empêchant par la même occasion
de la voir pleurer comme une madeleine. Silencieuse un moment, elle
finit par prendre la parole tout en le serrant de toutes ses forces.
« Je vais être franche, je … Je ne sais pas quoi te répondre. Je ne
me comprends pas moi-même. Je me réjouis déjà à l’idée de te
revoir mais je ne sais pas comment je devrais interpréter ça. J’ai
peur … de te faire du mal à toi et à Aiden … Je l’aime. Et honnê-
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40. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.
tement … ce soir, je pense avoir éprouvé des sentiments sembla-
bles à ton égard… » dit-elle en s’efforçant de contenir ses larmes.
Yuuna n’avait à présent qu’une envie, être enterrée au fin fond des
entrailles de la Terre. Elle avait épuisé en une soirée l’équivalent d’un
an de courage et se retrouvait à présent dans une impasse. Il lui sem-
blait impossible de considérer son cavalier comme un simple ami à
présent mais si c’était le seul moyen de le garder à ses côtés ne serait-
ce que quelques instants de plus, elle était prête à accepter la proposi-
tion du jeune homme. Elle voulait le revoir, lui parler plus et mieux le
connaître sans se soucier de quoique ce soit. C’était égoïste et lâche
de sa part, elle le savait et s’en voulait terriblement. L’estime qu’elle
avait d’elle-même n’était jamais tombée aussi bas ...
Lâchant prise et faisant un pas en arrière, Yuuna tenta de retrouver
une respiration normale et s’empara d’une des mains de Leone.
« Passe au dortoir samedi, c’est le jour où je fais un tas de four-
nées spécialement pour mes … amis. » ajouta-elle difficilement en
fixant sa main, « Je t’attendrais avec des brownies … ».
En prononçant ces mots, elle finit par joindre son auriculaire à celui
de la main prisonnière du jeune homme avant de le libérer, lui faisant
signe à la japonaise qu’il s’agissait d’une promesse. La jeune fille
réussit à le regarder dans les yeux puis esquissa tant bien que mal un
petit sourire.
Par la suite, pensant préférable de se retirer, elle s’inclina à 45° afin
de s’excuser et fonça vers la foule pour rejoindre la sortie. A présent
qu’elle avait commis l’irréparable, il ne lui restait plus qu’à s’enfer-
mer dans sa chambre et s’étouffer sous sa couette jusqu’à ce que la
culpabilité daigne lui offrir des vacances. Elle faillit appeler Aiden
un bon nombre de fois mais se dégonfla à chaque fois, n’osant pas lui
parler de la soirée. Yuuna ne ferma pas l’œil de la nuit et resta roulée
en boule dans son lit toute la journée qui suivit …
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43. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
Shamandalie et Shin :
ça commence...
Sham marchait dans les couloirs, en direction de
la sortie de l’académie. Les cours avaient fini tôt
pour elle aujourd’hui, ce qui lui laissait le temps de
penser à autre chose qu’aux examens qui risquaient
d’arriver plus vite que l’on ne croyait. Elle s’arrêtât
près d’une fenêtre, s’appuya contre le mur et entre-
prit de chercher son portable dans son sac.
* Un vrai sac de fille, c’est pas possible ! Il va être tout au fond
sous mes livres, ça c’est sûr !!!*
Elle fouillait dans son sac, espérant ne pas l’avoir oublié en classe…
Quand il émergea, fier et vainqueur, niché entre son livre de math et
son sachet de biscuit d’urgence pour les petits creux avant le repas…
Ou même après ! Elle l’attrapa, l’ouvrit et commença à écrire un mes-
sage. Elle ne savait pas encore si elle l’enverrait vraiment, comme à
chaque fois qu’elle écrivait à Timotée. Il avait promis d’assumer leur
relation et de faire confiance à sa force à elle pour braver les innom-
brables critiques qui seraient faites sur eux lorsque se serait su de toute
l’académie, mais depuis, les premiers pas l’un vers l’autre avaient été
timides. Sham se disait bien qu’ils ne pouvaient pas arriver comme ça
au lycée et se jeter dans les bras l’un de l’autre, mais on commençait
à voir qu’il existait quelque chose entre eux et elle trouvait ridicule
43
44. Shamandalie et Shin : ça commence...
de continuer à avoir peur. Elle avait déjà essuyé quelques critiques et
remarques désobligeantes de la part de certaines camarades de classe.
