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Académ                   rn
                   ie Von Einzbe




   Les Chroniques de
l’Académie Von Einzbern
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




           Les Chroniques de
        l’Académie Von Einzbern
Voici une version test pour se souvenir de nos sujets favoris sur le fo-
rum. Vous pouvez me demander votre propre version. N’hésitez pas non
plus à commenter cet exemplaire, un de mes objectifs est de travailler
ma mise en page ;) . Pour tout souci contacter moi par mp. PS: vous
pouvrez cliquer sur les titres des sujets pour vous rendre au chapitre
souhaité.


 Remerciements à Johann pour m’avoir fourni tous ses visuels, et à
 ma chère Shamandalie pour m’avoir encouragé.
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




                            Académ                   rn
                                     ie Von Einzbe




                    Sommaire
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.                                            5

Shamandalie et Shin : ça commence...                                                43




                                                                                         3
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.




                                               Yuuna




                     Leone



4
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




               Yuuna et Leone :
             Soirée avec un mafieux



                  Cette fois-ci le jeune homme avait enfilé une chemise
                d’un sombre pourpre, dont la matière brillait assez pour
                en révéler la grande valeur. Une veste noire de bonne
                couture s’y était superposée, et un pantalon de même
                couleur et qualité en finissait le costume. Enfin pres-
                que, puisque s’étaient des chaussures d’un noir ciré qui
    se trouvaient au bout du corps de Leone. La famille Martillo ne
  plaisantait pas avec la bonne tenue, et avait veillé à ce que son héri-
tier soit soigné de la tête aux pieds, et ce soir là, les cheveux du jeune
homme avaient étaient repoussés de son front, afin de lui donner une
allure moins enfantine. Il avait déjà l’habitude de faire attention à
son apparence lorsqu’il réglait une affaire dans le monde de l’ombre,
où être présentable était une obligation. Parce qu’il était sûr de s’en-
nuyer , avec une femme collée à lui ce ne pouvait être que le cas, le
jeune homme avait passé sa journée à s’entraîner non avec, mais sur
ses hommes aux arts martiaux. Leone était souvent regardé comme
un monstre dans sa maisonnée, pourtant tous le respectaient et avait
même une certaine affection pour lui, cependant il était un peu trop
doué aux arts martiaux, et aimait un peu trop les combats.
   Entièrement propre et habillé de beaux tissus, le jeune homme at-
tendait sa cavalière qui devait être dans une classe inférieure à la sien-
ne. Il ne l’avait jamais vraiment remarqué, et espérait qu’elle ne soit
pas trop féminine. Enfin, Leone était très étrange, il avait eu pas mal


                                                                                 5
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



    d’aventures avec des femmes plus âgées, mais les jugeait superficiel-
    les. Ce qui était assez pour embrouiller ses propres sentiments, et ne
    plus savoir ce qu’il désirait. Surtout que sa dernière relation l’avait
    marqué plus durement qu’il ne pensait pouvoir l’être. Toujours était
    il que ce soir là il attendait une fille, sa cavalière pour une des fêtes
    étranges de l’académie. À sa droite des couples n’arrêtaient pas d’en-
    trer dans la salle de bal, l’air souriant pour certains, et anxieux pour
    d’autres. Le jeune homme, lui, soupira…
                                  ~
      Le grand jour était arrivé, enfin. Nerveuse comme
    tout, Yuuna avait passé beaucoup de temps à choisir
    sa tenue. Sur le coup elle aurait beaucoup aimé s’ha-
    biller en homme pour rendre les choses plus simple
    mais après un bon temps de réflexion, il n’en était pas
    question! Disposant toutes les robes qu’on lui avait
    commandé sur son lit, elle décida de confier le choix
    au hasard, pile ou face, rien de plus simple! Cepen-
    dant, bien qu’elle n’arrivait pas à se décider, Yuuna avait tout de
    même quelques préférences, aussi elle lança sa pièce une bonne di-
    zaine de fois, afin de voir le «destin» se mettre d’accord avec elle.
    Des escarpins blancs aux pieds, la jeune fille finit alors par sortir de sa
    chambre vêtue d’une robe bleu clair à bustier à bretelles, lui arrivant
    jusqu’en dessous des genoux. La tenue comprenait également une
    longue écharpe de la même couleur mais Yuuna estima qu’elle allait
    sans doute la gêner. Et hop, un accessoire en moins égale à moins
    d’encombrement! Son maquillage se voyait à peine car c’était bien le
    but, faire «naturelle». Elle resta donc dans des tons clairs. Les seuls
    bijoux qu’elle porta furent un collier au pendentif en jade, dit impé-
    rial, rien d’extraordinaire mais elle aimait beaucoup cette pierre ainsi
    qu’une paire de petites boucles d’oreille passant presque inaperçue.
    Pour finir, toujours avec la pièce de monnaie, elle était tombée sur
    l’option «cheveux légèrement bouclé»...



6
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



  Passant rapidement aux cuisines, Yuuna s’empara d’un petit sac en
papier qu’elle avait préparé quelques heures avant, en espérant que
cela plairait... Étant, selon le chauffeur de la famille, en retard, elle
ne put faire autrement que de monter dans la voiture de celui-ci. Dire
qu’elle pensait se rendre à l’académie à pieds! Quelle folie! Arrivée
au portail de l’établissement, elle confia un des deux petits paquets
contenus dans son sac à son chauffeur. Sa mission, le délivrer à une
certaine personne ... Yuuna se dépêcha ensuite de rejoindre la Salle
des Orchidées. Devant la foule qui se présentait à elle, il était diffi-
cile de repérer une personne en particulier, surtout qu’ils ne s’étaient
sûrement jamais vu avant. La jeune fille n’avait que quelques indica-
tions: «Cheveux verts, président du club de karaté, à peu près ta taille
et ‘mignon’ « lui avait dit une camarade de classe. Bien, la tâche ne
s’annonçait pas facile et ces informations ne l’aidaient pas beaucoup,
d’ailleurs leur notion du ‘mignon’ était souvent différente, du moins
pour les peluches, ce qui n’avait bien sûr rien à voir avec les êtres
humains!
  Après cinq bonnes minutes à jouer un peu des coudes, Yuuna réussit
enfin à trouver son cavalier, du moins c’est ce qu’elle pensait. Elle
vérifia que son présent n’était pas écrabouillé puis finit par s’avancer
prudemment, espérant ne pas se tromper de personne. Question de
chance, mais justement elle n’en avait pas. Il ne restait qu’à prier et
prendre ses jambes à son cou en cas d’erreur!

«Euh ... Leone-sen... pai ?» dit-elle prête à aller se cacher dans la
foule.
                                   ~
  Regrettant déjà qu’il n’y ait pas d’alcool au bal, le jeune homme
n’osait même pas pensé à sa cavalière, tant il en voyait l’image d’une
femme trop pomponnée et beaucoup trop parfumée. Une blessure
dans sa poitrine, lui rappela qu’il n’était pas encore tout à fait guérit
de sa dernière relation. Pour avoir utilisé la peur de le ‘salir’ comme
prétexte à ne pas l’embrasser, et même à le jeter, cette femme devait


                                                                                   7
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



    recevoir un terrible châtiment. Enfin, c’était ce que ce disait Leone en
     préférant remplacer la douleur par la colère. En réalité il avait l’in-
                 tention de rien en faire, simplement imaginer l’apaisait.
                 Ses pensées sombres, il les gardait pour lui, et souriait
                 d’un air angélique à tous ceux qui le saluaient, ce qui re-
                 présentaient tous ceux qui passaient prés de lui. Faisant
                 partie des riches parmi les riches, le jeune homme était
                 très connu dans l’école, et certains allaient même jusqu’à
                 lui lécher les bottes. Après tout, son air angélique favori-
                 sait ce genre de réaction, contrairement à l’attitude ren-
                 frognée de Mat.

      Alors qu’il était sur une planète très lointaine, Leone sentit son es-
    prit rappeler par une voix hésitante. Sans aucun doute s’était une voix
    féminine, et fort probablement c’était celle de sa cavalière. Prenant
    son courage à deux mains afin d’affronter la planète terre, et les ga-
    mins de l’académie, il posa son regard sur la dite personne. Celle-
    ci ne ressemblait pas du tout à l’idée qu’il s’en était fait. Loin d’en
    avoir fait trop, la jeune fille paraissait naturelle. Ce qui faillit le laisser
    boucher bée. Heureusement il se reprit avant de dévoiler son fameux
    sourire joyeux et enfantin.

    «Oui c’est moi, tu es Yuuna-san, n’est-ce pas ? Tu es vraiment
    jolie» dit-il d’un ton enjoué.

       Leone était ravi, non seulement sa cavalière n’était pas une de ces
    filles de riches qui en faisaient trop, mais en plus elle était toute jolie.
    Voilà de quoi lui remonter le moral en flèche, bien que cela n’était pas
    forcement une bonne chose pour la jeune fille en question…
                                                   ~
      Oui, c’était bien le grand soir. Le bal original tant attendu par tous
    les élèves de l’établissement, du moins la plupart, offrait un spectacle
    incroyable à tous ceux qui s’y présentaient. Les décorations comme


8
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



  les participants étaient resplendissantes. Chacun s’était fait beau
  pour ce jour et tous allait enfin faire plus ample connais-
  sance avec leur cavalier ou cavalière. Yuuna quant à
  elle avait prévu de profiter de l’occasion pour s’amu-
  ser. Il était vital pour elle de se détendre et oublier les
  cours, cependant, le stresse ressenti avant de rencontrer
  son cavalier improvisé avait suffi à la refaire sombrer
  dans un état de panique. Un sac contenant un présent
  en main, Yuuna circula tant bien que mal dans la foule
  d’élèves, manquant de se faire écrabouiller à plusieurs
  reprises. Mais ce n’était pas la fin de ses péripéties, car
  ne sachant pas vraiment à quoi ressemblait Leone, la
  jeune fille pria pour que la personne qu’elle avait interpellée était
  celle qu’elle cherchait.
    Heureusement pour elle, la chance avait fait en sorte qu’elle ne
  se ridiculise pas et voilà que son cavalier se tenait devant elle. Tout
  d’abord, Yuuna hocha vivement la tête en signe de oui à la question
  de Leone puis, elle laissa échapper un petit «ouf»de soulagement.
  Cependant son état se détente totale ne fit pas long feu avec Leone le
  mafieux, du moins, la dernière phrase de celui-ci la transperça d’un
  coup. Comme à son habitude inchangée et inchangeable1, Yuuna ne
  sut quoi répondre et se mit à rougir. Elle réussit pourtant à caser un
  petit merci timide dans sa panique pour enchaîner tout de suite par un
  mouvement très rapide, presque automatique, comme un robot. En
  effet, Yuuna avait mis en avant son sac qu’elle tenait avec ses deux
  mains, le tendant à Leone. Le pauvre sac avait fini presque écrasé sur
  le torse du jeune homme. Heureusement, ce n’était pas avec la force
  d’hamster de Yuuna que le contenu serait endommagé.

  «Euh ... J’ai fait des biscuits pour l’occasion ...J’espère que ça te
  plaira ! ...» dit-elle toujours les bras tendus.


1 [j’invente des mot °°]


                                                                                  9
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



         Puis se rendant compte qu’elle avait oublié quelque chose de cru-
       cial, Yuuna s’empressa d’ajouter en finissant par courber son dos telle
       une vraie japonaise :

       «Oh ! Et j’espère qu’on va passer une bonne soirée!»
                                                       ~
                        Contrairement à un certain nombre d’élèves de l’école,
                        Leone avait l’habitude des fêtes privées, puisqu’il faisait
                        parti d’un groupe d’adolescent plutôt remuant. Il préfé-
                        rait largement ce genre de fête au bal officiel, en repro-
                        chant le manque d’alcool et le côté trop pompeux. Le
                        jeune home aimait s’habiller de façon classe et cool, rien
                        à voir avec l’apparence de prince qui était demandé lors
                        des bals. Il pensait que ce type de réception était bien
                        loin de la vérité, même riche personne ne vivait dans un
                        conte de fées.

         Heureusement cette fois ci, il aurait une cavalière sans froufrous, ni
       parfum à assommer un cheval. En plus elle était jolie, mais bon Leone
       savait qu’il ne devait pas essayer de sortir avec une fille de l’école, si-
       non il risquait de perdre sa bonne réputation. Sans oublier que rien ne
       garantissait que la jeune demoiselle soit libre, même si cela n’aurait
       pas franchement arrêté Leone2. Pour le moment, la surprise s’afficha
       sur les traits du jeune homme quand un sac faillit s’écraser contre son
       torse.

       «Merci Yuuna-chan, c’est vraiment très gentil à toi. Dis moi je
       peux t’appeler Yuuna-chan au moins ?» dit il, un sourire lumineux
       et enfantin sur les lèvres.

        Il prit le cadeau dans ses mains, et se demanda ce qu’il allait en faire.
       Le jeter, oui il ferait cela parce qu’il se disait qu’il n’aimait pas tout ce
     2 [ il doute de rien celui là mdr]


10
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



qui était sucré. Contrairement à tout ce que ces filles pensait, Leone
n’était pas un gamin…Et puis non, il ne le jetterait pas il le donnerait
à ses hommes, c’était encore mieux ainsi, une plus belle vengeance…
Un combat intérieur faisait rage en Leone, alors qu’il essayait de se
persuader qu’il n’adorait pas ce qui était sucré et qu’il n’était pas du
tout tenter de manger ses biscuits. Pourtant, le jeune homme avait du
mal à taire sa gourmandise, et si son esprit s’inventait des faux désirs,
il avait commencé à guider sa cavalière tout tenant bien fermement
le fameux sac.
                             ~
  Peu à peu, Yuuna retrouvait son calme. Elle s’était
longtemps demandée ce qui l’attendrait à ce bal, de-
mandée si c’était vraiment une bonne idée d’y parti-
ciper. Tout le monde lui avait conseillé de s’y rendre,
elle avait longtemps craint de regretter son choix, ce-
pendant, la soirée semblait bien commencer, Yuuna se
sentait assez à l’aise à présent. Chose plutôt normale
puisqu’elle n’avait aucune idée des pensées de son cavalier !
  Ses biscuits acceptés, elle se sentit plus légère et espérait que son
autre paquet avait bien été livré à son destinataire. Elle se contenta
ensuite d’hocher la tête en signe de « oui », un petit sourire aux lè-
vres elle aussi. A présent l’esprit tranquille, elle allait pouvoir profiter
du bal, ou du moins c’est ce qu’elle pensait… Tous deux avançant
vers la salle de bal, il ne fallut pas beaucoup de temps à Yuuna pour
apercevoir l’éblouissante lumière qui en provenait. Pour l’occasion,
l’établissement n’y était pas allé de main morte, c’était le moins que
l’on puisse dire ! Il y avait tellement de … « décorations » qu’il était
presque impossible d’en faire une liste complète et détaillée. Bref,
Yuuna préféra ignorer tout cela, histoire de ne pas devenir aveugle et
salua comme elle put les quelques personnes qu’elle reconnaissait.
Au loin elle vit Shamandalie et Timotee. Les voir ainsi réunis ne man-
qua pas de lui faire tirer une petite grimace, sa dernière rencontre avec
le jeune homme n’ayant pas été très agréable, même loin de là… Elle


                                                                                   11
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     essaya ensuite de trouver Aiden dans la foule de couple, tournant la
     tête à gauche et à droite, en vain. L’espace d’une seconde, ses sourcils
     se froncèrent mais firent rapidement place à une mine déçue. Peu de
     temps après, s’arrêtant net, Yuuna se tourna vers son cavalier, le re-
     gardant dans les yeux comme elle le faisait avec n’importe qui.

     « Et… Que sommes-nous censés faire à présent ? » questionna-t-
     elle presque inquiète du programme de leur soirée.

        La question pouvait paraître stupide mais c’était un fait, la jeune
     fille était toujours déboussolée lors de telles occasions. Lors du pré-
     cédent bal, Yuuna s’était quasiment faite traînée dans tous les sens, ne
     sachant pas quoi faire...!
                                                   ~
                    Le jeune garçon évitait de regarder les décorations de
                  la pièce, il y avait beaucoup trop de froufrous à son goût,
                  ce qui lui donnait l’impression d’étouffer. Il se surprit
                  même à tirer légèrement sur le col de sa chemise, comme
                  si cela pouvait mettre fin à cette désagréable sensation.
                  Leone se demandait comment les organisateurs du bal
                  faisaient pour être des sans gênes pareils. Et puis ce thè-
                  me du couple le plus beau et le plus mature c’était vrai-
       ment n’importe quoi. N’importe couple était beau quand les deux
     amoureux l’était l’un et l’autre. Bon pour le mature, là Leone séchait
     un peu, ce n’était pas son rayon.

     *Je me demande ce qu’elle en pense elle…* pensa t’il en jetant un
     regard vers sa cavalière.
       Son bras enlaçait toujours le fameux paquet, on aurait dit qu’il ne
     voulait pas s’en séparer. Leone recevait souvent des cadeaux par les
     femmes qu’il séduisait, mais jamais on n’avait cuisiné ainsi pour lui.
     Malgré sa volonté d’être un cœur de pierre, l’attention de la jeune fille
     l’avait touché.


12
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




«Vu l’ambiance je suppose que je suis censé t’inviter à danser à
la manière d’un prince charmant, puis te proposer de te servir
à boire et faire de ta soirée un conte de fées…mais à vrai dire je
danse très mal, et je ne pense pas ressembler à un prince char-
mant.» répondit-il avec un sourire angélique.

  Etonnant contraste qu’offrait le jeune homme entre son apparence
innocente, proche d’un personnage de fiction, et l’aveu de ses dé-
fauts. D’autant plus, que cela ne semblait pas l’embarrassé le moins
du monde. Il semblait même plus mature dans cette façon de parler,
ce qui était assez rare chez lui.
  Le jeune homme faillit reprendre la parole, lorsque deux de leurs
camarades d’école les interpella avec un « Bonsoir les filles ! » qui ne
plut pas du tout au mafioso. Bon, cinq fois sur dix on se trompait sur
son sexe à cause de ses traits fins et de sa taille, et à chaque de ses fois
l’aura de Leone devenait subitement très sombre. Cette expérience-ci
n’échappa pas à la règle, Leone se retourna donc vers les impertinents
avec une élégance glaciale.

«Qui est une fille ?» demanda sa voix calme mais d’une note assez
terrifiante.

  Visage d’ange mais démon à l’intérieur, le jeune homme fit vite fuir
les accosteurs. Il ne se souvint de la présence de sa cavalière juste à
côté qu’après. Non seulement, elle devait être elle aussi touchée par
son aura démoniaque, et certainement être effrayée, mais en plus elle
avait vu des garçons le prendre pour une fille…la honte complète. Les
joues de Leone se teintaient légèrement de rouge lorsqu’il fit face à
la jeune fille.

«Je suis désolé…je peux te servir quelque chose à boire si tu veux…
enfin, si tu veux bien rester avec moi…» proposa t’il, embarrassé.



                                                                                   13
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



                                                   ~
        Yuuna était bien perdue dans ce monde beaucoup
     trop éblouissant à son goût. Aussi elle préféra s’abs-
     tenir de regarder trop longuement ce qui l’entourait,
     mieux valait se concentrer sur les personnes. La jeune
     fille en revint donc à son cavalier qui tenait encore ses
     biscuits... Peut-être aurait-elle dû les lui donné plus
     tard, passer la soirée avec ce paquet dans les mains
     n’allait pas être commode pour Leone. Elle aurait bien
     aimé les lui prendre de suite et s’expliquer ensuite
     mais son cavalier ne semblait pas vouloir s’en séparer.
     Cette seule pensée lui fit plaisir et lui ôta toute envie de récupérer le
     petit sac.
        Par la suite, comme elle s’en était doutée, Yuuna ne sut quoi faire
     maintenant arrivée au bal. La réponse de son cavalier la fit cependant
     esquisser un sourire. Drôle de réaction peut-être mais le fait qu’elle
     ne soit pas la seule à avoir du mal avec la danse, malgré les entraine-
     ments intensifs qu’elle avait subi par le passé, lui plaisait infiniment.
     Ce n’était pas tous les jours qu’elle avait l’occasion de danser, aussi
     elle devait sûrement être rouillée à présent, mieux valait ne pas s’y
     risquer.

     «Prince charmant ou pas, avec une cavalière aussi maladroite
     mieux vaut éviter la piste.» dit-elle en riant, « Je préfèrerais ne
     pas te faire courir de danger avec mes talons démoniaques ... Je
     me demande bien comment Cendrillon a fait pour ne pas rendre
     son prince handicapé ...» ajouta-t-elle, en murmurant presque cette
     dernière phrase.

       La pièce de théâtre vue en compagnie de «Moe-chan» l’avait plu-
     tôt marqué après tout. Cendrillon avait sûrement un don inné pour
     la danse, contrairement à elle et son cavalier. Alors que les choses
     commençaient à s’agiter, Yuuna était perdue dans ses pensées. Elle


14
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



mit donc plus de temps que Leone à comprendre les propos des autres
élèves...
  Fronçant les sourcils, elle voulut intervenir mais avant même qu’el-
le ait pu émettre le moindre son, Yuuna sentit comme des ondes néga-
tives émaner de son cavalier. Non c’était même plus que ça, son aura
était presque meurtrière. L’espace d’un instant, elle crut même trem-
bler de peur en entendant la voix du jeune homme. Cependant c’était
une chose qu’elle ne put vraiment confirmer, ayant presque oublié ce
qu’elle venait de ressentir dès que son cavalier s’était retourné vers
elle, embarrassé. Un vrai contraste entre ce visage angélique et l’aura
démoniaque qui l’entourait juste avant... A l’avenir elle saurait qu’il
valait mieux éviter que Leone entende des sottises pareilles, quitte à
lui boucher les oreilles elle-même ou le pousser dans une piscine pour
qu’il devienne sourd l’espace d’un instant.

«Ne t’excuse pas voyons, si tu ne l’avais pas fait je m’en serais
chargée moi-même ! Bon certes avec moins ... d’autorité je dirais
?», dit-elle presque amusée, «Bref ...! Va pour une boisson !»

