1. Stress des plantes : des solutions
Une plante a beaucoup d’ennemis et ça la stresse !
Heureusement elle a des systèmes de résistance pour lutter contre les
agressions tellement redoutées en agriculture : gel, sécheresse,
maladies, ravageurs… Il existe des moyens, comme les éliciteurs pour
les aider à résister et ainsi limiter les traitements.
Le stress biotique : c’est quoi ?
Il y a tout d’abord le stress biotique : déclenché par des champignons,
des insectes, des bactéries, des adventices. Nous parlerons du stress
abiotique ans le prochain article.
Un peu d’histoire : Dès 1961, Ross a montré qu’après inoculation d’une
feuille de tomate avec une souche du virus de la mosaïque (TMV), il y
avait une augmentation de la résistance des autres feuilles à ce virus ainsi
qu’à d’autres pathogènes. Les plantes auraient-elles un système
immunitaire ?
Par la suite, les progrès de la biologie cellulaire et moléculaire ont permis
de démontrer des acquisitions ou des inductions de résistance. Certes
moins développés que le système immunitaire animal, les plantes ont bien
des systèmes de résistances pour lutter contre les agressions.
Les plantes « reconnaissent » les micro-organismes grâce à des
molécules « signal » inclues dans les parois de ces derniers. Certains
micro-organismes sont bénéfiques et symbiotiques (mycorhizes,
rhizobium,…). D’autres sont pathogènes et responsables de maladies
(oïdium, mildiou, botrytis, fusarium, pythium, rhizoctonia ….).
Lorsqu’un pathogène « attaque » une plante, cette dernière va déclencher
une cascade de réactions de défense au sein de la cellule.
Oïdium
2. Comment répondent les plantes ?
- par le « Suicide Cellulaire ». Sur le site de l’infection afin de bloquer le
pathogène, la plante sacrifie des cellules.
- par renforcement de la barrière mécanique par épaississement de la
paroi de la cellule.
- par la production de métabolites à activité anti-microbienne, en
particulier les phytoalexines (Langcake et Pryce, 1976).
- par la production d’enzymes qui dégradent la paroi des pathogènes
comme la glucanase et la chitinase (Van Loon, 1997).
Il faut souligner que, souvent, la « réponse immunitaire » a une
caractéristique systémique (dans toute la plante) et non plus localisée
(comme le suicide cellulaire).
Cette RSA (Réponse Systémique Acquise) a pour principe l’activation de
gènes qui maintiendront la plante entière dans un état de résistance
contre un large spectre de pathogènes
Eliciteurs : une solutions aux maladies ?
Des SDP (Stimulateurs des Défenses des Plantes) ou Eliciteurs
peuvent « Mimer » l’attaque d’un pathogène pour préparer la plante à une
véritable arrivée de la maladie.
Un grand nombre d’agents peuvent provoquer une réaction chez la plante,
sans toutefois provoquer la maladie. Il s’agit le plus souvent d’extraits
microbiens, d’extraits de plantes, de composés organiques, de minéraux
et d’agents physiques.
Ils sont reconnus par les récepteurs membranaires de la plante, au même
titre qu’un véritable pathogène, et la préparent à être plus résistante aux
maladies par la suite.
Un éliciteur (ou SDP) est un produit visant à déclencher le système de
défense de la plante suffisamment tôt pour éviter le développement de la
maladie. Ils ne peuvent donc avoir qu’une efficacité préventive.
Quand le pathogène est installé il est alors difficile de le déloger. Des
actions directes peuvent être nécessaires (insecticides, fongicides…).
Les éliciteurs (ou SDP) sont des éléments à prendre en compte si l’on veut
aller vers une agriculture raisonnée. Ils permettent parfois de limiter les
passages, les traitements. Mais ils restent complémentaires de stratégies
de lutte conventionnelle.
3. Stress abiotique : c’est quoi ?
Le stress abiotique est déclenché par :
• le gel,
• la chaleur,
• les chocs de températures,
• la salinité,
• le manque d’eau,
• le rayonnement solaire,
• les carences nutritives,
• le vent ou verse…
Comment réagissent les cultures lors de brusques changements de
températures ?
Les écarts de températures peuvent provoquer des nécroses foliaires
comme le « tip burn » de la salade ; des variations de régime hydrique, la
« maladie du cul noir » de la tomate.
Quel mécanisme utilisent les plantes pour survivre aux carences
nutritives ?
Elles ralentissent leur métabolisme et diminuent les dépenses
énergétiques. Ce qui réduit la croissance, la photosynthèse et donc le
rendement !
4. Certaines plantes se défendent mieux que d’autres aux conditions
extrêmes d’aridité, de températures froides ou de salinité. Pour exemple,
les algues vivent dans un environnement hyper-salins (le sel est toxique
pour les plantes), certaines espèces comme la rose de Jericho résistent
des dizaines d’années sans eau dans le désert…
La rose de Jericho peut résister à l’absence d’eau pendant plusieurs
années. Elle se déploie à nouveau (temps réel : 3 heures) lorsque ‘elle
est dans un environnement humide. Progressivement les feuilles
redeviennent vertes (wikipedia).
Les plantes ont la capacité génétique de synthétiser des substances
protectrices comme les « osmolytes ».
La glycine bétaïne est l’osmoprotecteur le plus puissant du monde
végétal. Elle augmente la pression osmotique dans la cellule végétale afin
d’éviter la fuite de l’eau hors de la cellule aboutissant à sa mort.
Elle permet la rétention ou la diffusion de l’eau et des oligo-éléments par
la gestion de cette pression osmotique.
De la même manière elle diminue le point de cristallisation de l’eau à
l’intérieur des cellules de la plante ? Cela permet de baisser la
5. température de gelée et donc d’éviter l’éclatement des cellules et la mort
de la plante.
En viticulture, par exemple, en application foliaire à la fin de la floraison,
la glycine bétaïne améliore la nutrition en cas de fortes chaleurs.
Et 3 semaines avant la récolte, elle permet une meilleure résistance à
l’éclatement / fissuration des baies et tenue des fruits post récolte (raisin
de table).
Pour les fruits, il a été démontré qu’elle permet d’améliorer la
conservation après récolte (Momilia).
Toute la réussite réside dans la prévision des agressions. Chaque
agriculteur connaît les risques de fortes chaleurs (la météo l’y aide bien..)
et sait jusqu’à quand une gelée peut encore avoir lieu au printemps. Les
osmoprotecteurs ont un bel avenir en agriculture pour limiter les dégâts
de la météo de l’environnement.
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