Elles trouvaient timotée changé quand Sham était près de lui, il sou-
riait même des fois et la regardé plus longtemps que nécessaire. El-
les avaient déjà remarqué, mais pour elles tout était étrange et Sham
passait pour une opportuniste, « une fille de parvenus qui essaie de
rentrer dans la haute » et Timotée comme un imbécile qui veut jouer
au prolétaire au risque de tout perdre ! Leur relation n’étant pas réel-
lement assumée, les gens pensaient qu’ils n’étaient pas sérieux, qu’ils
s’amusaient… Sans compter les amis de Sham qui n’arrêtaient pas de
lui rabattre les oreilles avec le fait que Timotée était un garçon froid
et insensible, qu’elle risquait de souffrir… Elle releva la tête, sortant
de son texto et de ses pensées pour se dire qu’après tout :
*Les amis de Timotée… Ou du moins ses connaissances… Doi-
vent penser que moi je l’utilise… aaaaaaah… Ça va pas être du
gâteau… Mais je dois lui prouver, à lui et aux autres, qu’être pau-
vre ça rend fort !*
Elle se savait plus forte et plus résistante que ne le pensait les autres.
Elle avait confiance en Timotée, même si de temps à autres ses dou-
tes et ses peurs étaient revenus… Elle avait recommencé à penser à
ce jour qui avait brisé ce qu’elle était, à cette amie qui l’avait trahi
et à ce garçon qui l’avait utilisé… Elle avait eu peur qui Timotée ne
soit pareil au final… Elle le craignait encore, il y a des peurs qu’on
n’oublie pas facilement, mais à chaque fois qu’elle voyait ses yeux,
elle ne doutait plus. Il restait quand même un problème : un garçon…
Il la fusillait du regard chaque fois qu’ils se croisaient, la bousculait
quand elle passait près de lui et elle savait que les réflexions idiotes
sur les pauvres et l’argent qu’il débiter à voix haute à ses amis quand
elle était là lui étaient destinées.
*Je me demande ce qu’il veut lui… Mais ça va pas tarder à m’éner-
44
45. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
ver s’il continue ! Si le fils à papa s’est jamais pris une gifle, il va
vite savoir ce que ça fait d’être puni comme un pauvre…*
Sur ces pensées elle appuya sur l’icône d’envoi de son message.
Elle disait à Timotée que ses cours étaient finis et lui demandait si
il était libre pour aller faire un tour ensemble avant de rentrer. Elle
n’ajouta rien de trop mielleux. Heureusement pour elle, elle n’était
pas du genre à rabâcher 100 fois « je t’aime » dans un message ou
à donner des surnoms stupides ou à mettre des smileys partout. Puis
ils n’en étaient pas là. Elle finit par un simple « je pense à toi ». Elle
referma son portable et s’apprêtait à le ranger quand IL apparut au
coin du couloir…
~
IL aurait très bien pu être le fameux Timotee Ryan,
réputé pour être l’un des petits génies riches de
l’école. Mais non, le IL était présentement un jeune
homme n’ayant rien à voir avec Timotee ou encore
Shamandalie, du moins à première vue. Élève en se-
conde dans l’Académie, il n’avait strictement rien à
faire à cet étage, mise à part peut être : parler à un
professeur. Enfin, cette motivation aurait été bien
trop sérieuse pour Shin Harukaze. Même si ses notes
restaient correctes, il n’avait pas la réputation d’un
étudiant studieux. D’ailleurs, il avait attendu la sortie
de l’adulte avant de pénétrer dans la salle de classe après avoir guet-
ter discrètement qui en sortait, et surtout, qui restait.
*Parfait, elle est seule…*, pensa-t-il- comme un gamin préparant un
mauvais coup.
Avec nonchalance, le jeune garçon repoussa les cheveux couleur
ébène, qui lui tombaient devant les yeux, en les peignant de ses doigts.
L’inconvénient d’une coiffure dégradée se situait dans les mèches
45
46. Shamandalie et Shin : ça commence...
rebelles manquant de cacher son regard purement hostile envers la
jeune fille. Ses yeux d’un rubis flamboyant marquaient souvent l’es-
prit de ceux qu’il croisait, voire leurs faisaient peur. Il s’avança vers
sa cible jusqu’à placer un mètre d’une distance raisonnable entre eux.