  Ne souhaitant pas que Leone repense à cet incident toute la soirée,
Yuuna préféra faire son possible pour lui faire oublier cette malheu-
reuse rencontre. Aussi elle s’empara d’une main libre de son cavalier,
un sourire aux lèvres, se lançant ainsi à la recherche des boissons.
Néanmoins son projet rencontra un grand obstacle : avec la foule qui
se dressait devant elle, la jeune fille perdit son sens de l’orientation...
Pas très malin dans un moment pareil, et elle qui voulait prendre les
choses en mains, c’était raté.

«Bon ... Je crois bien qu’un GPS ne serait même pas suffisant
pour me remettre sur le droit chemin. Mmh…» dit-elle en se tour-
nant vers Leone, presque l’air implorant.
                                    ~



                                                                                    15
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



       Leone Martillo s’accrochait toujours au fameux sac comme si sa vie
                    en dépendait. Quand il y pensait, le jeune homme avait
                    presque l’impression de flotter tant cela lui faisait plaisir.
                    Toutefois, ce n’était pas vraiment pratique pour la soirée,
                    et l’un des serviteurs en place vint lui proposer de veiller
                    sur ses affaires. Très réticent, le mafieux ne cessa de pas-
                    ser son regard du paquet à l’homme de service, de l’hom-
                    me de service au paquet. Il était plus qu’évident qu’il fi-
                    nit par céder uniquement à contre cœur. Une ombre de
                    regret suivit même le paquet tant précieux quand celui-
       ci disparu vers les quartiers du personnel. Leo ne réalisa qu’après
     coup, qu’il aurait peut être du également confié sa veste, mais ne fit
     aucun commentaire pour ne pas souligner son manque de réflexion à
     ce moment là.
       En théorie, le couple était censé jouer les parfaits partenaires de
     soirée, mais Leone n’était pas certain de visualiser ce que «parfait»
     signifiait dans ces cas là. Un coup d’œil vers les membres du jury,
     qu’il pu repérer, le confirma dans son idée que la sélection serait «
     parfaitement » subjective. Le jeune homme ne s’amusait pas souvent
     aux événements de l’école, parce qu’il ne pouvait pas s’y détendre
     complètement. Contrairement aux soirées passées avec ses amis et
     un bon nombre d’admiratrices, pas mal de choses manquaient à son
     confort, comme par exemple avoir toujours Shun à ses côtés. Au ly-
     cée ce dernier n’était que le meilleur ami du jeune homme, mais à
     l’extérieur il était son bras droit, et ne le quittait que rarement. Pour-
     tant, et ce, petit à petit, Leone avait commencé à se sentir à l’aise ce
     soir. Il finit même par rire gentiment au commentaire de Yuuna sur les
     talons démoniaques.

      «Tu es vraiment une fille mignonne Yuuna, je me sens bien avec
     toi.»

      Un sourire sincère suivait ses paroles franches et directes. Il disait



16
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



  ce qu’il pensait d’une façon totalement naturelle, et sans même penser
  que cela pouvait mettre mal à l’aise la destinatrice. Le jeune homme
  était content de se trouver là, uniquement parce que sa cavalière était
  Yuuna, il venait tout juste de le réaliser. D’ailleurs, il était passé sans
  y faire attention du ‘Yuuna-chan’ au ‘Yuuna’, ce qui lui donnait l’im-
  pression de s’être rapproché d’elle, mais donnait également au com-
  plimenteur3 une dimension plus mature. Ensuite le rouge lui monta
  aux joues jusqu’à ce qu’il ressemble à une tomate en entendant le mot
  « autorité », mais sourit d’un air embarrassé.

    Quelque chose d’étrange se passait ce soir là : depuis quand le vi-
  sage de sa cavalière était-il entouré de lumières et de fleurs?

    À présent quand il la regardait, il sentait ses joues chauffées légère-
  ment, et peinait à remarquer autre chose qu’elle. Quand elle lui prit la
  main, il fut surprit d’avoir l’impression de sentir la douceur de Yuuna
  dans sa paume, et qu’en réponse, son cœur battait très fort. Leone
  était un peu paniqué à l’idée qu’elle puisse entendre la course folle
  de cet organe majeur. Toutefois, il se sentait heureux aussi surpre-
  nant et subit que cela lui semblait. Ils avaient beau être bloqué dans
  une foule dense, il paraissait au jeune homme être seul avec sa cava-
  lière. D’ailleurs, il ne réalisa la situation bloquée que lorsque Yuuna
  en parla de vive voix. Alors Leone passa devant sa cavalière avec un
  sourire qui ne demandait que sa confiance, et avança sans lâcher la
  précieuse main.

   «Je vais nous mener jusqu’au buffet». annonça t’il avec un sourire
  angélique, sans qu’il ait eu besoin de le préparer.

   Puis ils se mirent à avancer à pas de plus en plus régulier, curieuse-
  ment, grâce à l’aura naturelle de Leone la foule s’écartait légèrement
  autour d’eux pour leur ouvrir le chemin. Il n’utilisait même pas son
3 [mot qui fait étrange à l’horizon, mais je le trouvais drôle ^^]


                                                                                          17
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     regard noir de mafieux pour effrayer ses camarades, bien au contraire,
     le jeune homme ne pouvait s’empêcher de sourire jusqu’à ce qu’ils se
     trouvèrent devant le service des boissons.

     «Que désires-tu ?» demanda t’il en coupant la parole de façon fla-
     grante à un serveur, qui comptait s’adresser à sa cavalière.

       Ce soir, il n’était pas question pour le jeune homme de partager avec
     qui que ce soit Yuuna. Leone avait déjà décidé de faire de son mieux
     pour rendre ce bal agréable, peu lui importait de concourir, il espérait
     seulement que la jeune fille apprécierait sa compagnie autant que lui
     appréciait la sienne.

     «Dans quel dortoir te trouves-tu ?» posa t’il, en ajustant toute son
     attention vers la réponse de sa cavalière.
                                       ~
       Alors que Yuuna se demandait si sa petite inten-
     tion n’allait pas gêner son cavalier toute la soirée,
     un employé vint proposer ses services, libérant ainsi
     les bras du jeune homme. Elle pensait que ce dernier
     allait être soulagé mais l’expression qu’il affichait
     était tout autre. Aussi elle dut étouffer un petit rire,
     amusée par l’attention que Leone montrait pour les
     biscuits.
       Si le meilleur couple devait obligatoirement danser, alors le
     choix était vite fait, ces deux là n’avaient aucune chance de gagner.
     Mais cela était bien la dernière de leur préoccupation, le plus impor-
     tant pour Yuuna était de garder Leone sain et sauf et donc, de ne pas
     tenter l’impossible sur la piste de danse. Sans trop savoir pourquoi,
     la jeune fille fut de nouveau complimentée et eut droit au beau sou-
     rire de son interlocuteur. Elle n’allait décidément pas tenir la soirée
     si elle continuait à rougir à chaque compliment que lui faisait son
     cavalier…


18
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




« Il … Il en va de même pour moi senpai! » réussit-elle à articuler
toujours embarrassée, sans oser s’adresser plus familièrement à lui.

  En effet, Yuuna était plutôt heureuse chaque fois que quelqu’un
l’appelait par son nom, cela lui donnait l’impression d’être au moins
amie avec la personne. Cependant elle avait appris que ce n’était pas
le cas pour tout le monde, aussi ses parents lui ont toujours reproché
d’être impolie. De peur de lui manquer de respect, elle préféra ne rien
risquer. A présent elle commençait à comprendre pourquoi Kate avait
été aussi excitée lorsqu’elles avaient appris l’identité de son cavalier !
Quoique … elle avait surtout insisté sur le ‘mignon’. Yuuna, elle, était
plutôt captivée par la personne en elle-même, ou plutôt intriguée …
? Le jeune homme était non seulement capable d’afficher un sourire
capable de faire battre à toute vitesse le cœur de n’importe quelle
demoiselle mais aussi capable de se montrer soudainement dur et ex-
trêmement menaçant face à des assaillants. Préférant garder l’ange
à ses côtés, Yuuna entraina Leone dans sa recherche, tentant de lui
changer les idées. Ce soir là, elle avait bien l’intention de prendre son
courage à deux mains. En temps normal, se comporter avec si peu
de gêne avec une personne du sexe opposé la terrifiait. Cette soirée
ne lui appartenait pas exclusivement mais était aussi celle de Leone.
C’était aussi une bonne occasion pour elle pour s’entrainer à « com-
muniquer » car depuis la fête passée avec Tomoe, Yuuna n’avait pas
vraiment eu l’occasion « d’exploser ». Il fallait néanmoins un moyen
pour elle de tout rater, et son mauvais sens de l’orientation pointa vite
son nez. L’ange qu’était devenu son cavalier prit alors les devants,
donnant un aperçu à Yuuna de ce qu’était un sourire presque divin. Le
cœur de cette dernière se sentit comme réchauffé tout comme la main
que tenait Leone. Ce fut un des moments les plus impressionnants
auquel elle avait pu assister de toute sa vie. La foule se rangea sur les
côtés pour ouvrir un chemin au couple. Yuuna, bouche bée, suivit la
personne qui semblait être le roi auquel on faisait cet honneur. Arri-



                                                                                 19
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     vée au buffet, ce fut à peine si la jeune fille avait entendu le serveur
     s’adresser à elle. Encore impressionnée, elle mit un certain temps à
     comprendre la question de son cavalier.

     « Hé ? … Ah euh … ! Je prendrai la même chose que toi ! » dit-elle
     encore abasourdie.

       ‘Comme tu voudras’, ‘je ne sais pas …’ … Tant de phrase dont Yuu-
     na n’arrivait pas à se débarrasser, elle s’en voulait d’ailleurs souvent
     de n’être jamais capable de prendre des décisions pour elle-même.
     Cependant, quelque chose de plus important à ses yeux la tracassait,
     et bien que cela ait pu sembler totalement futile, elle ne put s’empê-
     cher d’en parler…

     « Comment as-tu fait ça ?! Tout-… tout le monde s’est écarté
     comme ça et … et … C’était … ! … Incroyable. » finit-elle presque
     par murmurer, admirative.

       Voilà. Elle l’avait fait et à présent elle le regrettait. Elle qui vou-
     lait garder une image mature d’elle devant son cavalier, c’était raté.
     Il fallait la comprendre, s’exciter et s’inquiéter pour un rien était sa
     spécialité. Aussi sa soudaine intervention l’embarrassa plus que tout.
     Son visage vira au rouge vif et alors qu’elle baissait la tête pour le
     cacher, elle se rendit compte qu’elle tenait toujours la main du jeune
     homme et que celui-ci ne semblait pas vouloir se séparer de la sienne,
     ou du moins ne se rendait pas compte de la situation, ce qui la gêna
     encore plus.

     « Dé-… Désolée … C’est juste que … Ca m’a disons … impres-
     sionné et … désolée … » enchaina-t-elle presque immédiatement, en
     murmurant, la tête baissée et les joues brûlantes.

     Par la suite, un nouveau sujet put lui faire oublier un temps soit peu



20
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



ses agissements. Yuuna sauta sur l’occasion et tenta de répondre cal-
mement. Raté.

« The New Day House ! J’ai eu du mal à avoir la permission,
sachant que ma principale raison d’y aller était la cuisine mise
à disposition des élèves … Je fais régulièrement des fournées de
gâteaux même pour les autres dortoirs donc si tu en veux un jour
n’hésites pas ! » dit-elle un sourire radieux aux lèvres.

  Parler de gâteaux, pâtisseries et biscuits en tout genre l’enchantait.
Aussi le fait que peu d’employés acceptaient de travailler dans ce dor-
toir donnait plus de libertés aux élèves et c’est ce dont Yuuna rêvait.
Disposer librement des cuisines, que demander de plus ? Bien sûr la
tâche ne fut pas de tout repos, il fallait convaincre son entourage de la
laisser s’y installer et ce fut assez éprouvant.

« Et toi … ? Si ce n’est pas indiscret bien sûr … ! » ajouta-t-elle,
curieuse de savoir si les deux dortoirs étaient trop éloignés pour que
les distributions se fassent.
                                           ~
                  Plus Yuuna rougissait, plus le jeune homme la trou-
               vait charmante. Elle ne ressemblait en rien aux jeunes
               filles qui l’approchaient habituellement. Une fraicheur
               agréable émanait d’elle, cette sensation mettait Leone
               en confiance. Il se fit alors la promesse de prendre soin
               d’elle durant toute la soirée, si ce n’est plus. Cette pen-
               sée le fit rougir un court instant avant qu’il ne la mène
               au buffet. Il se servit de son aura de ‘demone’ pour
    creuser un passage dans la foule, tout en prenant garde de ne pas
  influencer sa cavalière. Quelque part, il craignait de la faire fuir,
alors que son seul souhait était de rendre ce moment agréable.

«Je pense que je vais prendre un jus d’ananas…humm tu es cer-


                                                                                 21
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     taine de vouloir la même chose ?» demanda-t-il d’un ton inquiet.

       Aussitôt son choix avoué, le jeune homme se demanda s’il ne faisait
     pas trop immature. En même temps, peu de boissons sur les tables
     permettaient de jouer les hommes mûrs. Il n’était pas question de
     servir de l’alcool à un bal officiel organisé au sein de l’école, si ce
     n’était un champagne doux et peu alcoolisé. De toute façon, il n’était
     pas très conseillé de laisser Leone boire en vue des conséquences que
     cela pouvait avoir. L’ananas risquait d’être un peu acide, mais il ne
     pouvait être que de bonne qualité, comme tous les jus divins que seuls
     de riches familles avaient les moyens de s’offrir.

     «Et bien, je suppose que ça doit être mon côté démoniaque qui
     leur à fait peur… J’ai du t’embarrasser, je n’ai pas réfléchi avant
     de…» dit-il avec un rire gêné, comme s’il essayait de plaisanter.

       L’admiration qu’il lisait dans les yeux de sa cavalière, plus que sa
     remarque le mit mal à l’aise, et le fit rougir. Leone ne savait pas vrai-
     ment comment gérer son ‘mauvais’ côté. Il n’avait aucune envie que
     Yuuna le connaisse, ainsi elle ne pourrait le détester. Et pourtant il lui
     répugnait de devoir lui mentir. Soucieux de la voir s’échapper, pres-
     que inconsciemment, le jeune homme tenait fermement mais avec
     douceur la main de la jeune fille.

     «Ce n’est rien…je…j’espère seulement que ce n’est pas une mau-
     vaise chose…» ajouta le jeune homme quand Yunna se révéla déso-
     lée.

       Elle aussi avait les joues rouges, mais sa tête restait baissée tandis
     que lui l’observait. Etrangement, il la voyait toujours avec des fleurs
     autour du visage, et une lumière bordant ses cheveux comme si elle
     avait été un ange. Il tenta alors de lancer une conversation un peu plus
     neutre, une façon également de mieux connaître sa cavalière.



22
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




«Je viendrais avec plaisir ! » répondit-il immédiatement avec un
sourire innocent.

  Il lui tardait de rendre visite à Yuuna après le bal, et de la voir en
dehors des tralalas de l’académie. Bien sûr, il aurait pu s’étonner de
son choix de résidence, après tout seuls les plus pauvres d’entre les
élèves allaient à la New Day House, mais il était bien trop heureux
d’avoir reçu l’invitation de la jeune fille pour cela.

«Moi ? Je suis au Palais de Gahan Antarjyoti...»

  Les rumeurs au sujet de son propre dortoir lui traversèrent l’esprit.
Parfois, on disait que seuls les élèves un peu étranges se trouvaient
dans cette residence. Leone espérait que sa cavalière n’en avait pas
entendu parler. La joie à l’évocation de se revoir après le bal lui avait
fait oublier durant un moment le plus important. Le jeune homme
aimait bien Yuuna, elle lui plaisait même sincérement, ce pourquoi il
posa ses deux mains sur les bras de sa cavaliére pour capter toute son
attention.

«Yuuna, si jamais un jour je te semble agir étrangement ne viens
surtout pas me voir. S’il-te-plait, éloignes toi le plus possible de
moi. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi mais il faut que tu fasses
ce que je te demande, tu veux bien?» demanda-t-il d’un air sérieux
en plongeant son regard doré dans celui de la jeune fille.

  Leone comptait bien prévenir sa cavalière, et faire en sorte qu’elle
ne voit jamais son côté démoniaque s’il pouvait empêcher cette catas-
trophe d’arriver. Il ne pensait pas pouvoir supporter qu’elle finisse par
le haïr à cause de sa part d’ombre.
                                   ~
 Yuuna était heureuse, heureuse de pouvoir rencontrer des personnes


                                                                                   23
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     si étonnantes et sympathiques dans cette académie.
     Ce soir là ne faisait pas exception, et c’est avec bon-
     ne humeur qu’elle tenta de s’ouvrir et profiter du
     bal en compagnie d’un cavalier pour qui certaines
     seraient prêtes à tout … Elle se demandait d’ailleurs
     si une photo souvenir ferait plaisir à Kate, elle qui
     raffolait des beaux garçons …
       Toujours aussi indécise, la jeune fille laissa son
     cavalier décider des boissons, de toute façon, elle
     n’était pas très difficile. Elle fut alors agréablement surprise par son
     choix qui la fit esquisser un petit sourire.

     « Oui ça me convient parfaitement ! » dit-elle amusée, « J’adore
     les jus fruits en plus ! Je vois que nous avons un point commun !
     »

       Règle numéro 1 pour s’entendre avec les autres : avoir des inté-
     rêts/goûts semblables ! Ou du moins c’est ce que racontait un de ses
     magasines, bidons pour certains mais indispensables à Yuuna qui les
     considérait comme ses bibles. Aussi cela lui donnait l’impression
     d’être plus proche des personnes qu’elle fréquentait, ce qui ne lui
     déplaisait pas à cet instant !
       Peu importe le temps qu’ils passeraient ensemble, le charisme de
     Leone laisserait toujours la jeune Ashford bouche bée. Elle avait
     d’ailleurs bien du mal à contenir son admiration et c’est ainsi qu’elle
     réussit à embarrasser son cavalier sans le vouloir. Alors que le jeune
     homme semblait s’excuser, Yuuna se mit à hocher la tête de gauche
     à droite en signe de « non » et s’excusa à son tour, désolée de s’être
     laissée emporter.

     « Ton côté démoniaque qui leur a fait peur ? … Vu sous cet angle
     là c’est encore plus impressionnant … » finit-elle par murmurer.




24
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



  En effet, curieuse, elle tenta d’imaginer un ‘dark Leone’ mais la tâ-
che fut plutôt complexe. De plus, penser que ce qu’elle avait admiré
avait pu effrayé les autres rendait tout cela presque fascinant …
  Gênée par ses propres paroles et sa main prisonnière, elle ne mit pas
longtemps à se débarrasser de son teint rougeâtre, heureuse comme
tout que le coup des gâteaux ait à nouveau fonctionné. Elle remerciait
le ciel de lui avoir accordé la capacité de cuisiner des choses que la
plupart des gens acceptaient de consommer.

« Oooh ! Le Palais c’est tout un autre univers d’après ce que j’ai
entendu dire ! Ca me gênerait presque de te faire venir à mon
dortoir … Peut-être que je devrais commencer à livrer ? » dit-
elle, pensant déjà au bazar qu’elle créerait durant la confection de ses
pâtisseries en tout genre.

  En effet, à ses yeux, le Palais de Gahan Antarjyotiétait était surtout
réputée pour son exotisme, sa beauté et ses masseurs ! Rien à voir
avec le New Day House ... Yuuna s’était de son côté habituée aux
conditions de vie de son dortoir, voulant à tout prix l’accès à ses cui-
sines. Mais cela risquait de ne pas être évident pour les visiteurs, en
sachant qu’ils faisaient régulièrement face à des pannes en tout genre
dans ce modeste dortoir ...
  Par la suite, prise par surprise, Yuuna fut soudainement noyée dans
le beau regard de Leone. Ne comprenant pas vraiment la requête de
celui-ci, elle se contenta d’hocher la tête de bas en haut, trop débous-
solée par les yeux de son cavalier pour réfléchir. L’inquiétude ne mit
cependant pas longtemps à s’emparer d’elle, qui pensait qu’il allait
prochainement faire face à des évènements douloureux.

« Je veux bien mais … En es-tu sûr ? Je pourrais peut-être t’aider
si tu en as besoin ou juste être là pour toi ou … » dit-elle agitée,
osant enfin affronter le regard de son cavalier.




                                                                                25
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



       L’art d’exagérer, sa spécialité ! Aussi la situation de Leone tourna
     vite en un scénario dramatique. Yuuna envisagea toutes les possibili-
     tés qui lui semblaient plausibles et bien sûr, elle ne pensa pas au côté
     démoniaque pourtant mentionné plus tôt !

     « Si tu y tiens vraiment je suppose que les gâteaux seront tout
     aussi bons froids … » ajouta-t-elle, le regard vers le sol.
       Peut-être préférait-il qu’elle ne se mêle pas de ses affaires ? Après
     tout, ils se connaissaient à peine, elle n’était donc pas la mieux placée
     pour l’aider en temps de crise ... Yuuna et l’art de s’inquiéter pour tout
     et rien !
                                                   ~
      Leone avait longuement hésité avant d’avouer son choix de bois-
               son, torturé par l’idée de paraitre trop enfantin. Il finis-
               sait même par se demander si un jus d’orange n’aurait
               pas fait plus mature, seulement le jeune garçon préférait
               l’ananas. Ses sourcils se froncèrent à force de réfléchir à
               ce qu’il aurait pu dire ou ne pas dire. Heureusement l’in-
               tervention de sa cavalière changea instantanément son
               expression en un étonnement heureux.

                «Je suis ravi que nous ayons un point en commun»
      commenta-t-il avec un sourire aux anges.

       De part son statut d’aîné, le jeune homme connaissait un nombre
     important d’élèves au sein du lycée. Il ne se réjouissait que rarement
     de se trouver un point commun avec l’un d’entre eux. En effet, mal-
     gré son apparence aimable, Leone restait la plupart du temps avec
     son groupe d’amis. Le jeune homme n’était pas de ceux à apprécier
     les nouvelles rencontres, parce que généralement, elles le décevaient.
     Cette fois-ci était différente, Yuuna ressemblait à ses yeux à un trésor
     inespéré. Plus il passait de temps avec elle, plus l’héritier mafieux
     oubliait tout le reste.


26
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




« Tu sais…il n’y a rien d’admirable à faire peur aux autres…»
murmura-t-il à son tour, sans oser la regarder.