Sa main et ses doigts fins se posèrent sur une hanche dans une pose
qui devait lui donner un air sûr de lui. Emotion dont le jeune garçon
était en réalité totalement dépourvue derrière son masque arrogant
posé sur le visage. En effet, son cœur tambourinait désagréablement
dans sa poitrine tandis qu’il fixait Shamandalie.
« Tu ferais mieux de laisser tomber pour Timotee. Quelqu’un
comme toi n’es pas fait pour lui.» parvient-il à dire d’un ton sec, en
fronçant ses sourcils joliment dessinés mais curieusement fins pour
un garçon.
On pouvait bien se demander : « Mais diable pourquoi se mêlait-
il des relations entre deux autres élèves ?! ». À vrai dire, le jeune
homme lui-même n’était pas certain d’en connaître la raison. Depuis
quelques temps, il avait remarqué les regards doux entre Shamanda-
lie et Timotee, accompagné d’un sourire déconcertant sur les lèvres
de ce dernier. Visiblement, celui qui se trouvait être son président de
club semblait amoureux. Une idée laissant un goût trop étrange sur
la langue de Shin pour qu’il puisse l’accepter. Depuis, il ressentait un
pincement au cœur à chaque fois que le « couple » se croisait sous
ses yeux. Aucune relation officielle ne les liait encore, et le fauteur
de troubles était bien décidé à faire son possible que pour cela ne soit
jamais le cas.
~
Elle le vit s’approcher, l’air sur de lui, ses yeux rouges brillants
d’une lueur qui en disait long sur ses sentiments pour Sham… Elle
le connaissait de réputation seulement mais ce que l’on disait de lui
n’avait rien de compliments : élèves moyen, comportement à pro-
blème, il avait eu des démêlés avec d’autres élèves… Mais surtout,
46
47. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
elle ne le connaissait pas, ne lui avait jamais parlé et
n’avait rien à voir de près ou de loin avec lui. Le fait
d’être seule dans le couloir avec lui ne lui présageait
rien de bon. Il avait un comportement plus qu’hos-
tile à son égard et ce face à face risquait d’être ex-
plosif… et elle ne se trompait pas.
« Pardon ?... Quelqu’un comme moi ? Mais tu te
prends pour qui? Ce qui se passe entre Timotee
et moi ça ne te regarde pas !»
Elle sentait le rouge lui monter aux joues. Il se prenait pour qui
ce garçon ? Il envahissait son espace personnel, se mêlait de sa vie
privée et la détestait pour… Pour quoi d’ailleurs ?... Elle eut une il-
lumination ! Impossible, ce garçon était jaloux ! Jaloux d’elle, ça ex-
pliquait ses réactions à son encontre concernant Timotee. Ses yeux
s’agrandirent sous le choc !
« Tu es jaloux… C’est pour ça que tu es si odieux avec moi !!!! Ah,
c’est de la jalousie ! »
Elle fut prise d’un fou rire incontrôlable durant quelques secondes !
C’était trop ! Mais d’un coup ce garçon ne l’impressionnait plus tel-
lement… Elle se demanda ce qu’il pourrait bien dire. Vue ce qu’elle
savait de lui, il ne laisserait pas tomber. Mais elle non plus ! Elle en
avait assez de devoir subir les assauts des gamins de riches qui la
considérait comme une impropre parce qu’elle n’avait ni sang bleu, ni
vieille fortune ! Timotee et elle étaient amoureux, bien que cela tienne
du miracle compte tenu du caractère du jeune homme, mais c’était le
cas et il lui avait promis de lui faire confiance, donc elle ne se laisse-
rait pas faire par cette andouille ! Mais elle gardait dans un coin le fait
de parler de ce garçon a Timotee, il savait peut-être quelque chose.
47
48. Shamandalie et Shin : ça commence...
~
Shin toisait la jeune fille d’un air hostile, attardant
son regard dans ses cheveux d’or roux aux reflets
écarlates. Elle était plutôt jolie avec ses grands yeux
noisette. Forcément, sinon Timotee Ryan ne l’aurait
jamais regardé d’une façon aussi agaçante. Parvenus
à la pointe de sa chevelure, son attention descendit le
long des courbes de Shamandalie. Mince, son corps
ne possédait pas les formes pulpeuses d’une femme
sexy mais restait tout de même agréable à observer.