  Son ton avait une note de regret, malheureusement sa nature reve-
nait au galop lorsqu’il avait cru pouvoir l’oublier. Tandis que dans sa
famille son côté démoniaque le plaçait à un rang quasi divin, Leone
aurait aimé être normal. Ainsi il ne pousserait pas sans le vouloir ses
amis dans des bagarres stupides. Pourtant, cette facette sombre était
certainement ce qui l’avait rapproché de ceux qu’il fréquentait. Il se
demanda alors comment Yuuna réagirait s’il la présentait à ses pro-
ches. Son idée soudaine le fit brusquement rougir. Il pensait presque
à elle comme à une petite amie, ce qu’elle n’était pas.

« Au contraire cela me ferait plaisir de venir te voir à la New Day
House, le Palais a une réputation un peu bizarre, sans compter
qu’il est facile de s’y perdre…je n’aurais peut être pas du dire
ça…» réalisa-t-il en rougissant à nouveau.

 Et si Yuuna associait la bizarrerie de son dortoir à la sienne ? Curieu-
sement il craignait que la jeune fille n’ait une mauvaise image de lui.
D’habitude Leone ne se souciait pas autant de ce qu’on pensait de lui.
Cette impression de marcher sur un fil au dessus du vide commençait
à lui donner le vertige.

*Elle ne doit pas connaître mon mauvais côté, sinon elle finira par
me détester…* se dit-il.

  Le jeune homme finit par craquer et par mettre en garde sa cavalière
contre lui-même, sans pour autant rien lui expliquer. Il s’attendait
presque à la voir s’effrayer de son comportement un peu fou, mais il
espérait ainsi la pousser à la prudence.
  Voilà qui pourquoi la réaction de Yuuna le figea un long moment.



                                                                                 27
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     Son cœur sembla s’arrêter de battre. Ses poumons interrompirent bru-
     talement leur respiration, comme s’il avait reçu un coup de poing
     violent. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais il refusa de les lais-
     ser couler. Brusquement mais avec la douceur de celui qui manipule
     une porcelaine, Leone enlaça sa cavalière. Heureusement l’heure était
     au slow, alors son épanchement ne serait pas trop remarqué. Sans
     oublier qu’il ne dura qu’un instant, le temps pour le jeune homme
     de réaliser ce qu’il faisait. Alors il relâcha la jeune fille qui semblait
     briller plus fort que n’importe qui à cet instant, et détourna le regard.
     Leone espérait cacher ses yeux rougis à cause de l’émotion. Personne
     ne lui avait jamais dit ce qu’il venait d’entendre. Même si ses amis et
     ses hommes de clan seraient toujours là pour lui, il n’avait jamais lu
     en eux ce genre de sollicitude. Yuuna paraissait inquiète de ce qu’il
     pouvait ressentir, alors que lui-même se voyait, quelque part, comme
     un monstre. Visiblement, le jeune homme s’était aussi laissé emporter
     par le côté dramatique de la scène.

     « Je serais ravi de les manger chauds…de te voir les faire…ou
     même de t’aider si tu le veux bien…» dit-il après un moment de
     silence, la voix un peu tremblante.
                                                   ~
       Se réjouir devant du jus d’ananas, qui l’aurait cru ?
     C’était pourtant ce qu’il se passait et Yuuna en était
     plus que ravie. Elle se sentait de plus en plus chan-
     ceuse d’être tombée sur un cavalier aussi sympathi-
     que et de pouvoir passer une si agréable soirée en sa
     compagnie. Elle avait cependant toujours du mal à
     contenir son admiration envers lui, et était toujours
     abasourdie par son sourire, ce qui déclenchait auto-
     matiquement une réaction en chaine menant au teint
     rouge pivoine qu’elle arborait si souvent. Ce fut en-
     suite avec rapidité qu’elle s’empara des deux verres de jus qu’un
     serveur leur avait amené, remerciant ce dernier en inclinant légère-


28
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



 ment la tête. Yuuna tendit ensuite la boisson à Leone, tentant de redi-
 riger l’attention du jeune homme sur le verre plutôt que sur son visage
 rouge.

 « Et si nous trinquions ? Je ne sais pas à quoi mais ce n’est pas
 tous les jours qu’on assiste à un bal ! »

   En effet, bien qu’étant issue d’une famille adepte de soirées chics,
 Yuuna n’avait jamais réussi à s’habituer aux occasions de ce genre.
 C’était dans un sens, une bonne chose puisqu’il était presque impos-
 sible de ne pas l’impressionner. Toute personne sortant quelque peu
 de l’ordinaire en était aussi capable, et dans le cas de Leone qui était
 tout sauf ordinaire, Yuuna ne put s’empêcher de réagir.

 « C’est sûrement vrai … Mais tu ne fais pas peur ! Ou du moins je
 n’ai pas peur de toi ! Je suis juste intimidée … » dit-elle un sourire
 aux lèvres.

   Craignant d’avoir mis Leone mal à l’aise, elle tenta de mettre les
 choses au clair. A ses yeux, il était presque impossible d’être effrayé
 par le jeune homme et son sourire angélique ravageur. Il faisait sûre-
 ment partie des personnes les plus gentilles qu’elle avait eu la chance
 de rencontrer. Yuuna ne voyait habituellement que le ‘bon’ en chacun,
 ce qui la rendait d’ailleurs un peu trop naïve et facile à berner si ja-
 mais elle devait faire face à quelqu’un de rusé. Aussi, elle ne se serait
 jamais doutée que des doubles facettes comme celles de son cavalier
 pouvaient exister.

 « Ah … En effet, si c’est un labyrinthe qui m’attend mieux vaut
 que je m’abstienne ! » dit-elle en riant, « Et qu’entends-tu par
 ‘bizarre’ ? Aussi étrange que les plats qu’on nous sert parfois au
 réfectoire ? »4

4 [Yuuna, traumatisée par la nouvelle recette de Yuki Kamiku haha …]


                                                                                    29
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



       Etant entourée de beaucoup de personnes pouvant être qualifiées de
     ‘bizarres’, le bon sens de la jeune fille en avait pris un coup. Entre sa
     camarade de classe qui concoctait des plats douteux avec des ingré-
     dients banals, Aiden qui avait été piqué par une mouche ralentisseuse,
     Kate qui était capable de repérer des beaux garçons à des kilomètres
     à la ronde … De la diversité, il y en avait ! Aussi Yuuna avait de plus
     en plus de mal à interpréter ce mot.
       Par la suite, inquiète pour Leone, elle ne put s’empêcher de s’inté-
     resser à sa situation. Si quelque chose la tracassait, elle aurait aimé
     que quelqu’un soit là pour elle, elle appliqua donc cette logique à son
     cavalier. La réponse de ce dernier fut des plus surprenantes ! Yuuna
     eut à peine le temps d’apercevoir l’émotion sur le visage du jeune
     homme qu’elle atterrit dans ses bras. Relâchée presque de suite après,
     elle voulut être forte, pour elle et surtout pour lui, mais il lui était dif-
     ficile de ne pas réagir à pareille action. Aussi, ses jambes flanchèrent
     l’espace d’une seconde. Elle réussit heureusement à se rattraper, mais
     son cerveau était déjà entré en éruption, et elle se mit à rougir comme
     jamais.

     « Ca … Ca serait … Super. » balbutia-t-elle encore perturbée.

       A ce moment précis, il lui était impossible de remettre de l’ordre
     dans ses pensées. Le geste de son cavalier l’avait certes déboussolé,
     mais ce qui la perturbait le plus c’était sa propre réaction, ce qu’elle
     avait pu ressentir. La réponse de Leone sous entendait qu’elle pouvait
     l’aider, ce qui lui fit plaisir, même beaucoup trop. Etait-ce si facile de
     faire battre son cœur de cette façon ? Entre honte et bonheur, Yuuna
     s’empressa de boire plusieurs gorgées de jus, espérant que cela la
     calmerait. Voulant rester ‘normale’, elle tenta de reprendre la conver-
     sation.

     « Tu as des préférences ? Une allergie au chocolat ou autre … ?
     Il faudrait que j’évite de t’empoisonner ... » articula-t-elle, la tête à



30
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



moitié baissée osant à peine le regarder dans les yeux.
 Pour relancer une conversation après autant d’émotion, ce n’était,
comme qui dirait, pas top …
                                   ~
 Leone avait l’impression de flotter sur un nuage. Les visages autour
 d’eux paraissaient flous, si bien que le jeune homme ne reconnais-
             sait plus personne à part sa cavalière. Lorsqu’il prit le
             verre que lui tendait Yunna, ses doigts frôlèrent légè-
             rement ceux de la jeune fille. Ce contact imprévu res-
             semblait à la scène d’un manga pour filles à ses yeux,
             pourtant il fit curieusement plaisir au garçon.

              « Merci. C’est une bonne idée ! Nous pouvons trin-
              quer à notre rencontre ! », s’exclama-t-il, les joues
              légèrement rouges, le sourire toujours sur les lèvres.

 Contrairement à Yunna, le jeune homme était un habitué des évé-
nements chics et des bals grandioses. Cependant, s’il proposa autre
chose c’est parce que ce soir-là il ne voyait plus que sa cavalière. Le
reste des invités, y compris ses amis, n’existaient plus. Petit à petit et
pourtant si vite, Leone oubliait toute méfiance pour un sentiment bien
différent.

« Si tu n’as pas peur, alors j’en suis heureux.» commenta-t-il avec
un sourire en conséquence.

  Il sautillait presque de joie, mais se retenait à grand peine. En effet,
il était important pour lui de paraitre mature aux yeux de la jeune fille.
Yunna n’avait pas peur de lui, bon il l’intimidait, mais pas de peur à
l’horizon ! Des ailes auraient pu lui pousser dans le dos qu’il ne se
serait pas déplacé avec plus de légèreté. Son cœur battait fort dans sa
poitrine quand il la regardait, pourtant il aimait la façon dont ses che-
veux lui tombaient sur les épaules, ses yeux gris comme des perles, sa


                                                                                 31
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     peau blanche qui avait l’air si douce…
     « Oui…oui…très… » répliqua-t-il un peu rapidement.

       Le jeune homme paniqua. Il venait de se rendre compte qu’il fixait
     la jeune fille depuis un petit moment. Perdu dans ses pensées, il avait
     complètement décroché de la conversation. Heureusement, Leone
     parvint à revenir sur terre, même s’il commençait à se persuader
     d’avoir un ange à ses côtés.
       Suivant une envie irrésistible, le jeune homme prit un instant Yunna
     dans ses bras. Il n’avait pu réprimer ce geste tendre, toutefois il par-
     vint à y mettre un terme. Afin d’être sur de ne pas recommencer, mais
     aussi de cacher ses yeux encore rouges, il évita de poser à nouveau
     son regard sur sa cavalière.

      « Parfait ! Si nous nous retrouvions ce week end ? J’aime beau-
     coup les pommes, le café et le chocolat. Je ne suis allergique qu’au
     gingembre… » répondit-il.

       Quand Leone constata que la jeune fille osait à peine le regarder dans
     les yeux, tout comme lui-même avec elle. Il se rendit soudain compte
     qu’il avait plus que tout envie de revoir Yunna après ce bal. Non pas
     uniquement une fois, mais plusieurs fois et le plus souvent possible.
     Ses désirs lui faisaient un peu peur, le jeune homme connaissait bien
     la douleur de se faire rejeter. Il ne résista pas longtemps, et finit par
     demander d’une voix hésitante :

     « Yunna, est-ce qu’ensuite… tu aurais envie d’aller avec moi au
     cinéma ? Ou… autre part si tu préfères ? »

       Quand il comprit les mots sortant de ses lèvres, Leone sentit la cha-
     leur envahir son visage. Affligé, il réalisa que son visage devait avoir
     pris une couleur rouge tandis que la nervosité le faisait trembler lé-
     gèrement.


32
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



                                   ~
  Décidément, la chance souriait à Yuuna ! Elle remerciait le ciel de
l’avoir faite rencontrer quelqu’un d’aussi « angélique
» que Leone. Pour être honnête, elle avait longtemps
été angoissée par ce bal, l’académie regorgeant d’élè-
ves aussi farfelus les uns que les autres. Aussi, le fait
qu’elle s’entende plutôt bien avec son cavalier lui sau-
va la soirée. Avançant son verre de jus, ce dernier entra
brièvement en collision avec celui de Leone, laissant
échapper un son presque divin. Rien d’impressionnant
venant de cet établissement richissime mais Yuuna
eut l’impression de le redécouvrir. Dire que son verre
contenait du jus d’ananas ! Ses parents auraient sûre-
ment fait une crise à la vue du liquide !

« Je devrais prendre exemple sur toi ! Ca m’éviterait de me faire
écrabouiller par la foule … » murmura-t-elle les sourcils froncés.

  La jeune fille n’était pas bien costaude et sa nature timide n’arran-
geait pas les choses. Pouvoir s’imposer, elle en rêvait. Cependant
c’est grâce à ce rôle passif qu’elle était devenue plus réceptive à ce
qui l’entourait, aussi elle ne mit pas longtemps à ce rendre compte
que l’esprit de son cavalier s’envolait parfois on ne sait où. Elle avait
beau l’avoir remarqué, restait à en trouver la raison et c’était bien ça
le plus dur car elle était tout sauf perspicace ! Ce fut donc avec un air
inquiet qu’elle approcha sa main libre du front du jeune homme.

 « Est-ce que ça va ? Tu veux prendre un peu l’air ? » demanda-t-
elle en retirant progressivement sa main.

  Les seules possibilités auxquelles Yuuna avait pensées : fièvre, ma-
laise … Elle ne constata néanmoins pas d’anomalie concernant la
température de Leone, ce qui ne suffit pourtant pas à la convaincre.


                                                                                   33
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



       Comme pour fuir la réalité, elle commença à se dire qu’il était étran-
       ge que quelqu’un soit aussi chaleureux avec elle (bien que beaucoup
       l’était) et que le teint rouge du jeune homme était inquiétant. A croire
       qu’elle ne se rendait pas compte de l’état de son propre visage !

       « Ca me va ! Je peux aussi faire du porridge si tu te sens mal !
       Mais je ne pense pas pouvoir y ajouter du chocolat … » répondit-
       elle à la fois encore inquiète de l’état de santé de son cavalier et toute
       retournée par les péripéties de la soirée.

         Il devenait de plus en plus dur pour la jeune Ashford de faire face à
       son rythme cardiaque irrégulier. Quelle en était la cause ? La réponse
       lui faisait peur. Le visage d’Aiden ne cessait d’apparaitre dans sa tête.
       Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu ni même eu au télé-
       phone5. Elle l’aimait encore, restait à savoir à quel point, et c’était
       bien ça qui la tracassait. Comment pouvait-elle se demander une telle
       chose ? Plus elle y pensait, plus elle culpabilisait. Fille facile, elle ?
       Rien que cette pensée lui donna mal au crâne. Bien sûr elle faisait de
       son mieux pour ne rien laisser paraitre, mieux valait que son cavalier
       ignore le débat qui faisait rage dans son cerveau. Elle tenta de se
       rassurer, se persuader qu’elle n’avait trahi personne et qu’elle n’allait
       trahir personne… quitte à se mentir à elle-même. Ainsi, bien qu’elle
       perçut l’invitation de Leone comme un cadeau du ciel l’espace d’un
       instant, elle s’efforça de considérer cela comme une sortie entre «
       amis ».

       « Euh … Bien sûr ! Ca fait longtemps que je n’y ai pas mis les
       pieds en plus ! » dit-elle un petit sourire aux lèvres.

         Sa réponse n’avait pas du tout l’air de celle d’une simple amie. Ses
       joues étaient automatiquement devenues rouges et elle avait éprouvé
       une certaine joie à accepter. Mais … Et si elle avait mal interprété la
     5 [HS : je ne sais pas si le perso va rester donc j’improvise pour avancer ! Ca fera du
     drame XD]


34
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



demande de Leone ? Et si elle se tourmentait pour rien ? Yuuna eut
un petit pincement au cœur à cette pensée, puis la culpabilité reprit
vite le dessus. Cela devenait impossible à gérer pour elle, c’est donc
sans trop réfléchir qu’elle saisit une des mains du jeune homme pour
l’emmener un peu plus à l’écart, là où il n’y aurait pas d’oreilles in-
discrètes.

« Je dois savoir. Je dois en être sûre. A tes yeux, suis-je une amie
ou … plus ? » murmura-t-elle.

  Elle ne mit pas bien longtemps à regretter ses paroles. Paniquée et
tremblotante, elle n’arrivait pas à croire qu’elle ait pu demander une
chose pareille. D’où était sorti ce courage ?! Aussi elle s’empressa
d’ajouter :

« Euh non ! Ce n’est pas ce que je voulais dire … je suis censée
être en couple et … Ca me ferait vraiment vraiment vraiment
plaisir d’y aller avec toi, plus que tu ne l’imagines mais … ce n’est
peut-être pas une bonne idée et … arrgh je sens que ma tête va
exploser … » balbutia-t-elle, cachant son visage entre ses mains.

  Pour la première fois de la soirée, Yuuna aurait voulu avoir un autre
cavalier. Quelqu’un d’arrogant, orgueilleux et détestable. Au moins
elle ne se serait pas sentie aussi perdue …
                                     ~
  C’était bien la première fois que quelqu’un pensait devoir prendre
exemple sur lui, et d’autant plus une fille. Leone restait sans voix,
comme s’il n’avait pas entendu ce murmure si surprenant. Il ne pou-
vait se cacher que ces paroles lui faisaient plaisir. Le jeune homme ne
pensait pas être un modèle à suivre, et avait même souvent honte de
son côte sombre qu’il ne contrôlait pas très bien.

« Je pense que tu es très bien comme tu es…» murmura-t-il en retour.


                                                                                35
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.




                       Il avait du mal à imaginer une foule osant écrabouiller
                     une jeune fille aussi adorable, mais n’osa pas en faire
                     le commentaire. Si jamais Yuuna venait à connaître son
                     autre lui-même que dirait-elle alors ? En viendrait-elle
                     à le détester ? Devenu blanc comme un linge le garçon
                     ne pouvait empêcher la peur le submerger. Sa cavalière
                     pourrait-elle accepter la partie de sa personnalité liée au
                     monde de la mafia ? Étrangement, cela lui semblait très
                     important pour lui alors qu’ils ne venaient que de se ren-
      contrer.

       La prochaine question lui parvient aux oreilles d’une façon loin-
     taine, sans qu’il ne sache vraiment quoi répondre. La main douce de
     la jeune fille sur son front le fit légèrement sursauter. Il ne s’attendait
     pas à un geste attentionné et encore moins un nouveau contact. Sans
     vraiment y réfléchir il recouvrit les doigts posés sur sa peau par les
     siens. Son cœur s’était de nouveau engagé dans une course folle, lui
     donnant l’impression d’être essoufflé. Ses traits dessinaient l’étonne-
     ment, mais aussi un soupçon de crainte.

     « Je vais bien ne t’inquiètes pas. Je goûterais avec plaisir tout ce
     que tu désireras me préparer.» dit-il d’une voix faible.

       Le rouge venait d’envahir de nouveau ses joues tandis qu’il prenait
     conscience du sens de ses propres paroles. Après coup, il craignait
     s’être montrer trop fleur bleue comme ces princes de contes de fées.
     Pour la première fois, il regretta d’avoir critiqué leurs mots suaves et
     belles paroles. Finalement, peut être que ce genre de phrases naissait
     toutes seules, se nourrissant de sincérité, sans se soucier de le faire
     paraitre niais.

      Cette impression disparut vite quand elle accepta la sortie à ses cô-



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Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



tés. Brusquement, le visage de Leone s’illumina d’un sourire heu-
reux. Il ne pouvait plus empêcher ses lèvres de révéler à quel point
cette réponse lui faisait plaisir. Tout son corps semblait flotter dans un
nuage doux et tiède de bonheur. De peu, il parvint à ne pas exprimer
sa joie en sautillant ou en la prenant dans ses bras. Heureusement, sa
cavalière le guida à l’écart quand il eu plus de mal à se contenir. La
surprise lui permit de retrouver un peu de calme, et d’enregistrer la
suite des événements.

  Les murmures de la jeune fille lui parvint aux oreilles sans provo-
quer chez lui la moindre réaction. On voyait sur son visage que le
garçon avait besoin d’un moment pour en comprendre le sens. Puis
son esprit se vida tel un ordinateur qui aurait laissé qu’un seul mes-
sage énigmatique, du genre « error 504 ». Sa cavalière enchaina alors,
avant même que les mots « je ne sais pas » puissent se former sur
les lèvres du garçon. À présent, elle cachait son visage derrière ses
mains, il semblait à Leone que réfléchir se faisait plus aisé. Tandis
qu’il intégrait les informations et acceptait enfin de les comprendre, il
réalisa que l’une d’elle le blessait. L’air devenait plus difficile à res-
pirer, un poids dans sa poitrine le faisait souffrir, lui ôtant tout envie
de sautiller. Imaginer Yuuna dans les bras d’un autre garçon lui parut
alors insupportable. Cela le mit en colère jusqu’à ce qu’il parvienne à
identifier ce sentiment : la jalousie. Il était jaloux.
  Doucement, mais avec fermeté, il captura les mains de la jeune fille
des siennes pour les faire glisser de chaque côté de son visage. Rete-
nant celui-ci entre ses paumes, il plongea son regard doré dans celui
de sa cavalière.

« Yuuna, si tu me demande d’être sincère alors je ne veux pas que
tu sois mon amie »

  Leone se montrait direct, il voulait éviter de parler longtemps pour
cacher à quel point il avait peur. Plus que cela il était terrifié par la



                                                                                 37
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     réaction que pourrait avoir la jeune fille face à son comportement.
     Mais la boule au ventre, qui le tiraillait cruellement, ne l’avait pas
     dissuadé de se montrer honnête. Yuuna méritait la vérité, et il le lui
     devait. Alors soudainement, il l’embrassa tendrement sans oser s’at-
     tarder sur les lèvres de la jeune fille par crainte qu’elle ne cherche
     à s’enfuir. Le garçon n’était pas certain de pouvoir supporter d’être
     violemment rejeté. Alors, il interrompit vite son geste. Toutefois, il ne
     parvint pas à cacher par son expression le regret de devoir se retenir.
     Une partie de lui sentait qu’il venait de manquer sa dernière chance
     de profiter de ce contact. À cette pensée son cœur se serra, avant de
     tambouriner à nouveau contre sa poitrine. Leone n’entendait plus la
     musique, seule la sensation des lèvres de Yuuna sur les siennes lui
     parvenait encore. Puis, toujours avec douceur, il la relâcha complè-
     tement.

     «Je ne peux pas m’imaginer ne plus te revoir après le bal, cela me
     semble trop douloureux. Demande moi de ne plus te toucher, si
     c’est la condition pour laquelle tu serais d’accord pour me laisser
     t’approcher. Je le ferai. S’il-te-plait, passe du temps avec moi. Si
     c’est ce que tu préfères alors accepte de le faire comme avec... un
     ami » ajouta-t-il d’une voix légèrement tremblante, avant de pronon-
     cer difficilement ce dernier mot comme s’il était dernier douloureux
     à prononcer.

       Il venait de baisser les yeux en s’apercevant qu’il voyait flou. Si ja-
     mais des larmes devait couler, alors il ne voulait pas que la jeune fille
     puisse voir à qu’il était si sensible. Ce n’était vraiment pas viril de
     pleurer. Malgré ça, Leone ne parvenait pas à cacher sa tristesse et sa
     crainte. Il avait tellement peur de perdre Yuuna. Cela aurait pu lui pa-
     raitre ridicule parce qu’il venait juste de la rencontrer, et pourtant ce
     qu’il ressentait lui semblait à cet instant si naturel, si évident. Glacé
     par la peur, il tremblait. Une seule pensée cohérente demeurait dans
     son esprit, il ne voulait pas qu’elle s’enfuit.



38
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



                                   ~
  Sur son petit nuage, Yuuna passait une soirée plus qu’agréable. Son
rythme cardiaque avait ses hauts et ses bas, pour le meilleur comme
pour le pire ... Perturbée par ses propres réactions et
malgré ses efforts pour agir normalement, elle sombra
progressivement dans une spirale infernale où joie et
culpabilité ne cessaient de se combattre jusqu’à anéan-
tir ce qui lui restait de retenue.
  Sa nature timide s’éclipsa l’espace de quelques se-
condes, secondes qui suffirent à détruire toute chance
de revenir en arrière. Ces quelques instants de fran-
chise lui valurent une réponse qui la laissa bouche
bée. Confuse, inquiète, voire blessée, ses sourcils se
froncèrent et elle osa à peine regarder son cavalier dans les yeux,
l’idée qu’elle ne méritait même pas d’être son amie s’insinuait en
elle. Le baiser surprise de Leone la sortit rapidement de sa confusion,
mais provoqua un chaos total dans son esprit. D’abord pétrifiée, une
de ses mains tremblantes vint lentement effleurer ses lèvres pendant
qu’elle écoutait la réelle réponse du jeune homme. La déclaration de
Leone la touchait beaucoup, et plus que nécessaire … Yuuna eut des
pincements au cœur en entendant les derniers mots de Leone, elle
était cependant consciente qu’il était lui aussi loin de pouvoir sourire
gaiement. Elle regretta amèrement son élan de bravoure qui n’avait
fait que compliquer les choses. Les larmes ne mirent pas longtemps
à pointer le bout de leur nez, elle s’approcha alors de son cavalier et
le prit dans ses bras sans réfléchir, l’empêchant par la même occasion
de la voir pleurer comme une madeleine. Silencieuse un moment, elle
finit par prendre la parole tout en le serrant de toutes ses forces.

« Je vais être franche, je … Je ne sais pas quoi te répondre. Je ne
me comprends pas moi-même. Je me réjouis déjà à l’idée de te
revoir mais je ne sais pas comment je devrais interpréter ça. J’ai
peur … de te faire du mal à toi et à Aiden … Je l’aime. Et honnê-


                                                                                   39
Yunna et Leone : soirée avec un mafieux.



     tement … ce soir, je pense avoir éprouvé des sentiments sembla-
     bles à ton égard… » dit-elle en s’efforçant de contenir ses larmes.

       Yuuna n’avait à présent qu’une envie, être enterrée au fin fond des
     entrailles de la Terre. Elle avait épuisé en une soirée l’équivalent d’un
     an de courage et se retrouvait à présent dans une impasse. Il lui sem-
     blait impossible de considérer son cavalier comme un simple ami à
     présent mais si c’était le seul moyen de le garder à ses côtés ne serait-
     ce que quelques instants de plus, elle était prête à accepter la proposi-
     tion du jeune homme. Elle voulait le revoir, lui parler plus et mieux le
     connaître sans se soucier de quoique ce soit. C’était égoïste et lâche
     de sa part, elle le savait et s’en voulait terriblement. L’estime qu’elle
     avait d’elle-même n’était jamais tombée aussi bas ...
       Lâchant prise et faisant un pas en arrière, Yuuna tenta de retrouver
     une respiration normale et s’empara d’une des mains de Leone.

     « Passe au dortoir samedi, c’est le jour où je fais un tas de four-
     nées spécialement pour mes … amis. » ajouta-elle difficilement en
     fixant sa main, « Je t’attendrais avec des brownies … ».

       En prononçant ces mots, elle finit par joindre son auriculaire à celui
     de la main prisonnière du jeune homme avant de le libérer, lui faisant
     signe à la japonaise qu’il s’agissait d’une promesse. La jeune fille
     réussit à le regarder dans les yeux puis esquissa tant bien que mal un
     petit sourire.
       Par la suite, pensant préférable de se retirer, elle s’inclina à 45° afin
     de s’excuser et fonça vers la foule pour rejoindre la sortie. A présent
     qu’elle avait commis l’irréparable, il ne lui restait plus qu’à s’enfer-
     mer dans sa chambre et s’étouffer sous sa couette jusqu’à ce que la
     culpabilité daigne lui offrir des vacances. Elle faillit appeler Aiden
     un bon nombre de fois mais se dégonfla à chaque fois, n’osant pas lui
     parler de la soirée. Yuuna ne ferma pas l’œil de la nuit et resta roulée
     en boule dans son lit toute la journée qui suivit …



40
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




Fin du chapitre




                                                   41
Shamandalie et Shin : ça commence...




                                            Shamandalie




           Shin

42
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern




               Shamandalie et Shin :
                  ça commence...


  Sham marchait dans les couloirs, en direction de
la sortie de l’académie. Les cours avaient fini tôt
pour elle aujourd’hui, ce qui lui laissait le temps de
penser à autre chose qu’aux examens qui risquaient
d’arriver plus vite que l’on ne croyait. Elle s’arrêtât
près d’une fenêtre, s’appuya contre le mur et entre-
prit de chercher son portable dans son sac.

* Un vrai sac de fille, c’est pas possible ! Il va être tout au fond
sous mes livres, ça c’est sûr !!!*

  Elle fouillait dans son sac, espérant ne pas l’avoir oublié en classe…
Quand il émergea, fier et vainqueur, niché entre son livre de math et
son sachet de biscuit d’urgence pour les petits creux avant le repas…
Ou même après ! Elle l’attrapa, l’ouvrit et commença à écrire un mes-
sage. Elle ne savait pas encore si elle l’enverrait vraiment, comme à
chaque fois qu’elle écrivait à Timotée. Il avait promis d’assumer leur
relation et de faire confiance à sa force à elle pour braver les innom-
brables critiques qui seraient faites sur eux lorsque se serait su de toute
l’académie, mais depuis, les premiers pas l’un vers l’autre avaient été
timides. Sham se disait bien qu’ils ne pouvaient pas arriver comme ça
au lycée et se jeter dans les bras l’un de l’autre, mais on commençait
à voir qu’il existait quelque chose entre eux et elle trouvait ridicule



                                                                                  43
Shamandalie et Shin : ça commence...



     de continuer à avoir peur. Elle avait déjà essuyé quelques critiques et
     remarques désobligeantes de la part de certaines camarades de classe.
     Elles trouvaient timotée changé quand Sham était près de lui, il sou-
     riait même des fois et la regardé plus longtemps que nécessaire. El-
     les avaient déjà remarqué, mais pour elles tout était étrange et Sham
     passait pour une opportuniste, « une fille de parvenus qui essaie de
     rentrer dans la haute » et Timotée comme un imbécile qui veut jouer
     au prolétaire au risque de tout perdre ! Leur relation n’étant pas réel-
     lement assumée, les gens pensaient qu’ils n’étaient pas sérieux, qu’ils
     s’amusaient… Sans compter les amis de Sham qui n’arrêtaient pas de
     lui rabattre les oreilles avec le fait que Timotée était un garçon froid
     et insensible, qu’elle risquait de souffrir… Elle releva la tête, sortant
     de son texto et de ses pensées pour se dire qu’après tout :

     *Les amis de Timotée… Ou du moins ses connaissances… Doi-
     vent penser que moi je l’utilise… aaaaaaah… Ça va pas être du
     gâteau… Mais je dois lui prouver, à lui et aux autres, qu’être pau-
     vre ça rend fort !*

       Elle se savait plus forte et plus résistante que ne le pensait les autres.
     Elle avait confiance en Timotée, même si de temps à autres ses dou-
     tes et ses peurs étaient revenus… Elle avait recommencé à penser à
     ce jour qui avait brisé ce qu’elle était, à cette amie qui l’avait trahi
     et à ce garçon qui l’avait utilisé… Elle avait eu peur qui Timotée ne
     soit pareil au final… Elle le craignait encore, il y a des peurs qu’on
     n’oublie pas facilement, mais à chaque fois qu’elle voyait ses yeux,
     elle ne doutait plus. Il restait quand même un problème : un garçon…
     Il la fusillait du regard chaque fois qu’ils se croisaient, la bousculait
     quand elle passait près de lui et elle savait que les réflexions idiotes
     sur les pauvres et l’argent qu’il débiter à voix haute à ses amis quand
     elle était là lui étaient destinées.

     *Je me demande ce qu’il veut lui… Mais ça va pas tarder à m’éner-



44
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



ver s’il continue ! Si le fils à papa s’est jamais pris une gifle, il va
vite savoir ce que ça fait d’être puni comme un pauvre…*

  Sur ces pensées elle appuya sur l’icône d’envoi de son message.
Elle disait à Timotée que ses cours étaient finis et lui demandait si
il était libre pour aller faire un tour ensemble avant de rentrer. Elle
n’ajouta rien de trop mielleux. Heureusement pour elle, elle n’était
pas du genre à rabâcher 100 fois « je t’aime » dans un message ou
à donner des surnoms stupides ou à mettre des smileys partout. Puis
ils n’en étaient pas là. Elle finit par un simple « je pense à toi ». Elle
referma son portable et s’apprêtait à le ranger quand IL apparut au
coin du couloir…
                 ~
                   IL aurait très bien pu être le fameux Timotee Ryan,
                 réputé pour être l’un des petits génies riches de
                 l’école. Mais non, le IL était présentement un jeune
                 homme n’ayant rien à voir avec Timotee ou encore
                 Shamandalie, du moins à première vue. Élève en se-
                 conde dans l’Académie, il n’avait strictement rien à
                 faire à cet étage, mise à part peut être : parler à un
                 professeur. Enfin, cette motivation aurait été bien
                 trop sérieuse pour Shin Harukaze. Même si ses notes
                 restaient correctes, il n’avait pas la réputation d’un
                étudiant studieux. D’ailleurs, il avait attendu la sortie
 de l’adulte avant de pénétrer dans la salle de classe après avoir guet-
ter discrètement qui en sortait, et surtout, qui restait.

*Parfait, elle est seule…*, pensa-t-il- comme un gamin préparant un
mauvais coup.

  Avec nonchalance, le jeune garçon repoussa les cheveux couleur
ébène, qui lui tombaient devant les yeux, en les peignant de ses doigts.
L’inconvénient d’une coiffure dégradée se situait dans les mèches


                                                                                 45
Shamandalie et Shin : ça commence...



     rebelles manquant de cacher son regard purement hostile envers la
     jeune fille. Ses yeux d’un rubis flamboyant marquaient souvent l’es-
     prit de ceux qu’il croisait, voire leurs faisaient peur. Il s’avança vers
     sa cible jusqu’à placer un mètre d’une distance raisonnable entre eux.
     Sa main et ses doigts fins se posèrent sur une hanche dans une pose
     qui devait lui donner un air sûr de lui. Emotion dont le jeune garçon
     était en réalité totalement dépourvue derrière son masque arrogant
     posé sur le visage. En effet, son cœur tambourinait désagréablement
     dans sa poitrine tandis qu’il fixait Shamandalie.

     « Tu ferais mieux de laisser tomber pour Timotee. Quelqu’un
     comme toi n’es pas fait pour lui.» parvient-il à dire d’un ton sec, en
     fronçant ses sourcils joliment dessinés mais curieusement fins pour
     un garçon.

       On pouvait bien se demander : « Mais diable pourquoi se mêlait-
     il des relations entre deux autres élèves ?! ». À vrai dire, le jeune
     homme lui-même n’était pas certain d’en connaître la raison. Depuis
     quelques temps, il avait remarqué les regards doux entre Shamanda-
     lie et Timotee, accompagné d’un sourire déconcertant sur les lèvres
     de ce dernier. Visiblement, celui qui se trouvait être son président de
     club semblait amoureux. Une idée laissant un goût trop étrange sur
     la langue de Shin pour qu’il puisse l’accepter. Depuis, il ressentait un
     pincement au cœur à chaque fois que le « couple » se croisait sous
     ses yeux. Aucune relation officielle ne les liait encore, et le fauteur
     de troubles était bien décidé à faire son possible que pour cela ne soit
     jamais le cas.
                                               ~
       Elle le vit s’approcher, l’air sur de lui, ses yeux rouges brillants
     d’une lueur qui en disait long sur ses sentiments pour Sham… Elle
     le connaissait de réputation seulement mais ce que l’on disait de lui
     n’avait rien de compliments : élèves moyen, comportement à pro-
     blème, il avait eu des démêlés avec d’autres élèves… Mais surtout,


46
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



elle ne le connaissait pas, ne lui avait jamais parlé et
n’avait rien à voir de près ou de loin avec lui. Le fait
d’être seule dans le couloir avec lui ne lui présageait
rien de bon. Il avait un comportement plus qu’hos-
tile à son égard et ce face à face risquait d’être ex-
plosif… et elle ne se trompait pas.

« Pardon ?... Quelqu’un comme moi ? Mais tu te
prends pour qui? Ce qui se passe entre Timotee
et moi ça ne te regarde pas !»

  Elle sentait le rouge lui monter aux joues. Il se prenait pour qui
ce garçon ? Il envahissait son espace personnel, se mêlait de sa vie
privée et la détestait pour… Pour quoi d’ailleurs ?... Elle eut une il-
lumination ! Impossible, ce garçon était jaloux ! Jaloux d’elle, ça ex-
pliquait ses réactions à son encontre concernant Timotee. Ses yeux
s’agrandirent sous le choc !

« Tu es jaloux… C’est pour ça que tu es si odieux avec moi !!!! Ah,
c’est de la jalousie ! »

  Elle fut prise d’un fou rire incontrôlable durant quelques secondes !
C’était trop ! Mais d’un coup ce garçon ne l’impressionnait plus tel-
lement… Elle se demanda ce qu’il pourrait bien dire. Vue ce qu’elle
savait de lui, il ne laisserait pas tomber. Mais elle non plus ! Elle en
avait assez de devoir subir les assauts des gamins de riches qui la
considérait comme une impropre parce qu’elle n’avait ni sang bleu, ni
vieille fortune ! Timotee et elle étaient amoureux, bien que cela tienne
du miracle compte tenu du caractère du jeune homme, mais c’était le
cas et il lui avait promis de lui faire confiance, donc elle ne se laisse-
rait pas faire par cette andouille ! Mais elle gardait dans un coin le fait
de parler de ce garçon a Timotee, il savait peut-être quelque chose.




                                                                                  47
Shamandalie et Shin : ça commence...



       ~
                      Shin toisait la jeune fille d’un air hostile, attardant
                    son regard dans ses cheveux d’or roux aux reflets
                    écarlates. Elle était plutôt jolie avec ses grands yeux
                    noisette. Forcément, sinon Timotee Ryan ne l’aurait
                    jamais regardé d’une façon aussi agaçante. Parvenus
                    à la pointe de sa chevelure, son attention descendit le
                    long des courbes de Shamandalie. Mince, son corps
                    ne possédait pas les formes pulpeuses d’une femme
                    sexy mais restait tout de même agréable à observer.
                    En se fiant uniquement à son physique, oui, le garçon
      aurait pu comprendre l’inclination de son président de club. Cepen-
     dant…

     « Tu ne sais vraiment pas respecter ceux qui te sont supérieurs. Je
     suppose que je ne devrais pas m’en étonner. Très bien, je vais être
     plus clair : cesse de tourner autour de Timotee, paysanne ! »

       Le jeune homme adoptait un air faussement blasé, avant de croiser
     les bras. Il venait de prononcer le mot « paysanne » comme si cela
     avait été une des plus odieuses insultes au monde. Shin semblait s’at-
     tendre à voir la jeune fille capituler. Une attitude terriblement naïve.
     À moins que le garçon, ne connaisse pas véritablement la raison le
     poussant agir ainsi. Réputé pour sa mesquinerie, il n’hésitait pas à
     blesser ses camarades pourtant cela n’était que très rarement son but.
     Que cherchait-il alors en affrontant Shamandalie ? Celle-ci sembla
     soudain trouver une réponse à ses motivations. Toutefois, Shin ne
     s’attendait absolument pas à un tel dénouement, si bien que la surpri-
     se s’installa sur son visage, chassant toute autre émotion. Il paraissait
     alors beaucoup plus jeune, tandis que l’on pouvait lire sur son visage
     le chemin que prenaient ses pensées. Avait-elle raison ? Était-il véri-
     tablement jaloux ? Cela expliquait-il son comportement envers une
     inconnue ? Le rire de la jeune fille l’empêchait de pousser plus loin


48
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



ses réflexions. Il avait la curieuse impression qu’elle se moquait de
lui. Et il n’aimait pas ça. Ses joues rougirent alors d’embarras et ses
poings se serrèrent.

« Tu te surestimes, paysanne. Tu n’as pas ce qu’il faut pour me
rendre jaloux de Timotee. » articula-t-il d’un ton boudeur, en jetant
un bref regard à la poitrine de la jeune fille.
                         ~
  Ce petit gosse de riche commençait à lui courir
sur les nerfs avec son air supérieur et son hostilité
affichée. Non seulement il l’insultait, si tant est que
«paysanne» soit une insulte, mais en plus il la dé-
taillait de haut en bas, sans se gêner! Il avait des
idées rétrogrades sur les classes sociales visible-
ment!! Sans compter qu’il ne comprenait rien de ce
qu’elle disait visiblement!! Sa réflexion sur la jalou-
sie du jeune homme avait embarrassé ce dernier, il
en était devenue rouge de colère, ou de honte elle ne savait pas. Elle
sourit de plus belle en entendant sa réponse. La croyait-il aussi va-
niteuse et imbu d’elle même? Visiblement, il avait du mal à admettre
que tout le monde ne soit pas comme lui...

«Je n’ai jamais dit que tu étais jaloux... de Timotée... Je dirais
plutôt que tu es jaloux... De moi! C’est pour ça que tu es si hostile
avec moi...»

  Elle s’adossa au mur du couloir, détendue, les bras croisés. Elle ne
le craignait pas, des gamins comme lui l’école en regorgeait et elle
les avait apprivoisé ou ignoré simplement. Ils n’étaient pas les plus
à craindre... Certains élèves étaient réellement dangereux! Mais visi-
blement pas lui... Elle ne devait pas céder!

«De deux chose, l’une: Tim n’appartient à personne et il prend


                                                                                49
Shamandalie et Shin : ça commence...



       ses décisions seul, comme un grand garçon... Deux: lui et moi, ça
       ne te regarde pas... Mais si tu as un truc à dire, je pense que Tim
       serait ravi que tu lui dises, puisque tu à l’air de penser qu’il a be-
       soin de toi pur réfléchir... Le connaissant... Il va adorer...»

       Elle connaissait Tim... Et elle savait qu’il détesterait qu’un garçon lui
       parle comme ça de ses décisions. Surtout que...

       «Au fait... Comment tu connais Tim?...»

                                                   ~
                          Shin se mouvait au rythme du swing de la mélo-
                        die de Moanin d’Arts Bakley1. Alors qu’il s’attendait
                        à une capitulation dans les règles, la demoiselle ne
                        le laissa même pas apercevoir le drapeau blanc. Du
                        coup, le jeune homme aux joues encore rouges se
                        demandait ce qu’il devait faire face à cette présomp-
                        tueuse jeune femme. Il fut d’autant plus déstabilisé
                        quand il comprit s’être trompé sur le sens des mots
                        de Shamandalie. Alors, d’écarlate, son visage se mit
        à pâlir graduellement, tandis qu’il tentait de saisir toutes les implica-
       tions de la réponse portée à ses oreilles.

       Soupirant d’un air blasé, il vint se frotter l’arrière du crâne d’une
       main vive, ce qui ne manqua pas d’ébouriffer ses cheveux.

       «Je suis désolé, j’avais mal compris ce que tu voulais dire….»
       commença t-il d’un ton curieusement sincère.

         Puis, le garçon s’approcha de la jeune femme, adossée au mur du
       couloir et visiblement détendue. Usant de plus force que nécessaire,
       Shin attrapa l’un de ses poignets et plongea son regard de la couleur
     1 (Ah ! Non ! ça c’était le narrateur…)


50
Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern



du rubis dans celui de Shamandalie.

« Je ne suis pas gay», dit-il très sérieusement, «et je ne prétends
posséder personne, moi.»

  Desserrant sa prise, le jeune garçon s’écarta légèrement mais resta
assez près pour qu’elle puisse l’entendre murmurer.

« Timotee n’a pas la réputation d’être un cœur tendre. Cepen-
dant, c’est un excellent élève, particulièrement doué pour faire
semblant quand le devoir le lui impose. Comment peux-tu être
certaine qu’il ne t’utilise pas pour améliorer son image ?»