En se fiant uniquement à son physique, oui, le garçon
aurait pu comprendre l’inclination de son président de club. Cepen-
dant…
« Tu ne sais vraiment pas respecter ceux qui te sont supérieurs. Je
suppose que je ne devrais pas m’en étonner. Très bien, je vais être
plus clair : cesse de tourner autour de Timotee, paysanne ! »
Le jeune homme adoptait un air faussement blasé, avant de croiser
les bras. Il venait de prononcer le mot « paysanne » comme si cela
avait été une des plus odieuses insultes au monde. Shin semblait s’at-
tendre à voir la jeune fille capituler. Une attitude terriblement naïve.
À moins que le garçon, ne connaisse pas véritablement la raison le
poussant agir ainsi. Réputé pour sa mesquinerie, il n’hésitait pas à
blesser ses camarades pourtant cela n’était que très rarement son but.
Que cherchait-il alors en affrontant Shamandalie ? Celle-ci sembla
soudain trouver une réponse à ses motivations. Toutefois, Shin ne
s’attendait absolument pas à un tel dénouement, si bien que la surpri-
se s’installa sur son visage, chassant toute autre émotion. Il paraissait
alors beaucoup plus jeune, tandis que l’on pouvait lire sur son visage
le chemin que prenaient ses pensées. Avait-elle raison ? Était-il véri-
tablement jaloux ? Cela expliquait-il son comportement envers une
inconnue ? Le rire de la jeune fille l’empêchait de pousser plus loin
48
49. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
ses réflexions. Il avait la curieuse impression qu’elle se moquait de
lui. Et il n’aimait pas ça. Ses joues rougirent alors d’embarras et ses
poings se serrèrent.
« Tu te surestimes, paysanne. Tu n’as pas ce qu’il faut pour me
rendre jaloux de Timotee. » articula-t-il d’un ton boudeur, en jetant
un bref regard à la poitrine de la jeune fille.
~
Ce petit gosse de riche commençait à lui courir
sur les nerfs avec son air supérieur et son hostilité
affichée. Non seulement il l’insultait, si tant est que
«paysanne» soit une insulte, mais en plus il la dé-
taillait de haut en bas, sans se gêner! Il avait des
idées rétrogrades sur les classes sociales visible-
ment!! Sans compter qu’il ne comprenait rien de ce
qu’elle disait visiblement!! Sa réflexion sur la jalou-
sie du jeune homme avait embarrassé ce dernier, il
en était devenue rouge de colère, ou de honte elle ne savait pas. Elle
sourit de plus belle en entendant sa réponse. La croyait-il aussi va-
niteuse et imbu d’elle même? Visiblement, il avait du mal à admettre
que tout le monde ne soit pas comme lui...
«Je n’ai jamais dit que tu étais jaloux... de Timotée... Je dirais
plutôt que tu es jaloux... De moi! C’est pour ça que tu es si hostile
avec moi...»
Elle s’adossa au mur du couloir, détendue, les bras croisés. Elle ne
le craignait pas, des gamins comme lui l’école en regorgeait et elle
les avait apprivoisé ou ignoré simplement. Ils n’étaient pas les plus
à craindre... Certains élèves étaient réellement dangereux! Mais visi-
blement pas lui... Elle ne devait pas céder!
«De deux chose, l’une: Tim n’appartient à personne et il prend
49
50. Shamandalie et Shin : ça commence...
ses décisions seul, comme un grand garçon... Deux: lui et moi, ça
ne te regarde pas... Mais si tu as un truc à dire, je pense que Tim
serait ravi que tu lui dises, puisque tu à l’air de penser qu’il a be-
soin de toi pur réfléchir... Le connaissant... Il va adorer...»
Elle connaissait Tim... Et elle savait qu’il détesterait qu’un garçon lui
parle comme ça de ses décisions. Surtout que...
«Au fait... Comment tu connais Tim?...»
~
Shin se mouvait au rythme du swing de la mélo-
die de Moanin d’Arts Bakley1. Alors qu’il s’attendait
à une capitulation dans les règles, la demoiselle ne
le laissa même pas apercevoir le drapeau blanc. Du
coup, le jeune homme aux joues encore rouges se
demandait ce qu’il devait faire face à cette présomp-
tueuse jeune femme. Il fut d’autant plus déstabilisé
quand il comprit s’être trompé sur le sens des mots
de Shamandalie. Alors, d’écarlate, son visage se mit
à pâlir graduellement, tandis qu’il tentait de saisir toutes les implica-
tions de la réponse portée à ses oreilles.