La lâchant complètement, Shin s’éloigna encore d’un pas, une ombre
fugace de douleur passa sur son visage tandis qu’il répondait :

« Tu n’as pas envie de savoir….» avant d’adopter de nouveau un air
dur «Tu ferais mieux de le laisser tomber, il n’est pas pour toi»
                        ~
  Sham ne supportait pas ce garçon... Elle sentait
que son animosité envers elle la poussait à le haïr,
lui. Elle ne se sentait pas menacé mais elle ne vou-
lait pas lui laisser le loisir d’avoir le dernier mot!
Elle le vit pâlir de plus en plus. Il avait compris...
Enfin! Et il avait l’air presque embarrassé de ne pas
l’avoir comprise plus tôt... Ce garçon était de plus
en plus étrange, il était agressif sans raison et d’un
coup devenait presque sincère dans son embarras...
Soudain elle le vit s’approcher d’elle et lui saisir
le poignet dans un étau qui surprit Sham. Il était mince mais pas
dénué de force...

«Tu es drôlement jaloux en tout cas... Et je ne possède pas Timoté,


                                                                               51
Shamandalie et Shin : ça commence...



     il n’appartient à personne, il est avec moi de son plein grès... Mais
     ça te tue qu’il m’ait choisit moi...»

       Elle le savait, elle le sentait... Il ne comprenait pas! Et elle ne vou-
     lait pas lui faire comprendre ce qui se passait entre elle et Timoté. Il
     semblait presque souffrir de ne plus voir le jeune homme comme un
     garçon gâté et froid... Mais tant pis pour lui! Les mots qu’il prononça
     ensuite devait rester dans sa mémoire... Elle le trouva si pitoyable
     d’utiliser ça comme attaque...

     «Parce que sortir avec une paysanne améliore son image?... Mau-
     vaise stratégie, tu ne crois pas?... Et la réputation, c’est seulement
     des mots... Ce que les gens disent quand ils ne te connaissent pas...
     Et aucun devoir ne le lie à moi... Tu as perdu!»

       Elle s’éloigna un peu, replaçant derrière son oreille une mèche re-
     belle. Elle l’entendit lui dire de laisser tomber Timoté... Il ne manquait
     pas de culot! Elle se retourna et se dirigea d’un pas plein de rage vers
     son rendez vous avec son âme soeur. Cette pensé, ajouté à la situa-
     tion et à la discussion qu’elle venait d’avoir la fit partir d’un éclat de
     rire...
                                                 ~
                    Shin serrait le poignet de la jeune fille comme si ce
                  contact physique pouvait lui faire adopter son point
                  de vue. Shamandalie semblait bien décidée à n’en fait
                  qu’à sa tête, et le garçon commençait à croire que rien
                  ne lui ferait changer d’avis. Une partie de lui avait
                  envie de céder à la violence. D’ailleurs, son regard
                  prit une la nuance sombre et inquiétante. Ne quittant
                  plus sa proie, il cachait à peine sa tentation à choi-
                  sir un recours bien plus primaire. Eh oui, si Shin pa-
                 raissait mince et délicat comparé à la majorité de ses
     camarades masculins il n’en restait pas moins un jeune homme en


52
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  • 1. Académ rn ie Von Einzbe Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern
  • 2. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern Voici une version test pour se souvenir de nos sujets favoris sur le fo- rum. Vous pouvez me demander votre propre version. N’hésitez pas non plus à commenter cet exemplaire, un de mes objectifs est de travailler ma mise en page ;) . Pour tout souci contacter moi par mp. PS: vous pouvrez cliquer sur les titres des sujets pour vous rendre au chapitre souhaité. Remerciements à Johann pour m’avoir fourni tous ses visuels, et à ma chère Shamandalie pour m’avoir encouragé.
  • 3. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern Académ rn ie Von Einzbe Sommaire Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. 5 Shamandalie et Shin : ça commence... 43 3
  • 4. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. Yuuna Leone 4
  • 5. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern Yuuna et Leone : Soirée avec un mafieux Cette fois-ci le jeune homme avait enfilé une chemise d’un sombre pourpre, dont la matière brillait assez pour en révéler la grande valeur. Une veste noire de bonne couture s’y était superposée, et un pantalon de même couleur et qualité en finissait le costume. Enfin pres- que, puisque s’étaient des chaussures d’un noir ciré qui se trouvaient au bout du corps de Leone. La famille Martillo ne plaisantait pas avec la bonne tenue, et avait veillé à ce que son héri- tier soit soigné de la tête aux pieds, et ce soir là, les cheveux du jeune homme avaient étaient repoussés de son front, afin de lui donner une allure moins enfantine. Il avait déjà l’habitude de faire attention à son apparence lorsqu’il réglait une affaire dans le monde de l’ombre, où être présentable était une obligation. Parce qu’il était sûr de s’en- nuyer , avec une femme collée à lui ce ne pouvait être que le cas, le jeune homme avait passé sa journée à s’entraîner non avec, mais sur ses hommes aux arts martiaux. Leone était souvent regardé comme un monstre dans sa maisonnée, pourtant tous le respectaient et avait même une certaine affection pour lui, cependant il était un peu trop doué aux arts martiaux, et aimait un peu trop les combats. Entièrement propre et habillé de beaux tissus, le jeune homme at- tendait sa cavalière qui devait être dans une classe inférieure à la sien- ne. Il ne l’avait jamais vraiment remarqué, et espérait qu’elle ne soit pas trop féminine. Enfin, Leone était très étrange, il avait eu pas mal 5
  • 6. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. d’aventures avec des femmes plus âgées, mais les jugeait superficiel- les. Ce qui était assez pour embrouiller ses propres sentiments, et ne plus savoir ce qu’il désirait. Surtout que sa dernière relation l’avait marqué plus durement qu’il ne pensait pouvoir l’être. Toujours était il que ce soir là il attendait une fille, sa cavalière pour une des fêtes étranges de l’académie. À sa droite des couples n’arrêtaient pas d’en- trer dans la salle de bal, l’air souriant pour certains, et anxieux pour d’autres. Le jeune homme, lui, soupira… ~ Le grand jour était arrivé, enfin. Nerveuse comme tout, Yuuna avait passé beaucoup de temps à choisir sa tenue. Sur le coup elle aurait beaucoup aimé s’ha- biller en homme pour rendre les choses plus simple mais après un bon temps de réflexion, il n’en était pas question! Disposant toutes les robes qu’on lui avait commandé sur son lit, elle décida de confier le choix au hasard, pile ou face, rien de plus simple! Cepen- dant, bien qu’elle n’arrivait pas à se décider, Yuuna avait tout de même quelques préférences, aussi elle lança sa pièce une bonne di- zaine de fois, afin de voir le «destin» se mettre d’accord avec elle. Des escarpins blancs aux pieds, la jeune fille finit alors par sortir de sa chambre vêtue d’une robe bleu clair à bustier à bretelles, lui arrivant jusqu’en dessous des genoux. La tenue comprenait également une longue écharpe de la même couleur mais Yuuna estima qu’elle allait sans doute la gêner. Et hop, un accessoire en moins égale à moins d’encombrement! Son maquillage se voyait à peine car c’était bien le but, faire «naturelle». Elle resta donc dans des tons clairs. Les seuls bijoux qu’elle porta furent un collier au pendentif en jade, dit impé- rial, rien d’extraordinaire mais elle aimait beaucoup cette pierre ainsi qu’une paire de petites boucles d’oreille passant presque inaperçue. Pour finir, toujours avec la pièce de monnaie, elle était tombée sur l’option «cheveux légèrement bouclé»... 6
  • 7. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern Passant rapidement aux cuisines, Yuuna s’empara d’un petit sac en papier qu’elle avait préparé quelques heures avant, en espérant que cela plairait... Étant, selon le chauffeur de la famille, en retard, elle ne put faire autrement que de monter dans la voiture de celui-ci. Dire qu’elle pensait se rendre à l’académie à pieds! Quelle folie! Arrivée au portail de l’établissement, elle confia un des deux petits paquets contenus dans son sac à son chauffeur. Sa mission, le délivrer à une certaine personne ... Yuuna se dépêcha ensuite de rejoindre la Salle des Orchidées. Devant la foule qui se présentait à elle, il était diffi- cile de repérer une personne en particulier, surtout qu’ils ne s’étaient sûrement jamais vu avant. La jeune fille n’avait que quelques indica- tions: «Cheveux verts, président du club de karaté, à peu près ta taille et ‘mignon’ « lui avait dit une camarade de classe. Bien, la tâche ne s’annonçait pas facile et ces informations ne l’aidaient pas beaucoup, d’ailleurs leur notion du ‘mignon’ était souvent différente, du moins pour les peluches, ce qui n’avait bien sûr rien à voir avec les êtres humains! Après cinq bonnes minutes à jouer un peu des coudes, Yuuna réussit enfin à trouver son cavalier, du moins c’est ce qu’elle pensait. Elle vérifia que son présent n’était pas écrabouillé puis finit par s’avancer prudemment, espérant ne pas se tromper de personne. Question de chance, mais justement elle n’en avait pas. Il ne restait qu’à prier et prendre ses jambes à son cou en cas d’erreur! «Euh ... Leone-sen... pai ?» dit-elle prête à aller se cacher dans la foule. ~ Regrettant déjà qu’il n’y ait pas d’alcool au bal, le jeune homme n’osait même pas pensé à sa cavalière, tant il en voyait l’image d’une femme trop pomponnée et beaucoup trop parfumée. Une blessure dans sa poitrine, lui rappela qu’il n’était pas encore tout à fait guérit de sa dernière relation. Pour avoir utilisé la peur de le ‘salir’ comme prétexte à ne pas l’embrasser, et même à le jeter, cette femme devait 7
  • 8. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. recevoir un terrible châtiment. Enfin, c’était ce que ce disait Leone en préférant remplacer la douleur par la colère. En réalité il avait l’in- tention de rien en faire, simplement imaginer l’apaisait. Ses pensées sombres, il les gardait pour lui, et souriait d’un air angélique à tous ceux qui le saluaient, ce qui re- présentaient tous ceux qui passaient prés de lui. Faisant partie des riches parmi les riches, le jeune homme était très connu dans l’école, et certains allaient même jusqu’à lui lécher les bottes. Après tout, son air angélique favori- sait ce genre de réaction, contrairement à l’attitude ren- frognée de Mat. Alors qu’il était sur une planète très lointaine, Leone sentit son es- prit rappeler par une voix hésitante. Sans aucun doute s’était une voix féminine, et fort probablement c’était celle de sa cavalière. Prenant son courage à deux mains afin d’affronter la planète terre, et les ga- mins de l’académie, il posa son regard sur la dite personne. Celle- ci ne ressemblait pas du tout à l’idée qu’il s’en était fait. Loin d’en avoir fait trop, la jeune fille paraissait naturelle. Ce qui faillit le laisser boucher bée. Heureusement il se reprit avant de dévoiler son fameux sourire joyeux et enfantin. «Oui c’est moi, tu es Yuuna-san, n’est-ce pas ? Tu es vraiment jolie» dit-il d’un ton enjoué. Leone était ravi, non seulement sa cavalière n’était pas une de ces filles de riches qui en faisaient trop, mais en plus elle était toute jolie. Voilà de quoi lui remonter le moral en flèche, bien que cela n’était pas forcement une bonne chose pour la jeune fille en question… ~ Oui, c’était bien le grand soir. Le bal original tant attendu par tous les élèves de l’établissement, du moins la plupart, offrait un spectacle incroyable à tous ceux qui s’y présentaient. Les décorations comme 8
  • 9. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern les participants étaient resplendissantes. Chacun s’était fait beau pour ce jour et tous allait enfin faire plus ample connais- sance avec leur cavalier ou cavalière. Yuuna quant à elle avait prévu de profiter de l’occasion pour s’amu- ser. Il était vital pour elle de se détendre et oublier les cours, cependant, le stresse ressenti avant de rencontrer son cavalier improvisé avait suffi à la refaire sombrer dans un état de panique. Un sac contenant un présent en main, Yuuna circula tant bien que mal dans la foule d’élèves, manquant de se faire écrabouiller à plusieurs reprises. Mais ce n’était pas la fin de ses péripéties, car ne sachant pas vraiment à quoi ressemblait Leone, la jeune fille pria pour que la personne qu’elle avait interpellée était celle qu’elle cherchait. Heureusement pour elle, la chance avait fait en sorte qu’elle ne se ridiculise pas et voilà que son cavalier se tenait devant elle. Tout d’abord, Yuuna hocha vivement la tête en signe de oui à la question de Leone puis, elle laissa échapper un petit «ouf»de soulagement. Cependant son état se détente totale ne fit pas long feu avec Leone le mafieux, du moins, la dernière phrase de celui-ci la transperça d’un coup. Comme à son habitude inchangée et inchangeable1, Yuuna ne sut quoi répondre et se mit à rougir. Elle réussit pourtant à caser un petit merci timide dans sa panique pour enchaîner tout de suite par un mouvement très rapide, presque automatique, comme un robot. En effet, Yuuna avait mis en avant son sac qu’elle tenait avec ses deux mains, le tendant à Leone. Le pauvre sac avait fini presque écrasé sur le torse du jeune homme. Heureusement, ce n’était pas avec la force d’hamster de Yuuna que le contenu serait endommagé. «Euh ... J’ai fait des biscuits pour l’occasion ...J’espère que ça te plaira ! ...» dit-elle toujours les bras tendus. 1 [j’invente des mot °°] 9
  • 10. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. Puis se rendant compte qu’elle avait oublié quelque chose de cru- cial, Yuuna s’empressa d’ajouter en finissant par courber son dos telle une vraie japonaise : «Oh ! Et j’espère qu’on va passer une bonne soirée!» ~ Contrairement à un certain nombre d’élèves de l’école, Leone avait l’habitude des fêtes privées, puisqu’il faisait parti d’un groupe d’adolescent plutôt remuant. Il préfé- rait largement ce genre de fête au bal officiel, en repro- chant le manque d’alcool et le côté trop pompeux. Le jeune home aimait s’habiller de façon classe et cool, rien à voir avec l’apparence de prince qui était demandé lors des bals. Il pensait que ce type de réception était bien loin de la vérité, même riche personne ne vivait dans un conte de fées. Heureusement cette fois ci, il aurait une cavalière sans froufrous, ni parfum à assommer un cheval. En plus elle était jolie, mais bon Leone savait qu’il ne devait pas essayer de sortir avec une fille de l’école, si- non il risquait de perdre sa bonne réputation. Sans oublier que rien ne garantissait que la jeune demoiselle soit libre, même si cela n’aurait pas franchement arrêté Leone2. Pour le moment, la surprise s’afficha sur les traits du jeune homme quand un sac faillit s’écraser contre son torse. «Merci Yuuna-chan, c’est vraiment très gentil à toi. Dis moi je peux t’appeler Yuuna-chan au moins ?» dit il, un sourire lumineux et enfantin sur les lèvres. Il prit le cadeau dans ses mains, et se demanda ce qu’il allait en faire. Le jeter, oui il ferait cela parce qu’il se disait qu’il n’aimait pas tout ce 2 [ il doute de rien celui là mdr] 10
  • 11. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern qui était sucré. Contrairement à tout ce que ces filles pensait, Leone n’était pas un gamin…Et puis non, il ne le jetterait pas il le donnerait à ses hommes, c’était encore mieux ainsi, une plus belle vengeance… Un combat intérieur faisait rage en Leone, alors qu’il essayait de se persuader qu’il n’adorait pas ce qui était sucré et qu’il n’était pas du tout tenter de manger ses biscuits. Pourtant, le jeune homme avait du mal à taire sa gourmandise, et si son esprit s’inventait des faux désirs, il avait commencé à guider sa cavalière tout tenant bien fermement le fameux sac. ~ Peu à peu, Yuuna retrouvait son calme. Elle s’était longtemps demandée ce qui l’attendrait à ce bal, de- mandée si c’était vraiment une bonne idée d’y parti- ciper. Tout le monde lui avait conseillé de s’y rendre, elle avait longtemps craint de regretter son choix, ce- pendant, la soirée semblait bien commencer, Yuuna se sentait assez à l’aise à présent. Chose plutôt normale puisqu’elle n’avait aucune idée des pensées de son cavalier ! Ses biscuits acceptés, elle se sentit plus légère et espérait que son autre paquet avait bien été livré à son destinataire. Elle se contenta ensuite d’hocher la tête en signe de « oui », un petit sourire aux lè- vres elle aussi. A présent l’esprit tranquille, elle allait pouvoir profiter du bal, ou du moins c’est ce qu’elle pensait… Tous deux avançant vers la salle de bal, il ne fallut pas beaucoup de temps à Yuuna pour apercevoir l’éblouissante lumière qui en provenait. Pour l’occasion, l’établissement n’y était pas allé de main morte, c’était le moins que l’on puisse dire ! Il y avait tellement de … « décorations » qu’il était presque impossible d’en faire une liste complète et détaillée. Bref, Yuuna préféra ignorer tout cela, histoire de ne pas devenir aveugle et salua comme elle put les quelques personnes qu’elle reconnaissait. Au loin elle vit Shamandalie et Timotee. Les voir ainsi réunis ne man- qua pas de lui faire tirer une petite grimace, sa dernière rencontre avec le jeune homme n’ayant pas été très agréable, même loin de là… Elle 11
  • 12. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. essaya ensuite de trouver Aiden dans la foule de couple, tournant la tête à gauche et à droite, en vain. L’espace d’une seconde, ses sourcils se froncèrent mais firent rapidement place à une mine déçue. Peu de temps après, s’arrêtant net, Yuuna se tourna vers son cavalier, le re- gardant dans les yeux comme elle le faisait avec n’importe qui. « Et… Que sommes-nous censés faire à présent ? » questionna-t- elle presque inquiète du programme de leur soirée. La question pouvait paraître stupide mais c’était un fait, la jeune fille était toujours déboussolée lors de telles occasions. Lors du pré- cédent bal, Yuuna s’était quasiment faite traînée dans tous les sens, ne sachant pas quoi faire...! ~ Le jeune garçon évitait de regarder les décorations de la pièce, il y avait beaucoup trop de froufrous à son goût, ce qui lui donnait l’impression d’étouffer. Il se surprit même à tirer légèrement sur le col de sa chemise, comme si cela pouvait mettre fin à cette désagréable sensation. Leone se demandait comment les organisateurs du bal faisaient pour être des sans gênes pareils. Et puis ce thè- me du couple le plus beau et le plus mature c’était vrai- ment n’importe quoi. N’importe couple était beau quand les deux amoureux l’était l’un et l’autre. Bon pour le mature, là Leone séchait un peu, ce n’était pas son rayon. *Je me demande ce qu’elle en pense elle…* pensa t’il en jetant un regard vers sa cavalière. Son bras enlaçait toujours le fameux paquet, on aurait dit qu’il ne voulait pas s’en séparer. Leone recevait souvent des cadeaux par les femmes qu’il séduisait, mais jamais on n’avait cuisiné ainsi pour lui. Malgré sa volonté d’être un cœur de pierre, l’attention de la jeune fille l’avait touché. 12
  • 13. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern «Vu l’ambiance je suppose que je suis censé t’inviter à danser à la manière d’un prince charmant, puis te proposer de te servir à boire et faire de ta soirée un conte de fées…mais à vrai dire je danse très mal, et je ne pense pas ressembler à un prince char- mant.» répondit-il avec un sourire angélique. Etonnant contraste qu’offrait le jeune homme entre son apparence innocente, proche d’un personnage de fiction, et l’aveu de ses dé- fauts. D’autant plus, que cela ne semblait pas l’embarrassé le moins du monde. Il semblait même plus mature dans cette façon de parler, ce qui était assez rare chez lui. Le jeune homme faillit reprendre la parole, lorsque deux de leurs camarades d’école les interpella avec un « Bonsoir les filles ! » qui ne plut pas du tout au mafioso. Bon, cinq fois sur dix on se trompait sur son sexe à cause de ses traits fins et de sa taille, et à chaque de ses fois l’aura de Leone devenait subitement très sombre. Cette expérience-ci n’échappa pas à la règle, Leone se retourna donc vers les impertinents avec une élégance glaciale. «Qui est une fille ?» demanda sa voix calme mais d’une note assez terrifiante. Visage d’ange mais démon à l’intérieur, le jeune homme fit vite fuir les accosteurs. Il ne se souvint de la présence de sa cavalière juste à côté qu’après. Non seulement, elle devait être elle aussi touchée par son aura démoniaque, et certainement être effrayée, mais en plus elle avait vu des garçons le prendre pour une fille…la honte complète. Les joues de Leone se teintaient légèrement de rouge lorsqu’il fit face à la jeune fille. «Je suis désolé…je peux te servir quelque chose à boire si tu veux… enfin, si tu veux bien rester avec moi…» proposa t’il, embarrassé. 13
  • 14. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. ~ Yuuna était bien perdue dans ce monde beaucoup trop éblouissant à son goût. Aussi elle préféra s’abs- tenir de regarder trop longuement ce qui l’entourait, mieux valait se concentrer sur les personnes. La jeune fille en revint donc à son cavalier qui tenait encore ses biscuits... Peut-être aurait-elle dû les lui donné plus tard, passer la soirée avec ce paquet dans les mains n’allait pas être commode pour Leone. Elle aurait bien aimé les lui prendre de suite et s’expliquer ensuite mais son cavalier ne semblait pas vouloir s’en séparer. Cette seule pensée lui fit plaisir et lui ôta toute envie de récupérer le petit sac. Par la suite, comme elle s’en était doutée, Yuuna ne sut quoi faire maintenant arrivée au bal. La réponse de son cavalier la fit cependant esquisser un sourire. Drôle de réaction peut-être mais le fait qu’elle ne soit pas la seule à avoir du mal avec la danse, malgré les entraine- ments intensifs qu’elle avait subi par le passé, lui plaisait infiniment. Ce n’était pas tous les jours qu’elle avait l’occasion de danser, aussi elle devait sûrement être rouillée à présent, mieux valait ne pas s’y risquer. «Prince charmant ou pas, avec une cavalière aussi maladroite mieux vaut éviter la piste.» dit-elle en riant, « Je préfèrerais ne pas te faire courir de danger avec mes talons démoniaques ... Je me demande bien comment Cendrillon a fait pour ne pas rendre son prince handicapé ...» ajouta-t-elle, en murmurant presque cette dernière phrase. La pièce de théâtre vue en compagnie de «Moe-chan» l’avait plu- tôt marqué après tout. Cendrillon avait sûrement un don inné pour la danse, contrairement à elle et son cavalier. Alors que les choses commençaient à s’agiter, Yuuna était perdue dans ses pensées. Elle 14
  • 15. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern mit donc plus de temps que Leone à comprendre les propos des autres élèves... Fronçant les sourcils, elle voulut intervenir mais avant même qu’el- le ait pu émettre le moindre son, Yuuna sentit comme des ondes néga- tives émaner de son cavalier. Non c’était même plus que ça, son aura était presque meurtrière. L’espace d’un instant, elle crut même trem- bler de peur en entendant la voix du jeune homme. Cependant c’était une chose qu’elle ne put vraiment confirmer, ayant presque oublié ce qu’elle venait de ressentir dès que son cavalier s’était retourné vers elle, embarrassé. Un vrai contraste entre ce visage angélique et l’aura démoniaque qui l’entourait juste avant... A l’avenir elle saurait qu’il valait mieux éviter que Leone entende des sottises pareilles, quitte à lui boucher les oreilles elle-même ou le pousser dans une piscine pour qu’il devienne sourd l’espace d’un instant. «Ne t’excuse pas voyons, si tu ne l’avais pas fait je m’en serais chargée moi-même ! Bon certes avec moins ... d’autorité je dirais ?», dit-elle presque amusée, «Bref ...! Va pour une boisson !» Ne souhaitant pas que Leone repense à cet incident toute la soirée, Yuuna préféra faire son possible pour lui faire oublier cette malheu- reuse rencontre. Aussi elle s’empara d’une main libre de son cavalier, un sourire aux lèvres, se lançant ainsi à la recherche des boissons. Néanmoins son projet rencontra un grand obstacle : avec la foule qui se dressait devant elle, la jeune fille perdit son sens de l’orientation... Pas très malin dans un moment pareil, et elle qui voulait prendre les choses en mains, c’était raté. «Bon ... Je crois bien qu’un GPS ne serait même pas suffisant pour me remettre sur le droit chemin. Mmh…» dit-elle en se tour- nant vers Leone, presque l’air implorant. ~ 15
  • 16. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. Leone Martillo s’accrochait toujours au fameux sac comme si sa vie en dépendait. Quand il y pensait, le jeune homme avait presque l’impression de flotter tant cela lui faisait plaisir. Toutefois, ce n’était pas vraiment pratique pour la soirée, et l’un des serviteurs en place vint lui proposer de veiller sur ses affaires. Très réticent, le mafieux ne cessa de pas- ser son regard du paquet à l’homme de service, de l’hom- me de service au paquet. Il était plus qu’évident qu’il fi- nit par céder uniquement à contre cœur. Une ombre de regret suivit même le paquet tant précieux quand celui- ci disparu vers les quartiers du personnel. Leo ne réalisa qu’après coup, qu’il aurait peut être du également confié sa veste, mais ne fit aucun commentaire pour ne pas souligner son manque de réflexion à ce moment là. En théorie, le couple était censé jouer les parfaits partenaires de soirée, mais Leone n’était pas certain de visualiser ce que «parfait» signifiait dans ces cas là. Un coup d’œil vers les membres du jury, qu’il pu repérer, le confirma dans son idée que la sélection serait « parfaitement » subjective. Le jeune homme ne s’amusait pas souvent aux événements de l’école, parce qu’il ne pouvait pas s’y détendre complètement. Contrairement aux soirées passées avec ses amis et un bon nombre d’admiratrices, pas mal de choses manquaient à son confort, comme par exemple avoir toujours Shun à ses côtés. Au ly- cée ce dernier n’était que le meilleur ami du jeune homme, mais à l’extérieur il était son bras droit, et ne le quittait que rarement. Pour- tant, et ce, petit à petit, Leone avait commencé à se sentir à l’aise ce soir. Il finit même par rire gentiment au commentaire de Yuuna sur les talons démoniaques. «Tu es vraiment une fille mignonne Yuuna, je me sens bien avec toi.» Un sourire sincère suivait ses paroles franches et directes. Il disait 16
  • 17. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern ce qu’il pensait d’une façon totalement naturelle, et sans même penser que cela pouvait mettre mal à l’aise la destinatrice. Le jeune homme était content de se trouver là, uniquement parce que sa cavalière était Yuuna, il venait tout juste de le réaliser. D’ailleurs, il était passé sans y faire attention du ‘Yuuna-chan’ au ‘Yuuna’, ce qui lui donnait l’im- pression de s’être rapproché d’elle, mais donnait également au com- plimenteur3 une dimension plus mature. Ensuite le rouge lui monta aux joues jusqu’à ce qu’il ressemble à une tomate en entendant le mot « autorité », mais sourit d’un air embarrassé. Quelque chose d’étrange se passait ce soir là : depuis quand le vi- sage de sa cavalière était-il entouré de lumières et de fleurs? À présent quand il la regardait, il sentait ses joues chauffées légère- ment, et peinait à remarquer autre chose qu’elle. Quand elle lui prit la main, il fut surprit d’avoir l’impression de sentir la douceur de Yuuna dans sa paume, et qu’en réponse, son cœur battait très fort. Leone était un peu paniqué à l’idée qu’elle puisse entendre la course folle de cet organe majeur. Toutefois, il se sentait heureux aussi surpre- nant et subit que cela lui semblait. Ils avaient beau être bloqué dans une foule dense, il paraissait au jeune homme être seul avec sa cava- lière. D’ailleurs, il ne réalisa la situation bloquée que lorsque Yuuna en parla de vive voix. Alors Leone passa devant sa cavalière avec un sourire qui ne demandait que sa confiance, et avança sans lâcher la précieuse main. «Je vais nous mener jusqu’au buffet». annonça t’il avec un sourire angélique, sans qu’il ait eu besoin de le préparer. Puis ils se mirent à avancer à pas de plus en plus régulier, curieuse- ment, grâce à l’aura naturelle de Leone la foule s’écartait légèrement autour d’eux pour leur ouvrir le chemin. Il n’utilisait même pas son 3 [mot qui fait étrange à l’horizon, mais je le trouvais drôle ^^] 17
  • 18. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. regard noir de mafieux pour effrayer ses camarades, bien au contraire, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de sourire jusqu’à ce qu’ils se trouvèrent devant le service des boissons. «Que désires-tu ?» demanda t’il en coupant la parole de façon fla- grante à un serveur, qui comptait s’adresser à sa cavalière. Ce soir, il n’était pas question pour le jeune homme de partager avec qui que ce soit Yuuna. Leone avait déjà décidé de faire de son mieux pour rendre ce bal agréable, peu lui importait de concourir, il espérait seulement que la jeune fille apprécierait sa compagnie autant que lui appréciait la sienne. «Dans quel dortoir te trouves-tu ?» posa t’il, en ajustant toute son attention vers la réponse de sa cavalière. ~ Alors que Yuuna se demandait si sa petite inten- tion n’allait pas gêner son cavalier toute la soirée, un employé vint proposer ses services, libérant ainsi les bras du jeune homme. Elle pensait que ce dernier allait être soulagé mais l’expression qu’il affichait était tout autre. Aussi elle dut étouffer un petit rire, amusée par l’attention que Leone montrait pour les biscuits. Si le meilleur couple devait obligatoirement danser, alors le choix était vite fait, ces deux là n’avaient aucune chance de gagner. Mais cela était bien la dernière de leur préoccupation, le plus impor- tant pour Yuuna était de garder Leone sain et sauf et donc, de ne pas tenter l’impossible sur la piste de danse. Sans trop savoir pourquoi, la jeune fille fut de nouveau complimentée et eut droit au beau sou- rire de son interlocuteur. Elle n’allait décidément pas tenir la soirée si elle continuait à rougir à chaque compliment que lui faisait son cavalier… 18
  • 19. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern « Il … Il en va de même pour moi senpai! » réussit-elle à articuler toujours embarrassée, sans oser s’adresser plus familièrement à lui. En effet, Yuuna était plutôt heureuse chaque fois que quelqu’un l’appelait par son nom, cela lui donnait l’impression d’être au moins amie avec la personne. Cependant elle avait appris que ce n’était pas le cas pour tout le monde, aussi ses parents lui ont toujours reproché d’être impolie. De peur de lui manquer de respect, elle préféra ne rien risquer. A présent elle commençait à comprendre pourquoi Kate avait été aussi excitée lorsqu’elles avaient appris l’identité de son cavalier ! Quoique … elle avait surtout insisté sur le ‘mignon’. Yuuna, elle, était plutôt captivée par la personne en elle-même, ou plutôt intriguée … ? Le jeune homme était non seulement capable d’afficher un sourire capable de faire battre à toute vitesse le cœur de n’importe quelle demoiselle mais aussi capable de se montrer soudainement dur et ex- trêmement menaçant face à des assaillants. Préférant garder l’ange à ses côtés, Yuuna entraina Leone dans sa recherche, tentant de lui changer les idées. Ce soir là, elle avait bien l’intention de prendre son courage à deux mains. En temps normal, se comporter avec si peu de gêne avec une personne du sexe opposé la terrifiait. Cette soirée ne lui appartenait pas exclusivement mais était aussi celle de Leone. C’était aussi une bonne occasion pour elle pour s’entrainer à « com- muniquer » car depuis la fête passée avec Tomoe, Yuuna n’avait pas vraiment eu l’occasion « d’exploser ». Il fallait néanmoins un moyen pour elle de tout rater, et son mauvais sens de l’orientation pointa vite son nez. L’ange qu’était devenu son cavalier prit alors les devants, donnant un aperçu à Yuuna de ce qu’était un sourire presque divin. Le cœur de cette dernière se sentit comme réchauffé tout comme la main que tenait Leone. Ce fut un des moments les plus impressionnants auquel elle avait pu assister de toute sa vie. La foule se rangea sur les côtés pour ouvrir un chemin au couple. Yuuna, bouche bée, suivit la personne qui semblait être le roi auquel on faisait cet honneur. Arri- 19