Soupirant d’un air blasé, il vint se frotter l’arrière du crâne d’une
main vive, ce qui ne manqua pas d’ébouriffer ses cheveux.
«Je suis désolé, j’avais mal compris ce que tu voulais dire….»
commença t-il d’un ton curieusement sincère.
Puis, le garçon s’approcha de la jeune femme, adossée au mur du
couloir et visiblement détendue. Usant de plus force que nécessaire,
Shin attrapa l’un de ses poignets et plongea son regard de la couleur
1 (Ah ! Non ! ça c’était le narrateur…)
50
51. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
du rubis dans celui de Shamandalie.
« Je ne suis pas gay», dit-il très sérieusement, «et je ne prétends
posséder personne, moi.»
Desserrant sa prise, le jeune garçon s’écarta légèrement mais resta
assez près pour qu’elle puisse l’entendre murmurer.
« Timotee n’a pas la réputation d’être un cœur tendre. Cepen-
dant, c’est un excellent élève, particulièrement doué pour faire
semblant quand le devoir le lui impose. Comment peux-tu être
certaine qu’il ne t’utilise pas pour améliorer son image ?»
La lâchant complètement, Shin s’éloigna encore d’un pas, une ombre
fugace de douleur passa sur son visage tandis qu’il répondait :
« Tu n’as pas envie de savoir….» avant d’adopter de nouveau un air
dur «Tu ferais mieux de le laisser tomber, il n’est pas pour toi»
~
Sham ne supportait pas ce garçon... Elle sentait
que son animosité envers elle la poussait à le haïr,
lui. Elle ne se sentait pas menacé mais elle ne vou-
lait pas lui laisser le loisir d’avoir le dernier mot!
Elle le vit pâlir de plus en plus. Il avait compris...
Enfin! Et il avait l’air presque embarrassé de ne pas
l’avoir comprise plus tôt... Ce garçon était de plus
en plus étrange, il était agressif sans raison et d’un
coup devenait presque sincère dans son embarras...
Soudain elle le vit s’approcher d’elle et lui saisir
le poignet dans un étau qui surprit Sham. Il était mince mais pas
dénué de force...
«Tu es drôlement jaloux en tout cas... Et je ne possède pas Timoté,
51
52. Shamandalie et Shin : ça commence...
il n’appartient à personne, il est avec moi de son plein grès... Mais
ça te tue qu’il m’ait choisit moi...»
Elle le savait, elle le sentait... Il ne comprenait pas! Et elle ne vou-
lait pas lui faire comprendre ce qui se passait entre elle et Timoté. Il
semblait presque souffrir de ne plus voir le jeune homme comme un
garçon gâté et froid... Mais tant pis pour lui! Les mots qu’il prononça
ensuite devait rester dans sa mémoire... Elle le trouva si pitoyable
d’utiliser ça comme attaque...
«Parce que sortir avec une paysanne améliore son image?... Mau-
vaise stratégie, tu ne crois pas?... Et la réputation, c’est seulement
des mots... Ce que les gens disent quand ils ne te connaissent pas...
Et aucun devoir ne le lie à moi... Tu as perdu!»
Elle s’éloigna un peu, replaçant derrière son oreille une mèche re-
belle. Elle l’entendit lui dire de laisser tomber Timoté... Il ne manquait
pas de culot! Elle se retourna et se dirigea d’un pas plein de rage vers
son rendez vous avec son âme soeur. Cette pensé, ajouté à la situa-
tion et à la discussion qu’elle venait d’avoir la fit partir d’un éclat de
rire...
~
Shin serrait le poignet de la jeune fille comme si ce
contact physique pouvait lui faire adopter son point
de vue. Shamandalie semblait bien décidée à n’en fait
qu’à sa tête, et le garçon commençait à croire que rien
ne lui ferait changer d’avis. Une partie de lui avait
envie de céder à la violence. D’ailleurs, son regard
prit une la nuance sombre et inquiétante. Ne quittant
plus sa proie, il cachait à peine sa tentation à choi-
sir un recours bien plus primaire. Eh oui, si Shin pa-
raissait mince et délicat comparé à la majorité de ses
camarades masculins il n’en restait pas moins un jeune homme en
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