  • 20. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. vée au buffet, ce fut à peine si la jeune fille avait entendu le serveur s’adresser à elle. Encore impressionnée, elle mit un certain temps à comprendre la question de son cavalier. « Hé ? … Ah euh … ! Je prendrai la même chose que toi ! » dit-elle encore abasourdie. ‘Comme tu voudras’, ‘je ne sais pas …’ … Tant de phrase dont Yuu- na n’arrivait pas à se débarrasser, elle s’en voulait d’ailleurs souvent de n’être jamais capable de prendre des décisions pour elle-même. Cependant, quelque chose de plus important à ses yeux la tracassait, et bien que cela ait pu sembler totalement futile, elle ne put s’empê- cher d’en parler… « Comment as-tu fait ça ?! Tout-… tout le monde s’est écarté comme ça et … et … C’était … ! … Incroyable. » finit-elle presque par murmurer, admirative. Voilà. Elle l’avait fait et à présent elle le regrettait. Elle qui vou- lait garder une image mature d’elle devant son cavalier, c’était raté. Il fallait la comprendre, s’exciter et s’inquiéter pour un rien était sa spécialité. Aussi sa soudaine intervention l’embarrassa plus que tout. Son visage vira au rouge vif et alors qu’elle baissait la tête pour le cacher, elle se rendit compte qu’elle tenait toujours la main du jeune homme et que celui-ci ne semblait pas vouloir se séparer de la sienne, ou du moins ne se rendait pas compte de la situation, ce qui la gêna encore plus. « Dé-… Désolée … C’est juste que … Ca m’a disons … impres- sionné et … désolée … » enchaina-t-elle presque immédiatement, en murmurant, la tête baissée et les joues brûlantes. Par la suite, un nouveau sujet put lui faire oublier un temps soit peu 20
  • 21. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern ses agissements. Yuuna sauta sur l’occasion et tenta de répondre cal- mement. Raté. « The New Day House ! J’ai eu du mal à avoir la permission, sachant que ma principale raison d’y aller était la cuisine mise à disposition des élèves … Je fais régulièrement des fournées de gâteaux même pour les autres dortoirs donc si tu en veux un jour n’hésites pas ! » dit-elle un sourire radieux aux lèvres. Parler de gâteaux, pâtisseries et biscuits en tout genre l’enchantait. Aussi le fait que peu d’employés acceptaient de travailler dans ce dor- toir donnait plus de libertés aux élèves et c’est ce dont Yuuna rêvait. Disposer librement des cuisines, que demander de plus ? Bien sûr la tâche ne fut pas de tout repos, il fallait convaincre son entourage de la laisser s’y installer et ce fut assez éprouvant. « Et toi … ? Si ce n’est pas indiscret bien sûr … ! » ajouta-t-elle, curieuse de savoir si les deux dortoirs étaient trop éloignés pour que les distributions se fassent. ~ Plus Yuuna rougissait, plus le jeune homme la trou- vait charmante. Elle ne ressemblait en rien aux jeunes filles qui l’approchaient habituellement. Une fraicheur agréable émanait d’elle, cette sensation mettait Leone en confiance. Il se fit alors la promesse de prendre soin d’elle durant toute la soirée, si ce n’est plus. Cette pen- sée le fit rougir un court instant avant qu’il ne la mène au buffet. Il se servit de son aura de ‘demone’ pour creuser un passage dans la foule, tout en prenant garde de ne pas influencer sa cavalière. Quelque part, il craignait de la faire fuir, alors que son seul souhait était de rendre ce moment agréable. «Je pense que je vais prendre un jus d’ananas…humm tu es cer- 21
  • 22. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. taine de vouloir la même chose ?» demanda-t-il d’un ton inquiet. Aussitôt son choix avoué, le jeune homme se demanda s’il ne faisait pas trop immature. En même temps, peu de boissons sur les tables permettaient de jouer les hommes mûrs. Il n’était pas question de servir de l’alcool à un bal officiel organisé au sein de l’école, si ce n’était un champagne doux et peu alcoolisé. De toute façon, il n’était pas très conseillé de laisser Leone boire en vue des conséquences que cela pouvait avoir. L’ananas risquait d’être un peu acide, mais il ne pouvait être que de bonne qualité, comme tous les jus divins que seuls de riches familles avaient les moyens de s’offrir. «Et bien, je suppose que ça doit être mon côté démoniaque qui leur à fait peur… J’ai du t’embarrasser, je n’ai pas réfléchi avant de…» dit-il avec un rire gêné, comme s’il essayait de plaisanter. L’admiration qu’il lisait dans les yeux de sa cavalière, plus que sa remarque le mit mal à l’aise, et le fit rougir. Leone ne savait pas vrai- ment comment gérer son ‘mauvais’ côté. Il n’avait aucune envie que Yuuna le connaisse, ainsi elle ne pourrait le détester. Et pourtant il lui répugnait de devoir lui mentir. Soucieux de la voir s’échapper, pres- que inconsciemment, le jeune homme tenait fermement mais avec douceur la main de la jeune fille. «Ce n’est rien…je…j’espère seulement que ce n’est pas une mau- vaise chose…» ajouta le jeune homme quand Yunna se révéla déso- lée. Elle aussi avait les joues rouges, mais sa tête restait baissée tandis que lui l’observait. Etrangement, il la voyait toujours avec des fleurs autour du visage, et une lumière bordant ses cheveux comme si elle avait été un ange. Il tenta alors de lancer une conversation un peu plus neutre, une façon également de mieux connaître sa cavalière. 22
  • 23. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern «Je viendrais avec plaisir ! » répondit-il immédiatement avec un sourire innocent. Il lui tardait de rendre visite à Yuuna après le bal, et de la voir en dehors des tralalas de l’académie. Bien sûr, il aurait pu s’étonner de son choix de résidence, après tout seuls les plus pauvres d’entre les élèves allaient à la New Day House, mais il était bien trop heureux d’avoir reçu l’invitation de la jeune fille pour cela. «Moi ? Je suis au Palais de Gahan Antarjyoti...» Les rumeurs au sujet de son propre dortoir lui traversèrent l’esprit. Parfois, on disait que seuls les élèves un peu étranges se trouvaient dans cette residence. Leone espérait que sa cavalière n’en avait pas entendu parler. La joie à l’évocation de se revoir après le bal lui avait fait oublier durant un moment le plus important. Le jeune homme aimait bien Yuuna, elle lui plaisait même sincérement, ce pourquoi il posa ses deux mains sur les bras de sa cavaliére pour capter toute son attention. «Yuuna, si jamais un jour je te semble agir étrangement ne viens surtout pas me voir. S’il-te-plait, éloignes toi le plus possible de moi. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi mais il faut que tu fasses ce que je te demande, tu veux bien?» demanda-t-il d’un air sérieux en plongeant son regard doré dans celui de la jeune fille. Leone comptait bien prévenir sa cavalière, et faire en sorte qu’elle ne voit jamais son côté démoniaque s’il pouvait empêcher cette catas- trophe d’arriver. Il ne pensait pas pouvoir supporter qu’elle finisse par le haïr à cause de sa part d’ombre. ~ Yuuna était heureuse, heureuse de pouvoir rencontrer des personnes 23
  • 24. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. si étonnantes et sympathiques dans cette académie. Ce soir là ne faisait pas exception, et c’est avec bon- ne humeur qu’elle tenta de s’ouvrir et profiter du bal en compagnie d’un cavalier pour qui certaines seraient prêtes à tout … Elle se demandait d’ailleurs si une photo souvenir ferait plaisir à Kate, elle qui raffolait des beaux garçons … Toujours aussi indécise, la jeune fille laissa son cavalier décider des boissons, de toute façon, elle n’était pas très difficile. Elle fut alors agréablement surprise par son choix qui la fit esquisser un petit sourire. « Oui ça me convient parfaitement ! » dit-elle amusée, « J’adore les jus fruits en plus ! Je vois que nous avons un point commun ! » Règle numéro 1 pour s’entendre avec les autres : avoir des inté- rêts/goûts semblables ! Ou du moins c’est ce que racontait un de ses magasines, bidons pour certains mais indispensables à Yuuna qui les considérait comme ses bibles. Aussi cela lui donnait l’impression d’être plus proche des personnes qu’elle fréquentait, ce qui ne lui déplaisait pas à cet instant ! Peu importe le temps qu’ils passeraient ensemble, le charisme de Leone laisserait toujours la jeune Ashford bouche bée. Elle avait d’ailleurs bien du mal à contenir son admiration et c’est ainsi qu’elle réussit à embarrasser son cavalier sans le vouloir. Alors que le jeune homme semblait s’excuser, Yuuna se mit à hocher la tête de gauche à droite en signe de « non » et s’excusa à son tour, désolée de s’être laissée emporter. « Ton côté démoniaque qui leur a fait peur ? … Vu sous cet angle là c’est encore plus impressionnant … » finit-elle par murmurer. 24
  • 25. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern En effet, curieuse, elle tenta d’imaginer un ‘dark Leone’ mais la tâ- che fut plutôt complexe. De plus, penser que ce qu’elle avait admiré avait pu effrayé les autres rendait tout cela presque fascinant … Gênée par ses propres paroles et sa main prisonnière, elle ne mit pas longtemps à se débarrasser de son teint rougeâtre, heureuse comme tout que le coup des gâteaux ait à nouveau fonctionné. Elle remerciait le ciel de lui avoir accordé la capacité de cuisiner des choses que la plupart des gens acceptaient de consommer. « Oooh ! Le Palais c’est tout un autre univers d’après ce que j’ai entendu dire ! Ca me gênerait presque de te faire venir à mon dortoir … Peut-être que je devrais commencer à livrer ? » dit- elle, pensant déjà au bazar qu’elle créerait durant la confection de ses pâtisseries en tout genre. En effet, à ses yeux, le Palais de Gahan Antarjyotiétait était surtout réputée pour son exotisme, sa beauté et ses masseurs ! Rien à voir avec le New Day House ... Yuuna s’était de son côté habituée aux conditions de vie de son dortoir, voulant à tout prix l’accès à ses cui- sines. Mais cela risquait de ne pas être évident pour les visiteurs, en sachant qu’ils faisaient régulièrement face à des pannes en tout genre dans ce modeste dortoir ... Par la suite, prise par surprise, Yuuna fut soudainement noyée dans le beau regard de Leone. Ne comprenant pas vraiment la requête de celui-ci, elle se contenta d’hocher la tête de bas en haut, trop débous- solée par les yeux de son cavalier pour réfléchir. L’inquiétude ne mit cependant pas longtemps à s’emparer d’elle, qui pensait qu’il allait prochainement faire face à des évènements douloureux. « Je veux bien mais … En es-tu sûr ? Je pourrais peut-être t’aider si tu en as besoin ou juste être là pour toi ou … » dit-elle agitée, osant enfin affronter le regard de son cavalier. 25
  • 26. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. L’art d’exagérer, sa spécialité ! Aussi la situation de Leone tourna vite en un scénario dramatique. Yuuna envisagea toutes les possibili- tés qui lui semblaient plausibles et bien sûr, elle ne pensa pas au côté démoniaque pourtant mentionné plus tôt ! « Si tu y tiens vraiment je suppose que les gâteaux seront tout aussi bons froids … » ajouta-t-elle, le regard vers le sol. Peut-être préférait-il qu’elle ne se mêle pas de ses affaires ? Après tout, ils se connaissaient à peine, elle n’était donc pas la mieux placée pour l’aider en temps de crise ... Yuuna et l’art de s’inquiéter pour tout et rien ! ~ Leone avait longuement hésité avant d’avouer son choix de bois- son, torturé par l’idée de paraitre trop enfantin. Il finis- sait même par se demander si un jus d’orange n’aurait pas fait plus mature, seulement le jeune garçon préférait l’ananas. Ses sourcils se froncèrent à force de réfléchir à ce qu’il aurait pu dire ou ne pas dire. Heureusement l’in- tervention de sa cavalière changea instantanément son expression en un étonnement heureux. «Je suis ravi que nous ayons un point en commun» commenta-t-il avec un sourire aux anges. De part son statut d’aîné, le jeune homme connaissait un nombre important d’élèves au sein du lycée. Il ne se réjouissait que rarement de se trouver un point commun avec l’un d’entre eux. En effet, mal- gré son apparence aimable, Leone restait la plupart du temps avec son groupe d’amis. Le jeune homme n’était pas de ceux à apprécier les nouvelles rencontres, parce que généralement, elles le décevaient. Cette fois-ci était différente, Yuuna ressemblait à ses yeux à un trésor inespéré. Plus il passait de temps avec elle, plus l’héritier mafieux oubliait tout le reste. 26
  • 27. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern « Tu sais…il n’y a rien d’admirable à faire peur aux autres…» murmura-t-il à son tour, sans oser la regarder. Son ton avait une note de regret, malheureusement sa nature reve- nait au galop lorsqu’il avait cru pouvoir l’oublier. Tandis que dans sa famille son côté démoniaque le plaçait à un rang quasi divin, Leone aurait aimé être normal. Ainsi il ne pousserait pas sans le vouloir ses amis dans des bagarres stupides. Pourtant, cette facette sombre était certainement ce qui l’avait rapproché de ceux qu’il fréquentait. Il se demanda alors comment Yuuna réagirait s’il la présentait à ses pro- ches. Son idée soudaine le fit brusquement rougir. Il pensait presque à elle comme à une petite amie, ce qu’elle n’était pas. « Au contraire cela me ferait plaisir de venir te voir à la New Day House, le Palais a une réputation un peu bizarre, sans compter qu’il est facile de s’y perdre…je n’aurais peut être pas du dire ça…» réalisa-t-il en rougissant à nouveau. Et si Yuuna associait la bizarrerie de son dortoir à la sienne ? Curieu- sement il craignait que la jeune fille n’ait une mauvaise image de lui. D’habitude Leone ne se souciait pas autant de ce qu’on pensait de lui. Cette impression de marcher sur un fil au dessus du vide commençait à lui donner le vertige. *Elle ne doit pas connaître mon mauvais côté, sinon elle finira par me détester…* se dit-il. Le jeune homme finit par craquer et par mettre en garde sa cavalière contre lui-même, sans pour autant rien lui expliquer. Il s’attendait presque à la voir s’effrayer de son comportement un peu fou, mais il espérait ainsi la pousser à la prudence. Voilà qui pourquoi la réaction de Yuuna le figea un long moment. 27
  • 28. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. Son cœur sembla s’arrêter de battre. Ses poumons interrompirent bru- talement leur respiration, comme s’il avait reçu un coup de poing violent. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais il refusa de les lais- ser couler. Brusquement mais avec la douceur de celui qui manipule une porcelaine, Leone enlaça sa cavalière. Heureusement l’heure était au slow, alors son épanchement ne serait pas trop remarqué. Sans oublier qu’il ne dura qu’un instant, le temps pour le jeune homme de réaliser ce qu’il faisait. Alors il relâcha la jeune fille qui semblait briller plus fort que n’importe qui à cet instant, et détourna le regard. Leone espérait cacher ses yeux rougis à cause de l’émotion. Personne ne lui avait jamais dit ce qu’il venait d’entendre. Même si ses amis et ses hommes de clan seraient toujours là pour lui, il n’avait jamais lu en eux ce genre de sollicitude. Yuuna paraissait inquiète de ce qu’il pouvait ressentir, alors que lui-même se voyait, quelque part, comme un monstre. Visiblement, le jeune homme s’était aussi laissé emporter par le côté dramatique de la scène. « Je serais ravi de les manger chauds…de te voir les faire…ou même de t’aider si tu le veux bien…» dit-il après un moment de silence, la voix un peu tremblante. ~ Se réjouir devant du jus d’ananas, qui l’aurait cru ? C’était pourtant ce qu’il se passait et Yuuna en était plus que ravie. Elle se sentait de plus en plus chan- ceuse d’être tombée sur un cavalier aussi sympathi- que et de pouvoir passer une si agréable soirée en sa compagnie. Elle avait cependant toujours du mal à contenir son admiration envers lui, et était toujours abasourdie par son sourire, ce qui déclenchait auto- matiquement une réaction en chaine menant au teint rouge pivoine qu’elle arborait si souvent. Ce fut en- suite avec rapidité qu’elle s’empara des deux verres de jus qu’un serveur leur avait amené, remerciant ce dernier en inclinant légère- 28
  • 29. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern ment la tête. Yuuna tendit ensuite la boisson à Leone, tentant de redi- riger l’attention du jeune homme sur le verre plutôt que sur son visage rouge. « Et si nous trinquions ? Je ne sais pas à quoi mais ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à un bal ! » En effet, bien qu’étant issue d’une famille adepte de soirées chics, Yuuna n’avait jamais réussi à s’habituer aux occasions de ce genre. C’était dans un sens, une bonne chose puisqu’il était presque impos- sible de ne pas l’impressionner. Toute personne sortant quelque peu de l’ordinaire en était aussi capable, et dans le cas de Leone qui était tout sauf ordinaire, Yuuna ne put s’empêcher de réagir. « C’est sûrement vrai … Mais tu ne fais pas peur ! Ou du moins je n’ai pas peur de toi ! Je suis juste intimidée … » dit-elle un sourire aux lèvres. Craignant d’avoir mis Leone mal à l’aise, elle tenta de mettre les choses au clair. A ses yeux, il était presque impossible d’être effrayé par le jeune homme et son sourire angélique ravageur. Il faisait sûre- ment partie des personnes les plus gentilles qu’elle avait eu la chance de rencontrer. Yuuna ne voyait habituellement que le ‘bon’ en chacun, ce qui la rendait d’ailleurs un peu trop naïve et facile à berner si ja- mais elle devait faire face à quelqu’un de rusé. Aussi, elle ne se serait jamais doutée que des doubles facettes comme celles de son cavalier pouvaient exister. « Ah … En effet, si c’est un labyrinthe qui m’attend mieux vaut que je m’abstienne ! » dit-elle en riant, « Et qu’entends-tu par ‘bizarre’ ? Aussi étrange que les plats qu’on nous sert parfois au réfectoire ? »4 4 [Yuuna, traumatisée par la nouvelle recette de Yuki Kamiku haha …] 29
  • 30. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. Etant entourée de beaucoup de personnes pouvant être qualifiées de ‘bizarres’, le bon sens de la jeune fille en avait pris un coup. Entre sa camarade de classe qui concoctait des plats douteux avec des ingré- dients banals, Aiden qui avait été piqué par une mouche ralentisseuse, Kate qui était capable de repérer des beaux garçons à des kilomètres à la ronde … De la diversité, il y en avait ! Aussi Yuuna avait de plus en plus de mal à interpréter ce mot. Par la suite, inquiète pour Leone, elle ne put s’empêcher de s’inté- resser à sa situation. Si quelque chose la tracassait, elle aurait aimé que quelqu’un soit là pour elle, elle appliqua donc cette logique à son cavalier. La réponse de ce dernier fut des plus surprenantes ! Yuuna eut à peine le temps d’apercevoir l’émotion sur le visage du jeune homme qu’elle atterrit dans ses bras. Relâchée presque de suite après, elle voulut être forte, pour elle et surtout pour lui, mais il lui était dif- ficile de ne pas réagir à pareille action. Aussi, ses jambes flanchèrent l’espace d’une seconde. Elle réussit heureusement à se rattraper, mais son cerveau était déjà entré en éruption, et elle se mit à rougir comme jamais. « Ca … Ca serait … Super. » balbutia-t-elle encore perturbée. A ce moment précis, il lui était impossible de remettre de l’ordre dans ses pensées. Le geste de son cavalier l’avait certes déboussolé, mais ce qui la perturbait le plus c’était sa propre réaction, ce qu’elle avait pu ressentir. La réponse de Leone sous entendait qu’elle pouvait l’aider, ce qui lui fit plaisir, même beaucoup trop. Etait-ce si facile de faire battre son cœur de cette façon ? Entre honte et bonheur, Yuuna s’empressa de boire plusieurs gorgées de jus, espérant que cela la calmerait. Voulant rester ‘normale’, elle tenta de reprendre la conver- sation. « Tu as des préférences ? Une allergie au chocolat ou autre … ? Il faudrait que j’évite de t’empoisonner ... » articula-t-elle, la tête à 30
  • 31. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern moitié baissée osant à peine le regarder dans les yeux. Pour relancer une conversation après autant d’émotion, ce n’était, comme qui dirait, pas top … ~ Leone avait l’impression de flotter sur un nuage. Les visages autour d’eux paraissaient flous, si bien que le jeune homme ne reconnais- sait plus personne à part sa cavalière. Lorsqu’il prit le verre que lui tendait Yunna, ses doigts frôlèrent légè- rement ceux de la jeune fille. Ce contact imprévu res- semblait à la scène d’un manga pour filles à ses yeux, pourtant il fit curieusement plaisir au garçon. « Merci. C’est une bonne idée ! Nous pouvons trin- quer à notre rencontre ! », s’exclama-t-il, les joues légèrement rouges, le sourire toujours sur les lèvres. Contrairement à Yunna, le jeune homme était un habitué des évé- nements chics et des bals grandioses. Cependant, s’il proposa autre chose c’est parce que ce soir-là il ne voyait plus que sa cavalière. Le reste des invités, y compris ses amis, n’existaient plus. Petit à petit et pourtant si vite, Leone oubliait toute méfiance pour un sentiment bien différent. « Si tu n’as pas peur, alors j’en suis heureux.» commenta-t-il avec un sourire en conséquence. Il sautillait presque de joie, mais se retenait à grand peine. En effet, il était important pour lui de paraitre mature aux yeux de la jeune fille. Yunna n’avait pas peur de lui, bon il l’intimidait, mais pas de peur à l’horizon ! Des ailes auraient pu lui pousser dans le dos qu’il ne se serait pas déplacé avec plus de légèreté. Son cœur battait fort dans sa poitrine quand il la regardait, pourtant il aimait la façon dont ses che- veux lui tombaient sur les épaules, ses yeux gris comme des perles, sa 31
  • 32. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. peau blanche qui avait l’air si douce… « Oui…oui…très… » répliqua-t-il un peu rapidement. Le jeune homme paniqua. Il venait de se rendre compte qu’il fixait la jeune fille depuis un petit moment. Perdu dans ses pensées, il avait complètement décroché de la conversation. Heureusement, Leone parvint à revenir sur terre, même s’il commençait à se persuader d’avoir un ange à ses côtés. Suivant une envie irrésistible, le jeune homme prit un instant Yunna dans ses bras. Il n’avait pu réprimer ce geste tendre, toutefois il par- vint à y mettre un terme. Afin d’être sur de ne pas recommencer, mais aussi de cacher ses yeux encore rouges, il évita de poser à nouveau son regard sur sa cavalière. « Parfait ! Si nous nous retrouvions ce week end ? J’aime beau- coup les pommes, le café et le chocolat. Je ne suis allergique qu’au gingembre… » répondit-il. Quand Leone constata que la jeune fille osait à peine le regarder dans les yeux, tout comme lui-même avec elle. Il se rendit soudain compte qu’il avait plus que tout envie de revoir Yunna après ce bal. Non pas uniquement une fois, mais plusieurs fois et le plus souvent possible. Ses désirs lui faisaient un peu peur, le jeune homme connaissait bien la douleur de se faire rejeter. Il ne résista pas longtemps, et finit par demander d’une voix hésitante : « Yunna, est-ce qu’ensuite… tu aurais envie d’aller avec moi au cinéma ? Ou… autre part si tu préfères ? » Quand il comprit les mots sortant de ses lèvres, Leone sentit la cha- leur envahir son visage. Affligé, il réalisa que son visage devait avoir pris une couleur rouge tandis que la nervosité le faisait trembler lé- gèrement. 32
  • 33. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern ~ Décidément, la chance souriait à Yuuna ! Elle remerciait le ciel de l’avoir faite rencontrer quelqu’un d’aussi « angélique » que Leone. Pour être honnête, elle avait longtemps été angoissée par ce bal, l’académie regorgeant d’élè- ves aussi farfelus les uns que les autres. Aussi, le fait qu’elle s’entende plutôt bien avec son cavalier lui sau- va la soirée. Avançant son verre de jus, ce dernier entra brièvement en collision avec celui de Leone, laissant échapper un son presque divin. Rien d’impressionnant venant de cet établissement richissime mais Yuuna eut l’impression de le redécouvrir. Dire que son verre contenait du jus d’ananas ! Ses parents auraient sûre- ment fait une crise à la vue du liquide ! « Je devrais prendre exemple sur toi ! Ca m’éviterait de me faire écrabouiller par la foule … » murmura-t-elle les sourcils froncés. La jeune fille n’était pas bien costaude et sa nature timide n’arran- geait pas les choses. Pouvoir s’imposer, elle en rêvait. Cependant c’est grâce à ce rôle passif qu’elle était devenue plus réceptive à ce qui l’entourait, aussi elle ne mit pas longtemps à ce rendre compte que l’esprit de son cavalier s’envolait parfois on ne sait où. Elle avait beau l’avoir remarqué, restait à en trouver la raison et c’était bien ça le plus dur car elle était tout sauf perspicace ! Ce fut donc avec un air inquiet qu’elle approcha sa main libre du front du jeune homme. « Est-ce que ça va ? Tu veux prendre un peu l’air ? » demanda-t- elle en retirant progressivement sa main. Les seules possibilités auxquelles Yuuna avait pensées : fièvre, ma- laise … Elle ne constata néanmoins pas d’anomalie concernant la température de Leone, ce qui ne suffit pourtant pas à la convaincre. 33
  • 34. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. Comme pour fuir la réalité, elle commença à se dire qu’il était étran- ge que quelqu’un soit aussi chaleureux avec elle (bien que beaucoup l’était) et que le teint rouge du jeune homme était inquiétant. A croire qu’elle ne se rendait pas compte de l’état de son propre visage ! « Ca me va ! Je peux aussi faire du porridge si tu te sens mal ! Mais je ne pense pas pouvoir y ajouter du chocolat … » répondit- elle à la fois encore inquiète de l’état de santé de son cavalier et toute retournée par les péripéties de la soirée. Il devenait de plus en plus dur pour la jeune Ashford de faire face à son rythme cardiaque irrégulier. Quelle en était la cause ? La réponse lui faisait peur. Le visage d’Aiden ne cessait d’apparaitre dans sa tête. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu ni même eu au télé- phone5. Elle l’aimait encore, restait à savoir à quel point, et c’était bien ça qui la tracassait. Comment pouvait-elle se demander une telle chose ? Plus elle y pensait, plus elle culpabilisait. Fille facile, elle ? Rien que cette pensée lui donna mal au crâne. Bien sûr elle faisait de son mieux pour ne rien laisser paraitre, mieux valait que son cavalier ignore le débat qui faisait rage dans son cerveau. Elle tenta de se rassurer, se persuader qu’elle n’avait trahi personne et qu’elle n’allait trahir personne… quitte à se mentir à elle-même. Ainsi, bien qu’elle perçut l’invitation de Leone comme un cadeau du ciel l’espace d’un instant, elle s’efforça de considérer cela comme une sortie entre « amis ». « Euh … Bien sûr ! Ca fait longtemps que je n’y ai pas mis les pieds en plus ! » dit-elle un petit sourire aux lèvres. Sa réponse n’avait pas du tout l’air de celle d’une simple amie. Ses joues étaient automatiquement devenues rouges et elle avait éprouvé une certaine joie à accepter. Mais … Et si elle avait mal interprété la 5 [HS : je ne sais pas si le perso va rester donc j’improvise pour avancer ! Ca fera du drame XD] 34
  • 35. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern demande de Leone ? Et si elle se tourmentait pour rien ? Yuuna eut un petit pincement au cœur à cette pensée, puis la culpabilité reprit vite le dessus. Cela devenait impossible à gérer pour elle, c’est donc sans trop réfléchir qu’elle saisit une des mains du jeune homme pour l’emmener un peu plus à l’écart, là où il n’y aurait pas d’oreilles in- discrètes. « Je dois savoir. Je dois en être sûre. A tes yeux, suis-je une amie ou … plus ? » murmura-t-elle. Elle ne mit pas bien longtemps à regretter ses paroles. Paniquée et tremblotante, elle n’arrivait pas à croire qu’elle ait pu demander une chose pareille. D’où était sorti ce courage ?! Aussi elle s’empressa d’ajouter : « Euh non ! Ce n’est pas ce que je voulais dire … je suis censée être en couple et … Ca me ferait vraiment vraiment vraiment plaisir d’y aller avec toi, plus que tu ne l’imagines mais … ce n’est peut-être pas une bonne idée et … arrgh je sens que ma tête va exploser … » balbutia-t-elle, cachant son visage entre ses mains. Pour la première fois de la soirée, Yuuna aurait voulu avoir un autre cavalier. Quelqu’un d’arrogant, orgueilleux et détestable. Au moins elle ne se serait pas sentie aussi perdue … ~ C’était bien la première fois que quelqu’un pensait devoir prendre exemple sur lui, et d’autant plus une fille. Leone restait sans voix, comme s’il n’avait pas entendu ce murmure si surprenant. Il ne pou- vait se cacher que ces paroles lui faisaient plaisir. Le jeune homme ne pensait pas être un modèle à suivre, et avait même souvent honte de son côte sombre qu’il ne contrôlait pas très bien. « Je pense que tu es très bien comme tu es…» murmura-t-il en retour. 35
  • 36. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. Il avait du mal à imaginer une foule osant écrabouiller une jeune fille aussi adorable, mais n’osa pas en faire le commentaire. Si jamais Yuuna venait à connaître son autre lui-même que dirait-elle alors ? En viendrait-elle à le détester ? Devenu blanc comme un linge le garçon ne pouvait empêcher la peur le submerger. Sa cavalière pourrait-elle accepter la partie de sa personnalité liée au monde de la mafia ? Étrangement, cela lui semblait très important pour lui alors qu’ils ne venaient que de se ren- contrer. La prochaine question lui parvient aux oreilles d’une façon loin- taine, sans qu’il ne sache vraiment quoi répondre. La main douce de la jeune fille sur son front le fit légèrement sursauter. Il ne s’attendait pas à un geste attentionné et encore moins un nouveau contact. Sans vraiment y réfléchir il recouvrit les doigts posés sur sa peau par les siens. Son cœur s’était de nouveau engagé dans une course folle, lui donnant l’impression d’être essoufflé. Ses traits dessinaient l’étonne- ment, mais aussi un soupçon de crainte. « Je vais bien ne t’inquiètes pas. Je goûterais avec plaisir tout ce que tu désireras me préparer.» dit-il d’une voix faible. Le rouge venait d’envahir de nouveau ses joues tandis qu’il prenait conscience du sens de ses propres paroles. Après coup, il craignait s’être montrer trop fleur bleue comme ces princes de contes de fées. Pour la première fois, il regretta d’avoir critiqué leurs mots suaves et belles paroles. Finalement, peut être que ce genre de phrases naissait toutes seules, se nourrissant de sincérité, sans se soucier de le faire paraitre niais. Cette impression disparut vite quand elle accepta la sortie à ses cô- 36
  • 37. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern tés. Brusquement, le visage de Leone s’illumina d’un sourire heu- reux. Il ne pouvait plus empêcher ses lèvres de révéler à quel point cette réponse lui faisait plaisir. Tout son corps semblait flotter dans un nuage doux et tiède de bonheur. De peu, il parvint à ne pas exprimer sa joie en sautillant ou en la prenant dans ses bras. Heureusement, sa cavalière le guida à l’écart quand il eu plus de mal à se contenir. La surprise lui permit de retrouver un peu de calme, et d’enregistrer la suite des événements. Les murmures de la jeune fille lui parvint aux oreilles sans provo- quer chez lui la moindre réaction. On voyait sur son visage que le garçon avait besoin d’un moment pour en comprendre le sens. Puis son esprit se vida tel un ordinateur qui aurait laissé qu’un seul mes- sage énigmatique, du genre « error 504 ». Sa cavalière enchaina alors, avant même que les mots « je ne sais pas » puissent se former sur les lèvres du garçon. À présent, elle cachait son visage derrière ses mains, il semblait à Leone que réfléchir se faisait plus aisé. Tandis qu’il intégrait les informations et acceptait enfin de les comprendre, il réalisa que l’une d’elle le blessait. L’air devenait plus difficile à res- pirer, un poids dans sa poitrine le faisait souffrir, lui ôtant tout envie de sautiller. Imaginer Yuuna dans les bras d’un autre garçon lui parut alors insupportable. Cela le mit en colère jusqu’à ce qu’il parvienne à identifier ce sentiment : la jalousie. Il était jaloux. Doucement, mais avec fermeté, il captura les mains de la jeune fille des siennes pour les faire glisser de chaque côté de son visage. Rete- nant celui-ci entre ses paumes, il plongea son regard doré dans celui de sa cavalière. « Yuuna, si tu me demande d’être sincère alors je ne veux pas que tu sois mon amie » Leone se montrait direct, il voulait éviter de parler longtemps pour cacher à quel point il avait peur. Plus que cela il était terrifié par la 37
  • 38. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. réaction que pourrait avoir la jeune fille face à son comportement. Mais la boule au ventre, qui le tiraillait cruellement, ne l’avait pas dissuadé de se montrer honnête. Yuuna méritait la vérité, et il le lui devait. Alors soudainement, il l’embrassa tendrement sans oser s’at- tarder sur les lèvres de la jeune fille par crainte qu’elle ne cherche à s’enfuir. Le garçon n’était pas certain de pouvoir supporter d’être violemment rejeté. Alors, il interrompit vite son geste. Toutefois, il ne parvint pas à cacher par son expression le regret de devoir se retenir. Une partie de lui sentait qu’il venait de manquer sa dernière chance de profiter de ce contact. À cette pensée son cœur se serra, avant de tambouriner à nouveau contre sa poitrine. Leone n’entendait plus la musique, seule la sensation des lèvres de Yuuna sur les siennes lui parvenait encore. Puis, toujours avec douceur, il la relâcha complè- tement. «Je ne peux pas m’imaginer ne plus te revoir après le bal, cela me semble trop douloureux. Demande moi de ne plus te toucher, si c’est la condition pour laquelle tu serais d’accord pour me laisser t’approcher. Je le ferai. S’il-te-plait, passe du temps avec moi. Si c’est ce que tu préfères alors accepte de le faire comme avec... un ami » ajouta-t-il d’une voix légèrement tremblante, avant de pronon- cer difficilement ce dernier mot comme s’il était dernier douloureux à prononcer. Il venait de baisser les yeux en s’apercevant qu’il voyait flou. Si ja- mais des larmes devait couler, alors il ne voulait pas que la jeune fille puisse voir à qu’il était si sensible. Ce n’était vraiment pas viril de pleurer. Malgré ça, Leone ne parvenait pas à cacher sa tristesse et sa crainte. Il avait tellement peur de perdre Yuuna. Cela aurait pu lui pa- raitre ridicule parce qu’il venait juste de la rencontrer, et pourtant ce qu’il ressentait lui semblait à cet instant si naturel, si évident. Glacé par la peur, il tremblait. Une seule pensée cohérente demeurait dans son esprit, il ne voulait pas qu’elle s’enfuit. 38
  • 39. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern ~ Sur son petit nuage, Yuuna passait une soirée plus qu’agréable. Son rythme cardiaque avait ses hauts et ses bas, pour le meilleur comme pour le pire ... Perturbée par ses propres réactions et malgré ses efforts pour agir normalement, elle sombra progressivement dans une spirale infernale où joie et culpabilité ne cessaient de se combattre jusqu’à anéan- tir ce qui lui restait de retenue. Sa nature timide s’éclipsa l’espace de quelques se- condes, secondes qui suffirent à détruire toute chance de revenir en arrière. Ces quelques instants de fran- chise lui valurent une réponse qui la laissa bouche bée. Confuse, inquiète, voire blessée, ses sourcils se froncèrent et elle osa à peine regarder son cavalier dans les yeux, l’idée qu’elle ne méritait même pas d’être son amie s’insinuait en elle. Le baiser surprise de Leone la sortit rapidement de sa confusion, mais provoqua un chaos total dans son esprit. D’abord pétrifiée, une de ses mains tremblantes vint lentement effleurer ses lèvres pendant qu’elle écoutait la réelle réponse du jeune homme. La déclaration de Leone la touchait beaucoup, et plus que nécessaire … Yuuna eut des pincements au cœur en entendant les derniers mots de Leone, elle était cependant consciente qu’il était lui aussi loin de pouvoir sourire gaiement. Elle regretta amèrement son élan de bravoure qui n’avait fait que compliquer les choses. Les larmes ne mirent pas longtemps à pointer le bout de leur nez, elle s’approcha alors de son cavalier et le prit dans ses bras sans réfléchir, l’empêchant par la même occasion de la voir pleurer comme une madeleine. Silencieuse un moment, elle finit par prendre la parole tout en le serrant de toutes ses forces. « Je vais être franche, je … Je ne sais pas quoi te répondre. Je ne me comprends pas moi-même. Je me réjouis déjà à l’idée de te revoir mais je ne sais pas comment je devrais interpréter ça. J’ai peur … de te faire du mal à toi et à Aiden … Je l’aime. Et honnê- 39
  • 40. Yunna et Leone : soirée avec un mafieux. tement … ce soir, je pense avoir éprouvé des sentiments sembla- bles à ton égard… » dit-elle en s’efforçant de contenir ses larmes. Yuuna n’avait à présent qu’une envie, être enterrée au fin fond des entrailles de la Terre. Elle avait épuisé en une soirée l’équivalent d’un an de courage et se retrouvait à présent dans une impasse. Il lui sem- blait impossible de considérer son cavalier comme un simple ami à présent mais si c’était le seul moyen de le garder à ses côtés ne serait- ce que quelques instants de plus, elle était prête à accepter la proposi- tion du jeune homme. Elle voulait le revoir, lui parler plus et mieux le connaître sans se soucier de quoique ce soit. C’était égoïste et lâche de sa part, elle le savait et s’en voulait terriblement. L’estime qu’elle avait d’elle-même n’était jamais tombée aussi bas ... Lâchant prise et faisant un pas en arrière, Yuuna tenta de retrouver une respiration normale et s’empara d’une des mains de Leone. « Passe au dortoir samedi, c’est le jour où je fais un tas de four- nées spécialement pour mes … amis. » ajouta-elle difficilement en fixant sa main, « Je t’attendrais avec des brownies … ». En prononçant ces mots, elle finit par joindre son auriculaire à celui de la main prisonnière du jeune homme avant de le libérer, lui faisant signe à la japonaise qu’il s’agissait d’une promesse. La jeune fille réussit à le regarder dans les yeux puis esquissa tant bien que mal un petit sourire. Par la suite, pensant préférable de se retirer, elle s’inclina à 45° afin de s’excuser et fonça vers la foule pour rejoindre la sortie. A présent qu’elle avait commis l’irréparable, il ne lui restait plus qu’à s’enfer- mer dans sa chambre et s’étouffer sous sa couette jusqu’à ce que la culpabilité daigne lui offrir des vacances. Elle faillit appeler Aiden un bon nombre de fois mais se dégonfla à chaque fois, n’osant pas lui parler de la soirée. Yuuna ne ferma pas l’œil de la nuit et resta roulée en boule dans son lit toute la journée qui suivit … 40
  • 41. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern Fin du chapitre 41
  • 42. Shamandalie et Shin : ça commence... Shamandalie Shin 42
  • 43. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern Shamandalie et Shin : ça commence... Sham marchait dans les couloirs, en direction de la sortie de l’académie. Les cours avaient fini tôt pour elle aujourd’hui, ce qui lui laissait le temps de penser à autre chose qu’aux examens qui risquaient d’arriver plus vite que l’on ne croyait. Elle s’arrêtât près d’une fenêtre, s’appuya contre le mur et entre- prit de chercher son portable dans son sac. * Un vrai sac de fille, c’est pas possible ! Il va être tout au fond sous mes livres, ça c’est sûr !!!* Elle fouillait dans son sac, espérant ne pas l’avoir oublié en classe… Quand il émergea, fier et vainqueur, niché entre son livre de math et son sachet de biscuit d’urgence pour les petits creux avant le repas… Ou même après ! Elle l’attrapa, l’ouvrit et commença à écrire un mes- sage. Elle ne savait pas encore si elle l’enverrait vraiment, comme à chaque fois qu’elle écrivait à Timotée. Il avait promis d’assumer leur relation et de faire confiance à sa force à elle pour braver les innom- brables critiques qui seraient faites sur eux lorsque se serait su de toute l’académie, mais depuis, les premiers pas l’un vers l’autre avaient été timides. Sham se disait bien qu’ils ne pouvaient pas arriver comme ça au lycée et se jeter dans les bras l’un de l’autre, mais on commençait à voir qu’il existait quelque chose entre eux et elle trouvait ridicule 43
  • 44. Shamandalie et Shin : ça commence... de continuer à avoir peur. Elle avait déjà essuyé quelques critiques et remarques désobligeantes de la part de certaines camarades de classe. Elles trouvaient timotée changé quand Sham était près de lui, il sou- riait même des fois et la regardé plus longtemps que nécessaire. El- les avaient déjà remarqué, mais pour elles tout était étrange et Sham passait pour une opportuniste, « une fille de parvenus qui essaie de rentrer dans la haute » et Timotée comme un imbécile qui veut jouer au prolétaire au risque de tout perdre ! Leur relation n’étant pas réel- lement assumée, les gens pensaient qu’ils n’étaient pas sérieux, qu’ils s’amusaient… Sans compter les amis de Sham qui n’arrêtaient pas de lui rabattre les oreilles avec le fait que Timotée était un garçon froid et insensible, qu’elle risquait de souffrir… Elle releva la tête, sortant de son texto et de ses pensées pour se dire qu’après tout : *Les amis de Timotée… Ou du moins ses connaissances… Doi- vent penser que moi je l’utilise… aaaaaaah… Ça va pas être du gâteau… Mais je dois lui prouver, à lui et aux autres, qu’être pau- vre ça rend fort !* Elle se savait plus forte et plus résistante que ne le pensait les autres. Elle avait confiance en Timotée, même si de temps à autres ses dou- tes et ses peurs étaient revenus… Elle avait recommencé à penser à ce jour qui avait brisé ce qu’elle était, à cette amie qui l’avait trahi et à ce garçon qui l’avait utilisé… Elle avait eu peur qui Timotée ne soit pareil au final… Elle le craignait encore, il y a des peurs qu’on n’oublie pas facilement, mais à chaque fois qu’elle voyait ses yeux, elle ne doutait plus. Il restait quand même un problème : un garçon… Il la fusillait du regard chaque fois qu’ils se croisaient, la bousculait quand elle passait près de lui et elle savait que les réflexions idiotes sur les pauvres et l’argent qu’il débiter à voix haute à ses amis quand elle était là lui étaient destinées. *Je me demande ce qu’il veut lui… Mais ça va pas tarder à m’éner- 44
  • 45. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern ver s’il continue ! Si le fils à papa s’est jamais pris une gifle, il va vite savoir ce que ça fait d’être puni comme un pauvre…* Sur ces pensées elle appuya sur l’icône d’envoi de son message. Elle disait à Timotée que ses cours étaient finis et lui demandait si il était libre pour aller faire un tour ensemble avant de rentrer. Elle n’ajouta rien de trop mielleux. Heureusement pour elle, elle n’était pas du genre à rabâcher 100 fois « je t’aime » dans un message ou à donner des surnoms stupides ou à mettre des smileys partout. Puis ils n’en étaient pas là. Elle finit par un simple « je pense à toi ». Elle referma son portable et s’apprêtait à le ranger quand IL apparut au coin du couloir… ~ IL aurait très bien pu être le fameux Timotee Ryan, réputé pour être l’un des petits génies riches de l’école. Mais non, le IL était présentement un jeune homme n’ayant rien à voir avec Timotee ou encore Shamandalie, du moins à première vue. Élève en se- conde dans l’Académie, il n’avait strictement rien à faire à cet étage, mise à part peut être : parler à un professeur. Enfin, cette motivation aurait été bien trop sérieuse pour Shin Harukaze. Même si ses notes restaient correctes, il n’avait pas la réputation d’un étudiant studieux. D’ailleurs, il avait attendu la sortie de l’adulte avant de pénétrer dans la salle de classe après avoir guet- ter discrètement qui en sortait, et surtout, qui restait. *Parfait, elle est seule…*, pensa-t-il- comme un gamin préparant un mauvais coup. Avec nonchalance, le jeune garçon repoussa les cheveux couleur ébène, qui lui tombaient devant les yeux, en les peignant de ses doigts. L’inconvénient d’une coiffure dégradée se situait dans les mèches 45
  • 46. Shamandalie et Shin : ça commence... rebelles manquant de cacher son regard purement hostile envers la jeune fille. Ses yeux d’un rubis flamboyant marquaient souvent l’es- prit de ceux qu’il croisait, voire leurs faisaient peur. Il s’avança vers sa cible jusqu’à placer un mètre d’une distance raisonnable entre eux. Sa main et ses doigts fins se posèrent sur une hanche dans une pose qui devait lui donner un air sûr de lui. Emotion dont le jeune garçon était en réalité totalement dépourvue derrière son masque arrogant posé sur le visage. En effet, son cœur tambourinait désagréablement dans sa poitrine tandis qu’il fixait Shamandalie. « Tu ferais mieux de laisser tomber pour Timotee. Quelqu’un comme toi n’es pas fait pour lui.» parvient-il à dire d’un ton sec, en fronçant ses sourcils joliment dessinés mais curieusement fins pour un garçon. On pouvait bien se demander : « Mais diable pourquoi se mêlait- il des relations entre deux autres élèves ?! ». À vrai dire, le jeune homme lui-même n’était pas certain d’en connaître la raison. Depuis quelques temps, il avait remarqué les regards doux entre Shamanda- lie et Timotee, accompagné d’un sourire déconcertant sur les lèvres de ce dernier. Visiblement, celui qui se trouvait être son président de club semblait amoureux. Une idée laissant un goût trop étrange sur la langue de Shin pour qu’il puisse l’accepter. Depuis, il ressentait un pincement au cœur à chaque fois que le « couple » se croisait sous ses yeux. Aucune relation officielle ne les liait encore, et le fauteur de troubles était bien décidé à faire son possible que pour cela ne soit jamais le cas. ~ Elle le vit s’approcher, l’air sur de lui, ses yeux rouges brillants d’une lueur qui en disait long sur ses sentiments pour Sham… Elle le connaissait de réputation seulement mais ce que l’on disait de lui n’avait rien de compliments : élèves moyen, comportement à pro- blème, il avait eu des démêlés avec d’autres élèves… Mais surtout, 46
  • 47. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern elle ne le connaissait pas, ne lui avait jamais parlé et n’avait rien à voir de près ou de loin avec lui. Le fait d’être seule dans le couloir avec lui ne lui présageait rien de bon. Il avait un comportement plus qu’hos- tile à son égard et ce face à face risquait d’être ex- plosif… et elle ne se trompait pas. « Pardon ?... Quelqu’un comme moi ? Mais tu te prends pour qui? Ce qui se passe entre Timotee et moi ça ne te regarde pas !» Elle sentait le rouge lui monter aux joues. Il se prenait pour qui ce garçon ? Il envahissait son espace personnel, se mêlait de sa vie privée et la détestait pour… Pour quoi d’ailleurs ?... Elle eut une il- lumination ! Impossible, ce garçon était jaloux ! Jaloux d’elle, ça ex- pliquait ses réactions à son encontre concernant Timotee. Ses yeux s’agrandirent sous le choc ! « Tu es jaloux… C’est pour ça que tu es si odieux avec moi !!!! Ah, c’est de la jalousie ! » Elle fut prise d’un fou rire incontrôlable durant quelques secondes ! C’était trop ! Mais d’un coup ce garçon ne l’impressionnait plus tel- lement… Elle se demanda ce qu’il pourrait bien dire. Vue ce qu’elle savait de lui, il ne laisserait pas tomber. Mais elle non plus ! Elle en avait assez de devoir subir les assauts des gamins de riches qui la considérait comme une impropre parce qu’elle n’avait ni sang bleu, ni vieille fortune ! Timotee et elle étaient amoureux, bien que cela tienne du miracle compte tenu du caractère du jeune homme, mais c’était le cas et il lui avait promis de lui faire confiance, donc elle ne se laisse- rait pas faire par cette andouille ! Mais elle gardait dans un coin le fait de parler de ce garçon a Timotee, il savait peut-être quelque chose. 47
  • 48. Shamandalie et Shin : ça commence... ~ Shin toisait la jeune fille d’un air hostile, attardant son regard dans ses cheveux d’or roux aux reflets écarlates. Elle était plutôt jolie avec ses grands yeux noisette. Forcément, sinon Timotee Ryan ne l’aurait jamais regardé d’une façon aussi agaçante. Parvenus à la pointe de sa chevelure, son attention descendit le long des courbes de Shamandalie. Mince, son corps ne possédait pas les formes pulpeuses d’une femme sexy mais restait tout de même agréable à observer. En se fiant uniquement à son physique, oui, le garçon aurait pu comprendre l’inclination de son président de club. Cepen- dant… « Tu ne sais vraiment pas respecter ceux qui te sont supérieurs. Je suppose que je ne devrais pas m’en étonner. Très bien, je vais être plus clair : cesse de tourner autour de Timotee, paysanne ! » Le jeune homme adoptait un air faussement blasé, avant de croiser les bras. Il venait de prononcer le mot « paysanne » comme si cela avait été une des plus odieuses insultes au monde. Shin semblait s’at- tendre à voir la jeune fille capituler. Une attitude terriblement naïve. À moins que le garçon, ne connaisse pas véritablement la raison le poussant agir ainsi. Réputé pour sa mesquinerie, il n’hésitait pas à blesser ses camarades pourtant cela n’était que très rarement son but. Que cherchait-il alors en affrontant Shamandalie ? Celle-ci sembla soudain trouver une réponse à ses motivations. Toutefois, Shin ne s’attendait absolument pas à un tel dénouement, si bien que la surpri- se s’installa sur son visage, chassant toute autre émotion. Il paraissait alors beaucoup plus jeune, tandis que l’on pouvait lire sur son visage le chemin que prenaient ses pensées. Avait-elle raison ? Était-il véri- tablement jaloux ? Cela expliquait-il son comportement envers une inconnue ? Le rire de la jeune fille l’empêchait de pousser plus loin 48
  • 49. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern ses réflexions. Il avait la curieuse impression qu’elle se moquait de lui. Et il n’aimait pas ça. Ses joues rougirent alors d’embarras et ses poings se serrèrent. « Tu te surestimes, paysanne. Tu n’as pas ce qu’il faut pour me rendre jaloux de Timotee. » articula-t-il d’un ton boudeur, en jetant un bref regard à la poitrine de la jeune fille. ~ Ce petit gosse de riche commençait à lui courir sur les nerfs avec son air supérieur et son hostilité affichée. Non seulement il l’insultait, si tant est que «paysanne» soit une insulte, mais en plus il la dé- taillait de haut en bas, sans se gêner! Il avait des idées rétrogrades sur les classes sociales visible- ment!! Sans compter qu’il ne comprenait rien de ce qu’elle disait visiblement!! Sa réflexion sur la jalou- sie du jeune homme avait embarrassé ce dernier, il en était devenue rouge de colère, ou de honte elle ne savait pas. Elle sourit de plus belle en entendant sa réponse. La croyait-il aussi va- niteuse et imbu d’elle même? Visiblement, il avait du mal à admettre que tout le monde ne soit pas comme lui... «Je n’ai jamais dit que tu étais jaloux... de Timotée... Je dirais plutôt que tu es jaloux... De moi! C’est pour ça que tu es si hostile avec moi...» Elle s’adossa au mur du couloir, détendue, les bras croisés. Elle ne le craignait pas, des gamins comme lui l’école en regorgeait et elle les avait apprivoisé ou ignoré simplement. Ils n’étaient pas les plus à craindre... Certains élèves étaient réellement dangereux! Mais visi- blement pas lui... Elle ne devait pas céder! «De deux chose, l’une: Tim n’appartient à personne et il prend 49
  • 50. Shamandalie et Shin : ça commence... ses décisions seul, comme un grand garçon... Deux: lui et moi, ça ne te regarde pas... Mais si tu as un truc à dire, je pense que Tim serait ravi que tu lui dises, puisque tu à l’air de penser qu’il a be- soin de toi pur réfléchir... Le connaissant... Il va adorer...» Elle connaissait Tim... Et elle savait qu’il détesterait qu’un garçon lui parle comme ça de ses décisions. Surtout que... «Au fait... Comment tu connais Tim?...» ~ Shin se mouvait au rythme du swing de la mélo- die de Moanin d’Arts Bakley1. Alors qu’il s’attendait à une capitulation dans les règles, la demoiselle ne le laissa même pas apercevoir le drapeau blanc. Du coup, le jeune homme aux joues encore rouges se demandait ce qu’il devait faire face à cette présomp- tueuse jeune femme. Il fut d’autant plus déstabilisé quand il comprit s’être trompé sur le sens des mots de Shamandalie. Alors, d’écarlate, son visage se mit à pâlir graduellement, tandis qu’il tentait de saisir toutes les implica- tions de la réponse portée à ses oreilles. Soupirant d’un air blasé, il vint se frotter l’arrière du crâne d’une main vive, ce qui ne manqua pas d’ébouriffer ses cheveux. «Je suis désolé, j’avais mal compris ce que tu voulais dire….» commença t-il d’un ton curieusement sincère. Puis, le garçon s’approcha de la jeune femme, adossée au mur du couloir et visiblement détendue. Usant de plus force que nécessaire, Shin attrapa l’un de ses poignets et plongea son regard de la couleur 1 (Ah ! Non ! ça c’était le narrateur…) 50
  • 51. Les Chroniques de l’Académie Von Einzbern du rubis dans celui de Shamandalie. « Je ne suis pas gay», dit-il très sérieusement, «et je ne prétends posséder personne, moi.» Desserrant sa prise, le jeune garçon s’écarta légèrement mais resta assez près pour qu’elle puisse l’entendre murmurer. « Timotee n’a pas la réputation d’être un cœur tendre. Cepen- dant, c’est un excellent élève, particulièrement doué pour faire semblant quand le devoir le lui impose. Comment peux-tu être certaine qu’il ne t’utilise pas pour améliorer son image ?» La lâchant complètement, Shin s’éloigna encore d’un pas, une ombre fugace de douleur passa sur son visage tandis qu’il répondait : « Tu n’as pas envie de savoir….» avant d’adopter de nouveau un air dur «Tu ferais mieux de le laisser tomber, il n’est pas pour toi» ~ Sham ne supportait pas ce garçon... Elle sentait que son animosité envers elle la poussait à le haïr, lui. Elle ne se sentait pas menacé mais elle ne vou- lait pas lui laisser le loisir d’avoir le dernier mot! Elle le vit pâlir de plus en plus. Il avait compris... Enfin! Et il avait l’air presque embarrassé de ne pas l’avoir comprise plus tôt... Ce garçon était de plus en plus étrange, il était agressif sans raison et d’un coup devenait presque sincère dans son embarras... Soudain elle le vit s’approcher d’elle et lui saisir le poignet dans un étau qui surprit Sham. Il était mince mais pas dénué de force... «Tu es drôlement jaloux en tout cas... Et je ne possède pas Timoté, 51
  • 52. Shamandalie et Shin : ça commence... il n’appartient à personne, il est avec moi de son plein grès... Mais ça te tue qu’il m’ait choisit moi...» Elle le savait, elle le sentait... Il ne comprenait pas! Et elle ne vou- lait pas lui faire comprendre ce qui se passait entre elle et Timoté. Il semblait presque souffrir de ne plus voir le jeune homme comme un garçon gâté et froid... Mais tant pis pour lui! Les mots qu’il prononça ensuite devait rester dans sa mémoire... Elle le trouva si pitoyable d’utiliser ça comme attaque... «Parce que sortir avec une paysanne améliore son image?... Mau- vaise stratégie, tu ne crois pas?... Et la réputation, c’est seulement des mots... Ce que les gens disent quand ils ne te connaissent pas... Et aucun devoir ne le lie à moi... Tu as perdu!» Elle s’éloigna un peu, replaçant derrière son oreille une mèche re- belle. Elle l’entendit lui dire de laisser tomber Timoté... Il ne manquait pas de culot! Elle se retourna et se dirigea d’un pas plein de rage vers son rendez vous avec son âme soeur. Cette pensé, ajouté à la situa- tion et à la discussion qu’elle venait d’avoir la fit partir d’un éclat de rire... ~ Shin serrait le poignet de la jeune fille comme si ce contact physique pouvait lui faire adopter son point de vue. Shamandalie semblait bien décidée à n’en fait qu’à sa tête, et le garçon commençait à croire que rien ne lui ferait changer d’avis. Une partie de lui avait envie de céder à la violence. D’ailleurs, son regard prit une la nuance sombre et inquiétante. Ne quittant plus sa proie, il cachait à peine sa tentation à choi- sir un recours bien plus primaire. Eh oui, si Shin pa- raissait mince et délicat comparé à la majorité de ses camarades masculins il n’en restait pas moins un jeune homme en 52